✤ Traits de caractères S'il était question d'une fable, sans nulle doute que Magnus serait qualifié de roseau. Parce qu'il est mou. Mollasson. Le genre de gars qui traîne des pieds, les épaules basses, le regard ennuyé et l'esprit embrumé. Il semble lent - pour ne pas dire attardé -, parce qu'il se contente d'observer le monde extérieur avec cet air nonchalant que n'importe qui vous en parlant ne manquera pas de vous décrire. Mais, contre certaines apparences, le Finlandais est loin d'être un mollusque. Allumez une seule étincelle sous ses yeux et il deviendra fureur. Impulsif. Il l'est remarquablement bien. Le blond est comme un long fleuve tranquille parsemé de nombreux coins dangereux ; un mot de travers et il devient colère. Mais pas seulement. Tous les sentiments de Magnus ont l'art de se manifester violemment, d'une seule fois, sans prévenir. Ce qui peut le rendre assez lourd, en effet. Rajoutez à cela un penchant pour les blagues à deux balles et une taquinerie souvent de mauvais goût et vous en faîtes un emmerdeur professionnel. Mais l’illusionniste est méfiant. A force de côtoyer les reclus de la vie, les malfrats des rues et plus récemment les HA, il a appris à ses dépends à ne faire confiance à personne - ou quasiment.

Des phobies, Magnus en a. Il a même attrapé une série de lubies, de tics et de toques assez surprenants. Il essaye des les dissimuler, il les chasse sans répit mais ne pourra jamais s'en défaire entièrement. Car c'est un fait, le Finlandais est un torturé, littéralement. Un grand malade dont l'esprit peine encore à se remettre des sévices qu'il a enduré. Si le corps du médium s'en est presque entièrement remis, il y a encore du boulot niveau psychologique. Relativement névrosé, avec son côté impulsif en plus de tout cela, les durites que Magnus peut péter sont assez impressionnantes. Mais, si on oublie ce côté assez tourmenté de sa personnalité, on ne peut pas dire qu'il soit un mauvais gars. Enfin, il traîne dans de sales histoires et légalement parlant, il n'est pas clean mais en soi, il a un fond relativement bon, se montre protecteur avec le peu de gens qui lui semblent important autour de lui. Et puis il est toujours partant pour passer la soirée à boire et se défoncer les tympans à coups de gros sons.

✤ Occupation diurne Dessiner. C'est une passion, un métier. Que ce soit pour passer le temps, se perfectionner, une commande ou pour tenter inconsciemment de se soigner, Magnus dessine. Dés qu'il a de quoi écrire dans les pattes, il se met à griffonner partout - c'est un peu obsessionnel, oui. Sinon, il aide Ben dans les tâches journalières du salon de tatouage, range l'appart' quand il devient difficile de s'y déplacer. Ses journées sont souvent calmes, sans grandes surprises, il rencontre les clients, les satisfait ou finit par les remballer. C'est la nuit que les deux médiums vivent le plus. Que ce soit pour traquer et dealer les infos les plus prisées de la ville ou pour faire la tournée de ses bars. Si Magnus sait se montrer sérieux quand il faut parler boulot - mais pas trop longtemps tout de même -, les soirées alcoolisées sont un de ses repères favoris. C'est, entre autre, le meilleur endroit où oublier toutes les conneries qui lui rongent les nerfs et arrêter de se tourmenter l'esprit à s'en donner mal au crâne.

✤ Manies, habitudes & goûts boit plus de bière que d'eau ▬ dessine à la moindre occasion ▬ grignote souvent ▬ fredonne régulièrement ▬ cauchemarde toutes les nuits ▬ insomniaque ▬ aime le metal mais aussi les vieilles chansons finlandaises ▬ aime créer plein d'illusions quand il est seul ou avec des CESS qu'il connaît extrêmement bien ▬ fume ▬ juge le plus souvent en finnois ▬ possède un accent nordique fort prononcé sur certains mots

✤ Capacité Magnus a plutôt bien accepté le fait de voir les esprits, dés son plus jeune âge. Il considérait cela comme un secret à bien garder, étant donné que sa famille n'était pas vraiment apte à l'accepter. Quant à son don, il a dû en faire de même ; vers ses huit ans, tout ce qu'il imaginait commençait à prendre forme autour de lui, si bien qu'il a dû apprendre à le maîtriser assez rapidement, ce qui fait qu'aujourd'hui il l'a totalement sous contrôle. Le seul instant où il ne le gère pas est durant son sommeil ; ses rêves - et plus particulièrement ses cauchemars - se manifestant souvent autour de lui. Magnus est capable de recréer n'importe quoi avec une parfaite ressemblance avec la réalité, cependant ses créations s'envolent en fumée une fois qu'elles heurtent quelque chose de physique. Si l'illusion est très grande ou qu'il tente de la rendre plus solide, il peut se fatiguer très vite et attraper une forte migraine, ce qui lui fait donc éviter une telle chose. Reconnaître les auras lui semble un atout non négligeable et cela lui a souvent sauvé la mise à plusieurs reprises.

✤ Convictions Magnus était un peu récalcitrant face à tout ce remue-ménage et s'est toujours arrangé pour ne pas se prononcer sur le sujet. Il a l'art de rester en retrait des grandes questions agitant le monde, préférant rester dans l'ombre et observer. Car même si Magnus semble parfois hors de tout, cela ne signifie pas qu'il ne suit rien ; bien au contraire, il garde un œil sur tout ce qui se passe, préférant analyser la situation avec précaution ; personne n'est à l'abris de rien. Il en est même la preuve vivante. Depuis ses quelques mésaventures aux côtés des Humains d'Abord, il leur voue une haine sans limite. Cependant, l'homme n'est pourtant pas décidé à aller leur livrer bataille avec détermination. Non. Pas du tout. Il préfère rester cacher, s'emballer un peu sur leur sujet quand il est saoul et se tenir loin d'eux. S'il doit se révolter, il ne le fera pas de lui-même.  

✤ Signes particuliers En travaillant dans un salon de tatouage, on s'attend forcément à ce que Magnus ait des tatouages. Et c'est le cas. Certains sont plus neufs, recouvrant quelques cicatrices plus profondes rappelant à l’illusionniste des moments particulièrement mauvais de son existence. Il ne saura pas les faire toutes disparaître, son corps est marqué par l'encre et les affres du passé. Ceux qu'ils l'ont connu avant sa disparition remarqueront également l'absence d'une ancienne crinière blonde le caractérisant pourtant si bien. C'est que l'homme s'est fait rasé la tête à plusieurs reprises et dernièrement à sa sortie, ses cheveux se résumant à un tas de crasse et de nœuds irrécupérables.

Finlande, Turku. Un jour avant la St-Valentin ( il a bien choisi son moment ), Magnus naquit. Il fut le premier enfant d'Emma et Vilhelmi Rahkamo. En outre, un heureux événement qui couvrit la famille de joie, de bonheur, niaiserie et autres sentiments du genre. A tel point que, quatre années plus tard, ils rééditèrent l'expérience. Les choses se compliquèrent alors quand l'aîné commença à parler de visions d'esprit. On mit cela sur l'émotion de l'arrivée du petit frère sans pourtant omettre de rappeler au gamin qu'il ne fallait pas dire des âneries pareilles. Au risque de se faire brûler vif ( à peu de choses près, le discours ressemblait à cela ). Parce le Finlandais a eu la chance et l'honneur de naître dans une famille chrétienne aux bords fortement extrémistes, à tel point que certains enfants préféraient l'éviter dans la cour de récré.  Deux ans après l'arrivée du frangin, une damoiselle nommée Mia fit son apparition. Le dernier espoir des parents qui voyaient déjà en leurs deux gamins se profiler la déception de toute une vie.

Si Magnus était calme et réservé, et de ce fait, ne causait que peu de problèmes il n'en restait pas moins potentiellement médium. Si ses parents ignoraient l'existence d'un tel statut, ils se doutaient tout de même que quelque chose n'allait pas chez leur aîné ; il était peut-être possédé ou était la réincarnation du mal. Mais à vrai dire, leur attention fut rapidement détournée par le monstre numéro deux de la fratrie. Benjamin était tout à fait normal, il avait déjà plus que cela de son grand frère. Mais dans le genre démon, il faisait fort. Intenable, ingérable, il méritait des claques. Cependant, ne désirant pas avoir les services sociaux collés aux basques, les Rahkamo jugèrent plus saint de l'envoyer chez la sœur d'Emma. La jeune femme, n'ayant pas d'enfant, accepta sans pour autant en être ravie. On lui refourguait tout de même la deuxième calamité de la famille, c'était pas rien. Cette décision déclencha pour la première fois une colère sans nom chez un Magnus habituellement nonchalant et rarement animé de fortes émotions. Les deux frères commencèrent à traîner dans les rues, le seul endroit commun qu'ils pouvaient partager librement. Jusqu'au jour où la tante, après un divorce rondement mené, se cassa aux Etats-Unis, sans vraiment prévenir. On ne jugea pas utile d'en informer l'aîné avant qu'il ne réclame des explications sur l'absence de son frère. Ce fut chaotique. Et rien ne s'arrangea par après.

Mia était, elle, un exemple de vertu. Priant avec ferveur et apprenant toutes ses leçons, la jeune fille était le dernier espoir de ses parents. Magnus était recalé au statut de premier essai, restait dans l'ombre des bâtiments les moins bien fréquentés de la ville et commençait peu à peu à traîner les pattes là où il ne fallait pas. Il était invisible et ne s'en formalisait pas. Au moins, il s'entendait bien avec sa sœur, aucune jalousie n’alimentant son cœur. Après tout, vu la considération que ses parents lui portaient, le jeune homme préférait qu'ils ne prêtent pas attention à son être. Le reste de son existence aurait pu très bien se passer s'il avait continué à suivre ce rythme de vie. Hors, dans une des crises impulsives dont le Finlandais a le secret, ses pouvoirs de médium se manifestèrent violemment. Ce qui lui valut de devoir littéralement se battre contre ses parents, au péril de sa vie. Sans doute est-ce grâce à Mia qu'il survécut, la damoiselle l'ayant défendu dans un élan d'amour fraternel. Il n'en fallut pas plus à Magnus pour se tirer vite fait.

Il fallut trois années à l’illusionniste avant de pouvoir se tirer aux USA. Il a survécu grâce à l'aide d'un barman – Magnus lui proposa de bosser et de dormir sur la banquette d'une des tables. Le gérant lui offrit tout de même une chambre et accepta son aide. Donc, à part un bar et quelques piliers de comptoir, le médium ne quittait pas grand-chose. Tout ce qui lui importait était de retrouver son frère, disparu sept années auparavant. S'il avait quelques nouvelles par la tante, il n'en restait pas moins que Magnus avait vécu dans trois années de silence radio depuis son départ inopiné de la maison. De quoi le faire bien galérer quand, une fois arrivé en Amérique, il voulut mettre la main sur son frangin. Trois ans. Pendant presque trois ans il a écumé les états, a enchaîné les petits boulots merdiques, a tenté de survivre aux mauvais coups qu'il provoquait. Autant vous dire qu'il fut soulagé d'enfin revoir la tête de son frère. Et de pouvoir lui foutre une bonne claque. A peu de choses près. Car Magnus, en retrouvant son frangin, eut la bonne surprise de découvrir ses dons de médium – quel malheur de ne plus pouvoir passer ses soudaines envie de lui en coller une, une vrai tragédie.

Dans le rôle du grand frère bienveillant, Magnus aurait pu gagner la palme d'Or – sans exagération, aucune – s'il n'avait pas finalement craqué aux plans foireux – mais alléchant – du plus jeune. Ce fut un peu dommage, il est vrai, de finir dans l'illégalité alors que le Finlandais avait été déterminé à marcher dans le droit chemin de la justice, y ramenant par la même occasion Ben. Mais les affaires marchèrent rapidement pour le duo nordique. Ils décidèrent de déménager vers Shreveport quand on commença à parler d'elle, installèrent leurs petites affaires – les plus officielles et les plus officieuses – avec allégresse et panache ( enfin, un semblant, on peut le dire ).

Ensuite, ils se marièrent chacun et eurent beaucoup d'enfants turbulents.

A peu de choses près. Tout aurait pu continuer à magnifiquement bien se passer si les vieux de Magnus n'avaient pas décidé de soudainement voir dans l'esprit HA, une mission divine. L’illusionniste ignore comment mais ses parents étaient apparemment débarqués en Amérique et se mirent en tête de mettre le grappin dessus. Apparemment, le sort du plus jeune ne les intéressait toujours pas, à en croire leurs choix. Et quels choix. Loin d'être d'affreux monstres – de leur point de vue tout du moins – le couple Rahkamo croulaient sous le devoir de purifier leur rejeton. Ce qui expliqua – et excusa, par la même occasion – trois années de séquestration agrémentée de torture - par les HA, les parents se contentant de quelques visites de courtoisie de temps à autres. Le médium s'en sortit à l'aide d'un semi-traître inconnu, ayant fait exploser sa geôle secrète. Sans doute le karma du Finlandais se dit-il qu'après autant de moments de souffrance, il fallait se montrer un peu sympa et décida d'enfin le libérer, et même – généreusement – de le sauver. Ce fut Tobias Lust, dans toute sa splendeur de détective privé et de rat fouilleur de ruelles glauques, qui, fouillant les alentours après avoir entendu le vacarme de l'explosion, tomba sur le corps décharné et charcuté d'un Magnus agonisant. L'homme ramena le blessé à son frère – et en profita un peu plus tard pour glaner quelques informations, par principe. L'illusionniste, dans un état médiocre, peina avant de raccrocher avec la réalité, n'ayant même pas reconnu du premier coup d’œil son propre frère.

Et puis les choses reprirent. Peu à peu. D'abord très lentement. En grand traumatisé qu'il était, Magnus rama les premiers jours, tremblant pour rien, tétanisé pour des peurs sans consistance, cauchemardant à peine fermait-il un œil. Mais tout cela s'est estompé, peu à peu. Si Ben n'était pas réputé pour ses capacités de réconfort, ses techniques plutôt personnelles remirent d'aplomb son vieux frère. Et à peine les affaires reprenaient-elles convenablement qu'il fallut qu'un des membres des Humains d'Abord à l'esprit vengeur se ramène telle une fleur dans le salon de tatouage. Comme si les soucis reliés aux HA n'étaient-ils pas suffisant, le médium tua dans un excès de colère impulsive dont il détient le secret, leur visiteur impromptu. Un enterrement inopiné, plus tard, les deux clampins de service ont réussi à survivre, notamment en renvoyant l'épée de Damoclès leur pendant au bout du nez sur la gueule d'un de leurs pires ennemis – qui en fit les frais vu qu'il est désormais mort. Un mal pour un mal, comme on dit. Et c'est d'ailleurs étrange que les deux gus s'en sortent aussi peu mal. L'avenir leur réserve encore bien des surprises – et pas des moindres.