Le Lannister pète un plomb, déblatère des conneries. Comme d'habitude. Aleksandr s'en désintéresse, conscient qu'ils doivent bouger. Qu'ils doivent tuer. Qu'ils doivent tout arrêter avant que la situation ne dégénère. C'est avec détachement que le vampire entend les hurlements, les cris de peur. Détachement aussi, quand il sent l'odeur tenace de l'hémoglobine imprégner les murs de l'hôpital. Et l'autre, Ariel, elle a qu'à l'emmener hors de l'hôpital? Rouage qui grincent, qui craquent, se mettent en branle. Les pièces du puzzle reprennent bonne forme. Aleksandr se tourne soudain, fais face à Ariel. Il ouvre la bouche mais elle lui coupe la parole en répondant au Lannister. Parce que j'ai vu ta queue. Lorenzo a la même réaction que lui. Figé. Elle a vu quoi? Bug du système. Non. Ariel n'a rien vu du tout. Surtout pas sa queue à lui. Le russe darde sur elle un regard brûlant. « T'es en manque à ce point? » Il secoue la tête. Non, ce n'est pas le moment d'être dégoûté. Il nettoiera son sex toy plus tard. « Bébé Lannister a raison. Reste avec l'humaine et le loup, personne n'a envie que tu te fasses bouffer. » Bien sur qu'il est en colère! Il ne comprend pas pourquoi. Il ne comprend pas ce sentiment intense de possession depuis qu'elle a reconnu tout haut qu'il était son sire autant qu'Alessandro. Il y réfléchira plus tard...Bien plus tard. Ils doivent bouger, se tirer de la. Sauf qu'un gémissement attire son attention. Le bébé loup est au sol, il souffre. Un marre de sang se forme sous lui. Aleksandr sait que ses pouvoirs de guérisons ne seront pas optimaux tant qu'il ne se sera pas transformé. Il n'a pas envie que la chose meure avant qu'il ne s'en soit occupé. Avant qu'il n'ai pu jouer. Fébrile, il va vers la chose étendue et remonte sa manche. Il enfonce ses crocs dans son poignet, arrachant un bout de chair puis s'empare des cheveux du bébé loup pour forcer sa tête, sa bouche, à se fixer sur la blessure. « Tu le sens? On est pareil tous les deux...Tu crèveras pas tout de suite. Non, ce sera long...Long...Une éternité. » Qui parle russe? Même pas le loup, il s'en doute, mais peu importe.
Il le laisse la, se relève. Toujours dissimulé sous son masque, il est heureux de le porter, vraiment. Il est impatient aussi, de s'en aller, d'en finir, de reprendre sa vie où il l'a laissé, avec les nouveaux jouets qu'il a croisé. Sans un mot, il s'avance vers les escaliers les plus proche. Ils sont la pour une chose: Tuer les vampires contaminés. Lui? Il est la pour deux: Protéger Lorenzo, sauver Thaliana. Tant pi si son amoureux le prend mal. Il n'a qu'à sonder son esprit il est comprendra tout seul la nécessité de payer sa dette. « Tu sais combien ils sont, Lannister? » Non pas que ça l'intéresse. Il fait sauter la sécurité de son propre flingue et avance. Autant nettoyer devant Lorenzo...Ils ne devraient pas être plus de cinq.
C'était le conditionnel qui posait problème.
Devraient.
Bah, vu la gueule qu'il avait déjà, il ne pourrait rien perdre de plus important tant qu'il faisait barrage de son corps à son amoureux.

Spoiler:

Au premier étage, il y a comme un blanc. La vampirette et le chasseur ne sont pas si différents que ça finalement, puisque lui aussi voit soudain rouge. Une envie meurtrière de lui planter sa lame en argent dans le cou, des regards sanglants de la part des vampires qu'il ignore, et finalement l'étau de ses mâchoires qui se desserre, alors qu'il attrape son arme. Canon toujours dirigé vers le sol, mais ses doigts le dérangent. Après tout, ses balles d'argent ne sont pas exclusivement destinées aux contaminés...

- Tu as entendu le ruscov. Amène ton gros cul loin d'ici où je puisse pas le voir, articule-t-il très lentement.

La retenue y est...relativement dira-t-on. Pour le reste, elle doit obéir aux autres, ce qui arrange parfaitement le médium. Et puis soudain, il tilte...

- Konstantinov, t'as parlé d'un loup?

Stop. Ici, il n'y a que des vampires, Lilas, lui-même et...Aussitôt, son regard se braque sur le tatoué, à l'aura merdique et indéfinissable. Et puis soudain il comprend. Sous la colère, ses yeux se plissent, et le pauvre loup en devenir récolte un bourreau de plus. Mais ce n'est pas le moment.

- Dresden, voilà ce que tu vas faire. Tu te tires d'ici, sans vampire ni rien. Tu te caches, tu t'enfermes. Quand j'ai fini, je viens te chercher, où que tu sois, commence-t-il avant de lui chopper le visage, tu comprends ce que je dis Dresden? Tu m'obéis. Et...tiens...Il sort sa lame d'argent de sa poche et la cale d'un coup sec dans sa main. Vise le cœur, et essaie de pas la perdre, j'y tiens.

Son arme aurait sans doute été plus efficace, mais trop dure à manipuler pour un poignet pas entrainé. Sans attendre de réaction, il l'exhorte à se mettre en route. Konstantinov lui s'est déjà éloigné, et il le suit.

- Aucune idée, on sera vite fixés.

Putain, Lyle, t'es où?


Parvenir au rez-de-chaussée est facile pour les trois, mais en bas, très vite, les choses s'enchainent. Aleksandr n'hésite pas et en abat un qui s'en prend à une silhouette étendue sur le sol. Un sorcier...sorcière peut-être, reconnait le médium. La semi obscurité ne l'aide pas à distinguer plus, mais elle lui parait être plutôt une femme. Autour de lui, il reconnait plusieurs formes...Inutile de vouloir sortir son arme, sa visibilité est trop réduite, il risquerait de blesser quelqu'un dans le tas.

Mais le coup de feu a déjà attiré les fous furieux, et soudain, une aura rouge virevolte vers eux, avant de se précipiter dans leur direction. Une chaine d'argent, sortie d'on ne sait où -de sa poche plus précisément-, fend l'air et vient s'abattre sur le visage de la vampire. Elle hurle alors que le noble métal brûle son visage, et soudain elle décolle, poussée violemment par une force invisible contre la paroi. Le choc est dur, et elle retombe à terre, mais le monstre est intenable, ses forces sont décuplées. Julian s'avance vers elle avec la ferme intention d'en finir mais elle se rue sur lui. Pouvoir contre force, et le choc est terrible...L'arme s'échappe de ses mains, et les deux adversaires roulent sur le sol.

Plaqué à terre, Julian porte immédiatement la main à sa veste, cherche sa dague...Merde. Et son arme, il ne la voit même pas, partie trop loin. Il veut se relever mais il sent soudain deux crocs puissants se ficher dans son cou. Sa chaine absente ne le protège plus, et il s'entend aussitôt hurler...

La torpeur s'écoule hors de moi. Un corps chaud, un soutien. Je suis en sécurité, il ne peut rien m'arriver. Je n'ai pas besoin de ça, pas besoin de ces traces rouges sur mes doigts blancs. Pas besoin, pas envie. Non, je n'en veux pas. Je n'en veux plus. Plus jamais. Trop de souvenirs, trop mal. Hors de question.
Les autres continuent de jacasser autour de moi, j'entends mon nom, la voix de celui qui semble être le seul capable de m'aider dans ce putain d'hosto aux airs de fosse commune. Je me laisse aller au plus près du cœur qui bat dans mon dos, rassurant. Peu m'importe le reste, je dois me concentrer sur ce qui est vivant. Me rappelle ce que je suis, qui je suis. Voix unique dans ma tête en miettes.
Mes yeux dérivent où ils peuvent, s'écartant péniblement du sang délicieux. Et je le vois, trempant dans son sang, englué, tremblant. Au pied du mur, c'est le cas de le dire. Je ne sais même pas comment il s'appelle et pourtant, à cet instant précis, c'est un peu comme si je le connaissais aussi bien qu'un ami. Quand on est dans la merde, on a tous la même odeur. Je le fixe un moment, recomposant la trame. Je l'ai amené dans ce sépulcre pour qu'il revive. J'en sortirai avec lui pour qu'il survive.
Et puis tout à coup je vois cette forme exécrée qui s'abat sur lui. Des profondeur de mon silence morcelé jaillit un cri. Non. Je refuse ce geste, quelle qu'en soit la nature, je refuse que la bête immonde s'accroche à lui. Mais la tête me tourne, mon impulsion n'est pas assez vive pour que le bras de Julian la laisse aller. Revenue à la surface, bien que surnageant encore, je comprends subitement qu'on a décidé pour moi. Les yeux écarquillés, je remarque enfin pour de bon la présence d'une fille pas loin de là où étaient les vampires à peine cinq minutes avant – mais les mains du héros du jour empoignent ma bouille désorientée.

« Tu comprends ce que je dis Dresden ? Tu m'obéis. »

Mes mains se lèvent, l'une empoigne la manche de sa veste, l'autre hésite – pas longtemps : il y impose une arme que je manque de laisser tomber sur le coup.

« Vise le cœur, et essaie de pas la perdre, j'y tiens. »

Mes doigts se resserrent sur la lame comme sur son vêtement, mes prunelles ne lâchent pas les siennes. Il faut qu'il comprenne. Il faut qu'il sache.

« Julian, non, j'ai pas... »

Mais il ne m'écoute déjà plus et s'adresse à l'encapuchonné. Je voudrais lui redonner ce cadeau empoisonné mais en même temps, sans ça, mes défenses sont limitées au contenu de la bombe dans mon sac. Et je sais que je suis capable de me débrouiller pour dérouiller de la sangsue avec un poignard. Seulement, quand j'ai appris, je n'avais pas à me retenir devant les ruisseaux érubescents libérés par ma main.
Alors il part avec les deux autres. Et je n'aime pas ça du tout, tellement que je les suis pendant à peine quelques pas, le temps qu'un regard me stoppe. Ils vont vers les derniers cercles de l'Enfer, ou du moins, les vampires l'escortent vers une demeure qui est la leur. Je ne sais pas pourquoi je pense à la Divine Comédie maintenant, il semblerait que son issue me rassure. Volte-face.
Il est toujours, là, lui. Mon éclopé.
Du sang près de sa bouche, je grimace, je regrette. Arrivée près de lui, je m'accroupis, et hausse le tissu détrempé de la chemise pour me rendre compte qu'effectivement, la vitae du vampire n'a pas tardé à faire effet.

« Soigné ou pas, j'te laisserai pas ici. »

Je l'aide alors à se relever.

« J'm'appelle Lilas. »

Un regard vers la donzelle.

« Et toi ? Tu vas faire quoi maintenant ? » lui lancé-je en calant le fourreau du poignard à ma ceinture.

Spoiler:

Un silence pesant, après une révélation explosive. Lorenzo enrage, intérieurement. Mutique, il sait qu’il ne doit pas l’ouvrir au risque de prononcer des horreurs. Sa fierté, son orgueil surdimensionné, lui font tenir sa langue. Brave petit. Il suit Aleksandr, et l’ainé Lannister. Un pas derrière les deux. Il lorgne leur silhouette et écoute d’une oreille attentive les moindres bruissements dans l’étroit et sombre couloir. Le russe est sa vue. Lui, devient l’ouïe. Duo parfait, en absolue synchronisation. La traque met en éveil leurs sens et leurs instincts de chasseurs. Fatals, ils le sont. Et le savent. Les parfums qu’offre l’hôpital le répugnent, ainsi, il tente de faire abstraction de l’oxygène putrescent qui les entoure. Peine perdue d’avance. Un feulement macabre, une sensation désagréable. Le coup de feu retentit. Mauvaise initiative. La gamine à l’autre bout, Lorenzo aurait apprécié la voir se faire dépecer.
Moue boudeuse. Le maître vampire s’arrête instantanément. Figé, il fixe les monstres contaminés qui s‘amènent. Il lorgne le gibier et se pince la lippe pâle d’un air vaguement alléché. Aleksandr les a attiré avec le vacarme qu‘il vient de produire. Les ondes se propagent, leur petit groupe devient celui des victimes toutes désignées. Conneries. Le Lannister agit par reflexes. Et le chaos s’invite. Une valse entre morts et vivants, un spectacle tout bonnement fascinant.
Le bruit d’un corps qui se fracasse. Le bruit d’un corps qui s’affale sur le sol froid et aseptisé. Une tignasse brune s’ébouriffe dans l’obscurité, puis un cri rauque s’extirpe de la gorge écorchée. Une odeur de sang frais lui titille les narines. Celle du médium. Le prédateur se déhanche, se désarticule. Pas la peine de parler. Le vampire disparaît telle une ombre, réapparaît derrière l’énergumène. Ses pulsions l’envahissent. Et sa méthode pour tuer, relève sans doute de la barbarie. Nulle arme. Il aime le travail manuel.
Ses doigts, sauvagement, s’enfoncent dans les orbites de son semblable. Les membres de son espèce, sont les plus excitants à éradiquer. Les phalanges de Lorenzo pénètrent les globes oculaires, un liquide écarlate dégouline des orifices du contaminé. Il tire d’un coup sec, grogne, montre les crocs. Force. Un craquement écœurant, les mâchoires de l’anomalie endiablée se desserrent et le haut du crâne se détache du reste de la dépouille blême.
Le jumeau Llwylyn jette le scalpe plus loin, se redresse, et pousse du pied le cadavre qui écrasait alors son partenaire. Lui tendant sa main souillée de la cervelle de la saloperie définitivement décédée. Un sourire féroce se peint sur sa frimousse enfantine. Et ses prunelles où plane la démence, scrutent l’homme à terre. « Vraiment navré… J’ai oublié de prévoir des pansements pour ce soir. »

Sourd, muet. Aveuglé par le battement furieux de son muscle cardiaque, logé à l‘intérieur de sa poitrine frémissante. Les jambes tendues, et les bras pendants mollement. Ses mains le démangent. Engourdissements des doigts et des orteils. Il ne respire plus, le clown tatoué halète. Aloïs sait qu’il devrait se calmer, afin de ralentir son pou. Afin d’éviter que la petite flaque purpurine ne s’élargisse. Mais c’est impossible. Une terrible migraine l’empêche de réfléchir et la langue pâteuse qu‘il a dans la bouche, le dégoute. Tout est calme. Il lève ses yeux émeraude et dévisage les protagonistes qui s’agitent. Les lèvres s’ouvrent, les dents claquent dans le vide. Portraits mouvants. Emerveillé, il hallucine à moitié.
L’envie de lâcher prise, et de crever tranquillement. Si ce n’est pas sous les crocs acérés d’un monstre, ce sera en comptant les quelques minutes avant que son corps n’épuise ses derniers litres de sang. Trente-six. Trente-sept. Crétin. Il n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive. Une poigne enfourche sa tignasse avec sauvagerie, et le force à se redresser. Un peu, juste un peu. Il ne peut réprimer un gémissement. Une complainte, délicate, une voix éraillée qui se disloque. Son minois se tord, une grimace abime ses traits fins. Ses paupières se plissent et un liquide amer à l’odeur ferreuse glisse en lui et imbibe copieusement son palais. Haut-le-cœur. Un spasme, il doit recracher. Il va dégueuler. On ne lui en laisse aucunement la possibilité. Appuyée contre sa lèvre, la plaie continue de répandre dans son gosier son élixir infâme.
Les secondes deviennent des heures.
On le lâche, il tousse.
Trois s'en vont.
Un soupir et l’arrière de son crâne claque contre le mur. Une flopée d’insultes traverse son esprit. Elles y restent sagement bloquées. Le regard fixé sur ce qu’il a en face. En soit, un autre mur. La contemplation pourrait durer des heures. Sauf qu’une silhouette efflanquée s’immisce dans son horizon bouleversée. Il reconnait la crinière, observe la figure et lorsqu’elle soulève un pan de sa chemise. Il ne résiste pas. Aloïs sait qu’il guérit. Et il tangue entre le désenchantement complet ou une renaissance tardive. « Soigné ou pas, j'te laisserai pas ici. » Dit t’elle simplement. Un sourire en coin fend sa bouille, d’où déjà les hématomes disparaissent à vue d’œil. Aloïs n’ajoute rien, et avec son aide, se remet sur ses guibolles. « J'm'appelle Lilas. » Enchaine sa Némésis. C’est joli. Français. Enfin, ses neurones réussissent à se connecter. Sa mémoire se réactive. Lilas. Un. Arbuste à fleurs odorantes de la famille des oléacées. Deux. De couleur mauve, rose. Immobile, ses prunelles dans le vague. Il se récite, mot pour mot, la définition du dictionnaire. Dictionnaires. Sans doute ses amis les plus fidèles, qui ont cette particularité de ne jamais changer. Pas même dans l’interprétation des écrits qui y sont répertoriés.
Sa capacité à ingurgiter les informations est à filer le vertige.
Les iris vertes dévient sur la sirène dont il n’avait même pas remarqué la présence.
« Et toi ? Tu vas faire quoi maintenant ? » Demande Lilas à l’intéressée. Aloïs s'essuie la bouche du revers de la manche. Et songe très sérieusement à aller se faire vomir plus loin. L’idée d’avoir cette merde de vampire dans son organisme développe en son sein une pulsion autodestructrice dépassant toutes les précédentes. Il s’exprime, finalement. De son timbre enroué. « J'souhaite pas spécialement faire la rencontre d'un autre... Taré. Alors, j'propose qu'on dégage, maintenant. » Lorgnant l’inconnue. « T’es bien passée par quelque part pour entrer non ? Bah on y retourne. Et on sort. J’espère juste que tu te souviens de la route... » Le sens de l'orientation, n'est, hélas, pas accordé à tout le monde à la naissance. Haussant les épaules, il s’arrête là. Se présenter ? Il ne peut pas. Pourquoi ? Il ne veut pas mentir à Lilas. Il ne peut pas lui dire la vérité non plus. Au risque de se dévoiler, et de récolter des emmerdes. Alors… Aloïs la ferme.

Ariel était en colère, vraiment en colère. Elle bouillait de l’intérieur et n’allait pas tarder à exploser. Sans déconner, le journaliste mériterait qu’on lui lamine sa petite gueule prétentieuse à coup de latte. Non mieux, de batte de baseball, en métal c’était mieux. Elle était bien heureuse de lui avoir cracher au visage tout ce qu’elle avait à lui dire, et elle n’en n’avait strictement rien à faire qu’il souhaite garder le silence à propos de leur ébats passés. Lui fiche la honte était plus jouissif qu’elle ne l’aurait imaginer, mais son allégresse baissa de plusieurs crans d’un coup lorsque, au lieu de la soutenir comme tout sire un temps soit peu bienveillant aurait fait, Aleksandr se rangea dans le sens de cet enfoiré de Lannister. Soit disant qu’elle devait rester avec les deux tarés, la folle furieuse accroc au jus de vampire, et le louveteau. Soit disant qu’elle risquait de se faire bouffer…Eh ! Y’a pas écrit Kinder surprise sur son front ! Et puis, merde, elle n’est pas venue sans précaution, elle porte sur elle deux lames en argent bien aiguisées. D’accord, elle ne sait pas encore tout à fait comment s’en servir, mais ce qui compte c’est que le bout pointu entre dans l’adversaire, non ? Non, apparemment Aleksandr ne l’entend pas de cette oreille. Et il ne manquait plus qu’elle perçoive les jubilations de Julian pour la foutre encore plus en rogne. Il est content le p’tit journaliste, ouuh qu’il est content ! « Tu as entendu le ruscov. Amène ton gros cul loin d'ici où je puisse pas le voir » Ariel serre les dents. L’enfoiré…Il tape là où ça fait mal, le con. Comme toutes les femmes, l’écrivain déganté fulminait dès qu’on lui faisait un reproche sur son poids. Elle n’était pas grosse, bordel ! Et la taille de son postérieur était tout à fait acceptable ! Acceptable et même mieux que ça. « Mon cul il t’emmerde, crétin… répliqua-t-elle, piquée au vif.
Elle se garde bien de jeter un regard au russe, la pilule passant toujours très difficilement dans sa trachée, elle préfère ne pas avoir affaire à lui. Comme si sa soif brûlante de suffisait pas, il avait fallut qu’on trouve le moyen de la mettre en colère. Comment trouverait-elle le moyen de se calmer désormais ? Elle avait envie de taper sur tout ce qui bougeait et elle ne voyait aucune raison qui pourrait décemment la retenir.
Tous la laissèrent finalement en plan avec les deux zozos, tandis qu’elle éructait des insultes, en faisant les cents pas dans le couloir. Elle serrait et desserrait les points pour tenter de s’apaiser mais cela ne changait strictement rien. Elle avait une furieuse envie de se défouler sur de la barbaque bien dégoulinante, de déchiqueter, de briser ou de mordre tout ce qui passait à porter de sa main.
Aussi rugit-elle furieusement lorsque le tatoué s’adressa à elle. « T’es bien passée par quelque part pour entrer non ? Bah on y retourne. Et on sort. J’espère juste que tu te souviens de la route... » Elle fronça les sourcils, elle n’aimait décidément pas le ton qu’on employait avec elle ce soir. Merde, personne ne connaissait la politesse ? Elle s’était lever du mauvais pied ou quoi ? Elle ricana d’un air mauvais avant de répondre « S’il te plait, merci, ça te dis quelque chose ou il faut tout refaire ? Sinon, tu vois la fenêtre là bas ? Tu sautes et on verra bien comme t’arrives en bas, d’ac ? Moi, pendant ce temps là, j’vais par là…» Sans attendre de réponse, elle s’engagea dans l’allée où avaient disparus les autres, elle avait l’impression de ne faire que ça, suivre les autres…
Au rez-de-chaussée, c’était la zone. La débandade complète, l’air avait l’odeur caractéristique du sang, aussi pensa-t-elle instantanément à couper sa respiration. Un bon reflexe, sans lequel elle aurait complètement perdu les pédales, déjà qu’elle n’en était pas bien loin. Des beuglements, des râles, des pleurs s’élèvaient de tous les côté, les vampires aliénés bouffaient tout sur leur passage et les humains s’excitaient comme dans une fourmilière. C’était à en perdre la tête, mais heureusement, Ariel n’en n’est pas à son premier état de crise et elle savait à peu près comment évoluer dans ce genre de situation cataclysmique. Près d’elle, elle remarqua Lorenzo en train de planter deux doigts dans les orbites d’un vampire fou furieux. À ses pied, Lannister, la gorge en sang. Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de la sirène lorsqu’elle s’approcha finalement de la scène. « Vraiment navré… J’ai oublié de prévoir des pansements pour ce soir. » Entendit-elle Lorenzo se moquer. Elle vint contre lui, s’accoudant sur son épaule, fixant son regard de café dans celui de l’humain. « Et si on le laissait se vider de son sang plutôt, hum ? » le taquina-t-elle à moitié.

Astarte avait tenté de calmer la sorcière, mais visiblement rien ne l'atteignait plus. Ses pouvoirs s'élançaient et frappait tout ce qu'ils rencontraient, y compris la tête de Lyle qui se prit un violent coup sur la caboche. La chasseuse lui lança un regard qui disait Ca va? Les pouvoirs de la jeune fille finirent cependant par s'épuiser alors qu'elle répétait une chanson entrecoupée d'excuses d'une voix pleine de sanglot. Astarte eut presque pitié pour elle. Ne pas se contrôler, c'était sans doute abominable. Mais elle n'avait pas le temps pour être compréhensive. L'horloge tournait et qui sait ce qu'il se passait en bas? Elle n'en avait pas la moindre idée, il n'y avait plus le moindre son parvenant d'en bas en même temps comment auraient-ils pu entendre quoi que ce soit? Lyle se releva et s'approcha de la sorcière pour appliquer ses mains sur sa tête. La tueuse savait parfaitement ce qu'il faisait, elle l'avait vu faire des centaines de fois, mais c'était la première fois qu'il utilisait devant elle ses dons pour apaiser. « Je n'ai pas beaucoup de temps, la situation est urgente. Le BRIS est la brigade d'investigation concernant les affaires surnaturelles, mais tu n'as rien à craindre de nous. Je sais aussi que ne pas contrôler son pouvoir est source de peur, mais tu ne dois pas pas rester là, Laureen. Tu n'es pas encore tirée d'affaire, alors lève-toi et marche. » Aucune réaction ou presque de la sorcière qui semblait véritablement épuisée. Astarte se releva à son tour, vérifiant son arme avant de la ranger. « Est-ce qu'il te reste assez d'énergie pour marcher ? Pour te défendre ? On peut t'amener en bas avec le personnel, ou bien tu peux te barricader dans une des chambres de patient, mais je te déconseille de rester seule. » Oui, bien sûr, on va la laisser là toute seule! songea Astarte qui sans être une bonne âme n'avait pas non plus envie de condamner cette jeune fille à se faire bouffer vivante simplement parce qu'ils n'avaient pas le temps de s'occuper d'elle. « Non je ne redescends pas en bas.. Ils nous mentent à plus d’un titre, et vu que quelque chose venant d’en bas, a bloqué l’ascenseur en marche, je dirais que c’est dangereux en bas… » C'était donc cela, les contaminés étaient en bas, et sans doute par mesure de sécurité l'ascenseur avait été bloqué. « Je vous accompagne… Je préfère être avec les bons… pour tuer du vampires… je vous promets que je serais discrète, enfin… sauf en cas d’attaque… » Avec une telle instabilité de pouvoir, Astarte doutait que ça soit une bonne idée, d'autant que la jeune fille paraissait frêle, et elle doutait qu'elle sache se servir d'une arme. Elle consulta Lyle du regard avant de secouer la tête. « Non, on peut pas te laisser nous accompagner. C'est trop dangereux comme tu le dis. » Astarte crut entendre un bruit provenant du trou béant de la cage d'ascenseur, elle se penche alors vers le trou et voit que l'ascenseur est tombé en bas, il est en miette, et un vampire aux yeux brillants injectés de sang est en train de s'amuser à escalader les gravas sans parvenir à s'agripper au cable. Lorsqu'il relève soudainement la tête et fixe la tueuse avec un regard animal, cette dernière recule prudement. « Je crois qu'on a effectivement un problème en bas... » Mais elle n'a pas le temps de finir sa phrase, qu'un brouhaha se fait entendre. Elle tourne la tête pour voir débouler une foule paniquée. Par réflexe, elle tire Laureen vers elle. Les gens s'enferment, se barricade, mais les rares passant près d'eux ont l'air aussi instable et dangereux que le monstre qu'elle a apperçu en bas. « Il faut bouger...» La tueuse hoche la tête en fixant Lyle. « Elle a raison. Sauf qu'on peut pas utiliser l'escalier, toute cette foule nous barre le passage, quand à l'ascenseur, il s'est crashé en bas, et on a un contaminé tout en bas de la cage. Mais escalader par l'extérieur me semble dangereux et pas faisable avec... » Elle pencha la tête pour designer la sorcière affaiblie. Réfléchissant rapidement, la tueuse finit par décider de jouer le tout pour le tout. Avec le bruit que faisait la foule en panique, personne n'entendrait un coup de feu. Elle se pencha à nouveau sur le trou béant et shoota le contaminé, elle visait la tête et le coeur, mais le vampire bougeait vite, et elle finit par le décapité à force de lui tirer sur la tête, la seule cible atteignable. Il finit par arrêter de bouger, mais elle avait terminé son chargeur. « Merde, un chargeur pour un vampire, va falloir trouver une meilleure technique. » fit-elle en pensant tout haut, puis elle contempla la sorcière et le médium. « Si vous n'avez rien contre l'escalade, le passage est dégagé. » C'est à ce moment là, alors que le contaminé ne pouvait plus faire de bruit, et que le silence se fit durant quelques secondes qu'ils entendirent la sonnerie d'un portable, mais venant de l'étage supérieur.

Stella avait bien vu le sang qu'il y avait sur, autour, de la brunette, mais comment savoir que c'était son sang ? Surtout avec la scène qu'il y avait pas très loin, avec le vampire s'occupant toujours du vieillard. Avec cette scène tout près, elle n'était pas vraiment en état de réfléchir ; ainsi que le fait qu'elle n'avait plus ses lentilles de contact. La seule chose à laquelle elle pensait c'était qu'elle voulait foutre le camp de là le plus rapidement possible. Peu importe si cela impliquait de lancer un soulier sur une blessée et que cette dernière se mette à bouger de peine et de misère. Elle pensait seulement à elle et à se sortir de là. Égoïste ? Ouais. Mais elle n'avait jamais dit qu'elle avait l'âme chevaleresque. Elle avait peur. Elle n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Et la béquille restait sa seule chance de pouvoir se relever et essayer de partir. Elle ne saignait peut-être pas, mais elle n'était pas au top de sa forme non plus. Car sinon cela aurait fait longtemps qu'elle aurait quitté cet endroit. Ou tout du moins essayé comme les autres, au lieu d'être assise sur le sol à regarder le vampire se nourrir, et à regarder la brunette qui bougeait, lentement. Elle lui envoya finalement la béquille, la faisant glisser, le sang aidant. Elle voit la béquille tourner, laissant des marques rougeâtres sur le sol. Elle s'arrêta. Juste assez près pour qu'elle soit capable de la toucher sans avoir à utiliser ses jambes. La brunette était restée assise, sans bouger. Elle allait lui devoir toute une chandelle. Même un magasin. Plus tard. Si elles s'en sortaient toutes les deux. Le plus rapidement qu'elle peut, elle se leva, avec peine et misère. Elle jura, encore, mais ils se perdent facilement dans tous les bruits qu'il y a.

Un coup de feu se fit entendre. Le vampire qui se nourrissait venait de se faire tirer dessus. Elle ne sait même pas comment elle fait pour rester stoïque face à ça. Du coin de l’œil elle vit la brunette se faire agresser. C'était le moment de tester la béquille. Il lui en faudrait une autre pour aller plus vite, mais il ne fallait pas trop en demander en ce moment. Maintenant qu'elle était levée, elle se sentait un peu moins égoïste. Juste assez pour ne pas laisser la brunette ainsi. Sauf qu'on l'aide avant qu'elle n'ait eu le temps de faire deux pas. Un nouveau coup de feu fut tiré sur l'agresseur de la brunette. Si elle ne lui était plus utile, elle n'avait plus rien à faire là. Les cris se firent moins nombreux, moins forts, il y avait aussi moins de personnes. Elle ne savait pas où elles étaient, mais elle aimerait bien être avec elles. Tournant lentement sur elle, plissant les yeux, elle essaya de voir par où aller. Elle fit finalement un pas, puis deux, et se retrouva une nouvelle fois sur le sol. Sa cheville avait été agrippée, elle avait glissé à cause du sang provenant de la béquille, et parce qu'elle était bien fragile au niveau des jambes en ce moment. C'était le... il faisait comment malgré la balle qu'il avait reçu en pleine tête ? Elle ne se posa pas la question très longtemps. Elle chercha la béquille, tâtonnant avant de la trouver, commençant ensuite à lui donner des coups avec pour qu'il la lâche, criant aussi de la lâcher, même si elle ne savait pas s'il l'entendait. Elle ne savait pas ce qu'il voulait, mais il n'allait pas l'avoir.

La porte du troisième étage se referma sur lui. Dans le dédale de corridors, Darius savait où aller, il connaissait les plans de l'hôpital sur le bout des doigts et, si on le lui demandait, il pourrait le redessiner d'instinct. Ses pas rapides et assurés l'amenèrent bien vite là où il souhaitait se rendre. Entre temps, afin de gagner du temps au cas où, du regard il jetait les différents objets encombrant les couloirs sur son sillage, encombrant la voie en renversant les lits et divers dessertes et, parallèlement à cet embouteillage, il cramait les circuits des caméras de surveillance. Personne ne le suivait, mais la sorcellerie permettait de ne jamais être trop prudent. Cependant, le jeune homme usait de sa magie avec parcimonie, il commençait à se vider de son énergie, maintenir l'apparence de Bob Donovan prenait plus de force qu'ils ne le pensaient. Ce n'était pas normal.
Qu'importait, il avait bientôt fini.
Son regard balaya les les portes vitrées et contempla le vide ; les Gentils Organisateurs avaient bien travaillé, il n'y avait personne à l'étage, personne si ce n'est ces néons blafards indiquant la route à Darius. Et enfin, il arriva devant la porte du laboratoire, où étrangement il y avait des débris de verre. Etait-ce encore son explosion ? Ou alors, quelqu'un d'autre avait agi, il n'en savait rien. Le jeune homme optait pour la seconde solution, bien plus probable, plus réaliste.

Empoignant la porte, il tenta de l'ouvrir. En vain. Bien sûr, elle était sécurisée, plus que sécurisée, surtout dans cette situation. Mais, outre le fait que les mécanismes humains n'avaient que peu de secrets pour Darius tant ils étaient simple, la magie demeurait la meilleure des clefs. D'une injonction mentale, la porte s'ouvrit. Malheureusement, il n'était seul ici. Un chercheur en blouse traînait encore. Lunettes en demie-lune, barbe blanche et cheveux poivre et sel, la fatigue semblait accabler le pauvre scientifique. En le voyant, Darius le reconnu, et lorsque le Dr Monroe remarqua la présence de Bob, il eut un sourire.

« Que fais-tu ici Bob ?
- Le chef m'a envoyé ici, Marvin.
- Ah, pourquoi donc Julius t'a demandé ça ?»

Le chef s'appelait donc Julius. D'accord.
Darius, lui, devait trouver une raison, rapidement, pour justifier sa présence ici.

« C'est un état d'urgence, il faut que tu descendes et empêches quiconque de monter ici.
- Moi, pourquoi ?
- Descend au deuxième et tu comprendras. Tu ne risqueras rien, la BRIS a mis des défenses dans l'escalier.
- OK. Très bien.
- Euh, attend.
- Quoi ? »

Il ne pouvait le laisser partir ainsi. Si la fumisterie venait à être découverte aussi facilement, Darius serait en mauvaise posture. Hâtivement, il regarda autour de lui. Sa magie ne lui permettait en aucun cas de tuer une personne en quelques secondes, ou même de le maudire en un clin d'oeil, le sorcier usait généralement de son environnement pour vaincre ses opposants, ou pour les fuir généralement. Là, il lui était interdit de revêtir le masque du couard, il devait juste brouiller les pistes. Encore. Si le fameux Dr Marvin Monroe venait à se suicider, il serait le coupable idéal de tout ces crimes, non ? De ces futurs crimes. Et, par chance, à cet étage se trouvaient une concentration de produits remarquablement dangereux pour la santé.
Se trouvant entre deux immenses étagères de divers substances à l'emballage étiqueté du célèbre signe indiquant que le contenu s'avérait toxique, Darius su ce qu'il devait faire. Imperceptiblement, il usa de la même méthode qu'il avait employé pour subtiliser les médicaments lorsqu'il se trouvait dans l'asile psychiatrique, mais l'âge et la pratique lui avait donné une aisance dans l'utilisation de cette pratique. Ainsi, en quelques secondes à peine, des dizaines de substances hautement létales quittèrent leurs boîtes blanches pour se rendre dans l'estomac du petit vieux.

« [i]Si on ne se revoit pas, passe le bonjour de ma part à ta femme.
- De même pour la tienne.
- Je n'y manquerai pas. »

Les deux compères firent volte-face, partant chacun dans des directions opposées. Si le Docteur se rendait au second, mourir tranquillement d'ici quelques minutes, auto-empoisonné, et tenter d'enliser la foule en panique, Darius, lui, cheminait en toute hâte vers le service d'hématologie.

Spoiler:

II s'est toujours dit qu'il allait crever de cette façon, en faisant ce qu'il faisait de mieux, et dans le feu de l'action. Ouais, pendant une bataille à armes égales et pleine de haine, et non pas comme un vieux pépé qui agonise dans son lit, pendu au bout des fils et des machines qui le retiennent en vie...Il s'est toujours dit qu'en fait, mourir de cette façon, ça serait classe. Douloureux et brutal certes, mais classe.

Mais pas aujourd'hui. Lorenzo apparait soudain près de lui et se charge du monstre. Brutalité sauvage et sans nom, l'hémoglobine et la chair se répandent soudain sur lui. L'instant d'après, un cadavre avec une demi-tête l'étouffe de tout son poids. La monstruosité à ras de son propre visage...Heureusement que la lumière est tamisée et que la douleur retient son attention, sinon il aurait probablement vomi illico son repas du soir sur le sol. Merde, qu'est-ce qui lui a pris de donner sa dague à Lilas, sérieux?

Puis le cadavre roule plus loin. Libéré de ce poids infâme, Julian entend les moqueries de son sauveur, et très vite, une autre voix le rejoint. Misère, pas elle encore. La main au niveau de son cou dans une vaine tentative d'arrêter l'hémoglobine qui s'écoule lentement, le médium grogne contre le roi du rire et son pot de colle. La plaie est sérieuse mais pas mortelle, et si Lorenzo se décide à arrêter de faire le malin, il a encore une chance d'être soigné. Non, pas grâce au sang d'un vampire, manquerait plus que ça, mais grâce aux docteurs et autres infirmiers de l’hôpital. Il lève les yeux vers les deux rigolos...En réalité, c'est dur à admettre, mais ce blaireau de Llywlyn lui a sauvé la vie...Mais curieusement, aucun merci ne vient effleurer ses lèvres.

Pendant ce temps, parmi les cadavres du rez-de-chaussée, victimes des agissements des contaminés survoltés, une forme se relève soudain. Un marqué, et tout comme le mordu qui s'en prend à Thaliana et Stella, celui-ci a envie de mordre et de faire du grabuge. Doucement, avec des mouvements saccadés, il se remet debout et aperçoit soudain deux formes qui lui tournent le dos...Un instinct sauvage se réveille en lui, il veut lui aussi du sang, il veut lui aussi frapper et mordre. Alors il avance, et se rapproche, ignorant qu'il s'agit de deux vampires.

Encore couché à terre, Julian aperçoit alors l'homme qui rejoint peu à peu Ariel. Les vampires qui jubilent au dessus de lui, occupés à se fendre la poire en le regardant se vider de son sang, ne l'ont pas encore remarqué. Julian lui ne dit rien et plisse les yeux, l'idée de voir l'écrivain attaquée est jouissive, et de toute façon, qu'est-ce qu'il peut bien faire lui...? Machinalement, il tourne la tête, et entrevoit alors l'éclat brillant de son arme sous les lumières tamisées. Ah bah mince, la voilà elle. Il soupire.

- Je sais que je vais le regretter...

La scène suivante est très rapide. Étendre le bras est assez dur, mais brusquement, son flingue vole au ras du sol pour atterrir dans sa main et aussitôt, il lève le bras, vise et tire deux fois...Direction Ariel? Presque. Les balles d'argent fendent l'air, tout près de l'écrivain et viennent se ficher dans le crâne du marqué, qui est tout proche. Aussitôt, la chair éclate sous les impacts, le sang éclabousse la sirène, et le corps du marqué s'affale sur le sol dans un bruit mat. Ca, c'est fait. Le médium revient alors à la demoiselle.

- T'es sourde ou arriérée? J't'ai dit que j'voulais plus te voir.

Non, il ne lui a pas sauvé la vie mais il lui a juste évité quelques petits désagréments. Pourquoi l'avoir fait? Aucune idée, peut-être qu'il se ramollit...Ah non c'est vrai, parce qu'ils sont alliés, et puis parce que ses mots de haine, il voulait les lui dire en face. La voir sale à son tour lui arrache un sourire mauvais. Péniblement, il se relève pour se retrouver en position assise, ses fringues poisseuses et puantes, une grimace de douleur collée à son visage et une main toujours sur son cou où le sang coule encore. De l'autre, qui tient encore son arme, il désigne le cadavre.

- Ça comptera pour un merci, ça. Donc Llywlyn...quand t'auras fini de rigoler, t'pourras me trouver un médecin ou une jolie infirmière, s'il-te-plait?

Katarina commençait déjà à élaborer une stratégie pour liquider les trois membres de BRIS avant qu'eux ne la tuent. Car c'est ce qu'ils comptaient faire vu qu'ils venaient de lui dire qu'ils ne la croyait pas. À quoi s'attendait-elle ? Qu'ils lui offrent une couverture chaude et l'aide à sortir d'ici ? Mais la chance tourna soudainement en sa faveur. Un des agents tire sur le contaminé et lui perfore le ventre. Ce dernier se jette alors sur l'agent et l'agresse tandis que ses collègues tentent vainement de venir à son secours. Ils lui tournent le dos dans leur tentative désespérée d'aider leur ami. Quelle idée saugrenue, c'est déjà fini pour se dernier, il est sans vie dans les bras du contaminé qui s'acharne dessus. Et les deux autres ne vont pas tarder à rejoindre leur estimer collègue. En tout, si elle veut filer, la jeune allemande sait que c'est le moment où jamais et sans crier gare, elle file le plus vite possible. En chemin, elle croise une petite armée constituée de vampires et de médiums qui tentent de tuer les contaminés. Elle se figea lorsqu'elle se trouve face à Aleksandr. Lui ici ? Elle fit demi-tour instinctivement. Un jour il faudrait qu'elle le voie pour le rallier à sa cause, mais ce n'était ni le moment ni l'endroit.

Elle manqua alors de trébucher sur un contaminé qui avait jeté son dévolu sur une jeune fille. Il la tenait par la cheville et tentait tant bien que mal de l'amener vers lui tandis que sa pauvre victime le frappait avec sa béquille en lui intimant de la lâcher. L'allemande retint un éclat de rire tant la situation lui apparaissait drôle. Elle remarqua une sortit non loin, menant vers la morgue. C'était le moyen le plus rapide de s'enfuir de cette pièce où elle risquait vraiment trop sa peau à son goût. Elle fit un pas dans la direction voulu puis hésita. Elle soupira puis attrapa le contaminé par la peau du cou et l'envoya le plus loin possible. Certes, ces contaminés étaient forts, mais elle aussi l'était, quoi qu'un peu moins. Pourquoi avait-elle ressenti le besoin d'aider la jeune femme, elle qui était si égoïste ? Elle n'en savait rien, peut-être voulait-elle alléger son karma après avoir sacrifier un pauvre vieillard qui passait par là. Parfois elle agissait par instinct, sans savoir pourquoi. Elle tandis la main à la jeune brune et l'aida à se relever d'un geste brusque tout en lui tendant sa béquille. Elle regrettait déjà son acte « héroïque ». Pourvu qu'elle n'ai pas à regretter d'avoir pris cinq minutes pour aider la jeune brune.

Elle fredonne. Les genoux à moitié replié sous elle. Elle continue de chantonner doucement. Elle n’a que faire du dégénéré qui approche d’elle. Ni de la vampire un peu plus loin. Elle n’entend que ses propres mots à peine prononcés, ne voit que les yeux bleus de son vampire. Son imagination l’envahit. Elle perd la raison. Hallucination visuelle. Il n’est pas là. Elle aimerait qu’il le soit. Elle aimerait qu’il vienne la sauver. Mais il n’est pas là. Il n’a peut-être même pas reçu son appel. Comme si elle avait pu faire passer un message à Bluenn. Pauvre petite sorcière qui s’arguait de maîtriser le feu alors qu’elle perdait la tête sous trop de pensées horrifiées. L’homme se jette sur elle. Il est fou. Elle sent la folie dans son crâne. Ses yeux rencontrent ses prunelles perdues dans son délire. Elle voit son sourire dément. Elle sourit elle aussi. Il la mord. Fort. Elle pousse un petit gémissement, ses yeux s’écarquillent mais elle ne se débat pas. Son épaule ne la fait plus souffrir. Etrange. Mauvais signe. Elle n’en a pourtant que faire. Elle agrippe le tee-shirt du mordu de sa main valide. Il commence à la frapper. Le regard de la sorcière se teint de terreur à son tour. La morsure pouvait encore passer. Elle avait eu l’habitude. Ça rejoignait plus ou moins son hallucination visuelle. Mais les coups. Elle se remet à trembler. Elle ne hurle pas pourtant.

Du moins pas jusqu’à ce que la tête de l’homme n’explose au dessus d’elle. Elle hurle. Elle est couverte de sang. Le sien. Celui du garde. Celui du fou. Elle tremble comme une feuille mais son regard remonte le long de la trajectoire de la balle comme si elle pouvait la voir dans l’air. Là. Un homme, capuche sur la tête, masque sur le visage. Mais elle le reconnaît. Un long frisson la parcourt malgré ses tremblements. Elle arrête de crier. Un nouveau sourire se dessine sur ses traits, comme si elle avait vu un ange. Elle perd la carte. Entre les sentiments atroces qui résonnent dans sa tête et la douleur qui vrille son corps, elle se perd. Là, elle perçoit pourtant la douce vibration de son âme. Son sourire est tendre sur son visage. Elle le reconnaît oui. Elle l’a connu. Si bien. Elle sait aussi, quelque part dans son cerveau brouillé que son amant est présent aussi. Qu’il voudrait lui arracher son sourire de visage et se faire une boucle de ceinture avec ses lèvres. Mais peu importe. Elle tend les doigts de son bras valide vers le petit groupe autour d’Aleksandr. — Tu es là… — Elle murmure, la voix à peine audible au dessus des cris, des coups de feu, du vacarme ambiant. Elle est toujours incapable de bouger, à moitié avachie au sol, un morceau de cadavre en travers des jambes. — άγγελος μου — Des larmes perlent sur ses joues mais elle les sent à peine. Elle ne sent plus rien. Comme si le monde autour d’elle était occulté. Ailleurs. Rien d’autre ne comptait plus que cette silhouette un peu plus loin. Son sauveur. Son ange. Déchu certes, mais son ange tout de même.

« Donnez moi un flingue, croyez moi, j’en ai pas l’air mais j’ai l’œil pour viser. » Astarte trouvait que la jeune sorcière avait du cran, mais savait-elle au moins s'en servir. Elle regarda Lyle en haussant les épaules. « C'est toi qui a deux flingues, donc à toi de décider. » Elle sourit au chasseur d'une manière qui voulait dire, oui je te refile le bébé. Sortant le sien, elle s'avança vers la cage d'ascenseur et s'occupa du contaminé qui se trouvait en bas. Achevant son travail, elle se redressa et proposa qu'on passe par là puisque l'escalier semblait être prit d'assaut. « Non, force et de constater, que si vous êtes les secours, et que si ses gens grimpent pour fuir, c’est qu’il faut descendre au premier. Il faut prendre les escaliers, si l’un de nous se fait bouffer ou autre, on restera coincé dans le conduit… et vu… ce que je suis, je préfère nettement les espaces un peu plus ouverts ! » Astarte regarda la foule qui se condensait devant eux. Prendre les escaliers c'était risqué de se faire prendre dans le mouvement de foule, et avec autant de gens, comment avoir la moindre liberté de tirer? Sans compter que vu la panique, sortir une arme au plein milieu de tous ces gens semblait être la plus mauvaise des idées. « C'est trop risqué de prendre les escaliers. Pas avec tous ces gens qui refluent vers nous. » Elle jeta un coup d'oeil à Lyle pour avoir son avis. Le fait que la sorcière veuille les suivre ne l'enchantait pas, elle n'avait aucune envie de protéger la sorcière en plus de leurs arrières à tous les deux. Et descendre en bas buter du contaminé avec une foule en panique et une sorcière pas capable de contrôler ses pouvoirs, c'était carrément du suicide. « Ce que je dis ne frise pas la folie, en tout, moins que de descendre le long d’un câble fragile pour rejoindre tel ou tel étage. Ne me considérez pas comme une petite chose fragile, on est en pleine putain de folie là, alors un peu de jugeote ! Et puis si vous, vous avez des pouvoirs, les portes du troisième et du premier étage, portes de l’ascenseur j’entends sont fermées… et je me vois mal me concentrer pendant 10 minutes pour réussir à ouvrir ! » C'était pas faux, les portes seraient sans doute fermées. La jeune sorcière ne sembla même pas attendre leur réponse et fonça vers l'escalier. La tueuse siffla entre ses dents: « Et merde! » Elle suivit la sorcière persuadé que celle-ci allait se faire tuer. La jeune fille heurta un homme en blouse blanche, sans doute un médecin qui s'écroula dans ses bras sous le regard éberlué de la tueuse à gage. Elle consulta Lyle du regard. « Alors ça… ce n’est pas moi… » fit la sorcière. Astarte poussa légèrement Laureen pour se pencher sur le cadavre. C'était bel et bien un médecin comme l'indiquait son étiquette. Il ne présentait pas de morsures apparentes. Mais il était bel et bien mort. La tueuse se releva en faisant face à Lyle et à Laureen. « Ce type est le docteur Monroe. Il ne présente pas la moindre trace de morsure. Mais il est mort. Tu en penses quoi? » Elle s'adressait évidemment à Lyle, qui était là avant que tout cela n'arrive, et connaissait peut-être cet homme même si elle doutait qu'il en sache plus qu'eux quand aux raisons mystérieuses de sa mort. Elle regarda la jeune sorcière. « Il t'a dit quelque chose avant de claquer? »

Observant les informations, le nécromant haussa un sourcil. C'était Becky qui l'avait appelé un peu inquiète en lui disant de regarder les informations à la télévision, outil de modernité peu usité par le nécromant d'un autre temps. Il découvrait alors l'hôpital entouré de voiture de police, d'ambulance, de militaire même. Que pouvait-il bien se passer encore? La voix off parlait de virus de la rage qui aurait contaminé des vampires, tout serait parti de bouteille de TB contaminée, et à présent on ignorait le nombre de mort, de blessé, on ignorait si le virus toucherait les humains, bref ils ne savaient pas grand chose. Valentin tiqua lorsqu'une caméra suivant un policier en tenu de combat s'apprêtant à entrer dans l'hôpital passa devant la reluisante voiture de Lorenzo. Quoi? Il était dedans?! Valentin ouvrit le lien pour le sonder. Lorenzo était bel et bien à l'intérieur, en train de se battre. Aleksandr était avec lui, mais peu importait, si Lorenzo était contaminé qu'adviendrait-il de Valentin? Ce dernier s'adressa à Lorenzo alors qu'il réfléchissait à toute vitesse pour trouver un moyen de les protéger tous les deux. « Qu'est-ce qu'il t'a prit de venir te mettre dans un tel nid de vipère? » l'engueula le nécromant alors qu'il rassemblait ses outils indispensable: cendre de mort, sang de vampire, cierge, et de la terre. « Bon, puisque tu as décidé d'en faire qu'à ta tête, sache que moi je tiens à rester vivant et pas ressembler à un zombie version 2.0 » Evidemment, le vampire ne l'écoutait pas. Lorenzo n'écoutait jamais rien. Le nécromant insista, se moquant bien que le vampire l'écoute ou pas. « Je vais lancer un sort qui les ralentira, ce qui normalement devrait te prémunir de toute morsure. Et t'as vraiment intérêt à pas te faire mordre. » Sinon, je reviendrais te hanter pour l'éternité songea le nécromant. Son maître vampire semblait toujours aussi peu disposé à l'écouter. Le nécromant continuait à lui expliquer ce qu'il allait faire alors qu'il traçait le cercle de magie devant lui, versait les cendre à l'intérieur, et y mêlait la terre. « La magie issue du rituel parcourra notre lien. » en disant cela, il prit une dague et coupa sa chair, à l'intérieur de son poignet, et laissa le sang couler sur les cendres mêlés à a terre. « Tu dois sentir à présent la connexion se faire. Cette magie, est celle des morts, proche de la tienne, et va puiser dans notre lien, dans ta magie de maître vampire, pour mieux contrôler les contaminés. » Le nécromant versa ensuite le sang de vampire, celui de Lorenzo, qu'il conservait dans des fioles au congelo pour les fois où le vampire devait s'absenter. Le nécromant plongea ensuite ses mains ensanglantés dans la terre et la cendre, et releva son visage. Ses yeux étaient rempli de noir. Il ressentait la magie et l'expulsait à travers le lien, vers Lorenzo qui se gonflait de magie. C'était comme recharger des batteries, sauf que la magie dépassait la contenance du vampire, et s'expulsait toute seule par tous les pores du vampire. Valentin souriait. « Ca va piquer un peu. » Et il y eut soudainement un boom. La magie explosa en dehors de Lorenzo, agissant sur un rayon de cent mètre, elle ralentissait tous ceux qui étaient contaminés. Ils étaient bien plus lents et moins agressif.

Lannister pissait le sang, et Ariel dut se faire violence pour ne pas se jeter sur lui et sucer sa plaie béante à grande goulée. L’odeur était trop enivrante et contempler ce flux tentateur était une vraie torture. Et si elle s’écoutait, elle aurait depuis longtemps plaqué le journaliste contre les murs branlants de cet hôpital infesté de vampires en transe, et laperait le sang à même sa blessure. Encore une fois, Ariel fut contrainte de lutter fortement contre ses pulsions primaires. La douleur embrasait sa gorge, et la fièvre tapait contre ses tempes à la rendre folle, mais elle tâchait, par la force de sa volonté, de vaincre cela. Ariel était du genre têtu, une vraie tête de bois, et dans ce cas de figure, elle en remerciait le ciel.
Les bruits autour d’elle étaient sourds, comme si elle portait des boulles Quies. C’était très désagréable, mais elle pouvait faire abstraction, il en fallait plus pour la déstabiliser, du moins, elle l’espérait fortement.
Un coup de feu lui fit soudain retrouver ses esprits, ses tympans sifflèrent. L’instant d’après, Ariel réalisa que le coup était parti du flingue fumant que Julian tenait encore en main. La balle était passée à quelques centimètres d’elle et s’était fichée dans le crâne d’un humain furieux, probablement un marqué. Ariel écarquilla les yeux en réalisant ce qui venait de se produire. Elle ne savait pas tout à fait ce qui la dérangeait le plus : le fait que Lannister ait pointé son arme en sa direction, ou bien qu’il lui ait sauvé la vie ? À bien y réfléchir les deux situations la mettaient en rogne. Elle ne souhaitait rien devoir lui rendre, et encore moins lui devoir la vie… « T'es sourde ou arriérée? J't'ai dit que j'voulais plus te voir. » Lui cracha-t-il à la figure, comme du venin. Ariel lui offrit une moue désobligeante. « Vraiment ? Tu me fends le cœur, chéri… » rétorque-t-elle avec un sourire faux.
Ses vêtements et ses bras avaient été maculés de sang. Elle coupa immédiatement sa respiration, ne souhaitant pas raviver sa soif exacerbée. Elle se mit à soupirer longuement en songeant à la note de pressing – une manière où une autre de se distraire du mal qui emplissait sa gorge – puis se tourna vers Lannister qui sollicitait le soin d’un médecin ou d’une jolie infirmière. Sans trop savoir pourquoi, elle fut piquée au vif par cette remarque, bien plus que pour la précédente, aussi se rua-t-elle sur le journaliste et le plaqua, de toute sa force de vampire, contre le mur. « Monsieur est-il trop délicat pour supporter la douleur ? Hm ? » Les yeux de la jeune femme, d’ordinaire noisette, s’étaient teintés d’un noir d’encre effrayant, et son regard ne reflétait plus que de la pure folie. « Mais je peux t’aider, moi, voyons… » Un rire rauque éructa soudain de sa gorge. « Juste un peu de salive et tu seras guéri. Magie, magie… » Sans attendre, elle balaya la plaie de sa langue et poussa aussitôt un soupir d’aise. La saveur de ce sang riche pulsait sur ses papilles, du sang de médium, gorgé de magie qui pétillait sur le palais. Un pur délice. Bientôt, elle sombrait dans un état second, et plantait ses canines de lait dans la chair tendre du chasseur, gémissant de plus belle.

Une arme qui se lève, la main qui l’enserre est celle du Lannister. Trop tard. Lorenzo sait qu’il ne risque rien. Ou espère. Aleksandr saura quoi faire, en cas de problème. Sa vision se brouille déjà et ses perceptions se décharnent, lui échappent. Un point clignote. Danger. Danger où ? Pourquoi ? Comment ? Impossible de décrypter. Il reste figé, inerte, amorphe. Déconnecté de la réalité. La voix de Valentin lui laboure la matière grise, les neurones crépitent et la logique lutte pour demeurer effective. Le maître tente de l’ignorer, de s’en débarrasser, de repousser l‘odieuse limace et ses conseils à la noix. Abruti. Résister lui file la migraine. Tambourinement excessif, les palpitations d’un flux sanguin inconnu. Des odeurs enivrent ses sens et sa cervelle se liquéfie. Nombreux martèlements, miraculeuse mélodie. Et son esprit s’égare. Se flingue.
Jusqu’à ce que son bébé vampire ne le stimule, ne l’extirpe de son délire éveillé. Il l’aperçoit, là, toute proche et si loin. Les crocs plantés dans la gorge de Julian. Julian et la gueule ravagée, par un rictus d’inquiétude, de surprise, de colère et d‘incompréhension totale. Tout à la fois. C’est bizarre, inesthétique. Très laid, en définitif. Bouche tordue, le côté droit ne s’accorde pas avec le côté gauche. Et l’hémoglobine gicle. Les instincts prennent le dessus, l’organisme pâle se disloque. Grésille. Sa capacité déconne. La présence de Valentin le déstabilise. Ils sont en presque osmose. Sur le même rythme, le même tempo. Effrayant.
Derrière Ariel, Lorenzo chope la mandibule. Il appuie, et l’oblige à lâcher sa prise sans y ajouter de dégâts supplémentaire. Délicatesse et douceur. L’autre bras, encercle le buste malingre et les bras. Le vieil adolescent recule, avec sa petite protégée déchainée, fermement plaquée contre son torse.
Des tremblements dans les doigts, des flageolement dans les guibolles. « Al-ek. » Articule t’il, avec une ineffable difficulté. Il faut que le russe récupère Ariel, car il devine perdre le contrôle de ses tendons, ligaments, nerfs. De son corps. Pantin sans fils.
Disparition. Plus de présent. Pas de passé. Futur merdique. Il chancèle. L’air ne circule plus, et sa lucidité se fait prendre au piège. Caisse étroite, aux barreaux d’acier. Le couineur et pleurnichard nécromant lui nique la tête, fatalement. L'énergie transpire par chacun de ses pores. Il n’a pas menti. Ce foutu connard n’a pas menti. Une sensation froide et désagréable. Qui ne lui appartient pas. La mort, sous une autre forme, sous une autre allure. Détestable, épouvantable également. Il grogne, ses crocs percent ses gencives tant il serre les mâchoires. Ariel toujours contre lui. Il doit libérer son fragile fardeau au risque de lui fracturer le thorax. Il ne parvient pas à débander les muscles. Etau fatal.
Lorenzo claque son dos contre le mur pour garder un équilibre précaire. Les vagues de pouvoir lui crament la peau, lui brûlent les organes. Un millier d’aiguilles à l’intérieur, et un acide sur l’extérieur. Langues de feu. Irradiation, quasiment. Ca fait mal, putain. CA FAIT MAL PUTAIN DE BORDEL D'ENCULÉ DE MES DEUX ! Hurle t’il finalement à l’intention de son marqué. Les paupières se ferment, Lorenzo se met à gémir. Pour ne pas brailler de douleur. On lui retire Ariel. Ses genoux et ses paumes de mains goutent au sol glacé de l’hôpital. Il feule et la déflagration se produit. Tout dégage hors de son organisme, bourrasque gelée qui gifle de plein fouet tous les êtres à proximité.
Lorenzo bascule. Ses fesses sur le carrelage. Assis, hébété, gamin qui vient de recevoir une sacrée fessée. Des larmes sur ses pommettes hautes, ont tracé des sillons. Couleur coquelicot. Ses paupières se soulèvent. Prunelles écarlates. Le blanc a laissé place au rouge. Les vaisseaux sanguins ont littéralement explosé. Regard d'aliéné... Ou de contaminé.

« J'souhaite pas spécialement faire la rencontre d'un autre... Taré. Alors, j'propose qu'on dégage, maintenant. »

Je reste interdite, muette. Il a raison. D'ailleurs je devrais être du même avis, je le suis en un sens. Mais si lui doit partir, moi, il me reste un truc à faire, même si ça m'ennuie clairement (pour rester polie entre deux salves crasses) et que je vendrais pas mal pour être dans mon canapé, en train de me rouler un pétard devant un replay de Tracks, à l'instant-même.
Et bien que je n'aie pas vraiment tenu compte de la joyeuse entrée en matière entre la vampirette et mon chevaleresque collègue, il faut bien avouer que la fait qu'elle soit ce qu'elle est, combiné à celui découlant de mes déductions à leur sujet, ne m'encouragent pas franchement à faire un bout de chemin en sa compagnie. Le pragmatisme m'ayant conduite à demander quels étaient ses plans pour la suite est cependant bien vite envoyé paître, façon chasse-d'eau.

« S’il te plait, merci, ça te dis quelque chose ou il faut tout refaire ? Sinon, tu vois la fenêtre là bas ? Tu sautes et on verra bien comme t’arrives en bas, d’ac ? Moi, pendant ce temps là, j’vais par là…»

Un arrêt, j'arque un sourcil en écarquillant mes mirettes mortes d'incompréhension. Ok, je peux comprendre qu'elle soit un peu énervée vu ce qu'elle se prend dans la tronche depuis deux minutes. Est-ce une raison pour nous foutre à la benne aussi radicalement ? Allez-y les casses-croûtes, dégagez la vue en vous défenestrant, vous verrez c'est super cool une fois explosé en bas. Non mais je rêve. Personne n'a émis l'idée qu'on pourrait éventuellement désirer sa présence parmi les trois hommes (enfin, l'homme et les deux sacs à Juice), mais mademoiselle préfère faire chier son monde plutôt que de se rendre un minimum utile.

« Connasse. » fais-je en la regardant partir et en posant la main sur le bras du tatoué. « C'en est où ta plaie... »

Dernier check sous la chemise bonne à jeter. C'est pratiquement refermé. La déchirure est assez profonde encore pour suinter son liquide bruni, ça n'a rien de sexy mais quoi qu'il en soit, on peut dors et déjà considérer qu'il est remis sur pieds. Je dois bien accorder cette qualité au geste méprisant qui lui a été prodigué.

« Ok. Ça va aller ? J'pense qu'on est encore trop haut pour sortir. Elle connaît pas les issues de secours manifestement, mais on peut toujours essayer de voir s'ils les ont pas bloquées aussi... »

Un peu plus tard, je suis toujours dans les couloirs de ce foutu étage. Les sorties sont verrouillées, comme je m'en doutais. Et depuis tout à l'heure, je rage contre ces abrutis qui décidément ne pensent qu'à leur gueule. Comme si une porte merdique pourrait arrêter un monstre enragé... J'en déduis que les gens normaux, eux aussi, ont des chances d'êtres porteurs de ce virus. Raison pour laquelle ils préfèrent nous savoir tous parqués ici, qu'on s'auto-élimine en quelque sorte, et qu'ils puissent foutre le feu sans avoir sur la conscience un meurtre perpétré par des créatures ayant pété un plomb, quand ce ne serait pas par des survivors tout aussi jetés qui se croient dans Battle Royale.
Coup de pied furieux dans une des dites portes...

« Foutus fils de putes ! »

Je soupire. En route pour le rez-de-chaussée, et vive l'Amérique !

- + -

Le chaos. Des quantités de sang impressionnantes tapissent les murs et le lino bleu foncé. Les décorateurs de films d'horreur en auraient sans doute rêvé, ces gelés du bulbe l'ont fait : nous voici foulant l'esquisse d'un cauchemar post-apocalyptique. J'ai l'impression qu'il faudrait que je me réveille, je demande même qu'il me pince à mon compagnon d'infortune (que j'ai un peu traîné sans lui demander son avis). Je grogne... Il m'a fait mal et ça n'a rien changé.
Des cris nous parviennent des salles attenantes. Des dizaines de cris conjugués en un seul, un brouhaha formidable tout droit venu du Purgatoire. Merde.
Respirer, et y aller, puisque là où nous sommes il n'y a pas de connexion avec l'extérieur. Le spectacle qui nous accueille est encore pire... Je ne perds pourtant pas de temps à contempler son absurde et désastreuse beauté qui caresse le sublime, car au loin, là-bas, il y a des bêtes féroces à figure humaine, ou plus vraiment, qui se jettent sur des silhouettes connues. Et celle de la pétasse qui nous a précédés les rejoint.

Pour une raison qui m'échappe encore, je lève les yeux vers l'éclopé. Mes mains agrippent ce visage que je commence à connaître, mes lèvres se collent aux siennes.

« Tire-toi d'ici. »

Sans doute avais-je juste envie de le faire, grisée par l'infâme spectacle qui nous entoure, avant qu'on m'en prive définitivement. Car c'est peut-être ce qui m'attend : ne plus jamais avoir l'occasion de rien. Mais l'atmosphère infernale qui règne ici m'électrise et je ne peux rien contre elle.
Mes pas m'emmènent vers le massacre, rapides. Je dégaine la dague abandonnée à ma déraisonnable bravoure par Julian, fusillant du regard une chose quasi sans tête occupée à se manger des coups de béquille. Mon regard dérive alors sur une fille brune recroquevillée à terre, au dessus laquelle j'aperçois la sangsue qui tire sur un malade en train de lui taper dessus. Puis Julian, à terre, et pour finir sur l'autre vampire, faisant généreusement pleuvoir sur lui la répugnante substance d'un agresseur, fort probablement un contaminé. Paradoxalement ça m'emmerde, je ne voulais pas voir un vampire sauver mon semblable - bien que, selon mes doutes, il ne le soit pas tout à fait lui non plus - ou devrais-je dire mes semblables, la jeune femme aidée par le type en noir étant comptée dedans. Je serre les dents tout en continuant d'avancer aussi vite que me le permet la marée humaine de plus en plus dense et effrayée, insupportable. Pour ce faire, peut me chaut que le troupeau subisse la morsure de la lame : dans une jungle on progresse à la machette, ils ont encore du bol que ce n'en soit pas une.

Même pas une demi-minute plus tard, c'est la petite nerveuse qui se pique de faire du mal à mon défenseur. Décidément, elle aura tout fait pour que la prochaine chose à rajouter sur ma liste des trucs à faire avant de clamser soit : lui fourrer cette dague dans le fondement. Désolée, Julian, je sais que tu y tiens à ton jouet.
Un gros lard me vire avec ses grosses paluches pour se rapprocher des fenêtres, il y perd un doigt et hurle comme un porc tandis que je fais de mon mieux pour me faufiler plus avant. Surprise, à l'issue du combat, je n'ai pas vu ce qu'il s'est passé mais la vampire a disparu, laissant Julian en fatras au pied du mur. Je cours, malgré tout, vers le prédateur de la jeune femme à la béquille qui semble oublié du monde entier, et déchire ce qu'il reste de soutient à la tête maudite en balançant celle-ci le plus loin possible - quelque forme odieuse se jetant immédiatement dessus sans que je m'attarde. Puis, sans rien demander de l'état de la victime et espérant juste que ça suffira à sa paix, je me précipite sur le journaliste, avisant la double plaie qui barre sa gorge d'une mare écarlate.

« Putain, non ! Fait chier, merde... »

La liste de jurons franchouillards est longue tandis que je laisse tomber la dague juste à côté, fouillant mon sac pour en sortir le désinfectant dans le fol espoir que ça puisse changer quelque chose, de même que la grosse compresse de coton que je me dépêche d'appliquer sur les chairs sanguinolentes.

Un courant glacial, soudain, me repousse et par réflexe, je m'accroche au blessé et me recroqueville contre lui en criant. Mes nerfs sont en totale hyperactivité, j'ai l'impression qu'un essaim de guêpes recouvre tout mon corps l'espace d'un bref instant.
Immédiatement après je relève la tête et aperçois le vampire au regard azuré, hébété, les yeux bouffis d'incandescence rouge.
Une boule dans ma gorge. Je commence à comprendre pour de bon que nos chances de sortir d'ici les pieds devant sont écrasantes.

Un moment, il est assis par terre, les yeux rivés sur un cadavre à la tête défoncée. L’instant d’après, son dos heurte violemment le mur et lui arrache un grognement douloureux. Putain mais que…Ses yeux s’ouvrent, s'écarquillent carrément quand ils rencontrent deux prunelles aussi sombres que la nuit. Il les connait bien. Enfin, il les connait peu et trop à la fois. Hébété, sonné, le médium ne réagit pas. Avec ses pouvoirs, il aurait pu pourtant l’envoyer valser mais il ne fait rien. Plus tard, il mettra ça sous le compte de la surprise et du coup contre le mur, mais comptez également le poison qui se répand déjà dans ses veines. Autre chose...? Non.

Et à quelques centimètres de son visage, Ariel délire.

- N…

Il en restera là. Il aimerait crier « Bordel Llywlyn, libère-moi de ta folle ! » mais les mots restent coincés dans son esprit. L’instant d’après, il sent une langue sur sa peau et la douleur qui disparait. Ses paupières se ferment dans un bref moment de soulagement…de plaisir peut-être ? Impossible à dire, la sensation disparait aussi vite qu’elle est venue quand deux crocs lui arrachent de nouveau la gorge. Il grogne. La main qui tient son arme se met à s’agiter frénétiquement, pour rien, comme s’il était l'handicapé de service. L’autre…est tout aussi inutile, elle se pose on ne sait où. Et voilà cette folle qui le saigne à son tour comme un vulgaire cochon, et comble de tout, elle se met à gémir contre lui. Des souvenirs affleurent à ces sons pas si inconnus, et en même temps la colère gronde. Cette salope se permet quelque chose que jamais personne n’a fait ou tenté de faire sans recevoir une balle dans le crâne la seconde suivante.

L’intervention de Lorenzo sauve une nouvelle fois la mise. Ariel est arrachée, et aussitôt les jambes du médium l’abandonnent. Le voilà qui s’écroule contre le sol. Stop, stop, stop, pitié. La douleur est revenue, tout s’enchaîne trop vite. Et puis soudain, une ombre apparait et se jette sur lui, le surprend sans qu'il ne puisse encore rien faire. Impuissant, malmené. Elle, elle crie, et elle a la voix de Lilas. Et bruquement, tout change.

- Dresden putain…

C’est sa seule réponse à la flopée de jurons de la jeune femme. Il aimerait lui dire qu’il est content qu’elle soit là, mais les mots ne sortent pas. Il sourit comme un con, heureux de la voir entière, de l’entendre, et il se laisse faire comme un petit garçon alors qu’elle commence à le soigner. D’ailleurs, il ne se pose même pas la question de savoir pourquoi elle se trimballe avec ce matériel. C’est superflu, inutile. Et soudain, il lâche un rire nerveux.

- Tu tombes bien Dresden, je cherchais une jolie infirmière…

Mais le moment d’extase ne dure pas. Une vague de magie se propage soudain, le percute de plein fouet. Trop sensible, le médium en prend plein la gueule et il sent soudain Lilas qui se blottit contre lui. Inconsciemment, son bras se resserre sur elle dans un geste protecteur, et il lève les yeux. Aperçoit un tableau improbable. Llywlyn s’agite, soudain comme rageur, Ariel entre ses bras. Comportement illogique, et Julian sent la magie qui irradie de lui. Pu-tain. L'adrénaline afflue, et Julian se relève douloureusement, entrainant son infirmière. Et aussitôt il lève son arme, vise Lorenzo. Le cœur. Mais impossible, une silhouette fluette se dessine entre sa cible et son arme.

- Bordel, mais elle m’aura fait chier jusqu’au bout, cette conne !

Il la hait, il la hait. Sans attendre, il envoie Ariel valser d’une forte poussée télékinétique. Où ? Julian s’en fiche, peut-être que quelqu’un la récupérera…Ou qu’elle se prendra la paroi, ce qui ne serait que pure justice. Il l’oublie la seconde d’après quand Lorenzo s’effondre. L’arme suit le mouvement. Et quand les pupilles anormalement écarlates fendent la semi pénombre, le chasseur sent la haine affluer. Tuer, tuer, le maitre mot s’impose, et la folie furieuse qui s’empare de lui n’a rien à envier à celle des autres dingues qui l’entourent.

- Mais connard, toi aussi t’es…Putain, j’en ai vraiment marre de toi et de tes conneries !

Lilas est encore contre lui, il la protège du mieux qu’il peut, et balance entre deux mondes. La conscience de la sauver de ce chaos, et l’envie de tuer ce monstre. Tout, tout est absolument hors de contrôle, et ça, c'est le seul argument qu'il trouve pour expliquer le fait qu'il ait soudain très chaud. Sa poigne, d'habitude si forte, tremble brusquement. Alors il serre le poing.

EDIT : Ah, j'avais pas calé que Laureen souhaitait se faire mordre, donc j'ai édité *_*

~ Si le chasseur accepte en silence les remerciements de Laureen, il n'en montre toutefois rien, se contentant d'afficher un visage neutre et fermé. D'un certain côté, il savait que c'était la seule chose à faire, qu'il n'allait pas la laisser par terre comme une merde, et que s'il l'avait fait, la foule en furie aurait eu de grandes chances soit de la piétiner, soit de se heurter à la magie de l'adolescente. Mais d'un autre côté, il se sent mal, presque sale d'avoir aidé et touché une sorcière, d'avoir eu ce contact entre leurs deux auras, s'entremêlant l'espace d'un bref instant. Et, quand elle le touche de nouveau au bras, il ne bouge pas mais, intérieurement, il frissonne. La magie a toujours provoqué une peur irraisonnée en lui, mais il se garde bien de le montrer, et ses réflexes de chasseur Lannister enrôlé dans une pensée anti cess refont surface, même s'il tente de relativiser.

_ Elle a raison, on a plus le temps, il faut descendre en bas. Quant au flingue... »

Oui, l'idée de lui laisser la seule chose qui pouvait peut être lui sauver la vie à lui ou Astarte le dérangeait profondément. Mais il devait bien avouer qu'une sorcière face à un vampire, si elle était capable d'user de sa magie correctement, pouvait être d'un secours non négligeable. Et puis... Et puis ? Et puis au fond de lui, il y avait, même inconsciemment, toujours cette petite partie de lui qui, paradoxalement, se contrefichait de la voir courir au casse pipe, au vu de sa nature réelle, et surtout sachant que ce serait contre des vampires, qu'elle aurait peut-être l'occasion de blesser voir tuer. Sans compter la diversion qu'elle offrait... S'ôtant brusquement cette idée de la tête, il se trouvait soudainement sale. Il avait toujours eu beaucoup plus de mal que son frangin quand il s'agissait de cess jeunes et encore plus enfants. Mais il n'avait pas vraiment le temps de réfléchir et il lui présenta son deuxième flingue, le premier venant d'être vidé par Astarte. Un Beretta 92, calibre 9 mm.

_ Prends ça. Tu le tiens comme ça si tu ne veux pas perdre ton poignet, tu l'armes comme ça, tu vises ici et tu tires. 12 balles plus une dans le chargeur, ne l'utilise qu'en dernier recours. »

Ce faisant, son visage offrait une expression sévère, et il était clair qu'il était très loin d'apprécier ce qu'il faisait. Au passage, il tendit rapidement à Astarte l'unique chargeur qu'il conservait sur lui et s'arma lui même du pistolet de la médium. Puis il suivit de près Laureen et Astarte jusque vers les escaliers de l'autre côté du bâtiment, n'hésitant pas à paraître menaçant, son arme ostensiblement en vue, si c'était nécessaire pour se frayer un passage. « Ce type est le docteur Monroe. Il ne présente pas la moindre trace de morsure. Mais il est mort. Tu en penses quoi? ». Observant vaguement le visage, il avait déjà entendu ce nom familier.

_ Hmf, section hématologie. Pas le temps pour s'occuper de lui, on verra plus tard. »

Continuant leur progression, Lyle ne put que s'inquiéter du chaos environnant qui régnait déjà. En si peu de temps, la panique avait frappé partout. Certains corps morts, gisant sur le sol, ne présentait même pas de signes caractéristiques d'une attaque vampiriques. A croire qu'ils étaient morts en s'entretuant ou écrasés par la foule... Julian. Son frère est là, quelque part, dans l'hôpital et il y pense brusquement. Sans lui, Lyle se sent comme amputé, peu importe la présence d'Astarte ou non, cela n'y change rien. Intérieurement, il lutte à la fois contre le doute et contre l'hésitation. D'habitude, lors de leurs chasses, ils traquent, repèrent et tuent silencieusement. Ici, rien de tout cela. L'hôpital n'était devenu plus qu'une vaste boucherie sordide de laquelle il fallait essayer de sortir vivant, entier et sain. Jetant un coup d’œil à Astarte, au moins une personne qu'il peut comprendre presque d'instinct, au vu des nombreuses chasses déjà effectuées ensemble.

Et puis, les coups de feux, la panique, le cri. Strident. Là, juste devant lui. La jeune sorcière rousse est en mauvaise posture et, dans l'esprit du chasseur, la scène passe au ralentit et il sait que si aucun réflexe ne vient soulever son bras dans la fraction de seconde qui suit, elle est morte. Les balles crachées par Laureen n'ont pas atteint de points vitaux, bien qu'elles doivent être en train de littéralement brûler le mort vivant de l'intérieur dans une souffrance ignoble. Mais sa rage est plus forte. Au moment même où le macchabée porte ses crocs sur la chair tendre et fébrile de la jeune femme, son bras se lève. Le fait qu'il ait une chance non négligeable de la toucher elle plutôt que la chose qui l'agresse n'a même pas eu le temps de lui traverser l'esprit. Mais c'est déjà fini, et son doigt presse la détente quelques secondes trop tard.

Dans un bruit d'enfer, la balle fuse et touche sa cible, lui emportant la moitié du crâne avec, faisant jaillir cervelle, sang et éclats d'os dans un sprotch des plus répugnants. Alors, l'espace d'un instant, il lui semble n'entendre plus à ses oreilles que son propre cœur qui bat la chamade plus fort que tout et la conclusion s'impose à son esprit, limpide.

Elle n'aurait jamais du venir avec nous. »

Spoiler:

La science n'était qu'un sombre point d'interrogation pour Darius ; si, lorsqu'il lisait -et, curieux, il s'intéressait très souvent à ces ouvrages- le jeune homme arrivait à cerner les bases de cette science, souvent le reste de ce domaine ne demeurait qu'un étrange brouillard opaque. Paradoxalement, il aimait, comprenait, mais admirait les recherches sans cerner leurs significations. Parfois, certains résultats lui semblaient être un charabia totalement incompréhensible alors qu'un être lambda arriverait à le comprendre, parfois, il saisissait les nuances d'un texte pointu ou connaissait les fonctions d'une enzyme rare et abordée uniquement en dernière année de médecine.
Ici, au troisième étage de l'hôpital, l'étage de la recherche, il semblait être dans une fête foraine. Une foire déserte cependant, une sorte de décor de western où le calme indiquait qu'un duel avait lieu quelque part. Des machines portant des fioles de liquide écarlate tournaient sur elles-mêmes, empêchant le sang de coaguler grâce à un mouvement perpétuel et à la force centrifuge ; aussitôt, le jeune homme pensa à ces éoliennes esseulée dans les prairies sèches du Grand Ouest ou à ces grandes roues colorées et festives, en entrant dans la pièce, un courant d'air fit rouler le capuchon d'une fiole ; l'image qui lui vint fut celle d'un détritus sur le sol de la foire, un paquet de churros ou un bâton de barbe-à-papa, mais l'effet que lui fit ce simplement roulement fut un sentiment d'angoisse similaire à celui apporté par ces boules de branches mortes glissant sous la brise.

Parmi ces myriades de tubes à essai emplis de sérum, ces machines bourdonnantes et ronronnantes, ces appareils laissant s'échapper des meuglements informatiques, une seule chose intéressait Darius. Une seule et unique chose. L'unité centrale dans laquelle se trouvait toutes les données et à laquelle était relié le reste du réseau. L'hôpital possédait de nombreux circuits électriques, des centaines d'ordinateurs reliés entre eux et tout ce labyrinthe de fils ne faisait qu'une seule et unique toile, mais la sécurité des données tout comme celle du réseau s'avérait maigre. Un pirate amateur pouvait venir à bout avec une aisance déconcertante du bouclier de l'hôpital et ainsi parvenir à détenir le secret médical. Quant à un sorcier, il était capable de tout détruire en un clin d'oeil ; alors qu'une société privée possède une véritable protection sur ses données informatiques, une clinique publique, elle, n'a pas les moyens financiers d'avoir au-dessus du minimum vital. Et encore.
Le sorcier s'approcha de la tour qui contenait toutes les informations qu'il souhaitait effacer. Il aurait pu, en tant que simple humain, y glisser une clef USB et déverser dans l'ordinateur des centaines de virus corrompant les données ou tout autre méthode détruisant les programmes, mais la sorcellerie permettait d'agir de façon plus discrète et plus efficace. Fléchissant ses jambes, il fit face à la tour qui contenait le trésor tant convoité -le disque dur dans lequel étaient retranscrites les résultats de ces analyses- et, aidé d'un tournevis et d'une poussée magique, ôta les parois en PVC de la tour. Les circuits lui faisaient face, nus comme des vers.
Il ne lui restait presque plus rien à faire.
Avec difficulté, il enleva une bague d'un des doigts trop grassouillé de Bob Donovan. Armé de ce précieux cercle aux multiples enchantements, il le déposa sur les structures informatiques et, afin d'activer la magie contenue dans l'argent de l'anneau, Darius prononça quelques mots. Rien de mystique, juste un mot de passe permettant à la magie de se déverser dans les circuits du réseau. Une fois sa fausse incantation débitée, la bague se souleva, lévitant à quelques centimètres au-dessus du sol, et se mit à tourner sur elle-même. D'abord à une allure modérée, la rotation s'accéléra bien rapidement, rendant les gravures de l'anneau d'abord floue, puis impossible à reconnaître. S'ajoutant au spectacle, de petits éclairs bleus naquirent dans l'unité centrale et se dirigèrent vers l'anneau, inscrivant des marques arcaniques sur ce serpent argenté mordant sa queue. Au fil des secondes défilant, les étincelles électriques se firent plus grosses, plus intenses et plus fréquentes ; les arcs enlacèrent la bague, couvrant d'une roue électrique l'anneau absorbant les données du PC. Dans quelques instants, l'ordinateur serait et formaté et grillé de part en part. Le sorcier s'apprêta à retirer l'anneau et ainsi endiguer la magie aimantant toutes les données, mais une douleur le foudroya.

Les genoux fléchis, il se tordit tant la souffrance le surpris. Il tomba, avachi sur le sol, un couinement s'échappa du jeune homme. Puis, l'affliction redoubla et, pour ponctuer cette vague de peine, un véritable hurlement quitta la cavité buccale du jeune homme. Recroquevillé sur lui-même, il ne comprenait ce qui lui arrivait. Rampant, il s'éloigna de sa bague enchantée, se disant dans son habituel dénigrement que sa magie le blessait. Mais à mesure que la distance entre l'anneau et lui croissait, sa douleur grandissait aussi.
Son instinct lui ordonna de continuer de mastiquer, évitant ainsi que la gomme à mâcher n'explose entre ses dents, cependant, le reste de son corps cessait de lui obéir. La paralysie, aussi soudaine que gênante, n'avait aucune explication. Ce ne pouvait être son état physique, puisque Darius était en parfaite santé, ni l'usage intensif de la magie cette soirée, son endurance mystique était l'un de ses atouts. Peut-être, étant entouré de malades, une infection avait assaillit ses muscles, les rendant immobiles. Mais, cela ne semblait pas logique et encore moins probable. Seul le sort lancé peu avant son arrivée dans l'hôpital, le métamorphosant en Bob Donovan, pouvait être la cause de cela. Il s'agissait en effet d'une première fois, mais rien en théorie devait créer une telle défaillance. Sauf que le téléphone de l'humain avait sonné ; l'alarme n'avait aucune raison d'être là. A cette heure-ci, le Bob dormait déjà comme une masse devant la télé l'abrutissant. Alors, pourquoi mettait-il le réveil, d'autant plus que celui à côté de son lit faisait son office chaque matin ?

Darius comprit alors son erreur. Bob s'endormait devant la télé, mais se retrouvait au lit chaque matin. Sa femme ne le portait pas et, si rien ne le réveillait, il passerait la nuit devant le cube lumineux. Alors, il activait son réveil afin de ne pas passer la nuit avachi sur le canapé et, dans le coltard, se rendait au côté de son épouse dans son lit conjugal.
Finalement l'explication n'apportait rien.
Rien si ce n'est qu'à cette heure-ci, le corps de Bob Donovan dormait depuis longtemps, alors qu'actuellement, il était en pleine action. Il y avait ainsi une défaillance et, puisque le corps puisant dans l'énergie de Darius (et non celle de l'humain) ne reconnaissait pas ce dynamisme, l'antinomie ne faisait que s'exacerber. Alors, la magie n'arrivait plus à agir en parfaite synchronisation entre corps et esprit et, ainsi, créait une sorte de larsen physique.

Aussi soudaine et prompte que son apparition, la douleur disparut instantanément. Profitant de l'occasion, sachant instinctivement qu'elle reviendrait, le sorcier s'en alla récupérer l'anneau tourbillonnant. Mais, le drain d'électricité et de données ne semblait vouloir s'arrêter. L'incantation qu'il lança afin de stopper son enchantement faillit. Sa magie refusait de lui obéir. Plutôt que de tenter de récupérer d'une autre manière, bien plus dangereuse, son amulette tordue et complètement altérée par les arcs arcaniques, Darius prit les jambes à son cou et fit volte-face. En se retournant, quelques appareils grésillèrent, clignotèrent puis se mirent à fumer littéralement. La lumière de l'étage sauta et revint aussitôt, mais le sorcier comprit que tant que la bague avait de l'électricité à dévorer, elle ne s'arrêterait pas. Un court-circuit viendrait à arrêter l'alimentation, mettant l'ensemble de l'hôpital dans le noir, puis les groupes électrogènes se mettraient en route et permettrait une survie toute relative aux appareils. Dont ceux de l'étage. La bague, puisque chargée à bloc, dans un effet boule de neige logique, serait capable de pomper l'électricité fournie par les systèmes de secours. Et dès qu'elle n'aurait plus rien à se mettre sous la dent, en véritable étoile mourante, une déflagration de rage et de magie incontrôlée libérerait toute l'énergie accumulée, mettant le feu au troisième étage.
Sauf si Darius arrêtait le tout avant. Rien ne devrait suivre après le court-circuit. Plus aucune électricité. Absolument rien. Par chance, les groupes électrogènes se trouvaient en extérieur et non au sous-sol. De l'étage, il pouvait les voir et, malgré la distance, envoyer son chewing gum enchanté faire son oeuvre. Ainsi, il évitait de se faire imploser tout en empêchant un incendie infernal.

Quoi que.
Alors qu'il se dirigeait vers la fenêtre, tout les appareils électrique de l'étage grillèrent simulanément. Le système informatique de l'hôpital entier venait d'être détruit, en plus de quelques bidules hors de prix. Arrivé à la fenêtre, il observa les cubes métalliques à quelques mètres sous lui. Après ouvert la vitre, il envoya d'une pichenette le petit bout synthétique sur les groupes électrogènes.
En se dirigeant vers l'escalier le plus proche, la lumière sauta une nouvelle fois, et la soufflerie s'éteint. Un détail le força à offrir un bref regard au service d'hématologie. Guidé dans le noir par les lumières des sorties de secours, une lueur lui intimait que des flammes venaient de naître. Une chose étrange vint le secouer. Passant sous le chambranle d'une porte assortie d'une pancarte Issue de Secours, un éclair naquit au niveau de la diode et se dirigea vers le service spécialisé dans le sang. Ce phénomène se reproduisit dans tout l'étage, le ballafrant d'arc bleuté se dirigeant vers un épicentre aux teintes de l'Enfer.

Puis il entendit la déflagration à l'extérieur.
Et la douleur revint, le faisant défaillir et tomber des marches.

Spoiler:

Ce putain de truc à la noix, ce bordel de cinglé, cette chose qui la tenait, ne voulait pas la lâcher. Stella avait beau, encore et encore, le frapper avec la béquille, secouer sa jambe (même si elle avait mal), il la tenait toujours. Elle ne savait pas ce qu'il voulait lui faire, mais il voulait vraiment. Au moins, il ne montait pas, restait plus au moins à la même hauteur. N'empêche, elle commençait plus au moins à désespérer. Ce qui ne l'empêcha pas de continuer à essayer de l'en empêcher. Étant trop concentrée sur ce qu'elle faisait, elle ne vit que la blonde que lorsque le contaminé ne fut plus sur elle. Et, et elle fut debout quelque instant plus tard, béquille avec elle. « Merci ! » dit-elle, mais la blonde n'était plus là. Et si elle l'imitait ? C'était une bonne idée. Elle commença par vérifier si la béquille tenait toujours bon. Après tous les coups qu'elle avait donné avec, elle espérait qu'elle n'allait pas briser alors qu'elle en avait de besoin. Ça semblait aller, ça ne bougeait pas. Elle n'avait pas l'impression que cela allait céder sous ses pieds. Il ne lui manquerait plus que ça. Elle se mit donc à avancer. Malheureusement, dans son empressement, (enfin, vu à la vitesse qu'elle allait, c'était surtout son intention qui était rapide et pas son pas) elle n'avait pas regardé où avait atterrit celui qui s'en était pris à elle. Elle avait justement été dans sa direction. S'il avait été assommé par le soudain vol plané qu'il avait fait précédemment, ce n'était plus le cas. Il se jeta sur elle dès qu'elle fut près de lui.

Mais, il lui en voulait ! Il y avait des limites à être au goût de quelqu'un. Elle se retrouva une nouvelle fois sur le sol, son autre genou (le bon) pris le coup, tout comme son poignet qui était déjà blessé ainsi que le coude de l'autre côté. Elle se mordit la langue, mais elle n'eut pas le temps bien longtemps de s’apitoyer sur son sort, elle se remit à donner des coups de béquille. Elle s'en serait bien passée de ce retour. Elle se remit à l'insulter, mais rien n'y faisait. Il la voulait. Elle n'en n'était pas du tout touchée. Et, encore une fois, sortant de nulle part, une autre jeune femme l'aida, une brune. La tête du truc fut finalement complètement enlevée. « Merci ! » cria-t-elle, mais la jeune femme était déjà partie. Et un autre merci à l'eau. Elle allait tout d'abord essayer de se remettre debout plutôt que de se mettre à monologuer intérieurement sur la politesse à laquelle elle ne tenait pas du tout. Pas très loin d'elle, c'est bizarre. Anormal même. Mais, avec tout ce qui c'était déjà passé, elle se dit que ça devait pas être bon et qu'elle ferait mieux de partir. Ou d'essayer. Elle devait se relever pour ça. Et ça n'allait sûrement pas être une simple chose à faire. Il y avait un mur pas très loin. Elle allait donc essayer de s'y trainer. Le plus vite qu'elle pouvait. Et les lumières se mirent à clignoter. Un peu trop pour que ce soit bon signe.