La première chose à savoir sur moi, c’est que je ne vous aime pas. Par principe. Je ne m’aime déjà pas moi-même, je ne vais pas faire d’effort pour des inconnus. Mais je peux vous berner, si j'en ai envie. Ma blondeur, ma tête de petite fille candide, mon sourire fragile sont autant d'éléments – d'atouts – qui vous induiront en erreur. Je suis calme, voire taiseuse, sauf quand je suis bourrée, ou défoncée. La première chose m'arrive occasionellement (j'aime faire la fête), la seconde beaucoup plus régulièrement : le V m’aide à compenser le Vide que Cy a laissé.

Avec les vampires, je passe du coq à l’âne. En manque, ou avec ma cible, je suis généralement affable, voire docile. J’ai besoin d’eux. Je tente perpétuellement de recréer la bulle qui me protégeait quand j’étais avec Cy, cette sensation d’appartenir à quelque chose, d’être importante. D’être aimée, peut-être.

Malgré tout, je ne suis pas non plus une grande sensible. Un déchirement m'a suffit de leçon. Les vampires, je les parasite comme je peux, mais j'ai arrêté de les aduler depuis longtemps. Leur charme magnétique, leur regard profond, toutes ces conneries, ça me laisse indifférente.

Pour ce qui est des autres espèces, j'ai pas d'avis défini, tant qu'ils me font pas chier. Les loups et autres bestioles peuvent pas me sentir, à tous les sens du terme, mais moi je m'en fous. Je me mêle pas de leurs affaires, ils se mêlent pas des miennes, et tout le monde est content. Les sorciers et tout le bazar, je sais pas. Abi en est, de ce que j'ai pu comprendre, mais je ne me suis pas encore fait mon avis sur cette fille non plus, donc je vais pas me prononcer.

Je suis une marginale, une paria, et j'en ai une conscience affutée. Ça veut pas dire que je m'en fous, même si je fais semblant, mais c'est vrai que finalement ça m'arrange bien. C'est plus simple si personne ne m'aime.

Comme j’aime bien vous contredire, je vais commencer par mes occupations nocturnes. La nuit donc, je traîne comme une ombre dans les bars à vampires. Je suis leur calice tout désigné, celui qui se tait et qui ferme les yeux. Je ne suis même pas leur chien, je ne suis plus rien. Une moitié d’âme, une amputée qui n’a pas d’autre choix que de leur lécher les bottes pour un semblant de sensation.

Ensuite, lorsque les ombres s’éclaircissent et que la réalité se pare d’une lumière gris sale, c’est là mon heure, celle que j’attends. Juste avant qu’ils ne rejoignent leur couche terreuse. J’ai repéré ma cible à l’avance. Le novice, celui qui commence à peine à se dominer, mais qui entretient encore un lien ténu avec l’humanité. Je l’ai courtisé pendant plusieurs semaines, pour apprendre ses goûts, ses habitudes. Il m’a mordue, il m’a bouffée, il m’a parfois baisée. Il ne se méfie pas. Je suis la marquée orpheline, je suis inoffensive. Une mordue, un joli bibelot qui voue un culte aux immortels et ne rêve que de les rejoindre. C’est là son erreur.

Au moment où il s’y attend le moins, je passe à l’action. J’ai l’Argent de mon côté, deux poignards et une chaîne, jouets dérisoires qui me laissent croire que je suis armée. Mais mon plus grand allié, c’est l’effet de surprise. Juste avant l’aube, le vampire est moins alerte, il pense déjà à s’éclipser. Lorsque j’ai immobilisé ma proie, je la draine. Jusqu’au bout. Je ne peux pas me permettre de la laisser en (non-)vie, au risque d’être démasquée. Seringues, cathéters, poches, sac isotherme. Je trimballe tout dans mon sac à dos.

À vide, ça ne prend pas beaucoup de place. Chargée, je n’ai plus qu’à me faire discrète le temps de déposer mon paquet dans l’une des nombreuses cachettes que j’ai aménagées dans la ville. Consigne de gare, coffre, local de dépôt de meubles… Après, je rentre à l’appart, et je dors jusqu’à midi, au moins. Et enfin, je consacre la dernière partie de ma journée à faire le pied de grue dans les coins sombres et les clubs de Stoner Hill pour refourguer ma came et en acheter d’autre, en période creuse.

Je sais qu’un jour, ça va merder. Qu’on retrouvera mon corps blanc et gonflé flottant sur les eaux troubles de la Red River. Je n’ai pas peur de ce jour. Je l’attends.

J’aime pas les gens. J’aime pas les mediums, sorciers, et autres attrape-magie à la con. J’aime pas les loups, les chats, les oiseaux et toute cette ménagerie qui traîne ses poils dans les rues. J’aime pas les humains et leur mine apeurée dès que l’heure du couvre-feu a sonné. J’aime pas les vampires, ces control-freak à la soif libidineuse. J’aime pas les marqués et leur adoration aveugle d’une vie qui ne les satisfera jamais. J’aime pas les junkies qui transportent leur carcasse maigre et fébrile dans les rue de la basse ville en quête du shoot de trop. J’aime pas cette cité puante et grouillante qui nous a tous avalés.

Mais j’aime bien le grésillement de l’argent sur une peau froide, la texture élastique de la chair lorsque je la perce d’une aiguille, les remous noirs du sang qui se fraie un chemin dans le cathéter. J’aime ce silence, uniquement perturbé par le frémissement de l’adrénaline qui se diffuse dans mes veines. J’aime cette mécanique tranquille mais méthodique. J’aime m’endormir au petit matin, avec dans un coin de la tête la pensée de mon sac rempli qui attend quelque part.

Désespérée. Un vide, un gouffre, un abîme de solitude. Un grand rien du tout. Un néant sans fin. Une amputation abominable. Une erreur de la nature. Cy n’est plus depuis près de quatre ans, et son absence me déchire encore les tripes. Je compense par tout ce que je peux trouver : adrénaline, danger, alcool, V. Mais au final, on en revient toujours là. Au cœur de ces abysses insondables. Avec le manque, et la douleur, lancinante, qui ne me quitte jamais. Il n’y a rien d’autre à dire, je ne veux plus remuer ce passé. Parce qu’il est toujours bien trop présent.

Avant, après, au final c’est la même merde, non ? Avant, on le savait pas, c’est tout. Ok, maintenant c’est vraiment le bordel, mais de toute façon on n’avait pas besoin des CESS pour que ça parte en couille. C’était inévitable. Ils ont juste un peu accéléré le mouvement. Ceux qui pleurent sur une époque bénie se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate, c’était pas mieux avant. Ça l’a jamais été, tout ça c’est des conneries, une illusion. De tout temps, ça a été la politique du chacun pour soi. Il suffit de continuer dans cette voie, et après moi le déluge.

Je tiens pas spécialement à me faire remarquer. Ni tatouage, ni piercing, ni cicatrice, rien qui vienne souiller ma peau claire. De toute façon, mon corps fait partie du contrat : les vampires sont des esthètes, ils n’aiment pas trop avoir l’impression d’utiliser des trucs qui ont déjà servi. Cela fait donc naturellement partie de mes exigences : tu mords, tu effaces. Pas de marques.

Je vais passer sur mon enfance. Y a rien en dire, à part que j’étais une gosse de riche pourrie-gâtée sans grand espoir de rémission. Le genre petite pouffe preppy-sac Vuitton-ballerines Repetto-serre-tête à nœud. Riez pas, je vous jure. J’ai même fait deux ans à Columbia, en commerce. Hé, remarquez, faut croire que ça m’a quand même servi, même si j’ai laissé tomber avant la fin ! Mais honnêtement, qu’est-ce qu’on en a à foutre, des études, à 20 ans, quand on nous promet plutôt l’immortalité ?

Ça, ce fut le rôle de Cy dans ma vie. Mon premier vampire, mon premier amour, ma première désillusion. C’était facile pour lui, j’étais une véritable oie-blanche à l’époque. Et puis forcément, on venait d’apprendre que les vampires existaient pour de vrai, et on commençait à voir apparaître ces êtres sublimes et mystérieux dans nos rues… On ne pouvait pas résister. Nous, les jeunes filles en fleur. Sans déconner, on a été biberonnées aux contes où les gamines ordinaires séduisent de ténébreux caïnites à l’appétit sexuel exacerbé, par la seule force de leur « beauté intérieure et naturelle »… Ah la blague. Non seulement on n’a pas ravagé leur cœur tourmenté comme on nous l’avait promis, mais alors pour la baise on repassera aussi. L’arnaque du siècle.

Et puis vous vous rappelez quand c’était la mode des pervers narcissiques ? Tout le monde avait lu au moins un article sur le sujet et se rendait soudain compte que sa tante, son voisin de palier et son chat étaient tous des pervers narcissiques (pour le chat, on s’en doutait déjà un peu). Ben Cy, c’en était un vrai. Très pervers et très narcissique. Il soufflait constamment le chaud et le froid, me laissait espérer une plus grande place dans sa vie pour me rabaisser un peu plus tard. Une première marque, une seconde, la troisième allait bientôt suivre, si nous en avions eu le temps. Tout s’est très vite enchaîné et en quelques mois il est devenu le centre de mon univers, qui se ratatinait toujours plus autour de lui. Mais je n’en avais pas conscience, puisque je ne voyais plus que par ses yeux.

Et le pire, dans cette histoire, c’est que ce n’est pas à Cy que j’en veux le plus. Non, c’est à mes parents. Au lieu de me soutenir et d’essayer de me sortir de là, ils m’ont tout simplement tourné le dos. Ils ont considéré que je faisais simplement une sorte de crise d’adolescence en m’enfuyant avec un vampire, l’équivalent moderne du badboy d’avant, et ont choisi de régler l’affaire en me coupant les vivres, persuadés que j’allais revenir en courant. Quels cons. Cy m’entretenait, j’étais quasiment greffée à lui, qu’est-ce que ça pouvait foutre que ma carte gold ne passe plus ?

J’y serais encore aujourd’hui, béate et lobotomisée, si Le Chasseur n’avait pas un jour buté mon vampire pour le vider de son sang. Ça ne se faisait pas trop à l’époque, le V n’était pas encore devenu un phénomène de mode. C’était une drogue discrète, voire même confidentielle. Le Chasseur, c’était un dur. Sa dope, c’était la rage et la haine. Son drainage n’était pas propre et méticuleux comme le mien. C’était une vraie boucherie, à laquelle j’ai dû assister, impuissante. Je me tordais de douleur sur le sol, hébétée, noyée, ravagée. Il m’aurait éviscérée aussi si je ne l’avais pas supplié de me laisser en vie, et aujourd’hui encore, je me demande où j’ai pu trouver la force de vouloir vivre dans cette horreur absolue.

S’il a exaucé mon souhait, d’ailleurs, ce n’est pas par pitié. Cy mort, Le Chasseur savait que j’allais en baver. Je suis restée prostrée, incapable de réagir pendant trois jours entiers. Au delà du déchirement de la perte, que j’étais encore incapable d’appréhender, le manque a mis quelques jours à se manifester. Lorsqu’il est arrivé, il m’a emportée comme une lame de fond.

J’ai passé encore une semaine à grelotter et à vomir tripes et boyaux dans le grand appartement vide de Cy, où sa carcasse pourrissait encore. Si ça s’était passé aujourd’hui, j’aurais peut-être pu rassembler mes forces pour sortir et acheter un flacon de V. Mais je vous l’ai dit, à ce moment là, ça ne courait pas les rues, c’est probablement ce qui m’a sauvé.

Quand j’ai fini par me sentir un peu mieux, d’un point de vue purement physiologique, j’ai traîné ma dépouille jusque chez Siobhan, une amie de Cy. Ça ne l’arrangeait pas trop, mais elle a dû avoir pitié de moi et m’a accueillie chez elle pendant quelques temps. Au début, elle veillait à ce que je me nourrisse (de force), mais me laissait seule la plupart du temps. Elle avait autre chose à foutre que de jouer les baby-sitters.

Je comatais dans des draps trempés de sueur, régulièrement emportée par un sommeil peuplé de rêves sanglants. Mon corps a recommencé à fonctionner à peu près normalement au bout de six mois. Mais le reste… C’était comme si on m’avait arraché le cœur. Non plus profond que cela. C’est comme si on avait arraché mon âme. Une mutilation innommable, une aberration.

J’ai voulu crever. Plusieurs fois. Mais à chaque fois, quelque chose m’a retenu. Je n’appellerais pas ça la rage de vivre, parce que ce serait lui donner beaucoup trop d’importance. Disons juste qu’il devait rester, quelque part au fin fond de mon organisme dévasté, une toute petite étincelle de mon moi d’avant.

Finalement, après un an, et très progressivement, j’ai recommencé à sortir. À quitter l’atmosphère confinée des salons de Siobhan, à réapprivoiser l’extérieur. Dans la bulle de Cy, puis dans celle de Siobhan, je n’avais pas vu à quel point le monde avait changé. C’était devenu une vraie jungle là dehors. Et moi, j’étais l’agneau qui vient de naître. J’ai rapidement réalisé que tout le monde me méprisait cordialement. Ça m’allait bien. Je les comprenais. Moi aussi je me méprisais.

J’ai commencé à traîner avec des gens louches, des dealers qui espéraient pouvoir me prendre dans leurs filets. Après tout, j’étais comme un chiot abandonné sur l’autoroute, je devais pas avoir beaucoup de dignité, et encore moins de personnalité. En réalité, j’ai tout appris d’eux, en particulier le goût du danger, qui s’est mis à m’attirer de plus en plus, comme une sorte de vertige incontrôlable. J’avais plus grand chose à perdre, alors ça m’excitait de mettre ma vie sur un fil. J’ai commencé à fomenter l’idée de devenir, moi aussi, une dealeuse. Mais où me fournir ? Dans ma chasse aux sensations, il ne m’a pas fallu longtemps pour imaginer d’aller puiser la came directement à la source. Et lorsque j’ai réussi, sur un gros coup de chance, à tuer mon premier vampire, j’ai carrément été transportée dans un autre monde. Cette sensation de puissance, et l’illusion d’avoir repris le contrôle sur ma vie me grisaient.

En retrouvant une certaine assurance, j’ai décidé de quitter Siobhan. À vrai dire, je ne sais même pas si elle a remarqué que j’étais partie. Pour elle, ça n’a pas dû faire grande différence. De toute façon, je la croisais toujours de temps en temps, parce que je ne pouvais pas me passer de la présence des vampires. Le repérage, la chasse, tout ça c’était des excuses, des prétextes pour rester dans leurs parages.

À l’époque, je n’en avais pas conscience, ou je me voilais la face, mais maintenant je l’assume. J’entretiens une relation entre dépendance et rejet avec les immortels. J’imagine que c’est la même chose pour eux, si on y réfléchit. Quoi qu’ils en disent… On n’est pas si différents. Et tout est toujours une question de survie.

- Voilà, c’est ici. Qu’est-ce t’en penses ? a demandé Abi. J’ai fait quelques pas dans le salon en regardant autour de moi d’un air circonspect. Elle a dû sentir que j’étais pas emballée, mais elle a renchéri.
- 400, plus les charges. La chambre est par là.

Elle a traversé le salon en contournant cette espèce d’immense canapé et a ouvert une porte. Derrière, une chambre nue, d’une dizaine de mètres carrés. Parquet au sol. Propre. Murs blancs. Lumineuse. C’était franchement pas mal, en vérité. Mais la raison pour laquelle j’hésitais se tenait derrière moi. Abi. Une colocation avec une flic, ça ne pouvait pas être une bonne idée. Un truc s’est glissé entre mes jambes et j’ai sursauté en découvrant un gros clebs beige laisser dégouliner sa bave sur le plancher en haletant joyeusement.

- Et ça, c’est quoi ? J’ai dit en le pointant d’un doigt accusateur.
- Archi, le quatrième coloc’ ! a-t-elle répondu avec enthousiasme. J’ai haussé un sourcil.
- Quatrième ?
- Ben ouais, y a Laughlin aussi. Elle est prof. Réglo. Enfin tu la verras vite si tu prends la chambre. Donc je te disais, 400 plus les charges, chacune ses courses, on sort Archi à tour de rôle. Laug’ et moi on est assez… ordonnées, donc pas de bordel. Ah, et j’veux pas voir une goutte de ta came ici, sinon je te fous au trou en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Alors ?
Je laisse passer un silence, avant de lâcher :
- 400 avec les charges. Je serai pas souvent là de toute façon. Et je sors pas le chien.
- Ok pour le chien, mais tu payes les charges, non négociable.
- Deal.

Une semaine plus tard, j’emménageais dans l’appartement, avec la sensation d’avoir fait une énorme connerie. Non seulement Abi est flic, mais je suis aussi son indic’. Ça a commencé il y a quelques mois, quand elle a failli m’arrêter. En vrai, je ne l’intéressais pas vraiment, je suis pas un gros poisson dans le milieu… Et puis une indépendante, ça mène à rien. Donc elle m’a proposé que je la rencarde sur mes fournisseurs et sur toute autre rumeur que je pourrais capter.

J’ai accepté, parce que si je lui livrais un chasseur de temps en temps, ça me ferait toujours moins de concurrence. Puis surtout parce que j’ai pas eu le choix. Et voilà qu’il y a deux semaines, elle se ramène avec un petit air mystérieux, et me propose une colocation. Je sais pas où elle est allée pécher ça, mais ça faisait un moment que j’avais envie de trouver un pied-à-terre un peu plus décent que mon appart lépreux de Stoner Hill, sauf que j’avais pas assez de thunes. Du coup j’ai accepté de visiter, sans grande conviction.

Résultat des courses, je me retrouve à aller acheter un lit et des meubles à Oxfam. À ce rythme là, demain je patrouille avec elle en uniforme…

Ah oui. Donc, comme je vous le disais, je viens d’une famille ridiculement riche. Mais pétée de thunes je vous dis. Je me suis vautrée dans le luxe pendant toute mon enfance et toute mon adolescence. Papa possède trois hôpitaux, et maman… Bah, elle a pas besoin de travailler et ça lui va très bien comme ça. Ça lui laisse de temps pour courir les soirées mondaines, les défilés de mode et autres « happenings ».

Mais bon, je les vois plus trop. Pour pas dire plus du tout. Papa a gelé mes comptes quand j’ai annoncé ma relation avec Cy et comme je me suis barrée… Après la mort de Cy, j’étais en trop mauvais état, je pouvais pas rentrer. Je ne voulais pas qu’ils me voient comme ça. J’avais l’impression qu’ils auraient été trop contents. J’imaginais déjà les « je te l’avais bien dit ». Maintenant, j’essaie juste de ne plus y penser. J’ai trop honte de ce que je suis devenue. L’idée même de me présenter devant eux me remplit d’effroi. Oh et j’ai une petite sœur aussi. Jenny. Elle doit avoir quinze, seize ans maintenant. Dans mon souvenir c’était une peste, ça m’étonnerait qu’elle ait changé. Pas de nouvelles d’elle non plus depuis cinq ans. C’est tout.