Je suis née dans une famille, où le patrimoine, l'héritage quasi héréditaire est de devenir chasseur. C'est ce que nous sommes depuis une longue lignée générationnelle, quand on naît Lannister on a pas le droit de se poser la fatidique question, vas-t'-on suivre la trace de nos parents. Quand on naît Lannister, on naît chasseur. Famille originaire d'un coin de la Louisiane qui deviendra le Shreveport actuel, la famille Lannister n'a plus sa réputation à faire et ce depuis longtemps. Ils s'y sont implantés faisant très vite de cet endroit, leur terrain de chasse de prédilection. A l'époque, on ne se posait pas la question quand le surnaturel pointait le bout de son nez, on l'éradiquait au mieux. Nul besoin de penser au qu'en dira t'-on. Stannis Lannister, le père a ses idées et ses méthodes bien arrêtées. Radical et extrême dans sa vision de la traque des cess, ce dernier a une manière bien expéditive de régler ce genre de petits soucis, aucune place pour le doute ou pour la compassion envers ses "créatures". Des monstres c'est tout ce qu'ils sont. Ce n'est pas non plus notre longue lignée de dons médiumniques qui ne le radoucirait, que nous soyons en partie "différents" ne semble pas changer les pensées. Julian Lannister fut le premier enfant qui naquit dans le couple. Sept années nous précédent mon jumeau et moi.

Nous n'étions pas encore nés quand l'infime barrière fut franchie par ceux que l'on appelle aujourd'hui les Lycanthropes. Un jour, une attaque, il ne leur en fallu pas plus pour causer des tords quasi irrémédiables au sein de la famille Lannister. Semant peine, désolation, sang, rage et peut-être même désespoir dans l'âme même de Stannis laissé l'échine brisée pour contempler ce spectacle de mort. Sa femme subit certainement le pire de tout, battue, violée, laissée sur le sol de la demeure, le tout offert en spectacle aux yeux du chasseur. Le reste de la famille décimée, anéantie, éradiqué comme des parasites. Seul Julian ressortit de tout cela indemne, presque miraculeusement "épargné" de cette hérésie vengeresse. Il n'en fallut guère plus pour que la famille ne quitte les lieux sans demander leur reste pour rejoindre la Nouvelle-Orléans battant en retraite momentanément et se réfugiant dans la famille éloignées au fait des évènements. Partageant le secret familial.

Une nouvelle sentence tomba alors. Marie était enceinte, bien que l'avis de Stannis fut que le mieux serait d'interrompre cette grossesse malsaine et humiliante, il n'arrive pas à faire entendre raison à sa femme bien trop "croyante" pour se résoudre à tuer ce qu'elle avait dans le ventre. Bien qu'elle ne soit peut-être plus réellement apte à prendre ce genre de décision, mon jumeau et moi naquirent le 14 novembre 1984. Bien qu'il considéra les deux bambins comme ses enfants propres, il n'arriva jamais à "oublier" ce qu'il pouvait dicerner en nous... Chose que je ne comprenais nullement d'ailleurs, pour moi c'était lui mon père. Cette colère froide, ce visage toujours dur, ce regard blasé. Je ne grandis pas réellement au sein d'une famille clairement aimante, douce, une famille qui vous enveloppe de réconfort et de douceur. J'étais encore trop petite pour comprendre, pour savoir, pour analyser. L'amour d'une mère, je ne l'ai pas connu réellement non plus. Ayant subit tout cela, il ne lui en fallait guère plus pour qu'elle ne bascule chaque jour qui s'écoulait dans une dépression sans fond et sans retour. Parfois, elle me donnait l'impression d'avoir basculé dans la folie. Un moment elle me captait, l'autre j'étais comme invisible. Un jour elle m'a dit que la vie n'était pas un conte de fées, que le croquemitaine finirait par me bouffer toute crue et me ferait manger les pissenlits par la racine.

Le secret familial, la chasse fut pour un temps étouffé dans l'œuf. Avec une telle équipe de "bras cassés" nous n'en aurions pas mené bien large... Nous déménagions alors pour rejoindre New-York. La ville qui ne dort jamais. C'est la que j'ai grandis dans une petite bourgade de la ville, modeste mais passable. Dans une famille, compliquée, père handicapé, une mère à la limite de la folie qui un jour vous démontre un peu de tendresse, mais qui un autre ne reconnait qu'à peine les traits de votre visage. C'est avec ce cadre de vie que j'ai du composer. Julian devenant pour ainsi dire "l'homme de la famille" celui qui semblait devoir veiller et s'occuper de nous... Qu'en j'y repense aujourd'hui, je devine avec le recul de l'âge adulte, la maturité, qu'il a du faire énormément de sacrifice et grandir plus vite qu'il ne l'aurait du. Peut-être est-ce pour cela qu'il me semblait si "dur" à l'époque. Heureusement, j'avais mon jumeau pour composer. Non seulement faisant partie intégrante de moi, étant un peu comme une partie de mon être, j'ai toujours été très liée et attachée à lui, plus que de raison surement après tout c'était bien le seul sur qui je pouvais réellement me reposer. Nous avons un lien spécial, nul besoin de parler pour nous comprendre, nul besoin de broder un bien joli mensonge, l'autre devine toujours la peine derrière un sourire ou la vérité derrière un mensonge. Il était un peu comme mon point d'ancrage le plus solide dans cette vie. La vérité était ailleurs, cette vérité derrière cet énorme mensonge, je n'en avais nullement conscience encore. Le gêne lupin endormi à l'état latent en moi, qui fut scellé par magie à la demande de Stannis, tant de choses que je ne calcule pas encore... Peut-être était-ce mieux ainsi après tout, si j'avais du connaître cette vérité en étant gamine, je n'aurai très certainement pas été celle que je suis aujourd'hui.

Malgré le fait de ne pas avoir connu la période pro chasse de papa, de ne pas savoir ce à quoi j'aurai un jour à faire face. Malgré tous les secrets, tous les mensonges, j'ai toujours su que j'étais différente, que nous l'étions. Nous ne pouvions pas ignorer les dons que nous avions et qui au fil des années se décuplèrent. Cette différence m'a toujours mise quelque peu en retrait des autres enfants de mon âge, me rendant légèrement solitaire. Oh j'avais quand-même des amis oui, mais c'était toujours sans grand attachement, sans cette insouciance enfantine à laquelle j'aurai du avoir droit. Je ne me suis jamais sentie réellement "normale". En retrait, stagnante, j'ai toujours été très observatrice de ce qui m'entourait, cherchant toujours à tenter de comprendre les zones d'ombres, curieuse de nature, Lyle et moi avons fini par remarquer le petit manège de notre aîné. Ses drôles de comportements, ses absences fréquentes, ses messes basses avec papa. Comment cela aurait pu nous passer sous le nez sans que l'on ne se pose la moindre question? C'est à cette découverte de Julian reprenant le flambeau familial de la chasse que je compris toutes les paroles insensées de ma mère me mettant en garde contre les vilains monstres qui seraient prêts un jour à me dévorer avec leurs longues dents tranchantes comme des lames de rasoirs. Dans sa folie, elle n'était peut-être pas si folle finalement. Les monstres du placards n'existaient peut-être pas, mais les monstres tout court tapit dans les ténèbres, eux ils venaient de réellement prendre forme à mes yeux. Ni une, ni deux, rien à faire si Julian "s'amusait" à devenir chasseur, pourquoi mon jumeau et moi ne suivrions nous pas la même voie? Réfractaire à cette idée, mais tu n'as pas le choix mon cher Julian, si tu pensais qu'on allait lâcher prise au premier mur que nous allions rencontrer, c'était mal nous connaître. Il ne réussit pas à nous décourager de notre idée. Il finit par tout avouer et par nous accorder un peu plus de crédit, en nous prenant en quelque sorte sous son aile, nous apprenant peu à peu les rudiments de la traque, de la chasse, du maniement des armes et de tout ce qu'il y avait à savoir sur les créatures qui étaient nos ennemis héréditaires. Mon enfance et mon adolescence ne fut donc pas comme celle de tous les autres. J'avais ce secret, cette chose qu'il fallait taire, ne garder que pour soi. Cette spécialité qui me rendait encore plus différente et qui creusa encore un peu plus l'écart avec mes camarades de classes, bien tranquilles dans leurs petites vies étriquées et insouciantes.

Alors que les autres pensaient à batifoler, aux premiers émois amoureux, aux sorties, à s'amuser, moi de mon côté je vivais dans un monde complètement différent. Un jour, Julian nous jugea prêts pour faire face à notre première vraie chasse. Excités, enjoués par cette toute nouvelle perspective, enfin nous allions réellement entrer dans l'arène, nous n'en sommes pas revenu quand il nous mis face à un zombie avec pour seule et unique moyen de défense un pieu! Un pieu "monsieur poitu", hum, mais c'est pour les vampires ça non? Il était sérieux là, qu'est -ce que tu veux que je fasse avec ce foutu bout de bois? Autant vous dire que ce ne fut pas une partie de plaisir, mais nous n'allions pas baisser les bras aussi facilement Lyle et moi. Si pour être chasseurs, il faut être réactif, être inventif n'est pas complètement obsolète. Un bout de bois planté dans le crâne, ça pouvait palier au ridicule de la situation non? Même si nous n'en avions pas mené très très large, nous n'en avions pas été des moindres non plus. Mit devant le fait accomplit, Julian n'eut plus d'autre choix que de nous accorder du crédit. La chasse reprit alors sa place initiale dans les activités de la famille Lannister dirigé sous la main ferme de Julian.

Mais a grand secret et à grandes responsabilités, il faut un versant opposé. On ne vit pas de la chasse, on ne vit pas en décalage total avec le monde qui nous entoure. Une vie plus "rangée" est nécessaire pour former le leurre idéal. Alors que mon jumeau entreprenait des études scientifiques, je me lançais de mon côté dans des études de médecine. Je m'étais dit que cette voie était intéressante et pouvait même à fortiori servir notre autre activité. Mener de fronts deux vies en parallèle s'avéra très vite compliqué pour moi. Des études c'est très prenant, mener de front la fac et la chasse, sans en subir des "coups de mou" il faudrait être une machine. Je ne le suis pas... C'est là que de premières divergences se firent ressentir. Je voulais me centrer sur mes études, je voulais ralentir le niveau... Un peu paumée entre mes "priorités" ne sachant vers quels côtés me tourner. Hésitante, peut-être était-ce même du à cette fameuse rencontre que je venais de faire. Ce jeune homme dans ma fac, j'avais alors à peine dix-huit ans, mais il fallait bien que cela n'arrive un jour...

Je l'avais tout de suite repéré, tentant de se fondre dans la masse estudiantine, cherchant à "flirter" avec une vie normale. Un lupin dans ma faculté. Comment cette "particularité" aurait pu me passer sous le nez? Il ne semblait pas faire de vagues, pas être sur un pseudo terrain de chasse. Les premières semaines de ce petit repérages se passèrent donc sans heurts. Puis vint ces "incidents" mortels. Des morts atroces, des cadavres retrouvés dévorés au sein même du campus. Un puis deux... Ce ne fut pas anodin à mes yeux. Je me mis donc sur la piste de l'auteur réel de ces meurtres un peu trop étranges à mon goût, prenant pour cible ce lupin que j'avais décelé quelques semaines plus tôt. Pour moi nul doute, les faits pouvaient largement lui incomber. Il fallait que j'en ai la confirmation, sans prévenir le reste de ma famille, j'avais décidé de prendre ce lycanthrope en chasse toute seule comme une grande. Mes investigations me conduisirent sur une toute autre piste que celle à laquelle je me serais attendue. Un loup-garou, une nuit, une traque je pensais tellement que c'était bien lui... Erreur, jugement complètement erroné finalement. Je m'étais trompée de cible. Ma poursuite m'avait menée jusqu'à une soirée semblant totalement anodine. Comment aurai-je pu penser que non seulement j'avais à faire avec un lupin, mais qu'en plus de cela, ce gars était un psychopathe en puissance?? Tout à coup, les flammes rougeoyantes qui dansaient léchant de ces piques brulantes la peau des pauvres bougres n'ayant pu échapper à leurs étreintes. La peau se couvrir de cloques suintantes, l'odeur, le crépitement que cela provoquait. Rien ne pourra me faire oublier ce spectacle d'horreur. Mes songes en sont encore emplit d'images effrayantes. Une sourde colère raisonne encore aux tréfonds de mon âme, devant tous ces malheureuse personne que je n'ai pas su sauver cette nuit fatidique...

La première déflagration nous vrilla les tympans. Je me souviens d'avoir hurlé, lâché un cri strident en me pressant les mains sur mes oreilles. Des tables furent renversées, une cohue monstre. J'étais à genoux, je ne voyais plus que les jambes des personnes s'agitant en tout sens. Les flammes se répandaient à vitesse hallucinante... Je sentis deux énormes mains me saisir par les aisselles et me soulever comme un vulgaire paquet de linge. Je décollai du sol. Ce n'est que bien plus tard que je ne me rendrai compte de la personne qui me sortit de ce carcan infernal. Si mes deux frangins m'avait vue cette nuit-là, pire qu'une bleue, je ne donne pas chère de l'image qu'ils auraient de moi. Si seulement j'avais su ce qui se passait alors qu'on m'éloignait de ce carnage. Qu'aurai-je pu y faire?? J'avais à peine eu le temps de placer autour de moi le champ de force qui me servit de bref bouclier avant de ressentir une faiblesse qui me fit vaciller au sol et qui rompit le dôme qui me protégeait jusqu'alors. Déjà mes yeux me piquaient, j'avais du mal à respirer, l'impression de suffoquer, je ne pouvais emplir mes poumons d'air. Je toussotai nerveusement, par saccade. J'eus des hauts le cœur; une nausée effroyable. Avant que Samuel ne me sortit de cet endroit. Qui est donc Samuel? Ce fameux jeune lupin que j'avais soupçonné de prime abord.

La fraîcheur de l'herbe humide de Central Park, quand je fus déposée sur le sol, me sortit de ma stupeur. Je relevai doucement la tête, mes yeux s'habituant à l'obscurité ambiante. Ils se posèrent sur son visage, ce visage presque déjà familier de Samuel, le lupin. Qu'est ce qui se passe? Que je sortis d'une voix assez faiblarde, un peu rauque, j'avais la gorge irritée par la fumée. J'essayai vainement de me relever, mais je ne réussi seulement qu'à m'assoir dans l'herbe. Reste-là, ne bouge pas. Je reviens vite. Et je le vis fendre l'air comme une tornade, ses muscles puissants le propulsant à toute vitesse. J'aurai voulu crier, non ne me laisse pas seule. Je ne pouvais pas dans la famille on avoue jamais sa peur encore moins sa panique ou son émoi et surtout pas à un bon dieu de lycanthrope. Je restai une demie-heure seule ce lieu lui ne m'effrayait pas. C'était de ne pas comprendre qui me terrifiait qui me rendait malade. Il revint près de moi, posant une couverture sur mes épaules. Il me dit de rentrer chez moi. Je n'avais aucun idée qu'il avait tenté d'aller sauver d'autres personnes de ce carnage. J'avais encore moins idée qu'il avait repéré mon petit manège d'investigation à son égard et que c'était ce qui l'avait amené à me suivre ce soir-là!

La honte, quelle honte, "sauvée" par un lupin... Je n'en souffla jamais mot à mes frères. Imaginez un peu que j'aille leur raconter l'énorme bourde que je venais de faire, ce qui en avait découlé. Oh bien entendu, ils entendirent parler de cet incendie et des nombreuses personnes mortes ce soir-là, mais de ma présence là-bas, de mon incompétence non très certainement pas... Mais depuis ce moment-là, mes doutes ont enflés, croissant de plus en plus. Un "monstre" pouvait-il avoir une conscience? Si Samuel n'était qu'une bête féroce qu'il fallait à tout prix abattre, pourquoi m'avait-il secourue ce soir-là, et puis pourquoi ne m'avait-il pas tout simplement attaquée alors qu'il était seul avec moi? Mes chasses s'espacèrent de plus en plus... Je me ramollissais selon mon jumeau... Je n'avais plus la même flamme, la même hargne et mon amitié grandissante avec ce lupin en était la cause. Que me dirait-il si en plus de cela, ils avaient appris qu'en plus je m'étais mise à faire quelques traques avec un lycanthrope. Nous voulions tout deux retrouver le coupable de cet incendie. Je pense qu'ils m'auraient carrément étranglée.



Nos pas nous avaient menés dans un autre état sur la piste de la fuite de l'incendiaire...

On est partis plus tard que je ne le pensais... me dit-il. Mais on a pas mal avancé, plus qu'un kilomètre et on sera arrivés. On va camper ici avant que la nuit ne tombe. Je regardai autour de moi d'un air dubitatif et mon expression, le fit rire. Il me rassura d'un regard, je lui faisais confiance et cela semblait lui faire plaisir. Il retira son sac à dos et m'aida à ôter le mien. Du camping super, j'en avais jamais fait. En fait je préférai de loin le confort de ma demeure. Nous n'étions pas là pour nous détendre, nous étions sur la piste d'un lupin fou. Et si on poussait directement jusque là-bas? Il scruta mon visage. Non, je ne veux pas de notre odeur là-bas, je ne veux pas que nous ayons l'air de possibles proies... Je posai mes mains sur mes hanches en secouant la tête négativement. Tu crois que pour lui ça fait une quelconque différence? Je me rangeai à son avis après tout, il était certainement plus doué que moi pour semer son espèce et pour suivre une piste. Je me rangeai donc à ce qui ressembla pour moi à la voix de la sagesse. Il haussa les épaules en riant. Samuel tira une barre chocolatée de sa poche et me la tendit. Je la pris malgré mon gros soupir exagéré et je commençai à la manger. Il me regarda d'un air sévère.

Ecoutes ma p'tite. Tu brûles beaucoup d'énergie, pour conserver ta chaleur, sans parler du fait que tu es trop maigre. Je failli m'étouffer en avalant un morceau de barre chocolatée. Que venait-il de dire, trop maigre? J'écarquillai les yeux en émettant un grognement de désapprobation. Il étira un peu plus son sourire. Il avait toujours adoré me faire de petits pieds de nez dans ce style. Non, en fait il ne pouvait tout simplement pas se retenir de me faire enrager. Dans le fond, c'est un peu ce qui me plaisait autant chez lui. Puis, je l'avais bien cherché, j'avais insisté pour l'accompagner dans cette traque bien que l'idée ne le séduise pas du tout. Mais qu'importe j'étais bornée. La première règles quand on "jouait dans les bois" c'était d'être flexible, ce qui n'était pas mon point fort. Emmener une "bleue" avec lui, c'était pire qu'une torture. Oui parce qu'il me considérait lui aussi comme une bleue, un chasseur pas très doué.

Oui ben, tu sais ce qu'elle te dit ma maigreur. Reste aux aguets au lieu de me reluquer le derrière. Je lui tirai la langue comme l'aurai fait une gamine. Après tout, c'est un peu comme ça qu'il me considérait. Comme une gamine capricieuse, une petite fille qu'il fallait garder à l'œil. Alors que je me morfondais pour qu'il me voit enfin comme une égale, comme une convoitise. Cette nuit là fut froide, elle fut aussi la plus longue de ma vie.

Le réveil fut encore plus pénible. J'avais l'impression que mes os étaient rouillés. Je grinçais des dents, le maudissant intérieurement. Nous n'avions pas allumé de feu, pour ne pas dévoiler notre position, je n'eus donc pas droit à une bonne tasse de café fumant. Autant vous dire que j'étais encore embrumée. Je n'entendis pas le danger approcher. Samuel bondit soudain, me heurtant au flanc droit. Je dégringolais la petite bute sous le choc. Je failli lui hurler dessus, avant de m'apercevoir qu'il venait de recevoir une flèche dans l'épaule. Bon dieu de loup de m**de qui en plus se met à nous tirer comme des lapins à la manière d'un chasseur. Il me cria de partir, de courir sans me retourner. Je lui répondis que non je ne le laisserais pas là, il hurla encore plus fort. Jura de m'étriper lui même si je ne décampais pas immédiatement. Je fini par lui obéir. Malgré moi... Je ne revis jamais Samuel après cet épisode.

Ne sachant pas si celui que je considérais à présent comme un ami à part entière était encore en vie, mort dans cette forêt, malgré que j'attendis plusieurs jours après lui. Je fini sans nouvelles de lui par me résigner à rentrer à New-York.

Les jours passent, le temps efface certaines choses, mais rien ne se ressemble jamais. L'heure de la révélation a sonné. Elle est tombée un peu comme un gros coup de massue sur notre tête. Nous ne l'attendions pas, ne la désirions pas... Du moins, même si elle ne changeait pas grand chose sur notre vision des créatures maintenant fichées et dénommées CESS, elle ne nous rendit pas service pour autant. La fascination des humains pour l'inconnu, les ténèbres se révéla plus grande que nous ne l'aurions pensé. En prime, tuer ces monstres devenaient illégal sous certaines conditions. Foutaises que voilà! De quoi mettre en rogne les Lannister. Nous n'allions pas changer des années de perpétuation pour des gens incapables de nous être reconnaissants. Rien ne nous détournerait de notre "croisade", de nos habitudes. Croisade que je repris avec mes frères de manière plus assidue. Jusqu'à ce fameux jour de 2011 où Julian prit la décision de retourner vivre à Shreveport. J'abandonnais alors mes études pour le suivre, n'ayant plus vraiment dans l'optique d'obtenir un diplôme quelconque. J'étais vouée à chasser, je n'échapperais plus à ce destin-là. Un destin qui finalement était l'essence même de ce que j'étais. J'ai moins hésité à suivre Julian, voulant laisser derrière moi certains souvenirs limite douloureux, recommencer quelque part ailleurs dans cette ville qui fut la scène d'un véritable carnage. Dont je ne sais encore fichtre rien... Dont je n'ai pas encore saisi toute l'étendue.