Dans une meute de loup-garous, les enfants à naître son à la fois attendu et craint. Ce sont des tueurs de mères, et d’espoir surtout, tant peu survive à l’accouchement. Ainsi, lorsque la compagne de l’Ulfric Jonathan Danvers lui annonça qu’elle était enceinte, la joie avait vite fait place à la crainte de perdre de façon définitive celle qu’il aimait. Lorsque le médecin de la meute rendit son verdict sur le sexe de l’enfant par un : « Vous avez le choix » le père comprit que ses enfants allaient mourir. Mettre à terme des jumeaux ? Un seul enfant était déjà suffisament rare, alors deux d’un coup, il n’entretenait pas trop d’espoirs. Chaque mois, il attendait la fausse couche, refusant de ressentir ne fus-ce qu’une once d’espoir parce qu’elle passait le cap avec succès. Six mois, sept…Puis le huitième arriva et le drame se joua. Contraction, perte des eaux, et surtout de sang. Paniqué, Jonathan emmena sa compagne à l’hôpital mais l’hémorragie était trop importante. Il fallait faire un choix : La mère ou les bébés. Au moment où le père répondait « la mère », madame Danvers répondait « les bébés » et faisait un arrêt sur la table d’accouchement. On sortit les deux enfants en urgence, sans pouvoir ramener leur mère à la vie. Heure du décès, deux heures trente quatre minutes du matin.

Jonathan aimait ses enfants, mais, paradoxe vivant, il ne supportait pas de trop les voir. En période de deuil, ce fut son frère Eric qui hérita des deux bébés, dont lui et sa femme s’occupèrent avec le plus grand soin. Anita Danvers devint une mère de substitution, et leur oncle un père. Pourtant, les enfants grandissaient et commençaient à développer une sorte de désir, de voir leur véritable géniteur plus qu’une heure par mois. Ainsi, ils essayaient d’entrer dans sa vie, sans réellement y arriver. L’Ulfric de Shreveport était froid, distant, mal dans sa peau et il pleurait encore la mort de l’amour de sa vie, même des années après. Liam était buté mais pas stupide, aussi avait-il décidé de le laisser tranquille et de se consacrer à sa vie de pré-adolescent, avec son meilleur ami et voisin, Lance. Inséparable, les deux enfants ne se lâchaient jamais. Ils allaient souvent embêter Alix, la jeune sœur de quelques minutes, voir secondes, de Liam, lui cachant ses poupées –parfois dans la gueule du chien de la vieille voisine grincheuse d’en face. Les quatre cents coups, ils les firent ensemble. Et même les quatre cents suivants. Toujours fourré l’un avec l’autre, le fait qu’il se soit tapé sa sœur n’y aura rien changé hormis une mémorable bagarre, à l’aube de leur seize ans…Cette bagarre, d’ailleurs, avait tellement excité les deux garçons que Liam s’était écroulé en convulsant sur le sol. La lune brillait dans le ciel, son père était absent, son oncle également, mais Anita savait ce qui était en train d’arriver. Ainsi, elle se contenta d’emmener le garçon se dissimuler dans la forêt non loin de la, et de s’éloigner. Elle était toujours humaine, mais considérée comme une alliée de la meute grâce à ses pouvoirs de sorcière. Lance insista pour rester, mais l’énergie dégagée par son ami sembla déclencher sa propre transformation…

Liam sentait son visage se tendre, au point que sa peau semblait se déchirer, puis se reformer. Ses os se brisaient, pour s’emboîter d’une façon différente. Il gémissait, en sueur, étendu sur le sol. Il bougeait, essayait de trouver une position miraculeuse où la douleur allait cesser, mais c’était tout bonnement impossible. Ses mains s’affinaient puis grossissaient à nouveaux. Ses ongles devenaient des griffes acérées, ses paumes se couvraient de poils blonds, en grande quantité. Finissant à quatre patte, ce fut au tour de sa colonne vertébrale d’onduler comme si elle cherchait désespérément à s’enfuir de son corps. Il sentit une pression infâme dans le bas du dos et poussa un hurlement de douleur alors que sa queue sortait, en même temps que son museau s’agrandissait. Sa bouche était en feu, il claquait des mâchoires qui n’étaient plus les siennes, mais celles d’un animal. Ses côtes enfin, bougeaient, tremblaient, craquaient et se brisaient pour s’assembler d’une nouvelle façon. Quand enfin son corps tout entier fut recouvert de poils et que le calvaire semblait enfin terminé, l’enfant devenu loup tomba sur le flanc, haletant. Non loin, Lance achevait sa transformation. Mais son cerveau d’animal ne disait pas Lance, il disait…Liam ne savait pas exactement en fait. Les pattes tremblantes, il se releva difficilement pour retomber contre un arbre un peu plus loin. C’est alors qu’un énorme loup brun apparut devant lui. Liam le regarda dans les yeux, et le loup grogna en montrant des dents sans pour autant que l’enfant ne baisse le regard. Le jeune sentait une pression dans tout son corps, une pression qui essayait de le faire plier, mais qui n’y parvenait pas, pas encore. Le loup brun commençait à s’énerver, puis quelque chose tilta dans la tête de l’enfant. Père, dominant. Alors, il baissa le regard, et mit sa tête entre ses pattes en se couchant. D’instinct, il avait agit. Le loup brun grogna, de satisfaction cette fois, et vint lui mordre la collerette de poil autour de son cou pour assoire sa domination. C’était la première fois, du moins dans sa mémoire, que son père le touchait. Evidemment cette réflexion, il se la fit bien plus tard, après avoir reprit forme humaine.

Son oncle Eric avait commencé depuis longtemps à lui faire comprendre ce qu’il était, ce qui arriverait un jour. Il savait pour Lance, mais Liam l’ignorait et il bouda son meilleur ami quelques jours de le lui avoir caché. Sa sœur aussi bouda, mécontente de ne pas s’être transformée, sans aucuns doutes. Pourtant, sa métamorphose arriva deux pleines lunes plus tard. L’explication d’Eric était simple à ce sujet : Ton frère est dominant, dans la bagarre son énergie s’est libérée, et ça a explosé avec la pleine lune. Aussi simple que ça…En une nuit, il était devenu un autre, une personne de qui son père s’était rapproché, fier apparemment, que son fils ai survécu à sa transformation. Fier…D’avoir un enfant qui prendrait sa place. Il avait totalement ignoré Alix, à chaque fois qu’il venait chercher Liam pour l’emmener à une réunion de la meute, ou ailleurs, bien que leurs sortes aient toujours trait aux loups-garous…
Pour la première fois depuis presque dix-sept ans, Jonathan Danvers avait eu l’impression que, finalement, il n’avait pas perdu l’amour de sa vie pour rien.

II. Mon amour
[justify]La porte de la maison s’ouvrit et l’éclat de rire de deux jeunes filles envahit le hall d’entrée. Liam poussa un soupir et reposa le livre qu’il tenait. Si sa sœur débarquait avec une de ses copines, il ne risquait pas de pouvoir lire tranquillement dans le salon. Il était vraiment irritable, depuis sa première transformation. Deux ans plus tard, ça n’avait pratiquement pas changé. Du haut de ses dix-huit ans, le blondinet avait de la hargne à revendre et l’approche de la pleine lune n’aidait pas. « Alix, baisse d’un ton je ne m’entends plus penser ! » Comme un fait exprès, elle se mit à parler plus fort. Il roula des yeux, sa jumelle était vraiment une gamine. Il se leva et se rendit dans le hall. « Alix je te demande quand même pas la… » Il s’arrêta net sur le seuil, face à une jolie brune dont l’aura le toucha de plus fouet. Elle était magnifique, pas seulement jolie, pas seulement belle, non, plus que ça. Le jeune Danvers n’avait jamais été attiré par une fille, et il lui semblait que c’était parce qu’il attendait cette fille-là. Il cligna des paupières plusieurs fois, essayant de se reprendre. « Euh… » Intelligent comme entrée en matière. L’amie de sa sœur rit, et tendit la main. « Meredith, mais vous pouvez m’appeler Merry. Alors vous êtes le jumeau d’Alix ? C’est fou…Hormis la blondeur, vous ne vous ressemblez absolument pas ! » Le loup décida de prendre ça comme un compliment. Il du se rappeler qu’il était censé lâcher sa main après l’avoir serré. « Elle vient travailler sur le projet en histoire, on est ensemble. Enfin dans la même équipe. » ajouta-t-elle précipitamment en voyant que son frère se raidissait, de façon imperceptible pour les humains. « Si vous avez besoin d’aide… » Merde ! Il n’avait jamais proposé à sa sœur de l’aider pour quoi que ce soit. Enfin c’était surtout à Meredith qu’il proposait. « Vous vous y connaissez sur les indiens ? » Pas trop. « Oui bien entendu ! » Ils montèrent ainsi tous les trois.


Un an c’était écoulé depuis cette scène et Liam n’avait jamais été aussi heureux de sa vie. A dix-huit ans, le pauvre garçon était toujours puceau, puisqu’il n’était nullement attiré par les femmes. Il pensait d’ailleurs avoir un énorme problème physiologique, peut-être que quelque chose l’empêchait de bander sur les belles fesses et les seins généreux, comme tout homme normal. Il n’y avait jamais vraiment réfléchit et avait cessé d’y penser après avoir vu Meredith. Ils se fréquentaient, et son père n’était pas très content. « Il y a des tas de femmes célibataires dans la meute et tu choisis une humaine ! Tu as le sang pur, tu dois te reproduire avec une louve, pas avec une humaine. » C’était la dixième fois qu’il le disait sur un an, et Liam commençait à en avoir assez d’entendre l’amour de sa vie se faire insulter. Car oui, pour Jonathan Danvers, « humain » était l’insulte suprême. « J’ai envie de me « reproduire » comme tu dis, avec elle. Je me fiche des autres femmes de la meute, c’est Meredith que je veux et je ne changerais pas d’avis. De toute façon, je ne suis pas un étalon reproducteur ! C’est le rôle de l’Ulfric, assume. » John grogna, mécontent de cette insolence. Il aurait voulu être obéis au doigt et à l’œil, avec peut-être un « Oui père avec plaisir, vos désirs sont des ordres » en prime. Mais c’était beau de rêver. Liam était têtu comme une mule, personne ne lui arrivait à la cheville sur ce point. « Ce n’est pas parce que tu ne peux pas être heureux que je ne dois pas l’être, j’en ai ma claque de t’entendre l’insulter, la dénigrer ! Je me casse d’ici vite fait et tu t’arrangeras avec Alix, voir si elle a envie de devenir Ulfric. Oh mais suis-je bête, c’est une FEMME ça la rend forcément incompétente ! Les temps changent, évolue ou fait toi écraser. » Le fils sortit de la voiture, abandonnant un père fout de rage derrière le volant. Il finit par sortir lui aussi et claquer la portière. « Ne dis pas de conneries Liam ! On sait tous les deux que tu veux devenir Ulfric, ton loup te l’ordonne. Tu es trop dominant pour être contrôlé. » Liam se retourna en montrant des dents, comme un chien prêt à attaquer. « Alors n’essaie même pas. » Et il disparut.


A presque vingt six ans, Liam était marié et sa femme, Meredith, était tombée enceinte. Les risques de fausses couches étaient moindres lorsque les enfants étaient métissés, mais Liam craignait tout de même pour la vie de son aimée. Sa crainte plus profonde était sans doute de devenir comme son père, misogyne déjà, puis d’être incapable d’aimer son enfant. Lorsque sa femme rentra de promenade, elle déposa sa veste sur le porte manteau et sourit à son mari. « Tu te rends compte que dans moins de deux mois, on sera parents ? C’est incroyable comme nouvelle non ? » Son mari avait le regard fixé sur le sol, la couleur désertait son visage. « Mon amour, tu m’écoutes ? Youhou ? Ca va ? » Elle baissa les yeux, et vit la flaque d’eau sous ses pieds. Légèrement rosée, comme eau…« Oh mon dieu ! » Le terme venait d’être avancé. Liam l’emmena à l’hôpital le plus proche, par les urgences, et on s’occupa d’elle. Plusieurs longues heures de souffrances, d’inquiétudes et de frayeurs plus tard, les médecins réussirent à extraire le bébé, à stopper l’hémorragie –donc à sauver la mère- et tout le monde était heureux, en bonne santé. Armé d’un ours en peluche tenant un ballon rose, Liam entra dans la chambre de Meredith, où son adorée donnait le sein à leur enfant. Il la vit ainsi pour la première fois, son mignon petit bébé, cette petite chose si fragile qui reposait entre les bras fins de sa femme. Il n’osait pas la prendre, de peur de la briser. La petite tête blonde tourna les yeux vers son père en gazouillant, lâchant le téton pourtant appétissant de sa génitrice. Elle fit un rot absolument craquant. En fait, Liam trouvait que chaque geste, chaque mouvement, chaque inspiration était vraiment trop craquante. « Liam, tu m’écoutes ? » L’Alpha revint sur terre et tourna la tête vers elle, un sourire béat aux lèvres. Elle rit. « J’étais en train de te demander si tu aimais bien Eden comme prénom. » Il acquiesça, incapable de faire quoi que ce soit d’autres. Environs cinq minutes plus tard, Alix et Lance arrivèrent, suivis bientôt par leur oncle et leur tante, ainsi qu’une partie de la meute.
Son père ne se montra pas pendant longtemps, du moins pas à eux.

Il ne bougeait pas d’un poil, ressemblant à une statue de pierre. Le regard fixé sur le sol, son cerveau refusait de voir la vérité, refusait de voir autre chose qu’un amat de chair et de sang. Ca n’avait pas de nom, ni de visage, d’ailleurs si ç’avait été le cas, il n’aurait pas dis « ça » il aurait dit « elle » ou « il » mais l’odeur ne trompait pas. Cette odeur, il la connaissait, il la chérissait plus que tout au monde. Soudain, son corps entier se mit à trembler et il tomba à genoux. Ses joues étaient trempées, sans qu’il n’ai rien remarqué. La transformation commença, alors qu’il tombait dans le sang, dans les résidus, les morceaux, il avait envie de vomir. Ce n’était pas ceux de n’importe qui, l’image d’elle, vivante, il la voyait encore. Souriante, heureuse, sur le porche de leur maison, qui lui donnait un baiser alors qu’il s’éclipsait pour aller se transformer. Bien sur, qu’elle savait tout. Elle était digne de confiance, sa Meredith. Mais…Mais…Non. Il refusait de penser qu’il avait sûrement causé sa perte. Il refusait d’ailleurs de penser à quoi que ce soit. La transformation achevée, son poil blond se tacha de rouge, et il se mit à hurler, hurler à la lune. Pourquoi l’avaient-ils touché ? Affaiblir. C’était le seul mot que son esprit de loup connaissait, là, dans cet instant. Il hurla à la lune, hurla encore plus fort, faisant part de sa haine, et surtout…De son égarement. Il ne comprenait pas ce qui était arrivé, pourquoi elle, qui n’avait rien avoir, mais il savait qu’il allait se venger. C’était l’odeur d’une hyène, qu’il sentait, de plusieurs. Il savait où les trouver, il savait que le sang allait dangereusement couler, sur ces mercenaires du diable ! Il sentit une présence dans son dos, et n’attaqua pas uniquement parce qu’il reconnut son meilleur ami à l’odeur, à l’instinct. Lance geignit, sous sa forme de loup. Lui aussi pleurait, lui aussi et c’était normal. Leur regard reflétait un instant de parfaite compréhension, mettant en lumière ce que l’Alpha avait toujours su sans pour autant vraiment s’en soucier, parce qu’il avait confiance. Et il avait eu raison de placer cette confiance en son ami. A présent, ils étaient deux âmes vengeresses, animées par cette rage commune aux morceaux humains éparpillés sur le sol. Ils ne l’avaient pas seulement tué, ils l’avaient dévoré, et Liam était arrivé trop tard. Trop tard. Le remord perçait en lui, ça faisait mal, c’était horrible.

Il s’élança sans prévenir, suivant l’odeur des charognards. Evidemment, c’était des métamorphes, des mercenaires envoyés par un quelconque ennemi, il n’en doutait pas. Alors il n’aurait pas de pitié, car pour eux, la vie de son aimée s’était résumé à un paquet d’argent. Courrant dans la forêt, suivant leur piste jusque dans un bar éloigné près des bayous, il ne reprit même pas forme humaine et entra par la porte laissée ouverte à cause de la chaleur. Toutes canines dehors, les métamorphes innocents s’écartèrent, sortirent, parce qu’ils savaient, eux aussi. Ils savaient et ne voulaient rien avoir à faire dans ce conflit. Quand il ne resta plus que les trois tueurs et les deux vengeurs, le combat commença. Dans le sang, les grognements, la douleur aussi mais l’espace d’un instant ils pouvaient oublier et se défouler. Lorsque les trois furent mort, ils déchiquetèrent leurs cadavres, et, après avoir reprit forme humaine, ils y mirent même le feu, avant de rechercher leurs vêtements. La vengeance était accomplie, mais l’acte qui l’avait précédé était irrémédiable. Alors, Liam s’enferma dans sa chambre, dans cet petit coin de passé, où personne n’oserait le déranger avant longtemps.
C’était idiot de l’espérer.


Quelques jours après, tout au plus, Lance était entré comme un fou dans la chambre de son ami. Il n’avait pas bougé, pas pris de douche, pas décroché le téléphone. Il n’avait pas quitté le draps de lit où l’odeur de Merry était encore bien présente, quoi que la sienne commence à l’éclipser. Il ne pleurait pas vraiment, il était plutôt amorphe, et c’était encore plus effrayant et dangereux. « Ton père… » commença Lance, s’attendant sans doute à déclencher la curiosité de son ami, ou au moins un simple mouvement. Pourtant, il n’eut ni l’un ni l’autre. Le regard de Liam resta fixé sur l’armoire en bois. « Putain Liam bouge ton cul ! Il y a eu un combat, Samuel l’a défié! Et il est MORT, MORT tu entends ? Samuel veut tuer tous ceux qui lui était fidèle, j’ai mis Eden a l’abris, Alix aussi, mais…Il y en a d’autres, des moins dominants aussi, et de vieux amis, ils ne méritent pas de mourir. » Liam ne bougea pas, ne tiqua pas. Si Eden était à l’abris, alors c’était tant mieux. Si Alix aussi, c’était encore mieux comme ça l’enfant aurait le substitut d’une mère, du haut de ses douze ans. Liam ne pouvait rien faire d’autres. Lance le secoua. « Réagis Liam ! » Lui ordonna-t-il et l’Alpha se retourna en montrant des dents. « Qu’est ce que tu veux que je fasse, putain ?! Je n’ai pas su…Alors…Qu’est ce que… » Une boule se forma dans sa gorge. Il n’y arriverait pas. « Ce n’est pas ta faute, ce qui est arrivé à Meredith. On n’en est pas sur, mais on pense que c’est Samuel, pour justement te mettre hors course pour le titre… » Liam secoua la tête. Peu importe qui avait commandité le crime, il était tout aussi responsable, puisqu’il n’avait pas pu la protéger. Voyant que son ami ne réagissait pas, Lance se leva d’un bond et Liam sentit sa colère caresser sa peau. Il frissonna. « Bien, alors je vais le défier moi-même avant qu’il ne tue tous ceux qui ont confiance en toi. Mais à ta place, j’arrêterais de pleurer. Tu ne mérites pas de la pleurer, tu es trop lâche pour le mériter. » La porte claqua, Liam ne bougea pas.

Les paroles de son meilleur ami firent leur chemin dans son esprit, mais il n’avait pas la force, c’était trop difficile de bouger, de se lever, de décider de tourner la page. Il ne voulait pas, il désirait mourir pour être avec elle. Pourtant, il savait que Lance avait raison. Si Meredith était encore la, elle le trouverait misérable, elle le regarderait d’un air dégoûté. Lui-même se dégoûtait, pour des tas de raison et pas uniquement parce qu’il l’avait laissée mourir. Elle avait survécu à un accouchement, à ce qui tuait les femmes de loups, mais…Elle avait été assassinée. Et son père aussi, son père, Lance lui avait annoncé. Liam n’allait pas vraiment le pleurer, mais il avait raison…Il devait faire quelque chose, battre Samuel avant que ça ne dégénère.
Une sonnerie le sortit de ses pensées. Il tendit la main, et décrocha sans même un « Allô ? » ou quoi que ce soit. « Liam, il va se faire tuer, bouge je t’en supplie ! » C’était Alix. En fond, il entendait une petite fille qui pleurait. Eden…Il. Il va se faire tuer. Lance…
Il était debout avant même d’avoir pensé à le faire. Debout. Il ne prit pas la peine de se changer, se rendant jusqu’au lieu où se déroulaient ce genre de confrontation, à pieds. C’était proche de la maison et déjà, son ouïe de loup entendait le combat. Il se mit à courir, et il poussa la porte au moment où le corps de son ami tombait dans le sable de l’arène. Samuel, toujours sous forme humaine, se tourna vers lui en grimaçant. « Tiens, une épave. » Il donna un coup de pied dans les côtes de Lance. Celui-ci grogna. « Si tu veux me défier, prend un ticket, Danvers. » dit-il en désignant son meilleur ami du regard. « Il semblerait que celui-ci veuille mourir. » Liam n’attendit pas et sauta dans le cercle. « Je te défie, Samuel. » Il rit. « Je finis celui-ci d’abord ! » Il leva le bras, Liam le stoppa net. « Les traîtres comme toi…Ne devraient jamais lever la main sur un homme comme lui. Misérable ! Ma femme, mon père, et tu penses que je te laisserais prendre mon meilleur ami ? Je te défie officiellement, je compte jusqu’à cinq. Si tu n’as pas accepté d’ici la, je te tue et je me fiche du déshonneur. » Il était mortellement sérieux. Le décompte commença et à quatre, Samuel donna son accord. Les combats de chef se font sous forme de loups, aussi durent-ils muter avant de commencer…

La violence de l’affrontement fut rare. Samuel était plein de hargne et Liam avait beau savoir que le loup le haïssait depuis des années, il n’aurait jamais imaginé qu’une telle…Force après deux combats puisse encore être possible. Mais Liam ne gagna pas grâce à ce petit plus, non. Son père avait cru que le sang-mêlé de Samuel lui serait fatal et avait été plutôt vite expédié. Il était vieux, trop vieux. Et bien trop fatigué. Liam, c’était différent. Jeune, robuste, et surtout plein de hargne, il espérait à moitié mourir, à moitié vaincre. En voyant le regard terrifié de certains membres de sa meute, il se dit que vaincre devait être la seule option possible, au risque que le sang des siens soit répandu. A moi, ils sont à moi. Le loup était d’accord, et chaque coup de dent, de griffe, était pour eux. Pour les libérer. Lorsqu’il attrapa enfin le cou de Samuel, du sang tachait quasiment toute sa fourrure blonde. Il donna un coup de mâchoire, faisant exploser sa nuque, ses artères. Le sang coula dans sa bouche, et, lorsqu’il se retransforma sur le cadavre de son ennemi, il vomit.
Pas parce qu’il avait contracté une quelconque maladie ou avalé trop de sang, mais parce qu’il venait de se rendre compte…Du fait qu’il aimait ça. Qu’il avait aimé mordre de cette façon. Il voulait s’évanouir, mais ça devrait attendre. Se levant les jambes tremblantes, il prit appuis sur sa seule jambe plus ou moins valide. « Quelqu’un conteste-t-il cette…victoire et refuse-t-il…de me reconnaître comme…Ulfric ? » Il toussa du sang. Personne ne se manifesta. « Bien…Faites moi disparaître cette charogne…Bouffez le, brûlez le, je m’en tape. Je vais… » Au moment où il s’écroula, le médecin de la meute le rattrapa. Il perdit connaissance et ne se réveilla qu’une semaine plus tard.

La semaine écoulée, Liam ouvrit les yeux en pensant qu’il avait simplement cauchemardé, que rien n’était arrivé. Il déchanta bien vite…Lance était resté à son chevet, il sentait son odeur sur une chaise qu’il venait de quitter. Sa sœur aussi était passé, et sa fille. Il était devenu un Ulfric, et ne parvenait pas à croire que ce qu’il avait si longtemps fuit lui était tombé dessus. Et tout cela pour protéger les siens, protéger sa meute. Voilà cinq ans qu’il est Ulfric et il ne s’en sort pas mal. Mais des dispositions ont été prise, des cas ont été choisis, car les loups n’ont jamais vraiment été des spectateurs dans la bataille. Ils observaient avec ravissement les vampires s’entre-tuer, jusqu’à ce que leur chef décide que s’en était trop. Vampire, vampire, vampire, on entendait ce mot partout, comme une désagréable chanson, de celles qui nous reste en tête pendant des heures et dont on est incapable de se débarrasser. Vampire, vampire, vampire, ASSEZ ! « Nous sommes des loups-garous, nous ne sommes pas des chiens que l’on tient en laisse. Les vampires se fichent de nous, nous haïssent, et nous le leurs rendons bien. A présent, nous ne nous contenterons plus de les regarder s’entre-tuer, non ! Nous allons participer à la bataille et montrer au monde entier que les vampires ne sont rien face à nous, à ce que nous sommes, à ce qui coule dans nos veines. Ils brûleront au soleil, ils mourront dans le feu, ou par le pieu. L’un d’eux à encore tué deux des nôtres, et c’était deux de trop. La guerre arrive, et nous ne serons ni des observateurs ni des acteurs : Nous serons des vainqueurs. »
Ainsi soit-il.