« Si t’étais l’une d’entre eux, tu perdrais pas ton temps en discute, blondinette. » Katarina haussa un sourcil. Venait-elle de l'appeler blondinette ? Oui il semblerait. Alors soit elle était suicidaire, soit elle avait un poil trop d'estime pour ses capacité à battre Katarina. Jamais personne n'avait oser lui manquer de respect à ce point. Une chose est sûre, toute trace d'amusement disparut du regard de la jeune vampire, désormais seul l'agacement et l'énervement transparaissaient. Elle ne dit rien, se contentant de se calmer avant de ne pouvoir s'empêcher d'arracher la gorge de la jeune insolente. Mais très vite, la jeune médium retomba sur ses pattes en achevant par la phrase suivante : « Je pourrai te renvoyer le conseil. On dit que les tiens sont devenus… plus animal. Je ne pense qu’ils feront la différence entre un vampire et une humaine. Quand un animal à la rage, son cerveau est en bouillis. Prend tes provisions, tu risques d’en avoir besoin… ». Katarina se contenta de lui adresser un sourire moqueur. La jeune blonde ne craignait pas vraiment les vampires rendus fous par le True Blood. Les vampires sains d'esprit étaient bien plus dangereux. La seule chose qui intéressait un vampire fou était le sang. Il suffisait de lui en donner pour le distraire. Hors, Katarina disposait d'une femme remplit d'assez de litres de sang pour retenir une bande de vampires fous-furieux. Et si ça ne suffisait pas, elle avait ses provisions de sang en poche.

C'est à ce moment que le sol trembla. Les meubles vibrèrent légèrement et les vitres en verres tintèrent, mais rien ne se brisa. En revanche, la porte de la banque de sang commença à se refermer. La médium se jeta dessus pour sortir avant de se retrouver enfermée. Katarina ignora le réplique cinglante que lui adressa la médium et attrapa une bonne quantité de poches de sang qu'elle glissa sous sa robe. Puis elle fonça et franchit la porte une seconde avant que celle-ci se referme complètement. Elle se retrouva dans le couloir par lequel elle était arrivée. Ni une ni deux, elle se dirigea vers la porte qui donnait sur l'escalier. Elle avait largement assez traîné dans ce foutu hôpital, il était temps qu'elle décampe. C'est à ce moment précis qu'elle entendit un genre d'explosion venant de l'étage de juste au dessus.

- Mais qu'est-ce que c'est encore que ce vacarme ? Ils démontent l'hôpital ou quoi ?

La vampire hésita entre descendre au rez-de-chaussée et trouver un moyen de s'enfuir pour rentrer dans son repaire, ou aller voir ce qu'il se passe. Hélas, même après sa mort, elle était toujours de nature curieuse. Elle se tourna vers la médium qui semblait perdue dans sa réflexion. Elle posa le pied sur la première marche, hésitante. Les bruits venaient du deuxième étage de toute évidence.

« Non. Tu restes dans la bagnole. Tu bouges pas, point barre. Et si il est urgent et exigé, ta noble présence là bas, alors tu le sauras avant même que je ne doive ouvrir la bouche. Pas vrai ? » Moue boudeuse, le vampire a les yeux baissés. Il a argumenté tout le trajet, mais rien n'y fais. Lorenzo refuse qu'il se mette en danger et d'une certaine façon, Aleksandr n'a pas envie de se montrer. Il se dégoûte, ainsi défiguré par cinq cicatrices argentées, qui brillent dans le noir. L'ancien meneur, d'habitude si bien habillé, a revêtu un pantalon en cuir et un sweat à capuche dont il a recouvert une partie de son visage. Dessous, il porte un masque noir pour se dissimuler. Sans son aura assurée, il ne ressemble plus au prince des Carpates. Un vampire inconnu, étrange, puissant et maudit. Apparence banale.
La portière claque, Aleksandr attend. Il sort son portable et constate qu'il n'y a aucun réseau. Il tourne la tête vers l'hôpital, tend l'oreille en essayant de se concentrer. Son ouïe fine ne distingue pas grand chose de concret, hormis des hurlements, des pleurs et une terreur, une inquiétude, qui excite son instinct de chasseur. Puis soudain, une explosion. Le palpitant sensible sursaute. Il n'a pas eu peur, non, il craint pour Lorenzo. Il ferme les yeux, le sent à l'écart. Avec Ariel. La sirène l'a déjà vu avec ses cicatrices, il n'hésite donc pas longtemps à sortir. En une seconde, il est prêt d'eux et entend la fin des explications. Dissimulé dans la pénombre, il ne s'assume pas malgré le masque. Le massacre est inévitable. Il ne peut pas laisser faire ça, il a encore une dette envers l'une des personnes présentes. Une dette d'honneur. Vladimir lui a toujours appris à les régler. Et quelque chose, d'au moins aussi important, fais jour dans son esprit. « Ils vont dire que c'est ma faute.» murmure-t-il, songeur devant la terreur qui prend l'endroit. Il en a déclenché de pareille, malgré lui il s'en nourrit avec bonheur. Paupières clauses, il inspire et attend l'odeur de sang. Ils doivent entrer, se frayer un chemin jusqu'au lieu de l'explosion et descendre la où sont enfermés les vampires. Ils doivent appeler du renfort. Ou y entrer tous les deux. Aleksandr est un tueur, un guerrier formé, il a mené les guerres des Carpates. Il sait s'y prendre, il a été l'enfant de deux princes vampires. Il prend son amant face à lui et le regarde à travers les deux fentes où l'on distingue ses yeux émeraudes, bestiaux. Il a faim. Ses émotions sont instables, depuis son accident. « Lorenzo. Il gronde. Silencieusement, il lui dit: Tu dois affirmer ta position et rentrer la dedans. On va m'accuser, tu m'as épargné, ça va tout gâcher. On doit régler cette histoire tous les deux. Devant Ariel, il ne craint pas de se montrer tendre. Il sait qu'elle est au courant, et il est sur qu'elle ne dira rien. Il ferme son lien avec Lorenzo pour ouvrir celui avec Ariel. Il a une mission à lui confier, bien que cela ne lui plaise pas. J'ai besoin que tu trouves quelqu'un dans cet hôpital. Elle s'appelle Thaliana, c'est une sorcière brune affiliée au feu, une danseuse des Sept Péchés, tu l'as déjà vue...Elle est la dedans, j'ai une dette envers elle. Paie la pour moi, sauve la. Puis sortez toutes les deux, va jusqu'au club et met toi sous la protection de Dmitri jusqu'à ce que cette histoire soit terminée. Il n'oublie pas ce qu'elle lui a apporté, il n'oublie pas qu'il lui doit la vie ni qu'il lui a brisé le coeur. Conscient de la douleur dont il l'a ravagée, il lui doit au moins cela. Compassion? Non. Il agit comme son oncle le lui a appris. Paie tes dettes avant qu'elles ne t'écrasent sous leur poids.
Il prend la main de son amant et le tire derrière lui et vitesse rapide, l'emmène sur le lieu du drame. Ils sautent sur une fenêtre du premier étage, la brisent et pénètrent dans l'enceinte.

Une minute. Les secondes s’égrainent et voilà qu’une infermière se décide à ramener ses miches dans leur sillage. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Le gamin lance une furtive œillade en direction de son colocataire de chambre. Puis regarde à nouveau Lucky-Luke. L’infermière entre. Lucky-Luke assomme la jeune femme. Tout se déroule si vite que le sale gosse n’a pas réussi à esquisser ne serait-ce qu’un geste. Il est encore sous tranquillisants et antidouleurs, et sa réalité dénote sans doute fortement du commun des mortels. Une crise, il ne manquait plus que ça. Super-man est énervé. Aloïs qui avait jusqu’alors réussi à la fermer, ne manque pas de soulever la bravoure de l’acte. En ricanant puis en applaudissant. Suicidaire ? Non, pas tout à fait. Juste complètement défoncé. Bravo, Lucky… Bravo.
Sauf qu’il se stoppe quand l’inconnu le choppe et le plaque contre le mur. Un canon froid et dangereux presse son front tatoué. Une remarque, un œil mauvais. Aloïs esquisse une moue désolé, une mine de chien battu. On lui pose une question, il s’ose à ouvrir la bouche. Trop tard, le mec en face lâche son flingue avec une grimace surprenante. Aloïs écarquille ses prunelles vertes et vitreuses. Et le malade encore sur son lit d’hôpital clôt ses paupières, à l‘autre bout de la pièce. Rapide équation. Impossible, les neurones ne parviennent pas à se connecter.
Il inspire une bouffée d’oxygène et une explosion retentit. Suivit de quelques cris, complaintes, ordres donnés à la va-vite. Plus de lumière. Le noir. Et le rouge. Aloïs sourit. Il se décale, tâte à l’aveuglette afin de prendre les fringues sur la chaise. Les vêtements de son compagnon de chambre. Il n’en a plus besoin. Le clown tatoué ignore où on a foutu les siennes, il n‘a pas la force de chercher davantage. Il doit partir, les flics pourraient lui tomber dessus sachant qu‘il s‘est réveillé. En plus de n‘avoir quasi plus de souvenirs de ce qui lui est arrivé, il a un sacré casier, du piratage informatique récent et délicat à son actif, et une infermière inconsciente à terre. De quoi lui remettre les idées en place. Se penchant en couinant, il couvre ses fesses du jeans. Trop grand pour lui. Tant pis. Il serre la ceinture. Et attrape la chemise.
Lucky-Luke se remet de sa stupeur, en examinant sa main. Dans le noir ? Ouais, dans le noir. Seuls les rayons absurdes et criards et écarlates, leur offrent une pâle lueur. Il retire la sexy-nuisette. Et décide de mettre la chemise. Un bras, il tente d’enfiler l’autre. Aloïs gémit, et vérifie que son pansement ne se fait pas la belle. Il est moite. « ’Chier. » Crache t’il tout bas. Il saigne, le dissimule. Il crispe les mâchoires et finit par boutonner le tout en s‘approchant de la porte. Il rentre à moitié la chemise dans son pantalon, et ne ressemble définitivement à rien. Ses baskets sont à l’entrée. Juste à côté des chaussures du malade qui dort. Un pied, puis un autre. Le merdeux s’accroupit et emmêle plus qu’il ne fait les lacets. Il entrebâille la porte en se redressant. « Faut se casser d’ici. » Aloïs se retourne, lorgne une fraction de seconde le roi de la gâchette et hausse les épaules.
Les deux hommes s’extirpent de la salle. Des bruits de pas, de course. Il avance, précautionneusement. La montée d’adrénaline l’empêche de chanceler sur ses hautes guibolles. A droite, le bordel. A gauche, un silence de mort. Les deux crétins sont d’accord sur une chose, ils iront à gauche.
A peine a t’il compris qu’une marée humaine se dirige vers eux, qu’une brunette se dessine devant. Il stoppe, fronce les sourcils. Les va-et-vient incessant de la lumière rouge lui explose les rétines. Pourtant, cette frimousse lui est familière sans l’être. « T‘es pas genre... la…» Les doubles portes au bout du couloir s’ouvrent et il n’est plus temps de réfléchir. « Putain. » Il la choppe par le bras, la tire. Non, il ne la prend pas pour une prostituée.
Et la fine équipe très mal assortie s’engouffre dans la cage d’escalier. Direction un étage plus bas.

Entre ses mains, le métal de l'arme lui brûle soudain la paume. Mais... L’incompréhension se mue en une insulte totalement déplacée tandis qu'il lâche l'automatique. Elle ne tombera pas par terre, son esprit entrainé vient déjà de la récupérer avant qu'elle ne s'écrase sur le sol. La réplique cinglante de l'autre et son aura de sorcier...Sherlock Holmes fait tilt dans son cerveau, putain de magie, mais Julian n'a pas le temps de s'attarder plus longtemps sur la question. Au loin, une explosion retentit et presque aussitôt, les lumières s'éteignent. Ou presque. Entre ses mains, le tatoué s'échappe...quelque part. Julian maugréé juste sa colère en agitant sa paume comme si le courant d'air pouvait le guérir. Puis il se retourne face au responsable désigné, les dents serrées. Des têtes vont tomber.

Ou pas. La lumière de la lune qui filtre par la fenêtre et les veilleuses rougeâtres éclairent une forme inanimée. Machin est tombé dans les pommes apparemment...Eh bien, voilà qui est loin de déplaire à Lannister, qui se désintéresse illico du drôle et reporte son attention sur l'autre. Celui-là se rhabille à vitesse grand V. « Faut se casser d’ici. » lâche le gamin. Reconnaissons qu'il a là une bonne idée, mais à une nuance près. Le gamin se casse d'ici pour aller où il veut, et lui partira de son côté. C'est pas parce qu'ils ont partagé une chambre dans le noir qu'ils vont partir main dans la main, qu'on se le dise.

- Fais ce que tu veux, réplique le chasseur, avant d'enjamber la silhouette inerte de l'infirmière et de sortir à l'extérieur.

Son arme vient de revenir dans sa main, et il approche ses doigts avec précaution. La chaleur semble être partie. Parfait. Maintenant, sa priorité est de retrouver son frère, et ensuite, il avisera. Seulement voilà, une arrivée imprévue d'un des couloirs adjacents le force à prendre le même chemin que le jeune fuyeur. Docteurs, patients, policiers peut-être...? Les deux ne perdent pas de temps à découvrir la vérité et se ruent de l'autre côté. Un couloir, deux couloirs...Julian n'y voit presque rien et manque de s'étaler par terre une ou deux fois. Et puis soudain, le gamin croise une femme et l'embarque. L'ainé des Lannister un peu à la traine entraperçoit à peine l'inconnue.

Dans l'escalier, il les rattrape et c'est à ce moment que son regard se pose sur la nouvelle venue. Il la choppe par le bras à son tour, alors que l'autre la tient toujours. Déchirée, je suis une femme déchirée... Un peu malmenée quoi, mais Julian n'y fait presque pas attention.

- Putain Dresden...Mais...Non, je vais même pas te demander ce que tu fous là.

Et aussitôt, il l'entraine, sans s'attarder sur le fait qu'elle a du très certainement remarquer l'arme dans sa main. Arme qui ne fait pas vraiment partie du kit du petit journaliste. Qu'importe. Le trio de loosers passe finalement les portes et débarque au premier étage. Et alors qu'ils s’engouffrent dans un couloir, deux silhouettes se dressent soudain sur leur chemin. Impossible de ne pas voir leur aura...Ni une ni deux, Julian lève son arme vers le plus proche et le bloque de sa télékinésie. Fait de même pour l'autre. Et c'est à cet instant précis qu'il distingue enfin les traits de sa cible...

- Et merde...

Pas tellement pour le fait de l'avoir visé, mais plutôt parce ce qu'il aurait envie de tout, ou presque, sauf de voir ce type à cet instant précis. Depuis quelques semaines, depuis qu'il a dérapé avec elle précisément...Coucher avec une vampire sérieux, la honte pour un chasseur. Et voir ces deux-là réveille et attise sa colère. Un coup d’œil mauvais pour celui tout de noir vêtu qu'il ne reconnait pas, avec un masque étrange en prime...Julian s'en désintéresse, revient à l'autre, tout en gardant son arme braquée et son pouvoir activé.

- Llywlyn, putain, c'est toi le responsable de ce bordel?

Aleksandr n’a pas obéit. Lorenzo roule les yeux au ciel. Penser une seule seconde qu’il allait courber l’échine si facilement… C’était trop beau pour être vrai. Il écoute, il observe, il enregistre. Mais fondamentalement, n’en a strictement rien a cirer. Un possible massacre dans l’enceinte du bâtiment, ouais, et alors ? Les vampires infectés seront exterminés. Quoi de plus ? Rien. La cause de ce délire n’est pas encore connu. Et il ne s’occupe guère des civils encore vivants. L’ordre et la discipline, oui, mais seulement dans ses rangs. Du sang, du sang. Beaucoup de sang. Il soupire, réfléchit, en se mordillant la lippe d’un air songeur. Rien à foutre, lui dicte sa conscience. Bouge ton cul, lui chuchote la voix de la raison. Ou peut être est-ce Aleksandr. Ou peut être le regard inquisiteur, aux sourcils froncés, que lui lance Ariel.
Avant qu’il ne puisse répliquer quoique ce soit, Aleksandr l’a embarqué et il fait un petit signe de la main à son poisson préféré, en partant. Juste pour la forme. Pareil à un gamin qui devrait aller à l’école.
Les vampires pénètrent dans l’hôpital. Souplesse féline, ils agissent à l’unisson, guidés par ce lien absolument contre nature. Les deux monstres déambulent dans les couloirs, reniflent et captent la plus infime variation. Trouver les sangsues qui dégénèrent, le but ultime de cette escapade. Premier étage, plutôt calme.
Des pas précipités, le silence. Trois silhouettes qui se dessinent dans la semi-obscurité. L’une d’entre elle lui est familière. T’as vu ça, on a de la compagnie bébé. Dit t’il, soudain excité, à Aleksandr. Ses instincts de chasseur refont surface, et l’agitation et les parfums mortels qui se diffusent dans l’atmosphère aiguisent fatalement ses macabres pulsions. Lorenzo ne stoppe pas, et un sourire se dessine lentement sur sa frimousse aux attraits trompeurs.
Un pouvoir les bloque. Les immobilise. Ils pourraient résister un temps soit peu à cette attraction de malheur. Mais ce serait gâcher le jeu.
Le Lannister-looser pointe son flingue sur lui. « Et merde… » Et Lorenzo, tel un chat observant un joli et grassouillet petit moineau, penche sa frimousse de côté. Le sourire s’élargit et les canines se révèlent, sans honte ni pudeur, à la face des trois individus. « Llywlyn, putain, c'est toi le responsable de ce bordel? » Demande l’impudent. Lorenzo hausse les épaules, de cette grâce et nonchalance mêlées qui lui sont propres. Tout bonnement scandaleuses. « Pourquoi aurai-je pour ambition de me mettre dans l’embarra ? Tu crois que ça m’éclate de venir liquider moi-même, des membres de ma race ? » Un sourcil qui s’arque et un ricanement discret. « Baisse ton arme. » Le maître vampire se retient d’ajouter la suite. Et ne m’oblige pas à user de mes capacités pour te punir, Lannister.  La réplique, le démange. Il désigne ensuite, d’un vague mouvement de menton. « Tu joues à la baby-sitter maintenant ? T’as donc pas assez à faire avec ton frangin.  » Il enchaîne aussitôt, avec une moue à faire fondre les cœurs. « Mais dis moi, il est où le petit dernier ? Tu l’as perdu en route ? »

Les deux monstres ont bougé. Ils sont arrivés d'un bond au premier étage, sans se presser. Ils sont entré en brisant une vitre et se sont mis à avancer dans la pénombre du couloir comme en plein jour. Nyctalope sont les vampires et les ténèbres rassurent l'ancien meneur. Personne ne le verra sous son masque. Personne ne le reconnaîtra. Au fond, peu connaissent sa voix alors il peut même se laisser aller à quelques ordres bien placés. Les deux corps se meuvent avant de tomber sur trois autres. A l'odeur, une humaine, un Lannister et...Un loup-garou. Le corps d'Aleksandr se tend, réflexe du à l'attaque qu'il a subi. Il inspire, un tremblement imperceptible lui parcourt le corps alors qu'il sent l'odeur connue et haït sur sa peau. Lui. La pleine lune approche, le gosse dégage des effluves que le vampire reconnaît. Et son sang empeste, il n'a pas été mordu par n'importe qui. Aleksandr ne bouge pas mais fixe de ses yeux verts le jeune garçon en face de lui. Il en oublie le Lannister, il ne s'intéresse même pas à l'humaine. Quant à Lorenzo, il sait pertinemment ce qui arrive à son autre. Alek retient ses muscles, retient cette bête qui hurle en lui, exige de se transformer en loup noir pour massacrer l'oeuvre de son morbide créateur. De celui qui l'a réarrangé en poupée macabre, poupée cassée. Il connaît sa saveur sur le bout des doigts. Il connaît sa fragrance. Son ennemi suprême.
Ses doigts bougent sur son flingue, semblent trembler d'impatience. Balle en argent. Ca le tuera sur le coup. Détruire ce qu'il créé. Une partie du vampire a mûrit suite à son accident, une autre à régresser. Il se fiche du monde autour tout comme des répliques cinglantes échangées entre le maître et le chasseur. Comme hypnotisé, sa conscience occupée à retenir ses pulsions, il disparaît pour apparaître derrière le petit loup. Il lui attrape le bras, pose sa main sur son flanc. Il porte le doigt entre ses lèvres après l'avoir passé sous son masque. Alek inspire encore cette odeur, il sent sa pupille intacte défaillir. Il a envie de pleurer. Il sent son impuissance, revit son accident. « Qui es-tu? » Un murmure. Son accent russe est à couper au couteau. Sûrement reconnaissable. Il se sent attiré, fasciné. Un frère dans sa tourmente. Il suce son doigt avec bonheur. Il goûte ce sang mêlé, empoisonné. Il aime. Il ferme les yeux. Ce loup, il le veut. Les contaminés, les morts possibles, les accusations qui pèseront contre lui, plus rien ne l'intéresse. Sauf lui.

Spoiler:

Stop. Les corps s’immobilisent à l’approche de nouvelles silhouettes. Puis ce sont aux nouveaux venus de ne plus se mouvoir dans l’espace. Etranges, les deux êtres ne sont pas humains. Fauves. Aloïs serre plus fort le bras de la jolie brunette. Malgré les médocs, une douloureuse appréhension lui tord les entrailles. Les créatures en face le font frémir. Instincts qu’il ne saisit pas, qu’il n’a jamais expérimenté. Il tournerait bien de l’œil, si ça pouvait l’aider. Lucky-Luke sort son flingue et le pointe sur les deux adolescents aux airs de panthères. Les prédateurs les lorgnent et le clown tatoué voudrait dégager, immédiatement. Définitivement.
Quelques remarques cinglantes fusent, de ci, de là. Sa cervelle embrumée, enregistre toutefois le visage et les attitudes. Elle enregistre le moindre petit détail sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Mémoire absolue.
Sur le qui-vive. Figures déformées ou dissimulées. Hallucinations auditives, ou quelque chose s’en approchant. Il bat des cils, sa vision se brouille. Montée ou descente fulgurante d’adrénaline. L’obscurité l’avale. Envie de dégobiller, son estomac est pourtant vide. Il n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive, qu’une main glaciale se faufile sous la chemise trop large, qu’il a emprunté. Et on appuie sur sa blessure. Ses mâchoires se compriment, il s’étrangle. Ses agrafes vont céder, peut être ses tripes s’éparpilleront t’elles sur le carrelage. Un peu plus, et Aloïs pourrait en rire.
Un souffle caresse sa nuque, il se crispe. Ses nerfs se tendent et il n’a pas le courage de tourner la tête pour affronter le psycho-taré ; situé juste dans son dos.
Une question, un accent prononcé. Russe. « Qui es-tu? » Un va te faire foutre, serait de rigueur. Mais Aloïs aime faire dans l’originalité. Ou plus exactement semble avoir un débit de conneries frôlant admirablement bien la non-limite. « Je m’appelle… » Suspense, il chuchote. Sur le même timbre, la même fréquence que son interlocuteur. « Bond. James Bond. » L’énormité a été dite. Fier de lui ? Non. Sa frimousse tuméfiée demeure scrupuleusement identique, à celle qu’il exposait il y a de cela une minute. Regard amorphe, et traits placides. Le feu d'artifices est dans son crâne. Les pétards roulent sur sa langue agile. You rock, babe. Lui crachouille sa conscience déglinguée.

Spoiler:

Comme à son habitude, Llywlyn est agaçant d'insolence et de sarcasme, et Julian sent son sang bouillir dans ses veines. Dégénéré à deux balles, je vais te faire la peau, tu vas voir. Respire. L'ainé des Lannister ravale sa colère et se laisse aller à un petit rictus qui signifie clairement: "oui, je pense que tu en es capable, espèce de tordu.". Le vampire impossible exige et enchaine, provoque sur le visage du chasseur une moue d'agacement sans bornes. Llywlyn achève sa patience, et l'homme est incapable de le dissimuler. Et puis il desserre les dents.

- J'ai laissé le petit devant les dessins animés à la maison, t'inquiète. réplique-t-il sans abaisser l'arme.

Totalement ignorant que son frère a téléphoné déjà au vampire, mais que ce dernier le croit ou non l'importe peu. Son autre main enserre encore le bras de Lilas, qu'il n'a toujours pas lâchée et qui doit se trouver très perdue entre les quatre mâles. Puis doucement, il abaisse l'arme...pas trop vite. Et pendant qu'il s'exécute, il considère Llywlyn.

- Désolé pour l'arme, ironise-t-il, on sait jamais, si tu faisais partie des contaminés, j'aurais du agir, tu comprends...

Pas le temps d'en rajouter plus, le vampire inconnu bouge soudain, se défaisant de son emprise, et apparait derrière le jeune tatoué. Se colle à lui. Aussitôt, Julian tourne la tête. « Qui es-tu? » Le chuchotement n'est pas assez ténu pour dissimuler l'accent russe horrible...Un accent pas si inconnu que cela. Un coup d’œil à l'aura proche, et décidément...trop de coïncidences. Julian lève un sourcil, surpris.

- Konstantinov...? Incrédule qu'il est. Qu'est-ce que tu fous avec ce masque et cette tenue...?

La soudaine affinité du vampire pour le petit à l'aura étrange, et les réponses suicidaires de celui-ci ne l'inspirent guère, alors intuitivement, Julian se concentre sur la poigne du tatoué et l'oblige télékinétiquement à lâcher Lilas. Puis il tire la jeune femme vers lui et la place dans son dos, avant de se retourner à demi vers elle.

- Tu devrais aller dans un endroit sûr, ça va vite venir dangereux.

Un regard pour les autres vampires.

- Enfin, sauf si ces messieurs ont déjà prévu un plan génial pour arranger la situation... Regard coulant vers James Bond et le masqué. Konstantinov, est-ce que c'est vraiment le moment?

Bond. James Bond. Interdit, le vampire observe la nuque du futur loup. Il cligne des yeux, une fois, deux. Humour? Il n'a pas envie de rire. L'insolent le provoque, peut-être sciemment. Peut-être sait-il tout, peut-être est-ce le nouveau tourment du salaud qui a gâché son existence -dit celui la même qui a massacré femme et enfant de l'originel. La main du vampire se crispe sur la hanche blessée, ses ongles grattent les agrafes, et l'une saute déjà. Un peu plus de sang coule entre ses doigts. Son membre s'est durcit, mais rien d'anormal. Le psychotique bande toujours lorsqu'il fait couler le liquide vermeil. Il bande face à la mort et au danger.
Alors le Lannister s'en mêle. Il pose une question, il l'a reconnu. Cela suffit à ramener le vampire sur terre. Il ne tourne pas le regard vers le chasseur, n'a aucune réponse à formuler. Il sait que si un ennemi le voit ainsi, il s'en servira impitoyablement contre lui et il refuse de se montrer faible devant l'ennemi de son unique amour. Et le sien, par extension. Alors il se concentre sur le petit loup. « Dis moi qui tu es! » s'exclame-t-il, perte de contrôle. Encore une fois, l'incérébré lui sauve la mise. Est-ce vraiment le moment? Oui. Il n'y a pas de meilleurs moments. Les cris, la panique, qu'il sent pulser dans ses veines, rien ne compte plus que ce qu'il a entre les doigts. Il est à lui, sent, sent! Il est à lui...Je peux jouer pas vrai? Je peux... Il implore son amant, silencieux. Il tient toujours le loup contre lui lorsqu'il répond à Julian. « On a un plan et il est simple. Va jouer à la poupée et dégage du chemin. » Agressif comme il ne l'a jamais été, Aleksandr est instable, détruit de l'intérieur. Il a perdu ses repères, ses façons de faire. Animal, il gronde en resserrant sa prise sur le loup dont il ignore le nom mais qui le fascine à outrance de part son lien avec le tortionnaire. Ses cinq coups de pinceaux le démangent. Ses doigts caressent la peau nue de la nuque. Il souffle. « Je le saurais tu sais... » Il prévient. Sa voix est caressante désormais, comme elle ne l'a plus été depuis des semaines. Il regarde Lorenzo. Il bande toujours, il veut sa dose de sang. Presque heureux. Presque. La terreur, les cris, se font entendre à nouveau. L'appel suprême. Lunatique, inconstant. Il passe d'une extrême à l'autre en moins d'une seconde. Il donne l'impression d'être arriéré, crétin décérébré. On va manger? demande l'immortel adolescent à son autre, relevant à peine le regard pour croiser le sien. Il sourit. Invisible sous le masque, il sait que Lorenzo comprend.

Va chercher la nana, tu l’as déjà vu, qu’il dit ! Bah tiens, c’est facile ça, retrouver une fille qu’il aurait éventuellement baiser reviendrait à chercher une aiguille dans une motte de foin. Autant passer tout Shreveport au peigne fin, on serait plus vite rendu. Ariel fulminait, allant et venant sur le parvis de l’hôpital. Que faire ? Entrer, faire ce qu’Aleksandr lui avait dicté au risque de se faire trouer le corps de balle en argent au moindre mouvement brusque ? Ou rebrousser chemin et aller se mettre à l’abri à l’appart ? Non décidément, Ariel ne pouvait se résoudre à fuir, ce n’était pas vraiment dans son tempérament, c’était bien connu, lorsqu’il y avait danger, elle se trouvait toujours dans les parages, cela ne loupait jamais. Frôler la mort la grisait au plus haut point, et sans qu’elle s’en rende réellement compte, une boulimique du risque, voilà ce qu’elle était.
Sans compter que c’était la toute première fois où, dans un moment critique, on ne la sommait pas de rester à l’écart. Alek lui donnait une mission, et cela la motivait d’avantage, aussi irréalisable soit-elle.
Bien, alors si elle ne fuyait pas, il ne lui restait plus qu’une solution : entrer. Elle avait bien tenté la voie principale mais ces connards de flics ne voulaient rien entendre. Remarque, elle aurait dû s’y attendre, naïve comme elle était, elle avait penser qu’on la laisserait passé seulement parce qu’elle était doté d’un joli mignon et des jambes à tomber par terre. Mignonne petite fille, il faudra qu’elle apprenne un jour que les fraises tagada ne poussent pas dans les arbres et que les licornes n’existent pas.
Bref, il fallait désormais trouver un moyen de pénétrer dans l’enceinte du centre hospitalier, aussi décida-t-elle de ne pas trop se casser le cul et de suivre le chemin qu’avaient emprunter Lorenzo et le russe. Une fenêtre au premier étage, cela faisait l’affaire et on ne peut plus accessible pour vampire. Elle escalada sans mal le mur en ciment et s’engouffra dans une chambre, la rumeur du couloir remonta aussitôt jusqu’à elle. On s’agitait fortement par là-bas. « Qui es-tu? » Ariel reconnu sans grand mal la voix d’Aleksandr, puis retenti celle d’un inconnu. « Je m’appelle…Bond. James Bond. » Ariel ne pus réprimer un rire. Cela n’avait strictement rien de drôle puisque ce gars là allait probablement se faire arracher la tête, ou la langue ou bien quelque chose d’autre auquel il tenait vraiment, mais Ariel appréciait se genre de plaisanterie. Néanmoins, elle cessa lorsqu’un autre homme se mit à parler, elle connaissait l’identité de l’interlocuteur, elle le connaissait même en profondeur, et c’était bien cela qui la gênait. Julian Lannister. Konstantinov, est-ce que c'est vraiment le moment? Sérieux ? Le fouille-merde l’appelait « Konstantinov » avec cet air si dédaigneux. Non mais pour qui se prenait ce gars ? Ariel fronça les sourcils, toujours dissimulée dans la chambre adjacence au couloir où se déroulait toute l’action. « On a un plan et il est simple. Va jouer à la poupée et dégage du chemin. » Le cœur d’Ariel se mit à battre la chamade, elle angoissait de ce qu’il pouvait se produire. Elle ne connaissait que trop bien son sire, elle savait qu’il était instable, qu’il perdait facilement le contrôle de lui-même et il était en train de sombrer dans la folie, ou était sur le point de le faire, d’une minute à l’autre. C’est là qu’elle décida de se montrer, elle déboula dans couloir et assista à la scène. Aleksandr tenait un jeune homme contre lui et menaçait de lui ouvrir la nuque. Merde. Julian tenait un flingue, cela aurait tôt fait de dégénérée. Mais Ariel était impuissante, aussi se contenta-t-elle d’attraper le poignet de Lorenzo à côté d’elle et de serrer de toutes ses forces, le pressant silencieusement d’intervenir. Elle avait peur pour Alek, aussi étrange que cela puisse paraître, elle était terrorisé de le voir ainsi, enragé et proche de l’aliénation, comme elle redouter de voir une balle d’argent se ficher en plein dans sa poitrine. « Alek, fais pas ça ! » hurla-t-elle sans s’en rendre compte. Les yeux humides, elle étreignait plus fortement le bras de Lorenzo.

« BRIS! ON NE BOUGE PLUS ET ON SE CAL...»

Dans la cohue et le vacarme environnement, le cri de l'Officiel ne fut entendu, chacun hurlait en effet de son côté. Telle une ruche totalement désordonnée, perdue dans la panique la plus totale, l'instinct de survie de ces pathétiques humains les guidait. Alors ils ignoraient leurs compatriotes et, parfois, les bousculaient.
Mais, lorsqu'ils virent les hommes d'armes en tenue officielle, contrairement à ce que ces derniers pensaient sans doute, la peur ne fit que s'accroître, si cela était possible. Ils tentaient de fuir, de s'en aller, de survivre. De survivre à quoi ? Darius chercha, et remarqua alors une créature bien plus lente que ces humains fébriles et débordants d'une énergie qui conduirait à leur perte. Une créature couverte de sang, un vampire. Il savait qu'ils avaient été enfermés à la morgue, mais rien n'avait été fait pour les libérer, sauf peut-être son explosion ? Etait-ce ça ? Il en doutait, le sort qu'il avait placé sur le chewing gum était minime, s'il l'avait mal calibré, il devrait s'en méfier pour la prochaine utilisation. Le sorcier n'imaginait pas un instant être capable de créer une telle déflagration, sa magie était encore trop faible, du moins ses pensées lui intimaient un tel dénigrement.
Qu'importait l'explosion ou les trames de la morgue.

Planté au milieu de la foule, il murmura un sort détournant l'attention des humains. Si on le regardait, on ne le suivrait ou ne se poserait de questions, rien. Après tout, il demeurait presque incognito, Bob Donovant était encore plus insignifiant qu'une feuille morte. Mais il n'irait pas à prendre de risque, ainsi il siffla entre ses dents : « Vitres, explosez» Et, alors que la foule vint à se protéger des éclats de verres qui venaient, étrangement et instantanément, d'exploser en un violent vacarme, Darius pénétra dans la cage d'escalier, et gravit les étages. Les gens, bien sûr, ne firent attention à lui.
Paranoïaque et consciencieux, le jeune homme pensa qu'il risquait d'être poursuivit, à tout moment, soit par des humains, badauds ou autorités, soit par des vampires attirés par la magie coulant dans ses veines. Il devait pallier à tout les risques et, ainsi, à chaque virage, ordonna aux rampes des escaliers de barricader grossièrement les escaliers. Les barres de fer se détachaient du mur et, en un coude informe et anormal, barrait la route à l'étage supérieur. Rien de bien grave, rien de bien encombrant, mais un humain aurait vraiment du mal à passer. Quant aux autres espèces, ils n'auraient aucun problème. Vraiment.

Il vint à passer le deuxième étage, dans un escalier désert où ses pas résonnaient, quand soudain son téléphone sonna. Non le sien, toujours sur vibreur, mais celui de Bob Donovan. Le réseau serait-il revenu ? Darius s'empressa de récupérer le combiné dans sa poche et de le faire taire, mais le mal était fait. Profitant de l'écho, l'éclat strident de la mélodie électronique avait parcouru les murs aseptisés de la cage d'escalier, et avait ainsi alerté les étages. Un téléphone qui sonne, cela surprendrait, non ? Le sorcier, habitué à son vieux téléphone simple, n'arrivait pas à éteindre la bestiole. Alarme était inscrit en gros, tout comme «Verrouillage automatique, veuillez maintenir # pour...» Mais il n'y avait pas de dièse sur ces écrans tactiles !
Il chercha à comprendre, en vain, comment essayer de faire taire le monstre métallique. Il devait donc s'en débarrasser. Mais, en fouillant dans cet iPhone abandonné, on trouverait des indices quant à Bob Donovan. Si Bob et lui n'étaient en aucun cas reliés, le sorcier se devait de prendre toutes les précautions possibles. Alors, il était impératif de s'en débarrasser d'une manière relativement détournée. Il enchanta ainsi le téléphone, l'obligeant ainsi au prochain contact à avoir un surplus d'électricité, grillant toutes les données et électrocutant légèrement au passage celui qui le prendrait. Puis, il effaça toutes les traces de gras sur l'appareil, enlevant toutes les empruntes digitales, ou n'en laissant que des plus que partielles, et se rendit quelques marches plus bas, face à la porte fermée du second étage.

D'une poussée magique, il ouvrit les portes coupe-feu et, tel un glorieux joueur de curling, il propulsa l'appareil beuglant son Alarme -mais pour quelle raison le Bob avait-il mis le réveil si tard dans la nuit ?- dans le sombre corridor perlé de lueurs rougeoyantes. Enfin, il lança l'ultime injonction :

« Portes, fermez-vous, et que rien sans mon consentement cet ordre ne change.»

En un claquement sonore et brutal, l'ouverture fut scellée et Darius se remit en quête d'atteindre le troisième étage, avalant quatre à quatre les marches. Pour gagner du temps et pour intimer aux personnes du deuxième, si des êtres erraient à cet étage, qu'on avait tenté de les enfermer ici, il n'obstrua pas le chemin menant au troisième en manipulant les rambardes.

Spoiler:

Un peu plus loin de ma position, dans ce couloir assombri et empourpré, il y a une forme assise par terre. Pas un bruit. Je me crois presque dans un de ces films où les formes enchevêtrées sur le sol sont des menaces parmi les pires. Je tiens fermement la bombe de désinfectant, et mon autre main fouille dans la poche de mon jeans... Quand tout à coup, la porte du bout du couloir s'ouvre. Je me cache derrière un chariot où j'attrape une paire de ciseaux, toujours utiles. Deux silhouettes courbées, tordues, glissent dans la pénombre. Menaçantes. Je crois deviner à leur posture qu'elles sont armées, mais impossible d'être sûre... Elles se mettent elles aussi à couvert une fois le corps inerte repéré, et s'annoncent comme étant du BRIS.
Je suis tentée d'y croire mais inutile de les interrompre, d'autant plus que la forme près du mur se met enfin en mouvement et dès lors, tout s'enchaîne très vite. Les plaques et les objets posés sur mon abri de fortune. Une porte près de moi claque, me fait sursauter, on plateau tombe un peu plus loin... Il ne m'en faut pas plus pour déguerpir, avec dans mon oreille la voix de la jeune fille : une sorcière qui a pété un plomb.

Dans ma course je passe devant des chambres où les patients s'agitent, alarmés, en proie au doute et à l'impuissance. Certains me hèlent quand je passe, mais je ne ralentis pas, rien à foutre. De toute façon je n'ai pas de réponses. Brusquement je heurte à un corps qui me retient, une main refermée sur mon poignet. Lui. Le type que j'ai amené là, qui se trouve enfermé ici par ma faute, seule alternative à se voir crever la gueule ouverte dans le caniveau où un carton en bagnole a failli le laisser définitivement. J'aurais pu lui répondre, mais l'autre silhouette non loin de lui, ou plutôt la chaîne qu'elle porte au cou et que je reconnais pour avoir fait une remarque dessus un jour moins merdique, accroche mon regard comme si je voyais subitement le messie ou une connerie du genre. Julian Lannister. Enfin une putain de tête connue dans tout cet immense merdier, et pas n'importe laquelle : celle d'un type sur qui je sais des choses foutrement utiles que bien des gens ignorent probablement. Le flingue dans sa main est à ajouter à la liste de ces infos sujettes à interprétation.
J'esquisse un mouvement vers lui, ignorant passablement celui qui m'agrippe, mais dans un grand bruit, une marée humaine déferle dans notre direction, et je suis emportée par un courant fait de deux tierces personnes. Tout ce que j'ai la présence d'esprit de faire tient dans le rangement de mon arme de fortune dans mon sac.
Dans les escaliers, on s'arrête, je n'ai même pas le temps de remettre mes idées en place. La main libre de Julian étire mon autre bras dans la direction inverse de celle prise par le premier, ces tanches manquent de me déboîter l'épaule, et je ne cherche pas à bloquer un cri de douleur sous forme d'insulte. Je ne supporte plus qu'on me brutalise comme ça. Déjà que j'avais les nerfs bien échauffés, les voilà mis en pelote à cause de leur bouffonnerie. Je lève les yeux vers le pseudo-journaliste qui commence à me parler comme s'il réalisait soudain que j'étais autre chose qu'un pantin qu'on trimbale pour une raison x ou y dont tout le monde se fout. Mais là encore, pas moyen d'en caser une, il ne finit pas sa phrase, tire probablement des conclusions qui sont les siennes et qui probablement n'ont d'intérêt que pour lui, malgré le fait que ça me concerne. Jamais je n'aurai été aussi heureuse de le voir et jamais je n'aurai eu autant envie de lui aligner deux grandes baffes. Mon coude émet un craquement, je gémis, et les voilà qui m'embraquent au premier étage avec l'amer sensation de revenir à mon point de départ, de plus en plus près des trucs dégueulasses et alarmants que j'ai entendus plus tôt.
Sauf que, tout de suite après, arrêt sur image. Nous sommes trois, ils sont deux : nous sommes cinq dans un bout de couloir du premier étage et en face de nous, il y a quatre yeux luisants qui nous flashent comme un putain de radar, laissent la même impression de te faire choper à sec. Deadline.

Une seule pensée qui me transperce, un seul mot : vampires. Grillés par leur indescriptible similarité d'avec ceux que j'ai moi-même torturés ou détruits. Une bouffée de haine fait bouillir mon sang, soudain. Mes poings se ferment, fébriles.
Alors que la main du tatoué se serre sur mon bras, voilà que mon collègue de boulot fait de même tout en jouant au ping-pong avec l'un d'eux. Je n'ai aucune idée de qui ils parlent, je n'en ai strictement rien à foutre. Ces gens qui s'envoient des pets de mouche comme des gamines de cour de récré quand on est dans une merde aussi noire que celle-là, ça a toujours eu le don de me faire voir rouge. Pour un peu, j'aurais voulu leur enflammer la gueule d'un coup, ou hurler quelque chose comme « vous allez les fermer vos suceuses espèces de gros trous d'cul ». Et pourtant je reste muette : l'autre type, celui qui ne dit rien, celui dont on ne voit pas le visage, m'impressionne. Bien plus que l'abruti qui trouve opportun d'ouvrir sa grande gueule, bien plus que le flingue dans la main de Julian qui tout à l'heure me rassurait, et m'indiffère désormais. C'est dans le silence que se cache le pire, c'est une chose que j'ai apprise par cœur. Le silence et les cris appartiennent aux déments, entre les deux, il n'y a que notre médiocrité.
Je n'ai pas le temps de le voir se déplacer qu'il est déjà là, tout à côté de moi, et la première certitude qui m'en vient est sa présence froide comme la mort. Cette force étrange qui fait se hérisser le duvet sur les bras de n'importe qui, une forme d'excitation malsaine vers laquelle mon corps se tend et devant laquelle mon esprit se rétracte. L'odeur du vampire m'apparaît comme un standard caractéristique, déclenche les décharges d'adrénaline, mes nerfs sous tensions pulsent avec mon cœur gonflé à bloc. V. V. V. Jamais encore l'écho n'avait été aussi fort depuis que mon sevrage a commencé.
Mon éclopé se fige totalement. Sa poigne raide est une prison, dont le mouvement inverse paraît horriblement artificiel tandis que la sangsue susurre des saloperies dans son cou. La proie serre les dents, mon palpitant a un raté quand sur l'avant-scène de mes pensées emmêlées, une seule idée, fixe, aveuglante, s'impose : je veux voir brûler cette carcasse gelée. Là. Maintenant. Y mettre le feu.
Le patient est un obstacle, Julian en devient un aussi en me repoussant derrière lui, ses paroles s'infiltrent dans le maelström qui hurle dans mon crâne en balayant tout le reste. Un endroit sûr ? Je suis incapable d'articuler, pourtant intérieurement je hurle. De quel endroit sûr tu parles pauvre cloche, emmurés vivants comme on l'est en si charmante compagnie ? Si tu m'avais laissé en caser une, j'aurais pu te le dire, moi, qu'on se rapproche du pire à chaque pas. Mais tu m'en as pas laissé le temps. Ni toi ni personne d'autre. Vous êtes tous là occupés à vous mettre joyeusement des claques, la bouche en cœur, la caboche vide, les yeux révulsés pour ne regarder que votre nombril.
Violent geste du bras, je m'arrache à sa maîtrise, mes bras jetés autour de son cou. Un coup d'ongle, l'attache d'une chaîne autour de sa nuque saute, l'objet est arraché à son porteur.
Distrait, un peu, un réflexe peut-être : le vampire est si hypnotisé par son quatre heures que je parvient à sauter sur son dos, genoux bloqués sur ses hanches, et l'étrangle vigoureusement avec l'épais lacet d'argent, feulant comme une enragée. Je serre, de toutes mes forces, je serre : la chaîne glisse sur la peau qui ne veut pas faiblir autant qu'une autre, la fendille par ma hargne. Excitant - la préciosité recluse dans ces chairs-là se mérite. Parfum d'éternité, quelques rubis éclosent et sauvagement leur fragrance emplit mes narines. J'envoie un coup de pied dans le derche du pauvre benêt planté là qui attendait de se faire bouffer. James Bond. Mon cul.

Spoiler:

Folie furieuse. La sensation n‘est pas sienne. Elle vient de son Autre. L’excitation dû à la traque, et le délicat parfum du loup. Il n’avait pas deviné, pas compris. Trop diffus, pas encore affirmé. Un bébé loup.
Et ce qui devait arrivé, fatalement se produit.
Aleksandr s’attaque au merdeux, se glisse derrière lui pareille à une vipère. Et langoureusement, explore le polichinelle chancelant, figé, apathique, défoncé. Une odeur de sang, prenante, qui se répand dans l’atmosphère. Lorenzo hume l’oxygène vicié et tressaille. Le vampire cesse de la ramener pour poser ses prunelles sans fonds et sans chaleurs sur son partenaire. Il est à lui, sent, sent! Il est à lui...Je peux jouer pas vrai? Je peux… Il écoute ses supplications mais ni répond rien. Calme, il s’oblige à ne pas brusquer les événements. Sauf que le clown tatoué rétorque une magistrale connerie et que la tension, implacablement, s’accentue.
Les maxillaires saillent sur son minois d‘ange. Sourd à ce qui l’entoure, il se concentre sur le russe et réfléchit à la meilleure façon d’éviter un massacre. Qui, loin de lui déplaire. Ferait extrêmement désordre, puisque sous le nez du Lannister.
Le chasseur s’ose à quelques paroles, et Aleksandr est en chute libre. On va manger ? Littéralement absorbé, Lorenzo s’en imprègne et s’isole dans leur union. Annihilant l’environnement extérieur, tranquillement. Froidement. Jusqu’à ce qu’une minuscule et glaciale menotte enlace son poignet et qu’une voix perce la coquille. Il détourne ses iris polaires, et scrute impassible la bouille suppliante de son petit poisson. « Alek, fais pas ça ! »
La seconde qui suit, la fillette qui ne mouftait pas, s’agite malgré les précautions douteuses du chasseur. Semblable à une amazone, elle passe à l’attaque. Prend les devants, assaille l’adorable dément en traitre. Elle rugit dans son dos. Et parvient à le flanquer contre le carrelage. L’ainé llwylyn ne s’inquiète pas outre mesure, Aleksandr est assez grand pour lui foutre une grosse fessée. Quant au reste ? Le tatoué valdingue, et atterrit plus proche. A quelques centimètres de lui, et surtout d'Ariel. Il pisse le sang, une large tâche écarlate s’étend sur le tissu de sa chemise froissée.
Et Lorenzo ne peut que difficilement décoller ses yeux de l’alléchante vision. Sa langue s‘attarde sur sa lippe inconsciemment. Et les phalanges accrochées à son bras le font redescendre sur Terre. Il murmure, à Ariel. « Coupe ta respiration immédiatement. Et ne bouge pas. » Un ordre. Pour sa sureté à elle. Une pulsion de nouveau né pourrait, cette nuit, lui être fatal aux vues des individus présents.

Une senteur de viande cramée monte soudain et se diffuse dans le couloir. Lorenzo comprend et l'étrange et détestable panique manque de l'ensevelir. Une oeillade en direction de Julian. Le vampire se disloque parmi les ombres. Inconsistance. Il se matérialise devant la harpie infernale et Aleksandr. Palpable, à moitié. Il tire d‘un coup sec sur la chaine d‘argent. S‘y crame les doigts instantanément mais ne lâche pas, lacère sans doute ceux de la gosse enragée, au passage. Sa force et sa vitesse, lui donnent un sérieux avantage. Dont il ne se prive pas d'user et d'abuser.
Il éloigne l’arme discrète mais dangereuse, en la jetant contre le mur derrière lui. Lorenzo se positionne entre elle et Aleksandr, sa main encercle la gorge frêle et blanche de la poupée. Le dominant montre instinctivement les crocs. Territoriale à souhait. Il feule, puis il la balance vers l’ainé Lannister, qui la réceptionne comme il se doit.
Et la justice dans tout ça ? Eh bien… Il n’y en a pas.
Une horrible envie de la dépecer l’étreint. Toucher à son compagnon revient à l’insulter publiquement, ou à attenter à son existence propre. Personne n'a le droit ne serait-ce que de l'effleurer, à moins qu'il le décide. Seulement, ce genre de menu détail est à taire. Ainsi, il se contente de reculer sans la quitter des yeux. Un rictus mauvais scotché à sa frimousse enfantine. Poussant Aleksandr à se rabattre, car toujours dans son dos. Conservant son allure menaçante. Il ajoute, muet Reste sage et tais toi. Compris ? à l‘intention du principal concerné. Directives brutales, mais nécessaires. Ils sont sous la protection de Lannister, alors fais profil bas.

Et au moment où Katarina s'apprêtait à monter les marches pour rejoindre le deuxième étage, une explosion assourdissante retentit à l'étage juste en dessous et des volutes de poussières remontent dans l'escalier.

- Oh oh, cette fois ça chauffe sérieusement en bas !

Aucune hésitation cette fois pour la vampire. Sa curiosité l'entraîne à l'étage d'en dessous, et puis elle se dit que peut-être pourra-t-elle profiter de la cohue générale pour filer à l'anglaise. Elle descend l'escalier aussi vite qu'une ombre et se retrouve sur le seuil du rez de chaussée sans même avoir eu l'impression de toucher les marches. Le spectacle qui l'attend alors la laisse sans voix. Des gens gisent sur le sol, gémissant de douleur. L'odeur du sang arrive alors au narines de la jeune blonde. Du sang en quantité importante, très importante. Ses yeux se noircissent alors tandis que ses pupilles se dilatent sous l'effet de la soif. Ses crocs la font souffrir, la suppliant de les planter dans une gorge fraîche. Elle semble perdre le contrôle mais très vite elle se reprend. Elle est loin d'être une jeune vampire, elle a déjà deux siècles d'expérience de la vie nocturne, elle n'allait donc pas flancher maintenant. De plus, se répéta-t-elle avec insistance, elle venait de se nourrir, elle n'avait donc aucune raison d'avoir soif. Elle retrouva alors le contrôle et ses yeux revinrent à la normal, quoiqu'ils restèrent un peu dilatés, signe que le monstre restait tapi pas loin sous la surface. Elle décida de s'éloigner et entra alors dans le hall. La situation désespérée qui s'offre à sa vue la décontenance. Tout le monde s'enfuie de tous les côtés tandis que trois agents de la BRIS tentent de calmer la situation.

Mais la jeune allemande vient à peine de se ressaisir qu'un mouvement sur sa gauche attire son attention. Trop tard, il silhouette sombre se jette sur son dos et la plaque sur le sol. Sous l'effet de la surprise, Katarina glapit bruyamment. La nature de son agresseur lui apparaît clair : un vampire fou. Elle commence alors à paniquer. Le monstre lui saisit la gorge et approche ses crocs. Non, non, elle ne voulait pas mourir comme ça, pas après tout ce qu'elle avait endurée. Ni une ni deux, elle se sert de sa rapidité exemplaire et de sa force pour repousser son agresseur et d'un violent coup de pied dans le plexus, elle l'envoie valdinguer. Malheureusement, elle sait que ce dernier est rendu fou par le sang et qu'il est bien plus fort qu'elle. Une seule solution lui apparaît donc : fuir, et le plus loin possible. Elle s’enfuit, son poursuivant la talonnant. C'est alors qu'elle a une idée pour distraire son agresseur. Elle voit un homme d'un certain âge qui se cache dans un coin de la pièce en prononçant une prière à voix basse. Toujours aussi pragmatique, notre sadique vampirette attrape le pauvre homme par le col de sa chemise et le lance sur le vampire fou. Katarina sentit une once de soulagement l'envahir en voyant que l'effet escompté avait lieu : le vampire arrachait déjà la gorge du pauvre homme.

Mais alors qu'elle se retournait pour chercher une position de repli, elle se retrouva face aux agents de la BRIS qui la tenaient en joue en hurlant :

- BRIS ! Ne bougez plus où on tire !

Et merde songea la jeune femme, rien de tel qu'un acte héroïque pour s'attirer l'attention des agents. Elle s'immobilise alors. Leurs flingues sont très certainement chargés de balles en argent. Elle lève timidement les bras pour leur montrer qu'elle a compris et leur lance :

- Stop ne tirez pas, je ne suis pas contaminée !

Évidemment, son plaidoyer à peu de chances d'aboutir. Elle est une vampire donc forcément un problème pour les agents.

Omnubilé par l'être qu'il tient entre ses doigts, fasciné à outrance par ce jeune loup qui n'a pas encore éclot, c'est la force de l'habitude qui aide Aleksandr à l'identifier. A le confondre. L'habitude, et la terreur engendrée par les nombreuses nuits cauchemardesques depuis son accident. Des loups, des originels, il en a buté plus que de raison dans ses Carpates natales. Si les hybrides sont rares, il en a déjà vu des pareils. Et sa propre nature due à son étrange pouvoir de pouvoir, sa capacité hors du commun et tellement anormale, doit l'aider à distinguer ce que nul autre ne pourrait voir. Petit un: Le gosse se transformera à la prochaine pleine lune. Petit deux: Il a été mordu par lui. Aleksandr a beau savoir que l'autre a terminé sa traque, qu'il a eu sa vengeance et a quitté la région, il n'a pas confiance. Il est encore trop meurtris, il a besoin d'un exutoire, en la personne de ce petit con aux répliques niveau maternel. Il va s'amuser avec ce loup, mais guette l'approbation de son autre. Il ne veut pas que Lorenzo, par jalousie, lui casse encore son jouet. Il ne veut pas manger le gamin, il veut manger tout court. Il veut se joindre aux contaminés et s'amuser, comme au bon vieux temps. Celui où ses instincts dominaient, celui où son coeur était mort. Un connard l'a ramené à la vie. Je te déteste mon ange.
Il n'a pourtant pas le temps de formuler cette réponse que déjà, d'autres protagonistes font leur entrée. Vaguement, il sent qu'Ariel est ici mais sa réflexion ne va pas jusqu'à poser la question du pourquoi. Il s'en moque. Il est hypnotisé par le garçon avec lequel il resterait jouer des heures s'il ne craignait pas pour la sécurité de son amant caché. C'est tout ce qu'il remarque, tout ce qui l'intéresse. Rien n'est un vrai danger autour de lui, sauf peut-être le décérébré Lannister. Que son amant a à l'oeil. Ainsi sentir une humaine approcher par derrière pour essayer de l'étrangler avec une chaîne en argent le surprend. Sa réaction également. Si sa peau brûle un peu, le démange comme lors d'une chute dans un buisson d'ortie et se met à fumer, il ne pousse pas les hurlements caractéristiques, ne se débat pas outre mesure et reste la, presque figé, alors que quelques gouttes coulent le long de son cou. Il va jeter cet insecte désagréable au loin mais Lorenzo le devance. Il le débarrasse, il sent la colère de son amant en lui mais rien ne doit transparaître. C'est pour cela qu'ils communiquent en pensée, pour cela qu'aucune parole n'est prononcé ni regard échangé. Seule Ariel sait, les autres doivent rester dans l'ignorance. Ils sont sous la protection du Lannister, fait profil bas, ordonne son autre? Le regard du russe est figé sur le futur loup, prostré au sol. Il n'est pas au Lannister, lui. Le sera plus. Juste à moi.
Pourtant il obéit et fais profil bas. Il accepte même de rester derrière Lorenzo, légèrement en retrait. Il regarde l'humaine d'un air hargneux, mais elle ne peut le distinguer à travers les fentes de son masque. Il lui en veut de lui avoir fais perdre sa proie. Il reste avec nous dit-il au maître de la ville, en parlant du loup au sol. Alek doit se retenir de donner son sang, mais l'idée le taraude. Il l'aurait fais, si l'humaine ne semblait pas en avoir eu sur elle, en elle peut-être si elle était une accro au V. Aleksandr grimace. Son sang...N'est pas normal. Empoisonné, magique, trop puissant pour servir de drogue à une mortelle. « Ils sont en bas. » finit-il par dire alors que les cris montaient de l'étage inférieur. Ils devaient bouger, maintenant. Bouger pour mieux retrouver son bébé loup par la suite. « Assommez la avant qu'elle ne fasse une crise. » Même à petite dose, mieux valait pour tout le monde. Si elle mourrait, on allait le lui reprocher et il en avait assez d'assumer les malheurs du monde, sans parler des conneries.

Elle vacille. Un vacarme assourdissant retentit dans l’étage. De la fumée, de la poussière inonde la pièce. L’ascenseur est tombé. Elle frémit. Nouvelle vague de terreur et de panique. Elle noie son esprit, noie ses résolutions, ses pensées raisonnées. Elle frémit. Le son d’un coup de feu fait son chemin jusqu’à ses tympans blessés par la chute de l’appareil. Un second suit juste après. Thaliana est trop occupée par la panique qu’elle ressent pour faire attention à autre chose. Le garde tombe, une balle dans le crâne, tirée par son coéquipier. Le cœur au bord des lèvres, elle tombe elle aussi. Un genou, puis deux. Sur le sol. Elle tremble de tous ses membres. Elle ne voit plus clair. Plus rien. Tout est flou. Plus rien ne se dessine dans son champ de vision. Elle perçoit juste l’horreur des gens qui s’élancent vers la porte vitrée pour sortir. La cohue. Elle tremble de plus en plus, incapable de supporter l’assaut des émotions perdues des patients, des familles, des gens. Sa joue touche le sol glacé de l’hôpital. Humide. Elle ne sait pas ce que c’est. Son souffle égaré laisse trainer des vaguelettes sur la surface poisseuse. Du sang. Celui du garde ? Le sien ? Ses yeux s’agrandissent de stupeur, d’étonnement, d’égarement. La blessure se réveille soudain, comme si son cerveau avait attendu de voir le sang pour se réveiller, envoyer un signal de douleur. Elle a envie de crier mais seul un faible gémissement s’échappe d’entre ses lèvres. La balle tirée par le premier garde a traversé son épaule. Mais si elle a mal, c’est la terreur des gens qui lui cause le plus de peine. Un nouveau tremblement la secoue et elle finit par hurler. Son épaule, sa tête. Incapable de contrôle quoi que ce soit. Elle hurle. Le son résonne à peine autour d’elle. Il est noyé dans tant d’autres.

Les vitres explosent. Les gens crient encore. Ils paniquent. Ils veulent sortir. Plus rien ne les contient, pas même l’équipe de la BRIS. Thaliana se recroqueville en position fœtale. Elle ne peut que prier pour qu’on ne la piétine pas. Incapable de se relever. De se mettre à l’abri. Son sang se mêle à celui du garde mort. Elle tremble sans pouvoir s’arrêter. Ses lèvres bougent à peine. Pourtant, un faible son en sort. Sortilège ? Incantation ? Pas vraiment non. Elle essaie de toucher le feu de la Terre pour la réchauffer mais l’horreur dans le cœur des pauvres victimes est semblable à un mur de béton armé entre elle et la puissance rassurante. Alors elle chantonne. Si faiblement, si peu audible. Elle chantonne cette mélodie que sa mère lui fredonnait avant qu’elle ne s’endorme. Quand elle se réveillait la nuit après un cauchemar. Elle chantonne, ferme les yeux. Pourtant elle ne sombre pas dans l’inconscience, comme si son corps le lui refusait. Elle fredonne, espérant que son message ait atteint les oreilles de son vampire… Espérant que quelqu’un vienne la chercher…

Quand Ariel hurle, Julian n'a même pas besoin de tourner les yeux dans sa direction pour savoir qui elle est. Sérieux, elle est là? Lentement, il se force à tourner la tête et le regard qu'il lui lance indique clairement qu'elle n'est pas la bienvenue. Mais il n'a pas le temps d'en penser plus, quelque chose l'accroche soudain violemment au cou. C'est Lilas qui profite qu'il ait les yeux tournés pour lui soustraire sa chaine, avant de sauter sur le russe.

L'attaque prend le chasseur par surprise et il reste immobile à contempler la bagarre inégale. Les yeux exorbités, il considère Lilas, sans trop savoir quoi en penser. Partagé entre le fait qu'elle est totalement folle et le fait qu'elle en a deux bien accrochées...Alors...il devrait s'inquiéter pour elle ou bien être impressionné? Trop compliqué, on a pas le temps, tu réfléchiras plus tard. AGIS, lui hurle son cerveau. Coup d’œil à Lorenzo, et les deux se mettent d'accord en un regard. Il faut les séparer. Le vampire se lance, sépare le russe de la française, et envoie valser cette dernière dans les bras de Julian.

Pof. Elle atterrit avec autant d'élégance qu'un mammouth et lui se retrouve soudain avec une folle furieuse contre lui qui s'agite dans tous les sens. Aussitôt, il tente de la maitriser d'un bras, tandis que l'autre tient toujours son arme, prête à viser le russe ou quiconque qui aurait l'idée d'en profiter. Mais la diablesse entre ses bras devient trop forte, alors il range rapidement son automatique. Refuser de se servir de son pouvoir pour ne pas se trahir face à elle devient compliqué, et il essuie encore un coup d'ongles, puis un autre. Bordel. Le prochain coup est paré grâce à la télékinésie, et elle n'a pas l'air de s'en rendre compte. En fait, elle n'a l'air de se rendre compte de rien du tout. Hum, peut-être bien que l’assommer est une solution? Comportement improbable, et Julian reste interdit. Qu’est-ce que…Mais qu’est-ce qui a pu bien passer sous sa tignasse brune pour qu’elle se jette sur le russe ainsi ?

Et puis, peu à peu, elle se calme. Se laisse aller contre lui, tremblotante.

- Dresden, c'est fini, respire un grand coup.

Discrètement, son esprit rappelle la chaine en argent et il la fourre dans la poche de sa veste. Sa chaine, cadeau de son frangin pour ses trente ans. Le bijou, outre le fait qu'il soit une arme formidable -pas vrai Lilas-, est quand même un objet à garder et à chérir. Puis il jette un coup d’œil vers le russe.

- Qui fait une crise ici?...Allez Dresden, va pas mourir pour des conneries. J’ai besoin de toi.

Au moment même où les mots franchissent ses lèvres, il se rend soudain compte qu’ils semblent sortis tout droit d’une daube cinématographique romantique. Surtout que Lilas est quand même lovée contre lui.

- Enfin, j’ai besoin de toi…Pour le boulot, j’veux dire hein….On a pas fini avec notre article, tu te souviens ? Bref, va pas croire que…

Vas-y Casanova, c'est le moment...Il soupire, plus par énervement que par réelle gène.

- Tu…Bon non bref, oublie ce que je viens de dire.

Puis il tourne ses pupilles noires de colère vers le groupe de vampires.

- Qui est en bas, vos copains fous furieux? lâche-t-il, avant de regarder Ariel. Et elle, qu’est-ce qu’elle fout là ? Elle est malade ou quoi ? Et lui... ajoute-t-il en lorgnant le tatoué. Vous allez le laissez crever ici? Vous me dites si mes questions vous emmerdent hein.

Il connait déjà la réponse et il s'en fout. Lorenzo n'a plus trop le choix. Les prunelles brunes du médium se plantent dans les yeux de l’écrivain, il la regarde comme s’il avait envie de lui arracher le cou. Ou se jeter sur elle, on ne sait pas trop. Il la sait sous protection du maitre de la ville, et c'est bien là le problème.

- Tiens tes troupes Llywlyn. Sur ce coup là, on est ensemble, alors on y va ensemble. Reste plus à savoir ce qu'on fait de ces trois là, j'amène pas Lilas affronter un vampire incontrôlable. L'autr...Ariel, là, elle a qu'à l'amener hors de l’hôpital, non?

Non, parce qu'il ne manquerait plus qu'il doive se la coltiner, en plus.

~ Un bruit de bris de verre éclata dans le silence relatif du couloir et le chasseur sentit son corps tout entier se hérisser face au niveau de magie ambiant qui montait de plus en plus. Une sorcière. Il avait horreur de ces manipulateurs de magie. Il était impossible de savoir à l'avance de quoi ils étaient capables, et ça, c'était bien ce qui faisait flipper le Lannister. Tout autour d'eux, les meubles, les outils et tout ce qui n'était pas fixé se mit à trembler crescendo, comme le grondement annonce le Tonnerre et, inévitablement, l'apocalypse. « Je m’appelle Laureen Ridgeway… je suis une… sorcière de 17 ans… et je ne contrôle pas mon pouvoir !! » Jurant intérieurement, le chasseur sentait sa propre aura se rétracter au contact de la magie, vaine tentative de se soustraire à ses effets, et ce fut le pompom lorsque la dénommée Laureen finit par avouer qu'elle ignorait ce qu'était la BRIS.

Se jetant violemment contre un mur au moment ou la jeune femme perdit le contrôle de ses capacités, Lyle lutta pour rester maître de son esprit et de son corps et pour faire refouler sa peur instinctive de ces être surnaturels. Heurté ici et là par des ustensiles divers, il évita de justesse l'essaim de seringues et s'accroupit pour offrir moins de prise à la déferlante magique, tentant de ne pas se faire lui-même emporter. Astarte eut plus de jugeote que lui et tenta de calmer la pauvre Laureen qui pétait son plomb, tandis que cette situation lui parut plus familière que prévue, y voyant là une analogie entre Julian qui lui arrivait de péter ses crises de colère lorsqu'il rentrait bourré le soir, et l'adolescente hors de contrôle.

En sueur, le cœur battant, Lyle remit tant bien que mal l'arme dans son holster gauche et tenta, progressivement, d'avancer pas à pas vers la source du pouvoir affolé. Essuyant l'impact d'objets plus ou moins contondants, il jura intérieurement le fait qu'il doive se retrouver à jouer la baby-sitter pour sorcière perdue dans les couloirs d'un hôpital infecté. A distance raisonnable, il s'adressa à la folle furieuse en espérant qu'elle puisse l'entendre.

_ Gamine, hey gamine ! Reprends toi bordel de dieu, on va pas te faire de mal merde ! »

Oui, tout en délicatesse. mais rappelez-vous, il a été éduqué par Julian, et il ne fait que reprendre ses propres termes. Néanmoins, il doutait qu'elle l'ait entendu. Elle semblait perdue dans son monde et, s'il n'entendait pas vraiment ce qu'elle disait, il l'imaginait déjà en train d'incanter une nouvelle horreur surnaturelle.

_ Laureen, calme-toi je... »

BAM ! Une grosse tôle métallique lui atterri en pleine tronche au moment même où il allait tenter d'être plus conciliant, le faisant basculer en arrière avec moult fracas et l'emportant presque dans les songes de Morphée. Jurant comme un charretier, il vit rouge et, l'espace d'un instant, celui-là même où il se demandait pourquoi le plafond était maintenant devant ses yeux et s'il n'était pas en train de rêver, il maudit la sorcellerie sur trente six générations.

Se redressant tant bien que mal après s'être tâté le crâne, les yeux colère, dans son étourdissement passager, il lui semblait enfin saisir les paroles de Laureen. Elle... Chantait ? Non, impossible, il délirait. Ou bien c'était une sirène des temps modernes et elle envoûtait la matière de par son chant mystique. Et puis, la tempête sembla finalement se calmer, descendre progressivement, pour ne plus laisser place qu'au silence et au vide. Brutalement, le chasseur sentit un frisson dérangeant lui parcourir l'échine, à la vue de l'aura fragile qui animait ce corps pourtant si jeune. Aussi insensible qu'il puisse paraître, lui aussi avait connu ce genre de mauvaise passes où on se retrouve l'instrument de son propre pouvoir, perdu dans la détresse et la peur. « Je suis… tellement… désolée…. ». Respirant un bon coup, Lyle se releva lentement et s'approcha de Laureen, sans gestes brusques avant de se mettre à genoux, parvenu à son niveau. Inutile d'être psychologue pour voir qu'elle était à la fois terrifiée et perdue. Le visage impassible, il garda une expression de neutralité absolue.

Alors, posant ses mains sur les côtés de la tête de Laureen, avec précaution et une délicatesse inattendue, il ferma les yeux et laissa son pouvoir s'insuffler dans l'esprit de la jeune femme. Il ne pouvait pas faire disparaître directement la peur mais il pouvait tenter de l'apaiser. Un à un, il élimina les sources de tension, faisant reculer les ténèbres pour faire jaillir la lumière, écartant ces murs oppressants d'hôpital pour laisser la place à la nature et au ciel bleu, étouffant les bruits inconnus pour les remplacer par le chant lointain des oiseaux, et faisant souffler une brise tiède comme l'été parfumé. Allongée sur la mousse moelleuse au pied d'un arbre, Laureen n'avait plus rien à craindre. C'était le calme, absolu. Du moins, en apparence, car tout ceci n'étaient qu'illusions. Il laissa quelques secondes de répit à la pauvre adolescente, le temps qu'elle se calme, mais pas plus, car la situation était toujours urgente.

_ Je n'ai pas beaucoup de temps, la situation est urgente. Le BRIS est la brigade d'investigation concernant les affaires surnaturelles, mais tu n'as rien à craindre de nous. »

Voix calme et posée, il restait neutre dans son ton, et son possible pour inspirer la confiance.

_ Je sais aussi que ne pas contrôler son pouvoir est source de peur, mais tu ne dois pas pas rester là, Laureen. Tu n'es pas encore tirée d'affaire, alors lève-toi et marche. »

Néanmoins, il restait ferme et hypnotique, pour tenter de lui faire comprendre qu'elle devait se bouger pour ne pas potentiellement crever. Mais, déjà, la réalité revenait peu à peu à ce qu'elle était, dans tout ce qu'elle avait d'effrayant et d'indésirable, et Lyle devait relâcher la pression qu'il exerçait.

_ Est-ce qu'il te reste assez d'énergie pour marcher ? Pour te défendre ? On peut t'amener en bas avec le personnel, ou bien tu peux te barricader dans une des chambres de patient, mais je te déconseille de rester seule. »

Oui, il se voyait mal trimballer la gamine, mais en même temps, la laisser là...

Puis, dans les ténèbres rougeoyantes, un téléphone se mit soudainement à sonner. Les pupilles du chasseur s'étrécirent et, par réflexe, il sortit son arme pour parer à toute éventualité. Rien. Juste cette sonnerie venue de nulle part, encore et encore. Quelqu'un dans le couloir ? On n'était pas dans Matrix, bordel ! »

Spoiler:

Rouge, rouge, rouge, les sens d’Ariel s’exacerbèrent instantanément à la vue du liquide carmin rependu sur le sol. Ce breuvage précieux, ô combien délectable, qu’elle rêvait de laisser couler sur sa langue. La fragrance douçâtre l’enivrait complètement, toutes ses pensées convergeaient dans cette direction. Du sang, du sang, du sang…Comme une fumeuse en rade de clopes, il lui fallait sa dose. Si elle ne se contenait pas, elle se ruerait par terre et laperait son festin à même le pvc bleu qui couvrait le couloir, ou bien sauterait à la gorge du premier humain venu. Et pourquoi pas celle de Lannister, ce gars-là puait l’arrogance et Ariel avait beaucoup de mal à le supporter, autant faire d’une pierre de coup. Quoiqu’elle concédait que ce serait une perte considérable pour la gente féminine, mais ça, elle se gardait bien de le dire.
Lorenzo lui intima alors de se calmer, de ne plus respirer, mais le son de sa voix était sourd dans l’oreille de l’écrivain, comme s’il elle portait une casque insonorisant, ou qu’elle se trouvait à l’intérieur d’une bulle hermétique. Les mots rebondissaient sur elle, elle n’était pas en mesure d’en comprendre la teneur. En elle même elle savait qu’elle devait faire obstacle à toutes ses pulsions meurtrières qui montaient dangereusement en elle, créer un puissant barrage comme elle le faisait toujours en état de crise, mais cette fois-ci, la tâche se révélait être plus ardue. Impossible de se concentrer, le sang demeurait au centre de toutes ses préoccupations, l’obsédait totalement, lui faisait perdre le contrôle de son corps et ses instincts les plus primaire menaçaient à tout moment de ressurgir.
Sa gorge la brûlait atrocement, et la douleur était presque insoutenable. Sa tête semblait coincé dans un étau que des mains invisible s’amusaient à resserré de seconde en seconde. Ariel serrait les poings, enfonçant ses ongles long dans la chair de ses paumes, elle cripait les mâchoire et tâchait de contenir sa respiration. Reprends-toi ! Ce n’est vraiment pas le moment de craquer se secoua-t-elle mentalement. Lorenzo était loin, parti débarrasser Aleksandr de la harpie qui s’était jeté sur lui. Personne, il n’y avait personne pour la faire revenir à la raison, elle ne devait pas dépasser la limite, de peur de ne pas revenir. Sa trachée lui faisait souffrir le martyre, mais elle devait lutter. Maitriser sa soif, ne plus y penser. Plus facile à dire qu’à faire malheureusement elle n’avait pas le choix. Tu te nourriras plus tard ! se motiva-t-elle Tu t’enfileras des bouteilles de True blood à t’en faire péter la pense, ou mieux, tiens ! Tu piocheras dans la réserve personnelle de Lorenzo, du sang frais tout droit sorti d’une banque, il ne t’en voudra pas pour si peu. Il te passe tout de toute manière… C’est ça, elle aurait bien le temps d’apaiser sa soif, il fallait seulement qu’elle soit patiente. Attendre et rester calme. Ne pas bouger, c’était bien cela que Lorenzo lui avait commandé de faire ? Elle ferma les yeux et tâcha de sortir de sa torpeur, quand soudain elle perçus son prénom dans une bouche qu’elle connaissait, malheureusement, que trop bien.
Lorsqu’elle rouvrit les paupières, elle constata que Julian la fixait étrangement. « L'autr...Ariel, là, elle a qu'à les amener hors de l’hôpital, non ? » Exactement le coup de fouet qui lui fallait, voilà qui avait su la ramener à la réalité. Elle fronça les sourcils, et le dévisagea de haut en bas. « Tu te prends pour le chef de meute, gros connard ? C’est parce que j’ai vu ta queue que tu te permets de me donner des directives ? J’ai pas d’ordres à recevoir de toi, c’est clair ? » Oui, Ariel aimait parler crûment lorsqu’elle était mal à l’aise, cela lui permettait de regagner confiance en elle. Elle jubilait aussi d’avoir remit en place le journaliste, car elle avait horreur de la suffisance qu’il dégageait.

Spoiler:

Des yeux brulants sur sa nuque, et une odeur de mort l’enlace. La fin ? Il ne la croyait pas ainsi, pas si facile, pas si simple, pas si merdique. Quoique… Son histoire lui a pourtant souvent fait comprendre que l’existence ne tient qu’a un fil. Fil de soie, mortel. Le monstre dans son dos continue son manège. Il est la proie, et il sait qu‘il n‘aurait même pas le temps de lui envoyer son poing dans la figure.
Les doigts glacés s’attardent sur la plaie à vif. Les ongles grattent les agrafes chirurgicales et l’une d’entre elle saute. Il tressaille et gémit. Ses lèvres changent de couleur. Blanches. La blessure s’entrouvre, un peu plus. La cicatrisation n’est pas terminée et la chair se tend dangereusement. Un liquide épais et chaud lui dégouline le long du ventre et il oublie de respirer. Son cœur manque un battement; Il n’entend plus que le tambourinement sourd et sauvage de son pou. Boum. Boum. Boum. Mal de crâne, le marteau frape ses tempes. Et le chant tortueux de la faucheuse l‘obnubile. Aloïs esquisse un pâle sourire, sourire qui ne semble être qu‘une cicatrice au milieu de sa frimousse aux hématomes verdâtres et violacés.
Il comprend que ce que l’on dit est faux, archi-faux. Un univers de menteurs et de crétins asservis. On ne voit pas sa vie défiler avant de crever. On est seul, extrêmement seul, face à une cruel et tranchante réalité. Le clown tatoué passe chaque fois si près, et jamais rien n’éclot dans son cerveau débordant d'informations. Sa recherche de réponses échoue sans cesse, lamentablement. Pas même aujourd’hui, on ne lui offre ne serait-ce qu‘un signe, ou une direction à suivre. Déçu, les bras et les jambes raides. Il attend. Quoi ? Il ne sait pas. Il attend juste que ça passe, il attend seulement qu’on lui foute le paix. Il suppose que si les souvenirs ne circulent pas, que des murmures d‘outre-tombe ne résonnent pas. Il n’y a sans doute rien non plus après la mort. Il ne retrouvera pas Antoine. Et Avénie, comme ses parents, resteront dans l’ignorance de son décès. Pathétique. Il n’a pas la force de crier ou de chialer ou de se rebiffer.
Les espoirs s’effondrent et la désillusion la plus totale l’étouffe.
L’autodestruction est amorcée depuis des années. Le compteur s’essouffle.
On le pousse, il dérape et échoue sur le sol. Et la brunette ressemble à son ange gardien. Elle lui sauve les miches, une seconde fois. Il se redresse, lentement. S’accroupit et des spasmes le secouent brièvement. Envie de vomir. La soudaine douleur lui explose les entrailles, et le vertige l’écrase. Se hissant jusqu’au mur le plus proche. Il s’y adosse et soulève le morceau de tissu humide qui lui couvre les épaules. Juste assez pour constater les dégâts par lui-même. Le pansement tombe, et ses phalanges automatiquement appuient sur son flanc.
Aloïs fait la grimace, puis se relève en s’aidant de la surface plane et dur dans son dos. Son minois tatoué se soulève discrètement, et ses prunelles dévisagent les individus alentours. Un bourdonnement dans ses oreilles et une bille amère sur la langue. Il évite soigneusement de croiser l’attention du psycho-taré de l’autre côté. Tentant, vainement, de se transformer en plante verte. L’odeur qui distille dans l’atmosphère le relègue au rang de gros steak cru et bien saignant.

On vient l'aider, une infirmière selon l'habit qu'elle porte, elle aide Stella à marcher. Elles ne passent pas par la porte, mais par un trou, derrière, qui a été fait. Probablement lors de l'explosion. Un autre brui d'explosion ce fit entendre. Mais c'était quoi cet hôpital exactement ? Elle se pencha, protégeant sa tête. Cela c'était produit pas très loin d'elles. Elles reprirent la rouge, aussi rapidement qu'elle le pouvait. Jusqu'à ce qu'une silhouette apparaisse. Un homme avec la bouche en sang. Explosions qui a réveillé les morts. Ou tout du moins un si elle se fiait à ça. Il avait faim. Il ne devait pas parler de carotte. L'infirmière hurle, se met à courir. Stella se retient contre le mur, essayant de ne pas s'étaler sur le sol. L'infirmière fait elle ne sait trop quoi qui ralentit le vampire, lui disant de fuir. Ce qu'elle fit, plus rapidement que précédemment. Elle va probablement le regretter plus tard, mais l'adrénaline opéra et elle ne sentit plus aucune douleur, en profitant pour courir. Elle ne ralentit même pas lorsqu'elle entend la fin de l'infirmière que le monstre a dû tuer, même si elle a un haut le cœur qui réussit à passer. Elle se retrouva au rez-de-chaussée, où il y avait une panique. Elle se mit à crier, essayant de les prévenir, mais rien n'y fait. Elle ne sait pas pourquoi ils paniquent, mais là ils vont avoir une vraie raison de le faire. Tout en criant, elle essaya de se trouver un endroit où aller, où se mettre à l'abri. Mais c'était la cohue. De nouveaux vampires apparurent, les vitres se brisèrent. Elle ne savait toujours pas ce qui se passait, elle ne chercha non plus aucune explication. Elle voulait juste partir de là, mais ça ne semblait pas être possible.

Et elle se remit à avoir mal. Elle se remit à jurer, cherchant quelque chose pour l'aider à garder l'équilibre. Elle va un peu partout au-hasard, mais les sorties sont bloquées. Elle se retrouva finalement à l'endroit où elle était sortie de la morgue. Elle perdit finalement l'équilibre, se retrouvant sur les fesses, ne supportant plus la douleur. Que ce soit à son genou ou encore à sa cheville. Elle regarda autour d'elle pour voir s'il n'y avait pas quelque chose qui pourrait l'aider. Elle était dans un hôpital après tout (très bizarre et dangereux en ce moment, mais un hôpital tout de même). Une blonde qui levait les mains dans les airs, un vampire qui avait une victime pas très loin (elle devait se carapater de là en vitesse) et une béquille abandonnée, trop loin pour elle. Mais il y avait une brunette à côté. « Hey, toi ! » fit-elle, haussant la voix, espérant qu'elle l'entende malgré la cohue et dans la position qu'elle était, recroquevillée sur le sol. Mais, peine perdue, il y a trop de bruit aux alentours. Elle regarda autour d'elle et vit un soulier, abandonné lui aussi, elle avança sur le derrière, s'aidant de sa bonne main. Une fois le soulier attrapé, elle le lança sur la brunette. Il atterrit sur son dos. « La béquille ! » cria-t-elle, tout en lui montrant l'objet. Et vite, car le vampire n'allait pas manger cet homme durant très longtemps.

Elle tremble toujours. Se berce aussi, d’avant en arrière. Elle fredonne. Fredonne toujours. Ses doigts s’enfoncent dans ses vêtements. Un cri s’échappe de sa gorge alors qu’ils sont trop proches de sa blessure par balle. Elle gémit. Tout est oblitéré par les cris. Ceux qui sont effectivement poussés par les gens en détresse. Ceux qui se trouvent dans sa tête et résonnent, résonnent, comme dans une salle couverte de miroir. Elle n’en peut plus. Alors quand un objet non-identifié la percute dans le dos, son corps se tend, se tord et elle hurle à nouveau. Elle ne peut pas s’en empêcher. Mais peu importe. Le son se perd dans le brouhaha de l’hôpital en détresse. Elle se retourne pourtant légèrement, le dos sur le sol, le souffle court. Sa main agrippe son épaule blessée. Son regard perdu croise celui qu’une jeune femme assise au sol plus loin. Elle la regarde droit dans les yeux. Elle voit ses lèvres bouger mais son système auditif est saturé par le mal qui lui ronge le cerveau, les pensées. L’autre s’agite. Thaliana arrive à percevoir étrangement l’impatience qui l’habite, la peur. Quelque chose se produit dont elle n’a pas conscience. Elle passe sa langue sur ses lèvres et décide de suivre le regard et les mouvements affolés de l’autre. Son regard glisse, inerte, sur le paysage de décombres de l’hôpital. Elle se rend compte d’un trou dans le mur. Aperçoit des silhouettes menaçantes de l’autre côté mais son cœur est incapable de peur alors que son esprit en est saturé.

Elle repère finalement l’objet que semble convoiter l’autre femme. Juste à côté d’elle. Pas si loin. Elle se laisse alors rouler sur le ventre. Un nouveau cri, un gémissement, s’échappe d’entre ses lèvres pincées par la douleur. Elle tend son bras valide. Il manque quelques centimètres. Ses chaussures en plastique glissent sur le sang qui s’est répandu autour d’elle. Le sien. Celui du garde. Elle ferme les yeux vigoureusement pour s’empêcher de vomir. Comme si ça allait changer quoi que ce soit. Elle est couverte de sang de toute façon. Elle serre les dents et arrive à ramper juste un peu plus. Ses doigts se referment sur la béquille. Elle tremble comme une feuille ballottée par le vent. Elle a perdu du sang. En perd sûrement encore. Et l’effort ne fait rien pour arranger les choses. Maintenant, il faut réussir à lancer l’objet vers l’autre… ou au moins à le faire glisser. Un nouveau cri, désespéré, franchit ses lèvres. Pourtant, elle rapporte l’objet contre elle et parvint à se mettre en position assise. Elle pose l’objet devant elle et regarde la jeune femme plus loin. Elle sent toujours des vagues d’empressement diffuser d’elle, avec une pointe de peur qui menace de se changer en panique. Alors elle se concentre et, les doigts sur le bas de la béquille, elle la pousse aussi fort qu’elle le peut. L’objet tourne, décrivant des spirales sanglantes sur le sol de l’hôpital. Mais le liquide poisseux lui permet de glisser un peu plus loin qu’il ne l’aurait fait en temps normal et parvient jusqu’à l’autre femme. Thaliana pousse un soupir de soulagement. Les vampires assoiffés vont arriver sous peu. Mais elle reste assise, son bras en travers des cuisses. Elle se sent vidée de toutes ses forces. Incapable de faire un mouvement de plus. Alors autant attendre… attendre plutôt que de se tuer à fuir alors qu’un vampire aurait si vite à la rattraper. Elle le sait. Elle connaît leur race. Mais tout ce qu’elle peut voir lorsqu’elle y pense, sont les yeux magnifiques du vampire qui l’avait marquée pendant un bref instant. Un sourire triste effleure ses lèvres. Ce n’est pas si mal, comme dernière image à emporter avec soi.