Tu es né en Allemagne, à Hanovre, un treize novembre 1990. Fruit de l'union d'une mère humaine et d'un père sous l'emprise d'un démon, ta génitrice ne survécut pas à l'accouchement et tu passas une enfance exempte d'affection et d'attention. Le démon qui possédait ton père se nommait Malthus et n’avait guère d’attention à t’accorder. Il te refila dès qu’il le put à une bonne sœur d’église, qui, d’abord dégoûtée par cette terrible abomination que tu étais — et es toujours, par ailleurs —, fut tout de même attendrie par cet enfant qui représentait à lui seul le péché. Un enfant est un enfant, après tout. Malthus avait pris la peine de lui révéler ta nature et, après t’avoir balancé dans ses bras fermes, lui avait ordonné de te fournir un toit ainsi que l’aboutissement à l’indépendance. Sous la menace d’une nouvelle visite de la part de la créature, elle t’accepta et t’éleva. La bonne sœur, ne se sentant de faire un tel affront que celui d’élever la descendance d’un démon à Dieu, se résout à quitter l’Eglise afin de pouvoir élever en toute bonne conscience — ou presque — ce qu’on appelait un hérésie. Tu fus un gamin appliqué, respectueux et innocent. Ton ascendant, que tu ne maîtrisais pas, t’empêchait de te mêler franchement au reste de la population et tu passas en enfance alors solitaire. Élevé à la dure, tu te devais d’exceller en tous les domaines et ça tombait bien, car tu adorais lire, t’instruire et apprendre. Sœur Angela ne s’amusa pas à te chouchouter ou te câliner : tu pouvais déjà t’estimer heureux de pouvoir bénéficier d’un toit et d’un lit. Néanmoins, tu vouas à cette femme une admiration sans faille. Sa culture était chose que tu adorais ponctionner de temps à autre, tant cette dernière était étendue et fournie. Une passion pour la lecture te prit, qui t’orienta rapidement sur les terres de l’alchimie. Témoin de ta passion pour cet art qu’elle connaissait de vue — y avait-il seulement quelque chose dont elle ignorait l’existence, sur Terre ? —, Sœur Angela participa à ton apprentissage de l’alchimie. Dès tes cours à domicile terminés, le reste de la journée était consacré aux rudiments de l’alchimie et aux cours théoriques de l’ex bonne sœur que tu continuais à appeler Sœur Angela. Tu avais pratiquement douze ans lorsque la sœur tomba malade : infection pulmonaire, disaient-ils, curable et facile à soigner. La vérité était tout autre, et, elle comme toi le savait bien. Voilà ce qui arrivait à trop traîner avec un fils du méconnu et pourtant craint Malthus. Malgré les précautions, les mises en garde et les désinfections, ta nature maladive était ce qu’elle était : une refileuse de merdes, comme cette infection pulmonaire. Hospitalisée dans un état quasiment comateux la veille de ton douzième anniversaire, Sœur Angela rendit l’âme des mois plus tard, en août 2003. Détruit par la disparition de celle qui t’avait éduqué, tu tombas dans un état amorphe et dépressif typique des hérésies. Sœur Angela t’avait prévenu : ta race était sujette à ce genre de troubles psychologiques et qu’il faudrait à tout prix te sortir de ça et aller de l’avant. Néanmoins, malgré ses recommandations, tu flottas pendant des mois dans cette situation : te laissant malmener par des petites racailles du centre, humilié et méprisé. Et puis, un beau jour, s’en fut trop. Les hérésies étant naturellement plus armée physiquement que les humains, tu n’eus qu’à envoyer une ou deux fois des droites par-ci par-là pour voir tes tortionnaires quotidiens à terre. Tu ne ressentis, sur le moment, qu’un puissant sentiment de vide, de rien. Cela ne te soulagea même pas de voir ces soi-disant brutes épaisses marmonner au sol. Taillé comme une crevette, arborant des lunettes et sans cesse plongé dans les livres, personne ne se doutait que tu étais capable de mettre au tapis trois types en même temps. Cet écart de conduite te valut d’être transféré au centre de redressement de ta ville natale. C’est là que les véritables ennuis commencèrent. Toi qui n’avais jamais eu de potes ou quoi que ce soit s’y approchant, tu commenças à fréquenter les pyromanes, les petits dealers et même quelques néo-nazis. La majeure partie de ton adolescence fut baignée dans cette jungle que certains appelaient centre de redressement. Un simple parc où on isolait les jeunes friands d’infractions et de violence. Tu t’y fis des épaules dures comme du marbre qui te serviraient plus tard. Avec l’âge vint le respect des pairs et des plus jeunes, et, ta force supérieure et ton esprit ingénieux t’avaient permis de te distinguer plus d’une fois au sein de ce zoo moderne. Là-bas y régnait la loi de celui qui était le plus fort, et aucune autre. C’est en s’imposant qu’on avançait. A seize ans arriva ta « puberté hérésienne », comme tu aimes à l’appeler. Deux moignons que tu savais être futurement des ailes se profilèrent lentement. Tu ne les laissas même pas voir la lueur du jour : t’arrangeant pour te procurer des limes aux ateliers manuels mis à disposition des jeunes gens, tu passas des nuits à gratter ce qui ressemblait fort à des bourgeons. D’ailleurs, l’infirmière de service, durant  une visite de routine, s’était posée de maintes questions sans chercher à aller plus loin néanmoins : tu étais connu pour être un bagarreur et tu n’en étais pas à tes premières cicatrices.

Le jour de tes dix-huit ans, tu fus libéré — enfin, mis à la porte serait plus exact. Ne voyant pas tellement ce qu’un jeune ayant passé pratiquement toute sa scolarité dans une sorte de camp militaire, tu décidas d’en apprendre un tantinet plus sur toi et toutes les autres créatures surnaturelles connues à ce jour. Car si les hérésies et, comme leur coming out l’avait prouvé, les vampires existaient, il devait y avoir d’autres races. Ce qui ne tarda pas à se confirmer, avec la révélation des lycans. Tu assistas à tout ce joyeux remue-ménage depuis l’Allemagne où certaines communautés de vampires et de loups ne tardèrent pas à émerger. De ton côté, tu fis mine d’être surpris, comme le reste du monde. Mais ce que les humains ne savaient pas, c’est que le meilleur (ou le pire) restait à venir. Vivant de casses par-ci par-là, de deal et d’un petit boulot pas cher payé, tu survécus avant de migrer aux Etats-Unis, en Louisiane. Les hérésies se faisaient encore rares dans le coin, et l’aversion des autres races te força à te cacher durant quatre ans. C’est durant ce laps de temps que tu décidas de marquer ton corps de façon indélébile : des tatouages commencèrent à fleurir de partout, recouvrant ton corps d’une nouvelle enveloppe. Depuis ta sortie de ce centre de redressement de Hanovre, tu avais souhaité retrouver un club de boxe ou de combats libres. Mais, en Allemagne, ils étaient peu ou plutôt quasi inexistants et surtout excessivement chers. Alors, lorsque tu appris qu’un fight club était pas loin de chez toi, tu n’eus qu’une idée en tête : revoir tes droites classiques et les améliorer. Très bon combattant — réfléchi et mesuré, jamais tu ne te laissais envahir par la colère —, tu possédais de bonne prédisposition à la compétition et y voyait là un moyen de gagner un peu de thune. Progressant dans les affrontements, tu fus remarqué par un homme de Cinead, Mike Morrow. En manque d’argent, tu acceptas d’entrer dans un clan où regorgeaient toutes sortes d’animaux de foire. Un de plus un de moins, cela faisait longtemps que les différences ne t’atteignaient plus. Tu gravis les échelons au point de te retrouver où tu en est à présent : lieutenant du Rose’s Tattoo.