Tu es beau quand tu jouis, c'est moi qui m'extasie. Tu es beau quand tu m'obéis, c'est moi qui m'extasie.

- Sun ?

- Hum ?


CLAP, fais le bruit de mon zippo en se refermant. Je fixe mon interlocuteur et rejette la fumé contre son visage stricte et sévère. Cela m’amuse. Il tousse, je souris. Provoquer ; encore et toujours. Je ne change pas, on me prend tel que je suis, avec mes qualités et mes défauts, et dieu sait combien j’en ai. En faite, je n’ai que ça.


- Arrête de faire ça Sun !

- Faire quoi ?

- Tu le sais très bien !

- …


Mon sourire ne peut que s’accentuer alors que lui, il se fige dans une moue réprobatrice. Il est charmant, sauf quand il est aussi coincé. Cela m’ennui, cela m’énerve et pourtant, je ne peux en rien changer son caractère des plus sérieux. Pauvre homme. Ne sait-il pas qu’on a qu’une vie et veiller à ne jamais dépasser les limites ne l’aidera pas à vivre plus longtemps. Bien au contraire.
Des rides profondes marque son beau visage, surtout au niveau du front et des sourcils. A trop souvent froncer les yeux, ont fini toujours par en garder des marques, hélas. Mais ce n’est pas à lui que je vais faire la moral, car on peut apprendre à quelqu’un dont la tête est déjà pleine. Le cerveau est comme un grenier où l’ont entasse des meubles. Bien évidement, ces murs ne sont pas élastique et le seul moyen pour stoker de nouveaux meubles est de vider ce grenier. John est bien trop vieux et buté pour consentir à faire ce sacrifice. Alors, pour effacer cette querelle qui fini par me lasser, je pose mes lèvres sur les siennes. Il semble se détendre pendant quelques instant mais le gout de tabac qu’il ressent sur sa langue lui rappel très vite ce pourquoi il était fâché.


- Tu m’avais promis d’arrêter ces merdes, Sun !

- John, tu m’agaces ! Lâche moi un peu avec ça et détends toi, merde !


Il ouvre la bouche pour riposter mais j’ai des moyens de le faire taire. Ecrasant ma clope au sol, je le laisse pas commencer sa phrase et le pousse contre le capot froid de la bagnole, m’insinuant entre ses jambes.

Now war is declared and battle come down, London calling to the underworld !

- Tu m’fais chié, t’es qu’un pauv’ connard ! 


Grand silence. Mon père semble pétrifié. Est-il mort ? Non, ça serait bien trop simple si je pouvais l’achever aussi facilement. Bon, bah je pense qu’il est temps de se barrer avant qu’il ne réagisse. Merde, trop tard. Il bouge déjà. Hop, raté. Sa main manque de m’en coller une et frappe finalement la table. Bin merde alors, ça doit faire mal…


- Sun, si je t’attrape, tu vas recevoir la plus belle correction de ta vie !

- Ouais bah faut déjà que t’arrive à bouger ton gros cul !


Je joue un peu avec le feu, j’avoue, mais il est tellement con qu’il arriverait même à attraper mamie qui, dieu ai son âme, marche à deux à l’heure. J’ai vite fait de me lever en voyant ses traits se déformer par la rage. J’esquive une fois de plus sa main, puis son pied, puis sa main…tiens, son coude ? Quel drôle d’imagination qu’il a ce vieux con. Allez, fini de jouer, je sors de la baraque, j’ai l’impression qu’il est énervé.


- Viens ici sale petit con !


Ouais…il est énervé. Je rentrerais plus tard, le temps qu’il oublie. En l’entendant sortir à ma suite, j’accélère le pas et quitte finalement ma rue. Voila qui est fait. La nuit est tombé depuis déjà une bonne heure sur Bristol mais je ne m’en formalise pas, j’ai l’habitude de sortir le soir pour rejoindre mes potes dans un bar. J’ai quinze ans mais heureusement pour moi, là où je vais, ils se fichent bien de l’âge qui a été apposé sur ta carte d’identité, du moment que tu leur donne du fric, c’est le principal.


- Hey Sunny ! Comment tu vas mec ?

- Extraordinairement bien. J’ai encore énervé mon vieux…t’aurais vu sa tronche, s’était excellent ! Et toi ?

- Et s’était pourquoi cette fois ? Moi ? Bah ça va tranquille…la routine.

- Il a trouvé ma planque d’herbe…et il a jeté ma réserve aux chiottes ! Non mais tu te rends compte !


Outré ? Oui, je le suis. C’est pas que je suis pauvre mais de l’argent, j’en ai pas des masses. Je travail un peu mais j’ai réussi à m’acheter ma drogue grâce à l’argent que j’avais racketté à mémé. Va falloir que je recommence !
Je me sépare finalement de Kev’ et continue mon chemin, sortant mon paquet de clopes de la poche arrière de mon jean, ne faisant pas gaffe que j’étais seul dans une ruelle et surtout, à cette ombre qui se dessinait derrière et marchait dans mes pas. C’putain de briquet veut pas marché ! Ah, il y a quelqu’un derrière, peut être qu’il a du feu ?


- Hep, t’aurais pas du…


Tout compte fait, je ne crois pas qu’un loup ai un briquet sur lui. Et quel loup ! Non mais ce truc est énorme ! Sûr que lui, il va pas mettre une éternité avant de me mettre la plus belle correction de ma vie ! Bon…ravi d’avoir fait ta connaissance mais, je dois filer. Je prends mes jambes à mon cou et me sauve à la vitesse de l’éclair. Sauf que lui, il ne tarde pas à me rattraper et me sauter dessus et j’peux vous dire que c’est pas pour me faire des m’amours. Je tente avec courage de garder sa gueule aux dents acérés de mon visage ou même d’une quelconque partie de mon corps mais très vite, mes forces ne tardent pas à me lâcher. Avec horreur, je le vois se rapprocher et soudain, la douleur. Cuisante. Malgré moi, je n’arrive pas à retenir le cri de douleur qui remonte dans ma gorge. Une fois de plus, je tente de le repousser avant que l’horrible bête m’arrache la tête. Je perds espoir en sentant le sang couler avec abondance sur le bitume de cette ruelle déserte. A cet instant, j’aurais aimé que mon crétin de père me retrouve mais il est jamais là quand il faut ! Dans une tentative désespéré, j’attrape le cadavre du bouteille de bière et la brise contre le seul. Puis, sans réfléchir, je plante l’objet dans la gorge de la bête. Celle-ci pousse un cri de douleur et je profite qu’elle ai reculé pour me relever avec peine et prendre la direction de chez moi. A ma plus grande surprise, je ne recroise pas l’énorme loup sur mon chemin et quand je franchis le seuil de la maison, ma sœur est là pour m’accueillir.


- Mon dieu Sun…la gueule que tu te paye, t’es horrible !

- Merci, toi aussi ! Aide moi au lieu de te moquer !


Avec soulagement, je la vois partir chercher la trousse de premier secours qui se trouve dans la salle de bain et revenir pour éponger le sang.


- Tu t’es encore battu, c’est ça ?

- Même pas ! J’ai croisé un loup dans la rue…il m’a sauté dessus !

- T’as encore fumé !


Et voila, je dis pour une fois la vérité et on me crois pas ! Finalement, je laisse tomber les tentatives pour la faire croire en mon histoire et attend qu’elle eut fini. Bien évidement, cela ne m’évitera pas un petit séjour à l’hosto.

Le sexe entre deux personnes, c'est beau. Entre cinq personnes, c'est fantastique...

J’ai vingt six ans, je suis beau et j’en joue. Je les ai tous à mes pieds, femme comme homme, la vie m’appartient et je compte bien en profiter. Il y a deux ans, j’ai largué John. J’ai acheté une moto et j’ai pris mes clics et mes clacs, direction Shreveport, rejoindre des amis.

Je cache pourtant un petit secret datant d’il y a onze ans mais personne n’est au courant. Depuis mon adolescence, j’ai appris à me taire et à jouer au muet quand il le fallait. Malheureusement, pour que ce secret en reste un, il me faut conserver une part de mystère et c’est pas en Angleterre, et surtout dans cette ville où tout le monde me connait que j’aurais pu rester à découvert.
Là bas, ma réputation est déjà faite et à Shreveport, je doute fortement que ça change. Je suis un coureur de jupons, un cavaleur, jonglant avec les nanas comme les mecs. Tout est pour moi, source de plaisir. On ne change pas un homme et d’ailleurs, je ne souhaite pas changé…

Aujourd’hui, je vis bien et j’exerce un métier qui me plaie. J’ai galéré pour en arrivé où j’en suis mais maintenant, j’ai un établissement qui m’appartient et cela fait m’a fierté.