Lorsque la bombe explosa, Ariel fut projeté en arrière et sa tête cogna contre le sol des toilettes pour dame. Le choc fut si violent qu’elle perdit connaissance. Tout devient noir et puis plus rien, ni rêve, ni quoique ce soit d’autre. Ariel ignorait combien de temps elle était resté évanouis, la seule image dont elle se souvenait était celle d’un jeune homme dont les trait encore flous se dessiné au dessus d’elle. « Eh oh ! Vous m’entendez ?! », dit-il distinctement. « Laisse la, ce n’est qu’une humaine, allons aider les autres », fit une seconde voix, une voix de femme. « Je suis aussi humain, je te rappelle ! Elle se réveille, ça ne sera pas long, tu n’as qu'à y aller, je te rejoindrais. ». Ariel comprit qu’elle avait affaire à un marqué et à son vampire, ils devaient être suffisamment proche pour qu’il ose lui tenir tête ainsi. La jeune auteur voulu lui faire signe qu’elle vivait, quelle allait bien - elle ne sentait peut-être plus son corps, mais au moins, elle n’avait pas de douleur – mais elle fut incapable de bouger. « Tu n’as cas lui faire du bouche à bouche aussi pendant que tu y es, peut-être qu’elle se réveillera ta Belle aux bois Dormant », lança le vampire femelle d’un ton amère. « Nicole ! » la gronda-t-il sans pour autant hausser la voix. Il avait une voix très douce et légèrement rauque qui faisait tout de suite penser à Ariel qu’il était un gentil, un vrai, comme on n’en voit que dans les livres. Elle entendit le grognement insatisfait de la dénommée Nicole puis sentit des mains délicieusement chaude lui frictionner les épaules. Ses sens revenaient à la vie ! Alléluia !

Elle émit un léger grognement, partagée entre la douleur et le bien-être. Elle avait à la fois l’impression d’être dans les bras de son père qui la réconfortait après qu’elle eût fait un cauchemar, mais elle avait tellement mal à la tête qu’il y était impossible d’apprécier l’instant. Retrouvant peu à peu l’usage de ses membres, Ariel se redressa sur les coudes. Elle reconnu l’humain qu’elle avait vu bécoter la magnifique lorsqu’elle était venue se réfugier aux toilettes à cause du déchainement de son don d’empathie. Il était plutôt beau, les traits de son visage était fins malgré la dureté de ses yeux noirs, la couleur de sa bouche se distinguait à peine de celle de son teint doré, et son sourire franc donnait à la jeune fille l’impression d’être enrobée d’un doux voile d’air chaud. Le remerciant d’un sourire, Ariel tenta de se relever. « Doucement ! » la pria-t-il, « Vous vous êtes cogné la tête, mieux vaut y aller en douceur, sinon vous risquer de vous évanouir de nouveau. » « C’est bon ? Tu as la conscience tranquille ? On peut y aller ? » s’impatienta grossièrement sa compagne. Elle n’était pas bien grande, elle devait mesurer dans les un mètre soixante à tout casser, mais elle était d’une minceur à faire pâlir une anorexique. Si elle n’avait pas été entourée du halo surnaturel dont étaient dotés tous les vampires, elle n’aurait probablement pas été belle. Sa crinière blonde, presque blanche, lui tombait sur les épaules et descendait encore jusqu’au milieu de son dos maigre. Ariel conclu elle avait était vampirisée très jeune car son visage osseux gardait encore les traits de l’adolescence. Elle était une éternelle enfant dans un corps frêle, et malgré la rondeur juvénile de ses seins, elle ne dégageait aucune sensualité.

D’un signe de tête, Ariel assura à son sauveur qu’il pouvait la laisser, elle allait bien et serait capable de se relever une fois que la tête aurait cessé de la tourner. Elle le remercia et il suivit ainsi sa compagne en souhaitant à Ariel un bon rétablissement. Elle resta quelques instants – une minute, peut-être deux – assise au milieu des toilettes puis, en s’accoudant au lavabo, elle me redressa enfin sur ses deux jambes encore tremblantes.
De son petit refuge, elle percevait tout de même les cris et les lamentations qui émanaient de la salle d’à côté. Vampires et humains, ils hurlaient leur douleur, leur soif, leur peur et tout ce qui allait avec. Un vrai bordel. Dès qu’elle se sentis assez forte pour pouvoir marché, Ariel décida d’aller venir en aide à ceux qui en avait besoin.

À peine sortit de sa cachette, Ariel fut confrontée au vacarme ambulant qui régnait dans le bar. Les murs était presque entièrement peint en rouge, un rouge sang qui lui donna un haut le cœur. Des boyaux, des trips, de la chair déchiqueté trainaient de ça, de là, mais Ariel préféra ne pas s’attarder sur ces détails. Juste devant elle, elle vit un vampire se nourrir à la gorge d’une pauvre fille, à peine majeur, trop faible pour résister. Ariel devina qu’il suça, sans le moindre scrupule, la dernière étincelle de vie qu’elle gardait encore en elle. Horrifié, elle porta une main sur sa bouche en étouffant un cri. Ne souhaitant pas servir de dessert, elle prit ses jambes à son cou.

L’accès vers la sortie, était impossible. Trop de monde, vampire et humain, barrait le passage et Ariel aurait risqué sa vie à franchir ce mur de chair. Incapable d’emmètre la moindre pensé cohérente, Ariel resta immobile un long moment. Elle sursauta lorsqu’un vampire très mal en point lui saisit la jambe de sa main ensanglantée. Ariel hurla de stupeur avant d’enfoncer le talon de ses Manolos dans le bras de son agresseur. Trop faible, le vampire la lâcha en grogna. Ariel s’éloigna sans perde de temps, essoufflée, elle tenta de reprendre son souffle.

C’est alors qu’elle aperçu Alessandro, sa jambe était en feu. Elle le vit s’écrouler au sol pour tenter d’éteindre le brasier qui était en train de le consumer. Le feu, Ariel le savait, était l’une des choses capable de détruire un vampire. Paniquée, elle se jeta de tout son poids sur Alessandro et éteignit le feu avec son propre corps. Une fois les flammes étouffée, Ariel se releva, gênée par ce contact trop intime, et resta assise sur les genoux à côté du vampire inconscient. « Alessandro ? Alessandro, vous m’entendez ?! Répondez-moi ! », appela-t-elle légèrement paniquée. Le vampire ne répondit pas, la pâleur de sa peau, son immobilité et tout ce qui faisait de lui un vampire lui donnait, en cet instant, l’air d’être vraiment mort. « Vous ne pouvez pas mourir, Alessandro, vous êtes immortel… », nota-t-elle plus pour elle même que pour autre chose. Elle avait eu quelque cours de secourisme au lycée lorsqu’elle était plus jeune, comme tout le monde, mais elle semblait avoir tout oublié. Et quand bien même elle s’en serait souvenu, elle n’était pas certaine que toute ces pratiques soient prévu pour sauver la vie d’un vampire, qui, technique, n’en avait pas vraiment une. C’était le sang qui maintenait leur corps en état de marche, le sang qu’ils buvaient. Le sang qu’ils buvaient.

Transpercée par cette idée, Ariel attrapa le premier objet tranchant qu’elle trouva – un éclat de verre, ce qui n’était sans doute pas très approprié – et s’entailla l’avant-bras. Elle émit un léger gémissement de douleur puis laissa couler le sang dans la bouche entr’ouverte du vampire. Très vite, il reprit connaissance, sans qu’elle n’ait eu le temps de réagir, il lui attrapa le poignet et mordit dans sa chair. Ariel poussa un cri, partagée entre la douleur et la surprise. Le vampire gémît, le sang qu’il aspirait goulûment semblait être à son goût. Ariel ne ressentait plus la douleur de la morsure à présent mais un sentiment tout à fait inconnu pour elle, elle était comme enveloppée dans une douce couverture chaude, la morsure lui faisait l’effet d’un baiser, un baiser plus profond que tout ceux auquel elle avait déjà goûté. Elle n’avait pas envie qu’il s’arrête. Bien qu’elle sentait sa vie s’en aller à chaque gorgée qu’il prenait, elle n’avait surtout pas envie qu’il s’arrête. Mais il arrêta, la laissant ainsi revenir sur terre.

La chaleur qui jusque là l’avait enveloppée s’extirpa et à présent elle avait plutôt froid. Quand elle sentit la main fraiche d’Alessandro venir se poser sur sa joue, elle sursauta puis elle leva les yeux, rencontrant la profondeur des iris bleus du vampire. Elle soupira bruyamment. « Et dire que j’aurais pu ne jamais goutter ce pur délice. » , la taquina-t-il. Dans son sourire, Ariel cru apercevoir ses crocs et frissonna. « Tu me dois un verre… », renchérît-elle. Elle s’était mise à le tutoyer, instinctivement, maintenant qu’il avait bu son sang, elle trouvait ridicule de continuer à le vouvoyer, d’autant que lui ne le faisait plus depuis longtemps. « Ecoute moi, tous les vampires blessés autour de nous ressentiront la même soif que moi. Sauf qu’ils ne s’arrêteront pas. S’ils t’attrapent, peu importe l’état dans lequel ils sont, ils te videront de ton sang. » « Pour ce qu’il en reste… », voulut-elle plaisanter. Mais Alessandro n’était, de toute évidence, pas d’humeur à rire. Il la fixa de ses prunelles myosotis si intensément que le cœur de la jeune femme faillit manquer un battement. « Les secours arrivent, essaie de te tenir éloignée des autres vampires. » , recommanda-t-il d’une voix plus douce. Alessandro retira sa main de la joue de la jeune humaine, il avait oublié, semblait-il, qu’elle était là. Ariel se surprit à pensé qu’elle voulait qu’il la laisse plus longtemps où elle était avant de reprendre la raison. Ils n’étaient pas assez proches pour cela, elle écrivait un livre sur lui, ils étaient associés, voilà tout et ça n’irait jamais plus loin, du moins elle espérait s’en convaincre. « J’aimerais que tu restes près de moi. Ca serait plus facile de te protéger ainsi. » , dit-il en souriant sincèrement. Ariel lui rendit son sourire et acquiesça d’un signe de tête.

Le vampire se pencha ensuite vers Candice, sa petite amie du moment, qui était drôlement amochée et ne bougeait plus. Elle était plutôt mignonne et surtout très jeune, Ariel lui donnait à peine dix-sept ans. « Tu aimes les prendre au berceau, ou quoi ? », constata Ariel. Alessandro ne répondit pas, il s’entailla le poignet, comme il venait de le faire avec celui d’Ariel quelque minutes plus tôt et fit boire son sang à la jeune adolescente. Ariel eut un haut le cœur, « Eurk ! Arrête ça, tu vas me faire gerber… ». Elle détourna le regard, écœurée. La blondinette, quant à elle, ne sembla pas du même avis que la jeune femme, elle aspira le sang du vampire autant qu’elle le pouvait, et quelques secondes plus tard, elle s’était requinquée. Ariel et Alessandro échangèrent un regard, puis se sourire, après quoi elle aida Candice à se relevé en lui assurant que tout allé bien tandis qu’Alessandro regardait autour de lui.

L’eau continuait à s’échapper du plafond. J’étais trempée, mais au moins, Jude était à l’abri de cette pluie peut-être mortelle pour elle. Il y avait bien certains endroits qui étaient à découvert, mais je ne pouvais guère faire mieux. Je commençais à avoir du mal à tenir ma position, voûtée au dessus de la vampire. Je menaçais de m’écrouler d’un instant à l’autre tandis que je regardais autour de moi. Il y avait des vampires assoiffés partout. Et je n’étais pas en meilleur état parce que j’avais envie de me transformer, j’avais envie de sauter sur l’un de ces humains déjà à moitié mort et de fourrer mon museau dans ses entrailles rouges. La pleine lune n’était pas encore d’actualité mais je sentais mon tigre se retourner à l’intérieur de moi. La douleur l’avait réveillé. Méchamment réveillé. Je serrais les dents. Je ne voulais pas laisser échapper un nouveau grognement félin. Non. En fait si. J’avais envie de hurler toute ma frustration, toute ma rage et ma détresse à ce monde déjà moribond. Mon corps vibra de ce grognement pendu à mes lèvres. Mes poignets se faisaient douloureux. Ma cuisse me faisait mal. Cette fichue barre en argent m’empêchait de me mouvoir correctement sans l’enfoncer encore plus ou, au contraire, la faire ressortir. Mais peu importait, c’était un mouvement de va et vient que je ne pouvais supporter.

De concert avec les sirènes hurlantes qui se rapprochaient, je hurlais de nouveau. Un son qui n’était pas du tout humain, sans être vraiment tigre non plus. Puis l’eau se tarit. Je jetai un regard circulaire puis me laissai tomber dans la mare sanglante qui régnait dans le bar. J’espérais que Jude pouvait se déplacer toute seule pour se mettre à l’abris de cet océan mortel, car je n’étais pas capable de me lever pour la déposer en hauteur. L’eau était fraîche, bien que réchauffée par le feu qui crépitait encore ici ou là. Je laissai le liquide me passer par dessus tête avant de me redresser à nouveau, quelques instants plus tard. Au moins, ça nettoyait un peu le sang qui avait déjà commencé à sécher sur mon corps. Ce n’était pas forcément mieux parce que maintenant j’étais recouverte d’une pellicule d’eau rosâtre et de morceaux de vampires carbonisés dans les cheveux. Bloody Hell ! Quelle idée stupide j’avais eu ! Enfin, maintenant c’était fait. J’entendis des voix. Pas des gémissements, des grognements, non, des voix articulées et parfaitement audibles. Mon ouïe affûtée les situaient sûrement bien plus près qu’elles ne l’étaient en réalité mais elles étaient là. Je vis passer des gens en tenue de combat, si je puis dire. Ils semblaient harnachés comme s’ils allaient en mission sur Mars. Bref. Je clignai des yeux alors qu’une silhouette que je reconnus comme féminine s’approcha de Jude et moi. Elle m’accorda un regard avant de se pencher sur mon amie vampire. Bien, au moins il y avait quelqu’un qui s’en occupait. L’inconnue fit quelques signes à ses compères pour en attirer un vers moi. Bien, très bien. Je l’entendis parler. Sa voix mit un moment avant de faire son chemin vers mon esprit. Je devais être plus mal en point que je ne le pensais.

“Mademoiselle ? Vous m’entendez ? Vous avez d’autres blessures que celle à votre cuisse ?”

Je secouai négativement la tête avant de me rendre compte que ça pouvait tout aussi bien aller pour l’une que pour l’autre question. Attendez, non, en fait, ça ne pouvait que dire que j’avais bien entendu mais que je n’avais que cette barre dans la jambe. Sinon, j’aurais pas répondu. Je lui jetai un nouveau regard. Peut-être était-ce la combi mais il semblait bien bâti et je voyais scintiller ses yeux dans l’obscurité de son casque. J’étais sûre qu’il était mignon. Quelle idée de penser à ça maintenant, je vous jure !

“Je vais vous soulever, pour vous emmener dans l’ambulance, d’accord ? Je vais faire de mon mieux pour ne pas vous faire mal.”

Je hochai positivement la tête. De toute façon, s’il me faisait mal, je lui arrachais un morceau d’oreille. Il se pencha en avant et glissa une main dans mon dos, l’autre dans le creux de mes genoux, en faisant bien attention de ne pas toucher la barre en métal. Je nouai mes bras autour de son cou et me laissai porter jusqu’à l’ambulance en grognant légèrement.

J’entendis enfin des voix alors que de l’eau coulait de plus en plus dans le croquemitaine. Malgré les cris des vampires mais aussi des humains dans cette pièce, je ne pouvais rater les sirènes qui étaient à l’extérieur et je me doutais que l’eau que nous recevions était surement due aux lances à incendie qui étaient en train d’essayer d’éteindre l’incendie. J’avais réussi à maintenir Camille apparemment en vie -après je n’étais pas vampire ou médecin donc peut être que je me trompais- aussi la seule chose que j’avais en tête était que nous devions sortir. Quand est ce que les pompiers pourraient réussir à entrer ? Car nous allions finir noyer si cela continuait mais bon, comme toujours optimiste, je me disais qu’ils savaient ce qu’il faisait aussi je me contentais de continuer de faire rempart de mon corps au vampire pour qu’elle ne soit pas touché par l’eau bénite que me faisait du bien à moi par contre. Je m’étais redressé légèrement en sentant l’eau bénite qui arrêtait de couler alors qu’une autre eau était en train de noyer les flammes qui restaient. Ce fut au même instant que je vis apparaitre les premières silhouettes qui semblaient venir de l’extérieur. Enfin. Je fermais quelques instants les yeux en soupirant et en remerciant intérieurement Dieu de son aide et de son soutien comme toujours dans des moments aussi durs que celui-là. Je n’avais jamais douté mais ce n’était pas pour autant que je ne pouvais le remercier encore une fois.

Restant sur mes gardes, je vis une autre équipe venir…. Je ne savais qui était les pompiers, des secours pour humains et pour vampires aussi je me contentais de me pousser quand je vis qu’on venait s’occuper du vampire qui était à mes pieds en me poussant clairement. Je ne mis pas longtemps à sentir une couverture de survie sur mon dos aussi je frissonnais à ce contact avant d’adresser un doux sourire à la personne qui venait de me poser cela. Je lui montrais les personnes que je connaissais qui était particulièrement blessés avant d’essayer de sortir des décombres comme je le pouvais. Ce ne fut pas le plus facile mais, grâce aux secours, je fus rapidement mené vers les ambulances qui se trouvaient dehors et les campements de fortune qui avaient été installés à la hâte pour pouvoir soigner au plus vite les blessures trop importantes. Je passais de main en main avant de me retrouver assis, sur le marchepied d’une ambulance alors qu’on soignait les brulures que j’avais sur les mains mais aussi dans le dos. Mon don m’avait permis de me protéger des projectiles mais pas du feu comme j’étais occupé à ce moment-là et que mes bouclier me demandaient beaucoup de concentrations.

Je les laissais faire tout en regardant le spectacle qui s’étalait devant moi. Les flammes, les lances à eau qui essayaient de tout éteindre, les corps qui étaient remontés. Je guettais la sortie de Kilian et je me redressais en le voyant remonter mais on me demanda de m’installer de nouveau. « C’est mon meilleur ami. J’aimerais savoir comment il va. » Le mec me signala qu’il allait se renseigner dès qu’il aurait deux minutes mais, comme je pouvais marcher, je me redressais quelques instants plus tard pour pouvoir aller vers l’ambulance où se trouvait mon meilleur ami même si Louise n’avait pas l’air d’avoir décidé de le quitter. Je montais à bord en restant enroulé dans la couverture de survie avant d’adresser un petit sourire à mon meilleur pote. « T’as une sale gueule tu sais ça… » Je m’installais à ses côtés avant de regarder de nouveau vers l’extérieur. Mon regard croisa quelques instants celui d’Alessandro. Le savoir en vie me rassura car il restait une personne que j’appréciais. Bien entendu j’aurais été heureux que tout le monde puisse s’en sortir mais j’étais un homme de Dieu aussi je savais que tous les morts allaient trouver le chemin vers Dieu. Enfin j’espérais comme je ne connaissais pas tout le monde mais j’avais foi comme toujours.... Ce simple échange de regard me suffit alors que je murmurais doucement « Si tu as besoin je serais présent. » Je savais qu’il m’entendrait aussi je n’avais pas eu besoin de faire plus et je me reconcentrais sur mon ami.

Quelques minutes plus tard l’ambulance démarrait et nous étions conduits vers l’hôpital de la ville pour pouvoir être soigné. Toute cette histoire aurait des conséquences et je me disais que je ne touchais que du bout des doigts tout l’étendue de ce qui allait se passer dans les prochains jours. Il allait falloir que je me renseigne car je me doutais que personne ne serait épargné… Qui pouvait avoir eu envie de faire cela ? Les créatures ? Les vampires eux même pour des guerres de clans ou bien les humains tout simplement ? Beaucoup de possibilités pour un avenir qui ne paraissait pas des plus doux à venir. Plongé dans mes pensées, je restais au chevet de mon meilleur pote en me disant que tout ceci n’était surement que le début…

L’atmosphère était loin d’être chaleureuse. Les hurlements n’avaient pas vraiment cessé, mais l’oreille s’y était habituée. Humains ou vampire, c’était presque devenu impossible de le savoir et pourtant Alessandro avait l’habitude d’entendre des hurlements, il avait vécu de nombreux moment de crise, des situations parfois difficile, d’autre fois horrible, mais à cet instant précis, il avait l’impression que c’était l’un des pires moments qu’il ai été témoin. A vrai dire, tous ces cris, tous ces hurlements lui rappelait les champs de batailles de la première guerre mondiale. Il était venu à l’époque non pas pour jouer les héros mais simplement pour se nourrir en toute tranquillité comme les centaines de vampires qui étaient venu dans les tranchés. L’idée à la base n’était pas idiote, qui irait vérifier si les cadavres étaient criblés de balles ou vidé de leur sang par un vampire ? Seulement il n’y avait rencontré que la mort, tout autour de lui, le désespoir, et la terreur. Au milieu de tous ces corps, de ces bombes qui tombaient autour de lui, il avait songé alors qu’aucun vampires n’auraient été capable d’un tel massacre, d’une telle violence. Ce no man’s land appartenait bel et bien aux humains et c’était d’autant plus terrifiant. Parce qu’ils s’entretuaient, parce qu’ils tuaient non pas pour survivre, mais parce qu’on leur avait dit de le faire, parce qu’un homme avait tué un archiduc. Tout ça pour rien. Au milieu de cette eau sale qui ne cessait de monté, entouré de ces cris d’horreur, il songeait aux tranchés et à toute cette horreur qui n’avait aucun sens. Des humains étaient morts ce soir avec des vampires et ce massacre n’avait aucun sens aux yeux du vampire. Il n’y avait pas de guerre, pas de victoire, pourquoi tuer tous ces gens ?

Candice toussa ou plutôt commençait à suffoquer. Etait-ce la fumée ou l’eau qui commençait à imbiber ses vêtements, le vampire réalisa alors qu’elle reprenait doucement connaissance. Prenant son visage entre ses doigts fins, il essaya de la regarder droit dans les yeux. Il n’avait jamais eut recourt à l’hypnotisme avec elle, parce qu’elle le voulait, parce qu’elle l’aimait, et qu’il se plaisait à le savoir, mais aujourd’hui, au milieu de cette horreur il se demandait si cela n’était pas mieux de tout effacé. La jeune fille ferma ses doigts autour des siens. Elle chercha du réconfort dans son contact, dans son regard, et le vampire oublia alors ce qu’il allait faire. Plus que tout autre de ses conquêtes, la jeune fille était forte. Lui enlever ses souvenirs ne l’aiderait pas. Evidemment ça serait plus facile, mais elle entendrait parler de cet incident aux infos, par ses amis, et un jour tout lui reviendrait en pleine gueule. Secouant la tête il effaça cette option de son esprit et se contenta de la serrer contre lui. Ses cheveux blonds étaient complètement trempés, de même que son visage qui semblait avoir prit un bon bain. Le vampire ne s’était pas rendu compte que l’eau était monté aussi vite. Les cris poussés par les vampires l’avaient bien assez inquiété. Car s’il se savait immunisé contre l’eau bénite, il savait que ce n’était pas le cas pour Camille, et doutait que son frère soit capable d’y faire face. Lorenzo avait toujours mit un point d’honneur à masquer ses failles, mais Alessandro savait son frère très pieux avant sa rencontre avec Camille. Il doutait que son frère eut le temps de sa liaison avec elle pour cesser de croire en Dieu avant sa transformation. Bon sang ! il était donc incapable de songer à autre chose qu’à eux ? Ils avaient pourtant l’air de bien s’amuser sans lui, Lorenzo lui avait masqué la présence de Camille en ville et celle-ci s’était bien gardé de se montrer gentille avec lui, bien au contraire, ils s’étaient prit le bec et avaient prouvé une nouvelle fois qu’ils étaient capable du pire ensemble. Pourquoi se souciait-il dont tant pour eux qui se moquaient tant de lui ? Le vampire se concentra sur le plus important. Candice reprenait ses esprits. Et ce qu’il y avait autour d’elle risquait de ne pas lui plaire.

Le vampire soupira de soulagement en voyant que la jeune fille était en état de se soucier d’elle-même. Il avait complètement oublié la présence des autres vampires qu’il avait pourtant signalé de long en large à Ariel quelques instants plus tôt. Et tandis qu’il caressait la joue de Candice avec tendresse, il ne vit pas arriver un vampire aux dents longues. Lorsqu’il le remarqua enfin, ce dernier était assez proche d’eux pour s’en prendre à Ariel ou à Candice si son état le lui avait permit, car visiblement l’eau bénite avait rongé sa peau comme de l’acide. De la fumée s’échappait de lui et l’entourait malgré l’eau tout autour d’eux. Et ses yeux perçant le rendait encore plus dangereux malgré son état lamentable. Alessandro siffla. Le vampire l’ignora. Il était trop assoiffé pour se méfier. C’était se nourrir ou mourir. Ariel réagit le plus rapidement en s’emparant d’un morceau de bois. Réflexe tout à fait intéressant sauf que les vampires ne craignaient pas tellement les pieux. Alessandro fut le plus rapide, il sauta sur le vampire et plongea ses crocs dans la chair putréfiée du vampire et en aspira le sang. C’était parfaitement immonde, alors que ça aurait dû être un véritable festin. Le sang des vampires est le meilleur au monde, c’est pour cela qu’il est interdit de boire le sang des autres vampires pour se nourrir, mais là pour l’heure ce vampire était en train de pourrir de l’intérieur et ça n’avait rien de délicieux de boire son sang. Alessandro lui brisa la nuque avant de le laisser être immergé par l’eau sombre. Il se tourna alors vers Ariel un sourire aux lèvres, oubliant le sang dégoulinant sur son menton. « Tu as bien meilleur goût, ma chérie. » fit-il en plaisantant.

Les secours étaient déjà arrivés mais ils ne s’en étaient pas encore rendu compte. Décidément le vampire était vraiment pas alerte. Une jeune femme emmitouflée dans son costume de pompier vint pour s’occuper d’eux ou plutôt de Ariel qui fit mine de se défendre pour montrer qu’elle était encore capable de marcher et qu’il y avait d’autres personnes qui avaient plus besoin d’aide. La jeune femme regarda le vampire. Il avait oublié Candice. Après l’attaque il l’avait repris dans ses bras, et n’avait tout simplement pas réalisé que les pompiers auraient bien voulu l’emmener parce qu’elle n’avait pas encore l’air tout à fait dans son état normal. Le vampire se leva en l’aidant à se relever. Il aurait voulu l’emmener lui-même au dehors mais un autre pompier arriva, avec un air tellement revêche que Alessandro céda. Ariel dû les suivre. Visiblement ils n’étaient pas d’humeur. Voir céder la jeune femme aurait dû le remplir d’allégresse, mais il avait d’autres choses en tête ce soir là. Le bar était détruit et de nombreux vampires restaient là, assoiffés, entourés d’humains pas en état de se défendre. Aussi au lieu de suivre les deux jeunes femmes et les pompiers, il retourna dans le bar. Quelques minutes plus tard, le vampire sorti. Les nettoyeurs étaient enfin arrivés. Ils l’avaient gentiment prié de sortir avec les autres, il n’était pas des leurs et même si sa proposition de les aider était généreuse, il allait les gêner plutôt qu’autre chose. Alessandro avait haussé les épaules et était finalement sorti. Au dehors l’air était frais. Ce n’était pas totalement vrai, mais la différence entre l’intérieur et l’extérieur était telle qu’il avait l’impression de respirer à nouveau. Il avala de longue goulée d’air, même s’il n’en avait nullement besoin. Il croisa du regard le pasteur qui s’était retrouvé mêlé à tout cela par sa faute. Sans dire un mot, juste en mimant avec ses lèvres, il murmura un pardon. Le pasteur avait-il comprit ? en tout cas il lui assura qu’il serait présent s’il avait besoin. Alessandro forma avec ses lèvres un merci silencieux avant d’essayer de retrouver Candice.

Tandis qu’Alessandro faisait boire à la pauvre Candice son sang à même son poignet, Ariel dû se retenir de vomir. Elle craignait soudain pour son estomac déjà bien secoué. L’adolescente ne sembla pas dégoutée du breuvage que lui faisait ingurgité le vampire de force, bien au contraire, ce qu’Ariel trouvait fort surprenant. Elle avait entendu quelque part que certain junkies se servait du sang de vampire comme un drogue, elle avait entendu dire que ça les rendait plus vif, plus fort le temps qu’il gardait le sang dans leur système. Elle avait même lu quelque part que c’était un stimulant plus puissant encore que le viagra. D’après ce qu’elle comprenait maintenant, en voyant Alessandro en donner à la jeune fille, que ce sang était aussi capable de guérir les blessures.

Ariel se demanda un instant ce que feraient les médecins en possession de cette information. Le sang de vampire était-il donc le remède à tous les maux humains ? Si c’était le cas, elle comprenait bien que les immortels garde cette information secrète, autant qu’ils pouvaient désormais la garder. En ce sens là, la révélation était un véritable désastre pour eux. Tous leurs secrets révélée, ils étaient maintenant devenu la proie des humains, qui tôt ou tard, Ariel voyait cela comme une évidence, finirait par les chasser pour les facultés de leur sang, si cela n’était pas déjà fait.

Candice commençait a reprendre connaissance, l’adolescente était encore visible sonnée mais elle respirait, c’était l’essentiel. Ariel poussa un soupir de soulagement, elle ne connaissait pas vraiment la jeune fille mais savoir qu’elle était vivante la réconfortait tout de même. En ce retournant, Ariel aperçut un affreux vampire dont la peau avait été rongé par l’eau bénite et les flamme de l’explosion, toutes canines dehors, il fonçait sur elle dans le but de lui extirper le sang qu’il restait encore dans ses veines d’humaine. Poussant un cru de stupeur, Ariel saisit machinalement un bout de bois juste à côté d’elle et s’apprêtait à s’en servir comme d’un pieux – ne savait-on jamais, la légende du pieu dans le cœur était peut-être vraie – mais Alessandro fut plus rapide qu’elle et sauta à la gorge de son agresseur. Ariel porta une main devant sa bouche, écœurée. Elle regardait la scène, les yeux grands ouverts. Alessandro grimaça en avalant le sang, visiblement nauséabonde du vampire en putréfaction, et lui brisa finalement la nuque. Ariel aurait du se sentir très mal de voir le vampire tuer quelqu’un sous ses yeux, mais au contraire elle en éprouva du soulagement. Elle avait comprit que c’était elle ou lui, et elle était bien contente que ce soit lui. Elle fixa le corps sans vie du vampire étalé au sol, d’ailleurs il n’avait plus rien d’un corps, il ressemblait davantage à un amas de chairs brûlés et d’os brisés.

Alessandro revint vers elle, le sang du vampire dégoulinant encore sur son menton. Il s’approcha d’elle et la gratifia d’un sourire ravageur. « Tu as bien meilleur goût, ma chérie. », lui dit-il sur le ton de la plaisanterie. Ariel rit d’un rire franc, qui n’était sans doute pas approprié à la situation dans laquelle il se trouvait. « Pourquoi tout ce quI sort de ta bouche me semble obscène ? », observa-t-elle en plaisantant à son tour.

Le secours arriva, et ce n’était pas trop tôt. Une femme pompier vint à leur rencontre. Elle s’adressa d’abord à Ariel. « Mademoiselle, vous saignez, venez avec moi ! » « Non, non, je vais bien, occupez vous de ceux qui ont plus besoin d’aide que moi, je vais bien. » . « La plaie n’est pas très belle Mademoiselle » fit la femme en s’emparant de la main d’Ariel pour vérifier l’étendu des dégât, tandis qu’un de ses collègue, emportait Candice au centre de soin. . « Il va voilà désinfecter et suturer, sinon cela risque de s’infecter. Vous ne voulez pas que ça s’infecte n’est-ce pas. » Ariel fit non de la tête et suivit finalement la femme. Elle se tourna finalement vers Alessandro et posa une main amical sur son avant bras, il semblait cherché quelqu’un du regard, il semblait inquiet. « Ils vont bien, j’en suis sûre. », dit-elle en lui souriant de la manière la plus gentille qu’elle pu. Elle avait deviné qu’il se faisait du soucis pour Camille et Lorenzo, elle savait à quel point ils comptaient pour lui. Laissant Alessandro seul, elle suivit pour de bon la femme pompier qui s’appliqua, dans les secondes suivante, à soigné sa plaie.