✤ Traits de caractères Cleo est la fuite. Chaque parcelle de son être se soustrait, se tord et se déforme jusqu’à glisser, échapper. Cleo c’est l’horreur absolue du contact, de tout ce qui peut s’approcher d’une relation humaine. Il désarme toute tentative, construit des murs de béton armé, camoufle et dissimule.

Mais il faut le comprendre, comment réagir quand l’univers vous écrase de ses bras, quand chaque amitié, chaque passion révèle les douloureux souvenirs de la mémoire.

Cleo n’est que son pouvoir, il n’est littéralement que ça. Piétiné par les relents nauséeux de ce qu’il n’est pas, perdu dans les milles circonvolutions de ce qu’est autrui. Toujours à trafiquer, à bricoler sans cesse pour s’épargner la vie des autres, quitte à se replier au plus possible.

Oh il n’a pas toujours été comme ça, il se souvient d’heures lumineuses, quand il attrapait ses amis à bras le corps, quand il avait encore l’énergie pour embrasser, caresser. Mais depuis la porte close de sa chambre s’est refermée sur lui comme un vampire dans son cercueil. Il a lentement ciselé, attaqué, tous les liens qui pouvaient le pousser à rencontrer autrui.

Il est sarcastique bien sûr, grossier, les yeux ouverts sur ce qu’est l’humain. Oh ne vous attendez pas à vous dissimuler à lui. Il y a dans l’acier de ces prunelles quelque chose qui vous déshabille, il sait presque tout. Il aura suffi que vous l’effleuriez, qu’il vous taquine la pulpe des doigts et soudainement il sait.

Deux billes rondes ouvertes sur la vivacité de la nature humaine

✤ Occupation diurne Oh, il a étudié l’art quand même, il connait quelques trucs. Quitte à être lié aux morts, autant y aller jusqu’au bout.
De fait, il est guide dans le musée d’Histoire et d'Art de la ville. Il passe ses journées, le dos collé au mur, à regarder les auras des gens. De longs paris personnels à deviner le prochain connard à foutre le doigt sur une œuvre.
Il a son rituel, un peu autiste. Toujours un peu en retard, les mains blanchies, à attendre le brief du matin. Puis ces heures à surveiller la foule. Parfois quelques visites, quand sa boss considère qu’il n’a pas trop l’air ahuri.

Il aime bien les objets, ça n’a pas de vie, c’est mort. Et puis le musée a toujours de nouvelles collections à présenter au public. Il aime bien faire des visites, mais il ne les travaille pas vraiment et il est particulièrement chiant. Il perd toujours la moitié de son auditoire en route, souvent attiré par un autre guide faisant mieux son boulot. Parfois, il travaille aussi pour les nocturnes. C’est sympa, les gens sont plus calmes, mais ça a le désavantage d’attirer les CESS.

✤ Manies, habitudes & goûts Cleopatra est maniaque, au vrai sens du terme. Il lave, récure, nettoie sans cesse. Depuis quelques années, cette maladie est passée au cran supérieur depuis qu’il utilise de la Javel. Tout y passe. Ses vêtements sont tâchés de reliquats de White Spirit, ses mains sont craquelées par l’effort et il tousse comme un forcené.
Une fois, en posant sa main sur une vieille commode, il a senti la vie des bactéries. Et il est prêt à payer cher pour ne jamais revivre ça.

✤ Capacité Il y a quinze ans, presque jour pour jour. Quinze ans que ça lui colle au cul.
Ce qu’il appelle la lucidité, ce qu’on lui a dit s’appeler le Flashback

D’un simple contact, même à travers le tissu parfois, il reçoit des lambeaux de la mémoire de quelqu’un. Ce n’est pas contrôlable, ça lui cause des souvenirs atroces et des migraines interminables. Chaque contact avec un être vivant, humain, animal ou végétal est une torture. Chaque impulsion électrique lui envoie des images directement dans les yeux. Ce n’est même pas qu’il a une vague idée du flashback, c’est qu’il le sent dans sa chair, il le vit.
Ce sont toujours de reliquats, toujours peu flatteurs pour la personne les possédant. Certains médiums lui ont dit qu’en travaillant sur lui-même, il serait capable de chercher quel souvenir il veut voir.

Mais.

Il ne l’a jamais accepté, n’a réussi à le maîtriser que dans une infime mesure. Désormais, il peut se fermer suffisamment pour ne pas craindre le contact à travers un tissu et ne pas se laisser entrainer par les peaux mortes emprisonnées dedans. Mais choisir, faire preuve de volonté avec ce fardeau, c’est impossible. Le surprendre l'empêche de se fermer suffisamment. Il espère toujours un jour être normal. Pouvoir, juste, ne pas passer pour un autiste fini quand quelqu’un essaye de lui serrer la main et qu’il sursaute comme un forcené.
C’est un putain de pouvoir de merde.

La bonne chose dirons-nous, c’est qu’il ne voit pas les esprits. Sa peur a pris le dessus depuis longtemps et il s’est suffisamment aveuglé pour que ça finisse par disparaître. Les auras par contre, sont vives et brillantes. Il ne voit même presque plus les couleurs normalement car son pouvoir de Flashback le pousse aussi à deviner les auras du règne vivant. Les plantes et les animaux sont d’un noir grisé.
Mais rien n’est plus comme avant. Il a toujours les yeux écarquillés pour essayer de deviner ce qui peut se passer devant lui au milieu de ce fatras de couleur.

✤ Convictions Cleo ne sait pas trop, l’avantage c’est qu’il a pu rester dans l’ombre, les médiums n’ayant pas été tellement touchés par la révélation. Il ne craint pas les CESS, ou pas plus que tout être vivant. Il n’a pas du tout envie de se faire exploser par un gros bourrin au détour d’une ruelle mais il n’a pas la force de quitter la ville. Ici, ces vieilles habitudes lui permettent de garder un semblant de santé mentale.
Oui, s’il devait choisir, il dirait qu’il préfère maintenant. Il a l’air moins taré, il peut à la limite dire qu’il est un CESS quand il a envie que les gens lui foutent la paix et surtout, enfin, les auras ont un sens. C’est plutôt pratique de savoir précisément qui est qui et c’est rassurant.
Ouais, c’est la seule fois où le bon vieux temps n’est pas mieux que maintenant.

✤ Signes particuliers
Son prénom particulier lui vient de Gabriel Lewis qu'il a côtoyé il y a 8 ans. Ils se sont vus régulièrement pour des affaires d'informations et ils se sont liés d'une amitié particulière. Lorsque les choses ont mal tourné et que le vampire s'est dit qu'il allait aller voir le monde, il a laissé un cadeau. Lors du dernier jour, Gabriel a utilisé son pouvoir de domination pour lui implanter ce nouveau prénom. Cleo sait qu'il ne s'appelle pas vraiment comme une reine d'Egypte mais il ne peut plus se présenter que sous ce nom. Chaque fois qu'il essaye de dire Terrence, Cleopatra sort de sa bouche. Il a finit par s'y habituer.

Il se souvient encore, de la texture d’une couverture sur ses épaules, de la main caressante qui lui flatte l’échine. Il se souvient de l’émotion d’un souffle sur la peau, de la chaleur solaire d’un contact.

Il se souvient être dans sa chambre, rien d’exceptionnel. Il joue avec sa petite sœur, elle lui donne des jouets, il les range méticuleusement. Elle est belle sa petite sœur, elle est encore jeune mais elle a les cheveux noirs et la peau mate de leurs parents. Bien que né en Amérique, il sait que sa famille est égyptienne, que son nom de famille est celui que son père a gagné en entrant en Amérique. Coule déjà dans ses veines le goût de la fuite, de deux êtres effrayés qui fuient la dictature démocratique de Moubarak. Ils veulent plus, ils veulent une vie. Terrence, Limia et Scott leur grand frère sont le fruit de cette fuite. Ils sont nés en Amérique, dans un pays qui ne garde pas le même président pendant 20 ans.

Et il se souvient, de sa mère qui rentre dans la chambre et qui lui caresse l’épaule.
Le premier flashback.
La toute première fois qu’il a vu.
Il est sur un bateau, il fait froid et nuit, il fouille dans son sac pour vérifier que son visa est toujours en place. Il est stressé. Il a peur d’être bloqué à la frontière. Et à côté de lui, il y a son père, qui le serre dans ses bras. Le ? Pour quelques secondes, il est sa mère. Il est l’angoisse d’être déraciné.

Quand il reprend conscience, il est par terre. Et sa mère le secoue pour le réveiller. Attends, ne me tou..

Il est sur le sol Américain, ça y est. Ils ont passé la frontière. Tout va bien, le sentiment est merveilleux.

Cleo ouvre les yeux, son père est dans la pièce. NON, ne me touch..

Il est devant un guichet, une banque peut-être. Il vient de se faire avoir au marché noir, il a échangé une grosse fortune contre des faux dollars. Et le guichetier se moque de lui, imite son accent.

Sa mère pleure un peu. Mais maintenant où quelque part dans des souvenirs d’avant sa naissance ?

Les secours sont dans la pièce, un gros pompier le soulève avec ses gants.

Il a le sentiment de sentir toutes les personnes que ce mec a pu toucher. Il voit tout.

Soudainement, il a les yeux grands ouverts Cleo.
Jamais refermés.

Des longues heures à l’hôpital, à attendre un diagnostic. C’est juste une crise d’épilepsie, tout va bien.

Grand ouverts les yeux.
Et jamais refermés.