C'est un caractère complexe que celui de Valentina. Sous ses airs de badass agressive et renfrognée se tapit un coeur brisé. Elle a besoin d'être rassurée, de se sentir aimée et protégée, mais n'admet pas ce besoin et se cache derrière sa cuirasse et exorcise ses faiblesses en encrant et perçant sa peau. Cet exorcisme est renforcé par le rêve de s'appartenir enfin, la volonté d'être libre, d'être qui elle veut et ce qu'elle veut sans entrave.

Alors que par le passé elle fut un modèle de joie de vivre, un véritable rayon de soleil pour son entourage, les événements tragiques qu'elle a dû surmonter ainsi que sa transformation non désirée en vampire ont réduit à néant son bonheur et par la même occasion, son optimisme et sa bonne humeur. Désormais, elle est presque constamment de sombre humeur -bien qu'elle essaie de faire bonne figure auprès de ses clients- et passe par des phases dépressives de plus en plus fréquentes, à la frontière des envies suicidaires. Elle se mutile régulièrement les cuisses avec une lame en argent lorsqu'elle est dans l'une de ses phases de dépression. Elle fait preuve d'un immense besoin d'amour et de protection, mais elle craint tellement le rejet qu'elle tend à s'enfermer dans la solitude.

Valentina est à la fois étrangement attirée et repoussée par sa "nouvelle" nature, sa soif de sang humain, ses capacités de prédatrice et de meurtrière. Pour éviter de tuer par accident comme cela est déjà arrivé par le passé, elle a voulu un temps se contenter de TruBlood mais n'y est pas parvenue. Sa plus grande peur est de tuer à nouveau, sans le vouloir pourtant.

Afin d'obtenir une quelconque reconnaissance, qui ne vient pas ni avec le violon dont elle joue pourtant à merveille, ni avec le chant puisque sa voix estampillée Black Metal ne trouve grâce que dans de petits concerts miteux, gratuits et quasi-improvisés avec des musiciens qu'elle connait à peine, Valentina a jugé bon de faire exactement ce que l'on attendait d'elle. Elle récupère des femmes des bars et leur offre un aller retour pour le septième ciel, sans jamais rien demander ni obtenir en retour. Cela lui vaut toutefois une certaine réputation parmi la communauté LGBT de Shreveport. Faire crier ces femmes, comme elle en manque d'amour, lui rappelle quelques temps son humanité perdue, mais la déception n'est que plus amère lorsqu'elle se rappelle que seul le sang peut désormais lui procurer le moindre plaisir.

En résumé, nous pouvons dire que Valentina est comme face à un miroir, chacune de ses attentes, chacun de ses désirs, se heurte à l'attente, au désir opposé de son reflet. Quelques exemples : elle aime le froid, qu'elle trouve romantique, mais craint la neige et les mauvais souvenir qui y sont liés. Elle souhaite par dessus tout trouver enfin le repos et la sérénité mais se mutile. Elle voudrait retrouver son innocence mais multiplie les vices et les perversions.

Valentina doit combiner son job de tatoueuse avec d'autres activités nocturnes comme faire la tournée des bars et parfois des bars à vampires, rarement faire des concerts avec son groupe de DSBM Danse Macabre, ainsi nommé en français d'après le poème de Baudelaire, dont les membres sont tellement peu proches que le groupe est proche de la séparation. Elle ne travaille que 4 soirs par semaine, les autres, elle les emploie à errer, déprimer, boire, fumer et sauter des filles sans toujours avoir de sang en "échange".

Valentina fait si souvent des cauchemars assez horribles qu'elle a peur de dormir et est peu à peu devenue insomniaque. Elle dort trop peu, bien souvent deux heures grand maximum par jour. Cependant elle a acquis un énorme ours en peluche, elle ne peut trouver le sommeil qu'en se blottissant contre cette peluche et en imaginant qu'il s'agit d'un être véritable, aimant et protecteur. Le jour, une fois réveillée par ces cauchemars, souvent les mêmes, elle se maquille rapidement et joue du violon. Son tic le plus récurrent est de passer sa main dans ses cheveux. Elle arbore presque constamment un sourire en coin que beaucoup disent séduisant, en vérité ce n'est qu'un autre moyen de cacher son mal-être. Elle aime la bière et fume des Marlboro, son arôme de TruBlood favori est le O positif. Lorsqu'il est question de se nourrir à la source, elle ne regarde pas au groupe sanguin mais à l'apparence de la demoiselle: chevelure rousse, yeux verts ou bleus et petits seins attirent immédiatement son œil et font de leurs porteuses des proies potentielles. Le violon lui permet d'extérioriser ses sentiments comme tout musicien, ainsi que le chant dans son groupe, bien que celui-ci aille à vau-l'eau. Elle est incollable en metal italien et possède de bonnes connaissances concernant le metal en général, elle pousse souvent le volume à fond, surtout la nuit évidemment ce qui fait bondir les voisins et lui a déjà valu la visite de charmants gardiens de la paix à plusieurs reprises.

Ce fut une enfance heureuse qu'on offrit à Valentina Chiara Corscuro. Née à Chicago, d'une mère et d'un père descendants d'immigrés italiens, bien qu'il fallut faire face aux dernières années de la Seconde Guerre mondiale, Tina, comme l'appelaient ses parents, ne manquait de rien ou fort peu. Elle grandit sans encombres, eut une scolarité exemplaire, et tout aurait pu continuer ainsi jusqu'à la fin de ses jours. Ses parents, Giovanni et Luisa, lui vouaient une affection proche de l'admiration. Elle était leur fille unique, leur trésor, leur raison de vivre, ils l'auraient soutenue jusqu'à la mort dans tous ses désirs. Il n'y avait qu'une unique chose que ces chrétiens pratiquants n'auraient pas pu laisser passer, et c'est précisément cette unique chose qui attira l'enfant jusque là modèle, et qui devait la perdre. Cela tenait en un mot, un mot aimé, haï, jugé; un mot honteux de sa fierté mais fier de se cacher : l'homosexualité.

Agée de 16 ans, Valentina dût se rendre à l'évidence de son amour pour l'une de ses camarades de classe, une jolie rousse. Cependant, elle connut sa première relation amoureuse, première mais sérieuse puisqu'elle dura 3 ans et aurait pu durer l'éternité, dans les bras d'une autre rousse du nom d'Eva. La relation d'Eva et Valentina resta cachée jusqu'à sa fin, on ne peut plus tragique. Cependant, elle rendait Valentina plus heureuse que jamais. Il était un délice de plonger dans de longues conversations, de se noyer dans l'abîme yeux tantôt bleus, tantôt verts, tantôt gris de son aimée, de goûter à l'apnée du sentiment pur et beau, de revivre et de mourir, rejeté sur le pont d'un bateau nommé plaisir, pour renaître à l'infini sous les caresses à la douceur salée des mains savantes d'Eva. Des heures durant, elles se perdaient l'une en l'autre, que ce fut par le regard, les sentiments ou les plaisirs de la chair. Lorsqu'elles se rencontrèrent pour la première fois, Valentina état âgée de 22 ans et Eva de 25. Ce n'était pas la première fois que Valentina aimait mais c'était bien la première fois que cela était réciproque. La belle rousse habitant seule, l'endroit de leur retrouvailles qui devaient êtres tenues secrètes était tout trouvé. Les parents de Tina ne s'inquiétaient pas de ses absences répétées et ne remarquaient rien de ce qui se passait réellement entre leur fille et son amie qui semblait lui être si chère. Pourtant elles étaient nombreuses, les fois où Valentina s'apprêtait, se faisait coquette et belle, prenait soin d'accorder ses sous vêtements et de passer de séduisantes tenues. Qui ne faisaient pas long feu, presque aussitôt sauvagement ôtées par l'envie d'Eva, son impatience à connaître le corps de son amante sur le bout des doigts et de la langue. Nombreuses, les fois où leur parfum, leur sueur et leur salive se mélangeaient; nombreuses, les fois où leurs peaux se caressaient jusqu'à se comprimer, s'imprimer l'une en l'autre; nombreuses, les fois où leurs corps brûlants incendiaient les draps et faisaient grimper la température si haut que leurs sexes auraient pu fondre et fusionner; nombreuses, les fois où enfin repues elles restaient nues des heures enlacées, endormies parfois, parfois échangeant simplement sur toutes sortes de sujets. 3 ans durant, leur amour garda la pureté stérile de celles qui sont encore vierges et la passion fertile de celles qui ne le sont plus totalement, paradoxe de l'amour féminin et de la peur de blesser l'être aimé. Cependant, seules les meilleures choses connaissent la pire des fins.


Valentina avait pris l'habitude de faire le trajet aller retour de chez elle à l'appartement d'Eva à pieds. Cependant l'hiver 1961 était particulièrement froid et ce 27 janvier, une épaisse couche de neige de plus de 50cm avait recouvert Chicago. Le froid était si mordant que Valentina avait emprunté la voiture parentale. Et tout se passait bien jusqu'à ce que, le soir tombé, sur le chemin de retour, la voiture ne tombe en panne le long d'une route sombre. Valentina était, sincèrement, totalement et profondément dans la merde. Plus qu'elle ne l'avait jamais été. Une demoiselle de 25 ans, sans défense, seule dans le noir et le froid, cela n'augurait rien de bon. C'était un scénario parfait pour un film d'horreur dont on savait qu'il finirait dans le sang dès la première note du générique de début. C'est précisément pour cette raison que la jeune femme hésita à demander de l'aide lorsqu'une voiture, la première depuis une demi heure, passa enfin. Mais il était ridicule d'avoir peur, n'est-ce pas ? Tout le monde n'était pas un tueur psychopathe après tout. La voiture se gara silencieusement face à celle de Valentina. La neige réfléchissait la lumière de ses phares comme celle de l'astre nocturne. Un homme sortit de la voiture, plus silencieux encore que la mort elle-même, car ce soir ils travaillaient tous deux de pair.
_ Bonsoir, merci de vous être arrêté Monsieur, je suis tombée en pa...
Valentina ne finit jamais sa phrase. Dans un bruit écoeurant de dents qui s'entrechoquent, suivi du gargouillis visqueux de la langue mordue jusqu'au sang, le large poing de l'homme s'écrasa sur le doux visage de la jeune femme devenue jeune proie, lui disloquant la mâchoire. Violence. Douleur. Gouttes rouges sur étendue blanche et froide. En émettant un pitoyable gémissement, Valentina s'effondra dans l'épaisse couche de neige qui menaçait de de refermer sur elle, scellant son tombeau de gel. L'homme la releva pour mieux lui assener un deuxième coup, plus puissant encore s'il était possible qu'il le soit. Son joli visage brisé comme celui d'une antique poupée de porcelaine maltraitée par la cruauté enfantine, elle s'affaissa encore. Cette fois, il ne la releva pas. Il se contenta de chasser la neige autour d'elle afin qu'elle ne fut pas recouverte, cassant les membres délicats de celle qui était devenue sa marionnette, rouant au passage ses flancs et son échine engourdie de coups de pieds. Une dernière fois, il la saisit par la gorge pour la remettre sur pied. Valentina n'arrivait même pas à pleurer. Son corps venait d'encaisser trop, en trop peu de temps, et n'était qu'une boule de douleur. Aucune de ses atomes ne se rappelait d'autre chose et on ne pleure pas quand on ne sait plus ce qui nous manque. De sa gorge nouée s'élevaient des plaintes ponctuées de bulles de sang, dans sa tête une question : Pourquoi ? Ses pieds ne la soutenaient pas, ses jambes se pliaient là où il n'y a nulle articulation. Ses os, poignards aiguisés, perçaient sa peau par endroit. Elle aurait voulu mourir tout de suite. Mais elle ne mourrait pas, son corps ne se résignait pas à lâcher ni sa conscience à sombrer. La morsure glaciale de la neige attaqua à nouveau sa chair lorsqu'elle fut relâchée et retomba. Armé d'un poignard, l'agresseur découpa et déchira ses vêtements un à un, offrant a la nuit aveugle et sourde le corps stigmatisé d'une martyre. Au creux de son pantalon, l'érection qui avait doucement gonflé depuis le premier coup de poing ne demandait qu'à assouvir sa soif de plaisir et de souffrance. L'homme défit en hâte la boucle de sa ceinture, la braguette de son pantalon. Seule la mince barrière du sous-vêtement séparait maintenant son membre prêt à violer de l'intimité encore non percée de sa victime qui tremblait. L'homme se pencha sur elle, ses lèvres au goût de tabac froid et d'alcool, hérissées d'une barbe mal rasée, se refermèrent sur les seins bleuis de Valentina, sa langue dégoutante parcourant ses mamelons avidement. Elle toussa, prise de haut le corps, et cracha dans la neige un mince filet de bile amère mêlée de sang. L'homme rit. Et il descendit son pantalon sur sas genoux, le sous vêtement avec. Même le froid glacial ambiant ne parvenait à faire taire son désir sauvage de possession non consentie. Son membre tendu. bien plus qu'il ne l'avait jamais été sous les lèvres des putes bon marché, parcouru d'une grosse veine où le sang pulsait, se dressait aussi assassine qu'un poignard. Valentina ferma les yeux et pour la première fois de sa vie, pria. Cela n'empêcha rien. La verge au bord de l'implosion se posa sur son sexe exposé, faillit en chercher l'entrée avant de se raviser. Se débarassant tout à fait de son pantalon, il s'accroupit au dessus du visage de la jeune femme et promena sa fierté sur son visage, dans ses cheveux puis son cou, traçant le contour de ses seins. Le poignard sous la gorge et le sexe tendu qui paraissait grossir toujours plus contre ses lèvres, elle n'eut d'autre choix que de le prendre en bouche. Lorsqu'enfin il se retira, la jouissance était proche. Proche, mais pas encore arrivée. L'homme resta debout a coté d'elle tandis qu'elle vomissait du sang. Des qu'elle eut terminé, il promena ses doigts sales sur elle. Quelle ne fut pas sa surprise -surprise très a son goût- lorsqu'il constata la virginité de sa proie. Sans plus attendre, il s'allongea sur elle pour la prendre violemment. Elle hurla. Il entama un va et vient d'abord lent, la tenant par les hanches et se propulsant au plus profond de son vagin qui n'avait jusque la été exploré que par la douceur d'un doigt féminin. Elle hurla encore, des larmes chaudes et dévastatrices brûlaient ses joues. Tout en accélérant son va et vient, il pétrit dans sa main beaucoup trop grande l'un des seins de la jeune femme. Elle hurla, pour la troisième et dernière fois, et il jouit en elle, répandant son poison.


Elle avait été laissée pour morte, nue dans la neige, la lune caressant sa peau meurtrie, salie, son corps broyé par la douleur physique et la souffrance psychique. Valentina avait péniblement rampé jusqu'à la route, traçant un sillon dans l'épais manteau de neige, et avait finalement perdu connaissance près du bord. Recroquevillée, des traînées de sang teintant la neige derrière elle, une fine couche de glace recouvrait lentement sa silhouette décharnée et pitoyable. Elle aurait pu mourir là, mais ce ne fut pas le cas. Un couple passa par la route en voiture et l'aperçut. Mark et Pauline O'Rivers, mariés depuis deux siècles, étaient des vampires se rendant à Shreveport. Voyant cette silhouette vaguement humaine, l'instinct maternel que Pauline n'avait jamais pu contenter se réveilla et elle convainquit Mark de s'arrêter. Ce qu'ils trouvèrent les horrifia autant l'un que l'autre et, alors que Mark, la croyant sans espoir, voulait la laisser là, Pauline porta le corps démantelé dans ses bras jusqu'à la voiture où elle l'emmitoufla dans une couverture. Elle voulait l'emmener à l'hôpital le plus proche. Quelques instants durant, Valentina se réveilla. La chaleur de la couverture et de l'habitacle ne parvenaient pas à la réchauffer, il lui semblait qu'elle était glacée de l'intérieur, que son coeur avait gelé et que son âme se fissurait. Lorsque Pauline tendit une main vers elle, elle gémit un gargouillis incompréhensible et perdit de nouveau conscience. Elle allait mourir, bien avant d'atteindre quelque hospice que ce soit. Contre la volonté de Mark, avec qui elle avait pourtant un lien du sang, Pauline donna à Valentina l'étreinte mortelle de la vie éternelle. La tueuse en Pauline venait, selon elle, de sauver une vie.
Lorsque celle-ci reprit conscience, elle se trouvait à Shreveport et ne savait rien de ce qu'elle était devenue. Elle ne se rappelait que du viol. De cette chose répugnante en elle, encore et encore. De ses membres brisés, des bleus qui couvraient son corps. Toute blessure avait pourtant disparu. Lorsqu'elle apprit ce qu'elle était devenue, elle fondit en larmes. Jamais plus elle ne rentrerait chez elle, dans le doux cocon de sa famille. Jamais plus elle ne connaîtrait l'étreinte chaleureuse des bras de son aimée. Il lui fallait tout quitter, et on l'avait déjà emmenée loin de sa vie et de la mort qu'elle aurait voulu trouver.
Mark ne l'aimait pas beaucoup. Pauline chérissait Valentina comme une enfant, comme une soeur, mais elle ne voulait pas de cette affection. Les premiers temps, tout fut très dur pour elle. Elle haïssait Pauline de l'avoir transformée et Mark de n'avoir pas su l'en empêcher, c'est pourquoi elle décida de se laisser mourir de faim. Mais la Bête fut plus forte et vida une jeune femme de son sang. Lorsqu'elle rendit son corps à Valentina et que celle-ci s'aperçut du meurtre involontairement commis, et de la faim qui avait disparu, elle se mit à pleurer. Des larmes de sang s'étalaient sur ses joues, chargées de trop de douleur, de peine, d'incompréhension, de remords et de regrets pour une seule personne en si peu de temps. C'est lorsqu'elle la vit ainsi prostrée, si désolée* d'avoir tué, que Pauline prit conscience d'un fait irréversible : elle aimait Valentina. Bien plus qu'elle n'avait jamais aimé Mark qu'elle pensait pourtant être sa moitié éternelle. Au fil des semaines, des mois, Pauline tentait de se rapprocher de son infante qui pleurait toujours la séparation forcée avec sa bien aimée Eva sans que son mari ne le remarque. Au bout d'une année entière, elle gagna le coeur de Valentina. 3 ans plus tard, tandis que la nouvelle-née continuait son apprentissage, leur relation platonique cessa de l'être et le lien du sang qui s'était créé entre Valentina et sa créatrice se renforça jusqu'à devenir la preuve d'une relation fusionnelle. Cependant, Pauline avait déjà un lien du sang avec Mark, et celui-ci découvrit la liaison de sa femme avec son infante, leur lien du sang bien plus développé que celui de base entre un sire et son infant, et que celui que lui-même avait avec Pauline. Fou de douleur, sans réfléchir, il assassina Pauline et fut jugé pour cela. Il fallait toutefois que quelqu'un "élève" la jeune vampire débutante et Mark fut désigné pour cela.


Mark et Valentina se haïssaient plus que jamais. Chacun tenait l'autre pour responsable de la mort de la femme que tous deux aimaient. Valentina était livrée à elle-même et elle commençait tout juste à dompter la Bête et Mark la délaissait totalement. Alors que Valentina continuait l'apprentissage du violon commencé avant sa transformation et une nuit, la Bête se déchaîna envers la professeure de musique. Valentina ne parvint pas à l'arrêter, à la contrôler à temps pour sauver la jeune femme. Cette nouvelle mort sur la conscience lui apporta au moins la volonté de s'exercer seule, d'apprendre sans l'aide de quiconque. Ce fut difficile mais à aucun prix elle ne voulait ôter une autre vie. C'est à ce moment de sa non-vie que l'état dépressif de Valentina commença à s'affirmer et prendre les couleurs de l'éternité. C'est aussi à ce moment là qu'elle commença à se scarifier les avant bras puis les cuisses. Malgré l'argent de sa lame, les blessures finissaient par disparaître et elle les reformait, plus nombreuses, plus profondes. C'était si bon de souffrir tellement que toute douleur semblait disparaître de son esprit. Mark restait pour être officiellement son tuteur mais ils ne faisaient que croiser leurs regards haineux de temps à autres. Il attendait que Valentina ait atteint des dix ans pour partir, ensuite, advienne que pourra. Il avait toujours voulu voir Berlin. Elle priait Dieu et son jumeau Satan, se vouait à Abel et à Caïn, à Ève et à Lilith. Sa seule volonté était que tout finisse. Elle voulait ne plus errer sans but à jamais, ne plus parcourir toujours les mêmes rues à la recherche du même met, elle voulait simplement ne plus être. "L'espoir est le pire des maux, car il prolonge la souffrance de l'homme." (Nietzsche). Valentina voulait mourir mais ne pouvait s'empêcher de vivre, à cause de l'espoir. L'espoir d'un autre-chose, d'une raison de continuer. Lorsque Mark partit, elle partit également. Valentina voyagea. Elle repassa à Chicago où elle trouva Eva mariée et mère de famille. Elle ne voulait pas lui parler, cela aurait impliqué beaucoup trop de révélations. Cependant, elle croisa son regard l'espace de quelques secondes. Et elle y vit qu'Eva ne l'avait jamais oubliée et que son amour était aussi vif qu'au premier jour. Voir celle qu'elle avait toujours considéré comme la seule et véritable femme de sa vie, mariée à l'un de ces gros porcs habituels, les 10 ans qui avaient passé imprimés comme 20 dans son doux visage, et l'absence totale de bonheur dans ses yeux; tout cela lui était insupportable. Mais rien que par sa présence sur ce trottoir opposé, elle lui avait insufflé l'espoir. Jusqu'à la fin de sa vie, Eva espèrerait que son amour de jeunesse depuis longtemps perdu, inchangé, murmurant "Je t'aime" depuis l'autre coté d'une rue, ne fut pas qu'un mirage délicieux. Après cette nuit-là, Valentina partit en Italie où elle passa une vingtaine d'années. Elle s'y donna l'apparence qu'elle a aujourd'hui, sidecut, tatouages et piercings. C'est entre Florence, Rome et Milan qu'elle monta son premier groupe de DSBM (Dépressive Suicidal Black Metal). A leur séparation après deux EPs, en 1993, elle retourna à Shreveport, qui était finalement le seul endroit où elle ne se sentait plus une étrangère. Et ce retour devait plus tard signer un pacte avec son espoir patient.


De retour à Shreveport, Valentina fut presque aussitôt contactée par divers petits groupes de métal, certains auto produits, certains peu connus, d'autres d'une plus grosse carrure pour des duos, des backing vocals et du violon sur certaines chansons. Elle se fit peu à peu un nom dans la scène underground. Elle errait pour se trouver des proies, de concert en soirée, de bars en petites salles. 15 ans plus tard, la Révélation eut lieu. Elle n'eut pas un énorme impact sur la vie de Valentina, on comprit seulement mieux pourquoi cela faisait plus de 20 ans qu'elle ne changeait pas d'un poil et son secret de jouvence ne fut plus tellement secret. C'est dans un bar qu'elle croisa pour la première fois October. Ce fut un choc total. Elle ressemblait totalement à Eva, avec un quelque chose de plus, un indéfinissable quelque chose que seule Valentina percevait, un quelque chose qui faisait d'elle la Beauté en personne. Dès que la jolie rousse daigna lâcher un mot à Valentina, elle sut. Elle sut qu'elle avait eu raison d'espérer tout ce temps. Elle sut que son amour pour Pauline, sa passion pour Eva n'étaient qu'un grain de sable comparé aux dunes brûlantes du désert de sentiments qu'elle avait pour October et que, par un miracle incroyable, October avait pour elle. Ainsi, elle fit d'October une marquée, un jour appelée à devenir vampire et partager son éternité.