DATE & LIEU DE NAISSANCE ☞ A l'aube du vingt-huitième jour de février, alors qu'il faisait encore frais, et que le ciel attendait patiemment la venue de son Dieu Solaire à Shreveport. ; AGE ☞ Voilà trente-cinq longs hivers qu'elle foule désormais ces terres, tapie dans l'ombre tel un animal sauvage qui, attendrait enfin quelques éclats d'un lendemain sans chagrin. ; ORIGINE ☞ Ce qu'elle ignore en revanche, c'est que du sang français coule dans ses veines. ; CAMP ☞ Le seul camp auquel elle appartient est celui de sa famille, même si du plus loin qu'elle s'en souvienne, il lui semble ne jamais avoir été digne de cette dernière. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cette raison qu'elle la porte davantage comme un fardeau. ; CAPACITE ☞ La télépathie. C'est un don bien saugrenue qui, souvent, lui donne la sensation d'être envahie par une centaine de petites bestioles grouillants entre ses tempes. Elle ne parvient pas encore à imposer cette barrière qui l'empêcherait de ne pas littéralement imploser sous ces rafales de voix qu'elle ne comprend pas toujours. ; CLASSIFICATION ☞ Ce n'est qu'un petit animal terrorisé par le monde qui l'entoure. Si elle ne sait pas encore maîtriser cette capacité hors norme, Siliel est, en revanche, totalement innofensive. ;  ETAT CIVIL ☞ Les relations humaines ne sont pas réellement son univers. De toute évidence, elle est bien trop facilement intimidable pour approcher quiconque ou, laisser entrer quelqu'un dans sa vie. A dire vrai, elle ignore de quelle manière se comporter lorsque l'on s'intéresse sérieusement à elle. Alors, elle préfère de loin se réfugier entre les murs de sa librairie et, s'immerger dans un roman en aspirant, pourtant, à tellement plus. METIER ☞  Comparée à ses frères et sœurs, Siliel n'a aucun prestige. Elle fait un petit boulot de merde mais, sans doute à la différence de ses aînés, un boulot qui lui plaît. Elle passe ses journées parmi les bouquins, à rêvasser, probablement, sur la venue d'un possible Prince Charmant. Libraire, elle partage ces instants d'évasions avec d'autres, oubliant quelques fois les horreurs qui gangrènent l'univers. ETIQUETTE ☞ Siliel n'est que la petite libraire du coin; un peu timide et réservée. A dire vrai, elle n'est pas grand chose dans cet univers déliquescent. Elle se fond facilement avec le décor, ne fait pas de vague. Parfois, elle semble un peu ailleurs, comme aspirée dans une dimension que personne ne perçoit. Elle n'est pas méchante, non, seulement un peu étrange. Il est aisé de la surprendre à dialoguer dans l'ombre, comme si elle n'était pas totalement seule. Elle n'est pas réellement sociable alors, il est, là encore, facile de la penser folle ou, en dehors d'une certaine réalité universelle.

L'oreille posée contre le bois de la porte, Siliel écoute secrètement ces voix familières qui, semblent se délivrer quelques messages clandestins. Elle inspire profondément, se plaque quasiment contre la chambranle dans l'espoir de distinguer une parole cohérente. Mais en vain. Plus elle tente de s'approcher et, plus les mots aspirent à s'évaporer dans l'atmosphère, sans qu'elle ne puisse en déceler quoi que ce soit. Elle n'est revenue d'Europe que depuis quelques jours et, rien n'a véritablement évolué au sein de cette famille. Chacun d'entre eux s'évertuent à l'éloigner d'une quête qui ne la concerne visiblement pas. Non pas qu'elle aimerait y prendre part seulement, elle ne supporte plus les messes basses qui se taisent lorsqu'elle pénètre dans une quelconque pièce. Elle se mord la lèvre. Que peuvent-ils bien lui dissimuler ? Elle n'en a même pas la moindre petite idée. Le plus discrètement possible, Siliel s'accroupie, afin de scinder la scène qui se déroule derrière ces murs à travers l’orifice de la serrure. D'ici, elle ne perçoit que sa mère, ainsi que Ellizion dont les gestes attestent manifestement son mécontentement. Se faisant violence, elle laisse ses sens se dilater pour détecter ne serait-ce qu'une bribe de pensée. Cependant, la présence d'Evenjay, comme à son habitude, brouille le réseau qu'elle s'hasarde à percer. De toute évidence, elle ne tirerait rien de cette conversation. Un instant, elle songe à se glisser sans préavis auprès d'eux. Cela changerait-il quelque chose aux ombres qu'elle n'identifie pas ? Non. Ils cesseraient, sans aucun doute, leur entreprise dès qu'elle franchirait le seuil. Alors, Siliel s'assoit sur le sol, adossée contre ce rempart qui, la sépare peut-être d'une découverte effroyable. Elle plaque ses jambes contre son buste, les entoure de ses bras, puis dépose sa petite caboche sur ses genoux. Depuis toujours, - quand elle n'est pas un quelconque bouc émissaire - la jeune femme est mise à l'écart. C'est un fait qu'elle a appris à apprivoiser avec le temps mais qui, de la part de ses proches, la heurte davantage. Serait-elle trop stupide pour assimiler ce qui les réunie ? Ou bien, est-elle encore considérée comme l'enfant que l'on doit éloigner à tout prix ? Elle grommelle, pousse une plainte agacée contre son bras pour ne pas être entendue. Elle qui, pensait être enfin prise au sérieux après son expédition, voilà qu'elle se trouve encore et toujours réduite uniquement à l'image de la cadette frêle et fragile. Quand finiront-ils par la voir autrement ? Probablement jamais. Siliel passe une main dans ses cheveux, expire bruyamment alors qu'elle daigne finalement se remettre sur pieds. Une dernière fois, la curiosité l'incite à jeter une œillade indiscrète à travers l'unique brèche qui lui permet d'entrevoir les siens. Seulement, son regard croise celui d'Ellizion dont le sourcil arqué semble indiquer qu'elle n'est pas dupe. Siliel papillonne des cils quelques secondes, avant de reculer précipitamment. L'a-t-elle remarqué ? Elle n'ose y croire et pourtant, une petite voix persiste à vouloir l'affirmer. Elle déglutie, peu assurée, et s'éloigne malgré tout sur la pointe des pieds. Quelque chose n'est définitivement pas en règle dans cette famille.

La jeune femme profite finalement de sa solitude pour s'immiscer dans l'immense bureau de sa mère. De toute évidence, il n'y a qu'ici qu'elle pourrait obtenir une quelconque réponse à ses tourments. Elle balaye rapidement la pièce d'un œil inquiet, le cœur battant. Elle n'ose imaginer les remontrances à venir si jamais Elizabeth était amenée à regagner son antre sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle frise légèrement le nez. Un sentiment à la fois grisant et terrifiant la submerge, alors qu'elle s'approche enfin des innombrables dossiers de sa génitrice. A l'image d'une adolescente qui aurait conscience de sa bêtise, elle s'agite quelque peu, s'assurant sans cesse d'être seule, les lèvres pincées en un rictus nerveux. Elle attrape une première pile de chemises et, s'assoie derrière le meuble imposant qui sert d'office. Là, elle feuillette la paperasse qui ne lui offre qu'un nombre incalculable de sommes, les unes toutes plus astronomiques que les autres. Ses sourcils se froncent en une moue perplexe. Où trouve-t-elle tout cet argent ? Mais surtout, qui peut bien lui verser de tels acomptes ? De temps à autre, elle remarque les prénoms de ses frères et sœurs. Elle secoue brièvement sa petite tête brune, et lève le nez, visiblement en pleine réflexion. Qu'est-ce que cela peut-il bien signifier ? Elle hausse nonchalamment ses épaules, alors qu'elle s'interroge face à un nouveau cartable soigneusement intitulé « L'affaire Sleeman ». Elle s'apprête à en avoir le cœur net mais, un timbre familier résonne dans la pièce jusque là silencieuse:
- Je pensais vous avoir éduquer autrement, Siliel Wesker.
La principale concernée hoquette de surprise et, timidement, se redresse afin de ne laisser voir du bureau que son faciès déconfit. Malgré le ton peu avenant, le regard de sa mère n'est qu'un mélange de tendresse et d'amusement. Siliel se pince la lèvre, puis se relève complètement.
- Mère, je...
Mais sa tentative d'explication est balayée par un revers de main.
- Peu importe. Tu n'as rien à faire ici, Siliel. Je n'aime pas que l'un de vous n'entre ici, et tu le sais pertinemment.
La jeune femme baisse la tête, alors qu'elle s'approche de sa génitrice, peu fière.
- Pardon mère...
L'aînée passe une main à la fois ferme et protectrice sur le visage de son enfant.
- Ce n'est rien.
Un baiser est déposé sur le front de Siliel, avant qu'elle ne quitte définitivement les lieux. D'ailleurs, la jeune femme ne remarquera jamais le regard profondément inquiet que sa mère porte sur le dossier qu'elle tenait précédemment entre ses mains.

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