Toute histoire à un commencement, et la mienne débute dans une petite bourgade à quinze kilomètres de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch, ville possédant le nom le plus long d'Europe. Je naquis au sein de la branche galloise des Blacklaw, cette dernière est la plus petite puisque nous ne représentons qu'un dixième du clan. Néanmoins, tous les membres de la famille vivent ensemble dans le manoir familial qui fut érigé par notre ancêtre Haytam Blacklaw au XIV siècle. Ce nom ne vous dit rien ? Cet homme fut le plus grand des Mages noirs, c'est d'ailleurs à cause de ce dernier que notre famille fut chassée et bannie. Enfin bref, toute la famille était présente le jour de ma naissance, et elle fut célébrée comme il se devait. J'étais le deuxième enfant de mes parents, Moira et Wiliam, ces derniers étaient heureux d'avoir une fille puisqu'ils en rêvaient. Il faut dire que mon frère qui est âgé de huit années de plus que moi est un véritable bout en train. Malgré son jeune âge, Arhzel montrait déjà de grandes potentialités de chasseur. À peine étais-je née que l'on souhaitait que je sois aussi éveillée que mon frère. Au moins, chez les Blacklaw, il y a une parfaite parité entre les hommes et les femmes. La femme est aussi forte que l'homme, certes elle ne possède pas la même force physique, mais elle peut user d'atout que seule elle dispose.

Étant née dans une famille de Médiums et Sorciers, il y avait de grandes chances que je le sois aussi. C'est mon frère qui a découvert mes pouvoirs, ce dernier c'était amusé à me piquer avec une fourchette quand je devais avoir dans les cinq ans. J'avais tellement crié fort que les membres de ma famille pensaient que j'étais blessée. Je saignais à peine, mais j'étais recroquevillée sur moi-même. Ma grand-mère pensait que je souffrais d'une hyper-sensibilité, mais quelques jours plus tard j'avais demandé à mes parents de faire moins de bruit à table, car il faisait un boucan monstre, ce qui n'était pas le cas, ils parlaient juste ensemble. Là les Blacklaw comprirent que mes sens étaient plus développés que la moyenne, ils m'ont donc fait différents tests pour voir jusqu'où allaient mes capacités. Ces essais ont duré une semaine, et ils ont permis à ma famille de connaître les points forts ainsi que les points faibles de mon don. Dès que mon pouvoir fut découvert véritablement, ma formation de chasseuse en herbe pouvait commencer. Bien évidemment à mon jeune âge, on ne m'apprenait pas à combattre, on m'instruisait et on m'apprenait à renier mes sentiments devant les Vampires et autres créatures nocturnes du genre. J'étais une privilégiée chez les humains, car je savais que des montres vivaient avec nous sur terre. J'étais à peine haute comme trois pommes que je méprisais déjà les suceurs de sang, je ne rêvais que d'une chose, qu'ils disparaissent comme les Dodos.

L'hiver 1997 restera graver à jamais dans ma mémoire. La raison ? Un groupe de Vampires ont su où nous habituons, et ils ont réussi à nous piéger dans notre propre demeure. Un comble pour des Chasseurs de suceurs de sang. Mes oncles, mes tantes, mes parents, mes cousins et mon frère ont combattu ces êtres abjectes, mais l'effet de surprise a eu raison d'eux. Tous sont morts, sauf ma grand-mère, ma cousine Aalana et moi-même, si nous avons échappé à ce massacre, c'est que nous étions cachées dans une pièce spéciale qui fut créée justement à cet effet, cacher les plus faibles de la famille. Une fois le guet-apens terminé, nous avons trouvé des corps à peu près dans toutes les pièces, il y avait des Blacklaw et des Vampires. Mon frère Arhzel quant à lui était à moitié mort, le monstre qui s'était attaqué à lui ne l'avait pas tué sur le coup. Quand je suis allée à ses côtés, ce dernier m'a remis son couteau et m'a fait jurer de faire couler le plus de sang possible avec ce dernier, il rendra l'âme quelques minutes plus tard. L'une des coutume de la famille est que nous avons interdiction de pleurer nos morts, nous devons rester fort même dans la peine et la tristesse. Une fois les corps enterrés et les derniers sacrements rendus, ma grand-mère décida de m'envoyer avec ma cousine, Aalana en Angleterre rejoindre le gros de la famille. Ne pouvant pas poursuivre notre enseignement, il était préférable que nous quittions le Pays de Galle pour Londres. Cette histoire fut un tournant dans ma vie, car elle m'avait montré la brutalité ainsi que le barbarisme des Vampires.

J'ai donc quitté mon foyer natal pour le centre du Royaume-Uni. Je me rappelle que l'accueille de la branche anglaise fut glaciale. Il est vrai que nous, les Blacklaw Gallois nous ne sommes pas très bien vus puisque nous vivons dans la demeure de l'homme qui a sali le nom de notre famille. Mais si l'atmosphère était si pesante, elle ne résultait pas de nos origines, non loin de-là, cela venait de leur mentalité et éducation. On le sait tous, la branche anglaise est réputée pour être la plus dure avec les jeunes, car elle cherche à faire les chasseurs de demain de la Guilde. Si vous échouez dans les exercices, vous étiez châtié, et je peux vous dire que je l'ai été plusieurs fois. Par exemple, l'un de mes supplices fut de rester sous la pluie battante et attendre que cette dernière s'arrête tout en étant vêtue d'une toile de jute. Cela a duré quatre heures, vive l'Angleterre.

Après quatre années d'entrainement, j'ai dû passer « l'examen final » des Blacklaw. Dans notre famille on ne reçoit le titre de chasseur que si on réussi ce test. Mais en quoi consiste cette épreuve ? C'est une épreuve de survie dans un milieu ultra-hostile, mais il n'y a pas que ça. Chaque jeune avait un Vampire qui lui était attitré, ce dernier avait été capturé par nos ainés et emprisonné jusqu'au jour du déroulement de l'épreuve. Comme les buveurs de sang craignent la lumière du jour, nous devons les poursuivre de nuit. Si la cible n'avait pas été tuée durant le temps imparti (soit la nuit), nous avons échoué. Pendant la durée de l'examen, nous sommes seuls, ce qui signifie que nous pouvons être tués par la cible, et ci c'est le cas cela signifiait que nous n'étions pas digne d'être un chasseur de la Guilde. Ma session s'est déroulée dans les montagnes de Cairngorn en Écosse durant l'hiver, les températures approchaient des - 20°C en début de soirée. Le Vampire que je devais assassiner était Bulgare, il se nommait Vlasic, il avait une cinquantaine d'années vampirique. Afin que la traque soit la plus réelle possible, on donnait une heure d'avance aux suceurs de sang dès que le soleil se couchait. Dès que cette heure fut écoulée, c'était à notre tour. Mon arsenal était celui du parfait chasseur, pieux, couteaux, fusil et pistolet chargés avec des balles en bois. J'avais douze heures pour trouver Vlasic et lui ôter la vie. Le temps m'était donc compté, car quand il sera tard, les températures descendront encore, et surtout la fatigue se fera ressentir. Il m'a fallu trois heures pour trouver mon Vampire. Quand il fut dans ma ligne de mire, je lui décochais une cartouche dans le dos afin de l'immobiliser au sol avec le fusil. Quand une dizaine de mètres nous séparaient, je vidais le chargeur du pistolet sur la bête. Avec toutes ses balles, il n'était toujours pas mort, l'une des devises des Blacklaw était de faire souffrir au maximum ces êtres, les tuer sur le coup c'est pour les autres chasseurs. Ne pouvant plus se mouvoir, l'homme attendait que je lui ôte la vie. Il me regarda droit dans les yeux, et sans une once de pitié, je lui plantais mon pieu dans son cœur. Une fois le suceur de sang mort, je devais lui couper la tête afin de la ramener aux juges pour qu'il valide ma traque. J'ai donc réussi mon examen final et j'ai reçu mon titre de chasseuse de la Guilde, il ne manquait plus qu'une chose, le tatouage de la famille que je craignais tant. Les Blacklaw ont pour coutume de faire le tatouage à l'ancienne, c'est-à-dire en utilisant un poinçon qui est une pratique très douloureuse, alors imaginer la souffrance que je vais ressentir à cause de mon sens du touché décuplé ? La marque des Blacklaw est à ce jour la plus grande douleur que j'ai ressentie dans toute mon existence.

Maintenant que j'ai le titre et le tatouage, je suis officiellement une chasseuse de la Guilde parcourant l'Europe afin d'éradiquer le mal. Je vais là où on m'envoie, et je fais très bien mon travail puisque je suis toujours en vie.

Il y a trois semaines de cela, les membres de ma famille m'avaient annoncé que les hauts dignitaires de la Guilde souhaitaient me recevoir. Apparemment ces derniers avaient une mission à me confier. J'étais très honorée d'être convoquée par ces hommes, car cela montrait l'importance que j'avais à leurs yeux, et cela me confortait dans mon idée d'être la meilleure chasseuse en Europe. C'était la première fois que j'allais avoir affaire à eux, et je peux vous dire que j'avais plus peur de les affronter qu'une horde de Vampires assoiffés de sang. Quand je suis arrivée devant ces hommes, ils m'ont tout simplement expliqué que j'étais la femme de la situation, ces derniers m'avaient choisi parmi l'élite des Chasseurs pour remplir une tâche primordiale où l'échec n'était pas toléré. Les hauts chefs de la Guilde désiraient que je retrouve la trace d'une Schimmel. La raison de cette recherche n'était pas mentionnée, d'ailleurs je n'avais pas le droit de poser de questions. Qui plus est, il m'était interdit de l'approcher, je devais me cantonner à trouver sa position et ensuite de contacter la Guilde pour qu'elle envoie une équipe spéciale. Je n'y voyais aucun problème, jusqu'au moment où l'on m'annonça que ma mission se déroulerait aux États-Unis. J'aurais préféré que la traque se déroule en Europe, car je ne connaissais pas du tout le pays de Martin Luther King. Néanmoins, on m'annonça que j'aurai le soutien de nos homologues américains en cas de problèmes. On me remit un dossier, où je trouverai toutes les informations nécessaires sur ma cible. Une fois l'entretien terminé, je n'avais plus qu'à rentrer chez moi, et préparer mes valises. Mais avant de partir pour les States, je voulais faire un dernier petit tour au Pays de Galle, pour annoncer la nouvelle à ma famille défunte. C'est d'ailleurs grâce à ce voyage que j'ai pu mettre la main sur un ouvrage d'une grande valeur. En effet, lorsque je me suis baladée dans le manoir de mon enfance, je suis tombée sur un étrange livre écrit de la main d'Haytham Blacklaw, le traître. Il s'agissait des mémoires de mon ancêtre expliquant ses choix, mais également le ressentie qu'il avait lorsqu'il utilisait la Magie Noire. Néanmoins, je n'avais pas le temps d'étudier ma trouvaille, car je devais partir pour Shreveport, mais je pris le bouquin avec moi, il sera mon talisman pour ce nouveau monde.

Maintenant vous savez mon histoire, et la raison de ma venue ici à Shreveport. Allez-vous m'aider ou bien me mettre des bâtons dans les roues ? Je vous laisse le soin de choisir votre réponse.