Manipulateur, sanguinaire, tortionnaire, violeur, tueur, terreur, être doué d'une fine intelligence et d'un sens aigu du non respect des règles. Aleksandr était égocentrique, s'adorait tel un narcisse incarné et n'aurait offert son immortalité pour personne, ou presque. Phase psychotique qui dure depuis quatre siècles, il oublie presque ses origines, sa soeur aimé et son sire chéri. Deux fleurs fragiles dans un vase qui déborde d'un liquide carmin. Ils étaient sa plus grande faiblesse, celle qu'il cachait comme une maladie honteuse. Frustré, mal dans sa peau, il s'exprimait par la violence et trouvait du réconfort dans du sexe débridé, sans attache, malsain et douloureux, transformant partenaires consentant en victimes malheureuses, dont les cadavres finissaient abandonnés au bord d'une route ou enterré derrière son Manoir. Sa vie, avant d'arriver à Shreveport, était simple et réglée comme une horloge. Assassin, il travaillait avec des humains et prenait leur argent en échange de contrats juteux à la hauteur de ses compétences. Froid quoi que cruel, il s'est mainte fois montré maître dans l'art des mises en scènes macabres, adorant frapper les esprits et associer son nom à ce qui provoque une nausée de terreur. Il tuait, parfois seul, parfois avec son ami et vieux compère. Il évoluait, sans véritable attache, prenant des vies sans jamais risquer de donner la sienne, shooté au sang et à l'adrénaline, vampire lambda, stéréotype ridicule, monstre légendaire dont on ne croit pas à l'histoire mais pour qui on se signe, car on ne sait jamais. Aleksandr était ce genre de vampires, celui que les siens envient mais n'osent imiter par peur des représailles, celui que les chasseurs prennent pour cible. Le genre de vampire qui ne fait jamais long feu dans le monde réel...Sans avoir quelques talents à son actif, sans avoir le petit quelque chose en plus qui permet de fuir au bon moment ou de tuer la bonne personne quand il le faut. Alek était une terreur et son nom s'est répandu de l'Europe de l'Est jusqu'aux Etats-Unis.
Vous connaissez tous l'histoire.
Ce vampire a changé. Celui qui était un meneur cruel et dangereux, celui qui ne reculait devant rien et dont l'ambition était de dominer un monde où les humains ne seraient rien d'autre que du bétail pour eux, vampires, êtres supérieurs, celui qui a brisé tant de vies avec le plus grand des plaisirs, celui la...Oui, celui la est tombé malade. Un maux violent, stade final d'un cancer fulgurant qui le ronge jusqu'au cerveau. Le vampire est tombé amoureux...Véritable faiblesse, fatalité perverse, malsain jusqu'au bout des ongles, la relation qu'il entretient avec Lorenzo rythme sa vie depuis leur première rencontre et évolue sur des terrains inconnus des deux handicapés sentimentaux. Leur seule certitude? Ils s'aiment. C'est mal, ils s'en foutent, ils continuent et emmerdent les règles, s'attirent des problèmes et de sales intentions. Ils sont des proies faciles, des cibles mouvantes. Ils cachent leur relation, tout le monde est pourtant au courant. Par amour, Alek a renoncé à ses ambitions, a gagné une maturité qu'il aurait du acquérir au moins trois siècles plus tôt. Par amour, le vampire s'est assagit et a muselé ses bas instincts. Par amour, pour ce maître de la ville, il encaisse et ferme sa grande gueule, continue ses affaires dans son coin et a appris la fidélité. Par amour, il a développé des sentiments qu'il pensait mort depuis longtemps, a appris à prendre mesure de ses actes et à les apprécier d'autant plus. Par amour...
L'amour.
Putain.
Certains vous diront qu'il a trop changé, qu'il n'est plus celui qu'il était jadis. Mignon stéréotype, chef charismatique qu'on adorait suivre et qui pouvait vous convaincre de donner votre immortalité pour une cause tout en vous persuadant que vous étiez un foutu égoïste. C'est cela, la magie d'Aleksandr Konstantinov. Sourire ravageur, gueule d'ange, esprit vicié. Plus il vous fait du mal, plus vous en redemandez. Papillon attiré par un feu dévorant, brûlé en moins d'une seconde. L'amour l'a changé, oui, il a évolué, il a trouvé plus de finesse dans ses émotions, parvient à gérer avec le temps, est devenu plus fort, plus grand peut-être. Il a appris de ses erreurs, s'est penché sur son existence. Remise en question, prise de conscience. Il est peut-être devenu...Meilleur. Mais sa nature profonde ne change pas. Jamais.
Il était jadis un homme très occupé, partagé entre ses délires mégalomane d'un monde asservi, à son image et entre ses activités illicites. S'est ajouté à cela un amant régulier maître de la ville, qu'il prenait en secret jusqu'à s'y attacher et une petite sorcière des plus troublantes. Désormais il est le plus souvent enfermé dans les sous-sol du Danse Macabre à regarder de vieilles séries, à peine habillé, supportant difficilement de croiser son reflet dans un miroir. Il prend parfois des coups de téléphone pour son business et le gère à distance, mafieux jusqu'au bout des ongles, il aime l'idée d'avoir des comptes bien garni et assez de liquidités pour fuir si l'obligation s'en fait sentir. Il s'occupe l'esprit...Voila le but de toutes ses activités. Voila pourquoi, lors de l'attaque à l'hôpital, il a soigné Julian Lannister avec son sang, se liant ainsi à lui, s'offrant un accès à son esprit et à ses rêves. Voila aussi pourquoi il suit Lorenzo comme son ombre et impose sa présence dans les différentes réunions, enquêtent lorsqu'il le faut et propose ses théories. Alek a besoin de s'occuper, pour ne pas se rendre compte des changements qui se sont opérés en lui.
>◘ lorsqu’il est contrarié, il s’acharne à coup de fouet sur une de ses « esclaves »
◘ lorsqu’il est à bout, il prend sa forme de loup et va courir dans la forêt qui entoure son ancien Manoir.
◘ il ne se confie à personne en dehors de Dmitri
◘ il a un portrait de sa sœur, Mircae et lui alors que les deux enfants étaient encore humain. Personne n’est au courant, il le cache dans son bureau sous le Danse Macabre derrière un autre tableau sans importance. Il le regarde tous les ans, le jour de halloween, marquant l’anniversaire de ce qu’il a fais à Natasia.
◘ il aime faire preuve d’innovation lorsqu’il doit torturer des gens, ainsi chaque « invité » reçoit un petit traitement spécial.
◘ le sexe est son médicament, son exutoire, il en a besoin pour continuer à garder une santé mentale plus ou moins correcte. Tout est relatif...Avant il couchait avec tout qui était à son goût, désormais il est fidèle à Lorenzo, peu désireux de perdre sa bite d'un malencontreux coup de ciseau. Hélas, il a des vues sur le corps d'un petit chasseur trop sur de lui, qu'il aimerait posséder pour mieux briser. Il a toujours rêvé d'avoir un chien, et le Lannister-Looser fera parfaitement l'affaire.
◘ il a étudié la sorcellerie de façon théorique, ses parents étaient sorciers, il aurait sans doute eu des pouvoirs s’il n’avait pas été transformé en vampire. Il aime énormément les concepts de la magie noire, et serait capable de tracer des cercles d’invocations –mais pas de les utiliser.
◘ il possède toutes les saisons de Buffy et de Angel. Lorsqu’on lui demande si elles lui appartiennent, il répond dédaigneusement que c’est à Bluenn, mais c’est un mensonge, il les a toutes visionnées et quand il lui arrive d’être tout seul, il se met un des dvds au hasard.
◘ il ne supporte pas les drogué(e)s, il les trouve misérable et leur sang a souvent un goût infecte, à son sens. Paradoxalement, il adore le sang des loups-garous.
◘ il aime tuer de ses propres mains, puisqu’avant il était assassin au service de la mafia russe, le sang est quelque chose dans lequel il aime se salir, voir prendre des bains.
◘ sous sa forme de loup, il lui arrive d’avaler de la chair fraîche et sur le moment il adore…Le problème c’est qu’en reprenant sa forme vampire, il vomit toujours tout.
◘ il aime porter des pantalons de cuir noir, des bottes cavalières à la mode française d’il y a deux siècles et des chemises modernes, noires ou rouges la plupart du temps, quoi qu’il mette aussi du vert pour aller avec ses yeux mais c’est plus rare.
◘ il écoute toujours le disque de Dark Legacy que lui a offert Alessandro du temps où ils sortaient ensemble, et ce malgré tout ce qui a pu arriver entre eux. Entendre la voix de cet être à la fois haït et aimé l’aide souvent à se calmer, même s’il est pris ensuite d’une grande tristesse, surtout depuis que les tensions entre eux se sont apaisées. Cette habitude s'est faite plus rare depuis de nombreux mois.
La question ne se pose pas. Aleksandr a été élevé dans les Carpates, au royaume du prince Vladimir, son oncle. Dans cet endroit, pas une goutte de sang synthétique, uniquement des vampires aimant ce qu’ils sont, aimant boire du sang et se comporter comme de véritables immortels. Déjà en étant humain, alors qu’il vivait avec Mircae, il servait de pomme de sang à son Sire, ainsi, il trouve ça normal et naturel que les vampires se nourrissent d’humains, et les tuent, puisque les humains tuent bien leurs vaches et leurs moutons pour faire un barbecue. A son sens, tout vampire doit être carnivore et ceux qui s’abaissent à boire du True Blood n’en sont pas. Ainsi, il chasse lui-même ses victimes. Le plus souvent, ce sont des femmes car leur sang lui semble plus doux, plus fruité, et il aime mordre entre les cuisses. Cela dit, il lui arrive parfois d’attraper des hommes, lorsqu’il n’a pas le temps de se consacrer à une chasse dans les règles de l’art, mais il est beaucoup moins soigneux avec ceux-ci.
Enfin ça...C'était avant.
Depuis qu'il s'est rendu, Aleksandr est obligé d'imiter son amant et de boire du True Blood en public, lors de ses rares apparitions, bien que la plupart du temps il préfère avoir soif. Il se nourrit pas mal de poches de sang, du véritable sang, dont il fait le trafic et entretient encore une petite cave personnelle dont très peu de gens sont au courant, où il entrepose des humains sur lesquels il peut se nourrir. Notons que sa cave s'est grandement rétrécie depuis qu'il ne doit plus subvenir aux besoins d'une cinquantaine de vampires...
Aleksandr descend de la lignée des Ténèbres, qui est un membre du Conseil. Lignée restreinte dans laquelle les pouvoirs des ombres sont plus que présent, il a développé le don quelque peu anormal de se transformer en loup. Il n’est pas un loup-garou, ou cette espèce d’hybride que l’on peut voir dans les films, non. Il peut simplement se changer en animal et garde normalement toute sa tête, sous cette forme…Normalement. Il faut savoir que le vampire a une bête en lui, pas une bête comme celle des loups, une bête de vampire qui s’en rapproche mais est en même temps totalement opposée. Lorsqu’il s’énerve, lorsqu’il entre dans une rage folle, souvent, il commence à se transformer, à l’image d’un garou, ses griffes sortent, ses yeux changent de couleur et il se met à grogner. Lorsqu'il se transforme sous le coup d'une émotion violente, il tue les personnes autours de lui ou les amoche salement. Peu de gens l'ont vu sous sa forme de loup, beaucoup pensent d'ailleurs que ses pouvoirs sont d'ordre psychiques.
Si ce don est une force, il peut aussi être une malédiction. Un vampire changeur de forme ? Le corbeau, passe encore, mais le loup ? Ca semble tellement surréaliste, surtout dans les Carpates. Quand son pouvoir s’est développé, Vladimir est resté littéralement « sur le cul » et si la rumeur s’est répandue dans la meute locale encore en guerre perpétuelle avec les vampires de ces contrées, l’Ulfrik n’a rien voulu entendre, appelant ce don « pure fable » ce qui arrange Aleksandr…Cela dit, Vladimir l’ayant vu de ses yeux, a émit l’hypothèse que le sang magique dans les veines d’Aleksandr (qui a deux parents sorciers rappelons le) a pu réagir avec le sang de la lignée des Ténèbres et en faire une petite « anormalité » pas si dérangeante que cela. Il lui a tout de même conseillé de ne montrer son pouvoir qu’à des gens de confiance, juste au cas où.
A ses yeux, la vie était plus belle quand les vampires étaient vu comme des légendes terrifiantes, et que les humains tentaient de les tuer avec des pieux en bois sertit de gousses d’ail. Se révéler aux humains, c’était ouvrir une guerre, d’office, car même si le Conseil exigeait qu’ils se soumettent, si tous les vampires s’étaient levés contre les Sept…Et bien disons qu’ils seraient morts et qu’ils auraient pu rester tranquille. Evidemment, la plupart se sont soumis, se sont fais ambassadeur à la télévision, y ont vu une nouvelle source d’amusement, mais pas Aleksandr. Oh, bien entendu, dans le royaume de Vladimir, les humains savent depuis des siècles que les vampires existent, mais là-bas, tout est différent, ils n’ont pas essayé de faire passer des lois, la chaîne alimentaire se respectent, et ceux qui essaient de partir…Disons qu’ils ont renoncé. Ils ont des droits, mais surtout des devoirs, et sont conditionné depuis tellement longtemps que si la peur étreint encore leur cœur lorsqu’un vampire apparaît, s’ils se battent, et bien quitter leurs terres n’est pas une option. Cela dit, comme précisé, le peuple des Carpates n’a rien avoir avec les autres nations du monde, et le vampire se serait bien passé de toutes ces conneries de sang synthétique dont la seule odeur lui donne la nausée, il se serait même bien passé de jouer les révolutionnaires, rester assassin, après tout, c’était une vie agréable pour lui, mais la situation devenait bien trop intolérable, voir cette race se prosterner devant les humains, suivre leurs lois au lieu de celles, ancestrales, de la mascarade…Il se devait de faire quelque chose, et le voilà embarqué depuis deux ans dans un monceau d’emmerdes. Et certes, il est devenu une figure emblématique pour tous les vampires qui se sentaient aussi opprimés que lui, on le craint, on le hait, ou on l’adore, mais…A quel prix ? Un peu trop lourd...Il doit désormais payer son échec, accepter cette honte et se reconstruire une image, une réputation, sur des bases dévastées par un amour trop puissant, trop omnubilant. Si ses idéaux ne l'ont pas abandonné, s'il trouve toujours déplorable de devoir se plier aux lois humaines et d'être à égalité avec eux, il a appris à faire avec et à aider dans l'ombre ceux qui refusent de porter leurs lèvres au goulot d'une bouteille de True Blood. Sans effusion de violence, cette fois...
En sauvant sa sœur Natasia du sacrifice qu’allait être son corps pour un démon, Aleksandr a récolté une énorme estafilade sur le dos, profonde, au point qu’il en garde encore une cicatrice quatre cent et quelques années plus tard. Sur Aleksandr, pas de tatouages, mais bien des blessures, un peu éparpillées, des coups de poignards en argent, des marques de crocs…Son signe le plus particulier étant lui-même, puisque son visage est connu et craint, impossible de passer incognito, même en le voulant très fort et même avec le masque noir qui recouvre désormais son visage. Son physique a marqué les esprits...
D'ailleurs pourquoi porte-t-il ce masque? Un vieil ennemi, loup originel du nom d'Hansel, a trouvé judicieux de le défigurer. Il a ainsi tout le côté gauche du visage déchiqueté, ou plutôt quatre sillons argentés brillent délicatement dans le noir, puisque le loup a poussé le vice jusqu'à lui injecter du nitrate d'argent dans l'organisme. Si Bluenn est parvenue à créer un sort pour empêcher l'argent d'empoisonner son sang, si le corps du vampire s'est adapté à cette nouveauté ce qui le rend beaucoup moins sensible au cruel métal, il l'a chèrement payé et a perdu sa gueule d'ange. Sauf pour les humains qu'il est capable d'hypnotiser...Peu de gens sont au courant pour sa cicatrice, ils se comptent sur les doigts d'une main et il espère que cela restera ainsi. Il n'est pas encore certain de pouvoir assumer d'être vu ainsi et raillé par ses ennemis.

Histoires passées:

Le reflet dans la vitre lui renvoyait l'image d'un masque noir aux pupilles visibles. Yeux vert, teinte délicate, la pupille gauche semble briller plus que sa consœur. Eclat argenté? Il faut s'y attarder pour le déceler. Il s'observe, spectacle macabre, se disant qu'il devrait verser une larme sur ce visage perdu sans toutefois y parvenir. Il ne pleure pas, jamais. Il s'excite, pète les plombs, il tue mais ne verse pas de larmes. Sauf quand son autre le laisse. Son autre...Sale petit con. T'es un sale con, lui dit-il, sans recevoir de réponse. Aleksandr secoue la tête et porte la main à son visage, délicatement. Il ôte ce masque noir, fin, pour le déposer sur son bureau du Danse Macabre. Fenêtre teintée, elle lui sert de miroir. Il a brisé tous les autres pendant sa crise, forme lupine dégénérée aux pattes décorées de morceaux de verre sanguinolents. Côté gauche décharné, quatre jolis sillons argentés qui brillent doucement dans la pénombre, sinistre rappel de cette vie brisée au moment où elle prenait un cours heureux. Il supporte de se voir dans la glace, mais n'y prend plus ce plaisir malsain à se trouver sublime. Narcisse déshérité. Il pousse un soupir et tourne son regard vers le journal, posé sur son bureau. Sa photo est en première page, de même qu'Ariel et Lorenzo. Ils ne se sont pas rendus comptes, sur le moment, trop occupés à élaborer un plan pour entrer dans l'hôpital attaqué, pour raffermir le pouvoir de son autre en aidant ces gens contre les vampires dégénérés, infectés par un virus dans le True Blood. Acte aussi misérable, si pas plus, que s'il avait versé du poison dans les réservoirs d'eau potables de la ville. Alek avait encore cet affront en travers de la gorge et n'assumait pas de sentir cette inquiétude le ronger au sujet d'une petite emmerdeuse aux fesses facilement écartables, qui consommait cette merde synthétique à longueur de nuit. C'est pas mon problème, putain. Ouais, avant, c'est ce qu'il se serait dis.
Les choses changent.
L'article est titré pour faire vendre. Grandeur et décadence. Le journaliste devait être à court d'inspiration et avoir trop forcé sur la picole. Débile...Sous titre: De l'autre côté de la cravache. Allusion à ses orientations violentes, à une certaine vidéo aussi. Toute la ville l'a vue, même si elle a presque deux ans déjà. Le torchon soulève bien des questions. Pense-t-il qu'un masque le rendra méconnaissable? Ironie mal placée, s'il savait...Il avance ses théories: Une punition avisée et finement cruelle de la part du Maître qui en a assez de l'avoir "dans le cul"? Ca l'avait fais rire, jaune. Si pas mal de personnes spéculaient sur la relation renouvelée entre le maître de la ville et l'ancien meneur des vrais, personne ne possédait de preuves véridiques en dehors de leurs proches, ceux qui ne les trahiraient pas. Politiquement, Lorenzo était fragile. Par sa faute mais aussi par la sienne. Leur relation exposée au grand jour stimulerait les poches révolutionnaires qui refusaient d'accepter le changement, de croire en sa rédemption. A dire vrai Alek ne se serait jamais rendu s'il n'avait pas été infecté par l'amour. Stupide maladie.
« T'en a pas marre de lire ce truc? » demanda Dmitri, sortit de nul part. Le vampire ne sursaute pas, inconsciemment il savait que son frère arriverait pour le tirer de ses réflexions. « Ils imaginent que mon masque est un châtiment pour mes crimes. Crimes...Tss. » Son frère acquiesce. « C'est ce que tu voulais, non? C'est pour ça qu'on a répandu la rumeur. » Aleksandr préférait qu'on dise cela plutôt que les gens sachent, voient le carnage qu'était devenu son visage. Il ne voulait pas donner une arme supplémentaire à ses ennemis. Sa belle gueule, son physique, son charisme, tout cela avait contribué à faire de lui ce qu'il était. Il avait tout perdu d'un seul coup de griffes bien placé et n'avait même pas rapporté la tête de son agresseur. Ce moment, cet instant où, pendant une seconde, il avait souhaité qu'Hansel le tue, l'avait profondément troublé. De même que cette quasi certitude: Il en a le droit. Jamais le vampire n'avait pensé que quiconque pouvait avoir le droit de lui ôter sa vie. Pourtant...Alek avait détruit son existence entière. Juste punition pour quelques siècles de crimes abjectes. Le loup originel s'était incarné en vengeur, venant cherché le dû de milliers de gens...Voir de millions. « Je ne veux pas qu'on me voit comme ça... » murmure-t-il, une sorte de fragilité palpable dans la voix. Dmitri le sait, ne relève pas. A quoi bon? Ce frère, il le connaît depuis des siècles, il a été transformé pour lui servir de punching-ball et sont finalement devenu très proche. Ses réactions, il les anticipe et sait combler ses envies. Pour lui, Dmitri donnerait sa vie...Mais ne le laisserait pas la gâcher si facilement. Il s'empare du journal et lit quelques passages à haute voix. Il connaît l'article aussi bien que lui. « Le Maître de la ville pense-t-il qu'une musolière parviendra à retenir un chien aussi dangereux? Putain, j'vais le descendre ce journaliste. » Aleksandr s'observe à nouveau dans la vitre sans teint, caresse du bout des doigts ses cicatrices, prudent à l'extrême. « Pourquoi? Parce qu'il dit la vérité? » Le journal s'écrase, boule informe sur le sol. Mouvement rageur. « T'es le chien de personne, Alek. » souffle-t-il, contenant ses sentiments. Aleksandr sait qu'il n'approuve pas ce qu'il a pu faire pour Lorenzo. Dmitri connaît pourtant le sens du mot amour, mais est persuadé que ce qu'ils partagent n'a rien de comparable. C'est malsain, mauvais. « Il te rend pas ce que tu lui donnes, regarde ce qu'il s'est passé à Londres! Il aurait voulu se suicider qu'il ne s'y serait pas pris autrement. »
En un éclair, la scène change. Le prince des Carpates a sauté par dessus son bureau, vitesse affolante, il a presque disparu dans les ténèbres -conséquences de son lien de sang privilégié avec Lorenzo. Canines sorties, ses deux mains maintiennent ses épaules et appuient si fort qu'un os craque. « Il se suicidera pas. Et s'il essaie, je serais la pour l'en empêcher. A chaque fois. Il a pas le DROIT de crever t'entend?! Et il le fera pas, alors...Alors ferme la, FERME LA! » L'éclat dans ses yeux vacillent, cette peur terrible qui l'a pris lors de leur voyage à Londres est la, bien vivace. La peur de le perdre, la peur de ne jamais arriver à temps. Alek a gagné en maturité, il a appris ce qu'était une responsabilité et il est responsable du bien être de son autre. Il lui en veut, bien sur, pour les risques inconsidérés qu'il a pris, pour ne pas l'avoir mis au courant. Il a la rage, une haine puissante, alimentée par son inquiétude et par son amour. Je peux pas vivre sans toi. Putain...Je peux pas vivre sans toi. Même après plusieurs mois, Aleksandr ne s'y fait pas. Dépendre de quelqu'un à ce point, être capable de donner sa vie pour lui, il n'avait plus rien connu de semblable depuis le soir de son Eveil en tant que vampire. Ses mains se mettent à trembler, il voit le reflet du monstre dans les yeux de son frère et se relève aussi rapidement qu'il l'a plaqué au sol, s'éloigne. Son poing s'écrase dans la vitre noire, ses phalanges ensanglantées sont parsemées de bouts de verre. Il baisse les yeux. « Je m'inquiète juste pour toi. » lui dit-il en russe, et le vampire acquiesce, sans répondre. Que dire de plus? A nouveau, il a craqué. A nouveau, il n'a pas contrôlé son humeur et a manqué de tuer Dmitri. Aller jusqu'au bout? Alek ne sait pas s'il le ferait. Un jour, dans les Carpates, il lui a arraché son oeil et le lui a fais mangé juste pour son bon plaisir. Mais ce petit monstre là, cet enfant diabolique et maléfique, a été muselé, emprisonné. Il est toujours mauvais, dangereux, mais il suffit d'un rien en ce qui concerne son doux poison pour le faire s'asseoir et remuer la queue. Il est faible, si faible...Il regrette presque son coeur glacé. Presque.
Parce qu'au fond, il a tellement gagné. L'Autre est devenu le sang maintenant son corps mort en activité. il aurait pu dire oxygène, mais Alek ne respire pas. Il aurait pu dire coeur, mais le sien ne bat pas. Lorenzo n'est pas simplement un complément vital, il est son autre, une partie de lui-même sans laquelle le russe ne peut plus avancer. Il est son bonheur et causera sa perte. Et lui, imbécile, reste gentiment à attendre. « T'as pas le droit, de me laisser. » murmure-t-il. Il se laisse tomber à genoux, ses doigts plein de sang glissent jusqu'au sol. Il baisse la tête, et se fige. Sa façon à lui d'inspirer, pour se calmer, reprendre contenance.
Putain de sentiments.
Il le déteste. Ne veut pas le tuer, non, juste le détruire, l'éclater, lui arracher les membres et les lui faire bouffer, l'étrangler avec ses propres tripes, le découper, le donner à bouffer à un chien. Il le hait, quand il se comporte de façon aussi ridicule, aussi...Destructrice.
Je t'aime.
Pour toujours.
L'éternité prend tout son sens.