Je suis cordialement invitée au Jazz Baby, afin de commémorer les cinquante d’existence de la gazette locale. Cette réception ne m’enchante guère, mais le simple fait de savoir qu’Ania s’y rendait -plus par obligation envers son maître qu’autre chose- ; fut pour moi, une bonne source de motivation. La savoir loin de moi, m’inquiète et me plonge dans un désarroi sans nom. C’est donc sans grande conviction que je me suis préparée comme toute femme du monde se doit. Coiffure, habillage, maquillage, sac à main. Clé en main, je claque la porte et ferme notre appartement à double tour -parano jusqu’au bout-. Je prend donc rapidement un taxi, pas besoin de lui indiquer l’adresse, il suffit de suivre la cohue de taxi qui prennent tous le même itinéraire : le Jazz baby. Je dépose mon pourboire au chauffeur, ne lui adressant qu’un bref signe de tête; je sors. Et là, mon visage de renfrogne. Du monde, beaucoup de monde. Je soupire avec agacement, je devrais donc me fondre dans la masse, et me faire oublier, comme à mon habitude, oui cela vaut mieux. Contrainte de lever les bras, le vigile se presse de me fouiller avant que je passe au détecteur de métaux. Je lève les yeux au ciel, tout ce cinéma pour rien. Je lui lance un regard noir, lui incitant à ne pas froisser ma robe bleu ciel en satin et soie raffiné. Une fois libre, un serveur me tente une coupe de champagne que j’accepte avant de me poser dans un fauteuil, en retrait du monde qui se presse à la réception. Le regard vide, je pose mon regard sur la flore qui décore la réception, oui les fleurs, c’est intéressant ça.

Une douche, un tee-shirt noir en col V, un blaser, une paire de basket, une montre de même couleur que mes pomp et dernier petit détail, un bon coup de peigne et de gel dans les cheveux pour paraître sophistiqué, même avec un tatouage sur le front. Je partis au club, à deux pas du shop, observant les gens qui marchait dans les rues. J'arrivais, montrer l'invitation, me fis fouiller et contrôler à l'entrée, et observa l'ensemble des personnes à l'intérieur de la salle. Je restais dans un coin, jusqu'à remarquais Iris. Je m'approchais d'elle et souris tout en lançant : " Bonsoir demoiselles ". Mes yeux changèrent pour un bleu turquoise tout en observant Iris et son amie. J'attendais que la peintre réponde pour me présenter.

Une gamine court pieds nus dans la grande avenue, une paire de talons noirs dans une main et dans l'autre un livret contenant une vingtaine de partitions, les cheveux retenus en une grande tresse blonde qui tombait sur son épaule, Pandore avait revêtu probablement sa seule robe de soirée convenable pour une telle occasion : une robe bustier noir qui à la taille laissait le tissus opaque faire place à un voile plus léger et qui laissait entrevoir ses longues jambes. A quelques pas du Jazz Baby, la pianiste remit ses chaussures, reprit son souffle et s'empressa de doubler tout le monde sans donner plus d'explication. Un sourire charmeur à un des vigiles et une bise à l'autre et voilà l'Italienne qui se retrouve dans une arêne qu'elle connait plus que bien. Devant elle, les auras défilent et ainsi elle arrivent à comprendre que cet endroit fourmillent de Cess aux attentions plus ou moins bienveillantes. Quelques silhouettes connues semblent se distinguer, mais Pandore n'a guère le temps de causer pour l'instant. On l'attend. Sur le coin du comptoir, le barman lui a déjà préparé son verre, un petit remontant pour commencer cette soirée comme il faut. Très vite, elle prend place au piano qui l'attend et sans demander l'autorisation à personne, elle pose les partitions devant elle et très vite les notes commencent à se faire entendre, des morceaux jazzy pour coller au club bien entendu. Come on baby, laissons les monstres voir de quoi ils sont capables.

Son regard se baladait dans la salle, il commençait à y avoir du monde, il commençait à faire chaud. L’ambiance montait, le piano se mit à jouer sous les doigts d’une musicienne, elle était seule au milieu de cette foule. Mais cela ne l’effrayait pas, même si elle savait qu’il y avait dans cette pièce, beaucoup d’immortels. Rumer devrait pourtant, elle n’avait ni crocs, ni griffes, ni armes. Rien. Fragile et vulnérable. Elle détestait cette idée d’impuissance. Elle grimaça face à sa faiblesse, quand soudain, le visage de Katarina apparut devant ses yeux bleus, ses traits se détendirent et un doux sourire se dessina sur ses lèvres rouges. Rumer était contente de la voir, ici, à ses côtés. Bien qu’elle n’aime pas avoir recours aux autres, elle devait admettre que la présence de la vampire la soulageait. Peut-être démuni, peut-être sans armes, elle avait au moins une alliée. La jeune femme n’avait pas compris comment elles étaient arrivées à s’entendre aussi bien, alors que tout avait mal commencé. Mais peu importe, maintenant elles étaient très liées, elles se soutenaient, et Rumer était persuadée qu’elle pouvait compter sur Katarina. « Tu attends mon arrivée depuis longtemps ? », la jeune blonde quitta son amie des yeux pour se remettre à observer les invités « Non, je viens d’arriver ». Elle termina son verre d’un coup sec et se rendit compte, en posant son verre vide sur un plateau, que Katarina était intéressée par quelqu’un d’autre. Rumer attrapa une autre coupe au passage, la troisième déjà, et aperçut le jeune homme qui semblait attirer Katarina. « Dis donc, il t’intéresse ce brun ? », le désignant d’un léger mouvement de la tête. Elle trempa ses lèvres dans l’alcool avant d’ajouter « Tu le connais ? » Dit-elle avec un petit sourire en coin.