Lorsque j'ai ouvert les yeux la nuit venait à peine de commencer et l'astre lunaire ne pointait que timidement son nez, basse dans le ciel la lune écarlate était dissimulée derrière d'épais nuage. Une sensation pesante s'empara de mon corps et je mis plusieurs heures à pouvoir bouger. Je ne comprenais rien, mon nom, mon âge, le lieu de ma maison ? Tout cela n'était plus présent dans mon esprit et la panique s'emparait de mon cœur. Cependant celui-ci ne battait plus, me forçant à l'immobilité je tendis l'oreille pour n'entendre au bout d'un instant qu'un battement sourd, puissant et profond mais affreusement faible et effrayant. Ces battements n'étaient pas humains, ils étaient beaucoup trop lents, trop égaux comparé à la peur et à l'angoisse qui prenaient mes entrailles. Mes yeux me piquèrent légèrement quand enfin je me décidais à les ouvrir et découvrir que tout ceci n'était pas un cauchemar. La mémoire ne me revenait pas, tenant ma tête dans mes mains pendant quelques minutes j'essayais beaucoup trop sommairement de me rappeler des détails insignifiants. Rien d'autre que l'abîme ne me répondit. Plus aucun fragment de souvenir n'était là et pourtant je n'avais pas vécu une vingtaine d'années sans me souvenir des choses essentielles. J'étais beaucoup trop prise par mes problèmes pour me concentrer sur l'endroit où je venais de sortir d'un sommeil sans rêve ni délire. Malgré tout j'aurais dû remarquer que cette chambre n'était pas la mienne, tout du moins ne pas la reconnaitre. J'aurais certainement fait plus preuve de discernement si je ne m'étais pas réveillée transformée en créature de la nuit. En cette nuit d'été où la chaleur se faisait parfaitement sentir je venais de naître, ou plutôt de renaître en Vampire. Étrange sensation, indescriptible pour ceux ne l'ayant pas vécu mais presque enivrante dans sa bizarrerie. Je m'en rappel avec une clarté et une netteté incroyable, c'est certainement parce que cette scène est la toute première dans mon esprit, ma toute nouvelle vision du monde à travers des iris immortelles. Mon esprit était confus et mon corps sacrément malmené. Je mis du temps à me lever et à comprendre tout ce qui avait pu m'arriver, enfin tout ce que j'ai pu analyser de la pièce et les informations que j'ai pu rassemblé m'ont aidé à reconstituer l'expérience traumatisante qui n'était pas resté gravé dans ma mémoire. J'ai appris que j'étais une fille de mœurs légère, soumise aux hommes et à leurs volontés je cherchais l'amour comme ces idiotes bloquées dans leurs contes de fées. Mes manières et mes codes sociaux gravés au fond de moi m'ont appris que j'étais une dame de haute naissance, élevée dans le luxe et la suffisance je n'avais pas connu les frasques de la pauvreté ou de l'indépendance. C'est lors d'une soirée mondaine que j'ai rencontré mon "père" apparemment, et cette soirée ne s'était pas bien terminée puisque j'avais fini vampire et abandonné. La sensation de flottaison s'étalait sur mon être et ma conscience partie en fumée. Une ombre de nouveau s'empara de mon corps, une nouvelle entité, une toute nouvelle portion de moi-même; un animal.

L'instinct vu inné et je n'eus plus à réfléchir. Tout s'obscurcissait pour ne devenir que bruits et senteurs. Du sang, partout autour de moi. Des humains, je les sentais dans les autres chambres, leurs essences emplissaient mon nez et convertissaient ma raison en folie meurtrière. J'avais besoin de ce liquide, besoin de leur chaleur. Me levant plus rapidement que je ne l'aurais cru mes mouvements étaient grâce et fluidités, une perfection qui m'étonna puis je m'en désintéressais très vite. J'étais dans un hôtel, il ne pouvait en être autrement. Une dizaine d'étages, des humains par cinquantaines. Je n'essayais même pas de résister sachant pertinemment que le combat était déjà perdu. Me mouvant en silence tel un félin en chasse je me mis à traquer ma proie. Cela tomba arbitrairement sur un jeune homme. Un être d'à peine un an mon aîné qui n'a probablement rien vu venir même si les crocs auraient dû lui faire prendre les jambes à son coup, il ne les a certainement pas vu... Son sang coulait le long de ma gorge pour venir tâcher ma robe de satin beige. La brûlure dans ma gorge qui m'avait provoqué une véritable souffrance s'atténua pour n'être plus qu'une sensation lointaine sans conséquences. Le corps exsangue gisait alors par terre, à mes pieds pendant que moi totalement choquée je reprenais tranquillement contenance et mode de pensée humaines. Tout commença ainsi, dans le sang et la mort. Mon histoire débute par mon premier meurtre dont le visage de ma victime est toujours gravé sur ma rétine. Je n'avais pas réalisé en rentrant dans ma chambre que j'étais devenu un de ces monstres qui font trembler le genre humain. Baignée de sang je revenais dans ce premier endroit où j'avais ouvert les yeux. C'est alors que je me suis rendue compte que lui aussi avait été retapissé dans cette couleur rouge vermillon. Restée surprise sur le pas de la porte je reconnu à l'odeur mon propre liquide. Toute cette dose d'hémoglobine composait les presque cinq litres qu'avait contenu mon corps avant de devenir le réceptacle d'un autre sang. Mon créateur avait fuit, ou alors était parti délibérément. Me laissant alors dans une confusion et dans une anarchie totale. Une seule question prima donc sur toutes les autres. Comment continuer ma vie à présent ? Je n'en savais rien et aucune raison ne me semblait justifier l'atrocité que j'étais devenue. Des bruits se firent entendre un peu plus loin. Des cris, des pleurs et surtout des imprécations d'horreur. Soudainement je me rendis compte que j'aimais ça, que la souffrance faisait partit de moi aussi bien que cette capacité à tuer et à vivre. Je ne souhaitais pas me suicider, et dans le fond je m'étais réveillé ainsi, meurtrière.

Un sourire sur les lèvres je m'étais dénudée, ma peau si belle si blanche avait agrandit mon sourire de plaisir et passant devant la glace je détaillais ce physique qu'était le mien, la conclusion fut; vraiment canon ! Rapidement je passais des vêtements plus passe partout que cette tenue de soirée et sans un bruit je filais à l'anglaise par la fenêtre que je laissais ouverte pour l'effet théâtrale. Perdue dans ce nouveau monde totalement inconnu j'essuyais du coin de mes lèvres le sang séché et dignement je repris d'un pas vif un chemin que je ne connaissais pas. J'errais dans la nuit sans vraiment savoir quelle direction prendre alors machinalement je laissais mes jambes me pousser vers des endroits que j'aurais dû connaitre. Arrivée près d'un orphelinat assez singulier je me fis hélé par le gardien. Il me demandait précipitamment où j'étais passée mais je ne saisissais que deux mots sur trois tant l'envie de lui sauter à la gorge fut tentante. Je ne sais pas où j'ai trouvé la force de me retenir mais en le faisant cet homme m'a été plus utile que mort. Il m'emmena dans un dortoir et placidement il me plaça à côté d'une petite fille d'à peine 2 ans en me toisant et me chuchotant " Votre sœur, mademoiselle a mis longtemps à s'endormir, elle vous réclamait sans cesse.". Curieuse et torturée je jetais un coup d'oeil vers ce petit être. La demoiselle si mignonne et innocente reposait telle un ange. Mon cœur alors se brisa en deux. Ayant une soudaine nausée provoquer par l'envie de sang et la contradiction de mes sentiments je m'échappais une nouvelle fois par la fenêtre. Une fois arrivée à l'extérieur je déchaînais ma folie dans toute sa splendeur. Me rendant dans une prison je fis un immense carnage en prenant garde de laisser un peu de sang dans les corps mais à la limite de la survie. Après plusieurs corps je me sentis rassasiée et un peu dans un meilleur état. Je passais le reste de la journée dans une cave, ne me demandez pas comment j'ai pu atterrir là, seul mon instinct peut vous répondre.

Dix ans; j'ai passé ainsi dix ans de ma vie d'immortelle. Perdue dans les méandres de mes mécanismes animaux je n'avais guère que de faibles instants de lucidité entre deux folies sanguines. J'ai voyagé, vu du monde et du pays, goûter à tous les sangs présents aux États-Unis. Je me fais appelée Mary, je n'ai trouvé que cela comme prénom pour les rares qui m'ont connus dans cette période et qui n'ont pas fini en cadavre. Du coup je suis recherchée dans 5 états. J'ai échappé à tout les bûchers et les procès en m'installant ailleurs où l'on ne pouvait me connaitre. De nouveaux des massacres, un nouvel avis de recherche et rebelote. Un quotidien assez aventureux et exaltant, je n'ai pas fait de rencontres pertinentes et les quelques vampires que j'ai pu sentir ne m'ont pas approcher, ils ont du craindre quelque chose. A cette époque je n'étais pas au courant que j'aurais dû avoir un créateur pour me protéger et je suis heureuse que ces vampires n'ont pas compris que j'en étais exempt. Je me suis donc "développée" seule. J'ai fait mon chemin seule en apprenant petit à petit à plus ou moins contrôler cette brûlure atroce dans ma gorge, cette nécessité de sang et de douleurs. J'ai expérimenté, je me suis amusée et j'ai beaucoup parlé. En effet auparavant j'étais un être qui se dirigeait spontanément vers les autres pour avoir des contacts, difficile à croire n'est-ce pas. Une décennie s'était écoulée aussi vite qu'une seule journée. En ce court laps de temps j'avais déjà commis de nombreuses actions allant du meurtre à la torture en passant par le massacre ou les différentes possibilités de donner la mort. De joyeuses activités qui finirent par me lasser. Me nourrir devint secondaire et mon instinct laissa la place à ma part d'humanité et à mes besoins liés à celle-ci. Un visage hantait toujours mes nuits, celui de ma petite sœur, cette innocence incarnée devait être encore dans cet orphelinat assez riche que j'avais quitté avant de la tuer par inadvertance. Elle m'obsédais et constituais le seul lien avec un passé oublié. C'est donc assurée de mon nouveau contrôle que mes pas se sont dirigés vers cet être cher. Le chemin ne fut pas long et était toujours resté gravé dans ma mémoire. La ville avait changé et avec elle la population avait fini par oublié mon visage et cet étrange incident survenu 10 ans plus tôt. De toute façon je n'avais pas prévu de rester longtemps et c'est à cheval que je pénétrais dans cet endroit qui m'avait vu naître.

Les regards se tournèrent immédiatement vers moi. J'y lu de l'admiration, de la convoitise, de l'exaltation et de la jalousie. C'était généralement les émotions humaines à l'égard de ma beauté sauvage qui pourtant clamait ma nature de prédateur. Ces âmes ne se méfiaient pas et pire accordaient plus facilement et naïvement leur confiance en ma fragile stature, grosse erreur comme toujours. Retrouver l'orphelinat ne me pris même pas vingt minutes. L'emplacement était resté gravé dans mon esprit qui me restituait les souvenirs de cette époque avec une saisissante précision. Mon maintien digne et fier fut ma carte de visite lorsque je me présenta à cet établissement. Étrangement ils se souvenaient de moi mais ne m'interrogèrent pas sur la raison de mon départ ni sur celui de mon retour. M'étant constitué une petite fortune dans mes meurtres j'avais à présent bien plus de poids et de prestige qu'à l'époque mais cela ne fut même pas utile pour récupérer ma sœur. Lorsque je demanda à la voir se fut presque comme une évidente demande aux yeux de la directrice qui m'annonça calmement que je pouvais repartir avec elle lorsque j'en exprimerais le souhait ce que je fis dans l'instant. Les retrouvailles furent d'une anormale émotion pour moi la vampire devenue sans reproches ni remords au regard du meurtre. Je redevins humaine en me fondant dans les iris bleuté de ma sœur qui en courant vint prendre mon corps invulnérable entre ses bras. Elle pleurait la pauvre et gémissait dans un langage incompréhensible. Sans vraiment m'en rendre compte les larmes coulaient aussi sur mon visage ruinant légèrement le maquillage qui j'avais mis grand soin à appliquer. Encore si petite et si faible elle devenait à présent pour moi une excellent raison de vivre et de continuer à m'intégrer dans cette société. La prenant par la main je quittais cet endroit que je ne considérais plus comme chez moi pour l'installer dans l'hôtel, celui-là même qui avait abrité mon réveil vampirique. Personne ne s'était interrogé sur ma venue en pleine nuit, tout le monde sembler être même soulager de nous voir partir mais moi tellement joyeuse d'avoir récupéré mon petit ange je ne fis pas attention à tout ces détails. Elle est si légère, si belle et mienne à présent. Je ne veux plus la quitter et me jure en moi-même de tout faire pour la protéger.

C'est ainsi que commence la découverte de mon passé et sa préparation pour son futur. J'apprends que je me nomme Diantha et qu'elle s'est Autumn. Nous sommes inséparables, je lui confie mes émotions, mes pensées et tout ce que j'ai fais sans jamais mentir. Cette petite fleur veut alors me rejoindre, elle désire être elle-aussi immortelle mais je lui demande d'attendre. Il faut la préparer, lui faire comprendre et l'éduquer, il faut qu'elle profite un peu de sa vie humaine avant de me rejoindre dans cet état de mort-vivant. Nous voyageons ensemble, rions, découvrons. Je passe ainsi une autre dizaine d'années. Enfin le grand moment arrive et je suis tenue de tenir ma promesse à cette petite fille devenue adulte. Elle est encore pour moi mon petit ange qui illumine mes jours. Nous faisons ça discrètement. Les vampires rencontrés dans ces années de voyages m'ont appris comment faire mais je ne connais que la pratique et est incroyablement stressée, je ne supporterais pas de la perdre de cette façon, avec une totale responsabilité de ma part. J'essaye de la faire patienter mais rien à faire, elle a déjà trop attendu et elle sait ce qu'elle veut, je n'ai malheureusement pas le choix. Une nuit alors que cela fait quelques mois que nous sommes installées dans la Wisconsin je m'apprête à tuer ma petite sœur, l'être le plus cher qui me reste sur cette planète. C'est tremblante que je plante mes crocs dans son cou alors qu'elle me caresse les cheveux en me murmurant que tout va bien se passer et qu'ensuite nous serons liées à jamais. Lui transmettant mon sang j'attends avec une pénible angoisse son réveil en surveillant le temps. Une heure, deux, la peur se multiplie au fur et à mesure des secondes et s'est soulagée qu'après deux heures et demi de sommeil je vois qu'elle ouvre enfin les yeux. Comme moi avant elle le sang devient une priorité mais heureusement pour elle je suis là, je la guide et lui enseigne, je deviens le mentor qu'elle n'a jamais eu. La vie retrouve alors le long fleuve tranquille d'une nouvelle routine et de nouveaux déplacements. Nous poursuivons maintenant une vie d'éternité ensemble. Après seulement 5 années de folies meurtrières Autumn se stabilisent et nous reprenons notre relation si fusionnelle. Elle me ressemble énormément tout en étant un autre être, cela me déstabilise parfois tellement j'ai l'impression de me retrouver en elle. Les années passent sans que nous les voyons défilées. Je ne raconterais pas les évènements qui se déroulèrent durant ce siècle de paix et de joies relatives car ils vous paraitraient totalement banales comparés à ceux que je vais vous exposer.

En effet tout bonheur à une fin et la vie qui s'écoule sans jamais connaitre un instant de puissant désespoir n'existe pas à notre plus grand regret à tous. J'ai vu dans ce premier siècles d'existence vampirique une période d'âge d'or où la vie était douce mais peut-être n'est-ce là que l'idéalisation d'un esprit qui a beaucoup avancé et connut d'épreuves depuis cette période. Un seul moment d'inattention a suffit à faire basculer mon univers en un chaos imprononçable. C'était une nuit d'hiver, nous jouions dans la neige comme ces gamines humaines écervelées et j'entends encore nos rires cristallins comme une douce mélodie perdue dans les méandres des souvenirs. Fatiguées nous nous sommes étendues dans cette couche aussi fraîche que notre peau et qui ne s'effaçait pas à la chaleur de nos corps morts. Nous ne les avons pas entendus arriver, d'ailleurs bien que nous étions des légendes vivantes nous n'avions jamais crus à leur existence; énorme oublie et grossière erreur qui fut fatale. Nous n'étions pas tellement entraînée, bien que nous étions des vampires nous ne pûmes rien contre une meute de cette importance. En effet vous l'avez compris les chiens ont alors débarqués. Ces cabots puants nous ont encerclés en hurlant et bavant. Dégoutées et surprises nous n'avions pas su comment réagir, une posture d'attaque bien faible en défense, un essaie d'intimidation qui n'eut aucun effet. Nous étions prise au piège et malgré le crie de fuite que j'ai lancé à Autumn elle est restée coulée à mon dos pour faire face à ces monstres. C'est la dernière fois que je me rappel son contact. L'action a été si vive, si floue à ce moment là comme elle l'est encore dans mon esprit. Le combat était inégale et même en en tuant deux nous n'avions pas réussi à tirer un avantage permettant une fuite. Je les ai vu se jeter sur mon précieuse sœur. Ces animaux méprisables l'ont démembrées sous mes yeux et avec une férocité écœurante ont dispersé son corps pour revenir le brûler ensuite. J'aurais dû être destinée au même programme, j'aurais dû succomber et périr en même temps que ce petit ange qui venait de m'être arrachée mais il n'en fut rien. Mes forces décuplées par la colère, la souffrance et le désespoir ont tout mis en œuvre pour éradiquer ces agresseurs. Après deux nouveaux meurtres dans leur rang ils ont battus en retraite en glapissant comme des louveteaux. Un cri de rage et de douleur s'est alors échappé de mes lèvres en même temps que les larmes jaillissait des mes yeux pour rendre hommage à cet être qui créa un nouveau gouffre de souffrances dans mon cœur. Mes genoux incapable de me supporter plus longtemps ont céder et j'ai fini dans la neige, les genoux contre la neige devant les restes de ce qui avait été ma plus précieuse âme. Encore aujourd'hui il m'arrive de verser des larmes à son souvenir, tout les ans je me rend dans cette portion de forêt à l'heure où la neige la recouvre d'un tapis blanc pour déposer un bouquet de roses blanches là où je l'ai enterrée.


Ma nouvelle existence était simple et ne se résumait qu'à un élément: le sang. Je les ai traqué ces petites ordures. De toute façon il m'a fallut quitter la tombe, celle-ci ne faisait que me briser le cœur. Savoir mon petit ange enfermée dans cette terre froide me donnait la nausée. Je suis donc partie la laissant seule dans son éternité. L'errance ne fut pas sans but. J'eus une occupation qui me prit beaucoup de temps; la traque. Je les ai tous torturés, sans exception j'ai capté leur odeur pour ensuite en faire des dés de chiots. Vous me trouverez certainement sadique et je peux dire que je l'ai été, pourtant cela n'a pas enlevé le gouffre de l'absence. Alors j'ai continué, cherchant toujours un loup à abattre sans me rendre compte que je ne devenais qu'un récipient sans âme. Mes sentiments se sont enfouis sous mon envie sanguine. Je ne voulais plus affronter la réalité et c'est la que j'ai commencer à me perdre dans ma bestialité. Lorsque ce petit jeu de chasse au chien m'a lassé je suis retourné voir Autumn, lui demandant pardon pour ma faiblesse, pour mon erreur et pour ma survie. Le remords me rongeait aussi sûrement que le plus horrible des poisons. Je ne savais plus rien, ni ma destination ni le but de ma vie. J'avais perdue ma lumière et dans le noir et la profondeur de mon âme ma splendide vision nocturne ne m'était d'aucune utilité. J'ai pleuré, crié, supplié et frappé mais cela n'a servi qu'à m'enfoncer un peu plus. Je ne sais pas combien de temps à durer la solitude, l'isolement et le silence. Ce que je sais en revanche c'est ce qui m'a poussé à m'en sortir. Une révélation, celle du fait que la mort était une partie inhérente de mon être et de mon existence. J'ai en quelque sorte positivé, tout cela en raison d'un rêve, stupide et certainement sans aucune signification. Autumn y était, m'apparaissant dans sa splendeur vampirique. Elle me disait de ne pas m'en faire pour elle, elle m'accordait son pardon et la bénédiction de poursuivre ma vie comme je l'entendais. J'ai alors bougé, vu et entendu. Partant en courant dans une nuit glacée je me suis établie dans une petite ville proche de la tombe. Là j'ai commencé à faire business avec la mort et la faucheuse est devenu ma complice.

Je suis devenue tueuse professionnelle, vulgairement appelée tueuse à gage je dealais le trépas. Très douée je fus surnommée la veuve noire en symbole de ma perte. Non je n'avais pas assassinée ma famille mais je trouvais terriblement risible les rumeurs qui pouvaient courir sur mon compte autant chez les humains qu'à travers les meutes de chiens. De nouveau je pus gonfler mes caisses et d'ailleurs être fervente participante de l'histoire puisque j'ai perpétré bon nombre d'attentats célèbres. Vous ne le soupçonniez même pas je parie ? Pauvres âmes fragiles ma vie n'est pas un conte de fée, ne l'ais-je pas déjà bien prouvé ? Si la curiosité vous pousse plus en avant voici le reste de mon récit. Les affaires étaient florissantes mais ne durèrent pas longtemps. Enfin cela dépend votre appartenance à telle ou telle race. Soixante dix ans peuvent paraitre long pour les humains, ce n'est que broutille pour un vampire. Complètement enracinée dans cette existence vile et sans remords je coulais une éternité paisible au détriment de heureuse. Le ra-le-bol fini par me prendre, et la milice par me trouver surtout. Les gardes auraient étaient parfaitement facile à éliminer si il ne s'agissait pas des envoyés du conseil. J'étais une criminelle aux yeux de la loi vampirique. Stupidité si vous voulez mon avis. En tout cas survivre fut distrayant. Passant d'une ville à l'autre sans donner mon nom je finis par vivre en étrangère partout où je me rendais. Me renfermant sur moi-même je ne fis plus jamais confiance à personne, chose trop dangereuse et inutile. Les paroles devinrent des trésors dans ma bouche, le silence était préférable pour l'analyse. Mon temps était occupé par la fuite et l'entraînement, affutant mes armes et exécutant des exercices de plus en plus complexes j'acquérais une véritable maîtrise des différents arts de combats. Je n'étais plus qu'une espèce de tueuse discrète et furtive travaillant dans le secret et la finesse. Je venais d'achever mon indépendance en étant parfaitement capable de me défendre complètement, j'étais à présent une guerrière aguerrie avec une histoire...

Allant de villes en villes apportent des avantages mais surtout des inconvénients. Lassée de cette fuite je me suis arrêtée en pleine course pour la survie. Me retournant face à mes poursuivants j'ai fini au milieu d'une boucherie. Heureusement elle fut pour eux, contusionnée et à demi-morte je sortais de ce combat victorieuse, la ville se nomma Sheyfield. Étrange nom pour une bourgade pareille. Ne voulant pas rester vulnérable et surtout cramée au soleil alors que la journée aller commencer je me suis réfugiée dans un hall d'entré. Un hôtel miteux pour les humains. Ceux-ci ne m'effrayaient pas et souriants à plusieurs pensionnaires matinaux je finis par me faire inviter dans une chambre où revigorée par un sang frais je guéris plus rapidement. Cette fois je ne tuais pas, pour la première fois depuis longtemps ma conscience revint à la surface et dans un élan de générosité et de pitié je sortis de la chambre en promettant un retour proche qui ne vint jamais. Inutile de décrire les sensations qui me prenaient le corps, vous n'êtes pas à même de comprendre. Fuyante en cette nouvelle nuit je disparue dans la brume pour que l'on ne repère pas mes traces. Comment deviner que c'est ici que je désirerais rester à jamais en ces heures sombres ? Il est arriver de nulle part sans que je sache vraiment comment. Au départ la présence d'un autre de mes congénères me rendait nerveuse et fuyante. Comment a t-il deviné ma situation ? Mon besoin ? Je n'en sais rien. Il s'appelait Lorenzo, c'est tout ce dont je me souviens, à vrai dire je pourrais tout vous racontez mais alors cette rencontre n'aurait plus rien de magique et providentielle à vos yeux. Il me proposa un job, un boulot pas très reluisant mais plus gratifiant que ce qu'il montrait au premier abord.

Ma réponse ? J'ai accepté bien entendu. N'ayant plus rien à faire de vivre ou mourir je décidais sottement de vivre. Qu'est ce que la vie à de si formidable après tout ? A part une succession d'actions absurdes et dénuées du moindre sens l'existence n'a rien d'attractif. Pourtant ce soir là je m'y suis accroché en acceptant la proposition de ce qui était alors le maître de la ville. Charmant garçon, mais pas tellement mon style. Il m'offrait une vie et en retour je lui ai donné mon respect, cela vaut bien cela non ? Je ne donne pas de considération à n'importe qui. A partir de là de nouveau je renaissais. Selon moi il s'agit du plus beau virage de ma vie. J'ai enfin arrêté de faire des erreurs en enfilant ce séduisant accoutrement de serveuse. L'ensemble sexy et laissant peu de place à l'imagination ne pouvait que plaire et m'assurer des pourboires. C'est alors que j'ai constitué un univers, un nouvel environnement pour m'épanouir et faire autre chose que survivre: vivre tout simplement, avec bonheur et plénitude.


Mon intégration ne fut pas longue. Le Croquemitaine devint rapidement mon foyer, ma maison, mon endroit de sureté. Personne ne pouvait m'atteindre là-bas sans que Alessandro ou Lorenzo me défende. Ces frères délurés me font rire comme personne. Sont-ils devenus ma nouvelle famille ? Je pense que oui dans un certain sens. Je reste libre et totalement indépendante, ils n'ont pas à me dire ce que je dois faire mais comme tout les animaux sauvages j'ai parfois besoin d'attaches solides et fidèles. Ils sont cette sécurité. Les vampires ne vivent pas en famille, nous sommes des solitaires pas mieux que les chiens prêts à défendre notre territoire. J'approche les 326 ans et je pense que je l'ai parfaitement analysé et compris. J'ai beau n'être qu'une enveloppe de 24 ans mon esprit lui a su développer suffisamment de sagesse pour survivre à tout. Cela fait presque un siècle que j'ai débarqué dans cette petite ville sans le vouloir vraiment. Depuis j'ai lutté, aimé, offert et reçus. Ma vie ne s'est pas résumé aux services des boissons mais aussi en quelques stripteases. J'ai découvert le véritable sens d'amitié avec Alessandro, il est comme un frère, une âme pure qui me comprend et avec qui je n'ai cessé de sourire. Cela n'arrive pas souvent cher blogueur. Tu sais j'ai beau à présent être énergique et pleins d'entrains je reste froide et généralement je reste neutre envers tout. Excepté pour les Llywlynl je ne souris pas aussi sincèrement. J'ai appris à m'ouvrir un peu cependant et ma générosité me perdra certainement. Malgré tout je ne m'en fais pas, j'ai trouvé un nouveau soleil. Une nouvelle raison de vivre et celle-ci se résume par mon nom; Diantha. Je suis celle que j'ai toujours voulu être et personne ne pourra jamais m'enlever cela.

Récemment beaucoup de bouleversements ont mis nos tranquilles vies sans dessus dessous. C'était plutôt divertissants et après que notre petite routine ait été brisée nous avons pu essayé de recoller les morceaux. J'ai un peu évoluée dans ma position, passant de serveuse à garde du corps je sers maintenant le nouveau maître de la ville. En effet Aless a pris la place de son frère et je trouve qu'on rigole mieux maintenant. Je n'en prend pas moins ma tâche au sérieux. Je dois dire qu'elle me correspond parfaitement moi la petite stressée qui cherche à protéger ceux ayant l'honneur d'avoir une place dans mon cœur. Je ne le quitte pas d'une semelle et cela m'amuse beaucoup. Joueuse je ne manque jamais une occasion de mettre un petit peu le bazar dans ce monde un peu trop réglé sur les lois des "anciens". Mon credo est devenu "On les enmer**" ces croulants ! Et Aless ne se prive jamais pour en faire notre crie de ralliement. Mon passe temps préféré reste malgré tout d'écouter une des musiques de son groupe de rock. Je l'aide à en composer parfois et la vie ne me semble jamais aussi douce qu'en ces instants. Voilà, à présent cher blogueur tu sais presque tout de moi. Je me suis permise de t'éluder quelques parties, après tout pour rester une source de fantasmes permanents il me faut laisser planer du mystère. Je suis une vampire et bon sang j'adore ça !





Le silence était toujours présent au début. La nuit étendait son voile sur Sheyfield, le temps du vampire était venu. Nous étions devenu in. Très drôle selon moi, mes groupies m'offraient des cadeaux, je n'ai absolument pas à me plaindre. Les lumières s'allument et me grillent une fois de plus mes pupilles si fragiles. "Saloper***". Le juron m'a échappé mais personne ne l'a remarqué. Les rues grouillent de monde et cela me gène pour avancer correctement. Soupirant je pousse enfin la porte de mon antre. Personne, étrange, l'ouverture est imminente et cela me perturbe de ne voir personne. Le bar n'est heureusement pas verrouillé. Passant au dessus de la planche avec souplesse je lisse mon slim noir après être silencieusement passée de l'autre côté. Cela est tellement risible, un vampire ayant besoin d'alcool. Cela me tire un petit sourire énigmatique. Les poches de sang dans le frigo sont rangées dans un ordre impeccable. Quel maniaque ce barmaid, sortant un de ces précieux bijoux je vidais celle-ci dans un shakeur. Bientôt rejoint par un litre de vodka je ne mis pas longtemps à mélanger le tout. C'était une sorte de petite habitude, un péché mignon qu'il me fallait avant d'entrer en scène. Le cocktail ne fini même pas dans un verre, j'étais las de faire un petit cérémonial. Le liquide frais coula sans difficulté dans ma gorge, seule la présence du sang dans le breuvage étancha ma soif. Rassasiée je filais en douce dans les vestiaires destinés au personnel. Ce soir pas de service prévu, juste quelques petites danses pour m'amuser. Bien sûr ce n'était pas de la danse classique, il ne fallait pas rêver mon pote ! Mais une petite séance de stripteases. Mon costume était d'ailleurs déjà choisi et soigneusement rangé sur un cintre. "Je te jure un vrai maniaque". Un petit rire jaillit dans mon dos et je su sans même me retourner que Aless était présent. Je ne me tournais pas vers lui, je n'avais pas envie de lui parler maintenant, après tout j'étais censée me concentrer et si je me mettais à rire avec lui je ne pourrais plus jamais partir.

Ayant enfin fermé cette petite fermeture éclaire c'est devant le miroir que j'admirais le résultat. Entre-temps du vacarme provenant de la salle m'annonçais que mes clients étaient arrivés. Remettant une dernière fois mes cheveux en place je m'élançais dans la jungle des corps brûlants de désir. Les regards s'arrêtaient toujours sur les points stratégiques: Seins, fesses, quelques fois les yeux mais cela était rare et provenaient de visages exclusivement féminins. Jalousie, désir, haine, amour, des centaines d'émotions emplissaient l'atmosphère qui de plus en plus suffocante était faite pour mettre à l'aise. Ils étaient habitués, juste un signe dans ma direction et mon joli arrière train se trémoussait pour leur plaisir. Glissant des billets dans les minces ficelles je les remerciais d'un baiser sur la joue, ce qui bien sûr augmentait la file d'attente. Pendant ce temps le service se poursuivait dans la même routine. Les chansons défilaient et ce n'est que lorsque j'entendis sa voix que je me tournais vers les iris qui étaient déjà fixées sur moi. Un sourire et un petit signe en sa direction pour lui souhaiter la bonne nuit et la bienvenue chez lui. Me tournant pour rejoindre le vestiaire je ne remarquais pas cet humain dans la foule qui me suivit. Cet imbécile s'était-il figuré qu'il pourrait me violer sans qu'une vampire ne le tue ? Le raccompagner avec un bon coup la où il le faut ne fut pas difficile. Ma couverture marchait à merveille et c'est en simple demoiselle propre sur elle que je revins dans la salle. Toujours au micro je ne percevais rien de dangereux près de lui. Restant tout de même sur mes gardes j'observais un à un les clients présents. Y avait-il des vrais parmi eux ? Probablement mais sans preuve toute action était impossible. Prenant place à une table je m'appuyais ma tête sur la main en me laissant bercé par la fin de la mélodie. Aless est vraiment le Dieu de la musique, et si par malheur vous ne l'avez jamais entendu c'est une preuve de pure stupidité.

La soirée se déroula bien trop vite à mon goût. La routine comme d'habitude avait repris le dessus et le temps ne signifiait plus rien. Mon rôle une fois de plus fut parfaitement accompli et rien n'arriva à notre cher maître. Le suivant du regard je ne pouvais m'empêcher de trembler à l'idée de le perdre. Son absence était inconcevable. Après tout comment pourrais-je vivre sans ces folies quotidiennes ? Secouant la tête pour enlever ces conneries de mon esprit je me levais enfin pour partir en quête d'un compagnon pour finir ma nuit. Les hommes ne manquaient pas dans ce bar mais pour une fois je n'avais aucune envie de partie de jambe en l'air avec un vampire. Les humains n'étaient pas rare mais mon côté beauté placide leur parait insaisissable. Allez savoir pourquoi. C'est un peu déçue que je suis partie rejoindre Aless dans les coulisses. Il semblait aux anges cet inconscient et le voir heureux suffisait à me tirer un franc sourire. Il ne s'en rend probablement pas compte que je le considère comme un frère. Mais qu'importe, lui tapant légèrement l'épaule je m'attire ses foudres et commence une bataille digne de parfaits gamins. Nous sommes comme cela, d'éternels adolescents débordant de l'énergie et de la stupidité de la jeunesse.

- Alors qu'elle groupie aura la chance de repartir avec toi ce soir ? Sais-tu que c'est bientôt mon anniversaire ? J'espère que tu ne me décevra pas.

Cette réplique n'était qu'une entrée en matière. Bien réussie selon moi. Me jetant dans ses bras je goûtais la saveur exquise de son parfum. Ce grand frère que je n'avais jamais eu était à présent tout pour moi. Les autres comprenaient-ils ? Je n'en savais rien et m'en foutais royalement, j'étais libre d'agir et de penser ce qu'il me plaisais. Dans la salle les bruits de conversations se faisaient assourdissants. C'est dans ce chaos que je trouvais mon équilibre, dans cet abysse que résidait ma lumière. Mon univers tenait en cet endroit et rien n'aurait pu m'enlever cela, cette pensée était réconfortante et éclipsait toutes les autres.

J'avais une sœur mais celle-ci n'est plus de ce monde. Elle s'appelait Autumn et s'était l'être le plus merveilleux au monde. Elle me manque souvent et je n'en dirais pas plus sous peine de voir mon antique blessure se rouvrir. En ce qui concerne mes géniteurs j'ai tout oublié les concernant et à mon avis c'est que ce ne devait pas être des personnes importantes à mes yeux et insignifiants du point de vue de la société. Ma vie d'humaine est un gouffre de silence dans ma mémoire, je ne peux dire si j'avais d'autres personnes que je considérais comme ma famille.
Ma vie vampirique n'est pas plus chargée. Mon père n'est pas non plus connu de mes neurones. Je ne sais pas son nom ni ne connait son visage. Je suis donc une orpheline dans tout les sens du terme et je ne dois ma vie qu'à moi-même. J'ai évolué et appris grâce à mes seules capacités, je ne dois donc rien à personne c'est dit !