• 5 Septembre 1862 : Première vague d'approches des symptômes de l'automne ... et naissance d'Ikarias. Il naquit dans le village de pêcheurs de Lakka, sur l'île de Gaios, au Nord-Ouest des côtes grecques. Ses parents étaient en effet pêcheurs, travaillant dur pour se nourrir, mais ce ne fit pas d'elle une famille aisée, mais plutôt un foyer pauvre, comme beaucoup de foyers insulaires grecs du XIXe. Ikarias et sa famille ne vivaient pas dans la facilité, et l'enfant voyait peu ses parents très travailleurs.

• Durant son enfance, il fut éduqué par un ami de la famille, nommé Dimitris. Médecin reconnu et seul de l'île, il parlait très bien français, avait une culture générale importante, et était très charismatique ; ce qui fit qu'Ikarias le prit dès enfant comme modèle. Il lui apprit la langue française, quelques bases scientifiques (notamment les bases de mathématiques puisqu'il était trop jeune), et lui construisait une culture musicale sur des compositeurs de tout genre, lui parlant des grands compositeurs tels que Mozart, Beethoven, Chopin et Schubert. Il lui joua d'ailleurs même les quelques morceaux solistes qu'il jouait un peu clandestinement. Ses parents, lorsqu'ils le pouvaient , tentaient de transmettre leur passion à leur fils qui était la navigation, mais celui-ci semblait attiré jeune par la musique classique, et la découverte de la guitare classique ... Il n'éprouvait pas d'amour ni d'admiration pour ses parents car ils étaient trop éloignés par le travail, et portait l’idolâtrie vers ce qui semblait être un précepteur, mais aussi un tuteur. 

• En Décembre 1873, alors qu'Ikarias revenait des cours (en plus d'apprendre avec son « tuteur », il suivait l’ersatz d'école fraîchement construite dans le village), il vit dans le salon ses deux parents égorgés, le couteau près des cadavres.  Il fondit en larmes à côté d'eux, frappait dans les meubles proches et hurlait de toutes ses forces. Il n’avait ici que 11 ans, ne comprenait donc pas pourquoi et comment, son esprit finissait par se torturer lui-même pour chercher la réponse. Soudain, il entendit l'ami de ses parents arriver en courant lui demandant s'il avait vu quelques chose. Cela sonnait comme du vent dans ses oreilles, puisqu’il n'était plus capable de réfléchir de façon rationnel sur l’instant. Dimitris, l'ayant compris, le prit dans ses bras et l'emmena chez lui. Dès lors et jusqu'à sa majorité, il vécut chez lui. Il lui fallut beaucoup de temps pour s'en remettre, mais s'est développé chez lui une réaction pathologique à la vue d'un cadavre (accès de folie). Plus encore, il devint machiavélique avec les gens qui daignaient vouloir l'approcher. Le tuteur désormais légal avait revendu les bateaux de pêche, ce qui valut un bénéfice intéressant, comme héritage pour l'orphelin ; en comptant cela et le métier de médecin qu'il pratiquait seul au village, Ikarias vivait dans un confort un peu plus conséquent, mais toujours relatif. De plus, l'incident avait créé une indicible fracture.

• Après avoir essayé de dépasser ce qui c'est passé ce soir d'hiver, Ikarias a décidé de noyer tout cela dans la passion qu'il s'est découvert vite : la musique. Son tuteur légal lui avait offert une guitare classique avec laquelle il a appris des morceaux de compositeurs tels que Dionisio Aguado. Il recevait l'impulsion des quelques villageois et insulaires, qui donnaient quelques deniers pour que le jeune guitariste apprenti arrive à s'épanouir. Ikarias connut un petit, mais total succès sur l'île avec des interprétations de sonates connues, puis grâce à quelques compositions qu'il préparait rigoureusement et religieusement, à l'aide des cours de solfège de Dimitris. Il travaillait longtemps et dur, s'isolant tous les jours pour jouer et écrire ses idées sur des feuilles. Il refusait cependant de chanter car il trouver sa voix pas assez varié dans les tons. Avec cette popularité, il gagnait peu à peu des sommes intéressantes d'argent « de poche » dans toute l'île.

• A sa majorité en 1880, son tuteur lui avait fortement conseillé de quitter l'île, mais aussi le pays. Ikarias, qui se rendait compte qu'il allait été restrictif de rester à cet endroit, avait accepter sans poser de questions. Il avait laisser de l'argent de côté, bien assez pour payer les traversées en bateau, et Dimitris lui avait donné de l'argent pour qu'il puisse se débrouiller sur le territoire français. Car en effet Ikarias avait choisi la France, tel qu'on lui avait conseillé, puisqu'il avait un peu appris la langue et que c'était un pays puissant. Le trajet fut long mais les longs itinéraires ne gênaient que peu Ikarias, car il était curieux de découvrir le continent et ce qu'un insulaire grec pourrait presque appeler la "civilisation". Il n'avait rien amené sauf un carnet de notes où il écrivait ses compositions et quelques choses qu'il voulait retenir (bien que sa mémoire ne lui joue que peu de tours). Arrivé sur le territoire, il s'était d'abord installé dans une auberge, et ce fut son domicile pendant quelques années. L'immigration était beaucoup plus simple, alors il ne lui a fallu qu'environ un an pour posséder la nationalité. Il avait élu domicile à Lyon puisqu'on lui avait conseillé à son arrivée. Il prenait des contrats pour travailler dans les auberges, les exploitations agricoles, et parfois dans les cimetières. Puis dès qu'il avait de l'argent de côté à nouveau, il réessaya de se faire une quelconque réputation dans la musique. Il avait racheté une guitare classique pour jouer ses compositions, dans les auberges dans lesquelles il travaillait, et sur les places publiques autant qu'il pouvait. Durant huit ans, il enchaîna aussi les basses tâches, s'attirant toutefois la sympathie des gérants qui aimaient l'ambiance enjouée qu'il créait, et le charme qui émanait de lui, influençant les chiffres d'affaire. Peu à peu, il gagnait une réputation d'artiste talentueux et créatif.

• En 1888, il s'était déjà fait connaître dans les petits milieux de la musique, popularisait ses œuvres dans Lyon et certaines municipalités environnantes. Certains, attirés par la rumeur, venaient voir le jeune prodige guitariste dans les quelques auberges de la région. Ikarias acheta son pain avec cette popularité grimpante, bien que ça ne restât que des sommes modestes, bonnes pour un métèque de la basse société. Mais cela lui convenait : sa passion se faisait vivre avant l'argent. Il se satisfaisait d'une vie de composition et de migration continue, jamais dans la facilité ni dans le sédentarisme. Or, cette année-là, il changea littéralement de vie, une nouvelle fois. Alors qu'il jouait, entouré d'auditeurs curieux, une femme, brune aux cheveux bouclés, au regard sombre mais inspirant, le fixa longuement. Non pas comme un joueur, mais comme une proie. Il n'y fit guère attention, mais elle ne le quitta pas des yeux, jusqu'à la fin de la séance. A ce moment-là, elle s'approcha de lui, lui inspirant une personne séduisante et charismatique. Il la laissa réduire la distance, intrigué comme charmé, quand elle lui proposa de la suivre dehors. Sauf que la proposition, dans l'esprit du jeune guitariste, sonna comme un ordre, qu'il ne pouvait, ni même ne voulait, transgresser. Il la suivit, sans rien comprendre à la scène, quand elle finit par l'amener dans une ruelle sombre et presque inaperçue. Dès lors, sans même que Ikarias n'eut le temps de la suivre du regard, elle l'attaqua à la gorge, drainant son sang peu à peu, en prenant un plaisir terrifiant, lisible dans le regard. Il n'eut pas le temps de se débattre qu'elle avait presque tout pris, le laissant à l'agonie. Mais il semblait lire en son regard une sorte de pitié, au dernier moment, quand soudain, elle mordit son propre poignet, pour faire couler du sang dans la bouche du mourant. Du reste, Ikarias ne se souvint pas, si ce n'était une douleur au niveau de la nuque, rapide et expéditive. Il se réveilla, disposé dans une chambre d'auberge, quelques nuits plus tard, avec une faim qui lui était impossible à décrire. Il se leva, quand un homme, entaillé au bras, se tenait devant lui, presque zombifié. Il tendit le bras entaillé vers le grec, qui n'arriva pas à ne pas s'en rapprocher, pour finalement mordre à pleines dents la plaie, et aspirer tout le sang qui en coula. Il était désemparé, mais sentait ce plaisir du sang, coupable mais nécessaire. Il devina ce qu'il était devenu, sans pour autant savoir pourquoi lui, pourquoi elle, et pourquoi ça. Il savait néanmoins que cette vie qu'il avait épousé était terminée, qu'il allait devoir s'en reconstruire une nouvelle, avec les moyens du bord. Le soir-même, il s'enfuit, et atteignit le Vercors en quelques jours, se cachant à tout prix du soleil.

• Dix ans durant, il errait dans les montagnes du Vercors, à tenter en vain de contrôler sa faim. Il ne laissait pas les cadavres en évidence, mais tuait sans vergogne, laissant quelques disparitions. Les forces de l'ordre s'étaient vite inquiétés ; mais se sachant impuissantes et sachant aussi que le problème risquerait de ne paniquer que trop la population, ils laissèrent de côté, priant pour que l'hécatombe s'arrête. Les crimes étaient impulsifs, allant jusqu'à vider le sang des victimes ; mais il faisait minutieusement disparaître les cadavres, par honte comme par sécurité. Loin de tout, sur des hauteurs de 1200 mètres, il pouvait se nourrir, sans grande résistance, d'autant plus que les investigations étaient dotées de moyens très archaïques.

• A la fin de cette période, son mode de vie avait retrouvé un point d'équilibre entre le musicien passionné travailleur et le vampire novice. Il y était arrivé lentement : ce ne fut pas du jour au lendemain qu'il eut repris sa vie d'antan, et qu'il eut changé de régime alimentaire. Il avait en effet cherché, dans cette "nouvelle vie", à se nourrir avec parcimonie et rigueur dans la méthode, car il se rendait compte que c’était bien trop risqué, peu adapté à la vie de société. Vie de société qu'il allait bien devoir rejoindre pour jouer de la musique à nouveau. Mais une des grandes difficultés était de devoir repartir à zéro : plus d'argent, plus d'habitat, la pente fut difficile à remonter. Toutefois elle ne fut pas insurmontable, il reprit de petits travaux pendant plusieurs années. Il s'était installé à Orléans afin de s'éloigner des massacres du passé. Il vécut parfois dans une misère matérielle importante ; mais l'immortalité qu'il avait obtenu lui permettait de traverser indemne des étapes que des mortels subissaient parfois violemment. Bien sûr, le problème de consommation s'appliquait quand à lui, car il lui semblait difficile au début de se nourrir, il devait s'y prendre de façon très discrète. Mais il apprit peu à peu comment se servir de l'ordre, de sa puissance et rapidité accrues, ce qui optimisa sa façon de se nourrir, peu à peu plus discrète. La vie nocturne ne le gênait pas totalement dans la mesure où il jouait le soir, et prenait les métiers nocturnes.

• Ce ne fut qu'à partir des années 1900 qu'Ikarias connut une véritable stabilité. A la Belle Epoque, il devint un musicien reconnu, sans pour autant voler à la même altitude que les grands compositeurs. Son capital, il le gagnait de la même manière qu'il l'avait toujours gagné : les à-côté, les contrats ponctuels. Mais au début du XXe siècle, il prit une autre direction professionnelle, plus stable mais pas plus sédentaire. Cela commença avec un auditeur, des milieux bourgeois, qui l'entendit dans un bar d'Orléans. Enchanté par le niveau du guitariste, il lui demanda s'il pouvait donner des cours à sa fille ; et ainsi il démarra une carrière de professeur particulier de guitare. Sa réputation était d'autant plus bâti par le bouche-à-oreille, puisqu'il était recommandé dans les milieux aisés. Il donnait des cours tard le soir, mais son expérience construite sur des décennies lui permettait de donner des cours efficaces, et d'asseoir une renommée assez grande. Ce fut alors son métier à part entière, ne vivant plus que de cette activité. Il ne se nourrissait jamais de ses élèves, bien que la tentation fusse parfois grande, pour ne pas éveiller de soupçon sur sa nature. Pour encore plus de précaution, il changea souvent de région, voire de pays, vagabondant dans toute l'Europe au gré des recommandations de ses clients. N'utilisant son argent que pour se loger et réparer sa guitare, il devient de plus en plus riche, restant néanmoins un petit homme de la classe moyenne.

• Lors de la Grande Guerre, Ikarias usa de ses dons de Domination pour éviter les conflits, disparaissant les listes de conscription, et se logeant dans les pays neutres, notamment la Suisse. Il perfectionna son don d'Hypnotisme sur la population, et ses talents de guitariste, s'imprégnant du jazz américain qui faisait écho peu à peu en Europe. Il se fonda une philosophie de vampire, selon laquelle l'humain n'est quasiment rien, mais pas pour autant un animal dépourvu de dignité. Il développa ses dons selon certaines limites éthiques, comme ne pas séquestrer, ni torturer, ses victimes. Mais il n'en devint pas moins un fin manipulateur, utilisant son don pour se nourrir sans éveiller le moindre soupçon autour de lui. A cette période, il rencontra, pour la première fois dans son vampirisme, certains de ses compères, esquivant eux aussi la guerre. Ils lui apprirent l'existence de l'Essaim, une organisation vampirique supérieure, et le mirent en garde par rapport aux conséquences du manque de discrétion. Il n'en fut que plus soucieux de ses méthodes de chasse, qu'il travaillait à chaque fois davantage. Il acceptait la nécessité d'obéir à l'Essaim, sans pour autant s'impliquer dans la politique vampirique. Il resta longtemps en Suisse, y passa même la Seconde Guerre Mondiale, dans la même logique que la Première. 

• Dès 1945, tel une proie sortant de sa cachette, il revint en France, s'installant à Lyon, avec un capital entre la classe moyenne et la classe aisée. Il contrôlait son don d'hypnotisme avec aisance, et était un vampire raisonnable dans son comportement. Les musiciens s'étant démocratisés avec l'avènement de la variété et du jazz, Ikarias devint un artiste soliste, amoureux du jazz et du blues naissant. Il composait avec encore plus de passion, intégrant même des groupes en construction, en tant que guitariste. Il resta professeur, s'essayant aux nouveaux instruments qui furent créés. L'un d'entre eux, étant arrivé il y a peu, attira l'attention du musicien curieux. La guitare électrique, popularisé par les jazzman, le fascina. Il s'en procura une, et y travailla de longues nuits. Il se fit une carrière alternative de jazzman, puis, sentant les possibilités infinies qu'offrait l'instrument, changea encore de branche, essayant ainsi tous les styles qui s'affirmèrent, décennie par décennie. Il resta discret, n'essaya pas de se faire célèbre, fidèle à son credo du « Vivons cachés », et donc se contribua jamais aux vagues musicales. Il pratiquait, composait, mais n'essayait pas de se faire connaître autant que les groupes importants, du moins entre 1960 et 1980. 

•  Les années 1990 furent toutefois un tournant important dans sa vie de vampire. Il fit des rencontres qui changèrent sa philosophie, et son mode de vie. Il devint bien moins discret, bien que respectueux des règles vampiriques, et rencontra davantage de ses congénères que dans toute son existence. Il fit connaissance avec Ysiatis, la charmante bassiste avec qui il démarra une histoire d'amour spécial, mais passionné. Il fit aussi connaissance avec un groupe de musique composé de vampires, notamment Walter James, qui devinrent son groupe de musique à l'influence punk-rock : The Ship-Punks. Un nom qui démontrait bien du virage nonchalant de la vie d'Ikarias, qui avait décidé de profiter de son immortalité avec plus d'intensité. Il prit un plaisir infini à jouer sur scène, et avait donc abandonné l'apprentissage de la guitare aux particuliers. Enfin, en 1995, elle fit la rencontre d'une passionnée de la musique, avec qui il fit connaissance. Il devinrent une sorte de frère et sœur, et, afin de lui permettre de calmer son problème de clairvoyance spirituelle, lui apposa la marque. Peu à peu, les marques se firent, pour arriver, avant 2014, à la dernière.

• En 2007, c'est le changement radical : la fameuse révélation. Les choses eurent changé du jour au lendemain : les gens qui savaient (autant dire tout le monde) les regardaient comme des monstres. Peut-être l'étaient-ils, mais le furent-ils pas de les rejeter ainsi ? Les affaires de musique avaient subi un véritable choc négatif, la clientèle s'enfuyant d'un seul coup. Le sentiment de rejet fut très fort, ce qui toucha beaucoup le groupe. Mais Ikarias était davantage ébranlé par l'atteinte à sa liberté. En effet, il se sentait presque comme un phénomène de foire que l'on venait de découvrir, qui fascinait comme il dégoûtait. Selon lui, il n'y avait pas pire intolérance dont il ait été victime. Il n'eut vécu que quelques années en Europe après l'événement, il avait promptement décidé de ne pas plus rester sur ce continent. Ikarias partait donc pour l'Amérique, ayant reçu l'écho d'un monde meilleur pour les vampires ... Tel fut la situation en 2014 : un musicien fraîchement arrivé en Louisiane, pensant venir dans une terre promise ... 

• Tout au long de l'année 2014, puis 2015, Ikarias s'impliqua dans la ville de Shreveport, dans laquelle il avait emménagé avec son Infante et sa marquée. Il intensifia l'activité de son groupe, dans lequel Ysiatis était devenue bassiste, et un sorcier avait pris la place du chanteur. Il se produisit partout : dans les bars, les salles de concert, des festivals locaux … Ca n'augmentait pas beaucoup les gains du groupe, mais sa notoriété se refaisait, de ce côté-ci de l'Altantique. Et Ikarias, conservant une petite fortune personnelle formée en un siècle, eut assez pour investir dans la création d'une salle de concret dans le Midtown : le Tavian's Musical Chair. Aujourd'hui, vampire respectueux mais assumé, il aspire à revendiquer sa liberté auprès d'une organisation criminelle, celle du clan de Cinead, à pas de loup, en faisant attention de ne pas être pointé du doigt trop vite par l'Essaim ...