✤ Traits de caractères A frayer en eaux troubles depuis des années, Dean a développé des capacités de survie assez surprenantes pour un humain. Il aurait pu avoir maille à partir avec d'autres dealers, se prendre de grosses mandales de la part de la mafia pourtant, il magouille toujours en toute impunité. Il a été arrêté à de nombreuses reprises mais il est suffisamment intelligent pour ne pas se promener avec des quantités de drogue qui l'amèneraient direct en prison. En fait, c'est une anguille qui a le don d'agacer les flics. Il connaît ses droits sur le bout des doigts et depuis qu'il bénéficie d'une protection surnaturelle, il est encore plus tête à claques pour les agents de police. Ouuuh comme ils aimeraient le tabasser ou au moins lui refiler un coup d'annuaire dans la tronche, mais ils doivent toujours le libérer et encaisser le petit air narquois que le jeune homme ne manque d'afficher. Intelligent, Dean s'est rapidement adapté à la situation lorsque les CESS se sont révélées. Il ne lui aura fallu qu'une poignée de jours pour flairer les bonnes aubaines. Extrêmement discret et prudent, il n'est pas facile à coincer, méfiant, vous ne le trouverez jamais dans la rue. Arpenter le trottoir? Très peu pour lui, il en a marre de devoir préciser qu'il est pas là pour faire le tapin à chaque voiture qui ralentit à sa hauteur et marre de partir en gros bad si une silhouette se met à le suivre. Et puis, Dean préfère avoir une clientèle régulière et qu'il connaît plutôt que de bouffer à tous les râteliers avec les risques qui vont avec. Il n'a pas l'ambition de devenir un baron de la drogue, son train de vie actuel lui suffit largement. Si on met de côté ses activités peu reluisantes, Dean est au fond un jeune homme au capital sympathie presque illimité. D'un naturel enjoué, il a toujours le mot pour rire même si ce n'est pas souvent pas très fin ni très spirituel. Le peu de personnes qui lui sont chères passeront sans cesse avant ses propres intérêts, la loyauté, c'est sacré...peut-être une conséquence de son éducation, quand il représentait encore quelque chose pour ceux de son sang. Derrière ce visage parfois je-m'en-foutiste, volontairement frondeur mais toujours positif, Dean cache, en fait, une terrible blessure dont il ne parle jamais et qui le ronge malgré le déni qu'il affiche. Fils de lycans, la Bête ne s'est jamais révélée à lui. Rejeté par les siens, sans cesse rabaissé, il n'avait pas le caractère et la force de tenir tête à sa famille. L'indifférence qu'il suscitait, la déception qu'il pouvait lire dans les yeux des siens, il les a encaissées sans rien dire, sans se rebiffer. Il refuse de l'avouer mais il est quelqu'un de (trop) sensible qui pourrait facilement sombrer si un de ses amis le trahissait. Il planque cette fragilité, cette naïveté derrière le masque du dealer deux de tension et sûr de lui, derrière celui qui sait se démerder seul,  qui aboie plus fort que les autres et qui qui balance des chapelets de jurons pour se donner de l'importance, mais en fait, il a cruellement besoin d'être entouré et d'avoir un appui.
✤ Occupation diurne Dean n'est pas un animal diurne. Les journées, il les passe la plupart du temps enfermé chez lui, squattant une de ses nombreuses consoles de jeu ou ingurgitant DVD sur DVD. Il dort beaucoup, comate souvent grâce à l'herbe, gratouille le Chat, lui parle parfois...Dean a peu d'amis, bien peu d'ailleurs, le dernier en date s'étant fait la malle sans laisser d'adresse, Dean n'est pas prêt d'accorder de nouveau sa confiance à quelqu'un, cette confiance qui vous permet de vous ouvrir complètement à autrui et de lever la chape de plomb qui recouvre vos secrets les plus enfouis. Quand il en a le courage et lorsque les circonstances l'exigent, il s'active dans la cave mais il met rarement le nez dehors. A la lumière du jour, les gens sont encore plus faux qu'en pleine nuit.
✤ Manies, habitudes & goûts - Déteste faire à bouffer (c'est un cauchemar pour diététicien), il se ruine en fast food et en livraison à domicile.
- Se tient éloigné des Lycans même s'il pourrait y faire très "couleur locale" et se fondre aisément dans la masse. Les histoires de poilus et de meutes, ça le fait profondément chier.
- Claque des surnoms à tout le monde...même à son proprio ou à son banquier.
- Il est le seul être vivant toléré par son infect chat. Et c'est tant mieux...il est littéralement gaga de cet animal affreux.
- Il fume. Des clopes et des joints. Il a tenté de faire pousser mais le seul plant survivant (surnommé affectueusement Ernesto) est en train de crever à force de servir de litière improvisée par Le Chat.
- Impulsif, il lui arrive de réagir sans vraiment réfléchir aux conséquences....jusqu'à ce qu'il s'en prenne une ou finisse chez les flics.
- Adore jouer à attrapes-moi si tu peux avec la police.
- A un flingue mais est incapable de s'en servir. C'est de la dissuasion, Dean ne se sent pas capable de prendre une vie quelle qu'elle soit.
✤ La traque continue UNIQUEMENT POUR LES CHASSEURS - Indiquez ici comment vous êtes devenu chasseur, quel type de créature vous chassez, quelle est votre arme favorite, vos techniques de combat (attention vous n'êtes pas un surhomme).
Si vous avez ou faite parti de la Guilde, indiquez-le, et dites nous comment vous avez échoué ici, comment vous avez vécu le départ de la Guilde du territoire.
Si vous agissez au sein d'un groupe de chasseur, dites nous comment les avez vous rencontré, intégré. 150 mots minimum.
✤ Possession & Exorcisme UNIQUEMENT POUR LES POSSÉDÉS - Indiquez ici toutes les informations relative à votre possession, quand et comment c'est arrivé. 150 mots minimum.
✤ Convictions Il n'y a pas vraiment eu de "révélation" à proprement parler pour Dean. Fils de lycans, il a toujours frayé avec les créatures surnaturelles. Mais le fait que ces dernières s'annoncent au monde l'a grandement amusé. Avec une joie malsaine, il a vu sa famille devoir se faire recenser en temps que lycanthropes. La normalité qu'on lui avait sans cesse reproché était au final une excellente chose. Quand aux vampires, il a rapidement flairé le filon. L'être humain est capable d'être accro à n'importe quoi. Ca a commencé par les morsures et puis le V a déferlé. Evidemment, Dean s'est aussitôt mis le coup...faut vivre avec son temps pour ne pas être sur la touche.
✤ Signes particuliers Dean a un ouroboros stylisé tatoué sur le bras...il préfèrerait l'arracher (s'il était pas si chochotte) ou le faire recouvrir. Un sale souvenir de son adolescence qui était sensé être le futur symbole de son appartenance à la meute familiale. Quand il est vraiment fonfon, il dessine un smiley au centre. Stupide et puéril mais ça lui donne l'impression de reprendre possession de sa peau le temps d'une défonce. Il s'essaie à la magie aussi...pour le moment, ça oscille entre le pitoyable et le miraculeux.

Bâton Rouge, Août 2003...
Tu as mal?
Non. Je gère.
Les yeux bleus clairs de l'adolescent se baissent sur la peau rouge et enflée de son avant-bras qui s'orne maintenant du symbole de la Meute de Bâton Rouge. La Meute de son père. Ce dernier est encore là, nonchalamment adossé au chambranle de la porte de la chambre de son fils unique, Dean. Dès la naissance du petit garçon, il avait mis tous ses espoirs sur ses épaules même si elles étaient encore trop frêles. Dean Danvers serait son digne héritier malheureusement, Mère Nature semble prendre plaisir à torturer les deux seuls hommes de la maison. Le patriarche commence à redouter que son rejeton ne soit qu'un humain et il sait que son sang de lycanthrope ne va pas prendre la chose avec philosophie. Dean, de son côté, commence à percevoir trop nettement l'impatience et la déception qui apparaît dans les traits durs et austères de son père. Pourtant, tout a été essayé. Des rituels lycans ancestraux aux virées nocturnes en compagnie de Crinos, du martelage presque scolaire aux conseils pédagogues...en vain. La lycanthropie dédaigne toujours Dean.
Bras croisés sur sa poitrine, le père soupire. Ca va marcher, fils. Qui es-tu en train de rassurer avec cette phrase pleine de certitude et d'assurance? songe l'adolescent car la même frustration le dévore. Plus les années passent plus l'homme qu'il vénère plus que tout au monde s'éloigne irrémédiablement de lui. La lycanthropie était le seul pont qui lui permettait d'atteindre la forteresse impénétrable qu'est son père. Sans ce don, ils n'ont rien en commun. Lèvres serrées, Dean lève lentement les yeux jusqu'à croiser les iris paternels. Long et pesant silence avant que l'adulte ne tourne les talons et referme la porte. Ca va marcher, fils. répète-t-il avant de le laisser seul dans l'obscurité de sa chambre. Tu parles... murmure Dean en se laissant tomber sur ses oreillers. Levant le bras à la hauteur de son regard, il parcourt le cercle ouvragé formé par le corps du serpent qui se mord la queue. On peut toujours essayer. C'est ce qu'a annoncé le vargamor de la Meute après que l'Ulfric ai soumis l'idée de la marque indélébile. Essayer de faire naître chez Dean cet esprit de groupe qui soude tous les membres de la Meute. Si Dean ne s'est pas encore transformé, c'est parce qu'il ne sent pas ces liens, il n'a pas l'impression de faire partie du clan, le blocage viendrait de là. Ce symbole est le leur et le graver sur la peau de Dean, c'est imprimer dans sa petite tête qu'il appartient à quelque chose de grandiose. La Bête ne pourra pas résister longtemps à l'appel des siens. Elle va se manifester. Allez ramènes toi, Bête à la con. murmure-t-il au tatouage.

Bâton Rouge, 21 Décembre 2004...

L'aube se lève doucement. Malgré le froid, Dean n'est vêtu que d'un fin tee-shirt et d'un jean. Il a l'impression que ses pieds nus sont réduits à deux blocs de glace et il se les gèle mais quelque chose de puissant. Entouré de sa mère et de ses deux soeurs, il pousse la porte de la maison et se rue jusqu'à sa chambre à l'étage. Aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres malgré le joyeux brouhaha émis par la gent féminine. Cette nuit, encore, il ne s'est rien passé. Alors que ses frangines font partie intégrante de la meute depuis des années, Dean en est encore au stade de l'attente et plus les années passent plus il sent le regard lourd de déception de sa mère se poser sur lui. Quand à son père...l'homme se fait de plus en plus distant jusqu'à ignorer complètement son fils unique.
Dean se laisse tomber sur son lit, glissant ses bras sous son oreiller avant de soupirer. Il se sent vide, inutile, merdique. Des sentiments devenus coutumiers après chaque escapade lupine dans les bois. Tandis que sa famille part crapahuter dans les fourrés, il reste planté sur une souche à surveiller les louveteaux. Il a vu quitter, un à un du groupe des non-transformés, ses jeunes soeurs, ses cousins et cousines. Maintenant, il est le seul adolescent de ce groupe et il joue les baby-sitters avec des mômes qui le bombardent de questions auxquelles il n'a aucune foutue réponse. Est-ce-que ça mal de se transformer? J'en sais rien. T'as vraiment les sens plus développés en loup? J'en sais rien. Ca a quel goût le lapin cru? J'en sais rien. On doit bouffer de l'herbe comme les chiens? J'en sais rien. J'en sais rien. J'en sais rien. Posez-moi des questions sur l'organisation d'une Meute, sur nos rites et nos coutumes. Je suis incollable dessus, on me tanne avec ces dernières depuis que je suis en âge de les comprendre. Mais non...à chaque fois, on l'interroge sur cette foutue transformation dont il ignore tout. Et avouer son ignorance à ces enfants c'est comme se prendre un coup de fouet en plein visage.
Pourtant la Meute a tout essayé avec Dean. Les conseils avisés, les encouragements plein de bienveillance, le soutien d'un ancien tout dévoué à sa cause, tous ont nourri l'espoir du jeune homme et celui des siens. L'année dernière, sous l'impulsion de l'Ulfric, on a même tatoué l'adolescent qui s'est laissé docilement faire. Un ouroboros symbolisant le clan de Bâton Rouge, cela allait soit-disant l'aider à ressentir son appartenance aux Danvers. En vain.
Dean entend la porte de sa chambre s'ouvrir. Paresseusement, il coule un regard vers le mur opposé à cette dernière. La silhouette familière d'Edorah de dessine sur le papier peint.

Ca va, Dean? De toute sa famille, Edorah est celle qui éprouve le moins de déception à son encontre. C'est de la pitié prétend son autre soeur qui ne se gêne pas de lui rappeler tous les jours son inutilité. Mais à chaque fois qu'elle vient le visiter, il n'a jamais eu ce sentiment. Elle est sincère. Dean sent son lit se creuser lorsque sa cadette s'y installe. Ca sera pour la prochaine fois peut-être... Il entend, plus qu'il ne le voit, le sourire triste qui étire les lèvres de sa soeur. Depuis qu'elle a 9 ans, elle peut courir avec la meute sous forme lupine. Edorah est le petit génie de la famille, le joyau de sa mère, la fierté de son père. Dean enfouit son visage dans son oreiller et d'une voix étouffée lâche en maugréant.
T'imagines, ça n'arrive jamais? Je ne suis peut-être qu'un bête humain. Banal. Inutile.
Ca ne s'est jamais produit dans la famille. T'es juste en retard. Et dans le cas où c'est vrai, t'es pas banal. Et puis, ça changerait quoi? Tu resteras mon grand frère.
C'est chou mais je me sens pas mieux pour autant. Ca n'est pas égal pour notre famille. Bordel, même nos cousins de dix ans se foutent de moi. Je suis le seul comme ça... Dean daigne enfin se redresser. Assis en tailleur au milieu de son lit, il a la tête basse. Le plus douloureux dans cette situation c'est de voir l'indifférence affichée par son père qu'il a toujours idôlatré. Si encore, il était en colère, s'il le cognait, le tabassait, Dean partagerait encore quelque chose avec cet être, même s'il s'agissait de violence. Mais là...l'absence complète d'intérêt était pire que tout. Etre transparent aux yeux de la personne pour qui vous éprouvez le plus grand respect...Dean ferme les yeux en soupirant, la gorge serrée. Enorah secoue lentement la tête avant de poser sa main sur son épaule.
Je serais toujours là pour toi, Dean. Toujours. Que tu soies loup ou humain. Foutaises! pense l'adolescent, si la Meute te demande de me lâcher, tu le ferais sans hésitation. Mais il préfère se taire, opiner du chef avant de demander à Edorah de le laisser seul. Il a sommeil.

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Bâton Rouge, Décembre 2008

Hors de question. L'autre ne vient pas. L'autre? C'est Dean. Depuis le fiasco du solstice d'hiver 2000, le patriarche Danvers a décidé de ne plus appeler son fils unique par son prénom. Il est "l'autre", celui dont on parle toujours en ces termes même s'il est présent. Bien que ça soit devenu évident qu'il ne sera jamais un loup, l'adolescent continue de suivre les siens lorsqu'ils se réunissent au caern. Il reste sur sa souche, discret, silencieux, n'attendant plus cette Bête qui ne viendra pas. Il se sent de plus en plus étranger à ces gens, il ne supporte plus la forêt nocturne, il ne peut plus encaisser ces putain d'anecdotes lupines, ce folklore désuet.
Ce soir, la nuit de Noël est marquée par une pleine Lune. Une occasion parfaite de rassembler le clan. Mais Dean n'est pas invité. Enfin...disons plutôt que son père n'a aucune envie de l'emmener. Il y a encore quelques années, il en aurait pleuré mais maintenant, les choses ont changé. Il se fout royalement de sa famille. Même Edorah a commencé à le négliger. Qu'ils aillent jouer les velus dans les bois, se ramasser des puces et des tiques. Dean tourne les talons et tandis qu'il gravit les escaliers menant à sa chambre, il entend sa famille quitter le domicile. Edorah n'est pas venue le voir...en fait, elle n'est plus si différente des autres maintenant. Il aimerait pouvoir dire que ça lui fait de la peine mais ce n'est pas le cas. C'était prévisible. Il ne partageait pas cette vie secrète si excitante, fatalement, elle allait s'éloigner. Et puis, les histoires de Meute qu'elle lui racontait d'une voix joyeuse commençait à le gonfler. Il n'a jamais compris qu'en fait, Edorah essaie encore et toujours de l'intégrer à la Meute, de le faire participer par procuration à son existence occulte. Elle reste persuadée qu'on peut lui trouver une place et lors des réunions de clan, c'est la seule à avancer des arguments en sa faveur.
Sortant une boîte de bois de sa table de chevet, Dean s'apprête à se rouler un joint. Depuis le début de cette année scolaire, ses résultats sont en chute libre. Bien évidemment chaque convocation est restée sans suite, chaque coup de téléphone du bahut a été classé sans suite. Personne ne s'intéresse à lui dans cette maison. Alors, il continue de plonger inexorablement. L'adolescent populaire s'est assombri, isolé. Il collectionne les emmerdes et aucune main secourable n'essaie de le retenir. A ses amis se sont substitués des ados aussi paumés que lui à qui il revend une herbe de mauvaise qualité à un prix exorbitant. Cette existence ne vaut pas l'ancienne mais au moins, il a une place aussi pourrie soit-elle. Et puis, il lui reste encore combien de temps à tirer avant de se barrer de Bâton Rouge? Un an? Deux ans à tout péter? Il pouvait tout aussi bien mettre les voiles aujourd'hui, personne ne le remarquerait. Tout en fumant, Dean se laisse tomber sur le dos. Mettre les voiles aujourd'hui...roulant sur le côté, il s'empare de son téléphone portable et appelle Ruben. Ruben? C'est l'autre paumé du bahut. Personne ne sait ce qui cloche chez lui mais tout le monde y va de sa petite hypothèse. Dean est devenu d'abord son "associé" dans le deal. Maintenant, on pouvait les considérer comme des "amis", des compagnons de galère. Une voix traînante résonne dans le combiné.
Aaaallô?
Rub'? C'est Danvers. Dis-moi, ton projet de partir à Shreveport pour commencer une nouvelle vie, ça tient toujours? Dean pourrait entendre les rouages grippés de la cervelle de son ami se mettre en branle. A sa voix, il pouvait affirmer que Ruben était déjà complètement à l'Ouest.
Euh...ouais.
Je suis partant. On se casse dès qu'on peut. Comme tu le dis, personne ne nous cherchera...ni ta camée de mère ni mes tarés de parents.

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Shreveport, 2011...

Adossé au mur nu de la cave, Dean fixait le vampire attaché sur une chaise et couvert de chaînes en argent. Avec Ruben, ils avaient dépensé l'intégralité de leurs économies pour en faire l'acquisition. Un gros achat mais qu'ils ne regretteraient pas, et en effet, ça fonctionnait de manière plus que satisfaisante. Maintenant que le suceur de sang était immobilisé, il fallait le saigner et pour tout dire, Dean n'était pas très chaud pour égorger quelqu'un. Même s'il était cliniquement mort. Ca faisait deux heures qu'ils se regardaient en chiens de faïence, une odeur de viande roussie s'élevant dans les airs à chaque fois que la créature tentait de bouger. L'humain avait bien essayé de convaincre sa victime de se laisser faire mais l'autre avait refusé. Il allait devoir prendre ce sang vampirique lui-même. Son téléphone se mit à vibrer, il décrocha rapidement pour entendre la voix de Ruben le presser d'en finir. Son associé avait une phobie du sang alors autant dire que Dean écopait du sale boulot. Le vampire releva légèrement la tête.
Danvers? Tu t'appelles Danvers? Etonnement dans la voix de la créature. Dean pesta intérieurement, il aurait dû s'en douter. Ruben avait coutume de l'appeler par son nom et l'ouïe des vampires n'avait rien à voir avec celle des humains. Comme les Danvers de Bâton Rouge? Aussitôt, Dean pâlit en même temps qu'un rictus triomphant apparut sur les traits du vampires. D'une voix soudain mielleuse, il poursuivit. Que fait un loup, un Danvers qui plus est, si loin des siens?
Homonymes. Je viens pas de Bâton Rouge. Le vampire lui coupa aussitôt la parole.
Oh que si. Il suffit de voir ta tête pour s'en convaincre. Tu peux mentir mais ta respiration plus rapide, les battements de ton coeur qui s'accélèrent disent tout le contraire. Une colère sauvage envahit soudain Dean. D'un pas résolu, il se dirigea vers ce foutu suceur de sang qui lisait en lui comme dans un livre ouvert. Le contournant, il donna un violent coup de pied dans le dos de ce dernier. Dans le cliquetis des chaînes, la créature tomba à plat ventre sur le sol en laissant s'échapper un feulemen de douleur.
J'ai rien à voir avec eux. Rien. Un rire douloureux s'échappa de la gorge deu vampire qui essaya vainement de tourner la tête pour croiser le regard de son geôlier.
Menteur. T'as la même tronche que tous ceux de la meute. T'es au courant que l'ulfric est tombé récemment?
Je m'en fous. Ta gueule. cracha-t-il. La rage commençait lentement à l'aveugler. Dean extirpa de son étui l'unique lame en argent qu'il possédait. Les iris du vampire se rétractèrent en apercevant l'éclat froid du métal.
Si tu me butes, ça sera un meurtre, Louveteau. "Louveteau"...cen était trop. Ces allusions achevèrent de l'aveugler. La tête vide, Dean passa à l'action. Tendant le bras pour s'emparer d'un seau, Dean enjamba le corps avant de s'y asseoir. D'une main, il attrapa une touffe de cheveux soulevant la tête du vampire avant de glisser le récipient dessous.
La loi n'est pas encore votée, connard. D'un geste ample de sa main armée, il lui ouvrit la gorge. Un mouvement qu'il avait appris il y a plus de dix ans quand son père l'emmenait chasser, lorsqu'il avait encore une famille, lorsqu'il appartenait encore à un clan soudé et uni, lorsqu'il était aimé et qu'on tenait à lui. Un liquide poisseux et vermeil se mit à gicler dans le seau. Les mâchoires crispées, Dean tordait le cou du vampire en arrière.

La porte de la cave s'ouvre. Recroquevillé dans un coin de la pièce, la tête entre les mains, Dean lève les yeux sur les pieds qui descendent les marches. L'atterrissage aura été rude. Il est resté de longues minutes assis sur le sol, le couteau sanglant à la main et le corps du vampire réduit à l'état de bouillie gélatineuse. Il avait complètement perdu le contrôle quand le suceur de sang a mentionné les loups. Complètement. Il n'avait aucun souvenir de ce qu'il s'était passé à partir de l'instant où il avait été qualifié de "louveteau". Horrifié par ce qu'il avait fait, Dean avait plus ou moins rampé dans la cave jusqu'à ce qu'il atteigne un mur. Et depuis, il n'avait pas bougé. Il entendit vaguement un "oh merde" émis par une voix familière suivi d'un gargouillement et du son écoeurant de quelqu'un qui vomit.
Putain, Dean. C'est quoi cette boucherie?! J'ai jamais dit qu'il fallait le buter. Oh merdemerdemerdemerde...on fait quoi? T'as vu l'état de la cave? Moi, je touche à rien, je t'l'dis direct. Putain...c'est dégueulasse. Dean? T'entends? Dean?!
Oui. Surprenante cette voix éteinte et atone qui sortit de sa bouche. Presque mécaniquement, Dean se leva et comme un atomate s'avança vers Ruben. Je...je vais nettoyer. Et après, je préparerais les doses. Sans rien ajouter d'autre, il dépassa son ami qui n'avait pas cessé de la fixer d'un air ahuri et terrifié. Dean Danvers n'avait jamais été quelqu'un de violent et jusqu'à aujourd'hui, Ruben n'avait jamais envisagé que son associé et ami soit capable de prendre une vie. Leur association roulait plutôt bien. Dean s'était cassé le cul à avoir des bases de droit pour lur éviter pas mal d'ennuis et pour les sortir des mauvais pas et des ardes à vue. Mais là...il était peut-être temps de se séparer de son pote. Ce genre de massacre pourrait se reproduire et avec la loi sur le point de passer et de donner la citoyenneté aux vampires, il allait avoir de sacrées emmerdes.

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Shreveport, 2012...

Ciao mec et encore merci pour la dépanne.
Ouais. Pas de quoi, etc etc. dit Dean en agitant mollement la main. Alors que l'un de ses visiteurs se lève pour partir, il s'empare de la manche du second. Toi, tu restes là deux minutes. En silence, ils attendent que leur trio se réduise à un duo puis Dean se tourne vers son habitué. Je déteste qu'on m'amène un gars que je connais pas et tu le sais. Nan pas la peine d'essayer de discuter, je me doute que tu vas me dire que c'est quelqu'un de sûr, que je peux avoir confiance. lâche-t-il d'un ton agacé. Je m'en fous. Si je suis toujours dehors et si les flics n'arrivent pas à me coffrer, y a une raison. Je suis prudent. Alors, ce genre de visite surprise, j'en veux plus. Tu laisses ton pote chez toi, dans la bagnole, au coin de la rue, je m'en tape, mais il fout pas les pieds chez moi. La prochaine fois, je te raye de mes contacts. OK?
Ouais mais... Dean secoue vigoureusement la tête, agacé, en sifflant entre ses dents. OK. Merci quand même. balbutie l'autre en se levant. A la prochaine alors? Soupirant, Dean détourne le regard tandis que son client file sans demander son reste avant qu'il ne change d'avis.

De nouveau seul, Dean se dirige jusqu'à sa fenêtre qui donne sur les toits de Shreveport. La nuit est tombée depuis longtemps, il ne recevra plus personne ce soir. Extirpant une clope d'un paquet aplati, il passe ses jambes par l'encadrement de la fenêtre et s'installe sur le rebord. Cela va faire trois années que Dean se retrouve une fois de plus seul. Après l'incident du vampire et de la cave, Ruben a préféré mettre les bouts. On ne peut pas lui en vouloir. Dean a beau être un brave gars, ça aurait remué n'importe qui le spectacle qu'il avait offert dans la cave cette nuit-là. Il préfère ne plus penser à ce qu'il s'est passé comme si ignorer cet événement lui permettait de l'oublier plus facilement. Il finira bien par se convaincre que ça n'est jamais arrivé. Au-delà du meurtre qu'il a perpétré ce qui l'inquiète le plus c'est cette absence totale de souvenir. C'était comme si quelqu'un d'autre était passé aux commandes de son corps, comme s'il y avait quelque chose de particulièrement sombre tapi au fond de lui. Peut-être était-ce une manifestation de son sang lycan? Peut-être était-il dingue? Peut-être qu'il était pas aussi gentil qu'il le croyat? Il en savait rien; alors au lieu de se torturer les méninges avec une réponse qu'il ne trouvait pas, il écartait doucement mais fermement cet épisode de sa tête.
Entre temps, les lycans s'étaient révélés au monde mais l'accueil qui leur fut réservé fut bien différent de celui des vampires. Les suceurs de sang fascinaient, les poilus terrorisaient. Les humains avaient exigé que les lycanthropes soient fichés comme de vulgaires délinquants sexuels. C'étaient des malades contagieux et dangereux. Avec une joie malsaine, Dean avait alors pensé à sa famille qui avait dû se plier à cette injonction. Les Danvers étaient tellement fiers de leur nature qu'ils n'ont pas du réfléchir une seule seconde aux conséquences de cette révélation. Ils ont du s'empresser de se déclarer, glorifiant leurs racines...notre sang pur...notre grande lignée gnagnagna. Un discours dont on lui avait rabattu les oreilles quand il incarnait encore une forme d'espoir et de fierté pour son monolithique paternel. Dean n'avait d'ailleurs aucunes nouvelles d'eux. Il ne cherchait pas à en avoir et ces derniers ne semblaient pas vouloir en avoir des siennes non plus. Tout ce qu'il savait, c'était la chute de son oncle en tant qu'Ulfric, il l'avait jamais aimé ce bonhomme. C'est ce crétin qui a cru bon de lui marquer la peau à 13 ans.
Quand aux vampires...et bien, Dean avait renoncé à dealer du V. Pas par conviction morale mais parce qu'il n'avait trouvé personne qui lui donnerait de son sang de manière volontaire (il n'avait pas envie de revivre un épisode similaire à la cave en le prenant de force). Quand il n'avait pas essuyé un refus tout net, il avait eu droit à un long laïus, souvent chiant et fréquemment musclé, à propos de la valeur du sang vampirique. Il s'était donc tourné vers la "cuisine", la chimie. Au fil des mois, Dean avait transformé la cave mis à sa disposition en petit laboratoire d'où sortait un crystal pas trop dégueu mais pas transcendantal non plus. Au moins, ça payait le loyer.

Alors qu'il fumait presque sereinement sa clope en baladant son regard sur les toit de la ville, deux coups brefs frappés à sa porte le tirèrent de sa morne contemplation. Tant pis. Il bougerait pas, la boutique était fermée. Ses clients connaissaient les règles. On ne débarquait pas chez lui sans prévenir. Il ignora donc le visiteur nocturne, mais ce dernier insista. Soupirant en gonflant les joues, il réintégra l'intérieur de son appartement et se dirigea jusqu'à sa porte. Il jeta un regard bref au judas mais un doigt obstruait l'oeilleton. Glissant la chaînette dans son rail, refermant sa main sur la batte de base-ball qu'il conservait dans le seau à parapluies (on sait jamais), il entrouvrit la porte. Sur le palier se tenait un homme. Inconnu. La peau trop pâle pour être un banal humain. Avant qu'il n'ai eu le temps de prononcer un mot, l'inconnu prit la parole.
Dean Danvers? J'ai un marché à te proposer. Un marché que tu ne pourras pas refuser. Les paupières de Dean s'étrécirent à cette courte introduction. Un marché? Avec un vampire? Il referma doucement sa porte, réfléchissant à toute allure. Quel marché? D'ailleurs y en avait-il seulement un possible avec un suceur de sang? La poignée émis un cliquetis. Et si l'autre le bouffait? Les doigts de Dean se refermèrent sur la chaînette dorée. Et si l'autre était là pour le buter parce qu'il voulait dealer du V, ou pire, c'était un pote au mec de la cave? La chaînette glissa dans son rail en sens inverse. Et s'il s'agissait du vampire qu'il attendait depuis des années? Il rouvrit la porte, s'écartant légèrement pour laisser entrer l'inconnu sans le quitter des yeux. Dean n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire...c'était pas dans ses habitudes de faire ça. OK, il n'allait pas nécessairement aussi bien que ce qu'il montrait mais était-il vraiment en train de péter les plombs au point de faire entrer un prédateur inconnu chez lui? Un "marché"...dans la bouche d'un vampire, ça sonnait comme un deal à la Faust.

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Shreveport, 2015

Seul...encore une fois seul. Dean avait espéré ranger aux archives ce sentiment de vide énorme mais il faut croire que l'entité supérieure sensée veiller sur son existence est une fois de plus aux abonnés absents. L'association avec Alesssandro avait été gagnante sur tous les plans. Au-delà de l'aisance financière procurée par la vente d'une vitae d'une pureté rare couplée à un inhibiteur chimique empêchant tout lien de sang, Dean avait trouvé un singulier alter-ego. Le prédateur nocturne semblait vraiment l'apprécier et pas uniquement parce qu'il était le maillon d'une courte chaîne dont le terme était une bonne grosse poignée d'espèces sonnantes et trébuchantes.
Comme Ruben, Alessandro avait disparu du jour au lendemain sans laisser d'adresse. Est-ce que le vampire s'était fait pincé par les autorités supérieures vampiriques? Dean sait que la vitae est sacrée chez les suceurs de sang et que sa vente est perçue comme l'ultime outrage, un acte d'impiété démente qui pourrait bien se solder par la mort ultime. Est-ce que finalement Alessandro s'est lassé de lui? Ou de Shreveport? Après tout, quand on bénéficie d'une immortalité virtuelle, rester au même endroit trop longtemps, ça doit être chiant à la longue. Dean ignore le sort de son bref mais plus qu'intéressant associé et cette absence de nouvelles, ce silence radio complet, ce blackout et bien, ça le plombe. Ca le laisse démuni une fois de plus face à une solitude qu'il croyait ne plus jamais avoir à éprouver.
De moins en moins chez lui, Dean fréquente un squat dégueulasse peuplé de junkies de tout acabit. Vautrés sur des matelas récupérés ça et là, des silhouettes malingres expirent un souffle puant la déchéance dans une atmosphère délétère au possible. Sur les murs nus et lépreux, Dean laisse son regard halluciné vagabonder croyant voir dans les pelures de la tapisserie et ses motifs défraîchis une épopée dont il est le personnage central et où son corps se couvre de fourrure. Quelqu'un le piétine sans ménagement pour se laisser tomber juste à ses côtés mais dans l'état où il est Dean, s'en fout. Qu'on l'écrase au sol. Qu'on l'aplatisse à force de marcher dessus, il s'en moque. Il se moque de tout. De lui. De sa vie. Putain, même son passé n'a plus aucune forme d'importance. Quelque chose lui chatouille la joue et le fait émerger. Quand il ouvre les yeux c'est pour faire face à un petit félin roux qui le fixe de ses grands yeux verts. Le Chat? Mais qu'est-ce-qu'il fout là cet animal? Griffes plantées dans sa poitrine sans vraiment qu'il ne le sente, la foutue bestiole ne le quitte pas de son regard émeraude brillant. Dean bat des cils alors qu'un miaulement bref lui vrille les tympans. Posant la main sur la tête du chat, il soupire.
OK. On va essayer de rentrer à la maison, Le Chat. Les griffes se rétractent et d'un bond, l'animal se coule au sol. Miaulement impérieux, museau levé dans sa direction alors que Dean quitte sa position allongée pour s'asseoir et un dmi-sourire triste apparaît sur le visage de Dean. Un foutu chat lui donne la leçon. Donne-moi quelques minutes, Monsieur je-fais-tout-mieux-que-toi. Arraché à son trip, Dean balaie d'un regard fatigué les zombies qui l'entourent. Il baisse les yeux sur lui et se rend compte avec aigreur qu'il déparait pas dans le paysage et dans cette cour des miracles. Un soupir. Envie de rester allongé et d'attendre l'enfer seul sait quoi. Mais Le Chat attend lui aussi. Assis. La queue enroulée autour de ses pattes. Patient. Dernière chose qui lui semble immuable dans sa vie, seule créature vivante stable dans son entourage. Ravalant la boule de désespoir qui lui étreint la gorge, Dean pose une main sur un de ses genoux avant de se redresser, titubant, abruti. La petite bête rousse sur ses talons, il laisse derrière lui ses pairs muets et prostrés, puants et délirants...jusqu'à la prochaine fois.