✤ Traits de caractères Élevée pour devenir quelqu'un autre que celle qu'elle est aujourd'hui, pour devenir plus que les autres, Tsuneko a reçu la plus stricte des éducations japonaises. C'est une personne cultivée et intelligente, faisant preuve d'un grand sérieux dans son travail, qu'elle met un point d'honneur à effectuer toujours avec la même rigueur et la même attention. Elle est obstinée, sait faire la conversation aussi bien avec une personne proche qu'avec un inconnu, bien qu'elle mettra alors une certaine distance entre elle et son interlocuteur, allant de la plus élémentaire des courtoisies à la légère et parfois feinte indifférence, et parfois au mépris pur et simple.

Néanmoins, Tsuneko reste une personne assez réservée, relativement fermée aux autres, et très peu exubérante. Son sérieux, et parfois sa sévérité, peuvent en faire quelqu'un de froid, n'aimant pas particulièrement être dérangée pendant son travail, y compris par ses supérieurs. Elle ne se dévoile que très difficilement aux autres, préférant mentir, ou s'arranger une forme de vérité comme elle aime à se le dire, pour éviter de trop en dire sur elle. Les événements de sa vie passée ont façonné la personne qu'elle est devenue, bien plus que toute autre chose. Sa naïveté parfois candide a déjà failli la perdre, et s'il lui faut se couper des autres pour ne pas subir une nouvelle fois ce qu'elle a déjà subi, elle n'hésitera pas à le faire.

Hors de son travail, elle ne change pas de manière significative, mais son caractère semble un peu plus adouci. Et, même si elle ne l'avouera jamais, elle a une peur panique des araignées.

Mais Tsuneko peut changer du tout au tout en certaines circonstances, et montrer un tout autre visage que celui qu'elle arbore habituellement. Quand elle est en manque, son masque se fissure, et elle ne devient plus que l'ombre d'elle-même. Elle offrirait n'importe quoi, quitte à s'offrir elle-même, pour combler ce vide qui constamment ne cesse de vouloir s'emparer d'elle.
✤ Occupation diurne Arrivée depuis peu aux États-Unis, Tsuneko a repris le travail qu'elle exerçait déjà au Japon, et ce, malgré le désaveu de son père. Elle nettoie les scènes de crimes, s'occupe de faire disparaître les traces, de faire disparaître le sang. Il lui arrive aussi d'assister à quelques rares occasions aux autopsies des morts, mais la plupart du temps, elle ne les voit qu'une fois sur la scène de crimes. Mais si cela s'arrêtait là, Tsuneko ne serait qu'une personne on ne peut plus normale, un individu fondu dans la masse. Mais à force de mauvaises fréquentations hasardeuses, son métier a fini par attirer l'attention de la Mafia. Et bien qu'elle refusa au départ, elle finit par accepter, bien que cela ne soit pas le fait de menaces qu'elle aurait pu recevoir. Au delà de l'argent qu'elle peut se faire, c'est pour une raison tout autre qu'elle se jeta d'elle-même dans la gueule du loup. En acceptant de travailler pour la Mafia, elle s'accordait un accès direct aux causes de son manque...

En dehors de son travail, Tsuneko est une personne relativement simple. Elle ne s'entoure pas de luxe, d’œuvres d'art inestimables, ou de vêtements de couturier. Elle aime le confort simple et sans fioriture, dans la plus pure tradition japonaise. Elle aime la musique au goût légèrement surannée des années 20 ainsi que celle de l'après-guerre, ses voix quelque peu grésillantes, ce son un peu abîmé. Elle ne regarde pas la télé, ne s'occupe que peu des affaires du monde, ne scrutant que d'un œil légèrement curieux les grandes décisions prises par les dirigeants. Elle préfère se plonger dans un livre, qu'il s'agisse d'un roman ou d'un vieux grimoire. Elle aime les plaisirs simples et sa tranquillité, et est une fervente adepte du thé.
✤ Manies, habitudes & goûts Tsuneko aime la lecture et la musique des années 20. En bonne japonaise, elle aime le thé, et à une connaissance parfaite des rites de la cérémonie du thé. Il s'agit d'une des rares choses qu'elle aime à préparer pour d'autres qu'elle, sans aucune volonté de montrer une quelconque forme de supériorité, mais pour le simple plaisir de partager ce breuvage qu'elle aime temps dans le plus pur des silences. Elle aime aussi à pratiquer la calligraphie, bien qu'elle fasse cela bien plus rarement depuis son arrivée aux États-Unis.

Elle n'aime pas particulièrement parler sur son lieu de travail, en particulier quand elle n'engage pas elle-même la conversation, fervente adepte du ''si tu n'as rien à dire de gentil, alors ne dis rien'', mais se montre bien plus ouverte en dehors. Elle aime néanmoins sa solitude et n'aime pas être dérangée.
✤ Magie utilisée Tsuneko a du sang de sorciers coulant dans ses veines, et ce, depuis aussi longtemps que cette dernière existe au Japon. Que se soit du côté de son père ou de sa défunte mère, ses ancêtres ont toujours été des pratiquants d'une forme ou d'une autre de magie, quelle soit disparue, ou quelle est évoluée. Depuis qu'elle est en âge de comprendre et de lire par elle-même, Tsuneko a reçu une formation approfondie et extrêmement complète de la part de son père en matière de magie noire et autres arts occultes. Elle est donc une sorcière, comme l'était sa mère, et comme l'est toujours son père. Formée pour devenir une sorcière noire, Tsuneko est par la suite devenue une pratiquante de magie rouge, après qu'un homme, que son père assassina par la suite, l'ait détourné de sa voix et lui fit emprunter celle de la magie du sang. Elle s'y enfonça si profondément et si rapidement qu'elle en devint dépendante, et ce fut cela qui provoqua le schisme entre son père et elle.


L’Innocence : le sang de Tsuneko, emprunt de reliquat de magie noire et de la puissance d'une magie rouge encore naissante et donc parfois incontrôlée, possède et certain effet, temporaire et dépendant grandement de la personne en face, lui permettant de faire oublier, l'espace d'un instant, le caractère étrange de certaines de ses actions. Pour cela, elle doit faire boire ne serait-ce qu'une goutte de son sang à la personne qu'elle souhaite détourner. Mais cette façon de faire peut se montrer particulièrement difficile à mettre en place, et bien que cela agisse moins vite mais se montre pour autant tout aussi ''puissant'', il lui suffit de faire entrer son sang au contact de la peau d'un autre pour que sa magie opère. C'est pour cela que plusieurs de ses doigts porte constamment la marque de coupures, récentes ou anciennes, et que l'un d'entre eux soit toujours pansé.

Mais ce pouvoir, aussi utile soit-il, reste limité dans le temps, et une rupture du contact visuel ou bien encore une action bien trop suspecte mettra fin à l’Innocence.

L'Absorption : Tsuneko possède une affinité particulière avec le sang, peut-être dû à la précocité de sa magie rouge ou de la dépendance au sang qu'elle a développé, mais elle est en mesure de contrôler, de manipuler, l'écoulement du sang. Particulièrement utile pour le versant illégal de son travail (qu'elle se refuse d'ailleurs à utiliser en public), et qui consiste à effacer toute trace que pourrait laisser la Mafia derrière elle, elle peut donc absorber directement le sang d'autrui, dans une certaine quantité, et principalement pour combler son manque. Mais elle peut également se servir de ce pouvoir pour le récupérer, et le garder dans de petites fioles dont elle ne se sert qu'en de rares et désespérées circonstances. Cela peut également lui servir à atténuer l'écoulement de sang d'une blessure, ou tout au contraire, à l'accélérer. Néanmoins, plus la quantité de sang à contrôler devient grande, plus elle s'épuisera et son pouvoir peut alors risquer à tout moment de lui échapper. Il lui est aussi impossible de provoquer l'écoulement du sang d'une plaie qui ne serait pas ouverte, d'un sang qu'elle ne verrait pas par elle-même.

La Brume : le pouvoir le plus complexe mais aussi le plus puissant qu'elle possède. Au prix d'un effort physique et mentale pouvant tout aussi bien la perdre que la sauver, elle peut forcer son contrôle sur le sang jusqu'à pouvoir en altérer la forme et la matière. Elle peut alors le faire légèrement voleter et le transformer en brume rougeâtre, qui agira alors presque de la même manière qu'une bombe lacrymogène et fumigène. La brume altérera les sens de l'autre, ''s'attaquant'' à sa vue et à son ouïe plus particulièrement, et cachera Tsuneko à sa vue pendant un court laps de temps. Elle n'a à ce jour utilisé qu'une seule fois ce pouvoir, alors qu'elle se faisait surprendre à nettoyer les traces de la Mafia sur une scène de crimes particulièrement macabre. La grande quantité de sang qu'elle transforma ce jour-là faillit la tuer sur le coup, mais elle peut traîner sa presque carcasse suffisamment loin pour s'échapper. C'est pour cette raison qu'elle se refuse à l'utiliser, sauf en cas d'extrêmes nécessités, car cela consume en une fraction de secondes la quasi intégralité de ses forces, en plus de grandement fragiliser son esprit et ainsi risquer une crise de manque qui pourrait la tuer.

La mort de sa magie noire a rendu totalement inutile tous les sortilèges et rituels que son père lui avait enseigné jusqu'à ce jour, et hormis les maigres pouvoirs de magie rouge qu'elle possède (et que cet homme lui a enseigné directement), il ne lui est plus possible, hormis dans le cas de l'Innocence, de faire appel à tout rituel ou sortilège affilié à la magie noire, et ses connaissances en magie rouge se limite à quelques grimoires et à ses seuls pouvoirs. Elle en connait les bases de la magie du sang, comme tout mage rouge, mais sa ''formation'' s'est surtout axée sur la triade de pouvoirs qu'elle possède.
✤ Convictions Avant la Révélation, le secret était déjà de mise pour les gens comme elle. Elle aimait ce goût de l'interdit, ce sentiment de faire quelque chose que le monde entier répugnait à accepter. Et surtout, surtout, elle pensait n'être qu'une des rares élues à faire l'expérience d'un tel pouvoir. Mais depuis, les choses ont changé, et elle a payé le prix de sa naïveté passée. Son monde s'est soudain agrandi, et ce, à son grand déplaisir. D'autres comme elle se manifestaient, et la relative sécurité de l'inconnu dans lequel elle évoluait s'évanouit aussitôt. Elle fit tout pour cacher ses talents, et continue encore de le faire aujourd'hui. Seul son colocataire semble se douter de quelque chose la concernant, mais le visage impassible de ce dernier ne lui est d'aucune aide.
✤ Signes particuliers Tsuneko est une personne relativement simple. Elle ne prend pas plus soin qu'une autre de son apparence, même s'il lui arrive de changer régulièrement de couleurs de cheveux, pour d'autres raisons que celle de la simple apparence. Elle possède quelques tatouages, un qu'elle s'est fait au Japon, une série de caractères en katakana et hiragana qui courent le long de sa colonne vertébrale, ainsi que deux rouages, eux faits aux États-Unis, qu'elle porte sous l'oreille droite.

Il convient aussi de parler de son père, Matsumoto Takanori.

Il est un homme d'affaires, influent et puissant, patron d'une multinationale. Il représente l'archétype de la réussite à la japonaise, basé sur un sérieux forçant l'admiration et une volonté de fer de s'élever au plus haut. C'est un homme droit et respecté, aucunement condescendant, et soucieux autant du bien-être de son entreprise que de celui de ses employés.

Il passe pour un père aimant et humble, en particulier depuis la mort de sa femme, Chie Mori.

Mais il ne s'agit là que de la face public de cet homme.

En réalité, il ne diffère pas réellement dans son attitude, mais ses activités sont tout autre. Il est en effet un mage noir, tout comme sa famille l'a toujours été, tout comme sa femme l'était également. Il est le maître d'un groupe réunissant sorcières et sorciers noirs de tout le Japon, faisant de lui l'un des êtres les plus influents de la capitale, Tokyo. Les ramifications de son groupuscule tendent à s'étendre vers les autres grandes villes du pays. Son but est de devenir l'ombre du Japon, en restaurant les anciennes religions, et jouant sur le courant nationaliste que traverse son pays en ce moment.

Enfin, Tsuneko a développé une dépendance à la magie rouge et au sang. D'une manière bien moins violente que la soif que peuvent connaître certains vampires, elle a besoin d'un contact plus ou moins régulier avec le sang, seulement à même sa peau, voir aller jusqu'à en ingurgiter de petites quantités, pour nourrir la magie du sang qui l'habite et qui cherche à se nourrir d'elle. Elle ne sait comment une telle dépendance a pu naître en elle, mais elle pense que c'est, en quelque sorte, la ''mort'' de sa magie noire et la ''naissance'' de sa magie rouge qui a pu provoquer une telle chose.

She is Bizarre. (1992 - 2011)

Ma fille. Pourquoi lui ressembles-tu tant ? A cette être qui était ma femme, à cette femme qui n'a pas eu le temps d'être ta mère. Elle est morte peu après ta naissance. Elle était malade, et mon influence, mon pouvoir, qu'il soit matériel ou arcanique, n'a rien peu changer à cela. Mais elle a toujours lutté pour toi, pour avoir la chance de te voir venir au monde. Mais cette chance n'a duré que quelques heures. Tu as tout d'elle, et rien de moi. Comme si les Dieux avaient fini par entendre mes prières, en faisant de toi le portrait de celle que jamais plus je ne verrai. Tout chez toi me renvoyait à elle. Ta gentillesse, ta douceur, ton rire. Tu étais une enfant, loin encore des vicissitudes de ce monde, et de la pourriture qui le souille.

Puis tu as grandi.

Je t'ai façonné pour que tu sois comme moi. Forte et fière, exemplaire. Très tôt, tu t'es montrée douée dans tout ce que je t'enseignais, dans tout ce que l'école t'enseignait. Tu étais l'intelligence même, la passion dévorante, la soif de connaissance. Puis, vint le jour ou je te fis part de cette autre versant de moi. Cette part d'ombre, mais qui compte bien plus pour moi que le spectacle fantoche que je livre chaque jour. Et peut-être fusse là ma plus grande erreur.

Je voulais faire de toi mon héritière pleine et entière. Tu m'aurais succédé au sein de notre entreprise, tu serais devenue une mage noire plus douée que je ne l'aurai jamais été. Mais tu as changé. Ou plutôt, je t'ai changé. Plus je t'enseignais mes secrets, plus ta personnalité s'étiolait, comme-ci la vie que je te façonnais ne te suffisait plus, ne comptait plus pour toi. Tu te contentais d'apprendre et de hocher la tête, comme l'enfant obéissante que tu étais. Tu étais douée, oui. Mais tu n'étais plus la même. Tu devenais distante, et malgré ton jeune âge, tu semblais ne plus avoir besoin d'un père, ne plus avoir besoin de moi. Tu étais devenue une autre, étrangère au monde et aux autres, étrangère à toi-même, étrangère à moi.

Tu es devenue bizarre.

Puis tu m'as déçu.

Comprenant que je te perdais, que mes enseignements, mon objectif, te devenaient indifférents sans que je n'en comprenne la raison, j'ai changé à mon tour. Nos disputes, mes cris, et ton ignorance me hantent encore aujourd'hui. Tu es à la fois ma plus grande joie ainsi que mon plus grand regret. Celle de t'avoir pour fille, celui de ne jamais avoir compris pourquoi et quand je t'avais perdu.

(lettre écrite par Matsumoto Mori, que jamais il n'envoya).


Death to Traitors (2011)

Elle partait le retrouver. Une nouvelle fois. Lui. Cet homme qui peu à peu, changeait sa vie. Elle ne savait ce qu'elle lui trouvait. Ou plutôt, elle refusait de le savoir. Elle se laissait porter par son instinct, par ses sentiments. Braver l'interdit, la volonté de voir autre chose, de découvrir autre chose que la vie à laquelle elle semblait promisse. Mais surtout, il y avait lui. Il avait le même âge qu'elle, la même vision du monde, la même façon de ne pas accepter la voie qui leur était prédestinée. Il était différent des autres, mais il lui ressemblait tellement. Et ses bras lui étaient toujours ouverts quand elle fuyait son père.

Comme elle, il était différent. Il possédait le même genre de pouvoir. Donc il la comprenait. Il comprenait ce que son père voulait qu'elle devienne, le rôle qu'il voulait qu'elle joue. Il comprenait, mais il ne l'acceptait pas. Cette empathie qu'il semblait ressentit pour elle la fit s'ouvrir un peu plus à lui. Elle lui dévoila ses pensées, sa volonté, son souhait de se libérer de la prison de responsabilité et de codes que son père lui avait créé. Il ne faisait que l'écouter, mais ce simple fait lui suffisait. Jamais personne ne s'était intéressé à elle comme il le faisait.

D'une manière totalement désintéressée.

Plus leur relation avançait. Plus elle se confiant à lui. Et plus elle s'éloignait de son père. Il l'avait changé bien plus qu'elle-même ne se l'imaginait. Il l'avait initié, à une nouvelle forme de magie, différente, proscrite, mais terriblement puissante. Celle du sang. Elle s'était montrée étonnamment douer dans cette discipline, coupant peu à peu tout lien avec la magie noire de son père. Et il avait alors fini par lui révéler la propre nature de ses pouvoirs. Celui de relever les morts. Ensemble, ils s'enfoncèrent de plus en plus profondément dans cette nouvelle voie, elle manipulant la vie et lui mort. Ils pratiquèrent nombre de rituels sur eux-mêmes, désireux de renforcer leurs pouvoirs, désireux d'avoir la force de vivre par eux-mêmes, de n'avoir ni Dieu ni maîtres sur cette Terre. Elle fut la plus touchée des deux par la violence de cette nouvelle magie qu'il lui enseignait. Sa magie noire s'estompait à mesure que la magie rouge s'emparait d'elle. Elle finit par avoir sa première crise de manque, alors qu'un rituel particulièrement éprouvant se retournait contre elle, et provoqua chez elle une irrépressible soif de sang.

Le temps passait, et les crises se faisaient plus nombreuses, et toujours plus violentes. Et jamais elle ne remarquait le sourire qu'il dessinait sur ses lèvres quand elle cherchait le réconfort de son étreinte.

Son attitude changea également de manière fulgurante. Elle devint plus indépendante, plus téméraire. Plus prompte à la colère. Plus violente. De multiples disputes éclatèrent entre son père et elle, pour un rien, sans aucune raison valable. Mais il refusait de la laisser partir, elle qui était bien plus que seulement sa fille.

Le soir où elle le vit pour ce qu'elle pensait être la dernière fois, elle ne lui accorda même pas un regard.

Elle partie le rejoindre ce soir-là. Et toujours il l'attendait. Il la serra longuement dans ses bras, alors qu'il comprenait ce qu'elle venait d'accomplir. Elle s'était enfin détachée de la chose qui la retenait. De la seule chose qui la tenait encore éloignée de lui. Elle se tenait toujours contre lui, enserrait dans ses bras, se nourrissant de sa chaleur, se réconfortant de sa présence. Ils restaient là, silencieux.

Jusqu'à ce qu'une voix résonne et brise le silence.

-Tsuneko.

Son cœur cessa de battre pendant un fragment de secondes. Elle se retourna, juste à temps pour voir le canon d'une arme braquée vers elle, et vers l'être qui se tenait toujours contre elle. Le temps s'arrêta, elle était incapable de bouger, alors que son esprit appréhendait l'idée de sa propre mort.

-Mort aux traîtres.

Le coup partit, mais jamais il ne l’atteignit. Quand ses yeux se rouvrirent, elle était allongée par terre. Elle se releva dans un sursaut, la respiration haletante, le cherchant du regard. Une vive douleur lui transperça l'épaule, alors qu'un mince filet de sang s'en écoulait. Ses doigts tremblaient alors qu'elle touchait le liquide carmin. Et c'est alors qu'elle le vit, allongé à ses côtés. Elle s'approcha, comprenant bien trop vite la raison d'être de la marre de sang sous sa poitrine. Elle posa doucement ses mains sur son dos, le secouant doucement, espérant désespérément qu'il se réveille, que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve. Le bruit des pas de son père la fit se relever. Elle ne lui lança qu'un seul regard avant de s'enfuir, figée dans un hurlement silencieux, douloureux.

Et emplit de haine.


With Tears of Blood (2014/2015)

Les États-Unis. La Louisiane. Je me souviens de ce jour, de mon départ. Tu étais là, derrière cette baie vitrée, à regarder, impuissant, ton échec s'éloignait, ta vengeance se préfigurait. Tu me regardais partir, mais tu savais aussi bien que moi que cela ne finissait rien. Mais que tout ne faisait que commencer.

Tu m'as pris la seule chose qui jamais n'avait compté pour moi. Et jamais je ne te le pardonnerai.  Je me nourris de ta rancœur, de ta colère, de l'amertume de tes sentiments, du poison que tu penses porter dans tes paroles. Tout cela ne fait qu'attiser ma haine à ton égard.

Tu pensais me faire revenir en m'avouant une chose que je savais déjà. Il me manipulait, autant que toi tu cherchais à le faire. Oui, je le savais. J'en étais consciente. Il se servait de moi, autant qu'inconsciemment j'ai pu me servir de lui. Il m'a transformé comme il voulait que je sois, l'autre versant de ses propres pouvoir, l'autre verset de sa religion. J'accomplissais ce qu'il ne pouvait accomplir, et en retour, il faisait semblant de m'aimer, de me donner la seule que j'attendais de lui. Tu ne me comprends, je ne le veux pas, autant que toi tu ne le veux pas. J'étais prête à mourir pour lui, à sacrifier ma magie, ma vie. J'ai mutilé mon corps au-delà de toute forme de raison, simplement pour cet amour à sens unique. Je me suis condamnée à cette vie, à cette vie que tu n'as pas choisie.

Mais tout cela, tu me l'as pris. Peut-être as-tu voulu me tuer moi aussi ce jour-là. Peut-être que tu aurais dû le faire.

A mon tour de tout te prendre.

Ce sang. Ce sang si pur qui coule dans mes veines. Ce sang si vif, si rouge. Ce sang que je ne te dois pas. Ce sang que je ne dois qu'à elle. Ce sang qui ne t'appartient pas. Ce sang qui te ronge, qui s'insinue en tout et te dévore à petit feu. Ce poison qui brûle en moi, ce poison qui te tuera.

Jamais plus je ne serai celle que tu voulais que je sois. Je n'aurai de cesse de te fuir, de m'éloigner de toi. Je pourrai vouloir te tuer, mais je veux que tu vives. Je veux que tu vives et que tu me voies vivre, que tu me regardes te décevoir, et récolter la haine que tu as semé en moi. Je vivrai moi aussi, pour voir cette tristesse dans tes yeux, ce chagrin, cette déception, cette colère. Les dernières choses désormais qui nous lient, qui nous réunissent. Je nous condamne à jouer dans ce cercle aussi longtemps que ton sang coulera dans mes veines.

Mes larmes sont de sang.

A présent, tu es mon ennemi.