➽ date et lieu de naissance. Six août, à Bâton-Rouge, une ville de Lousiane. Elle y a passé quelques années jusqu'à ce que sa mère disparaisse. ➽ nationalité. Américaine ➽ camp. Bien. Ancienne chasseuse de vampires, et maintenant réanimatrice dans une boîte, elle est plutôt penchée vers le bon côté de la force. ➽ classification. Etant donné son lien avec le vaudou, elle est considérée potentiellement dangereuse. ➽ état civil. En couple. ➽ lieu d'habitation. Un bel appartement familial à Olive St ➽ métier. Réanimatrice dans une boîte. ➽ étiquette qui vous est collé. “ Alejandra ?” Réfléchit le barman tenant l'établissement à l'angle de Olive St. “C'est une chic fille. Pas très loquace, plutôt solitaire mais elle n'est pas bien méchante. Elle travaille non loin d'ici, c'est une réanimatrice mais on raconte qu'elle chassait les vampires avant. Avant .. Quand les gens comme vous et moi ne connaissaient pas l'existence de tous ces fichus monstres. Elle traîne seule la plupart du temps, et elle tire souvent la gueule, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules et qu'elle ne comptait pas l'l'aisser tomber. Mme Lawford m'a dit que sa mère était morte quand elle était petite, qu'elle ne connaissait pas son père et que c'est sa grand-mère qui s'est occupée d'elle. Tu m'étonnes qu'elle ait tout le temps l'air blasée avec la vie qu'elle a eu ! Si tu veux mon avis, c'est le genre de nanas que tu crois inoffensives et qui te surprennent au final. J'suppose que ça doit être un avantage quand on est une chasseuse de paraître si .. frêle. Enfin j'y connais rien, moi. En tout cas, elle n'a pas la langue dans sa poche. Je l'ai entendu se disputer avec un vampire bizarre, l'autre jour. Elle ne s'est pas laissée marcher dessus. En fait, en y repensant, j'suis pas si sûr qu'elle ne soit pas plus méchante qu'elle n'y paraisse.”

Ce qu'Alejandra aime certainement le plus chez elle, c'est le cynisme qui la caractérise, ce sens du sarcasme si prononcé. Elle est plutôt drôle, à sa manière. La jeune femme a cette vision si pessimiste de la vie, si noire, qu'elle en devient amusante. En même temps, quand on voit des morts à longueur de temps et depuis qu'on est enfant, c'est dur d'avoir des rêves et une portion d'espoir. Pourtant, il faut avouer qu'elle reste assez sentimentale. C'est sûrement l'une des seules choses sauvées de son enfance : Cette sensibilité qu'elle cache coûte que coûte, puisqu'elle est, à ses yeux, une forme de faiblesse. C'est une lionne, méfiante et indépendante qui semble difficile à approcher. Pourtant, dès qu'on a réussi à trouver grâce à ses yeux, dès qu'on a réussi à l'apprivoiser, elle devient quelqu'un de très attachante. Très énergique, c'est une pile alcaline tant elle est déterminée, agile et sportive. Elle y trouve un certain réconfort. Alejandra est aussi très ouverte d'esprit, très intelligente et maligne. Ça, mêlé à une détermination sans faille, cela fait d'elle une personne vraiment têtue avec un fort caractère. Le genre de personnes qu'on aime et qu'on déteste à la fois. Qui paraissent normales et qui sont pourtant incompréhensibles. Alejandra, c'est une énigme.

Depuis la révélation, la belle vit le jour. Ce n'était pas le cas avant, quand elle était une chasseuse mais depuis qu'elle s'est rangée, elle travaille comme n'importe qui. Elle se lève à 8 heure et passe sa journée au boulot, à contre-coeur étant donné qu'elle déteste son foutu patron. A côté de ça, elle mène la vie normale d'une jeune femme de vingt deux ans; elle passe un temps chez elle à lire, elle aime aller au cinéma et boire du bon vin mais depuis qu'elle a rencontré celui qui partage sa vie, elle se laisse aussi tenter par ses propres occupations.

Alejandra aime la musique classique, surtout Bach. Elle rêverait de savoir jouer d'un instrument mais pense que ce n'est pas fait pour elle. Alors elle se contente d'être spectatrice de ces merveilles tout en s'imaginant que c'est elle qui s’exécute. Quand rien ne va, elle change de registre et écoute Bob Marley ou Jack Johnson, ça lui donne le sourire et lui permet d'oublier quelques minutes tous les problèmes qui l'entourent.
Elle adore courir, ce qui l'aide à garder la forme et à évacuer le stress et la tension qui s'accumule, surtout à cause de son travail. Pour que tout soit parfait, elle ajoute à ça une bonne douche brûlante après chaque effort. Elle tombe ensuite comme une larve et ronfle jusqu'au petit matin. Pour elle, avoir une vie saine est primordiale – bien qu'elle ne crache jamais sur un bon hamburger ou un plat mexicain. – et elle s'emploie chaque jour à garder la forme. La belle est surtout très curieuse et lit donc énormément, elle fait ensuite son intéressante en étalant son savoir dès qu'une personne du sexe opposé la prend seulement pour une fille à culbuter. Généralement, se montrer ennuyeuse c'est le meilleur moyen pour faire fuir les boulets.
Alejandra aime les dessins animés et s'occuper des enfants. Elle devient un peu gaga, c'est le seul moment où elle s'autorise une once de niaiserie, sinon elle garde constamment un masque d'impassibilité. Elle adore picoler aussi. Pas comme une alcoolique, qui aurait besoin de sa dose chaque jour mais comme une jeune femme qui teste un peu ses limites et ne rechigne jamais à acheter une bonne bouteille. Quand elle traîne avec les rares amis qui l'entourent, elle apprécie les bonnes soirées bien arrosées. - dès qu'elle a un coup dans le nez, elle se lâche. - alors ça lui fait plutôt du bien.
Etant donné son passé de chasseuse et sa forme physique, il vaut mieux éviter de lui chercher des noises, elle vous remettrait sûrement à sa place en deux temps trois mouvements, enfin selon l'espèce à laquelle vous appartenez bien sûr. Elle a aussi le sang chaud, est assez impulsive et n'a peur de rien. Est-ce que c'est bien ? Elle en doute fortement. Elle n'a pas non plus la langue dans sa poche et ne se retient jamais de dire ce qu'elle pense pour tout et n'importe quoi. D'un plat au restaurant, en passant par la tenue que vous portez jusqu'à la tête de votre nouvel enfant, elle ne se gênera pas.

Quand sa mère est morte, Alejandra est allée vivre chez sa grand-mère qui était elle-même adepte du vaudou. C'est elle qui s'est occupée de son éducation mais aussi de sa formation. La vieille femme a fait d'elle cette nécromancienne si douée. Parce que oui, il faut le dire, Alejandra s'en sort plutôt pas mal. Elle manie ces deux sortes de magie sans véritable retenue. Ses capacités ne sont pas tombées du ciel, elle est dans le milieu depuis sa plus tendre enfance. Cela l'a toujours rendue solitaire. Quand on est enfant et qu'on donne l'impression aux autres de parler seule, ça éloigne forcément ceux qui nous entourent. Ce n'est pas plus mal, ça l'a aidée à se forger ce caractère bien trempé et les heures de solitude lui ont donné la possibilité de s'entraîner encore et encore, autant physiquement que psychologiquement à ce qu'elle s’apprêtait à faire. Etre une nécromancienne, c'est déjà du boulot, mais doublé d'une chasseuse, ça fait d'elle une jeune femme très dangereuse. Maintenant qu'elle a arrêté la chasse, elle se contente de travailler dans une boîte de réanimateurs. Etre sur le terrain, ça lui manque, mais la nécromancie, avant d'être son métier, c'est surtout la majeure part de sa vie. Elle fait ce qu'il faut, quand il faut et si il le faut mais n'ira jamais taper dans les extrêmes. Ce n'est pas son genre et, elle a trop combattu le côté obscur de la force pour pouvoir y mettre un pied.

Evidemment la belle préférait sa vie avant la révélation. Quand elle pouvait encore chasser les vampires à sa guise. Désormais, elle n'a plus grand chose pour assouvir cette vengeance qui lui colle à la peau. Un vampire lui a arraché sa mère, elle est donc tenté de leur faire payer. C'est assez égoïste, c'est vrai. Si les choses avaient été différentes, si elle n'avait pas été spécialement touchée par des histoires surnaturelles , elle aurait certainement été pour la révélation en justifiant ce choix par le fait que chacun à le droit de savoir. Pour sa propre sécurité. Combien de morts inexpliquées trouveront enfin des éclaircissements. C'est peut-être bénéfique mais sa vie d'avant, quand elle pouvait encore se rendre réellement utile, lui manque beaucoup.

«  Encore un peu de thé, Monsieur ? » demanda la petite fille avec une voix qui imitait maladroitement celle d'une aristocrate. Sans attendre de réponse de la part de l'étrange inconnu qui était assit sur cette chaise d'enfant, elle prit sa théière en plastique et fit semblant de vider un liquide dans la petite tasse rose posée sur la table. «  Vous ne parlez pas beaucoup. » Une scène qui semblerait banale pour quiconque, sauf pour ceux qui connaissaient Alejandra. Voir une petite fille jouer à la dînette dans sa chambre, cela n'a rien d'extraordinaire. La voir parler seule, comme si elle discutait avec un ami imaginaire, c'est quasi-normal pour un enfant. Mais pour ceux qui partageaient sa capacité, pour sa famille, cela voulait absolument tout dire. La petite princesse n'avait pas échappé à la règle. Alejandra, une petite fille alors âgée de six ans, vivait avec sa mère dans un pavillon de la banlieue de Bâton-Rouge, en Lousiane. Une famille en apparence tout à fait normale, qui cachait pourtant un lourd secret. La brunette n'avait pas d'amis, elle n'avait pas de famille, enfin elle n'en connaissait pas les membres. Depuis sa naissance, elle n'avait jamais vécu qu'avec sa mère, et voyait de temps à autre celle qu'elle appelait affectueusement Mina, la mère de son père. Son père, elle ne l'avait jamais connu, disparu alors que sa mère était enceinte. Son entourage avait toujours fait en sorte d'éviter à Alej cette confrontation avec la mort, mais elle n'était pas dupe. Elle commençait à comprendre qu'il ne viendrait jamais à la maison quand elle voyait sa génitrice pleurer à chaudes larmes devant de vieux films dans lesquels il apparaissait. Elle n'était pas triste, ne sachant pas encore ce que cela impliquerait dans sa vie. Personne pour la protéger, personne pour la couver, personne pour l'emmener à l'autel, personne pour cajoler ses propres enfants. Non, elle était seulement déçue de ne pas avoir de papa. Comme tout le monde.

Il y a tellement de choses qui nous échappe quand on a six ans. C'est à la fois merveilleux et inquiétant. On est protégé mais incapable de profiter de chaque instant puisqu'on est pas conscient que tout est éphémère. Un cri retentit soudain de la cuisine. «  Non ! Ce n'est encore qu'une enfant ! » Elle reconnut la voix de sa mère. Curieuse, intriguée, Alejandra tendit l'oreille tout en posant sa théière. « Je suis catégorique. C'est ma fille.! » Se sentant concernée et désireuse dans savoir plus, l'enfant se leva et se dirigea à pas de loup jusqu'à l'entrée de la cuisine, d'où les voix venaient. «  Emily, écoutez, ça sera mieux pour elle si on l'aide à comprendre ce qui lui arrive. Il faut qu'elle se rende compte qu'elle n'est pas folle. » Mina, c'était-elle qui se tenait dans la cuisine et se disputait avec sa mère. A propos d'elle ? Elle n'en savait rien. On ne peut pas tout comprendre à six ans et puis, cela ne l'intéressait pas. C'était une curiosité brute qui l'avait poussée à espionner les deux femmes, cachée derrière la porte. «  Peut-être que ça lui passera ? Peut-être que si on ne lui dit rien, et qu'elle n'y pense pas, ça se dissipera ?  » La voix de sa mère s'éteint alors et elle l'entendit soupirer. Le raclement d'une chaise brisa alors le silence qui s'était installé. «  Vous parlez d'elle comme si elle avait une tare ou une malformation. Ca ne la quittera pas, ça fait partie d'elle, il faut l'aider. Votre enfant verra des morts tout au long de sa vie, il faut l'aider à comprendre. » Nouveau silence, plus pesant que le précédent avant que la vieille femme ne reprenne la parole.« Laissez-la moi et je m'en occuperai. Je l'éduquerai. Vous serez dépassée par ce qui va se dérouler dans les années à venir.  » Alejandra tourna vivement la tête vers l'homme qui lui avait tenu compagnie toute la journée et posa sur lui un regard interrogateur. Est-ce que tu comprends quelque chose, toi ?, voilà ce que voulait dire ce regard remplit de naïveté. « Je suis désolée ..  » Alejandra recolla son oreille à la porte. «  .. Mais Alejandra restera avec moi. J'ai déjà perdu votre fils. J'ai besoin d'elle et de cette manière, en l'éloignant de toutes ces histoires, je la protégerai.  »

« Elle est morte, c'est ça ? » Murmura Alejandra, les yeux éteints. Son visage n'était mis en lumière qu'à intervalle régulier, lorsque les gyrophares des voitures de police brillaient dans sa direction. La jeune fille, alors âgée de onze ans, était assise à l'arrière d'une ambulance. Elle n'avait rien mais les médecins qui emmenaient le corps de sa mère étaient accompagnés d'un psychologue, ici pour l'aider à comprendre ce qui allait désormais s'enchaîner. Elle savait parfaitement ce qui s'était passé et ce qui allait se passer. « Oui. » Avoua sa grand-mère d'une voix triste tout en posant un châle sur les frêles épaules de sa petite fille. Elle s'assit près d'elle. « Tu viendras vivre avec moi. » La vieille femme la fixa longuement, attendant une réaction. Mais elle ne réagit pas. « Ta vie recommencera ailleurs. Tu t'en sens capable ?  » C'était étrange, ce qui se passait dans l'esprit de la petite fille. Cette impression qu'on est spectateur de sa propre vie, qu'on est en dehors de tout. Tellement loin. Respirer, parler, marcher, des choses pourtant si naturelles devenaient si dures et demandaient tellement de concentration que ça en devenait un calvaire. Elle ne rêvait que d'une chose : se réveiller et se rendre compte que ce n'était qu'un horrible cauchemar. Mais, dans le même temps, elle était consciente que cela n'arriverait pas, ce n'était qu'un espoir, écho d'une terreur sans nom. Elle se souvenait parfaitement de cet homme étrange qui venait la voir chaque soir. Ce vampire qui rodait autour de leur maison et qui avait bu son sang juste quelques heures plus tôt. La petite fille l'avait laissé entrer dans sa chambre et voilà que sa mère n'est plus. Elle n'était peut-être qu'une enfant mais avait très vite fait le rapprochement et la culpabilité s'était très vite mêlée à la douleur. Tout était de sa faute. Alejandra voulait disparaître, ou bien fuir cette ville trop lourde de sens.

« Pourquoi ? » demanda Alejandra en haussant les épaules. « Pourquoi n'en serai-je pas capable Mina ? » Elle tourna la tête vers sa grand-mère et planta son regard émeraude dans celui, bleuté, de sa Mina. « Je n'ai plus maman, je n'ai pas d'amis, tout le monde ici pense que je suis folle. Je suis toute seule, les seules personnes qui gravitent autour de moi sont mortes. » Ses yeux s'humidifièrent et, sans qu'elle le veuille, une larme roula sur sa joue. Elle avait trop de fierté pour se montrer à coeur ouvert, elle préférait laisser venir les émotions dans la solitude mais là, en vue des évènements, comment pouvait-elle se contrôler ? « Je ne veux pas rester ici. » Sa grand-mère lui caressa la joue avant de l'emmener vers elle, et de la serrer dans ses bras. « Je t'aiderai à contrôler tout ça, tu deviendras une nécromancienne aussi douée que ton père. » La fillette releva les yeux. Quelque chose qui la rapprochait de ce père qu'elle ne connaissait pas ? Elle ne demandait que ça. Elle venait de perdre sa mère quelques heures plus tôt, elle avait besoin d'un retour aux sources. Un feu brûlant naquit dans ses entrailles, un feu qui ne s'éteindra certainement jamais. La vengeance. Elle ferait payer à ces buveurs de sang la disparition de sa mère. C'est ce qui l'aida à faire face, à cette tragédie et à sa vie qui changeait soudain du tout au tout. Elle avait un but qui la pousserait à se lever le matin et à donner le meilleur d'elle-même. Alejandra se savait spéciale, différente. Elle avait toujours été à part. Jamais cette petite fille n'avait réussi à rentrer dans le moule et à se fondre dans la masse. Elle avait longtemps détester cette différence qui lui amenait la solitude mais à partir de cette nuit là, quand elle vit passer le brancard sur lequel sa mère gisait, recouverte d'une housse en plastique, elle l'embrassa cette différence qui lui donnait une force non-négligeable. Ce soir-là aussi, elle perdit son innocence.