Amélia se masse la tempe du bout des doigts. Elle sent poindre le mal de crâne derrière ses paupières fermées. Elle essaie de passer outre les bruits, les discussions, les odeurs et les sensations. Elle inspire profondément, comme elle avait appris à la faire. Comme pour vaincre une crise d'angoisse. C'est un peu ça à vrai dire. Alors que ses doigts massent toujours le côté de son front, son autre main se crispe au niveau de son ventre. Elle aurait du rester chez elle. Elle devrait rentrer chez elle. Elle n'avait rien à faire ici. Elle se demandait même comment elle avait pu le croire alors qu'elle avait décidé de se rendre à la petite fête. — Merci d'applaudir Lorenzo Llywlyn! — Elle rouvre les yeux, juste pour voir les deux incarnations de sa terreur sur la scène. Le premier, source primaire de la peur. Le second, celui qui n'a fait qu'entretenir le feu glacé de la terreur. Un nouveau haut-le-coeur menace de la saisir. Non, elle n'a définitivement rien à faire ici. Elle s'empare d'un verre d'eau qui traînait, solitaire, sur le plateau d'un serveur et le descend d'une traite. Elle écoutera le discours du vampire. Du Maître de la Ville. Et elle rentrera chez elle. Elle en avait assez de jouer un rôle dans toute cette supercherie. Elle avait essayé de croire que les vampires pouvaient être des gens comme les autres, des gens capables de délicatesse et de bonté. Son regard erra sur Lana. Trahison... Puis s'envola de nouveau sur l'estrade. Mort. Joie de faire peur. Et atterrit sur Aleksandr. Fragile... Pourtant il lui avait bel et bien dit de faire des recherches sur lui. De se méfier de lui. Après tout, il était le « chef » de Lana... De quoi pouvait-il bien être capable... ? Finalement, elle cligna plusieurs fois des yeux et les reposa sur les deux frères présents sur la scène. Le discours et après elle rentrerait, c'était décidé.

A sa question, il sourit, simplement. Elle aussi souriait faiblement, mais le coin de ses yeux s'était quand même bridait, lui donnant tout de l'apparence d'un ange. Pourtant, elle fronça bientôt les sourcils, lorsqu'elle vit le visage du nécromant se déconfire peu à peu. Anxiété ? Enervement ? Elle ne savait pas. Elle tourna elle aussi le visage vers le bar. Alek venait de se joindre au groupe. La vampire pouvait parfaitement comprendre que Valentin ne l'apprécie pas. Enfin, c'est un peu faible : elle pouvait parfaitement comprendre qu'il le haïsse, c'était normal, après tout. Elle aurait même crompris s'il l'avait haït elle aussi. C'était surement une des choses qu'il devait ressentir à son égard, comme ellle le resentait elle aussi d'ailleur. Ses yeux faisait l'aller retour entre le visage du nécromant et le groupe de gens accoudés au bar. Elle allait tendre le bras pour le faire réagir, mais il bougea le premier. Attrapant deux verres sur le plateau du serveur qui passait, il lui en tendit un qu'elle saisit, souriant faiblement, mais bien différament d'il y avait quelques instants. « En temps normal j'aurais peut-être choisit l'option civilisée, mais ce soir, je préférais un endroit vraiment tranquille. » Soite, la réponse n'avait rien à voir avec la question qu'elle avait posé, mais ça lui était indifférent. Voyant le verre vide dans ses mains, elle glissa ses doigts sur le pied de celui-ci et, le prenant, plaça le sien, plein, à la main du nécromant. « Tenez, pernez-ça, vous savait bien que je n'en bois pas. » Dans ses paroles, rien d'un reproche. C'était plutôt dit gentillement, un fin sourire au lèvre. Elle ne voulait pas qu'il s'inquiète de la présence d'Alek : ce soir étyait réellement le soir de la fin de la guerre. « Pardonnez moi…Lana euh…Est-ce que je peux t’emprunter Valentin quelques instants ? » Elle tourne le regard vers Bluenn qui vient d'intervenir. « J’aimerais qu’on parle, si tu veux bien. Un peu à l’écart…S’il te plait… » dit-elle ensuite à l'intention du nécromant. Elle ne savait pas quoi répondre a la question qui lui avait été posée. Après tout, elle ne pensait pas que ce soit à elle de décider. « Tu n'as pas l'impression de déranger? » Et d'ailleur Valentin ne semblait pas vraiment avoir envie de discuter avec la marquée éternelle. La vampire persoit l'expression de Bluenn lorsqu'elle entend ces mots, mais elle n'en est pas heurtait outre mesure. Même en la trouvant sympathique, elle n'avait pas particulièrement d'empathie pour elle. « Si, désolée… » Il est vrai que Bluenn semblait bien décidée. Lana détourna la tête un instant en dirrection de la scène. Il que c'était l'heure du discourt du Maïtre de la ville. Elle perçoit tout de même les mots de Bluenn. « Je sais que tu me détestes Valentin, même pire que ça, je sais que tu me hais. Mais je…J’aimerais juste qu’on puisse parler. Une dernière fois… Je disparaîtrais ensuite si ça te fais plaisir… » Elle avait vaguement l'impression qu'avec les siècles, tout devenait soit histoire de haine, soit histoire de pouvoir, si ce n'était les deux. en tout cas, la marqué semblait bien décidé, contrairement au nécromant. « Décidez vous Valentin, mais faite-moi plaisir, ne tournez pas trop autour du pot. » La vampire ne voulait pas vraimentêntendre leur histoire, alors soit ils s'écarteraient pour être seul, soit Valentin reterait avec elle, mais rester la à entendre leur lamentation, ça ne lui disait rien.

« Tenez, pernez-ça, vous savait bien que je n'en bois pas. » Le nécromant accepta le verre, sachant qu'il en aurait bien besoin en voyant la silhouette de Bluenn s'avancer vers eux. Il n'eut à lui offrir que de la froideur. Le nécromant faisait de réel effort pour ne pas dévoiler sur son charmant visage l'étendu des dégats qu'avaient provoqué Bluenn. Il savait qu'elle n'était pas la seule responsable, à vrai dire, elle n'avait rien fait. Ce n'était pas elle qui l'avait enfermé dans cette cellule, ce n'était pas elle qui l'avait torturé à loisir, mais elle n'était pas intervenu, elle n'avait même pas élevé la voix, et lorsqu'il était resté ce long mois tout seul dans cette horrible cellule, elle n'était même pas venue le voir. Lana si. Il n'avait jamais accordé la moindre confiance à la vampire, mais à Bluenn... c'était son amie, plus encore depuis qu'ils s'étaient retrouvés, et il avait été assez stupide pour croire qu'elle l'aimait, peut-être pas autant que lui l'aimait, mais suffisamment pour qu'ils puissent être heureux ensemble. Au lieu de cela, elle lui avait tourné le dos et l'avait laissé entre les mains de son vampire. « Si, désolée… » répondit-elle affreusement gênée. Valentin eut un sourire mauvais. Cela lui faisait plaisir de la voir aussi gênée et mal à l'aise, visiblement les paroles du nécromant l'avait blessée, elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi froid, aussi sec envers elle. Comment pouvait-elle être aussi naïve? Alessandro sur scène réclama le silence. Aussi, Bluenn dû se mettre à chuchoter. « Je sais que tu me détestes Valentin, même pire que ça, je sais que tu me hais. Mais je…J’aimerais juste qu’on puisse parler. Une dernière fois…Je disparaîtrais ensuite si ça te fais plaisir… » Il aurait aimé pouvoir la haïr simplement, mais ce n'était pas le cas. La voir, l'entendre, ravivait sa colère envers elle, mais le peinait. Il ne pouvait s'empêcher de songer à ce qu'ils auraient pu avoir tous les deux. Ce qu'elle avait brisé, piétiné. « Décidez vous Valentin, mais faite-moi plaisir, ne tournez pas trop autour du pot. » Le nécromant avait bien compris à la voix de la vampire que tout cela l'ennuyait superbement. Il aurait aimé repousser Bluenn, ne plus jamais la voir, mais au fond, il devait lui signifier tout cela à voix haute sinon elle continuerait sans cesse de revenir à la charge, il le savait. « Parfait, je t'accorde cinq minutes, à l'écart, mais ensuite ça sera tout. » Ce qui voulait dire, c'est la dernière fois que je t'accorde mon attention. Il regarda la vampire qui semblait attendre le discourt du maître, comme tout le monde d'ailleurs, lui savait parfaitement que Lorenzo n'avait aucune envie de faire cela et qu'il souhaiterait plus que tout disparaître. Bingo, Valentin ressentait exactement la même chose à cet instant. « Je m'excuse de vous laisser ainsi. J'espère que nous nous reverrons plus tard ce soir. » dit-il à la vampire avant de faire un signe à Bluenn pour qu'elle le suive, il connaissait bien les lieux maintenant qu'il était relié à Lorenzo, même si c'était la seconde fois qu'il mettait les pieds ici.

Candice était finalement arrivé à bon port et avait retrouvé son vampire. Mais l’agacement se lisait ouvertement sur son visage et dans ses paroles. Au fond, elle reposait peut être un peu trop son retard sur ce vigil qui ne l’avait peut-être pas si retardé que ça… Alessandro lui fit une mine boudeuse en lui disant qu’elle avait raté son entrée. Quelle idiote ! Quoi qu’il en soit, elle reçut un accueil charmant, le vampire l’embrassa d’une manière totalement irrésistible. « Hum, tu sens bon! » Lui dit-il en interrompant son baiser. Candice acquiesça d’un sourire aussi coquin que le sien. « Je me ferais pardonner plus tard pour mon retard, ne t’en fais pas mon amour... ». Mais le vampire ne pouvait pas rester, il se devait d’accueillir ses invités, chose qu’elle comprenait bien qu’elle aurait voulu le garder pour elle.

Il s’éclipsa et elle se rapprocha de la scène histoire de profiter du concert. Elle adorait ce groupe et elle comptait bien en profiter ! Mais tout d’un coup, toute la salle fut plongé dans la pénombre totale, on ne distinguait plus rien, juste le noir l’entourant. La jeune femme se crispa, prise de panique, elle voulut crier, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. Et puis tout s’enchaina très vite. Il y eu ce vampire, Aleksandre, qui se prosterna devant Lorenzo. Tout cela lui échappait, elle ne comprenait décidément rien à ces histoires de vrais et les autres. C’était pourtant des questions capitales actuellement. Candice resta discret, tout le temps. Elle espérait juste que les choses ne dégénèrent pas une nouvelle fois. Les choses s’accéléraient, et d’un coup, elle sentit Alessandro, paniqué, énervé, et bien d’autres choses encore sur lesquelles elle ne pouvait mettre de mot. Elle le chercha alors, elle sentait que les choses étaient graves. Ce qu’elle ressentait était si puissant et la prenait aux tripes, lui broyant chaque organe de son corps dans une douleur affreuse, le reflet de la souffrance de celui qu’elle aimait. Et puis il apparut à ses yeux, dans cet état de panique, et la serra fort dans ses bras, puis doucement, la douleur cessa, sans qu’elle ne comprenne ce qu’il s’était passé, elle se doutait simplement qu’il y avait une histoire de magie la dessous. Tout se calma finalement, et elle suivit Alessandro et un certain Adam au bar.

Puis une nouvelle fois, son vampire la laissa pour rejoindre la scène avec son jumeau, annonçant un discours. Candice, bien mieux maintenant, applaudissait avec le reste des personnes présentes, montrant un petit sourire aux lèvres.

Ses tripes s’entortillent, sa cervelle manque de lui dégouliner par les narines. Les sourcils froncés, et les mains enfoncées dans les poches. Il regarde son frère l’exhorter, de venir le rejoindre au milieu de la scène. Se retenant de gémir, il n’arrive pas à bouger. Pas tout de suite. L’angoisse à chaque fois, le paralyse. Presque cinq cent ans années au compteur et pourtant, ses semblables lui sont difficilement compréhensibles. A la masse, à côté de la plaque ? Lorenzo voit le monde d’une manière amplifiée, vacillante, fatalement déformée. L’être chancèle sur ses deux guibolles, il clôt ses paupières et inspire l’oxygène infecte et tiède. Il revêt le costume de maître, se glisse dans une peau nouvelle. Délaissant son identité au profit d’un simulacre destiné à la masse. Roi des connards, abjecte manipulateur. L’ange se dissimule et se protège.
Lorenzo remonte son pantalon en tirant d’un coup sec dessus. Tente vainement de remettre de l’ordre dans sa tignasse. Et avance. Allure détachée, langoureuse démarche du fauve. Il s‘immisce dans la lumière, les traits de son visage n’expriment plus rien. Et ses yeux ? Des billes bleues où règnent le néant le plus absolu. Nulle étincelle, nulle vie. Coquille vide. Prenant le micro que lui tend son jumeau, d’un naturel feint. Le sourire, ne parvient pas à se frayer un chemin sur son enfantine frimousse. Il peut tout au plus grimacer, tel un hypocrite fini. A dire vrai, qui peut se targuer de l’avoir réellement vu sourire, hormis son entourage ?
Entrouvrant les lèvres, sa voix résonne dans la grande salle. « J’espère, que votre soirée se déroule agréablement... Du moins, sans prendre en compte les quelques petits désagréments.  Son regard file sur la silhouette du russe au bar. Stop. Il remonte les prunelles et fixe la foule invisible. « Ce n’est pas ma réception, mais celle de mon frère, comme vous le savez.
Seulement… Je tenais à vous faire part de ma gratitude. Merci à tous, d’être venus ce soir.
Marquant une pause. Il reprend. « Une année s‘est écoulée. Une année qui n’a pas été de tout repos. Et, ce soir, une renaissance semble possible. Deux clans s‘unissent pour le bien de Shreveport, et surtout ses habitants. J‘ose espérer que mes tentatives de pacification entre immortels et mortels, vous tous confondus ; pourront enfin voir le jour.
L‘existence pousse à la faute, c’est là son essence même. Toutefois, nous ne sommes pas des bêtes. Ainsi, j’exigerai de chacun, la paix. Une harmonie nécessaire, afin de ne pas tomber en plein chaos. » Se mâchouillant l’intérieur de la joue, il doit clôturer. Ses iris couleur du myosotis s’attardent inconsciemment sur le plus jeune des frères Lannister. Ce sale petit con lui aura au moins servi à quelque chose. Lorenzo ajoute, sans se départir de cette glaçante aura qui le caractérise. « Joyeux Noël. »
D'une vitesse fulgurante, il rend le micro à Alessandro. Sans toutefois s’écarter pour le moment. Il attend que son jumeau termine son tour de passe-passe. Puis il s’éclipsera.

Amélia s'était accoudée à une table où les petits-fours se faisaient de plus en plus rares. Elle regardait le Maître de la Ville monter sur scène avec une nausée persistante. Il était temps. Elle ne supportait plus vraiment la présence de tous ces non-morts autour d'elle. Elle prit un verre d'eau alors qu'il commençait à parler. Elle l'écoutait d'une oreille, juste pour comprendre suffisamment, retenir assez. — J’espère, que votre soirée se déroule agréablement... Du moins, sans prendre en compte les quelques petits désagréments. — Un sourire affable se dessine sur les lèvres de la jeune femme alors qu'elle observe le vampire. Contrairement à son frère, il ne dégage pas la même chose. Ils sont différents, totalement. Elle ne saurait dire vraiment pourquoi et comment mais elle le sentait. Ils avaient assurément tout deux leurs qualités, leurs défauts, leurs points forts et faiblesses, mais elle ne parvenait qu'à les entrapercevoir. Comme un mirage qui nous échappe lorsqu'on cherche à le regarder de face. Elle remarque bien le regard dirigé vers son cavalier d'une danse. Est-ce là une des faiblesses ou une des forces du vampire ? Elle n'en a pas vraiment la curiosité. Elle ne fait pas partie de ceux qui montent des plans diaboliques. Elle n'en fera jamais partie. — Ce n’est pas ma réception, mais celle de mon frère, comme vous le savez. Seulement… Je tenais à vous faire part de ma gratitude. Merci à tous, d’être venus ce soir. — Elle hoche vaguement la tête. Elle aurait mieux fait de rester emmitouflée sous une couverture devant la cheminée, avec Church. — Une année s'est écoulée. Une année qui n’a pas été de tout repos. Et, ce soir, une renaissance semble possible. Deux clans s'unissent pour le bien de Shreveport, et surtout ses habitants. J'ose espérer que mes tentatives de pacification entre immortels et mortels, vous tous confondus ; pourront enfin voir le jour. L'existence pousse à la faute, c’est là son essence même. Toutefois, nous ne sommes pas des bêtes. Ainsi, j’exigerai de chacun, la paix. Une harmonie nécessaire, afin de ne pas tomber en plein chaos. — Amélia retint un petit rire, presque ironique. L'alcool lui fait perdre quelque peu ses moyens. Fais ressortir les émotions qu'elle n'est pas habituée à exprimer. — Joyeux Noël. — Elle manque de s'étouffer dans son verre d'eau et le repose précipitamment alors que Lorenzo redonne le micro à son frère. Bien. C'est fini. Elle n'est plus obligée de rester. Elle repousse une mèche cuivrée qui lui tombe devant les yeux et se dirige vers l'entrée, là où elle a laissé son manteau. Rien ne pourra l'empêcher de quitter cet endroit maudit. Elle slalome alors entre les invités, essayant d'éviter au mieux ceux qui ont le sang froid... Arrivée près des vestiaires, elle demande son manteau. Elle ne veut qu'une chose : rentrer chez elle. Bien au chaud, dans son lit, dormir jusqu'à midi. Il est déjà tard. Rentrer. C'est le mieux à faire.

~ Lyle acquiesça bêtement à la remarque de la dénommée Mélusine, n'allant certainement pas aller à contre sens de la jeune femme quand elle abondait dans le sien. _ Totalement... » Évidemment, il se doutait que ses paroles n'étaient pas anodines, au vu de la réputation particulièrement sanglante du vampire, mais il ignorait cependant les tenants et aboutissants des sous entendus lancés par la demoiselle. Il ignorait quel type de lien existait entre eux alors, dans le doute, il observa. Il nota également l'information lâchée par Konstantinov sur son infante et la nota dans un coin de son esprit, ça pouvait toujours être utile. Lyle aurait bien aimé en apprendre d'avantage sur lui mais, le temps des blabla touchant à sa fin, c'était l'heure du tant attendu - enfin ! - discours du Maître de la ville. Mélusine toujours au bras, il avait bien sentit son geste du pouce et y avait répondu par une pression légèrement plus prononcée. Intérieurement, c'était la folie. Il se frottait à une gamine à l'aura magique si viciée et tordue qu'il se hérissait à son contact, comme s'il risquait de perdre son bras à tout instant. Mais toute cette mascarade était amusante, car terriblement dangereuse, et il voyait déjà d'ici la tête de sa sœur lorsqu'il lui raconterait les festivités dans tous ses détails. Son attention s'attarda un instant sur Alessandro lorsqu'il accompagna son frère sur scène. Il ne semblait pas avoir eu un quelconque moyen pour le soupçonner pour tout à l'heure. Tant mieux, autant éviter un deuxième affrontement. Focalisant son attention sur Lorenzo, les mots bateaux coulèrent sur son esprit sans les accrocher. Au final, il ne retint que trois choses. La première, c'est que le Seigneur vampire venait de résumer à la perfection le vice qui animait son espèce : l'existence pousse à la faute. Et quelles fautes lorsque l'on se targue de plusieurs siècles d'existence ! Lui-même préférait ne pas concevoir l'horreur de ce qu'il deviendrait si jamais cela lui arrivait un jour. La seconde, c'était que le Maître affichait clairement devant tout le monde des intentions pacifiques, ce qui allait pleinement dans le sens des Lannister. Et la troisième, bien entendu, c'était que tout ceci était ridicule. « Si vis pacem, para bellum » comme on dit. Lyle n'allait pas se contenter de simplement observer la paix d'un pacte, non, il allait préparer la guerre, pour que le jour - inévitable - où cela arriverait, ils ne soient pas démunis comme des enfants déconfits devant un ballon qui vient de crever. Il en allait de sa propre survie et de celle de ses proches. Et, justement, il avait peut-être un premier moyen accroché à son bras. Il resta impassible devant le regard de Lorenzo et attendit alors la suite, jetant un coup d’œil vers Julian, pour essayer de deviner ce qu'il pensait en ce moment même. »

Le Maitre de la Ville fut enfin prié de monter sur scène, et il s’exécuta avec l’enthousiasme d’une jeune pucelle que l’on mène de force à l’autel pour un mariage arrangé. Et voilà les deux frères face à un auditoire visiblement captivé…Julian les dévisageait tranquillement l’un et l’autre. Copies conformes…ou pas. Ils étaient si différents, des jumeaux aux antipodes, mais le chasseur ne s’attardait pas à ces considérations. Il écouta d’une oreille attentive le bref discours, dont les mots et les belles paroles coulèrent sur lui comme de l’eau glacée…La paix entre immortels et mortels ? Abjection pour l’homme qui n’en pensait pas un mot. Quelle hypocrisie. Vraiment ? Lorenzo était prêt à faire la paix avec toutes les créatures de cette terre, ou seulement avec ceux qui se pliaient à son bon vouloir ? Rage. L’union était synonyme de force et celle des vampires représentait finalement un désavantage clair aux yeux du chasseur puisqu’ensemble, ils étaient beaucoup plus dangereux. Finalement, à se dévorer entre eux, ils lui auraient évité beaucoup de travail.

Julian tourna les yeux vers Aleksandr, toujours près d’eux. S’attarda sur ses lèvres…Derrière, cachées et rétractées, les canines du vampire étaient la preuve formelle que ce discours n’était qu’un simple ramassis de mensonges. L’espace d’un instant, Julian fut aux luttes avec lui-même. Lyle semblait calme, lui était à deux doigts de perdre contenance, de retourner à la voiture, sortir le lance-flamme du coffre et revenir transformer le Croquemitaine en barbecue géant. Et lorsque son frère le regarda, le chasseur se contenta de hausser les épaules, le visage fermé à toute émotion. Il n’y avait plus rien de bon pour eux par ici et il voulait s’en aller. Sa vision du monde et les secrets de famille qu’il ne partageait pas avec son frangin l’empêchaient finalement de voir tous les points positifs de leur nouveau pacte… Tant pis, il s’y habituerait un jour ou l’autre. Pour l’instant, seule la perspective que certains des vampires présents dans la salle pouvaient l’aider pour ses desseins personnels le motivait…Et c’était déjà pas mal.

Fatigué. Besoin de normalité. Faisant abstraction de l’aura quelque peu chamboulée de Césarie, il se retourna finalement vers elle et alors que la foule se dispersait de nouveau et que la musique recommençait, il l’entraina pour danser, comme promis. Simple moment d’amusement, pour finir sur une bonne note avant de partir. Et il lui refila son numéro de téléphone...-on ne savait jamais, ça pouvait toujours servir-. Avant de récupérer son frère pour lui indiquer que la fête était finie, que cela lui plaise ou non, et de rejoindre Lorenzo pour échanger un dernier mot avec lui. Ils se reverraient, bientôt. Ils avaient encore des choses à mettre au point.

Cet échange bref marqua la fin de la soirée. Dehors, l'air froid lui fit un bien fou et il marcha rapidement jusqu'à la voiture. Arracha son pansement ridicule avant de s'installer au volant. Et à Kiara, qui trépignait littérallement sur son siège et qui voulait évidemment avoir un récit complet de la soirée, avec force de détails, il se contenta d'un bref:

- On verra ça à la maison, ok?

Qui bien sûr ne souffrait aucune réplique.

Jamais la paix n'a été une aussi grande connerie. C'est l'avis d'Evan. Sans doute parce que la paix, c'est le calme, la sérénité. Et là, la trêve, ce n'est rien d'autre qu'un écheveau d'intérêts et de sentiments contradictoires, le tout ficelé dans un joli filet de tensions. Des ennemis soi-disant devenus des alliés. Des alliés qui pourraient retourner leur veste à peu près n'importe quand... De la connerie, ouais. Pour le coup, il ne peut qu'approuver son frère. Même s'il se contente à peine d'un hochement de la tête à ses recommandations alors qu'il range le poignard d'argent.

Le rôle de garde qu'il a laissé à l'entrée revient tout naturellement depuis que les Vrais ont débarqués, eux et leur proposition de paix à laquelle il ne croit pas. Il n'en veut pas. Certaines guerres ne se finissent qu'en annihilant l'ennemi. Le compromis n'est pas toujours possible. Et c'est justement pour ça qu'il se place en retrait, dans l'ombre, où est sa place. Il observe les simagrées d'Aleksandr et Lorenzo, l'apparition de Mélusine, les remarques à l'ironie mordante qui tentent d'entamer la patience du Russe nouvellement apprivoisé. Un peu loin, il entend Adam proposer l'exécution des étrangers et Evan n'est pas loin d'aller se joindre aux deux autres. Parce que ce n'est pas le nouveau collier et la laisse flambant neuve d'Aleksandr qui vont le faire réviser son avis.

Il pose une main sur le bras qui lui enserre la taille mais il ne repousse pas Ariel, ni ne s'éloigne, la tenant juste contre lui. L'étreinte est apaisante après toute cette merde. ▪▪ Hm…tu sens bon.▪▪ Il sourit doucement, avec indulgence, lorsqu'il sent ses mains s'égarer un peu trop loin à son goût. Alors il attrape ses poignets et se retourne vers elle. ▪▪ Ce n'est pas l'endroit, Ariel. ▪▪ Glisse-t-il. Le regard un peu désapprobateur, inquiet surtout, la détaille. ▪▪ Tu as bu. ▪▪

Il n'a pas le temps d'en dire plus que Lorenzo est traîné sur la scène pour faire un discours. Les mots le font sourire, toute sympathie disparue pour laisser place à une ironie mordante. Inclure les Vrais et le bien dans une même phrase, sans aucune négation, c'est une aberration. Ou une bêtise. Une sacrée putain de connerie. ▪▪ Allons te trouver quelque chose pour éponger toute cette vodka. ▪▪ Propose-t-il en la poussant vers le bar, un bras glissé autour de ses épaules.

Aleksandr écoute le discours, sans broncher. Il fait tourner le fond de vodka true blood dans son verre, l'air pensif. Il est concentré sur chaque mot prononcé, branché sur le canal direct avec son amant. Il n'a pas besoin de le regarder, Lorenzo se sait observer. Ils devront se retrouver, plus tard, sans doute demain soir et mettre les choses au clair entre eux. Puis tout recommencerait où ça c'était arrêté, car ainsi allait la vie. L'éternité. Aleksandr sentait les regards se poser de temps à autre sur lui. Haine. Peur. Curiosité. Il suscitait tous ces sentiments. Beaucoup se méfiaient, et il ne comptait pas leurs ôter les doutes de l'esprit. Le seul moyen aurait été d'avouer publiquement la véritable raison de son geste et cela, il refusait en bloc. Alessandro risquait de poser problème. Le jumeau était un pion avec lequel il fallait bien jouer car Lorenzo n'allait pas sans Alessandro, au risque d'être malheureux. Le russe le savait, l'avait bien vu quand l'un avait pris la place de l'autre. Il devrait faire avec. Tout autant qu'avec les quelques vampires absolument hostiles, avec son sex toy qui partait jouer ailleurs, avec ces chasseurs qui le fixait d'un air qu'il connaissait très bien -celui du monstre qui fixe sa proie. Il ne soupire pas, mais le coeur y est. Il avale d'un trait le reste de son verre.

Il ne reste pas très longtemps après cette soirée. Lorenzo termine son discours, Alessandro le suit de près. Puis les discussions reprennent, la musique également. Une ambiance tranquille, on l'oublie quasiment. Il se lasse. Alors il quitte le bar pour se diriger vers la porte. Demain soir dit-il à Lorenzo, sans prononcer un seul mot. Ils s'échangent un regard, Alek esquisse un sourire, comme si de rien n'était. Il disparait ensuite, suivit de certains des siens, soulagés de pouvoir s'éclipser. Sevastian reste, il attend que Bluenn ai terminé. Aleksandr n'a personne à attendre, du moins ne peut se permettre de le montrer. Il sait qu'il va tourner comme un lion en cage durant toute la nuit et attendre la suivante avec une impatience dévorante. Il en a besoin.