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 Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée

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MessageSujet: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 00:35

Si tu atteins le sommet de la montagne, continue de grimper !
Rafaël Noah Lisänta


© pictureforguys@tumblr


Prélude

date et lieu de naissance. 2 Mars 1959, Athènes
nationalité. Né grec, Rafaël est désormais américain
votre forme animale. Un grand et majestueux aigle royal.
type de métamorphe. Pure sang
camp. Dépourvu de clan Métamorphes, il fait pourtant parti d’un groupe ayant un poids politique non-négligeable : l’Animal Liberation Front, aka ALF
état civil. Célibataire
lieu d'habitation. Il possède un appartement miteux comparé à son ancienne demeure dans Southampton, qui ressemble à un mix entre une garçonnière et un dépotoir, il s’agit là d’une colocation. De plus, il a aménagé à l’est de Shreveport une petite maison abandonnée, perdue dans minuscule hameau désolé. Cette masure, sobre et austère, est inconnue de tous et a une vue imprenable sur la campagne environnante, en plus d’être dotée d’une grande surface agricole.
métier. Pompier – Responsable terrain des Métamorphes de l’ALF Louisiane
étiquette qui vous est collé. Un gentil bonhomme, un peu brave presque. Souriant, aimable, civilisé, un peu gentleman, il sait se faire aimer. Et puis il est pompier, il sauve des vies... Rafaël apparaît presque comme le gendre idéal, celui qu’on aimerait tous avoir dans la famille. Sociable, rieur, agréable à regarder et cultivé, il est du genre apprécié. Et à son travail, voulant s’intégrer parfaitement, on l’aime bien, c’est un bon sportif, un bon camarade et il a une sacré descente. Surtout, on aime beaucoup le taquiner, le comparant à Joaquin Kestla, un ancien présentateur météo très apprécié des enfants. Bouarf, il hausse les épaules et les ignore, voilà tout.


I. I want know who you are

traits de caractère.


    Protecteur, paternel, dominant.

Rafaël ne supporte pas voir son entourage blessé, que ce soit physiquement ou moralement. Toujours présent pour eux, il veut et impose son aide et son soutien. Soucieux de la qualité de vie de ses proches, il s’intéresse à eux en les questionnant sans cesse, et les espionnant un peu aussi, et en s’immisçant dans leurs vies dès qu’il remarque que quelque chose ne va pas. En décelant un problème dans leurs quotidiens, une erreur ou un obstacle se dressant sur leurs chemins, Rafaël sera toujours là pour les aider, pour expliquer où a été le problème, pour les punir d’avoir faite une bêtise –grave ou non... Mais, ce côté de caractère n’est pas si simple, à vrai dire, le Métamorphe est du genre à imposer cette protection. Ceux qu’il protège, qu’il guide ou paterne, sont uniquement les siens. Farouchement jaloux et possessif, personne d’autre ne peut toucher à ses pupilles sous peine de subir de vindicatives représailles. Dans le même sens, lorsque Rafaël choisit une personne, elle ne peut refuser cette protection qui, peu à peu, deviendra une véritable inquisition gommant toute vie privée.

    Intransigeant, perfectionne, refuse l’échec.

Lorsqu’il demande quelque chose, ou s’engage à faire une action, minime ou non, Rafaël désire obtenir le meilleur résultat possible. De la simple cuisson des pâtes à une mission périlleuse, il lui est impossible d’imaginer un travail bâclé. Tout doit être millimétré, la moindre erreur l’énerve, le rend fou, et fera tout pour la réparer. Et lorsqu’il vous demande quelque chose et qu’il juge que vous auriez pu faire mieux, la déception sera visible sur son visage. Il n’accepte que la perfection, pour lui ou pour les autres, et le fait expressément comprendre. Quant à l’échec pur et simple, il ne le tolère simplement pas. Dur et intransigeant, il peut se montrer aussi froid qu’enflammé, tout dépendra de la situation, mais son refus de la faiblesse est quelque chose le rendant assez... effrayant.

    Colérique, instable, fier.

S’il ne se laisse que rarement emporter par ses émotions négatives, Rafaël est pourtant enclin à la colère. Très facilement inflammable, facilement provocable, irritable et courroucé, la colère du Métamorphe est légendaire tant elle est spectaculaire. Violent sur les bords, il en vient souvent aux poings alors qu’on le provoque ou, à défaut de pouvoir amocher l’auteur de ces maux, il improvise un punching ball pour se défouler.

    Stratège, consciencieux, réfléchi.

Selon lui, rien n’est dû au hasard, toute action ayant une réaction, il aime prévoir et anticiper ce qu’il risque de se passer. Posé, Rafaël ne laisse aucune chance à l’aléatoire, tout ce qu’il entreprend est murement réfléchi, cherchant à comprendre tout les aspects de son projet, à analyser tout les détails et à évincer tout les points faibles. Tatillon et pointilleux, lorsqu’il élabore quelque chose, Rafaël y met l’entièreté de son temps et de son énergie, mais il connaît finalement l’intégralité de son projet, tous ses tenants et ses aboutissants.

    Impulsif, imprévisible, insatiable.

Paradoxalement, Rafaël est quelqu’un de totalement imprévisible. Lorsqu’une envie soudaine le prend, il ne se refuse rien. Totalement libre de ses actes, selon lui, rien ne lui est interdit. Alors, il fait ce dont il a envie, il assouvie ses besoins et est très souvent guidé par son instinct. Excessif, lorsqu’une lubie le prend, Rafaël ne fait guère les choses à moitié, d’autant plus qu’en éternel insatisfait, dès qu’un besoin se créé en lui, il le hante et l’enivre, devenant une lubie incapable à estomper, bien au contraire.

    Sociale, agréable, leader.

Charismatique et beau parleur, Rafaël a toujours été bien entouré. S’il n’est bavard, son aisance et sa facilité à parler font de lui quelqu’un ayant toujours un carnet d’adresse rempli de bonnes relations. Il apprécie particulièrement faire de nouvelles rencontres, discuter autour d’un verre avec ses proches, parler de tout et de rien... Mais, il est aussi très convainquant ; puisque rapidement Rafaël connaît vos opinions à force de discutailler, il arrive ensuite à détourner vos propos pour parvenir à ses fins : vous convaincre que vous n’êtes pas un bon éco-citoyen. De plus, outre son aisance à s’exprimer, le Métamorphe possède un charisme inné, sa stature altière, sa prestance et sa capacité à haranguer les foules le transforme en leader né. Il parle, on l’écoute, on le suit. C’est un père autant qu’un chef.


occupation diurne.


Il ne dort pas beaucoup. Soit il dort cinq heures pour vingt-quatre heures (comparés à huit pour un humain moyen), soit il fait deux siestes de trois heures.
La nuit, il est presque tout le temps transformé.
Le jour, il travail beaucoup, même si, depuis la Révélation, le système a fait qu’on emploie souvent les Métamorphes de nuit.
Il pratique de nombreux sports. Quaterback dans l’équipe des pompiers de Shreveport, il s’entraîne aussi en boxe, en tir, en athlétisme et en divers sports de combat. Dès qu’il le peut, Rafaël s’active.
Dans l'appartement d'Ambrose, son colocataire, de Shreveport, de nombreux appareils de musculation ont envahi l'espace, il n’a en effet plus les moyens de payer un abonnement en salle.
Il bricole beaucoup, très manuel, il rénove de fond en comble sa seconde résidence.
Il a la main verte, le jour, il entretient son très grand jardin où poussent de nombreuses plantes. Enfin, du mieux qu’il peut vue que cela fait environ deux mois qu’il a aménagé ici.
Malgré le fait qu’il soit en fuite, il demeure très actif au sein de l’ALF.

manie, habitudes & goût.


Carbure littéralement au café. Plus il est mauvais et fort, plus il aime ça.
Fume beaucoup, aussi.
N’utilise que des allumettes, ou un Zippo quand il est chez lui.
Craque sans cesse les allumettes.
A une véritable passion malsaine pour le feu, qu’il craint autant qu’adore.
Est incendiaire, mais ne brûle que les lieux contraires à ses idéaux écologistes.
Se transforme toutes les nuits, ou presque, et vole durant de longues périodes.
Mange énormément. Autant de la mal bouffe que de la haute gastronomie qu’il cuisine.
Est volage et insatiable sexuellement.
Est très tactile, a besoin d’avoir un véritable contact physique avec ses interlocuteurs lorsqu’il s’agit d’un proche.
Fait souvent craquer ses orteils.
Se lave très souvent, surtout les ongles, plein de terre.
Maniaque de l’organisation et du rangement, son studio est pourtant un bordel sans nom.
Vulgaire.
A peur des trop grandes étendues d’eau.
Adore le lapin, cuit ou cru.

transformation.


Un aigle royal. Pourquoi ce choix s'opéra durant ma jeunesse ?
Avant tout, parce que mon deuil n'était terminé. Je souhaitais toujours voler avec mon père, ce rêve d'enfant que j'ai toujours éprouvé et gardé dans mon coeur, bien que ce dernier soit mort ; malheureusement, la peur de l'eau m'a contraint de refuser tout animal marin. Attiré par les cieux, prisonnier des barreaux de bétons que sont les buildings neyworkais, je devais m'élever avec aisance et vélocité tout en me démarquant de ces vulgaires pigeons qui tapissent les rues et les murs de leurs fientes poisseuses. De plus, chez moi je n'étais pas une voix écoutée, obéie, si je m'occupais de la famille dans son entièreté, je devais toujours être un porte-parole autoproclamé de Maman pour que mon autorité agisse, sans que Maman ne le sache bien sûr. Sur Terre, je n'avais aucun poids, mais de trop nombreuses attaches ; ma soif de liberté, mon besoin de n'avoir à hausser le ton pour me faire écouter me firent choisir une voie royale dans le règne animale. Chef né, il me fallait être au sommet de la chaîne alimentaire aérienne tout en étant le symbole même du Monarque Aérien.
Instinctivement, je suis devenu Aigle, Prince des Cieux, tandis que sûr Terre je croissais, devant un adolescent parmi les autres, plus vindicatif et bagarreur que les autres, asseyant mon aura de leader.
Mais, dès ma première Métamorphose accomplie, Mvemba me taquina, ironique et amicale, disant que je me transformais en symbole même des USA qui nous avaient accueillis à bras ouverts, j'étais devenu un véritable patriote. Ou pas.

La Métamorphose ayant été depuis ma tendre jeunesse l'une de mes pires lubies, j'ai essayé de la maîtriser le plus vite possible. De plus, étant le seul Métamorphe à la maison, je devais prendre en charge l'éducation de mes frangins dans ce domaine là, le seul où je pouvais exceller. Au bout de deux années environ, à force de hargne et de passion, mon Aigle fut dompté : la Pleine Lune n'était plus une apocalypse sans nom et la transformation s'avérait un véritable délice que j'attendais avec impatience. Une fois par mois, j'étais vierge de toute entrave. Puis, peu à peu, en aimant cette partie animale de moi, mon âme humaine et mon esprit animal commencèrent à ne faire plus qu'un : ma vision s'acéra tandis qu'une Lune incomplète, mais tout de même grosse et présente, me suffisait pour jouir des plaisirs aériens.
Forcené dans mon travail, aujourd'hui je n'ai aucun mal à me transformer quand cela me chante, sauf la journée naturellement, et mon Aigle et moi sommes en parfaite harmonie.

conviction.


Plus de bien que de mal. Au moins, les humains ont le choix et le savoir. Or, ces deux éléments permettent de nombreuses choses et conduisent à un libre arbitre relatif. L’égalité des droits et la non-nécessité de se cacher sont des points qu’apprécient Rafaël, bien qu’il ne se considère guère différent et ne supporte pas les étiquettes qu’on lui impose. Mais, que ce soit CESS ou une autre, alors, allons bon.
Cependant, d’autres détails l’énervent. Les lycanthropes qui se sont décernés la palme des meilleurs métamorphe le courroucent souvent, tandis que les vampires, et cette putain d’hypnose de masse qu’ils exercent, le mettent hors de ces gonds. Plutôt l’abrutissage des humains en réalité, comme s’ils en avaient pas assez pour être écervelés.
Par contre, la mise au grand jour de la sorcellerie et de leurs problèmes suite à l'industrialisation de la planète a permis, selon lui, de donner un second souffle aux idéaux écologistes, bien que cela n’ait été suffisant...

signes particuliers.

Son tatouage sur le bras droit, une croix. Bien que profondément athée, nonobstant son éducation dans un monde plus ou moins orthodoxe, cette croix lui est cher. Non pas à cause de sa signification religieuse mais, surtout, parce qu’elle a été faite par un tatoueur profondément chrétien qui se rapproche le plus de ce qui aurait pu être l’amour de sa vie. Presque. De plus, étant une sorcière, elle avait enchanté ce tatouage qui représentait sa vision du monde magique. Les arcanes, inscrites dans sa peau, lui octroie une faible barrière mentale. En réalité, seuls les plus faibles mentalistes verront là un obstacle, un mur très facile à broyer. La seule utilité de cet enchantement demeure dans la capacité à Rafaël de savoir quand il subit un assaut mental, et donc, avec de l’entraînement, d’essayer de s’en libérer.
Son tatouage sur l’épaule gauche. Une petite tête ridicule, faite par cette même amie tatoueuse, et profitant d’un même enchantement, bien plus efficace cependant. Il lui permet d’augmenter sa force. Sous sa forme humaine, cela s’avère imperceptible mais, une fois transformé en aigle, cela amplifie considérablement ses capacités. Outre une vitesse de vol un peu plus élevé, cela lui permet de soulever, à l’aide de ses serres, un poids allant jusqu’à une quinzaine voire une vingtaine de kilo !
Son bracelet à la cheville, souvent à droite. Couvert de runes uniquement esthétiques, il est lui aussi enchanté et, une fois qu’il l’a, le rend flou sur les écrans, rendant impossible la reconnaissance visuelle. De plus, ce bracelet à la capacité de s’adapter à sa transformation, rétrécissant lorsqu’il devient aigle, grandissant lorsqu’il retrouve sa forme bipède.





III. That thing I want to tell you

pseudonyme. Kupo âge. 20 ans code du règlement. Au pays des fous, les dégénérés sont rois. nimuqueuse Et bien, il ne manque plus que le thème de Dracula, prince des Ténèbres, et je crois qu'on pourra commencer. avis général à propos du forum. Toujours aussi nul avatar utilisé. Marco Dapper



Dernière édition par Rafaël N. Lisänta le 24/7/2012, 14:31, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 00:36


II. A true story






Through the glory of life
I will scatter on the floor
Disappointed and sore
And in my thoughts I have bled
For the riddles I've been fed
Another lie moves over




    Le 22 Avril 1967, 3h du matin passé, non loin d'Athènes.


Ils courent. Comme ils le peuvent, ils courent. Nous courons comme nous pouvons. Nous avons pris ce que nous avons pu, dans la hâte et la détresse la plus totale, on s’est emparé du maximum et on est parti. On a fuit. On n’a pas eu le choix, disait Maman, il fallait quitter la ville au plus vite. Parce que Maman, comme on dit, avait du flair. Normal, vous allez me dire. Alors on est parti, sans regarder en arrière, sans avoir le temps de pleurer ou de regarder la réalité en face, on est parti de la maison. Maman, les enfants et moi. Papa n’est pas avec nous, c’est à cause de ça qu’on est parti.
Mais on ne va pas assez vite. On est loin d’Athènes, loin du centre ville, de son vacarme, de sa fumée et de ses cris. Je suis lucide, trop lucide. Je l’ai toujours été, on appelle ça une malédiction. Je regarde en face de moi, il n’y a que la nuit, les ténèbres, le froid et l’inconnu. C’est la bonne direction, il faut avancer. On ne va pas assez vite. J’entends au loin un homme dire Les fuyards sont passés par là ! . Il y a un coup de feu. Nous ne sommes pas les seuls, on n’a pas été trouvé. J’entends un hurlement qui déchire la nuit et glace les étoiles figées dans la voûte céleste. Il y a d’autre coups de feu, d’autres cris. Des voix d’enfants, je ne veux les reconnaître. Je le reconnais. Nikos, mon ami à l’école, celui qui me copie en math et sur lequel je lis sur les lèvres pendant les récitations. Son corps tombe sur le sol. Ils se rapprochent. On doit accélérer. Dans le ciel, les étoiles se voilent. Il n’y a pas de nuage, juste un insecte d’acier qui balise le sol de son phare géant. Ils nous cherchent, nous, les fugitifs. Les traîtres à la nation. Il y a une flamme au loin. Les coups de feu se multiplient, les voitures se reproduisent.
On doit aller plus vite.
Maman ne peut pas, elle est enceinte. Andréas non plus, j’ai dû lui faire ses lacets avant de partir, il a du mal à courir. Les autres sont trop jeunes. Et j’en porte un dans les bras. Ils sont fatigués, ils ont besoin de dormir. Si on s’arrête, je le sais, les coups de feu seront pour nous. Je m’y refuse, je dois trouver une solution. Maman trébuche, j’ai peur pour son ventre. Elle ne peut pas trouver une solution. Il est rond, trop rond. Pourvu qu’elle n’accouche pas maintenant. Je dois forcer le miracle.

Il nous faut tout abandonner. Perdre du lest. Avancer, accélérer. Nous n’avons pas le choix, personne ne l’a aujourd’hui. Personne. J’ai compris ce qui s’est passé, Papa en parlait tellement.
On doit se transformer, ordonné-je. Pas toi Maman, c’est trop risqué, et si tu ne peux pas Andréas, ce n’est pas grave.
Non. Rafaël, je t’interdis, me dit-elle en vain.
La lumière d’un hélicoptère balaye la forêt non loin de nous, à quelque mètre. Tous frissonnent, sauf moi. Je reste stoïque, la tête froide. On doit avancer, vite. Les flammes lointaines continuent de ronger la pinède, une lueur rougeâtre se voit dans mes yeux et masque ma peur. Je m’arrête et tend Dimitri à mon jumeau. Mon tee shirt tombe au sol, mon pantalon aussi.
Ca ne servira à rien, tu le sais bien. Cours plutôt.
Je dois essayer. J'ai bientôt l'âge.

Je suis nu. Je me concentre, j'essaie. Je sens l'animal en moi. Chaque nuit, je le sens plus, surtout durant les Pleines Lunes. Comme s'il me chatouillait, comme si à l'intérieur de moi, mon âme était un blanc et un jaune d’œuf séparés et que tout voulait se mélanger. Je sens ce blanc m'entourer, mais il ne veut venir en moi, il s'y refuse. Je dois arriver à devenir un animal, mes sens internes doivent s'étendre jusqu'à capter ma conscience bestiale.
Je respire de plus en plus fort. Je la sens presque, je me sens presque animal.
Il y a un coup de feu.
Ils sont là, résonne le cri humain après la détonation.
Ils nous ont vue, on a plus le temps pour ça Rafaël, vite.

Au revoir nos affaires.
Au revoir Athènes.
Nous n'avons plus le choix, à cause de moi. On s'est enfuit dans les ombres des oliviers et des pins. Enfants, on se faufile entre les troncs décharnés des arbres méditerranéens

Maman trébuche et tombe. J'ai peur, peur pour elle et son ventre. Elle a roulé sur le sol. On vient d'atteindre une crête, elle roule-boule sur une pente. Côme et Lydia hurlent, paniquent, je ne peux m'empêcher d'être effrayé. Tout ça c'est de ma faute. En écho, les militaires murmurent au loin.
On la suit, ordonné-je.
A notre tour, tel un jeu, on roule sur la pente, on glisse. Mais on ne rit pas.
Cachez vous derrière les arbres, courez !
Je me dirige vers Maman. Elle est pliée en deux de douleur. Normal. Je suis désolé de t'avoir imposé ça, de vous avoir imposé ça, je ne vous ai pas laissé l’opportunité d’essayer de courir, je devais essayer, bien qu'il s'agissait là d'une erreur. Ma petite main, frêle mais calleuse, rejoint la sienne, bien trop douce. Elle prend appuie sur moi et se soulève. On échange un regard, je suis désolé, navré, elle est condescendante. Maman me connaît, elle savait que je devais essayer, sans ça, je n'en aurai jamais dormi. On dévale tous cette colline sur laquelle on a grandi, notre souffle se coupe, notre haleine devient rauque.
Les hurlements des ordres donnés par les humains deviennent moins forts. Je fatigue, je suis épuisé mais je garde Dimitri entre mes bras. Personne d'autre ne peut le porter. Il faut que j’avance, toujours tout droit, toujours plus loin. Maman me parle, je ne l’écoute pas. On ne sait pas où on va, vers la mer, vers un port, loin. Des amis à Papa qui fuiront avec nous, qui prendront le large vers la Turquie afin d’éviter l’URSS et ce push. Et après, après, je ne sais pas. J’aimerai souffler, mais je ne peux pas, on a trop peur. Lydia grelotte, je la sens, elle pleure aussi. Je ne peux rien faire. Côme l’a remarqué, il lui fait un clin d’œil pour la rassurer, elle ravale un sanglot.
Une voiture au loin. Une horrible voiture. J’ai peur. Des voix, le chargement d’un fusil. Ils tirent. On s'arrêtent tous, on ne fait aucun bruit. Ils s’éloignent. Ils ont abandonné cette zone, on est saufs. Je continue d’avancer, je puise dans mes dernières forces, j’ai peur qu’ils reviennent, ils reviendront toujours avec leurs fusils, et j'imagine alors à quel point mes frangins doivent être vidés de leurs énergies. Et il y a les flammes, les flammes au loin qui rongent pins et oliviers, qui détruisent tout.
Je sens, on grimpe une colline. Il faut atteindre le sommet. Mes jambes peinent, mes forces s’amenuisent. Lydia chantonne malgré nos peur. Elle est enfantine, mais j’ai peur. Pour eux. Pour moi.


    Le 28 Mars 2013, 22h30, Shreveport.


Je regarde le plafond. Je me demande presque ce que je fais là. Depuis plusieurs mois, j’ai l’impression pour la première fois d’arrêter de fuir, de m'inquiéter de tout, je pourrais m'endormir sereinement tout à l'heure. Je ne me demande plus ce que je fais là. Ce n’est pas à lui de m’accueillir, mais à moi de le faire quand il est au plus ma. Je ne me sens pas bien. Je n’ai pas envie d’être là, dans cette position, faible, sans solution. L'ALF m'a forcé à fuir New York, sans me dire où. Je savais où je voulais aller. Pour rejoindre Ambrose -ou Otton me dit mon inconscient-, mais surtout le fragile Ambrose. Je souffle un nuage de fumée qui s’envole et se dissipe rapidement. Sa tête se pose sur mon épaule. Je souris. Il me manquait, les autres aussi me manque, et je sais qu’ils sont ici, quelque part. En réalité, c'est lui ma solution, celui qui me sort de ce labyrinthe.
Je n’ai jamais vu cette lumière par là, dit-il afin de rompre le silence.
Ambrose désigne la fenêtre, je la regarde alors. Il s’agit de ma cigarette, le bout incandescent du tube albâtre qui se reflète dans la vitre. Je tire une latte, faisant rougeoyer de plus bel le rubis dans le grand encadrement de la fenêtre. Il a une belle vue. Son appartement est petit, mais il a une belle vue.
Personne n’a jamais fumé ici, le questionné-je.
Je ne fume pas.
Et tu n’as invité personne ?
Tu es le premier.
J’inspire une nouvelle vague de fumée, cela me détend. Me tournant vers lui, je l’observe. Il me sourit, il me manquait. Derrière ses yeux bleus expressifs, je vois sa faiblesse, ses tourments, sa solitude. Je lui souris. J’aurai dû être là pour lui, je regrette de n’avoir pu m’approcher d’ici aussi vite mais... On est parti avec une telle hâte que nous n’avons réfléchi et le hasard m’a guidé sur cette ville. Alors j’ai toqué à sa porte.
Tu n’ouvres pas la fenêtre pour profiter du printemps ?
Non.
Pourquoi ?
L’air rentre sinon.
Je ne réponds pas. Je le connais. L’air rentre, l’air symbolise le mouvement, le changement, le vent balaye, modifie, efface. Il veut que rien ne bouge, que je reste. Dans le fond, moi aussi je veux rester. Je veux découvrir la vie avec lui, son quotidien qu'il m'a toujours raconté mais que je n'ai jamais vécu, et puis, j'aime sa présence, je me dis que vivre avec est une bonne chose, une expérience intéressante, autant pour lui que pour moi.
D’un geste, j’écrase ma cigarette sur un cendrier, puis, après avoir accompli ce mouvement, je me tourne complètement vers lui. Ses yeux sont emplis d’amertume et d’affliction, ses océans lui servant d’orbites semblent déborder, une larme perle dans le coin de son œil. Délicatement, je l’essuie avant de le prendre dans mes bras. Sa tête posé sur mon torse, je déposer un baiser sur sa chevelure. Il frissonne sans sangloter, il a froid alors je le réchauffe.
Tu fais autre chose que bosser ?
Oui, je travaille.
Ayant des fonctions au sein de la BRIS, ses journées sont remplies à ras-bord mais, le soir, il travaille au sein de l’ALF activement. Dépourvu de vie sociale, de contact avec le monde extérieur, ses démons internes l’ont rongé de plus bel. Le pauvre homme, il m’a manqué. Le temps passe, la fatigue vient, j’ai beaucoup voyagé aujourd’hui. Mes jambes ont besoin de bouger alors je quitte l’étreinte, je me lève. Je sors de la pièce et m’en vais pisser. En sortant, je le vois ranger mon unique sac dans ma chambre.

Je t’ai pas dit la bonne nouvelle, lui lâché-je avec un air narquois.
En effet.
J’ai convaincu Vic de me donner un poste ici de pompier, mais il faut l’aval d’un autre gros bonnet, il faudrait que tu en parles à Henry ou John pour qu’ils puissent jouer de leurs relations. Ils ne me font pas confiance, à toi si.
C’est génial ça ! A la fin de la semaine, tu seras à la caserne alors.

    Le 22 Avril 1967, 21h45, non loin d'Athènes.


On accuse tous la mort de Papa. Dans une maison abandonnée, dévastée par la Seconde Guerre, on s’est fait un petit feu de camp. Nous n'avons emporté aucun repas, on a dû chasser et manger des racines trouvées dans la forêt. On est des fugitifs, on a dû fuir parce que Papa n’était pas dans le bon camp. Personne ne parle, Papa n’est pas avec nous. On a peur. Toujours. Que quelqu’un arrive avec un fusil et qu’il nous descende tous, qu’un hélicoptère passe et nous voit. On a peur, un point c’est tout. Il y a du bruit, toujours, au loin. Des coups de feu, des tanks qui tirent. Seul le harassement m’a permis de dormir.
J’ai envie de vomir, de pleurer. Je ne peux pas, il faut qu’on parte, il faut qu’on s’éloigne. Maman est fatiguée, plus que nous, enfants qui nous rétablissons vite. Elle pleure, elle ne parle plus. J’ai besoin d’être seul, de ne pas les voir, sans sourire, sans vie.

Je vais observer où en est l’incendie, dis-je à ceux qui m'écoutent.

J’ai huit ans et je suis indépendant. J’ai huit ans et je me métamorphoserai comme j’en ai envie, ou presque, c'est ce que j'ai décidé pour plus tard. La Lune est croissante, dans une dizaine de jours elle sera pleine, je sens son regard blafard caresser ma peau. Elle est à la fois notre fardeau et notre bénédiction, on s'attend à tout, on imagine le meilleur comme le pire. Papa disait qu'il ne fallait pas s'en réjouir trop vite. On ne sait pas quelle sera notre métamorphose. Je pense être un oiseau. Papa volait au dessus de la mer. J’aime les mouettes, les albatros, les oiseaux marins qui s’envolent au dessus de la mer, qui planent sur l’infini aquatique. Aux côtés de mon père. Il ne sera plus là pour voler avec moi, pour m'apprendre à battre des ailes.
Je m'éloigne de la petite maisonnée, du bruit de la vie apathique de ma petite famille. Il y a un grand arbre. Je ne peux m'envoler, alors je grimpe dessus, sur ce majestueux arbre. De sa cime, je vois tout, je suis omniprésent.
Mon terrain de jeu, tous les souvenirs de mon enfance, de ma vie entière. Je sens l’odeur du cèdre et du charbon, j’entends le crépitement particulier des pins. La clairière où il y avait ma cabane n’est qu’une horrible cheminée de fumée. Il y a des pompiers au loin qui tentent vaillamment d’éteindre les flammes. Ils n’y arrivent pas. Eux aussi sont déroutés, ils sont obligés de le faire, de corriger les tirs de ces méchants, de ces horribles êtres. J’entends un arbre tomber, s’effondrer sur lui-même. La musique des flammes me fend le cœur, pourtant je regarde inlassablement ce spectacle, le ballet du feu et de la forêt. Coincé entre la lumière des étoiles et celle de l’incendie, mes yeux brûlent eux aussi, pourtant je suis hypnotisé devant ce spectacle malsain. Tout va disparaître. Je survole du regard le carnage, j'ai la sensation de voler au dessus des cendres, de la vie carbonisée. J’ai envie de vomir, je suis dégouté par l’humanité. Le vent souffle sur Athènes, il est dans notre sens. Les flammes n’avancent pas, elles empêchent les tueurs de progresser dans notre direction par la voie de la terre. Alors mon regard croise un hélicoptère.
Je le déteste.
Je le hais.
Les portes, sur les côtés, sont ouvertes. Il s'approche et je vois son visage en détails.
Je le hais.
Ils ont tué mon père.
Il protégeait le Roi. Ils ont voulu le tuer. Mon père s’est dressé et...

J’ai envie de pleurer. De pleurer toutes les larmes de mon corps. Mon père est mort à cause d’eux. Eux qui font brûler Athènes, qui la renversent, la retournent, l’emplissent de sang. Eux qui font brûler la forêt, la transforme en tas de cendre sans scrupule. Eux qui vont brûler le cadavre de mon père, mis dans une fosse commune couverte de pétrole, ils vont enflammer les cadavres. Ca va puer dans Athènes, ça va sentir la mort, la mort pour ceux qui s’opposent. Et eux, eux dans l’hélicoptère, je les déteste pour ça. Je veux les taper de mes petits poings, je veux que ma tristesse, ma colère, ma peine d’avoir perdu injustement Papa, que tout ces sentiments, je puisse les expulser sur eux.

Il s'éloigne. Je n'ai pas eu le temps de faire déferler ma haine sur sa personne, même mentalement. De toute façon, du haut de mon enfance, qu'aurais-je pu faire ? Rien. Absolument rien. Je ne peux rien faire si ce n'est le regarder partir au loin, dans l'horizon embrasé. Il disparaît dans l'océan de fumée mais hantera, je suis certain, à jamais ma mémoire.
Je pleurs.
Papa aussi est dans un opaque écran de fumerolles. Il a disparu, il s'est éloigné de moi comme l'hélicoptère. D'abord il s'est approché de moi, ne m'a pas vu de là où il se trouve, puis à fait demi-tour et s'est évanoui. Sans jamais revenir.
Il n'est plus là, murmuré-je d'une manière à peine audible. Il n'est plus là.
Les larmes roulent le long de mes joues. Papa n'est plus là. Comment pourrait-il revenir ? Je suis sûr qu'il le peut, il doit y avoir un moyen. Mais.
Mais...
Mais, je sens quelque chose d'étrange, d'anormal. Ma rêverie s'évanouit, mes iris balayent le paysage. Les flammes, contre toute attente, se sont avancées tout de même. L'arbre sur lequel je me trouve s'avère entouré de dents rougeoyantes Je dois descendre. En toute hâte, je me retrouve sur les branches les plus basses. Trop tard, le feu dévore déjà l'écorce de l'arbre. J'entends un glapissement au loin. Maman !
Mes orbites la scrutent. Elle court vers moi. Je saute, mes chevilles hurlent lorsqu'elles heurtent le sol, qu'importe, elles se soigneront. Je ne peux marcher. Les flammes m'entourent. Je sens la mâchoire de Maman me prendre par un morceau de peau tendre. Elle m'emporte au loin, me protégeant des flammes. Enfin à la maison.

Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie.
Jamais plus.
Je ne suis celui à protéger. L'inverse.
Culpabilité, fierté.

    5 Janvier 1996, 19h58, New York City.


... et donc n’oubliez pas d’éteindre lampes et veilleuses la nuit, elles ne servent à rien si ce n’est empêcher de vivre les ours polaires.

Grand sourire. Magnifique sourire. Et coupé. Me levant de mon fauteuil, je m’éloigne du studio où prend place le présentateur du 20h alors que sur les téléviseurs un jingle affreux doit passer. Mes fiches dans les mains, je m’enfonce dans le dédales de corridors où se hâtent, toujours, journalistes et techniciens. Comme s’ils étaient toujours pressés, toujours obligés d’aller vite. Moi, j’avance droit, je les ignore et les bouscule, ou plutôt, ils m’évitent.
Kestla, résonne au loin une voix inconnue.
J’hausse un sourcil et me retourne. Je n’aime guère me faire héler ainsi mais la vie fonctionnait de cette manière dans l’immeuble de la chaîne télé. Sur la moquette d’un bleu pâle délavé, mes pieds s’arrêtent d’avancer. J’écoute. Le DRH veut me voir, rien que ça. Sans le montrer sur mon visage impassible, mes émotions tourbillonnent dans mon cortex.
Viré ? C’est ce qui me semblerait le plus logique, le plus normal. Après chaque bulletin météo, je défends la cause écologiste et explique des détails du quotidien à modifier, à changer, afin de devenir un parfait éco-citoyen. Et je vise les enfants à travers ma condescendance, je risque de me faire taper sur les doigts par la direction.
Mais ce n’est le pire. Peut-être qu’à côté du DRH, l’autorité m’attend afin de me cueillir sur mon lieu de travail. Sans étude, après un attentat un peu trop vindicatif et... comment dire, enflammé, j’ai dû changer de vie, de direction. Me faire oublier d’où j’étais et effacer mon caser judiciaire déjà bien chargé, l’enfant du Bronx que j’étais méritait bien ses stéréotypes de délinquant. Bref, mon diplôme en météorologie étant totalement truqué et faux, je risquais à tout moment d’être balancé derrière les barreaux. Mais, comme je l’avais expliqué à mes supérieurs, pour cacher quelque chose, il fait le mettre en évidence, alors je passais à la télé.

Après avoir un peu desserré ma cravate afin de respirer -déglutir- un peu mieux, mes phalanges heurtent la porte de la Direction. Un raclement de gorge plus tard, je me retrouve face à une brune aux allures de vautour. Coincée derrière son bureau, lunette en demie-lune sur le nez, elle me regarde droit dans les yeux, me foudroie de son regard. Je me glace. Elle a une autorité entière sur ma vie, d’une simple signature, je me retrouve sans travail. Sans travail qui paie un logement convenable sur New York, je ne veux me retrouver à racler des chiottes et servir des clients toujours mécontent alors que là, je passe à la télé.
Les enfants vous apprécient et miss Sunshine ne revient pas de ses vacances. Vous allez la remplacer, vous serez donc tout le temps au 20h et parfois au 13h.
Fini les horaires matinaux, je suis en haut de l’échelle de la présentation météo, je suis Mister Sunshine. Bon, cela signifie un peu plus de travail, mais qu’importe. Je n’imaginais pas, en arrivant ici, me plaire. Mais, je m’y connais en météo, j’ai ça dans le sang, et faire ces rapports, essayer de créer des cartes avec une équipe de météorologues compétant me plaît. Ca me change de poser des bombes ou d’aborder des hippies en soirée.
J'acquiesce et je sors.

Une fois dans l'ascenseur, j’appuie naturellement sur la touche RDC. Je dois faire comme tout le monde, le mieux possible. Même si je ne suis comme tout le monde. J’ai retiré ma cravate et mon attaché case semble bien vide, pourtant... Contrairement à mes collègues, je n’attends pas qu’un taxi sorte du trafic afin de me conduire jusqu’à chez moi. Je marche jusqu’en bas de l’avenue, longtemps, elle est grande. C’est mon rituel du soir. Devant la bouche de métro, volontairement je me fais avaler, happé par cette vie métronomique, constituée d’inlassables allers et retours. L’asticot d’acier, insecte géant des profondeurs, me gobe et me digère puis, après quelques instants, m’échange avec une autre larve métallique. La foule est dense, compacte. Toutes les couleurs se mêlent, les odeurs forment un amalgame étrange et puant tandis que le brouhaha semble sans cesse augmenter, comme si le volume croissait seconde après seconde. Fatigué et hagard, je me laisse emporter et écraser par ce vacarme avant d’entendre la porte s’ouvrir enfin. Vomi par le métro, je retourne à la surface et apprécie l’air libre, enfin. A chaque fois, j’ai l’impression d’être un noyé sauvé, mes poumons venant de retrouver le dioxygène salvateur après une trop longue pénurie.
Mes pieds avancent sans que je ne demande rien. Pour l’instant, dans mon costard-cravate de journaliste, je suis un automate. Mon quotidien est rythmé, ma vie suit la mesure battue par New York, sa bourse, le flux automobile régulé par les feux rouges. Puis, j’ouvre la porte de chez moi, je salue le gardien de l’immeuble, lui demande si j’ai du courrier, lui souris poliment et lui souhaite une bonne soirée. L’ascenseur marque le début de la fin. La lumière s’allume, indiquant que la cage d’acier se dirige vers le dernier étage du building.

Chez moi.
Il n’y a plus de bruit, le silence est total. On ne sent pas la pollution, rien. Il y a plein de plantes, cela ressemble à une serre, pourtant la chaleur est bien faible. Ce sont des arbustes qui n’ont guère besoin de chaleur. Il n’y a pas de chauffage non plus, juste le Soleil, seule la Nature. Je défais ma cravate, déboutonne ma chemise et jette tout cela au loin. Il y a un tas, un tas de fringues sur lequel, tout les soirs ou presque, j’envoie mes affaires de costard-cravate guindé. Il est plein, demain il faut que je fasse une lessive, bordel. Ou que j’amène tout au pressing, plutôt, comme tout bon newyorkais qui se respecte.
Le téléphone sonne. Je réponds. Une industrie en périphérie de New York jette ses déchets dans la nature, provoquant l'extinction d'un microcosme très fragile, ce n’était pas une erreur ou une coïncidence, désormais nous sommes certains qu’ils font exprès d’agir ainsi, par soucis d’économie. L’usine est fermée la nuit.
Nous allons agir en deux temps, j’explique, d’abord l’intimidation, puis la détonation. Il me faut le plan de l’usine, et que je vérifie par moi-même comment elle est agencée.
Deux heures de vol. J’ouvre une porte de placard et sors quelques légumes d’hiver que j’ai conservé cuits. Je les mange avant de me diriger vers la terrasse. Sous le ciel voilé par la brume enfumée de carburant, il n’y a nulle étoile. Pensant à cela, je rétrécie, mes os s’affinent, mes bras semblent se couper et mes jambes se font broyer par la magie qui opèrent. Je suis un oiseau, un aigle, et je m’envole. Entre les grattes-ciel, je plane et j’apprécie un peu ce climat, cette jungle de béton, bien qu’elle m’emprisonne. C’est ma vie, mon paradoxe, ma forêt, ma cage dorée. Je la fuis autant que je l’adore. Perdu dans un semi-sommeil, je ne me rends compte que j’arrive à l’endroit désiré. Il est Minuit passé. Je frôle le sol, je suis de l’autre côté des grilles. La lumière s’allume. Je vois tout. Absolument tout. Les portes, les murs, à travers les fenêtres. Et puis, alors que je me pose sur un conteneur, une alarme s’allume. Tiens tiens. Je ne bouge pas, j’attends. 15 minutes, les vigiles arrivent.
Un putain de piaf, hurlent-ils.
Oui, c’est moi. Je vois tout, comment ils réagissent, s’ils sont armés ou non. Ils le sont, et pas qu'un peu. Et puis, comble de l’absurde, ils inspectent l’intérieur. Je m’envole et m’engouffre dans la firme sans qu’ils me voient passer dans l’encadrement de la porte. Je peux tout voir, j’observe et mémorise tout et, une fois qu’ils sont partis, je pars aussi. Je les file.
Une fois avec assez d’informations, je retourne chez moi, je prends le téléphone.
Je sais tout sur l’usine, déclaré-je. Planifie un groupe pour mettre leurs ordures à l’intérieur. Ils auront moins de quinze minutes, sauf si un second fait diversion chez les gardes.
Comment sais-tu tout cela Rafaël, demande mon supérieur.
J’ai un très bon réseau d’informations.

    23 Janvier 1996, 10h du matin, dans les rues de New York City.


Je prends un journal, le premier qui me passe sous les mains. Je veux savoir ce qu’ils en disent, ce qu’ils en pensent, et l’impact que cela va avoir.

« Tout a commencé en Décembre, quand Teors Inc a décidé de modifier drastiquement sa politique de gestion des déchets. Ils ont donné l’exemple et d’autres firmes du secteur les ont imité. Mais il était de notoriété publique que la Teors Inc avait agi en premier, aidé dans l'ombre par "quelqu'un". Malgré l’interdiction de jeter des ordures dans la nature, ils ont outrepassé la Loi. Les Autorités n’ont pourtant agi, fermant les yeux sur les amas de poubelles qui se couvraient peu à peu de neige. Début Janvier, les employés ont eu la surprise de pénétrer dans l’usine un matin avec tous les déchets éparpillés à l’intérieur de la firme, les obligeants à ramasser des poubelles au lieu de produire. De nouveau, le surlendemain, cela continua. Pourtant, au lieu d’utiliser une méthode légale de gestion des détritus, Teors Inc, aidé d’un membre du gouvernement local payé quelques milliers de dollars, Mr P. Straum aujourd’hui loin du pays, déplaça ses déchets plus loin, toujours dans une zone censée être protégée. Ils se jouaient des lois et de l’écologie, bafouant les règles élémentaires. Cette nuit, la donne a changé. Toutes les usines jetant leurs déchets dans la nature ont vue leurs détritus étalés devant les grilles ou à l’intérieur même des centres de production tandis que la Teors Inc a tout simplement été victime d’un attentat à la bombe. La police enquête en ce moment même sur l’auteur de cet attentat, toutes les pistes sont exploitables expliquait ce matin le commissaire...

    Le 09 Février 1969, New York City, Bronx, après la messe.


Tu vois, j'avais raison de te faire venir, tu es enthousiasmé.
Enthousiasmé ?
Tu es content, joyeux.
Mvemba mime un grand sourire, un "youpi" avec les mains. Elle me fait rire, il n'y a qu'avec elle que j'arrive à rigoler. Depuis le départ d'Athènes il y a de cela deux ans, je ne rigole plus. A ce qu'il paraît, selon certains, je me suis renfermé. Non. J'affronte juste la nouveauté, la sauvagerie de l'urbanisme exacerbé, la ségrégation raciale, l'anglais, tout. Et Andréas qui est toujours pareil à lui-même.
J'ai mis du temps à te convaincre, tu regrettes d'être venu ?
Non. Pas du tout. Une telle foi, une telle joie de vivre exprimée, malgré la douleur du quotidien que vous subissez tous, cela me dépasse.
C'est mieux ainsi. Mais, je voulais aussi te montrer autre chose, viens.
Sa main douce entoure mon poignet, elle se met à courir alors dans les rues du Bronx, je suis forcée de la suivre. On avale quatre à quatre les marches de son immeuble délabré. Je les connais par coeur à force d'être monté ici jouer ou parler avec elle. Elle pousse la porte, la maison est déserte, on était tous à l'église, je suis seule avec la petite sauvageonne. On entre dans sa chambre, elle se pose sur le lit. Ses grands yeux jaunes me regardent, avides.
Je sais ce que tu es.
Hein ?
Ses mots m'étonnent. Je ne comprends pas, pas du tout. Pourquoi cet enthousiasme si particulier alors qu'elle sait ce que je suis. Elle parle de quoi, au juste ?
Dès le premier jour, je l'ai su, mais je n'étais pas assez douée pour comprendre.
Quoi ?
Tu as toujours réussi à être plus fort que les autres. Tu les bats en sport, quand ils te provoquent, toi l'étranger, tu te défends très bien et... tu n'as aucune cicatrice.
Comment tu le sais ?
Je l'ai appris. Je sais que tu n'es pas humain.
Elle a un grand sourire. Maman m'a toujours averti, les chasseurs sont dangereux, et il doit y en avoir plein en ville... Mais elle ? Elle semble contente de voir la stupeur se peindre sur mon visage, de constater que j'ai peur.
Je lis dans les gens. Ils ont tous un petit quelque chose en plus, comme un nuage de fumée les entourant. Chaque nuage étant unique. Mais, le tien, et ceux de ta famille, est différent.
Comment ça ?
J'arrive à voir ton humanité et ton animalité, en gros, ton humeur, tes émotions, qui émanent de ton corps.

Je suis atterré, je n'arrive pas à prononcer des mots.
Mais, ne t'inquiète pas. Regarde.
Elle sort un petit quelque chose de sous la couette de son lit. Une petite peluche. Elle la met dans le creux de ses mains qui forment désormais une coupe. Ses yeux se ferment. Rien ne se passe. Je sens une certaine tension naître. Je suis en colère contre elle, je ne sais ce qu'elle me veut, j'ai à la fois peur, peur d'être face à une chasseresse, et inquiet de savoir qu'on m'a percé un jour ainsi. Et soudain, je vois la petite peluche se soulever. Elle lévite véritablement.
Incroyable.
J'aperçois de nouveau ses orbites, la peluche tombe dans ses paumes de nouveau.
On t'appelle Métamorphe, c'est bien ça ?
J'hoche la tête.
Et toi, tu es...
Une sorcière. Comme mes parents et mes frères. C'est pour ça que je me suis bien entendu avec toi, le blanc de l'école, parce que tu es différent de nous, tu n'es pas qu'un blanc, tu es... toi.

    Le 3 Août 1998, 23h12, non loin de l'aéroport J. F. Kennedy, New York City.


Je suis fatigué. Fatigué de battre des ailes. L'air est mauvais ce soir, et je ne trouve pas de courants ascendants. J'attends. Je crois que l'avion a eu du retard. Fait chier. Cela fait un mois que je regarde ce trajet, que je vole à ses côtés, il doit passer par là dans quelques minutes, je devrais le voir arriver au loin. Des points lumineux clignotants dans les lointaines brumes de pollution rendue opaque par la nuit. Il y a juste la Lune qui me regarde, cet œil à moitié clos de fatigue, las de ce jeu qui lui semble inutile.
Mais ce soir ne sera pas comme les autres. Non.
Parce que, peut-être, l'avion ne sera pas là. Etrange. Pourquoi a-t-il du retard ? Tous les soirs, il s'envole à la même heure, il s'agit presque du seul trajet épargné par les aléas des horaires hasardeux et décalés.
Et puis, cette fois-ci, je tiens entre mes serres un petit objet que la Lune, perchée au loin, ne peut discerner. Elle ne peut que voir la lueur écarlate qui en émane. Un petit objet avec un chiffre, toujours décroissant, de seconde en seconde, symbolisant le calcul à la seconde exacte de mon plan.
Il arrive au loin. Enfin. Il clignote, comme la bombe. Je m'apprête. Mes ailes battent plus fortement. Je suis tendu, j'affronte un immense oiseau d'acier, moi le petit être de plumes, et je vais le massacrer en un timing parfait, sauf qu'il a eu du retard. Alors, d'un mouvement brusque, je fais volte-face et vole en sa direction. Rapidement, la créature de fer aérienne se rapproche, imposante et impressionnante, d'un mauvais geste elle peut me broyer.
Il me faut gagner en altitude, mes ailes battent plus fort. Le courant ascendant est trop loin. Et merde. Je dois forcer, combattre l'Air en lui-même est ardu, d'autant plus que la monstruosité de métal s'approche trop rapidement. Essaie-t-il de rattraper son retard ? Mes muscles sont à bout tant la difficulté est inouïe. Je dois le faire, ce soir ou jamais. Finalement, j'arrive à l'altitude désirée, l'avion arrive. Je calcule mentalement la chute de ma bombe avec l'arrivée de l'avion. Exactement comme à l'endroit prévue, sauf que la bombe explosera plus tôt. Alors je la lâche plus tôt. Une de mes ailes se cambre, je m'éloigne du carnage. L'appareil d'acier tombe sur l'avion, roule sur la carrosserie et, au moment où il passe devant un hublot, explose et fend l'avion en deux. Le souffle chaud me propulse très haut, trop haut. J'ai dû grimper pour rattraper le retard de l'avion, me voilà dans des hauteurs jamais envisagées. L'oxygène se fait rare, je commence à tourner de l'oeil. J'essaie de faire un piquée mais trop tard, mes muscles ne répondent plus, me voilà humain, simple humain, évanoui plus haut que le Paradis. Et je chute. Je chute et enfin me réveille alors que sous moi les débris pleuvent. Je vois les humains tomber, je vois la carcasse déchirée et embrasée virevolter dans les cieux tels de trop lourds flocons.

Ils l'ont bien mérité.

Il y a cinq mois, une revue scientifique a expliqué que les vols de nuit polluaient bien plus que ceux de jours. Sans exception, toutes les compagnies aériennes ont ignoré ce pamphlet, continuant de faire comme si de rien était. Mais eux, en digne exception qui confirme la règle, ont répondu à la revue, disant qu'il s'agissait là d'inepties et que, de toutes façons, ils s'en foutaient. Alors, en volant la nuit, ils vont désormais exploser. Tout les soirs, sans exception, je les attendrai, grenade dans les serres et...
Un sourire carnassier se dessine sur mon visage alors que, peu à peu, il se résorbe, redevant bec. Je me métamorphose dès que l'air parcourt correctement mes veines.

Une fois mon corps redevenu totalement aigle, mes ailes embrassent les cieux et l'air s'engouffre dans mes plumes ; aidé d'un véritable parachute naturel, ma chute ralentit et, peu à peu, je me stabilise dans une altitude bien plus basse et m'éloigne de la pluie enflammée. Au loin, l'avion continue sa fatale descente et, bientôt, il s'écrasera sur le sol pour faire la une des journaux.
Quant à moi, je me dirige vers mon appartement dans l'un des multiples sommets de New York afin de profiter d'une nuit bien méritée.

Enfin j'arrive, après avoir fuit la scène de crime. La fenêtre ouverte, j'entre sur ma piste d'atterrissage et des voix m'arrêtent aussitôt.
Il n'est pas là.
On ne sait pas qui il est de toute façon.
Non. On ne connait pas son nom, ni son visage.
Il a un pseudonyme. C'est tout.
On est même pas sûr qu'il habite ici.
Dommage, c'est le dernier gros bonnet du groupuscule, j'aurai aimé tous les coincer.
Tout seul il ne peut pas agir.
Et vue comme ils sont fourbes, c'est peut-être une fausse piste pour qu'on se perde.
Peut-être.
Oh, regardez, un piaf. Il est beau.

Je pousse un petit cri.

Il a l'air d'avoir niché ici, ya personne, j'en suis sûr.
Alors, pourquoi ils ont buté le gardien de l'immeuble ?
Pour nous confirmer le fait qu'il y ait quelqu'un, pour nous obliger à rester plus longtemps là. Pendant que les autres prennent la fuite.
Pas bête. Alors, on les a tous.
Oui.
Félicitations.

Ils s'en vont. Je frissonne. Notre rêve écolo a été balayé d'une seule main. Un coup de maître, si j'en crois ce qu'ils disent. Il n'y a plus personne. Je n'ose pas appeler quelqu'un, les lignes doivent être surveillée. Je m'envole, je vais voir. Je sais où ils habitent. De loin, aidé de ma vue perçante, je scrute par les fenêtres. Une par une, séparée par des kilomètres chacune, je vois à chaque fois des balises de ces putains de flics. Ils n'ont pas menti, ils nous ont tous eu. Sauf moi.
Je ne peux rentrer chez moi. L'appartement doit rester vide. Ils ne savent que j'existe, je dois continuer comme si de rien été. Par chance, mon courrier a toujours été sur boîte postale et jamais chez moi, quant à un lieu de vie, j'ai su en préparer un second. Le salaire de présentateur météo le permettant, malgré les prix newyorkais. De toute façon, vue que le groupe a été détruit, mon appartement devra être lui aussi être détruit, puisqu'ils croient que le groupe le finance, et non un particulier. Il faut que j'aille dans leurs sens.
Adieu tous les souvenirs logés là-bas, je dois vous abandonner.

    Le 02 Mars 1972, New York City, dans un collège de quartier du Bronx, 9h57.


Si j'était un animal, dit-il en prononçant la liaison fausse, je serais un chien.
Si j'étais un animal, corrige le professeur de français, et pourquoi un chien ?
J'aime le chien de mon frère, il dit qu'on se ressemble.
Ah. Très bien, Rafaël, à toi.
Eum. Si j'étais un animaux, animal, prononcé-je avec moult difficultés , je serais un oiseau.
Lequel ?
Un aigle.
Une phrase entière s'il-te-plait.
Je serais un aigle.
Pourquoi ?

La cloche sonne, marquant la fin de mon calvaire. Que je n'aime les cours de français. Mais j'ai dû choisir une langue en option, et le grec n'étant disponible, par défaut, j'ai choisi le français. En plus, on m'avait dit que, puisque j'avais déjà appris une langue en plus de mon dialecte natal, je pouvais en apprendre une seconde facilement. Tu parles.
Rafaël, tu peux venir me voir s'il te plaît.
Tout de suite, en anglais, je le comprenais bien. J'acquiesce tandis que je mets mes affaires dans le sac. Je jette un regard complice à Mvemba mon amie sorcière avant de m'avancer vers le bureau du professeur.
Tu n'étais pas là hier, encore, pourquoi ?
Un problème de famille.
Tu sais, si tu es au collège, tu peux les éviter. Ta mère n'a pas le droit de te forcer à rester chez toi.
Je sais.
Alors, pourquoi tu n'es pas venu ? Les affaires des adultes concernent les adultes, sans vouloir te vexer, mais tu dois comprendre que le collège est ta priorité dans la vie.
Pour les autres, peut-être.
Tu n'as pas à remplacer ton père.
Je ne le remplace pas.
Il soupire.
Tu sais très bien ce que j'ai voulu dire. Ce que je veux te faire comprendre, c'est qu'il est fort probable qu'ils n'aient pas besoin de toi, que tes problèmes familiaux peuvent être gérés par ta mère ou, mieux, se résoudre tout seul sans que tu n'interviennes.
Et s'ils ne peuvent pas ?
C'est très peu probable.
Je ne préfère pas prendre le risque.
Ecoute, Rafaël, tu dois être un peu plus égoïste si tu veux avancer.
Vous ne connaissez pas les problèmes de ma famille.
Chaque famille a des problèmes, pourtant ils sont tous là, en cours. Du moins, la plupart
Vous ne connaissez pas les problèmes de ma famille, renchéris-je en le coupant.
Certes mais...
S'il faut que je sacrifie ma scolarité pour sortir ma famille des problèmes, et bien, ainsi soit-il. Dans le cas contraire, comment pourrais-je avancer, pouvoir me regarder dans le miroir, en sachant que je ne les ai pas aidés alors qu'ils en avaient besoin. Là, ils ont besoin de moi, je ne peux leur tourner le dos.
C'est si grave que ça ?
Vous ne pouvez imaginer.
Si tu veux en parler, n'hésite pas.
Je sais, merci.

Je tourne des talons, un tantinet furieux devant ce professeur qui, pourtant, dans le fond, est gentil et inquiet. En franchissant la porte, je tombe nez à nez avec Mvemba. Elle me toise en fronçant les sourcils.

Pourquoi tu n'étais pas là hier ? Encore ta mère.
Oui. La pleine Lune approche, elle s'inquiète pour Andréas.
Vous êtes trop jeunes pour vous transformer.
Justement, hier, j'ai senti ma part animale devenir plus forte que jamais. Je me suis comme senti... éclore. Je pense que je vais bientôt le faire.
On marche dans les couloirs du collège, partis en retard de la salle de classe, il n'y a personne à cet étage, tous sont descendus à la cafèt'.
Mais Andréas... ?
Il sait à peine parler anglais, alors se transformer.
Pourtant, il ne peut avoir de maladie, ma mère me l'a confirmé, il est obligatoirement normalement constitué.
La nature lui a donné le minimum vital. C'est navrant de dire ça mais... c'est un simplet. Sans compter que le fait de partir de Grèce, sans compter la mort de Papa, l'a un peu traumatisé.
Oh, tu peux parler toi.
On éclate de rire.
Mais, ta mère est encore partie hier ?
Non, elle est partie avant-hier, dès que le Soleil s'est couché elle s'est transformé et je ne l'ai revue que ce matin. Couverte de sang séché. Elle s'est battue avec des chiens du quartier, elle a dû en égorger quelques uns. Il n'y a que comme ça qu'elle extériorise sa peine. Ou alors, elle monologue en grec pendant des heures, croyant que je ne l'entends pas.
La pauvre.
Oui.
Tu crois qu'elle a trouvé quelqu'un chez qui passer la journée ? Parce qu'entre la première et la seconde nuit, elle n'est pas restée métamorphosée.
Je pense plutôt qu'elle a dû trouver un coin tranquille où personne ne va et où elle peut dormir seule jusqu'à attendre le soir de nouveau.
Arf.Tu crois que ce soir elle repartira ?
J'en suis certain. Jusqu'à la Pleine Lune, et après. Elle ne veut pas voir Andréas. Elle fuit, je la comprends.
Je viens chez toi jusqu'à ce qu'elle rentre.
Non.
Il ne faut pas que tu sois seul pour ta première transformation. Et puis, c'est ton anniversaire, tu ne vas pas le passer à bercer tes frangins insomniaques.

Nos mains se frôlent, un frisson parcourt mon échine. Je déglutis avec difficulté.

Ta mère ne voudra pas de toute façon.
Depuis que tu m'as protégé de Pedro, tu as plus d'importance. Elle ne rechigne plus trop à faire ses potions pour que tu sois moins fatigué.

    Le 25 Janvier 2011, 20h05, à la télé.


Pour comprendre les événements récents, nous avons un invité particulier aujourd'hui. Ambrose Levinson, juriste spécialiste du surnaturel, auteur d'un ouvrage de vulgarisation des Lois des différentes nouvelles sociétés inconnues encore il y a peu.
Bonjour.
Levinson, ce nom me dit quelque chose. Mes pensées défilent, mais je ne trouve pas.
Alors, monsieur Levinson, avant toute chose, j'aimerai savoir comment un humain peut connaître avec tant de détails le monde du surnaturel ?
Eh bien, je suis issu d'une famille de mages, j'ai grandi dans le secret et ai été révélé en même temps que la sorcellerie.

Issu d'une famille de mages mais humain, il ne me faut pas beaucoup de temps pour comprendre. La magie, régie par la Nature, se détériore au fil du temps et, ainsi, le nombre de mage décroît. Ce Ambrose est victime de la déforestation, de la pollution humaine et de sa destruction de la Terre. Pauvre de lui.
Il parle beaucoup, et avec une réelle facilité. Ses iris pétillent, son sourire m'éblouit. Littéralement, il me fascine. S'il ne puait pas l'humanité, je l'imaginerais m'ensorceler ou m'envoûter. C'est le cas, mais seul son charisme suffit. Plus je l'observe, plus je le trouve beau, attirant et, en même temps, je ne peux qu'être touché par son humanité. Il doit avoir souffert durant son enfance, d'être humain parmi les sorciers et d'avoir dû taire le secret de ses parents, secret dont il ne pouvait pas profiter. Mais, aujourd'hui, il a su s'en servir pour mener à bien une vie plaisante, semble-t-il.
L'heure tourne, je ne cesse de le scruter, de l'entendre parler, expliquer différents points sur la nature vampirique, sur les Litanie, sur la magie et la règle du triple retour ou encore des changements fondamentaux dans la juridiction qu'a inclus la Révélation.. Il est fascinant.
C'est à mon tour d'entrer en scène. Je continue mon petit jeu, je présente la météo, je fais un clin d’œil écolo et je m'en vais. Et là, qui vois-je à la machine à café, attendant que le jus marronnasse coule ? Ambrose. Guidé par mes instincts, je l'aborde directement, guidé par l'idée de le faire intégrer un mouvement écolo, et peut-être aussi de voir si son charme opère hors scène.
Incroyable bagout, l'Amérique doit être hypnotisé.
C'est mon travail.
Félicitation en tout cas, c'était génial et intéressant.
Il hoche la tête. Tout de suite, il parle moins. Tant pis, j'entre dans le lard pour voir s'il est aussi laconique.
T'es parents sont sorciers, non ?
Il quitte du regard le gobelet pour me fixer. Ses iris sont de véritables glaciers. Touché. urant son speech, il n'a pas parlé des Métamorphes, juste des loups, sait-il ce que je suis et a-t-il tut le secret par politesse ou erre-t-il dans l'ignorance ?
Désolé, je n'aurai pas dû dire ça. Pour me faire pardonner, je t'offre un verre ? Et puis, le café ici est infect.
Il me regarde toujours, esquisse un sourire, puis regarde la machine à café qui crachote quelques gouttes en poussant un BIP strident. Il le renifle et le verse dans la machine à travers la petite grille avant de jeter le gobelet dans la corbeille à côté.
Ce serait un plaisir de partager une boisson.
On s'éloigne. J'appuie sur le bouton "RDC" de l'ascenseur. Dans la cage, on se regarde. Je le fixe. Il y a une troisième personne, elle me gêne. Le silence fait monter une certaine tension, ses yeux bleus me scrutent, tandis que je fais de même. On sort de l'immeuble, l'air libre me fait du bien.
Cent mètres plus bas, lui dis-je.
On marche un peu, en silence. Il sourit. Je suis content de lui parler. Il doit en profiter, l'écrivain inconnu parlant avec le Mister Sunshine, beaucoup en rêve. Du moins, apprécierait. Pourquoi ? J'en sais rien, mais c'est ainsi, je fais partie des présentateurs les plus populaires. J'appuie sur la touche du dernier étage. Il y a trop de monde dans l'ascenseur, j'étouffe. Je suis juste à côté de lui, on est serré comme des sardines, je défais ma cravate, il fait de même. Il n'y arrive pas, le nœud est trop serré, sans gêne aucune, je m'approche de lui et lui ôte sa laisse de tissu.
Habituellement, je ne porte ce genre d'habits.
On s'y habitue vite.
Il défait le bouton de son col, je fais de même. Je me sens mieux. Une terrasse, il y a pas trop de monde, parfait.
Un toit ?
Oui, une très belle vue.
Je le confesse.
Il me tend un paquet de cigarettes, j'en prends une, lui aussi. Je sors le briquet, usé par mes mains trop souvent autour de lui, et lui tend la flamme. On s'assoit au rebord de la terrasse après avoir commandé deux cocktails.
Tu aimes les grands espaces, le vide aérien.
Oui.
Ce n'était pas une question.
Il est sûr de lui, j'aime ça.
L'air est synonyme de changement, de mouvement. Il efface, balaye, altère et érode. Il est aussi vital, toutes les secondes, on doit en changer, on doit le renouveler.
Il est loin d'être aussi négatif que cela. Pourquoi tu dis ça ?
Je me demande comment tu peux être dans le vide aérien.
Il a deviné ? Comment, je n'en sais rien. Je souris, dur, acerbe.
Tu ne l'aimes pas car il balayait les flammes de tes parents.
Il reste stoïque.
Ou parce qu'il décuplait leurs incendies, tu as dû changer combien de fois de chambres, de maison ?
Trop.
Dans ses pupilles, la glace s'est craquelée. Ici, il est beaucoup plus silencieux, il n'a pas l'aisance qu'il avait derrière la caméra. Ambrose m'apparaît comme quelqu'un de vulnérable, faible, il m'a touché par sa sincérité. Et parce que j'en suis irrésistiblement attiré. Dans son regard, je sens une certaine tristesse. Ma main s'approche de la sienne et je l'entoure de mes doigts chauds. Il accepte l'étreinte.
Tu as réveillé mes vieux démons, ils corrompent ma langue.
Ils ne semblent si vieux.
Il se lève et va s'accouder à la balustrade. Je fais de même, me mettant à côté de lui. Je le regarde, il fixe le vide.
Voler te ferais du bien.
Profondément, il inspire.
New York semble infinie.
Elle l'est.
Ici, rien est aussi infinie qu'elle.
Non, finissons nos verres et tu verras.

Interloqué, il me regarde et constate que je n'ai pas arrêté de le fixer. Je ne suis pas gêné, au contraire. Il boit son verre, le mien étant vide depuis longtemps.
A vol d'oiseaux, nous sommes à côté, lâché-je en toute impunité
Il sourit, cela efface la noirceur de son regard. Cela me satisfait. On descend, je hèle un taxi et lui murmure deux mots. Ambrose n'entend pas mais rapidement il devine. Il n'est pas bête, l'enfant de mages. Devant la statue de la Liberté, on voit que les horaires sont dépassées, je fais un gros chèque, ils ne le sont plus. On monte au sommet, on aperçoit l'océan enseveli sous la nuit.
Tu avais raison.
Je ne regarde pas l'horizon, je ne le regarde que lui.
Tu ne profites pas du paysage.
Non, mentais-je.
Il me fixe, interloqué.
Je crains quand je ne peux voler au-dessus de quelque chose et, pour certaines raisons, je suis incapable de voler au-dessus de l'océan.
On parle lentement, en prenant du temps entre chaque réponse.
Lesquelles ?
Je ne peux pas voler au-dessus de quelque chose sans voir au loin un endroit où me poser. L'océan m'effraie.
Et puis.
Il sait. Comment ? Je n'en sais rien.
Mon père se métamorphosait en goéland, il est mort quand j'avais huit ans. Petit, j'imaginais toujours voler au dessus de la méditerranée avec lui.
Il me sourit. Il se détourne, regarde de nouveau l'océan. Je m'approche de lui et, après m'être placé derrière son dos, l'étreint de mes deux bras. Il pose sa tête contre moi.
Pourquoi l'habitude n'est si aisée ?
Ne te pose pas de question, ordonné-je.
On contemple l'horizon, je respire son odeur. J'ai moins peur en le serrant. Ma main glisse sous sa chemise, il frissonne et se contracte.
Shht.
Je le plaque contre moi tandis que j'embrasse son cou. Je le veux, et jamais il n'aura une mine affligée alors que je serais à ses côtés. J'en fais le serment.

    Le 20 Novembre 1974, 23h12, New York, borough du Bronx, appartement des Lisänta.


Il hurle. Mvemba me sert la main. Ce soir, je voulais tenter de l'embrasser, mais non, c'est la Pleine Lune ; je n'ai plus trop de problème, dès ma première transformation, j'ai essayé un maximum de dompter ma Bête. Ce n'est pas facile, je n'y arrive toujours pas mais au moins, lors de la plénitude de Sélénée, je me transforme facilement. D'ailleurs, je vais bientôt le faire, je sens mon aigle morceler son œuf de l'intérieur avec son bec. Malheureusement, Andréas n'y arrive pas, il sent son animal en lui vouloir sortir mais en est incapable.
Il hurle.
Je le regarde. Ses os se tordent, se brisent, se cassent. J'ai mal pour lui, me souvenant de ma première transformation que lui n'arrive à accomplir. Ses doigts se tordent, se plient sur eux même en sens inverse, je souffre à le regarder. Je m'approche de lui, ma main se pose sur son épaule pour le calme.
Andréas, ferme les yeux, oublie le reste, concentre-toi sur ce que tu ressens à l'intérieur.
Son instinct parle, frénétique, ses muscles se tendent aléatoirement, ses mouvements n'ont aucun sens. A côté, Côme est lui aussi empli d'incertitude et d'affliction. Au sol, il sent sa bête sortir. Je le vois, dans son regard il n'est plus humain. De même, d'un regard, Mvemba me le confirme, son aura a changé, elle est beaucoup plus animale, il se métamorphose.
Andréas m'a frappé à l'entrejambe sans même vouloir me frapper, sans viser, rien. Je tombe à la renverse. Cette douleur est ce qui fait sortir ma bête. J'ôte mes habits et, à mon tour, je souffre. Mvemba s'éloigne, elle dit qu'elle reviendra demain. Je la remercie du regard. Après une interminable agonie, me voilà Aigle. Andréas, perdu entre homme et bête, me supplie du regard. Je ne peux plus rien faire, mon aigle a pris le dessus. Par la fenêtre, je m'envole tandis que lui sombre dans l'inconscience à cause de la trop forte douleur. D'où je suis, je regarde mon cadet se métamorphoser, il devient fou. Ses ailes poussent, lui aussi sera un volatile, comme Papa, comme moi. Il est plus petit que moi, en chouette il domptera la nuit.
Je me souviens de cette nuit, Andréas et moi étions ensemble, seuls avec une Mvemba impuissante, la douleur m'avait fait perdre la raison et le fil du temps, tordu par l'affliction, j'avais l'impression qu'un mixer en moi broyait chacun de mes organes. Et, vue le changement de taille et de corpulence, la métaphore n'avait rien d'erroné. Après une éphémère éternité rythmée par la douleur, j'arrivai à battre des ailes ; appelé par l'air et les cieux, je sautai par la fenêtre et m'écrasai quelques mètres plus bas. Mvemba vint me secourir et, aidé par quelques subterfuges magiques, je pris mon envol, guidé par mon instinct et, seul avec mon Aigle, je découvris les joies de vol et des chutes, enfin seul avec un aigle dont j'avais senti ses plumes et son bec me chatouiller depuis plusieurs jours. Le Roi des Cieux en moi ne m'attendait plus, nous étions ensemble après cette trop longue attente que j'avais comblée, sans le dire à Mvemba qui se serait moqué de moi, par des heures de lectures sur la vie de l'Aigle.
On déploie nos ailes ensemble, il perd souvent de l'altitude, de mes serres je le rattrape alors et le lâche en hauteur. Il apprend vite, comme toujours. Je m'inquiète pour Andréas, mais je ne peux rien faire, guidé par mes ailes, je vole et j'apprends à voler à mon frangin. Nos plumes s'effleurent parfois, nos regards se croisent et, à chaque fois, je vois dans ses grands yeux ronds une fièvre de curiosité, une soif de nouvelles expériences, il est heureux d'être là, avec moi, dans les cieux. On se dirige vers Central Park, où on se pose sur la branche d'un arbre. Côme est lessivé, mais veut continuer à découvrir sa Chouette, comme moi le premier soir. On vole durant d'autres heures malgré la fatigue, il a soif de découvrir les nouvelles propriétés de son corps, apprend à voler, à planer et, surtout, découvre New York depuis là-haut. Le voir explorer tout cela, apercevoir sa joie dans ses grands yeux de chouette, me refont vivre ma première nuit, mes premières sensations grisantes de vol, ma nouvelle vision, mon nouveau monde. Heureux comme jamais, on rentre après une nuit à avoir exploré ensemble New York. Il s'écroule sur son lit, éreinté, tandis que je me dirige vers Andréas. Lui aussi dort comme une masse, sur le sol. Durant la nuit, il s'est régénéré. Je le porte vers son lit, m'habille, et réveille les autres. C'est l'heure pour eux de se préparer pour partir à l'école.
Une fois dehors, j'entends quelqu'un monter les marches de l'immeuble. Maman. Elle entre, les yeux cerclés de cernes, elle a dû courir toute la nuit. Elle a du sang sur elle, comme d'habitude.
J'ai ramené de quoi manger pour une semaine.
Des combats de chiens, encore ?
Que veux-tu, être caissière ne suffit pas.
Je soupire.
Et Andréas ?
Elle se met à pleurer quand je ne réponds pas.
Mais Côme a fait son premier vol.
Maman me regarde avec un très grand sourire. Je me retourne, ouvre un placard placé trop haut pour que les enfants ne l'ouvrent pas et y attrape de quoi nettoyer le sang sur les vêtements de Maman.
Va prendre une douche, tu commences dans une heure trente.
Et Mvemba, me demande-t-elle.
Elle passe ce soir, elle apporte les élixirs de sa mère, si c'est ça que tu veux savoir.
C'était ce qu'elle voulait savoir.
Tu sais, si tu ne fais rien pour nous sortir de cette spirale infernale, elle va arrêter de nous aider. Ce n'est que parce que je me bastonne avec ceux qui font chier Mvemba que sa mère nous prête main forte.
La porte de la salle de bain a claqué, elle en a rien à foutre. Eh merde. Moi aussi je t'aime Maman.


Up on Melancholy Hill
There's a plastic tree
Are you here with me ?
Just looking out on a day
Of another dream

Well you can't get what you want
But you can get me
So let's set out the sea
'Cause you are my medicine
When you're close to me
When you're close to me



Dernière édition par Rafaël N. Lisänta le 24/7/2012, 14:59, édité 18 fois
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 00:36







And left with something new
I can see through your head
You haunt my dreams
But theres nothing to do but believe
Just believe
Just breathe

    Le 17 Décembre 1998, 23h47, Manhattan, New York City.


J'en ai marre. Depuis que je n'ai plus rien à faire, depuis que je ne pose plus de bombes, je m'ennuie. J'ai besoin d'extérioriser ma colère, mon impulsivité, toute la violence qui est en moi. Et je ne trouve rien. Je fais du sport, encore plus qu'avant, mais cela ne suffit. Et tout les soirs je m'envole, ça ne sert à rien, j'ai besoin de voir les flammes, j'ai besoin de sentir les humains craindre la pollution, non pas parce qu'ils savent que cela corrompt la planète -ils s'en foutent- mais parce qu'un aigle vengeur peut venir les faire exploser.
Mais je ne peux rien faire. Pas même communiquer avec les trafiquants d'armes. Je dois être un citoyen normal. Putain. Hier, un mec m'a provoqué, il a fini en sang, pauvre type, il avait rien demandé à personne, si ce n'est que j'avais une tête de con. Si seulement, ce soir, un autre type pouvait m'aborder et m'insulter. Ou une baston, que ça dégénère, il faut que ça dégénère. Bordel.
Je bois un autre verre.
Il faut pas, c'est un bar branché écolo, très design. Ici, on est tous chics, on est tous snobs. J'ai l'impression d'être une goutte d'huile dans un océan, j'aime pas être ici, je surnage. Mais je suis un star. On m'aborde encore. Une gonzesse m'aime bien, on discute. Je bois un autre verre, je souris. Je marche un peu, elle me suit. On va baiser dans les toilettes et après je m'en vais, dire que je ne connais même pas son nom, elle était juste canon.
J'avale mon dernier cocktail et la dernière olive et m'en vais. Ca pue le fric ici, c'est dégueu. Il y a un hippie un peu paumé dehors.
Je ne pense pas que tu puisses entrer ici. De toute façon, ya rien d'intéressant, lui dis-je afin de le dissuader.
Il soupire, j'hausse un sourcil.
Je ne cherche pas à entrer, j'attends quelqu'un.
D'accord.
Il s'agite, la personne qu'il attend vient de sortir. Ca m'intrigue, je me retourne. La gonzesse que j'ai niqué, avec un manteau de fourrure, sympa dans un bar écolo. Je me sens sale soudain, et ce hippie qui l'attend. Il la suit, mais elle ne l'a pas remarqué. Louche. Je m'éloigne, je me dirige vers une ruelle où personne ne peut me voir, je laisse tomber mes fringues et m'envole. D'où je suis, je les vois. Il la suit, la piste, pas très discrètement. Elle s'est éloignée du bar, il y a personne. Ne me dit pas qu'il va la tabasser ? Il la plaque contre un mur, arrache sa veste en hermine, la jette dans les égouts qui débordent à cet endroit précis et part en courant. La rue n'est pas passante, elle est frigorifiée et est trop loin des taxis. Haha. Bien joué petit.
Mais à mon tour de le suivre. Je slalome entre les immeubles sans le perdre de vue. Il sait semer les gens et se faufiler dans la foule, malgré l'heure tardive.
Il se met à neiger.
Si je n'étais dans les cieux, j'aurais perdu sa trace. Mais je le vois perdre tout suiveur, il est très fort.
Des enfants en pyjama sortent admirer les flocons tomber du ciel.
Je le vois sonner à une porte. Il attend, semble écouter. Je lis sur ses lèvres les mots qu'il prononce, l'entrée s'ouvre. Plus rien. Je fais demi-tour, à vol d'oiseau c'est beaucoup plus près. Je file récupérer mes affaires et me hâte à cet endroit. La curiosité m'a piqué. Je devrais passer chez moi récupérer un flingue ou un couteau, mais déjà que je vais m'introduire chez eux, si en plus je suis armé, ils ne comprendront pas mes intentions pacifiques. Je veux juste savoir.
Je sonne, j'entends derrière l'interphone un souffle. Je répète ce qu'il a dit, la porte s'ouvre. Il semblerait que ce soit au troisième. C'est un vieille immeuble, il n'y a pas d'ascenseur. J'ouvre directement sans toquer. Il y a le hippie. Touché. Il y en a sept autres, moins hippie.
Ils me reconnaissent tous.
Je t'avais dit que je l'avais vu tout à l'heure.
Mais il t'a suivi.
Non. Personne n'a pu me suivre.
Comment t'es rentré ici, me demande l'un d'entre eux.
Je l'ai suivi.
Ils se taisent tous. Me regardent avec avidité.
Et le code, comment tu as fait ?
Je l'ai lu sur ses lèvres.
Ils sont abasourdis. Dans le fond, je ne mens pas.
C'est impossible.
Je ne suis pas que présentateur météo.
J'allume une cigarette. J'ai jeté un froid dans l'assemblée. Ils ne savent qui je suis, ce que j'ai fait.
Comment tu vas faire quand la snob va aller chez les flics et qu'elle va te décrire ?
Il sourit.
Elle va faire perdre du temps à la Police.
Là, je le vois se diriger vers un robinet. Il allume l'eau et se passe la main sur le visage. Son maquillage fond. Puis, il enlève son faux nez, ses faux sourcils et sa perruque de dreadlocks, il ressemble à un étudiant comme un autre désormais. Là, ils marquent des points. La sonnerie retentit. Quelqu'un se dirige vers la porte, le code est entendu, il appuie sur le bouton. Il y a plusieurs cartons au fond de la pièce, et c'est tout. Et ce robinet. La porte s'ouvre. Le même hippie. Il me regarde, interloqué.
C'est une diversion donc ? Il y a plein de hippies qui déchirent de l'hermine hors de prix pour monopoliser les services de police, faire croire qu'il y a un nouveau gang la veille de Noël ou quoi, et pendant ce temps un coup plus gros est préparé ?
On hoche la tête. Je ne suis pas rouillé, et je suis tombé dans une nouvelle maison, parfait.
Simple et efficace.
Par contre, soit on est obligé de te faire taire, soit tu viens avec nous.
T'as pas l'air con, tu sembles costaud, et ton porte feuilles est plein, tu seras toujours utile.
J'ai fini ma cigarette. J'en rallume une autre.
Les vols sont synchronisés ? Ou les flics vont penser qu'il s'agit que d'une seule et même personne qui court beaucoup ?
Synchronisés, approximativement. Il devrait y en avoir une quarantaine en environ une heure.
Ils vont tous venir ici ?
Oui.
Que des manteaux en hermine, ou ?
Que de la fourrure.
Il aurait fallu voler autre chose.
Je suis d'accord.
Pas moi.
D'façon, Mister Sunshine, t'as pas ton mot à dire.
J'hausse les épaules.
Et le gros coup à lieu quand ?
Dans trois soirs. Là, tout les soirs, on va faire le même petit jeu, ça fait déjà deux jours. A un moment, les flics vont bien envoyer leurs pions sur le terrain. Puis, on va frapper, tu seras avec nous, et après, on continuera le petit manège, jusqu'au 25.
Comme ça, les autorités penseront qu'il y a deux groupes différents qui agissent sur le même objectif, continue un autre. Avec l'augmentation de la population policière, on arrêtera les vols, ils penseront que l'intimidation a fonctionné.
Dans trois jours, tu te saliras les mains avec nous, Sunshine. Tu verras que tes petites phrases derrière ton écran ont aucun impact au vue de ce que tu vas voir.

Ha ha ha.

    Le 5 Septembre 1977, 6h32, Borough du Bronx, appartement Lisänta.


Il n'y a rien, comme chaque matin. A part ce stress, c'est la rentrée. Depuis des années, je ne suis pas allé à l'école mais les autres, eux, ont continué, bien entendu. Je les ai forcé, même Andréas qui en chiait chaque jour. Et donc, ce matin, la routine reprend. Je fais couler le café dans la cafetière tandis que je presse les oranges, dans dix minutes, les premiers vont se lever. En prenant le café en poudre, je tombe sur une lettre écrite en grec. Je la prends et la lis.

« Rafaël,

Je suis partie. Je suis désolée, je ne voulais t'abandonner, vous abandonner tous, mais je n'y arrive plus, je dois retourner en Grèce. J'ai le mal du pays depuis notre départ, maintenant que la situation est stabilisée, je peux y retourner. Je voulais partir avec vous, mais je ne voulais vous arracher à cette nouvelle vie. Certains m'auraient suivi, d'autres non et mon choix n'allait pas vous diviser. Vous devez rester unis, et c'est pour ça que je suis partie sans le dire, pour que personne ne me suive.
Continuez à vivre aux USA, vous vous êtes intégrés, vous êtes un exemple que je n'ai pas réussi à reproduire.
De plus, ces dernières années, je n'ai pas très été utile. Tu as toujours tout fait, j'étais absente ou léthargique, ainsi tu auras une bouche de moins à nourrir avec ton salaire. Quant au mien, j'ai dégoté un poste d'interprète à Athènes, très bien payé, je t'enverrai de quoi subsister, ne t'en fais pas, je ne vous abandonne pas. Je suis juste partie maintenant que tu peux, administrativement parlant, t'occuper d'eux.
Je reviendrais dès que j'aurai des vacances.
Je vous aime tous.

Prend soin de toi Rafaël,

Ta Maman qui t'aime. »

Une larme roule le long de ma joue. Je m'y attendais pourtant. Mais... Je renifle, j'entends le réveil dans l'autre pièce. Pliant la lettre, après avoir hésité à la rouler en boule et la jeter au loin, rageur, je la mets dans ma poche. Je me mouche et essuie mes larmes, la vie continue. L'odeur de café se répand dans l'appartement tandis que je continue de sortir les différents mets du petit déjeuner.
Salut Raf'.
Il baille bruyamment.
Bien dormi Côme ?
J'ai entendu du bruit cette nuit, mais bon.
Lui dis-je ? Derrière lui, Dimitri est aussi réveillé. Il se frotte les yeux. Il est trop jeune pour le savoir, pour l'apprendre. Le petit bouscule son aîné, va vers la table et verse ses céréales dans le bol.
Salut Raf', baragouine-t-il.
Salut Dimi'.
Je passe sa main dans les cheveux, lui ébouriffant sa tignasse coiffée avec un pétard à cause de la nuit.
Tu vas faire quoi, me demande Côme.
J'ai des papiers à faire, d'urgence, et je pense qu'il faut que je trouve un deuxième taff à côté de mon service de midi.
Tu as une idée de boulot ?
Oui, dans la salle de sport blanche du quartier, ya un poste pour l'entretien des appareils. Et toi, Côme, tu as eu une réponse de la bibliothèque ?
Il me prenne le soir, après les cours. Andréas devra s'occuper d'Agathe et Esther, comme on l'avait prévu.
Parfait.
Lydia émerge à son tour.
'lut.
Elle s'assoit, je lui sers son assiette de pancake. Elle me sourit.
Pourvu que j'ai pas la même prof d'anglais que l'an dernier, elle me détestait.
Du moment que tu tombes pas sur le même décrépit que j'avais, il avait de la poussière dans les cheveux.
On sourit tous. Un grognement émane d'une chambre. Andréas.
Fini de rire, vous faites trop de bruit.
Il sourit aussi. Il s'assoit à sa place, verse du café dans son bol. Le sucre.
Dur le matin, le paresseux ?
Je lui tape sur le dos, amical, il souffle, courroucé.
Ce soir tu pourras passer prendre les jumelles, demande Côme à son aîné.
Bien sûr, enfin, ça dépend de l'emploi du temps qu'on aura.
Oui.
Côme et Andréas sont dans la même classe. Cet été déjà, ils ont passé leurs permis ensemble, la troisième fois pour Andréas, malgré toute l'aide que je lui ai fournie, il a galéré, mais il l'a.
Bon, j'vais les réveiller, elles flemmardent à leurs habitudes.
J'entre dans la chambre des filles. Elles font semblant de dormir, je m'approche du lit, elles hurlent, tentant de me faire peur, je fais semblant d'être paniqué. Esther me saute dessus, s'accrochant à moi d'une manière très "koalesque", je lui dépose un baiser sur le front.
Allez, les grandes n'arrivent pas en retard, aujourd'hui, début de la dernière année. Hop hop, on va manger.

Ils sont tous partis, la vaisselle est faite. Je relis la lettre de Maman. Je l'annoncerai ce soir, ce matin c'était trop tôt. J'allume une cigarette et regarde par la fenêtre. Il faut que je déclare être leur tuteur, que j'aille à la salle de sport. Tu parles d'un piston que j'ai, j'ai tapé dans l'oeil du pervers de patron, et il manque vraiment une place. Pourvu qu'il se contente de regarder mon petit cul pendant que j'astique le sol.
Parce que je vais refuser l'argent de Maman, ou je le mettrais de côté pour les études de Côme. Je ne veux pas de sa pitié, elle est partie, ainsi soit-il. Comme elle disait entre les lignes de sa lettre d'adieux, elle ne tenait plus son rôle de mère depuis longtemps. J'étais triste en lisant sa lettre, maintenant, après avoir avalé le petit déjeuné, je suis en colère. Je me débrouillerai mieux sans elle. Point final.

    Le 17 Octobre 2000, 22h36, Brooklyn


Frappe-toi, me dit-elle.
Sans comprendre, j'obéis. Mon poing heurte avec violence ma mâchoire. Je souffre, un jet de sang sort de ma bouche.
Mord-toi le doigt jusqu'au sang.
J'obéis. Mes dents mordent ma phalange, un liquide vermeil coule entre mes dents.
Regardez tous, il est mon petit serviteur, ma marionnette.
Salope. Je suis son putain de pantin, et je ne peux rien faire.
Arrache toi les ongles, tous, de façon à ce qu'ils repoussent.
Je m'exécute. C'est horrible. J'ai des larmes le long des yeux, j'arrache mes ongles, les uns après les autres, laissant volontairement la matrice qui continue alors de grandir, se régénérant à la vitesse de l'éclair et heurtant, en repoussant, la chair mise à vif et ensanglantée.
Tous en même temps.
L'assemblée s’esclaffe. Je suis une putain de bête de foire. Pour arracher mes ongles, je prends une bouteille et la brise, guidé par un instinct corrompu. Aidé du verre, je me tranche le bout des doigts et tire sur les ongles.
Ne couine pas, ne hurle pas.
Je me tais malgré la douleur, les bouts d'ongles tombent les uns après les autres sur le sol, agrémentés d'une cascade de sang.
Avale le verre.
J'ouvre la bouche et je mets les éclats de la bouteille dans ma bouche, forcé de les avaler. Que m'arrive-t-il ? Mais je sens une chance de sortir de l'entrave qui écrase mon esprit. Je frappe la jeune femme au visage. Le public émet un "Oh" de stupeur. Elle crache du sang à son tour.
Enfonce toi un couteau dans le ventre.
Quelqu'un s'approche avec un long couteau de cuisine. Je le regarde, ma main entoure la garde du couteau, il se dirige alors vers mon nombril et s'enfonce dans ma chair.
Refais ça, plusieurs fois, jusqu'à ce que je dise stop.
La lame sort de mon corps avant de retourner trancher derme et viscère. Je sens la régénération être moins performante coup après coup, les plaies ne se referment que trop lentement. Et la vitae s'échappe.
Stop.
Elle a la main sur le comptoir. Je plante le couteau dans sa paluche. Elle gémit.
Ne respire plus.
Je m'arrête d'inspirer. Je prends la lame et me dirige vers son cou, sa jugulaire est tranchée. Quelque chose entre dans la pièce en coup de vent, s'empare de la jeune femme, et ressort. Deux secondes. Je m'écroule sur le sol, le jeu a duré trop longtemps. La foule me hue, me lynche avec des objets trouvés, balles de billard, chaises, bouteilles... Écroulé sur le sol, je vomis les morceaux de verres ingurgités plus tôt.
La même tornade entre, s'empare de mon corps, soulevé comme une vulgaire plume, et ressort. Il, un homme au teint pâle, me plaque contre un mur. Un vampire, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?! Un vampire et sa servante. Il enfonce ses mains dans mon ventre pour y chercher mon coeur, ma fin arrive.
Sa tête vole. Je retire sa main sans vie de mon corps. De nouveau, je me fais soulever, un autre vampire. Il me déplace loin de ce rade.
Le Maître de la Ville va arriver, lance-t-il contre toute attente, il ne faut qu'il te voit ou me voit. Tu ne crains rien. Tiens, bois.
Il me tend son bras ouvert en deux, couvert de sang. La fontaine de Jouvence me tente, mais je refuse. Je connais l'effet du sang pour en avoir entendu parlé. Outre les délires offerts par cette substance fortement mystique, elle créé un lien entre vampire et humain, je lui serai soumis et je risquerai de perdre mon Aigle. Je ne sais comment cela fonctionne exactement, mais je ne veux boire son sang. Je fais non de la tête.
Je m'en remettrais.
Non.
Si. Regarde.
Je lui montre mon ventre, les plaies se résorbent. Je me lève, mais je tangue, je m'écroule. Il me rattrape.
Assied-toi. Ne t'inquiète pas, avec moi, il ne t'arrivera rien.
Je sais me défendre.
Pas contre les pouvoirs psychiques des vampires. Elle t'a écrasé ton âme en deux secondes.
Merci...
Bordel, bois.
Non.
De toute façon, je ne te quitterai pas tant qu'elle ne sera pas morte.
Hein ?
Elle peut avoir écrasé ton esprit en partant, juste pour que tu foutes la merde une dernière fois avant qu'elle crève.
Elle va mourir ?
Oui, son vampire est mort.
Et il veut que je boive son sang. La blague !
Je vais aller mieux, déclaré-je, ne t'en fais pas pour moi, je suis solide. Me faudrait juste une bonne douche.
J'enlève ma chemise, devenue perlée d'auréoles écarlates. Je tousse avec virulence, d'autres éclats de verre quittent ma bouche.
T'es sûr que...
Oui, certain. Jamais je ne toucherais une goutte de sang de vampire.
Tu es bien sûr de toi.
Je me lève, malgré mes jambes faibles. Je marche un peu. J'entends au loin des voitures arriver. Je vacille. Il se précipite vers moi et me tiens, ses mains froides sur mes épaules me font frissonner.
Tu ne devrais pas être avec le Maître de la Ville ?
Je ne sais qui il est, ni ce que c'est, mais je préfère jouer la carte du bluff. Il pensera que je m'y connais en vampires, même si ce n'est pas du tout le cas.
Non, je ne suis pas affilié à lui. En réalité, je suis un paria, un tueur de vampires.
Ah ?
Je tue ceux qui font trop de bruits, ou massacrent trop d'humains, à mon goût. Et le Maître n'est pas d'accord avec ça. Des espions du Maître ont dû te voir, ils vont vouloir te faire taire.
A leurs manières je suppose, pas très tendre.
Ouais. Mais, je ferais en sorte qu'ils ne s'approchent de toi.
Il me tient toujours, je ne m'en suis pas rendu compte. Je m'éloigne de lui.
Je sais me défendre.
Pas contre une horde de vampires.
Et tu peux faire quelque chose, toi, contre une horde de vampires ?
Je peux au moins tenter de minimiser les dégâts collatéraux.
Je souffle. Avant l'ALF, je m'en foutais carrément des dégâts collatéraux. On ne parle pas.
Tu as quel âge ?
Presque cinq siècles.
Eh bah...
On ne parle plus. Je le regarde. Je n'imaginais pas les vampires ainsi. Plutôt émaciés, fins, de véritables cadavres ambulants, des squelettes avec un peu de chair et du sang coulant des canines. Les cheveux noirs aussi, et vitreux. Lui n'est pas comme ça, franchement baraqué, on a l'impression qu'il vit. Il a juste du sang partout parce qu'il a voulu m'en donner, mais c'est tout.
Puisque je ne peux pas bouger, tu peux aller me chercher de l'eau, j'ai la pâteuse.
...
S'il te plaît.
Okay.
Je marche un peu, mais je ne cherche pas à m'enfuir, juste à me dégourdir les jambes. J'ai perdu beaucoup de sang et j'ai avalé une trop grande quantité d'alcool avant de me faire dominer par cette pétasse. Il revient avec une bouteille d'eau. Le contact aquatique avec ma langue me fait du bien. Je m'assois contre un mur, rien ne sert de lutter contre ce vieux. Ca me fait chier de n'avoir aucun échappatoire, il faut juste que j'attende un peu que la guérison opère, et là, je pourrais me transformer.
Et toi, tu as quel âge ?
Quarante-et-un ans.
Je t'en aurais donné moins de trente, tu vois.
Je vois quoi ?
Je ne suis pas le seul à ne pas vieillir.
Peut-être, mais moi, je vais mourir un jour.
Moi aussi.
Alors, tu es suicidaire.
Peut-être. Je m'oppose tacitement, ou non, à tout les Maîtres que je croise, alors...
Il s'agenouille à mes côtés et pose sa main sur mon épaule.
Il n'y a pire suicide que celui-là.
Je rigole un peu ce qui me provoque des douleurs dans le ventre. Je ne suis pas prêt à me métamorphoser.
Mais, dis-moi, tu serais pas le type de la télé ?
Si, soupiré-je, c'est moi.
Et ça fait quoi d'être un Métamorphe parmi les humains.
Rien.
Tu mens.
Je me lève.
Non. Tu as déjà vue une Métamorphose.
Non.
D'accord. Je marche un peu. Le spectacle va commencer.
Tu ne vas pas ?
Si.
Il se rue vers moi, me plaquant au sol comme si je n'étais qu'un vulgaire ballon de football. J'émets un petit couinement. Mais je réalise que ses ennemis ne sont pas loin. Alors je hurle pour les alerter. Je hurle alors que mes os se craquent, se tordent. Le silence se fait, je m'envole alors que lui part en courant, dans l'autre sens, fuyant ses poursuivants.
Quel con.

Je m'envole en direction de chez Mvemba. Elle n'habite pas très loin, en quelques battements d'ailes je me retrouve devant sa fenêtre toujours ouverte. J'entre et redeviens homme. Elle est là, éveillée. Mon sang ne fait qu'un tour, comme toujours, j'ai envie de lui avouer mes sentiments mais, outre le fait que je n'en sois pas sûr, depuis mon adolescence, je n'en ai pas le courage.
J'ai besoin de tes services.
Il t'arrive quoi à cette heure ?
Un vampire me colle aux basques, il ne se montre pas vindicatif mais j'aimerai avoir un petit quelque chose pour me protéger de ses pouvoirs.
L'occlumencie n'est pas chose aisée.
Hein ?
En gros, soit je te trouve un talisman qui bloque toute intrusion mentale, mais tu ne l'auras pas avant des mois, si j'en trouve un, soit j'arrive à te créer une petite barrière mentale qu'il faudra que tu entraînes.
Tu peux le faire maintenant ?
Oui, enfile un caleçon et attend moi sur le fauteuil.
Je m'exécute. Elle s'approche avec ses affaires de tatoueuse.
Attend encore un peu, je dois modifier l'encre.
Je te fais confiance pour que ce ne soit pas simple.
Elle sourit.
C'est toi qui débarque comme ça parce que tu t'es mis dans une merde incroyable.
Genre, ça t'arrive jamais.
Elle rigole et repart. J'attends. Avec un grimoire, des plantes et diverses choses variées, elle est là après une bonne demie-heure.
Bon, je dois dessiner quelque chose sur toi qui symbolise l'une des choses les plus fortes en moi, réfléchie où.
D'ac.
Je vais te créer une petite barrière mentale, symbolisée par ma propre volonté, et ce sera avec ta volonté que tu la brandiras et que tu la travailleras au fil des ans. Certains sorciers n'arrivent pas à être de bon occlumens, d'autres y arrivent après des années de labeurs.
Donc, demandé-je, si ce soir le vampire m'attend chez moi, je vais rien pouvoir faire.
Il sera surpris de voir une barrière mentale, et tu en profiteras pour lui donner un coup de pied dans les couilles pour faire diversion.
Efficace...
C'est mieux que rien. Alors où ?
Dans un endroit caché, non ?
Ah, j'ai oublié de dire, il faut qu'il soit assez gros, donc impossible de le cacher, sauf si tu veux une croix sur ton aine.
Une croix, lancé-je scandalisé.
Oui, pour ma foi, c'est ce qui a de plus fort.
Hum, d'accord. J'ai pas d'idée, au plus simple pour toi.
OK, sur ton bras alors.
Elle allume des bougies, fait bruler des plantes, applique une essence sur mon épiderme, psalmodie un texte qu'elle lit sur son grimoire et entame le dessin. Le métal entre dans ma peau, ma chair fume. C'est de l'argent, bordel ! Le temps passe, l'aiguille entre et sort, perlée de gouttes vermeilles, l'encre teinte ma peau et, au bout de quelques heures de labeur, me voilà doté d'une magnifique -ô douce ironie- croix.
Merci pour tout, je file.
Attend.
Elle sort une seringue et la plante en moi.
De la verveine, le remède miracle, fais en pousser chez toi en prends en tout les jours.
Je l'embrasse sur le front et passe ma main dans ses cheveux crépus. Arrivé chez moi, j'entends de l'autre côté de la porte quelqu'un qui s'agite.
Enfin rentré, tu as fait quoi.
Le vampire, il m'attendait le salop. En me voyant, il semble troublé.
De la verveine ? Comment sais-tu tout ça ? Tu es un chasseur ?
Absolument pas. Je le sais, un point c'est tout.
Il sent mon nouveau tatouage, s'en approche. C'est une croix d'une fervente chrétienne, il se brûle. Haha. J'aurai dû la faire sur le cou. Il est étonné de voir qu'une croix dessiné le heurte, Mvemba ne s'y attendait pas, un effet supplémentaire du sort qui risque donc de s'estomper, je suppose, le temps que ma foi en ma volonté remplace la sienne.
Maintenant t'es protégé, c'est bien. Mais je reste quand même. Je te le répète, je ne te veux aucun mal.
Moi non plus, dis-je.
Je me dirige vers l'armoire et sors un 9MM. Balles en argent. Je vérifie son chargement.
Je l'attends le Maître. Qu'il vienne, j'aime beaucoup le feu. Je ne te viserai que si tu m'approches de trop prêt.

Rien ne se passe.
Au fil de la nuit, peut-être suite à un syndrome de Stockholm, je trouve ce vampire, Otton, plutôt sympathique. Et, pour une fois, en mon for intérieur, je l'avoue, ce n'est pas si désagréable d'être protégé. Pour une semaine environ, du moins, après qu'il se casse.
J'ouvre les rideaux, mon lit est baigné de la lumière du Soleil, je me couche.

    Le 20 Août 1986, 08h41, appartement Lisänta.


C'est fini. La vie ici, elle se terminera bientôt. Je regarde les murs de l'appartement. Ils en ont tant vu, c'est assez déroutant. Toutes ces venues, tout ces départs, ces cris, ces larmes de joie ou de peine, ces engueulades et ces réconciliations, bref, cette vie de famille. Et aujourd'hui, c'est le point final de tout ça. Il n'y a pas de vaisselle qui sèche, juste deux bols qui se battent en duel dans l'évier, ni de linge étendu. Cela fait des mois maintenant que tout cela s'effrite, mais ainsi va la vie. La porte de la chambre s'ouvre, Esther porte son énorme valise. Je vais l'aider, il y a toute son histoire là.
Tu es prête à partir, demandé-je inquiet.
Bien sûr Raf', et toi ?
Touché. Non, je ne suis pas prêt à partir. Que faire ? J'ai dédié ma vie à ma famille, à l'élever et à la protéger, à apprendre le grec à mes frères et mes sœurs tout en veillant à ce qu'ils communiquent correctement en anglais, j'ai dû cumuler plusieurs jobs pour nourrir tout ce monde et maintenant la dernière s'envole. Je ne sais quoi faire de ma vie, tout simplement.
Oui, lâché-je à contrecœur, j'irai donner des cours de grec le soir, pour les étudiants qui en ont besoin, ça me changera, et j'irais bosser à la SPA, le contrat commence dans quelques mois.
Oui mais...
Et je devrais toujours m'occuper d'Andréas, ça ne me changera guère.
Il faut qu'il apprenne à vivre seul, tu ne seras pas toujours là pour lui.
On a cru qu'il pouvait le faire, et regarde le résultat...
Elle soupire.
Bon, Esther, ces valises ne vont pas descendre toutes seules dans ma voiture.
Oui !
J'en récupère deux et je la suis, dévalant les escaliers que nous avons arpentés depuis dix-ans, depuis sa naissance ou presque, la voiture nous attend en bas. Le coffre ouvert, on balance ses affaires et, un claquement plus tard, je fais vrombir le moteur. On parle de tout et de rien dans l'habitacle, l'humeur est morose. Je n'ai pas envie qu'elle parte, une page se tourne. A la gare, je la serre longtemps dans mes bras, je la vois monter dans le train, je lui souris à travers la fenêtre, je lui fais un signe de la main. Le train démarre, je la regarde partir. Puis, je fixe le vide. J'ai mal au cœur, les larmes montent perler mes orbites. J'ai froid. Ravalant un sanglot, je fais volte-face et me rend dans ma voiture, le vague à l'âme. De retour chez moi, chez nous, je m'assois sur une chaise, m'allume une cigarette et contemple le vide. Chaque chambre, chaque pièce ; le vide.
Il n'y a rien. Je n'ai plus rien à faire. J'éclate en sanglot un bref instant mais je me ressaisi bien vite, je dois organiser mon départ, demain une nouvelle famille emménage ici.
Etrangement, je suis celui qui avait le moins d'affaire. Je possède à peine deux valises, plus toute la cuisine, bien que sévèrement amputée par les départs successifs ; je les pousse jusqu'à ma voiture. Il ne me reste plus qu'à démonter mon lit et celui d'Esther, lit qu'on vendra ou qu'on entassera quelque part, attendant son retour l'été prochain. Tout rentre dans mon break, je ferme les clefs de l'appartement. C'est fini.
Dans ma poche, il y a la lettre de Maman, elle n'a envoyé de l'argent qu'une fois, depuis plus aucune nouvelle d'elle. Je la froisse et la brule, la cendre s'envole devant la porte. Je souffle et les disperse avant de descendre les marches de l'immeuble. Le voisin me salue, je lui dis Au Revoir.

    Le 7 Juillet 2001, 19h47, borough du Bronx, appartement de Mvemba.


Le téléphone a sonné. Elle a dit : "J'ai un problème, vient vite, très vite. M." Elle pleurait, était faible. Je sentais la panique de l'autre côté.
J'ai fait demi-tour, m'éloignant du studio. Mon cœur battait la chamade. On m'a demandé ce qui se passait.
Je dois m'absenter, une urgence plus qu'urgente.
Tu passes dans...
C'est vraiment urgent.
Je ne m'arrête pas. Je ne me suis jamais absenté, c'est une première. Jamais malade, rien, alors ils peuvent bien le faire. Il y a un branle-bas de combat dans le corridor, ils cherchent à me remplacer. Je me dirige vers les vestiaires, je défais mes vêtements. J'entends encore sa voix tremblotante tourmenter mon esprit. J'ai peur pour elle, que lui arrive-t-il ? Le Soleil est encore levé mais mon Aigle se réveille. Je dois y aller au plus vite, je ne me contrôle absolument pas. Je me précipite vers l'ascenseur et appuie sur le dernier étage. Il n'y a personne sur la terrasse alors que mon corps entier se métamorphose. J'abandonne mes fringues, tant pis. Il faut que je me hâte.

J'arrive. Ca pue le sang.

Il y a un couteau sur le plan de travail de la cuisine, je m'en empare. Il n'y a aucun bruit. Je vais dans le salon. Rien. J'ouvre la porte de sa chambre. Elle est là.
Par terre.
Morte.
Je me précipite vers la porte d'entrée. J'entends du bruit, quelqu'un qui dévale l'escalier. Je le vois, malgré les étages, je discerne son visage, ses traits. Il est ancré en moi, à jamais. Je pourrais me transformer, le poursuivre. Non. Elle est peut-être encore en vie. J'empoigne son téléphone, compose le numéro des urgences et...
Je le raccroche. Comment leur dire ? Je suis venu par la fenêtre, j'ai vu son corps mort. Et puis ? Je suis désemparé. Que faire ? En voiture, il faut trente minutes pour venir, et ma voiture est pas là. En métro, il faut vingt-cinq minutes, mais il y a des caméras, ils peuvent regarder dessus. Je n'ai pas d'alibi. A part que j'étais au travail il y a peu. Dans dix minutes, il faut que j'appelle les urgences, et en attendant, je ne dois rien faire. M'habiller, et c'est tout. Elle a toujours des affaires à moi, pour quand j'arrive.
Je veux réfléchir, mais je n'y arrive pas.
Putain, je l'aimais, maintenant qu'elle est partie j'en suis sûr. Et pourquoi ? D'un coup ! Que m'a-t-elle caché ? Je tente de comprendre, je ne suis qu'affligé. Les larmes roulent en un flot continue. Ma Mvemba, que j'ai vu grandir, avec qui j'ai tout partagé sauf mes ultimes sentiments à son égard, est maintenant morte. Je sens ma vie vide de tout sens. J'appelle. Les flics viennent. Ils m'interrogent. Merde, pourvu qu'ils aient pas mon nom de terroriste ni ma véritable identité. Normalement, ça devrait être OK, je ne suis pas inconnu. Qui est-elle ? Mon amie d'enfance, mon aimée. Je dois taire sa sorcellerie, naturellement. Le flux interminable de questions se termine par une touche condescendante. Je passe à la télé, je n'ai pas le même traitement, je les remercie. Je rentre chez moi.
Pourvu qu'ils ne regardent pas les habits que j'avais à huit heures moins dix et à huit heures cinq...
Je suis chez moi. Je fixe le vide. Puis les photos d'elle. Je fume clope sur clope en alternant avec des phases de chagrin intense où je verse quelques larmes. Il ne faut que je sois seul. Mais, si j'ai quelqu'un en face, je me défoulerai dessus, il faut que je parle et que je frappe. Mes poings pleuvent sur le mur qui se fendille ici et là sous l'impulsion de mes coups. Des perles vermeilles volent, mais je m'en fous.
Otton.
Je l'appelle. Depuis l'autre jour, il me suit, et est là souvent, m'obligeant à avaler de la verveine régulièrement. Il ne m'a jamais fait de mal, il a juste éventré quelques vampires au début, puis plus rien. Un simple acte de présence pour me rassurer, tu parles. Qu'il dégage de ma vie.
On peut se voir ?
Il arrive. Je ne veux pas le voir. Je veux être seul, loin de cet ange gardien autoproclamé, quel dégénéré. Il entre, je tremble de peine. Il s'approche et me demande ce qui ne va pas. Je n'arrive pas à le prononcer, à le dire. Et puis d'un coup, tout sort.
Elle m'a appelé et... j'y suis allé. Morte. Dans une marre de sang. Éviscérée, ouverte en deux de l'intérieur, disséquée vivante par un dingue. Il y avait des traces de lutte avec sa magie mais elle n'était pas forte, une sorcière blanche... douce... gentille.
J'éclate en sanglot, il me prend dans ses bras. Ils sont froids. Je le repousse. J'hurle quelque chose que je ne comprends pas puis le frappe. Lui aussi est mort bordel ! Je le roue de coups avec toute ma force de Métamorphe, il se laisse faire. Putain, mais réagis ! Je m'écroule, à bout de souffle. Il y a des débris d'objets de partout, du sang aussi. Il me prend dans ses bras, me berce un peu. C'est agréable. Ma tête se pose contre lui, contre son ventre qu'il gonfle et dégonfle exprès, je ferme mes yeux. Il a sa main dans mes cheveux.
Un aigle reste fidèle à son amour, craché-je.
Mais tu n'as jamais été sûr de cet amour.
Depuis mon adolescence...
Tu as douté parce que ces sentiments n'étaient assez forts pour durer toute une vie.
...
Je me tais. J'ai besoin de silence maintenant, d'être avec quelqu'un qui se taira aussi.


    Le 7 Mai 2008, 03h12, laboratoires Mediflor, banlieue de New York.


Putains de scientifiques, d'humains qui se disent savants et se permettent tout. La haine pure dans son plus simple appareil est ce qui m'a poussé à être ici, la haine ourlée d'une conviction inébranlable, d'une envie de changement et d'une volonté de fer. Je veux qu'ils payent pour ce qu'ils ont fait. Cependant, les convictions de l'ALF ne correspondent pas aux miennes, tant pis, au moins on sauvera des vies animales et, eux, perdront quelques milliers de dollars.
Nous sommes trois, et nous allons donner un puissant coup à cette entreprise pharmaceutique. Trois, mais pas n'importe lesquels, Leïla, Damian et moi, trois métamorphes que je connais sur le bout de doigts. J'ai su optimiser leurs capacités, leurs savoir-faire et leurs comportements pour faire une équipe et élaborer un plan. Damian est, en règle générale, celui qui récolte les informations, Leïla celle qui les analyse et moi je construis le reste avec. J'ai demandé à Damian d'avoir avec exactitude les horaires de chaque employé, le plan millimétré du laboratoire, la liste des produits entrés et sortis du bâtiment ect, en gros, un maximum d'informations. Leïla, elle, s'est chargée de trouver les différentes planques et de découvrir les points faibles, financièrement et psychologiquement parlant, de l'entreprise. Ce qu'il fallait frapper, en somme. Un troisième m'a donné les codes et a piraté le système. Moi, je me suis envolé, j'ai ouvert les grilles, je me suis rhabillé, et je les attends.
Ils sont là. On entre furtivement.
L. Monte au second.
Elle acquiesce.
Damian et moi avançons dans le hall principal, là où sont enfermés les animaux. Je sais qu'il a du mal avec tout ce qui est enfermement, mais là, c'est bien pire. Ils sont enfermés et testent des produits qui les tuent à petit feu. Par chance, ces produits ne sont pas contagieux, on peut les libérer sans crainte.
J'entre le code de la porte, on entre sans problème. Chiens, chats, souris, tous hurlent à la Lune en nous voyant entrer. Pauvres bêtes, cela me fend le cœur. Nous n'avons pas le temps, on se hâte. J'avance vers le bout de la salle, chiffon à la main, chloroforme dans la seconde, j'entends des pas. Il arrive, tourne. De dos, je me jette sur lui et lui fait avaler une quantité colossale de somnifère. J'aurai préféré lui planter les aiguilles que ces animaux reçoivent tout les jours, mais ce n'est pas la politique de la maison. Je le tire vers nous, j'ouvre une cage et je l'enferme après avoir récupéré talky-walky et autres clefs.
On peut commencer. Les barreaux s'ouvrent peu à peu. D'autres pas se font entendre. Eh merde, d'où il sort ? Damian ne comprend pas non plus. Il entend les animaux et répond à cela.
Ils avaient prévu que des terroristes viendraient un jour, décrète la voix. Bordel, il faut tuer tout les animaux maintenant.
Les mots ont été dit. Il allume la lumière, cela m'éblouit. Damian s'adapte vite et voit l'horreur. Sous les néons blafards, les bestiaux sont plus morts que vivants ; pelés, rachitiques, malades, ce sont des fantômes plus que des êtres. Et avec le garde qui s'approche des commandes pour tous les tuer d'un coup, Damian va devenir dingue.
Non.
Trop tard, j'entends un corps s'écrouler sur le sol suivi d'un craquement des cervicales. Ils ont entendu à travers son talky walky laissé allumé. Les portes se ferment en un claquement violent. D'autres pas affluent.
Baisse-toi, ordonné-je de manière ferme, intimidante.
Je sors mon 9MM et me planque derrière un mur. Ils voient le Métamorphe se planquer sous une table. Ils tirent et font mouche. J'entends le gémissement d'un chien touché. Bordel. Je sors de l'ombre et tire. Deux balles, deux morts.
Tu ne touches rien. Absolument rien. Transforme toi. Je dois maquiller la scène.
A toute allure, je réfléchis. Le garde dans la cage. Je le sors de là. Je vide mon flingue de toutes les balles, avec une précision inouïe, je nettoie tout, puis, après avoir appliqué les empruntes de l'endormi à plusieurs endroits stratégiques, je lui mets l'arme chargée dans les mains. Il va falloir modifier son dossier pour le faire passer pour dément...
D !
Je nettoie le reste. Mais je vois l'autre devenu dingue. C'est lui le fou, pas le garde. Il a remarqué qu'on était enfermé et il voit tout autour de lui les animaux rachitiques, apeurés par sa forme animale. La merde... Je ramasse ses affaires tout en regardant la pièce. D'où sont-ils venus ? Ils ont été enfermé en même temps que nous, donc, on peut se libérer de l'intérieur.
Je vais ouvrir toutes les cages, ne fait rien de brusque.
Il tourne en rond, hystérique, renversant tout sur son passage. Me servant de son tee-shirt comme d'un gant, je dégonde chacune des portes, libérant d'abord les chats, puis les chiens qui peinent à marcher. Tant pis pour les souris.
Fais les sortir des cages, vite, et referme-les grossièrement.
Il gratte à la porte...
Bordel !
Je m'approche de lui et, malgré sa forme imposante, lui tire la peau du cou. Il pourrait me griffer, me déchirer le corps, avec ses énormes pattes, il n'en fait rien. Mon regard d'acier le paralyse.
Tu t'exécutes, maintenant, sinon ils vont tous crever, par ta faute.
Je fais volte-face et me dirige vers la console. Il y a un bouton qui dénote, celui sur lequel devait appuyer le mec mort maintenant. J'appuie dessus. Une fumée sort dans les cages. Les souris meurent instantanément, les animaux encore terrés dans les cages titubent.
Ne respirent pas ça D.
La porte se déverrouille. Je coure et la pousse. Elle s'ouvre, rien de l'autre côté si ce n'est le vide et la promesse d'une liberté proche. Le gros chat sort en premier suivi de près du reste de la horde animale, heureuse de voir l'air libre. Leïla dévale les escaliers. On était censé l'attendre, finalement la synchronisation a été parfaite.

Je retrouve Damian, seul à seul avec lui, dans un coin tranquille. Je lui tends d'une manière peu délicate ses fringues alors qu'il redevient humain. Je ne dis mot, j'attends. Une fois qu'il est habillé, je me retourne et le plaque contre un mur. Le choc de son dos contre le béton est affreux, son regard heurté aussi.
Tu as foutu quoi ? D'abord, tu m'as filé de fausses info, c'était qui ces deux là, qui sont sortis de nulle part ? Tu as vérifié tes sources.
Je le maintiens bloqué à vingt centimètres au dessus du sol par la seule force de ma colère.
Mais surtout, qu'est-ce qui t'as pris, bordel ?!
Je l'enfonce un peu plus dans la pierre froide et reprends, n'attendant une réponse.
Si tu refais ça une seconde fois, c'est même plus la peine que tu sois dans le groupe. Tu as vu tout ce qu'on doit faire maintenant, par ta faute ? Les imperfections dans un plan, ça existe, mais tu n'as pas à réagir ainsi. Jamais.

Je me retourne et marche, l'ignorant.

    Le 4 Novembre 2012, 17h14, appartement de Rafaël, New York.


Le téléphone sonne, les voisins d'Ambrose. Je m'inquiète. Je leur ai dit de m'appeler en cas de problème ou de comportement suspect. Et ils savent ce qu'est un comportement suspect.
Oui ?
Il fait du bruit, tire des meubles.
J'arrive.
En effet, comportement suspect. Ambrose ne fait jamais de bruit et ne déplace jamais les meubles, ou alors il demande à ses amis, en l’occurrence moi, de l'aider. Qu'est-ce qu'il fabrique ? Il n'est pas du genre à redécorer sa chambre sur un coup de tête ou de vouloir jeter des objets, surtout vue son sentimentalisme. Alors ? Je me décide rapidement à aller le voir, de toute façon, je commence dans quelques heures. Après avoir dévalé les escaliers, je me retrouve dans le métro et me dirige vers chez lui. Je connais le chemin par cœur à force, je pourrais presque le faire les yeux fermés. A la bonne station, je descends, encore plus inquiet que plus tôt. Soulagé d'être sorti des souterrains, je respire enfin. Je marche un peu, toujours anxieux et me posant des myriades de questions jusqu'à mon arrivée chez lui. Je sonne. Pas de réponse. Etrange. Mon palpitant s'accélère. Je sonne chez les voisins, ils m'ouvrent. Je monte directement chez Ambrose.
J'ai les clefs alors j'ouvre sans toquer. Les volets sont fermés, les rideaux tirés. Il y a une marmite sur sa gazinière mais aucun feu dessous, comme s'il avait abandonné son plat, ou s'il était cuit. Préférant resté sur la première idée, je me précipite dans la seconde pièce.
Bougies, encens, cercle dessiné à la craie, tout un tas de choses que je n'ai pas vues depuis la mort de Mvemba. Mon sang ne fait qu'un tour. Il me voit, surpris, et se précipite vers le grimoire. Trop tard, je l'ai vu. Un aigle voit tout.
Invoquer un démon ?
Mes clefs tombent sur le sol, incrédule. Il balbutie.
Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?
Il regarde le sol.
Répond-moi !
Il n'y a rien à dire.
Je le fixe, courroucé.
Je m'excuse.
Tu n'as pas à t'excuser, bordel, tu dois t'expliquer !
Je m'approche de lui, renversant des bougies au passage. Nos visages s'effleurent. Mes iris se plantent dans les siennes.
Je voulais...
Tu voulais quoi, lui ordonné-je de continuer.
Ma famille m'a téléphoné.
Dis-le !
Ils n'ont pas été enthousiasmé par mon nouveau poste.
Dis-le, ne tourne pas autour du pot.
Je le secoue littéralement. Je veux qu'il le dise. J'ai compris ce qu'il voulait, mais je veux qu'il l'avoue. Les larmes montent à ses yeux, mon regard se refroidit.
Je voulais pactiser avec un démon.
Pourquoi ?
Les bougies renversées ont enflammé le rideau. Je m'en fous.
Si tu me dis pas pourquoi, je te laisserai cramer ici.
Tu... le sais...
Je veux l'entendre de ta bouche, hurlé-je.
Pour goûter à la magie, avoue-t-il enfin.

Je le lâche. Je fais demi-tour et vais à la cuisine, je remplie un seau d'eau et le verse sur l'étagère enflammée. L'effet ne se fait pas attendre, les flammes diminuent. Mais il y a tout un pan de mur en flammes.
Aide-moi, lâché-je avec encore toute la colère en moi.
Il s'exécute, il va remplir un seau, on fait une chaîne. Au final, le dégâts n'ont pas été colossaux, juste quelques objets, un rideau et une partie de couette, des livres en partie mordus par les flammes et c'est tout. Il s'assoit sur la partie sauve du lit.
Je ne veux pas être un humain à Shreveport, déclare-t-il. Je ne veux pas être à côté d'eux sans pouvoir m'intégrer.
D'abord, je le regard, encore empli d'une ire qui ne s'éteint pas avec la même aisance que les flammes. Il ne bouge pas, il ne bouge jamais, la lenteur semble être inné chez lui. Alors, je m'assieds à côté de lui, il pose sa tête sur mon épaule, mon bras entoure son corps pour qu'il se rapproche et pour qu'il sente qu'il n'est pas seul. Ma colère s'est éteinte. Bordel, qu'est-ce que je tiens à lui.
Tu ne seras pas obligé de les voir.
Il me regarde, presque suppliant. Je le prends dans mes bras. Il va partir, pourvu qu'il ne fasse pas une connerie plus grosse que lui. J'ai évité celle-la à temps.
La magie ne te servira pas, tu es la personne la plus exceptionnelle que je connaisse.
Je frictionne son dos.
Tu veux dormir chez moi ce soir ? On ne se verra pas avant longtemps, tu vas me manquer.
J'en serai ravi.
On quitte l'étreinte doucereuse. Ma main passe dans ses cheveux et y élit demeure, je le regarde.
Pourquoi tout le monde part ?
Tu es immobile.
Je souris, amer. Nos fronts se heurtent, nos souffles se mêlent avec une plus grande intensité. L'alchimie transforme l'air en charbon ardent entre nos deux visages. Je l'embrasse.

    Le 3 Décembre 2012, 3h27, une zone industrielle, New York City.


Il n'y a rien. Les carcasses de voitures endormies pour la nuit attendent de part et d'autres, éparses, les parkings sont vides. Il n'y a rien si ce n'est de la lumière ici et là, pompant des quantités astronomiques de kilowatt, qui éclaire des grands bâtiments de taule vides, inutiles. Il n'y a pas âme qui vive. Il n'y a rien. Si ce n'est nous deux, Leïla et moi. On attend Damian. Elle s'impatiente, d'un regard je lui ordonne de se calmer. On entend du bruit au loin, elle trépigne. Il arrive.
Enfin, lance-t-elle exaspéré.
Oui bah ça a mis plus de temps que prévu
Epargne-moi les détails merci.
Bon on peut y aller les deux là, on est déjà en retard, lâché-je afin de faire renaître le silence.
On ouvre la porte. Ils s'avancent. Le garde est endormi. On se divise, Leïla et moi on prend le risque et ses vêtements, Damian la sécurité. Avec sa forme animal, il est le plus dangereux de nous tous. Je suis plus habile avec une lame ou un pistolet qu'avec mes serres, lui non. Je soupire, sa métamorphose n'est jamais discrète...
On ouvre une autre porte, on descend une volée de marche, on tourne, et on rencontre encore une porte. Jusque là, tout se passe comme prévu. Je récupère les affaires de la française tandis qu'elle se métamorphose. Je fourre tout ça dans le sac avec délicatesse. Avec fracas, aidé de sa forme animale, elle détruit des vitres pourtant solides. L'alarme ne sonne pas, la synchronisation est parfaite. Je la suis, elle court toujours très vite. Je dépose un à un des petits détonateurs tandis qu'elle m'ouvre les portes de verre, l'explosion sera colossale. Je monte, elle descend. J'entends un bruit sourd. Elle vient d'être fauchée en pleine course. Je me retourne et je vois, crocs luisants sous les néons, un vampire la menaçant de son fusil à pompe. Ils ne font jamais dans la délicatesse. Je dégaine, tire. Il meurt. Pourquoi des vampires ? Bordel, je suis perdu.
Rejoins D !
Un autre arrive, humain cette fois-ci. Il la menace. Je tire. Il ne m'a pas vu. Un deuxième tombe. Un vampire arrive, affolé par l'odeur du sang, il propulse Leïla trop loin. Si elle suit la direction indiquée par notre plan, elle n'aura pas le temps, l'explosion va la tuer. Elle prend le bon chemin, brave petite débrouillarde, et s'arrête nette, choquée.
Continue !
Je monte les étages, arrivant au sommet. Et je vois. Je vois la cour intérieure du laboratoire. Ce ne sont des animaux qui sont entassés au rez-de-chaussée, prisonnier du mur que nous allons faire sauter. Non. Ce sont des humains. Ils regardent Leïla, puis moi qui suis derrière une vitre blindé à l'étage. Je vois l'animalité dans leurs regards. Des... Non. Je pose ma dernière bombe et me métamorphose. Ma salopette tombe, d'un coup de serre je récupère sac à dos et habits, volant je brise la fenêtre. Je vois la silhouette de la française sous moi. Elle a réussi à avancer, bien. Je ne peux lui en vouloir de s'être arrêtée net. Je vole en direction de Damian, l'explosion me pousse bien plus loin, bien plus vite. Je vois d'où je suis les cadavres et la panthère blessé. Et merde.

Le feu ronge tout au loin. Les murs, les couloirs, les vampires plantés et paniqués par le sang, oui j'ai pressenti la jeunesse de certain. Des cris d'animaux se font entendre. Ils se métamorphosent malgré les calmants, l'adrénaline leurs donne des ailes. Ils franchissent les flammes et s'entraident. Je fais demi tour, j'essaie d'aller les aider, mais la chaleur m'empêchent d'approcher, les courants d'air chaud étant trop violents. Mais j'arrive à apercevoir qu'ils se débrouillent. Beaucoup ont réussi à s'enfuir, d'autres se sont fait faucher par les vampires. L'un me voit, il tire. Je me prends une balle en argent dans l'aile. J'arrive à me diriger vers Damian et Leïla. Je me transforme, loin de l'incendie et du carnage. Leïla et moi nous taisons. Damian est lui aussi blessé, on s'enlève nos balles en argent, j'explique brièvement au canadien ce qu'il s'est passé.
Des vampires montaient la garde, et je pense, organisaient tout cela. A confirmer. Et ce ne sont pas des animaux qui étaient sujets d'expériences.
Je prends mon téléphone, j'appelle le QG tout en marchant. Le point de rendez-vous est proche.

On devra partir de New York. L'ALF vous tiendra au courant de ce que vous devrez faire, elle entrera en contact avec vous quand ça se sera calmé. En attendant, profil bas. Damian, John te remettra une liste de faussaires selon là où tu vas te rendre, il va falloir que tu changes d'identité. Faites pas de connerie, je garde un œil sur vous.
J'entre dans la première voiture, où les hauts gradés m'attendent, tandis que Damian et Leïla vont dans la seconde. Je ne les reverrai plus avant longtemps. J'allume une cigarette, amer, dépité et dégoûté.
Ne comptez pas sur moi pour restez là à attendre.
Je sais. Déjà, Rafaël, vous allez rester à New York et continuerez votre boulot de présentateur météo pendant quelque temps, tout en gardant cette fausse identité. Disparaître ainsi serait mauvais pour vous. De même pour Leïla, elle devra attendre un peu avant de partir, mais Damian, il doit fuir tout de suite.
Leïla, combien de temps ?
Une semaine ou deux, et vous un mois ou deux.
D'accord.
On coupe tout contact avec eux pour éviter qu'ils ne puissent remonter jusqu'à nous, pour l'instant.
Ils sont trop précieux pour qu'on les ignore.
Oui, c'est pour ça que ce n'est que temporaire, Rafaël.

    Le 15 Juillet 2013, 20h12, Shreveport.


J'entre. J'entends la douche fonctionner. Ambrose se lave, il vient juste de rentrer du taf. Je jette mes affaires dans ma chambre. J'ai chaud, il ne faisait pas si chaud à New York. Et puis, l'incendie m'a lessivé, j'étais habitué à l'horrible clim' du building. Qu'importe, c'est mieux ainsi. De plus, l'incendie, j'en suis l'auteur, la maison était si peu respectueuse de l'environnement que j'y ai mis le feu. Et j'ai sauvé le mioche de six ans, la mère est heureuse. Franchement, une journée parfaite. Je me lave les mains et me sers un grand verre d'eau. Putain que j'ai soif. Je me pose enfin, m'emparant du journal du matin, je lis la une en sirotant ma boisson saveur nature. La porte de la salle de bain s'ouvre. Ma main se lève pour saluer mon colocataire, il ne répond pas pas. Je n'ai pas trouvé plus taciturne, m'enfin, je le connais depuis deux ans, alors je sais ce qu'il est. Il s'assied et me regarde, assez inquiet.
Otton, le vampire dont tu m'as parlé, est en ville.
Je sais.
Il me regard, interloqué.
Tu crois que j'allais te laisser partir de New York comme ça ? Je lui ai demandé d'être là pour toi, il n'y a pas des détails de ton quotidien qui t'ont troublé ?
Je confirme... Tu aurais pu me le dire.
Tu aurais tout fait pour échapper à sa surveillance. Ta prise de verveine quotidienne suffisait à te mettre hors de danger. Et il n'est pas dangereux.
Mais...
Je me lève, mes bras entourent ses épaules chaudes et humides. J'embrasse sa tempe.
Tu me connais.
Il souffle.
Je m'éloigne de lui et m'en vais me doucher, j'ai l'impression de sortir d'un fumier tant je suis sale. Une serviette ceinte à ma taille, je me promène dans l'appartement. Ambrose cuisine un peu ce soir, j'ai ramené des légumes ce matin, de ma seconde demeure, et coupe les tomates avec une joie non feinte.
Au fait, me dit-il, j'ai pu apercevoir un portrait robot du métamorphe félin qui a énervé le bureau.
Et ?
C'est lui.

L'ALF a peu apprécié que je me mette en colocation avec Ambrose, alors s'ils apprennent que j'ai trouvé Damian, ils vont me taper sur les doigts. Mais, ce n'est que par pur hasard que je me suis rendu à Shreveport, enfin, j'ai un peu forcé le hasard je dois avouer, mais de là à tomber sur lui ici, j'avoue avoir de la chance. Par contre, toujours aucune trace de Leïla.

Otton nous aidera pour l'affaire des métamorphes cobayes.
Parfait.
Ce que je ne lui disais pas, c'est que depuis le fiasco, le quatrième membre de la cellule Métamorphe de l'ALF était encore dessus, à se renseigner, à chercher des noms. Mais ça, excepté lui et moi, personne n'est au courant. Pas même mes chefs. J'allume une cigarette.
Bon, moi, j'ai une surprise à préparer, pour Damian. Tu me donnes un coup de main ?
Je mange d'abord, c'est une priorité.
J'esquisse un sourire et je mets la table. Depuis que je suis chez lui, j'ai l'impression d'être en couple, or, ce n'est pas le cas. Otton m'a certes aidé à oublier Mvemba, j'ai couché au début avec Ambrose, mais nous sommes bel et bien célibataires tout les deux, et j'en profite bien. Dommage qu'il n'en profite pas plus. Derrière lui, je passe ma main sur son ventre et pose ma tête sur son épaule.
Et pour moi, ce n'est pas une priorité?
Il rit. Depuis que je suis là, il est beaucoup mieux. L'invocation avortée du démon semble si lointaine, pourtant je me méfie avec lui, peut-être me cache-t-il de sombres pensées. Quoi que, il faut juste que j'évite de le surprotéger.
Ce soir, on sort.
Il fronce les sourcils.
Ce n'était pas une question, demain tu auras une gueule de bois au boulot ou tu te réveilleras dans un lit inconnu, ou les deux.
Il soupire, amusé.

Yes it's time
For some victory
Our time

Fight!

If you're sick
Of being a victim
Or their ignorance
Then
Battle the conservative
Battle for your
Battle battle battle
Battle the homophobe
But battle without war

Come on battle
Battle, battle, battle !





Famille.


Papa : Décédé le 21 Avril 1967 en défendant le roi Constantin II du push qui le visait.
Maman : Disparue.
Andréas : Mon faux-jumeau de frère. S'il n'a pas toutes les difficultés de la vie, il en a beaucoup. Peu gâté par la nature, il est quelqu'un de lent à la compréhension, simplet, il est aujourd'hui taxi à New York, mieux vaut ça que faire le ménage. Malgré tout ses efforts, la Pleine Lune reste pour lui un calvaire. Je suis son frère, son soutien, celui qu'il appelle quand il a des problèmes, donc souvent. Je l'ai toujours défendu, lui qui n'arrive à faire de mal à une mouche, il est la gentillesse incarnée et se fait trop souvent avoir. Loin de lui par la force des choses, quelqu'un le surveille en mon nom et s'occupe de lui.
Côme : Mon cadet de deux ans. L'intelligent de la famille. Pourtant, dès notre arrivée à New York, il est celui, avec Andréas, que j'ai le plus aidé. Perdu dans un monde totalement étranger, ses connaissances à l'école l'ont rapidement mené premier de la classe et ça, les autres, n'ont pas aimé. Alors, lui qui ne savait pas très bien parler la langue, était le sujet favori de toutes les messes basses de la cours de récréation et bien sûr, lui, ne comprenait rien. Je devais jouer les gros durs avec les petits de sa classe pour qu'il soit tranquille. Après, je devais lui ordonner de m'aider à gérer les petits et, durant sa crise d'adolescence, j'ai dû l'engueuler plusieurs fois.
Lydia : Ma cadette de cinq ans. Elle a toujours été très proche de Maman alors, quand elle est partie, elle a été dévastée. La pauvre petite fille, j'étais son seul soutien quand elle s'est retrouvée toute seule sans Maman. Et puis, j'étais le seul à pouvoir lui expliquer ce qu'était arrivé à Papa et je devais tenter de trouver des réponses à cet orphelinat imposé soudain car Maman ne lui avait jamais répondu. Je dû reconstruire l'adolescente qu'elle était et je n'en suis pas peu fière, aujourd'hui elle est indépendante, autonome et mère de famille, aimée de son mari, aimant son enfant.
Dimitri : Mon cadet de sept ans. On a failli le perdre le jour où nous sommes partis d'Athènes. Il ne se souvient pas de Papa, pourtant c'est le premier mot qu'il a prononcé. Il a été le premier à deviner que Maman n'allait pas bien et, étrangement, celle-ci lui parlait beaucoup, s'en servant de psy. Lorsque Maman est partie, cela l'a profondément troublé, il pensait pouvoir l'aider, cela n'a pas suffit. Il a tenté de se suicider alors qu'il avait 16 ans et s'est ensuite morfondu dans une longue dépression dont je n'arrivais pas à le sortir. Pourtant, j'essayais ! Aujourd'hui, il a repris sa vie en main et se sent redevable pour tout ce que j'ai fait pour lui, alors que je trouve cela juste normal.
Agathe : Ma cadette de huit ans. Jumelle d'Esther. Elle est américaine et a souvent rejeté la famille et ses origines grecques. Le vilain petit canard, mais dès qu'elle s'est transformée, elle ne m'a plus lâché. Ayant du temps à rattraper, elle s'en voulait d'avoir été si horrible envers chacun d'entre nous alors que moi, sans cesse, je recollais les pots cassés. Et puis, elle n'a jamais vraiment accepté que je sois celui qui s'occupe d'elle, sauf tardivement, elle a alors compris mon tempérament et mon comportement durant son adolescence.
Esther : Ma cadette de huit ans. Jumelle d'Agathe. Son opposé, curieuse à l'extrême sur nos origines, elle est aujourd'hui professeur d'histoire vue qu'elle s'est toujours intéressée au passé. J'ai été son père de substitution alors que Côme était son grand frère, on a toujours passé de très bon moment ensemble.


Chronologie.


1959 Naissance de Rafaël et Andréas à Athènes.
1967 Coup d'état en Grèce. Mort du Père de famille. Naissance prématurée des deux jumelles, Agathe et Esther. Départ aux USA. Rencontre avec Mvemba qui deviendra sa meilleure dont il éprouvera plus tard quelques sentiments inavoués.
1969 Découverte de la sorcellerie.
1972 Première transformation.
1977 Départ de la mère.
1986 Toute la famille est partie vivre sa vie. Rafaël doit vivre avec son frère qui a des difficultés à être autonome.
1989 Rafaël intègre un groupe d'éco terrorisme extrême.
1995 Arrivée à la télé en temps que Joaquin Kestla.
1996 Joaquin Kestla présente la météo avant les journaux principaux et devient ainsi le Mister Sunshine officiel de la chaîne.
1998 Démantèlement du groupuscule terroriste. Intégration de l'ALF.
2000 Rencontre avec Otton.
2001 Mort de Mvemba.
2007 Révélation.
2008 Création de la cellule Métamorphes au sein de l'ALF, dirigée par Rafaël.
2011 Rencontre avec Ambrose.
2012 Départ d'Ambrose pour la BIAS de Shreveport. Découverte des expériences scientifiques faites par les vampires sur les Métamorphes. Fin provisoire de la cellule Métamorphe au sein de l'ALF.
2013 Arrivée à Shreveport.


Dernière édition par Rafaël N. Lisänta le 25/7/2012, 19:53, édité 23 fois
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 04:28

/me saute partout comme un attardé mentale *---*
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 09:24

Bienvenue parmi nous :)

Si tu as des questions n'hésite pas et bonne chnace pour ta fiche ^^
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 10:48

Re-Bienvenue ^^
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 12:03

Ton code est faux saleté. OO
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 14:01

Re bienvenu loukoum... encore un éclair au chocolat qui donne envie de manger...
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 14:32

T'as ptet une nouvelle tronche, mais tu pues toujours autant. GROS POULET. u_u
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 15:31

Hey te revoilà toi XD

Re-bienvenue et re-bon courage :D

>Adore le lapin, cuit ou cru.
> Oh yeah Cool
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 15:32

DARDAAAAAAAAAR ! *-*

Welcome Back ! Bonne chance pour cette nouvelle fichette !
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 15:32

Re-bienvenue !!!! ^^
Bonne chance pour le reste de ta fiche :)
:002:
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime1/7/2012, 15:46

Manque plus qu'une Leïla et MOUAHAHAHAHA

*sbaaf*

*danse et chante*
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Lucian A. Corleone
 
SECRET DE CONFESSION
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SIGNALEMENT : le démon qui gouverne les ombres de cette ville.
HABILITIES : Thaumaturgie - La main de destruction ; capacité à voir le monde des esprits, sentir la mort.
OFFICE : Chef de la mafia Italienne avec sa soeur jumelle.
SERENADE : I'm Shipping Up To Boston - Dropkick Murphys

Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Tumblr_lxp2oqgn0n1qggrzno7_250
INFORMATIONS CONFIDENTIELLES
SOBRIQUET : Eden Memories ; Flan coco ; Pâte à choux ; La drag-queen
MISSIVES : 8449
ACTE DE PROPRIETE : Eden Memoires; tumblr

I’m gonna make him an offer he can’t refuse. LE PARRAIN
 
Lucian A. Corleone
BIG BAD BOSS Ϟ Je suis... La Drag-Queen.


Black Moon
JE SUIS:
CAPACITES:
MEDISANCES:
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime2/7/2012, 12:35

Re-bienvenue!
Crois pas que tu seras le roi parce que t'es dégénéré hein! *lui pique la couronne et s'enfuis avec*
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime3/7/2012, 17:20

*Déchaîne les flammes de l'enfer sur la fiche de Rafaël*

Heeeey POULET RÔTI CE SOIR xD

Re bienvenue sexy dardar :014/:
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 01:18

Merci tout le monde.
*a réussi à éviter le flood monumental sur sa fiche coucou *
Bref, elle est terminée.
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 01:38

Rien qu'pour ça, je te valide. Oui, oui, allez, file. Va paver les pages du forum ailleurs ! /botte le cul de poule
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 01:41

Genre, tu peux valider toi maintenant XD
*éviter le coup de pied au cul* What a Face
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 01:44

Captain Obvious... :31:
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 03:40

Au fait même si il a badisifier le personnage (dardar powa OO) rien à redire What a Face
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 10:09

Je m'occupe de toi mon cher :)
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 11:26

Lilas : Non mais genre, pourquoi ce smiley en particulier ? o_o

Yaya : *le grattouille derrière l'oreille*

Georg' : Okay, merci :D Bonne lecture ^^
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 11:50

Par contre ta fiche est (trop) longue mais agréable à lire....
Je ne suis pas sure de pouvoir la finir, vu que bah on est samedi et bon je n’ai pas non plus que Drag lol
Donc si je la finis pas, soit je la reprends quand je repasse soit une des 2 autres administratrices passera, lira et te validera....

J'en suis qu'à la moitié et y en a un si ça continue il va se transformer en lion à force de piétiner...

Désolée ceci dit....
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 11:51

*tend une paire de ciseaux à DarDar, avec un grand sourire aux lèvres*
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MessageSujet: Re: Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée   Rafaël Lisänta - Papa Poule - Terminée Icon_minitime21/7/2012, 12:01

*Intercepte le ciseaux et menace Gigi avec *

C'pour faire quoi ça ? On touche pas à Geo' ! O.O Tu t'es cru chez mémé ? èé
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