✤ Traits de caractères
Manipulateur : Je ne suis pas un manipulateur foncièrement mauvais, mais j’aime jouer de provocations pour vous faire agir comme j’ai envie que vous agissiez. Je n’ai pas beaucoup d’états d’âme ni une conscience assez aiguisée pour me dire que ce que je fais c’est pas bien.
Je suis un manipulateur fourbe, j’ai tendance à faire sortir les autres de leurs gongs pour les pousser à la faute et me dégrever de chacun de mes actes – je te provoque, tu me frappes, je te tue, or le fait que je ne sois pas le premier à lever la main me fait passer pour une victime un peu exubérante. Au final on me voit comme un gentil gars un peu impulsif, légèrement lourd et trop cynique. Mais sachez que mes mots ne sont jamais jetés en l’air comme une pierre au milieu de l’océan. Je parais un peu balourd et stupide – appelons un chat un chat – or j’ai assez de recul sur les choses pour savoir quand et comment il faut bien faire les choses.

Lâche : Ou d’une lâcheté toute relative. Je dirais peut être plus individualiste.
Disons que je n’ai pas d’ami, pas d’attache, et que j’aime particulièrement ça. Je ne suis pas du genre à faire dans le sentimental, malgré mes anciens métiers. Je me sauverais toujours moi avant de sauver les autres, il est clair que je tiens trop à ma vie pour la gâcher pour des gens qui ne me rendront jamais la pareille – de toute façon, ça ne servirait à rien, quand on a confiance en quelqu’un il a tendance à nous trahir d’une façon que nous n’aurions jamais pu imaginer. Alors, si un gars venait à se faire lyncher en face de moi, je ne bougerais pas – pas envie de prendre une balle perdue. Je ne suis pas du genre à sauver la veuve et l’orphelin, ni un bon samaritain.
Résultat, je ne suis pas un homme de confiance et ça me permet de vivre une vie plutôt cool, sans emmerde ni trop d’ennemi. Ça me rend aussi particulièrement nombriliste et égoïste, je ne fais jamais RIEN si ça ne me rapporte RIEN.

Impulsif : Même si je suis du genre à fuir le conflit avec une répartie hors du commun, il ne faut quand même pas pousser mémé dans les orties – vieille expression bonjour ! . Je suis bon dans les joutes verbales, mais lorsque je dis que ça me soûle… C’est que… Vous êtes sur le point de franchir mon point de non-retour. Et généralement mon non-retour n’est pas joli à voir.
Ce point me met dans un état assez second, et pour m’arracher à ma victime il faut se lever le matin.

Rancunier : Je n’ai pas une mémoire de ouf… Mais mon cerveau enregistre parfaitement le visage des gens qui m’ont fait des crasses. Si je n’ai pas pu me venger sur le moment, il est évident que je me vengerais un jour – même si t’es devenu Gandhi, même si t’es parti à Lourdes pour absoudre tes pêchers, même si tu t’es réincarné en chaton tout mignon, je te tuerais de mes mains.


✤ Occupation diurne
J'occupe mes journées à me réinsérer dans la société. Il paraît que je ne suis pas saint, j'ai eu droit à quelques rendez-vous avec un psy dès ma sortie de tôle, mais il a vite compris que ça ne servait à rien. J'ai donc eu droit de sécher les séances suivantes.

Pour le reste je nettoie des scènes de crime bien trashs... De celles avec de la sanguette partout ou des sécrétions humaines cheloues. J'ai une tenue blanche plutôt sympa et un panel de récurrents qui rendraient jaloux M. Propre.
Ce taff me laisse assez de liberté et de temps libre pour faire du sport et sortir quand je veux. J'l'aime bien, ça me permet de me tenir informé des derniers morts, des endroits chauds... Et quand on sait à qui poser les questions -et glisser un billet- on peut même savoir qui est chargé de l'enquête et qui sont les suspects.

Je garde néanmoins un oeil sur mes hommes de main restés en Europe de l'Est... Mon trafic d'armes à feu perdure bien qu'il stagne à une échelle moindre le temps que les autorités oublient un peu mon dernier crime.

✤ Manies, habitudes & goûts
Manies :
- Je me mords souvent les lèvres jusqu'au sang lorsque je suis stressé, énervé, irrité.
- Je suis du genre bordélique, j'aime le désordre, les endroits trop propres me donnent avis de les saloper.

Habitudes :
- Je ne vais au cinéma que SEUL parce que j'aime pas partager mes pop-corns.
- J'occupe mon temps libre à faire du sport, de la moto et bon, à boire - du bon vieux Whisky.
- La première chose que je fais dès que je me lève c'est me faire couler un bon café en fumant ma clope.
- Je lis beaucoup et CORNE les pages de mes livres en guise de marque page - je suis la bête noire des bibliothécaires.

Goûts :
- J'aime : fumer - me pourrir la santé, faire des pieds de nez au cancer et vomir mes poumons au réveil, puer le tabac froid et emmerder les mères avec leur gosse en leur soufflant un nuage nicotiné au visage - manger, les boisons énergisantes, me trouver dans un état second avec l'alcool, les livres d'auteurs, les reportages animaliers pourris, les hamburgers, les armes à feu, me battre, les sports extrêmes, faire de la moto...

- J'aime pas : les leçons de morale, les ingénus, les écolo', les optimistes, que mon frigo soit vide, cuisiner, ne boire que de l'eau -ça fait rouiller-, ne plus avoir de clope à porter de main, végéter des journées entières, lire les sous titre au ciné...

✤ Convictions
La Révélation
POUET!
...
Ça... Ne suffit pas comme avis objectif ? Non ? Bon...

Cette dernière ne m'a fait ni chaud, ni froid.
Je ne dis pas que ça ne m'a pas surpris que des bêtes surnaturelles puissent exister, et que les humains puissent avoir des supers-pouvoirs à la X-Men mais franchement... Je n'ai eu aucune envie de lapidé qui que ce soit. Pour moi, la vie a continué comme avant sauf que la demande de mon secteur changea.

Bon nombres de gouvernements chargèrent leur hangar d'armes de pointes et de munitions en argent. Mon stock de lance-flammes a soudainement explosé et je me suis tourné vers des "petits" particuliers clairement horripilés par les CESS... Entre les guerres classiques et les guerres intestines - parce que nous aimons détruire ce que nous ne comprenons pas - je n'ai jamais été aussi riche.

Au final ça m'a plus arrangé que dérangé... Mon business ne fonctionne pas s'il n'y a pas de conflit.
Et la révélation amena beaucoup... BEAUCOUP de conflits.

✤ Signes particuliers
J’ai une bonne quantité de cicatrices grâce à la main leste de mon paternel –surtout au niveau du dos, ce dernier est littéralement lacéré par les coups de ceinturon.

J’ai deux tatouages – un damier sur l’avant-bras gauche, "être toujours ivre" sur le droit.

Je mesure 2m01 pour 111kg – un bon gros bébé.

Je ne me déplace qu’en bécane – une énorme Honda.

J'ai l'oreille absolue... Ouais ça ne me sert strictement à rien mais ça fait de moi un bon musicien - pour le plus grand dam de mes voisins.

Ayant eu une formation militaire, je sais me défendre et ai pratiqué plusieurs sports de combat -kick-kickboxing, krav maga, art martiaux russe (système Spetsnaz), boxe.
Je suis aussi un excellent tireur.

Ma reconversion m'a poussé à devenir polyglotte, mais j'ai clairement un accent Arménien à couper au couteau.
Je parle donc l'Arménien - qui l'eut cru - le Russe, l'Anglais, l'Azéri, le Français et l'Italien, le Turc et l'Allemand couramment.

Je n'ai aucune mémoire pour les prénoms.

J'ai choisi d'utiliser un pseudonyme sur le marché illégal de vente de flingues. Je me fais donc appeler par un nom plus occidental : Jack H..

Si les gens rêvent de connaître vos histoires, ce n’est pas par compassion ou par intérêt… C’est surtout pour trouver des excuses à vos actes les plus barbares ; à l’Homme que vous êtes devenu, avec ces défauts insupportables et ses idées étranges.

Alors, voilà l‘histoire qui me légitimise.

J’ai vu le jour en Arménie. A Siounik pour être plus exact. C’est un coin plutôt sympa, il faut juste faire gaffe à là où on pose les pieds. Les mines anti-personnelles sont plutôt à la mode dans la région, et généralement les gars qui les enterrent ne veulent pas qu’on sache là où elles se trouvent- ce sont des petits cachottiers.
En fait, l’Arménie est un pays plutôt complexe. Il y a de nombreux conflits, de nombreuses routes qu’il ne faut pas emprunter, des précautions à prendre, des gens à éviter, des séismes et une profonde connerie humaine…

Mais je ne vais pas vous parler du fond de l’Histoire, juste en gratter la couche supérieure.

Parlons donc des innombrables combats auxquels mon père dû faire face en tant que soldat arménien. Ces combats qui l’avaient assez perturbé pour qu’il ne trouve rien d’autre que l’alcool comme allier. Il disait souvent qu’il n’y avait qu’avec ça que les images dans sa tête devenaient floues ; qu’il n’y avait qu’avec ça qu’il oubliait entièrement sa vie - ce qu’il avait fait, qui il avait tué, comment il les avait tué, qui il avait épousé, qu'il avait un fils et surtout où il avait vomi la veille. Mais comprenez que l’alcool c’est pour les gens qui n’ont aucune classe, c’est donc assez naturellement qu’il a fini par se droguer - devant moi de préférence, pour m‘apprendre comment devenir un vrai homme. J’ai des souvenirs nets de ses retours à la maison. Il faisait souvent beaucoup de bruit, mais je ne l’ai jamais bien accueilli, je me cachai généralement dans un placard ou sous mon lit en priant pour que sa présence ne soit qu’un horrible cauchemar. Mais il me forçait à le saluer avant de m’expliquait que s’il était là c’était parce qu’il avait dégommé assez d'azerbaïdjanais. Puis il étalait fièrement sa cocaïne sur la table de la cuisine- sa poudre magique, son échappatoire, ses rails du bonheur.

Alors mon père je ne le connais pas. Ou que trop bien - j’ai appris que l’alcool nous aidait à voir le vrai visage des gens. Par contre, sa main, je pourrais vous en décrire chaque phalange, chaque sillon... Je pourrais même vous dire sa taille exacte et là où il adorait me frapper. Fort. Mais, des fois, il était vraiment trop bourré pour me faire mal. Alors il prenait sa ceinture et me rater une fois sur deux. Je ne gémissais jamais. Il détestait ça, et moi aussi. Nous sommes rentrés dans une espèce de compétition, à savoir lequel du bourreau ou de la victime lâcherait en premier. Et comme nous étions deux têtus on luttait jusqu’à ce qu’un des deux s'écroule de fatigue.
Selon ma mère mon père n'était qu'un eunuque alors que je n‘étais qu‘un petit con prétentieux - oui, ma famille m‘a toujours particulièrement apprécié. Je vous passe les insultes plus grinçantes. Elle le détestait mais elle restait avec lui et elle jurait m’aimer mais elle ne faisait rien pour me sauver - l‘amour, l‘amour. Vous me direz, dès qu’elle ouvrait la bouche pour donner son avis sur la pluie et le beau temps mon père se faisait un malin plaisir de la frapper, imaginez si elle l’avait ouverte pour dire un truc intéressant. Enfin, parfois, elle avait des élans maternels qu’elle exprimait à coup de : "Pas trop fort sur Vahaken".

Que c’est beau l’amour d’une mère.
C’est certainement grâce à ça que je ne suis pas mort ! (…)

Et puis, bon, l’alcool et la drogue devinrent un cocktail un peu trop détonnant pour mon paternel qui devint l’ombre d’un soldat - même s’il était toujours persuadé qu’il déchirait sa race - et il commença à tirer dans son propre camp...
Jusqu’au jour fatidique où on lui annonça.
Ce qui est bien quand on vit dans un monde complètement en marge de celui des autres c’est que même ce genre de nouvelles peuvent paraître surprenantes - effectivement, il n’était pas au courant qu’il tuait plus d’arméniens que d’azerbaïdjanais et il fut aussi étonné que son régiment.

Il se fit suspendre jusqu’à son jugement…
Pour mon plus grand déplaisir.

J'aurais pu crever. Crever parce que ses attaques sporadiques furent désormais quotidiennes. Pas plus tôt levé je m’en prenais quelques-unes - pour bien commencer la journée. Mais par chance j'ai grandi vite... Au début, même grand et imposant, je lui laissai le plaisir de me battre - quand on vit dedans on croit que c’est normal. Et puis on m’expliqua que ça ne l’était pas et je n’eus qu’à dire stop pour dissuader mon père de poursuivre son combat contre moi - j’ai un physique qui hurle aux gens de pas trop me faire chier parait.
Il c’est donc dit que ma mère serait un défouloir suffisant.

Bizarrement j’ai suivi les traces de mon père. Je suis entré à l’armée le plus tôt possible. Pas pour fuir, juste pour évacuer ma frustration. A défaut de l’évacuer avec l’alcool je l’ai évacué avec une détermination sans borne à être le meilleur.
Avec panache… Et humour !…
OK un humour étrange…
OK avec hargne.
J’ai toujours détesté perdre de toute façon. Tout le monde a fini par me détester. Pas parce que j’étais bon partout, mais parce que j’étais un adepte des coups bas ; je ne nie pas, j’ai souvent mis des chewing-gums au fond des casques des autres soldats, remplacé leurs balles par des balles à blanc et mis des laxatifs à la place de leurs somnifères.  

En quelques années plus personne ne pouvait m’encadrer. J’étais égoïste et individualiste sur les champs de batailles et lors de nombreuses missions j’ai… Laissé mes coéquipiers à l’arrière parce que je ne me sentais pas vraiment concerné par leur survie -j‘estimai que m‘auto-surveiller était bien assez suffisant.
Sans que je ne donne mon avis mes supérieurs hiérarchiques ont demandé ma mutation dans un régiment russe, ce qui fut ardemment négocié. Après certainement beaucoup de mises en garde les russes acceptèrent de m’accueillir chez eux, non en tant que militaire mais en tant que Spetsnaz. J’eus droit à une formation accélérée et j’intégrai les forces spéciales - avec toujours autant de détermination à faire chier mon prochain. Seulement les Spetsnaz se montrèrent un peu moins enclin à me supporter que les soldats pantouflards de Sinouik. Même si je m’autorisai certains coups bas et quelques blagues pas drôles - je suis réaliste - mes coéquipiers se vengèrent toujours avec la force. Alors j’en vins aussi à utiliser la force pour faire valoir mon mécontentement et le cynisme pour mes désaccords avec ma hiérarchie. Il ne fut dès lors plus question de pieds de nez mesquins, juste de grandes orgies de claques claires. Les Spetsnaz comprirent rapidement que mes deux mètres de haut n’étaient pas là juste pour faire joli et que j’avais un certain don pour la violence gratuite - un truc qui doit se transmettre de génération en génération….

Puis il y eu le petit incident de la prise d’otages de Beslan, à laquelle je participai comme tous les Spetsnaz disponibles. Deux longs jours de discussions intenses avec des connards prêts à tout sauf à nous laisser récupérer les pauvres innocents qu’ils forçaient à boire leur pisse pour ne pas qu’ils crèvent autrement que de par leurs putains de balles.
Au troisième jour tout le monde voulait en finir, même les terroristes qui n’en pouvaient visiblement plus de l’odeur des 21 morts qu’ils refusaient qu’on évacue - et je peux vous dire qu‘il faisait chaud… Très chaud. Tous les grands hommes décisionnaires essayaient de prendre les bonnes décisions et on envoya quand même une ambulance pour récupérer les corps en décomposition. Mais des ordres concrets pour arriver à sauver des gens - pour rentrer enfin chez soi - nous n’en avions pas. Et puis… En début d’après-midi il y eu un grand BOUM. Le BOUM de la libération des otages ; du moins c’est véritablement ce à quoi j’aspirai lorsque j’ai tiré sur l’un des terroristes… Sans voir que lui-même était assis sur un détonateur.
L’explosion de la bombe ouvrit une brèche immense dans le mur du bâtiment, tellement bien qu’une nuée d’otage voulue en sortir, et ils se trouvèrent tous au milieu de tirs croisés entre nous et les terroristes. On buta plus de gentils que de méchants…

La bourde ne fut pas vraiment dévoilée mais les Spetsnaz étaient tous parfaitement conscient de la personne qui l’avait engendré. Ils me firent donc comprendre que -pour moi, pour la Russie, pour les otages et pour leur mémoire - je devrais - peut-être, sûrement, si je le voulais bien - démissionner. Et on m’a reconduit vers la sortie en me disant bien que "j’avais le choix !".
Bande de cons. Je savais qu’ils ne me le laisseraient pas.

J’ai cherché des petits boulots, mais la Russie est une terre propice à l‘alcoolisme lorsqu‘on a rien d‘autre à faire… Je vous mentirai si je vous disais que j’ai cherché sérieusement. J’ai fini par traîner dans les bars en quête d’une bonne idée pour gagner de l’argent rapidement et facilement - et en grosse quantité.  Quelques poivrots m’en offrirent pour buter leur ennemi juré, or ça ne me rapporta pas grand chose.
Et finalement, un soir où le canon de mon flingue était braqué entre les deux yeux d’une prostituée, je compris ce qui pourrait faire décoller ma carrière…
Non pas la vente de sexe bande de pervers : La vente d’armes à feu. Au final, c’est les armes qui nous gouvernent. Elles guident le monde. Et dans le nôtre, si tu  n’as pas de flingue tu es mort.

Dans le marché des armes, ce qu’il y a de bien, c’est que c’est un marché permanent, et clairement inépuisable : le monde ne sera jamais en paix - ni aujourd‘hui, ni demain, ni même si Gandhi venait à refaire son apparition sur Terre en plus dissuasif. Nous sommes une espèce qui apprécie plus le conflit que la paix et, au pire des cas, il suffirait de tirer sur quelqu’un d’important pour que le marché se remette en route. Quant à nos concurrents, nous sommes les mieux lotis pour nous en débarrasser rapidement.
Le monde des armes n’a jamais eu de secret pour moi, m’inclure dans le marché me coûta par contre quelques frayeurs -  vous savez, les concurrents…. Mais personne ne me tua ; peut-être parce qu’ils ne croyaient pas en ma réussite, or je réussis. J’ai toujours su ce que je vendais et je faisais ça avec une facilité déconcertante. J’ai un peu voyagé, rencontré une femme merveilleuse en Italie, Cinzia - du moins une femme qui faisait genre qu’elle était merveilleuse - et je lui ai offert une vie parfaite, de celles qu’elle avait toujours rêvé. Elle ne savait pas ce que je faisais, mais c’était une femme assez intelligente pour se douter que mes transactions n’étaient pas toutes blanches. Pourtant, elle ne me posait jamais de question ; elle se contentait de me raconter sa journée. La normalité de sa vie me permettait de sortir de la violence de la mienne.

Cinzia était une jeune artiste prometteuse, adepte des vernissages et d’autres choses très classes dans lesquelles je ne me voyais pas avoir ma place. Elle a voulu me faire partager sa passion… Autant dire qu’elle a vite revue ses espérances à la baisse.
Dans sa tête elle devait avoir au moins 20 ans de plus que moi, ce qui lui permis de me gérer aussi bien que sa vie professionnelle. Elle était douce et posée et elle respectait assez mon abjection des sentiments pour ne pas être trop mielleuse avec moi. Elle était même souvent vache et elle ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait - ou bien me l’a-t-elle dit trop tard.

Elle m’offrit une stabilité agréable, ce qui se ressentit sur mes affaires.
Si au début de mon business, je faisais cavalier seul, j‘ai dû rapidement revoir cet état de fait.
La solitude est toujours agréable quand tu commences à tremper dans des affaires sombres. Or, quand les affaires sombres consistent à vendre des armes et des munitions par centaines… La solitude prend des allures suicidaires  - j’aurais crié  "Tuez-moi je suis seul et sans défense" que ça n‘aurait pas été plus percutant. J‘ai donc pris des hommes de mains.

On me connaissait sous le nom de Jack H. dans le milieu et je finis par n’avoir plus grand-chose à faire. Je ne fis bientôt plus de transaction avec les petites frappes de Russie mais avec les gouvernements des plus grands états d’Europe de l’Est et d’Afrique ; j’ai vendu autant d’armes à l’Arménie qu’à l’Azerbaïdjan, j’ai fournie autant de matériel aux ennemis des ennemis sans qu’ils ne le sachent, utilisant mes différents hommes de main qui, parfois, se faisaient rattraper par leur destin. J’étais le Mal personnifié pour bon nombre de gens souhaitant la paix, pour les révolutionnaires pacifistes et pour trop d’innocents… Mais j’étais un Mal nécessaire pour l’économie. Alors, oui, on me rechercha, on arrêta certains de mes gens, puis on les relâcha vite pour que le business redémarre. Je baignai dans un marché inépuisable à la demande constante. On avait besoin de mes armes et si j’avais disparu, de toute façon, un autre connard aurait pris ma place.

La révélation de 2007 sur les êtres surnaturels, leur coming-out, ne fit qu’exploser mes ventes d’armement, comme si tous les humains lambda souhaitaient avoir de quoi riposter en cas de débordement. Comme si la crosse glacée d’Uzi pouvait avoir un effet placebo de paix.

Puis je me suis marié, Cinzia a eu une proposition de travail en Amérique qu’elle ne put refuser et je l’ai suivi outre atlantique, voyant en se départ une opportunité pour mon trafic. L’un de mes bras droit garda un œil sur le marché Européen pendant que je me chargeai de me faire un nom ailleurs – ce qui ne fut pas difficile.
Il ne me fallut qu’un an pour écraser mes plus petits concurrents américains, les attentats de 2011 et 2012 –à Shreveport et ailleurs - finirent de m’inclurent dans le marché. Désormais ce n’était plus les gouvernements qui rapportaient le plus mais les Clans qui se battaient ardemment les uns contre les autres sans voir que ces guerres intestines n’amèneraient que le chaos et la désolation. En tant que revendeur, je fus d’une neutralité hors du commun, vendant des armes à ceux qui avaient le plus d’argent à me proposer, les exportant des quatre coins du globe et redoublant d’ingéniosité pour qu’elles soient les plus destructrices possibles. J’ai finis par engager des ingénieurs russes loufoques mais exceptionnellement compétents. Du lance-flammes défiant toutes concurrences aux balles en argent qui "éclataient" dans le corps des cibles – laissant des fragments qu’il était quasiment impossible d’extraire – il n’y avait que l’embarras du choix dans mon traineau des ténèbres.

J’ai été obsédé par ma réussite.
Et Cinzia c’est faites culbuter par le voisin.

Je l’ai appris à mes dépends un soir où je suis rentré à l’improviste, pensant lui faire une surprise, une toile de maître dans le coffre de ma voiture.
Je crois que ce fut moi le plus surpris des deux – enfin des trois.
Je les ai trouvé emboité l’un dans l’autre et… J’ai vu plus rouge que rouge.
Ils se sont rapidement désemboités et je me suis jeté sur Lui sans aucun ménagement. Je l’ai frappé pour me soulager, pour ne pas la tuer Elle, pour ma fierté bafouée et pour toute la confiance qu’Elle venait de piétiner ; pour ce mariage gâché, pour ces sentiments que je m’étais permis d’avoir, pour le mal qu’elle m’a fait. Je l’ai frappé jusqu’à ne plus sentir mes phalanges… Et quand je ne les ai plus senties, j’ai frappé encore plus fort.

Cinzia a beaucoup crié, elle m’a, je crois, supplié de leur pardonner, de lui pardonner à elle pourvu que je ne le tue pas – mais au vu de la gueule du gars, c’était inévitablement trop tard – et c’est quand elle m’a dit "Je t’aime Vahak’ ! Je t’aime ! Arrête ! Pitié ! " que je me suis arrêté – c’était effectivement trop tard.
Mais elle ne m’aimait pas, elle ne m’avait jamais aimé. Elle aimait la vie confortable que je lui avais offerte tandis que mes absences répétées lui avaient permis d’avoir une vie sentimentale débridée. Elle aimait mon argent, pas celui que j’étais. En fait, elle ne me connaissait pas. Ses excuses plaintives je n’en eu rien à foutre…

Elle a beaucoup vomi face au carnage et j’ai demandé le divorce entre deux de ses magnifiques gerbes de bile -glamour. Je crois que défoncer son amant était assez explicite comme dislocation de notre couple, mais comme elle n’était visiblement pas très fine – elle me trompait dans le lit conjugal, quand même – je lui ai évité une intense réflexion.
Quant à moi j’ai simplement attendu que les flics arrivent pour me passer les menottes. J’ai pris un avocat commis d’office – rien à foutre je savais que je pouvais faire toutes les saloperies du monde, le Monde avait trop besoin de moi pour m’enfermer longtemps – et on m’annonça 7 ans de prison ferme… Je n’ai fait qu’un an – vous savez, j’ai un sacré réseau. La seule chose que j’eus à faire en attendant c’est éviter de ramasser la savonnette dans les douches. De toute façon, 2013 ne fut qu’une année de calme absolue dans les guerres de races, je ne loupai pas grand-chose.

Quand je fus remis en liberté, je m’auto conseillai de me faire petit durant l’année à venir, parce qu’on m’avait à l’œil et qu’il aurait été dommage que mon réseau entier se face démanteler.
Je déménageai pour Shreveport, suivant de loin les histoires sur le vaccin contre la lycanthropie, tout en demandant à mes ingénieurs de plancher sur de nouvelles armes intéressantes. Pour le reste je trouvai un boulot original mais posé comme nettoyeur de scènes de crime.