Moÿ de Sons, Raphaël Camille âge. 30 ans. date et lieu de naissance. 15 juin 1980. shreveport. nationalité. américaine. camp. neutre. classification. potentiellement dangereux. état civil. veuf. lieu d'habitation. north. métier. professeur de français, auteur de nouvelles. étiquette qui vous est collé. il est le maudit. Comme le reste de sa famille. Les Moÿ de Sons sont une vieille lignée de Shreveport. Une famille bourgeoise, aisée. Leur beau manoir à l'architecture coloniale fait partie depuis longtemps du décor. Les membres de cette famille sont des gens biens, ils sont polis, aimables et serviables... et pourtant, les sourires des voisins sont toujours un rien crispé, un rien nerveux. Lorsqu'on demande pourquoi, les gens répondent qu'il y a des choses pas nettes chez eux. Il y a un peu trop de cadavres dans leur famille, un peu trop d'accidents pour que ça ne cache rien. On ne côtoie pas la Mort sans qu'elle ne finisse par s'attacher à vos pas comme une amante jalouse.

traits de caractère; il est l'eau.
Le bleu limpide de son regard se teinte d'une tranquillité affable, ses gestes ont une lenteur gracieuse, son caractère se marque d'une constance paisible. Raphaël n'en impose pas. Il n'en a pas besoin, il ne s'en sent guère le besoin. Il n'est pas de ceux qui ont besoin d'écraser pour se sentir puissant, d'humilier pour se sentir supérieur.
En cela, peut-être est-il agaçant ? Seuls les gens qui le croisent pourraient le dire. Cela diffère sans doute d'un individu à l'autre. Mais ce serait mentir de dire qu’il a un jour manqué de politesse ou de courtoisie. Pour autant, s'il est serviable et aimable, il n'est ni servile, ni hypocrite. Il a un certain charisme. Car sensuel et pragmatique - un pragmatisme qui parfois vire au fatalisme -, il a cette façon de voir les choses, de voir les gens qui attire et fait son charme. Des airs de sage qui vont bien à sa mine de jouvenceau et qui ont un je ne sais quoi de je-sais-tout-et-vous-si-peu. Ce n'est pas un genre qu'il se donne, c'est sa nature. Il sait des choses, des trésors, des horreurs et tout cela, c'est à lui. Uniquement à lui. Pourquoi ? Parce qu'il retire une certaine fierté et un orgueil certain de posséder des secrets que d'autres ignorent. Il fait partie d'une élite quelque part, et s'il ne se sent pas obligé de le crier sur tous les toits pour s'en sentir valorisé, il n'en est pas moins fier.

occupation diurne; Il est sans doute étrange de se dire qu'une homme d'aussi bonne famlle et ayant des connaissances aussi poussées ne décide pas de vivre de son don. Pire, qu'il s'amuse à jouer le prof de français au lycée. A l'université, encore, il pourrait avoir un certain prestige. Mais là... une simple classe optionnelle. Et finalement, on se rappelle que les Moÿ de Sons ont toujours eu beaucoup d'argent, alors finalement, ce n'est pas si étonnant qu'il se contente de cette place, de ce poste de bas étage. Ce n'est qu'un divertissement, une sorte de caprice. Sans compter qu'il n'a pas un train de vie très extravagant. Et puis, s'il apprécie ses élèves, il apprécie aussi d'avoir du temps à consacrer à sa serre, à ses livres et à l'écriture. Auteur de nouvelles, il a été publié à deux reprises, ses recueils ont rencontré un succès moyen. On lui a dit qu'il devait écrire des textes plus à la mode, des histoires d'horreur se vendraient mieux par exemple. Mais il n'a pas changé son style. Il n'écrit pas pour être célèbre. Il n'a pas besoin de la reconnaissance du public.

manie, habitudes & goût;
ϰ Il possède une serre dans son jardin. La botanique est une passion, il y est très érudit. Cependant, la seule plante qu'il soit capable de faire pousser est le jasmin dont il possède de nombreuses variétés.
ϰ C'est un grand amateur de thé (son préféré étant le thé au jasmin d'Arabie ou le Earl Grey), il n'apprécie pas trop le café.
ϰ Il boit rarement mais sa préférence va cependant aux vins rouges français. Le manoir familial possède d'ailleurs sa propre cave à vins.
ϰ Il écrit des nouvelles. Pour ce faire, il s'installe invariablement avec une tasse de thé. Qu'importe l'endroit, il lui faut son thé. Et un stylo - un style plume de préférence mais un crayon à papier peut convenir également. Autrement, il n'arrive pas à écrire.
ϰ Il ne cuisine pas très bien, juste le strict nécessaire parce qu'il doit préparer à manger à sa fille. Mais sa défunte femme lui a appris à préparer de la mousse au chocolat et de son fondant au chocolat. Ce sont d'ailleurs les desserts que sa fille préfère. Lui préfère très nettement la tarte à la cerise de sa défunte mère.
ϰ Il aime lire un conte à sa fille, le soir, avant qu'elle n'aille dormir.
ϰ Il parle le français couramment, a vécu plusieurs années à Paris et possède nombre d'ouvrages dans la langue de Molière. Il parle régulièrement en français avec sa fille d'ailleurs. C'est un peu comme leur langage secret à eux.
ϰ C'est une calamité avec les ordinateurs, et d'une manière générale avec la technologie. Incompatibilité ou pas, en tous cas, les machines semblent tomber en panne dès qu'il s'en approche. Cela faisait toujours rire sa femme.
ϰ Plus jeune, il avait appris à jouer du violon et il en jouait régulièrement encore jusqu'à la mort de sa femme.
ϰ Il porte toujours son alliance, ne pouvant encore se résoudre à la retirer. Il a pris l'habitude de la faire tourner autour de son doigt lorsqu'il s'ennuie.

nécromancie & vaudou; Le noir, le blanc... Le monde en bichrome, comme une partie d'échecs avec les gentils et les méchants. Ce sont autant de choses qui limitent les gens. Le gris est pourtant tellement plus beau. Tellement plus malléable.
Ces 'petits riens', ces noms qu'on donne aux choses, aux gens... Tout ça, ce ne sont que des façons de se rassurer, d'être bien sûr de ne pas se tromper de camp. Et ça n'a aucune forme d'importance chez les Moÿ de Sons parce qu'ils savent qu'ils marchent sur le fil, sur la très mince frontière entre le Bien et le Mal. Qu'un seul et unique faux mouvement pourrait briser l'Equilibre et les faire plonger du mauvais côté de la barrière. L'Equilibre est une chose essentielle et tant qu'Il est respecté, tout va bien. C'est peut-être pour cela que chez les Moÿ de Sons, la nécromancie a été élevée au rang d'Art, transmi de génération en génération depuis des siècles. C'est sans doute aussi pour cela que le vaudou est une pratique courante chez eux, pourvu que le maître trouve l'élève suffisamment discipliné. Tout est question d'Equilibre. Et à ce propos, pour celui qui chercherait les services du nécromancien, ce sera donnant donnant. Il faut prendre le prix, jamais plus. De l'argent dîtes-vous ? Non non. Ce n'est pas comme ça qu'on paie chez les Moÿ de Sons.

conviction; La révélation... C'est... à voir. Raphaël n'a jamais apprécié de devoir rendre un jugement à la volée, alors pour l'instant, il n'est ni pour, ni contre. Mais finalement, quand on y pense, ce n'est pas plus mal toute cette législation. Ca leur donne des droits certes, mais si on y réfléchit un peu, ça sert aussi à donner des limites, à surveiller qu'ils ne sortent pas de ce cadre.

signes particuliers; Porte une alliance en or blanc. Est ambidextre suite à une fracture du pouce qui l'a obligé à travailler sa main gauche dans sa jeunesse.

histoire;

▌C't un bien beau manoir, n'est-ce pas ?
▌Pardon ? Demande-t-elle, surprise.
▌C'lui qu'vous regadez depuis t'à l'heure, il est beau.
▌Ah... oui, il est magnifique. Je travaille pour un entrepreneur de la Nouvelle Orléans. Il voudrait acheter quelques terrains dans la région. Vous savez s'il est habité ?
▌J'crois bien que le p'tit Raphaël est revenu d'Europe y a pas longtemps.

Le regard de la femme se tourne vers le vieil homme et son chien. Il a l'air d'hésiter, de ne pas trop savoir quoi dire. Alors d'un sourire, elle l'encourage. Son patron voudrait bien récupérer ce terrain pour y bâtir un hôtel.

▌J'serais vous, j'éviterai de m'en approcher, madame.
▌Pourquoi donc ? Le propriétaire est un... personne peu fréquentable ?

S'il y a bien une chose qu'elle a appris dans son boulot, c'est que les rumeurs, c'est rarement pour des prunes. Pas de fumée sans feu comme on dit... Oh, les gens ont beau seriner qu'il ne faut pas juger à l'arrachée et dire que tout est rose façon guimauve, elle, elle n'y croit pas. Elle a toujours tout vu les choses dans des tons noirs. Paraît que ça vire à la paranoïa chez elle, mais ce sont surtout les gens qui sont trop confiants ou trop c... stupides.

▌Non non, rien de ce genre là ! Raphaël était le gamin le plus sage dans l'coin. C'était un brave petit, l'genre à vous aider si vous en aviez besoin. D'ailleurs, il est d'venu instit' au lycée. C'pas étonnant. Paraît qu'il enseigne le français. C'pas franchement utile, savez mais les petites, elles l'aiment toutes et du coup, elles vont dans son cours pour soupirer. C't un brave gamin mais faut pas trop l'approcher.
▌Alors quoi ? Demande-t-elle, de plus en plus impatiente.

C'est qu'elle a pas que ça à faire. Elle a encore trois autres terrains à voir dans la région. Le vieillard semble s'en rendre compte alors il hausse les épaules et lâche finalement, un " Faudra pas venir dire que j'vous l'avais pas dit après ! "

▌Ben, c'est qu'ils sont comme qui dirait... maudits.

D'abord, elle ne peut s'empêcher de le fixer. Et un ange passe, peut-être même deux avant qu'elle n'assimile l'information et qu'elle... éclate de rire. Le vieux la regarde comme si elle venait de péter un plomb avec de grands yeux aussi ronds qu'une bulle de savon. Alors elle se calme, reprend son souffle et lâche entre deux inspirations :

▌Je ne crois pas en ce genre de choses.
▌Et pourquoi pas ?
▌Ce sont des foutaises. La magie, ça n'existe pas.
▌Pourtant, vous croyez bien en Dieu, non ? J'vous vois tripoter vot'e croix d'puis t'à l'heure.

Un point pour le vieux. Elle fronce les sourcils, un peu agacée de se faire remettre à sa place par un vieux paysan à la limite de illettrisme. Mais elle doit se rendre à l'évidence, il a pas tord... Enfin, quand même ! Des maudits, c'est un peu gros, non ? Enfin, ça coûte rien de demander. Il paraît.

▌Et pourquoi vous dîtes qu'ils sont maudits ?

Ca lui arrache presque la gorge de demander ça, c'est comme de lui dire qu'il a raison. Mais bon, elle est curieuse. Elle l'a toujours été.

▌Tout le monde connait l'histoire ici !

Elle a envie de rétorquer qu'elle n'est pas d'ici, elle.

▌Bien qu'y soient pas méchants, y a toujours eu des trucs louches chez eux. Tenez, par exemple, c'est étrange que d'une génération à l'autre, les fils r'ssemblent toujours à leur père, non ? Des gens m'disent que c'est l'hasard mais c'des foutaises. Ils s'ressemblent bien d'trop. Puis c'est pas plus étrange, vous savez.

A dire vrai, non, elle ne sait pas. Et elle aimerait bien qu'il accélère un peu, histoire qu'elle ait le fin mot de l'histoire avant l'année prochaine quoi. Pas qu'elle soit franchement pressée, mais un peu quand même. Et puis, les enfants qui ressemblent aux parents, c'est normal. Ca s'appelle l'hérédité. Le vieux l'aurait su s'il avait été à l'école.

▌Leurs femmes ont jamais vécu longtemps, v'savez. Elles tombent comme des mouches. D'ailleurs, j'l'ai dit à ma fille quand elle était toute jeune : si elle s'entichait du gamin Moÿ de Sons, j'tais prêt à l'enfermer dans sa chambre j'squ'au Jugement Dernier moi ! Même le pire voyou, il vaut mieux que le p'tit Raphaël. J'aurais jamais cru qu'elle me prendrait au mot c'la dit. Mais bon, au moins, elle est vivante. On peut pas en dire autant d'la mère de la p'tite Sibylle. Faut dire qu'elle devait pas être au courant la sacrifiée. On dit que Raph' l'a connue pendant son séjour en France, après ses études. Il a pas dû la prévenir. C'est c'qui s'dit.

A côté de lui, elle s'impatiente clairement maintenant. D'ailleurs, elle ne prend même plus la peine de le cacher. Son regard semble irrémédiablement attiré vers son smart phone qui fait défiler les secondes avec une lenteur exaspérante. Et sa chaussure commence à marteler le béton de la route.

▌Vous savez d'où ça vient cette rumeur ? L'encourage-t-elle.

Mais le vieux ne semble pas remarquer qu'elle est prête à l'attraper par les pieds et à le secouer, tête en bas, pour lui faire cracher l'histoire. Tranquillement, il mâchouille son brin d'herbe morte, sa main se perd dans la fourrure du vieux chien qui l'accompagne.

▌Hmm... On dit qu'ils font une sorte de magie noire pas très nette. Qu'ils savent réveiller les morts qu'on dit. Vous connaissez l'vaudou, madame ?

Elle acquiesce. Même si pour elle, le vaudou, ça se résume à des poupées et des épingles, ce genre de trucs un peu ridicules.

▌Il y a longtemps, l'aîné avait une maîtresse qui lui a appris c'tte diablerie là. Paraît que la diablesse l'aimait à la folie et qu'elle lui a appris tout c'qu'elle savait. Elle aurait tout fait pour lui. Faut dire que s'il ressemblait au p'tit Raphaël, y avait de quoi. Et il avait juré de l'épouser plus tard. Seulement, quand ses parents ont décidé d'son mariage avec une fille d'bonne famille, bah il a fait c'que tout bon fils aurait fait : il a épousé la p'tite bourgeoise plutôt que la noiraude.

Plutôt classique en fait comme histoire...

▌Alors la nécromancienne l'a maudit. Personne sait vraiment c'que c'est qu'cette malédiction mais vous savez, ils ont beaucoup d'cadavres dans leurs placards. Tenez, regardez la mère de Raphaël, elle est morte dans un accident d'voiture. Sa soeur jumelle était à moitié folle, elle s'est pendue dans sa chambre d'hôpital. Et la femme de Raphaël, elle est morte en couches. L'médecin avait dit que la naissance d'la petite s'était bien passée et deux jours plus tard, elle était plus là. Une infection qu'ils ont dit. Mais d'nos jours, vous y croyez vous ?

Doucement, elle acquiesce... c'est vrai que ça fait beaucoup de morts...

▌D'ailleurs, la p'tite est toute malade. On pense qu'elle survivra pas longtemps. Les filles durent jamais longtemps chez eux. Moi, j'en dis que c'est la noiraude qui veut pas les partager avec une autre. Alors elle les tue.

Ca lui paraît peut-être un peu tiré par les cheveux tout ça...

▌Ici, on prie pour que Raphaël se r'marie pas. Avec un peu de chance, ce s'ra l'dernier. Vous comprenez, c'est qu'on a peur pour nos gamines. On a beau leur dire de pas l'approcher d'trop près, elles sont pires qu'des mules et elles écoutent rien. Et même si c'est des ragots, on n'est jamais trop prudent, pas vrai ?

Ouais... bah, en tous cas, ça ferait un bon scénario de série télévisée ça. D'ailleurs, sans doute que le vieux a la cervelle grillée par les ondes. Le voilà qui s'éloigne en marmonnant dans sa barbe.

famille; Les Moÿ de Sons sont une ancienne famille française. Arrivés en 1718, petite famille bourgeoise sans grand intérêt, sans beaucoup de fortune et sans grande réputation, ils s'établirent à la Nouvelle-Orléans, fraîchement née cette année-là. Exploitants terriens, ils migrèrent peu à peu vers Shreveport où ils finirent par installer définitivement. La rumeur qui court sur eux veut qu'ils soient maudits de génération en génération. Sans doute est-ce vrai. Après tout, les rumeurs ont toujours dit qu'ils jouaient avec la Mort. Les personnes qui parfois se déplaçaient de loin pour venir chez eux, c'étaient pas de simples visiteurs façon lointains cousins au 59e degré. Non non, c'étaient pour les services occultes qu'ils pouvaient rendre car, dans la famille, on est médium. Tous. Cependant, les arts nécromants et le savoir vaudou ne se transmettent que de père en fils. C'est triste à dire, mais les filles meurent trop vite qu'on prenne le temps de leur enseigner ce genre de choses.

James A. Moÿ de Sons; Le père. Le maître qui enseigna la nécromancie et le vaudou à Raphaël. Décédé.
Kathryn E. Moÿ de Sons; La mère. Qu'il connait à peine. Morte dans un accident de voiture.
Hippolyte B. Moÿ de Sons; La sœur. Médium. Suicidée.
Vincianne Moÿ de Sons; La femme. Morte en couches.
Sibylle V. Moy de Sôns; La fille. La prunelle de ses yeux.

test rp;

▌Professeur... ?

▌Professeur... ?

▌Bien. Commençons.

▌Ouvrez vos manuels à la page 50. Jonathan, lisez le premier paragraphe, je vous prie.

▌Bien. Pour la prochaine fois, vous répondrez aux questions page 51.

▌Papa !
▌Coucou Grenouille. C'était bien l'école aujourd'hui ? Demande-t-il en entraînant sa fille vers la voiture, garée plus loin dans la rue.

▌Tu veux qu'on fasse un gâteau au chocolat pour ce soir ? Lance-t-il soudain.

▌Avec du thé au jasmin ?
▌Bien entendu, Grenouille.

▌Papaaaaaaaaaa ! Crie, gémissante, la fille de la cuisine.
▌Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? Répond-il, l'anxiété teintant immédiatement sa voix.
▌T'as fini tout le jus d'orange !