Siobhan Nokomis McField. Descendante de la lignée des Amarok. Lignée amérindienne dérivant de la lignée des loups de Pah. Une lignée qui face à l'envahisseur blanc réussit à préserver la lignée de la contamination du sang des blancs. Et puis, il y a eu les massacres, les tribus tombant les unes après les autres et le triomphe de l'homme blanc. Alors, les Amarok acceptèrent parfois le sang d'un loup-garou pur d'une lignée blanche se mêler à la leur, mais néanmoins, la plupart à l'heure actuelle se considèrent plus comme amérindiens qu'américains.

Nokomis. Littéralement, fille de la lune. Si son prénom n'est pas d'origine amérindienne, le deuxième l'est. Et il montre à tous qu'elle est une sang pur, qu'elle est une louve. Ses origines, jamais Siobhan ne les reniera. Depuis qu'elle est gamine, on lui parle de sa lignée, de son rang, des traditions, des mythes amérindiens qui lui permettre de comprendre bien des choses. Très lié avec des sorciers, il n'est pas rare qu'un mage ou une sorcière se prenant d'affection pour un nouveau-né lui offre un talisman. C'est ce qui arriva à Siobhan, une sorcière nommée Imala lui offrit un talisman la protégeant des intrusions dans son esprit, collier qu'elle ne quitte jamais. Paradoxalement, un lien s'est tissé entre la louve et la sorcière à travers ce talisman et la sorcière arrive à percevoir lorsque Siobhan est en danger de mort ou que la vie la quitte.

▬ Ils reviennent bientôt ? Dis ? Ils arrivent quand ?

▬ Bon sang Sio ! Ca fait trois heures que tu te répètes ! Tu le sais pourtant, ils en ont plus pour longtemps. Maintenant finis ton steak ou je te coupe la langue !

Et sur ces paroles, Imala se retourna vers la gamine attablée, tenant dans sa main droite un couteau sanguinolent et lui adressa un sourire vainqueur. Siobhan ouvrit ses grands yeux fixant la vieille femme quelques secondes avant de répondre tout à fait nonchalamment :

▬ Mamé, t'es pas drôle. Puis, pourquoi moi je peux pas y aller avec eux ? Hein ? J'aime pas quand ils sont pas là. Ca fait mal. Il y a quelque chose qui me manque Mamé.

Les yeux d'Imala se retournèrent vers la petite et ne put que soupirer. Déjà si petite, elle ressentait les effets de la meute, les désagréments qui allaient rythmer tout le reste de sa vie. Très vite, Siobhan se jeta sur sa viande qu'elle finit en très peu de temps. Son gout pour la viande semblait déjà s'aiguiser sous le regard bienveillant de la vieille dame. Imala n'était pas de sa famille, c'était une sorcière, l'une des sorcières qui étaient en étroites relations avec le clan. Egalement amérindienne, les sorcières vivaient avec les loups et échangeait protection contre sorts divers. Mais depuis la naissance de Siobhan, Imala s'était prise d'affection pour la petite et prenait en charge son éducation. En retour, la petite considérait Imala comme un membre de sa famille à part entière et restait toujours émerveillée lorsqu'elle utilisait ses dons.

Après quelques minutes et une fois l'assiette vide, Siobhan poussa sa chaise et courra dehors dans le jardin. Sous le soleil de Minneapolis, sa peau mate semblait presque dorée et contrastait avec sa chevelure de jais. Pieds nus, elle courra vers le jardin, s'allongea dans l'herbe et le regard qui restait fixé sur la forêt. A chaque fois le même rituel, à chaque fois elle pouvait rester des heures à les attendre, parfois même jusqu'à la nuit tombée. Peu importe la saison.

Ils en sortirent deux heures plus tard, vingt hommes et femmes, pour la plupart très simplement vêtus. Ou même nus. Parfois quelques éclaboussures de sang luisaient encore, des jeunes, des adultes et des plus vieux. Tous unis. Elle en rêvait. Elle voulait faire partie de cette unité qu'elle ressentait au plus profond de son être. Tous étaient regroupés autour d'un couple : un homme, grand, costaud, son torse nu laissait à la vue quelques cicatrices. La jeune femme était un peu plus jeune, plus fine, un visage fin et un sourire planté sur ses lèvres. L'ulfric et la lupa. Deux alphas.

En quelques secondes, Siobhan se mit à courir à leur rencontre, quelques secondes plus tard des bras puissants la soulevèrent et la gamine se mit à rire. Après des chamailleries, elle rejoignit le sol et ne put s'empêcher de les bombarder de questions. Ce qu'ils avaient mangé, où ils étaient allés, qui ils ont croisé, parfois son père voulant lui faire peur, lui parlait des vampires et à dire vrai cela marchait très bien.

▬ Vous m'avez manqué. Quand est-ce que je pourrais venir ?

▬ Quand tu sauras au moins rester plus de deux minutes sous ta forme. Et tu sais Siobhan, ce n'est pas de la rigolade les nuits de pleines lunes, tu dois les appréhender et non nous envier ! Bon sinon j'espère que tu as écouté Imala, hein.

Levant les yeux vers son père, Siobhan répondit avec le même sourire que sa mère :

▬ OUI ! Mais tu sais, j'ai vu un lapin ! Et il était loiiiiiiiin ! Bon par contre, je te raconterais après parce que là, tu pues le chien et la sueur, c'est dégueu.

Les deux se mirent à rire. A cette époque là, tout était bien. Les Amarok possédaient un territoire important et la meute était solide. Parfois quelques mâles tentaient de défier l'Ulfric, son père, mais pour l'instant il continuait à diriger la meute. Souvent bourru, il était très protecteur envers sa gamine et surtout envers son éducation. A dire vrai, le seul souci important était les vampires qui passaient sur le territoire et surtout qui s'y installaient. Mais à chaque fois, le problème était vite réglé.

Inspire. Expire. Elle court. Ses cheveux lui fouettent le visage et ses pieds foulent les feuilles mortes qui tapissent le sol. Soudain, un loup la dépasse et sur le visage de Siobhan se dessine un sourire de défi. Soudain elle se jette en avant, sa transformation ne prendra qu'un quart de seconde et une louve grise anthracite remplace la jeune adolescente. Sa vitesse augmente et très vite entre les deux loups une course s'engage avec devant eux la même proie : un chevreuil.

La course ne durera pas plus d'un quart d'heure avant que les crocs entament la chair tendre et que le coup de grâce soit vite donné. Les mâchoires déchiquettent la viande sanguinolente et sont très vite rejoint par d'autres loups qui veulent profiter du festin. Les dominés attendent que les autres terminent, mais tous auront leurs parts. La pleine lune venait tout juste de pointer dans le ciel, signe que la meute allait se regrouper durant quelques nuits, se lier encore plus qu'ils ne le sont. Deux jours plus tard ils ressortiront de la forêt, des sourires ravis et heureux de retrouver leurs foyers respectifs, les membres de leurs familles non lycanthropes. Le père de Siobhan est toujours l'Ulfric et la jeune femme se plie à son autorité, bien que son caractère d'alpha semble parfois la tourmenter. Cela fait désormais quatre ans, que Siobhan a rejoint la meute. Sa forme animale est encore instable et pourtant jamais l'adolescente ne s'est sentie aussi bien. A côté de cela, Imala continua de lui apprendre tout ce qu'elle savait et son gout pour les livres se développa.
Mais pourtant, la brune sait qu'il va falloir qu'elle parte. C'est dans ses gênes. Partir et revenir des années plus tard. Son caractère d'alpha va se confronter à celui de son père et c'est dans les gênes des loups de quitter leur meute, leur famille. Ca la déchire déjà, mais c'est inévitable.

Deux jours plus tard, Siobhan embrassa le front de sa Mamé et étreigna ses parents. Elle prit un bus pour l'ouest, sans savoir véritablement où elle allait. Il fallait qu'elle se confronte à l'inconnu, à ce monde qu'au final elle connaissait si mal.

Happy birthday Siobhan. Ouais. Youhou. Vingt et un an ça se fête après tout. Pour la peine, la jeune femme quitta son appartement légèrement moisi pour un bar encore plus moisi, mais souvent fréquenté par des gens comme elle. Très vite, un shooter arriva dans ses mains vides et il ne lui fallut que quelques secondes pour le vider cul-sec. Ouais, joyeux anniversaire. Vie pourrie, dénuée d'intérêt. Dans une ville qui l'empoisonnait de l'intérieur, Las Vegas. Ce n'était pas son idée de départ, à dire vrai Siobhan ne se souvenait plus vraiment comment elle avait atterrit ici. Los Angeles, Denver, Salt Lake City, à chaque fois elle s'y installait, trouvait un boulot plus ou moins ingrat avant de repartir comme une voleuse, pour des raisons souvent diverses, souvent fausses.

La vérité, c'était que loin de sa meute Siobhan se sentait seule, loin de sa famille la jeune femme n'arrivait pas à avancer. Elle n'était à sa place nulle part. Alors, avec le manque d'argent, la ville de tous les vices semblait être la meilleure solution. Désormais, elle était croupière dans un des multiples casinos de la ville. Souriant aux riches qui venaient perdre leurs frics, ceux qui puaient l'arrogance et la luxure. Vie de merde. Vie pourrie. Elle avait un appartement pourri, entourés d'un couple qui baisait à chaque heure du jour et de la nuit et de l'autre côté et d'un cinglé maniaque qui lui fouettait les jetons. Bref, une vie idéale. De plus, loin des siens, sa bestialité semblait incontrôlable. Elle n'avait plus personne pour la canaliser, plus personne pour l'aider dans sa transformation.

Alors, elle s'enchaînait dans une vieille usine abandonnée. A chaque fois, elle s'enfermait et se liait à des chaines, suppliant que son calvaire se termine le plus vite. Paranoïaque et prise de folie, la louve s'en prenait à elle-même. Bref, une vie pourrie jusqu'à la moelle. Alors, un verre n'était pas de trop. Commandant un deuxième verre, sa solitude fut très vite rompue par un homme qui s'installa sur le tabouret d'à côté. Sans même lever les yeux, Siobhan savait qu'elle avait à quelqu'un qui était comme elle, de sa race. C'était instinctif.

▬ Je ne suis pas d'humeur. Si tu veux finir ta nuit avec quelqu'un, il vaut mieux que tu ailles voir celles qui travaillent dehors. Tu ne perdras pas ton temps et en prime, tu repartiras avec un peu de chance avec une syphilis pour te souvenir de cette nuit inoubliable.

Quelques secondes de silences. La jeune femme en profita pour boire les deux shooters aussi rapidement que possible et en commanda un autre.

▬ J'aime les défis. Ne bois pas trop, tu me rendras la chose plus facile, ce n'est pas ce que tu veux non ?

Sans prendre compte des conseils de l'inconnu, Siobhan s'enfila son quatrième shooter sans demander son reste. Balançant sa tête sur le côté, elle apprécia l'emprise délicieuse de l'alcool sur son corps, cet enivrement divin qu'elle appréciait tant. Pourtant, elle savait qu'elle avait l'alcool mauvais, que sur elle, le moindre verre d'alcool avait des conséquences désastreuses. C'était pourtant bien d'oublier qu'à vingt et un an, on avait une vie pourrie, une vie dénuée d'intérêt et dans l'incapacité de rejoindre les siens. Revenir honteuse ? Hors de question.

▬ C'est mon anniversaire, faut bien le fêter non ? BAH OUAIS FAUT LE FETER !

Elle leva un bras dans l'indifférence générale. Soudain, son poignet se retrouva plaqué contre le comptoir, sa manche relevée. Pour la première fois, Siobhan lui adressa un regard. Elle ne savait pourtant pas à cet instant que ces traits resteront marqués dans sa mémoire à jamais. Essayant de retirer son bras de son emprise, elle s'apprêta à l'engueuler lorsqu'elle vit qu'il regardait une marque à son poignet. La marque des chaînes qui l'avaient entravé, il y a à peine quelques nuits. L'inconnu regarda cette marque longtemps, caressant les brûlures de chaque maillon. Sortant de son silence, il releva son regard laissant ses pupilles vertes se plonger dans celles de Siobhan.

▬ Personne ne doit s'affliger de pareilles souffrances. Tu n'as pas le droit de faire ça. Non.

C’était la première fois qu’elle le voyait. Caïn.

Caïn. Caïn. Deux pupilles vertes, le corps recouverts de tatouages et une peau aussi blanche que les premières neiges. Caïn. Roi des paumés, des oubliés. Seigneur d'un royaume fait de vices, de préservatifs usagés et de jetons de casino. Une violence dans le regard, dans chacun de ses gestes, il implose. Elle le savait qu'il ne fallait pas le fréquenter, elle le sentait, mais perdue l'amérindienne s'accrocha à la première bouée venue, même si au final, cette dernière ne fera que la couler. Ulfric d'une meute désordonnée, d'une meute qui semblait regrouper tous les loups perdus, accrocs, alcooliques, paumés, violents des environs. Un refuge ou une prison. Son intégration fut rapide, personne ne semble vouloir contredire Caïn ou s'attirer ses foudres. La vie n'était plus la même. La débauche était le maitre-mot, vivre à contre-courant et emmerder le reste du monde. Les affrontements étaient fréquents avec les loups-garous solitaires qui passaient sur le territoire, peu importe s'ils montraient des signes de soumissions ou non. La folie les avaient gagné, la soif de sang, de violence, d'être. Des mises à morts. Enterrer des cadavres dans le désert ou les faire cramer. Ils ont des âmes noires, empreint d'un poison destructeur.

Alors, Siobhan se jette sur la première bouteille venue pour ne plus affronter sa descente aux enfers si douce et délicieuse. Pourtant, elle sent très bien qu'elle n'est pas comme eux, toujours à part, toujours à rejeter tous ceux qui voudraient l'approcher si ce n'est pas pour lui apporter une bouteille. Fuir n'est plus une option. Elle a très vite perdue son boulot de croupière et a appris d'autres manières de ramener du fric. Les parties de poker tout d'abord, avec sa gueule de jeune alcoolique, personne ne s'attend à ce qu'elle gagne à chaque fois. Impassible, elle joue durant des heures s'amusant avec cynique de dépouiller toute personne qui ne l'aurait pas prise au sérieux. Et puis il y a les bijoux qui scintillent, comme un papillon de nuit attiré vers la lumière, l'amérindienne ne peut s'empêcher d'être attirée par ces bijoux qui luisent. Alors, dans les casinos, il lui suffira d'une caresse, d'un geste habile, d'une bousculade pour prendre bijoux, portefeuilles et tout ce qui peut avoir de la valeur. Tout revenait à Caïen, qui parfois lorsqu'il était de bonne humeur lui achetait une bouteille comme récompense. Mais tout à une fin, aussi malheureuse soit-elle.

Il fait nuit. Siobhan est sortie du squat pour s'isoler un peu des autres. Maintenant elle fume. C'est étrange comment tout change si vite, il y a à peine trois ans, elle subissait ses transformations dans une vieille usine, maintenant elle s'amusait à déchiqueter de la chair fraiche à chaque pleine lune. Elle avait perdu cette innocence, ce sourire, cet émerveillement devant chaque chose. Elle n'était plus la même non. A l'intérieur, des rires et des pleurs se faisaient entendre comme d'habitude, une partouze devait commencer à s'organiser, chose qui la dégoûtait tout particulièrement comme à chaque fois. Trois autres devaient déjà être ivres morts et une dernière devait être entrain de dégueuler sur les chiottes. Et puis des pas. Il approche, elle le sait comme à chaque fois. Elle lui plait, elle le sait pertinemment. Mais Siobhan en a peur, de cette violence qui sommeille en lui.

▬ Alors, on se sent nostalgique ce soir ?

Lui adressant un regard, Siobhan souria légèrement avant de laisser ses pensées se perdre dans la nuit noire. S'asseyant auprès d'elle sur le rebord de la fenêtre, Caïen soupira. Il ne la comprendrait jamais, son esprit était toujours trop loin, dans des pensées lointaines, dans des regrets. Elle ne répondit pas, après tout son rôle au sein de la meute la définissait bien. Toujours en retrait, toujours la dernière à attaquer la chair fraiche, toujours la dernière à manger, à parler. Personne ne lui cherchait des ennuis, même si parfois l'attitude hautaine qu'elle avait, énervait ses semblables.

▬ Tu penses à quoi ?

▬ A rien. A rien.

Se recroquevillant sur elle-même, Siobhan laissa sa tête se poser sur l'époque de Caïn, laissant un soupir lui échapper. Elle avait besoin de croire qu'il y avait quelqu'un à ses côtés, elle avait besoin de croire qu'elle n'était pas si perdue que cela. Caïn laissa faire, elle paraissait tellement fragile, tellement douce et délicate. Et puis, se rapprochant d'elle l'Ulfric lui déposa un baiser dans le cou. A peine, elle sentit les lèvres de Caïen caresser sa peau qu'elle se leva telle une furie.

▬ Arrêtes ! Je ne veux pas. Tu le sais. Non.

Il s'est levé et lui fait face, il la dépasse d'une tête. Ses pupilles sont plus petites et Siobhan sent la colère qui monte en lui, chacun de ses muscles qui se tendent. Violemment, il l'attire vers lui et agrippe sa chevelure de jais, lui jetant la tête en arrière tout en la forçant à le regarder. Son pouls et sa respiration s'est accélérée, merde.

▬ TU N'AS PAS LE DROIT DE ME RESISTER TU COMPRENDS ? JE SUIS L'ULFRIC ET SI J'AI ENVIE DE TOI TU DEVRAIS T'ESTIMER HEUREUSE !

Une pointe de défi dans le regard, la peur ne la rendait que plus sûre d'elle et encore plus arrogante. Alors qu'il relâcha son emprise, Siobhan lui jeta un regard noir et lui cracha sa haine à la figure. Quelques secondes, Caïn la jeta violemment contre un mur et alors que la jeune femme grimaçait, il s'approcha d'elle, la plaquant littéralement et déchira son T-Shirt laissant à la vue de tous, une poitrine découverte de tous. Le loup se délecta de la vue avant de continuer à l'embrasser ou la mordre. Elle l'avait en horreur et sa haine semblait grandir à chaque instant et la faisait dégriser de surcroit.

▬ Va en enfer, pauvre merde.

Usant de toutes ses forces, Siobhan essaya de se dégager, mais cela semblait impossible. Non, il ne pouvait pas faire ça, elle ne le permettrait pas. La fureur prenait le dessus et elle lui arracha un bout de son oreille droite. Caïn surprit ne plus que se détacher d'elle et Siobhan en profita pour fuir le plus loin possible sous sa forme animale. Elle savait parfaitement qu'il n'abandonnerait pas, ce n'était pas dans son caractère. L'amérindienne sentit très vite l'Ulfric la rattraper, mais décidée à ne pas se laisser faire, elle l'entraina dans le désert. Même sous sa forme animale, elle ne faisait pas le poids, il était beaucoup trop fort. La course dura deux heures durant, lorsque soudain elle sentit ses crocs se refermer sur sa jambe.

Tombant, Siobhan reprit forme humaine instinctivement brisant le silence par ses cris de douleurs. Sa jambe ensanglantée laissait couler un sang vermeil. Caïn lui aussi avait repris forme humaine, oui maintenant elle était à sa portée. Non. Bordel.

▬ Je te l'avais dit qu'on allait bien s'amuser. Ma petite Siobhan ...

Se fichant de ses plaintes, il s'allongea sur elle, décidé à reprendre les choses où il les avait laissés. Humant le parfum de sa peau et de son sang, il ne put que laisser découvrir ses dents pleines de sang. Bordel. Faut faire quelque chose. Sa main s'aventura le long de la blessure de Siobhan et soudain il appuya, appréciant les gémissements de douleurs qu'elle poussa. Ce ne fit qu'agrandir son désir, son putain de désir pour cette putain.
Il fallait tenter quelque chose, le tout pour le tout. Allez, puise dans tes dernières forces, tu ne vas pas t'avouer vaincue aussi facilement ? Son regard glissa tout autour d'elle essayant de trouver quoi que ce soit qui pouvait l'aider. Soudain, sous ses doigts elle sentit une pierre. L'agrippant fermement, elle la planta dans la tête de Caïn avec toute la force qu'elle pouvait, elle l'entendit gémir. Il était furieux. Qu'il crève. Se relevant, il s'amusa de ce spectacle le temps de sa transformation, il la regardait se débattre, agoniser dans son sang, se débattre sans relâche contre la mort qui semblait venir l'embrasser. Une fois sous sa forme de loup, l'Ulfric griffa la jeune femme sur sa hanche, histoire de la marquer encore plus, après tout, elle n'en sortirai pas vivante.

Siobhan avait déjà perdu connaissance, trop d'efforts et trop de sang. Evanouie, la jeune femme sut qu'elle en avait plus pour longtemps, que la vie allait quitter son misérable corps. Cela sonnait comme un soulagement, enfin. Caïn la quitta après s'être réjouit du spectacle offert sous ses yeux, son corps baignant dans un sang vermeil et sa peau ambrée marquée à jamais. Il la laissa pour morte dans le désert se délectant d'une telle vision.

Mais quelqu'un d'autre en avait décidé autrement. Cinq jours plus tard, Siobhan se réveilla dans une chambre de motel, ses blessures pansées. Autour d'elle, divers cataplasmes étaient préparés accompagné d'un mot disant à quoi servait chaque remède. Signé d'un simple I. Ismala. Encore cette vieille sorcière qui veillait sur elle depuis son enfance. Mais elle devait être morte depuis le temps, après tout l'amérindienne n'en savait rien, cette Ismala était une énigme toute entière. Tout ce qu'elle savait c'est qu'une sorcière l'avait guérie.

Serrant son talisman autour de ses doigts fragiles, elle sut que c'était grâce à ce simple collier qu'elle était encore en vie. Sa convalescence fut dure, le retour à la réalité aussi. Malgré les soins procurés, sa blessure à sa jambe était trop importante pour qu'elle puisse véritablement guérir. C'était trop profond. Doucement, Siobhan passa sa main sur sa cuisse meurtrie grimaçant de douleur. Infirme, elle était infirme. Incapable de marcher trop longtemps sans s'appuyer sur quoi que ce soit.

Relève-toi bordel. C'est ce qu'elle fit. Son errance reprit son cours, mais très vite elle s'arrêta à Shreveport, bourgade tranquille en apparence. Il fallait qu'elle se pose, qu'elle essaye de faire quelque chose de sa chienne de sa vie. C'est ainsi que sa boutique vit le jour, une boutique tranquille pour pouvoir se reconstruire lentement loin des siens en qui elle n'avait plus confiance et qu'elle fuyait comme la peste.