✤ Traits de caractères Décrivez les traits de caractères qui définissent votre personnage, vos qualités, vos défauts, vos phobies, etc… 150 mots minimum.
✤ Occupation diurne Parler aux esprits ne vous ramènera pas de pain sur la table, au mieux vous allez gagner un séjour dans un asile psychiatrique… Du coup, qu'est-ce que vous faites pour sembler normal, vous intégrer à la société… Bref à quoi occupez vous vos journées ? 150 mots minimum.
✤ Manies, habitudes & goûts Listez vos manies, vos habitudes, ce que vous aimez faire, ce que vous n’aimez pas, bref une petite liste pour montrer votre personnage sous son vrai jour. Facultatif
✤ Capacité Quel est le pouvoir de votre personnage ? Rappelez-vous, qu’un seul pouvoir qui ne peut pas être offensif, donc qui est défensif ou informatif. Précisez les points ci-dessous ;
- depuis quand votre capacité s'est manifestée, généralement c'est à l'enfance mais ça peut venir plus tard
- si vous l'avez accepté, dès le début, plus tard ou jamais, si vous l'avez accepté dans quelle mesure le maîtrisez vous, sinon dans quelle mesure votre capacité non maîtrisée vous pourris la vie (car un pouvoir non maîtrisé c'est comme une bombe à retardement).
- Enfin évoquez votre rapport aux esprits, et aux auras que vous percevez, comment vous vivez cela.
150 mots minimum.
✤ Convictions Que pensez-vous de la révélation ? Préférez-vous avant ou après la révélation ? En bref votre opinion sur la question. 150 mots minimum.
✤ Signes particuliers Vous avez un tatouage ? Une cicatrice ? Peut-être qu’il n’y a pas que votre don qui vous rend différent, dites-nous donc ce que c’est. Facultatif.

Quand tout cela avait commencé ? Elle aurait été bien en peine de le déterminer. Tout comme ses parents. Sans doute auraient-ils été capable de pointer le jour exact où leur vie avait basculé, mais l’oubli de ce qui avait un jour été la normalité était sans aucun doute préférable à fin de faire face à ce qui était désormais leur réalité. Sa réalité. Comme pour tous les enfants de ce monde, le noir était source de terreurs. Qui pouvait savoir quels monstres se tapissaient dans l’obscurité, si ce n’était un enfant innocent ? Lorsqu’elle commença à peupler la nuit de ses cris incessants et horrifiés, ce fut comme un univers qui s’ouvrait sous ses pieds. Elle ne le sut pas immédiatement, pas plus qu’elle ne se rappellerait des années plus tard de ce que fut fait son tout premier songe. Première nuit où les cauchemars n’étaient plus ni absurdes, ni si facilement effacés de son esprit. Il était si simple alors de la réconforter. Des larmes séchées par une main bienveillantes, une tendre étreinte, quelques paroles rassurantes glissées à son oreille. Si peu, et pourtant tout ce qui était nécessaire à l’enfant apeuré pour retrouver sa tranquillité d’esprit et se rendormir paisiblement. Mais pour la fillette, la nuit avait peu à peu pris la figure d’une ennemie féroce, indomptable, et surtout invincible. Elle ne pouvait la fuir, pas plus qu’elle ne pouvait lutter contre un sommeil s’emparant inévitablement de son petit corps éreinté. Le peuple des cauchemars avait changé. Plus de fantômes, vampires ou autres sorcières ridées et menaçantes. L’heure nocturne avait laissé place à bien d’autres monstres. Leur apparence était des plus communes, mais ils n’en étaient que plus effrayant par leur banalité. Et leurs actes, ceux qu’elle voyait, n’avaient rien d’ordinaire. Ses rêves n’avaient rien de récits linéaires. Ils étaient plutôt des images, des fragments fulgurants, qu’elle pouvait pleinement percevoir. Ses nuits étaient devenues couleur sang, rythmées par les cris qu’elle entendait, si réels, des cris qui se mêlaient aux siens, provenant du plus profond de ses entrailles. Hurler, frapper, tout pour exorciser cette violence qui la heurtait de plein fouet et lui semblait faire partie d’elle, venir d’elle. Elle ne comprenait pas. Personne ne comprenait. Personne ne semblait pouvoir lui expliquer, ou même le vouloir d’ailleurs.

Le son du réveil sur sa table de chevet semblait marquer une frontière entre le jour et la nuit, les cauchemars et ce qui semblait être la normalité. Face au miroir, elle regarda sa mère discipliner ses cheveux noirs en deux tresses serrées. L’école juive où elle était scolarisée imposait l’uniforme. Un vêtement informe, terriblement terne et sans le moindre attrait. Pourtant, elle l’appréciait. Lorsqu’elle le portait, elle se sentait comme les autres. Normale. Et c’était une sensation des plus précieuses. Ephémère malheureusement. Car sous l’épaisseur du tissu, les marques qu’elle s’infligeait demeuraient, et rien ne pouvait les effacer, si ce n’est le temps. Un temps qu’elle aurait souhaité voir passer plus vite. S’achever. Mais de nouvelles marques remplaçaient à chaque fois les précédentes, et peu à peu, la nuit se mêlait au jour. Les cauchemars n’étaient plus si faciles à oublier. Ils restaient, l’envahissaient toute entière, lui empoisonnaient l’esprit jusqu’à l’empêcher de réfléchir correctement. Ses humeurs devenaient changeantes, sa tête se déséquilibrait. Les images revenaient, sans même qu’elle les invoque. Il suffisait de si peu pour les rappeler. Un geste, une parole, un détail pour tout déclencher. Elle se sentait brutalement perdre pied, plongée dans une immense détresse, revivant la douleur d’autres comme si c’eut été la sienne. Nul être humain ne pouvait supporter de telles images sans en perdre la raison. Mais peut-être n’était-elle qu’un monstre, elle aussi. Qui d’autre qu’un monstre aurait pu être capable d’extérioriser l’horreur la plus totale ?

Ces interrogations survinrent peu à peu, se répandant, empoisonnant jusqu’aux individus qui éprouvaient pour elle une sincère affection. Ses parents la voyaient avec appréhension, avec crainte. Lire la peur dans leurs yeux fut l’une des épreuves les plus terribles que rencontra l’enfant. Avant l’enfermement. Car que devait-on faire ? Le plus raisonnable eut sans aucun doute été de la pousser à rencontrer des professionnels susceptibles de lui venir en aide, de leur venir en aide, avant que la situation ne devienne réellement incontrôlable. Le moment était venu où l’on espérait plus que les choses se tassent. Il était terminé le temps des lendemains meilleurs. Il était nécessaire de faire face à la réalité. Et l’on savait parfaitement ce qu’il adviendrait d’elle si des tiers se trouvaient impliqués. On la déclarerait folle, malade, on la placerait peut-être en institut, chose que ses parents n’auraient pu supporter, autant par amour pour leur fille que par peur des réactions que cela susciterait au sein de leur entourage.
On ferma les portes, les fenêtres, chaque ouverture sur le monde extérieur. La maison serait à jamais un espace de sûreté que jamais elle ne devrait quitter, pour son bien, mais aussi celui des autres. Ainsi, ses travers demeureraient dissimulés, et nul ne les verrait au grand jour. Bien sûr, lorsqu’il fut décidé que désormais la jeune fille serait scolarisée à domicile, on jasa dans le quartier. Mais peu à peu, les racontars finirent par s’estomper, demeurant malgré tout alimentées par les cris d’Ilana, que l’on pouvait parfois entendre raisonner dans la nuit. En ce qui concerne ce qu’il se passait entre les murs, tout n’était que spéculation.

Nul ne lui avait jamais demandé son avis. Depuis le tout premier de ses cauchemars, son existence lui avait échappée. Elle n’était plus une enfant ordinaire. Elle était cette sorte de monstre portant en elle une ombre que ses parents même ne parvenaient à regarder en face. Elle était condamnée à vivre avec des individus la considérant avec appréhension, se demandant même parfois s’ils n’auraient pas souhaité qu’elle n’eut jamais vu le jour. Non, nul ne lui avait demandé son avis. Elle devait se plier à ce que l’on attendait d’elle. A ce que l’on estimait bon pour elle. Serait-ce donc là le meilleur qu’il lui serait possible d’espérer ? La seule possibilité d’avenir qui lui serait jamais offerte ? Quelque part, cette perspective avait quelque chose d’apaisant. Ne pas craindre les regards de l’extérieur, ne pas appréhender les effets que pourrait avoir sa manifeste folie sur les êtres qui l’entouraient. Et pourtant, plus les années passaient, moins l’acceptation lui était facile. Les désirs d’indépendance et de liberté se faisaient sentir. Elle ne souhaitait rien d’extraordinaire. Etre normale eut été suffisant. Mais cela lui était refusé. Elle n’avait que les murs et la porte de sa chambre pour se cogner, se fracasser en un millier de morceaux.

L’enfance passa et s’effaça. Sans même s’en rendre compte, elle se trouva à l’aube de l’âge adulte, avec ses idées et opinions qui ne demandaient qu’à s’exprimer. Ses désirs jusqu’à présent enfermés, refoulés, semblaient désormais prêts à exploser. Ils explosaient d’ailleurs. Cris, disputes, hurlements grâce auxquels elle espérait encore et toujours se faire entendre. La violence qu’elle portait en elle cherchait enfin une porte de sortie et les murs n’étaient plus suffisants pour l’entraver. Elle tenta tant qu’elle put de se libérer de ses liens, de sortir de cette maison devenue sa prison, des tentatives qui n’étaient que fugaces et se concluaient inévitablement par des échecs tous plus douloureux les uns que les autres. Et si elle put les réaliser, ce fut grâce à son ordinateur, unique fenêtre vers le monde extérieur qu’il lui avait été difficile à obtenir. Son besoin d’ailleurs la poussa à choisir une université qui lui permettrait d’échapper à la pression parentale. Elle sentait le danger. Oui, elle sentait que plus que tout, elle risquait de se perdre. Mais c’était plus fort qu’elle. Elle ne voulait plus dépendre de personne. Non, de personne. Et ce fut dans le plus grand des secrets qu’elle s’échina à obtenir son passeport pour la liberté. Elle en vint presque à croire que l’enfermement était la cause de tout. Qu’une fois la porte franchie, elle se fondrait dans la masse. Elle serait l’une d’entre eux, invisible, anonyme. C’était tout ce qu’elle souhaitait. Et bien sûr tout ce qu’elle n’aurait jamais. Mais elle était prête à tout. Y compris à défier les siens. Ses géniteurs tentèrent de la retenir, et ce ne fut qu’au bout d’un long et acharné combat que la jeune fille arriva à ses fins. Elle était parvenue à obtenir une bourse, la clef qui lui permettrait de conquérir sa liberté. Aux yeux de la loi, elle était pleinement responsable d’elle-même et de ses actes. Nul ne pouvait plus la contraindre à quoi que ce fut. Elle était libre. Elle pourrait être n’importe qui.

Elle visait cette normalité, envers et contre tout. Si Bâton Rouge n’avait pu la lui offrir, Shreveport le ferait. Elle serait différente. Tout serait différente, en ce lieu neuf, où nul ne savait qui elle était. Elle avait également décidé de comprendre, et ses études étaient destinées à l’y aider. La psychologie lui donnerait les clefs de ses troubles et lui apporterait les solutions nécessaires afin d’y faire face. Oui, tout irait mieux maintenant. Tout irait mieux.
La chute fut d’autant plus difficile que ses espoirs avaient été hauts placés. En quelques jours à peine, elle se trouva arrachée à l’environnement qu’elle avait toujours côtoyé, plongée au coeur de l’inconnu. Et surtout, seule. Seule avec ses visions, seule avec ses cauchemars. Car ceux-ci, loin de disparaître, n’avaient fait que la suivre à la trace. Elle avait souhaité se réinventer, mais elle se retrouvait face à elle même. Folle, déséquilibrée, étrange. Les qualificatifs ne manquaient pas, ceux qui l’avaient toujours définie. Où qu’elle aille, elle ne pouvait échapper à l’ombre qui lui faisait face. Aux monstres qui envahissaient ses nuits, peut-être les reflets du monstre qu’elle était en réalité. Plus elle s’échinait à en repousser les barrières, plus il lui semblait que celles-ci l’enserraient, l’entravaient, l’étouffaient. Rien ne se déroulait comme prévu et son environnement était plus chaotique que jamais. Les réponses qu’elle avait crues obtenir à travers ses études ne furent que des soupçons de fumée, rien de concret.

Elle poursuivit néanmoins, tant bien que mal. Des centaines de fois elle aurait pu s’en retourner chez elle. Mais revenir sur ses pas aurait été pire que rester. Car, envers et contre tout, l’indépendance qu’elle avait gagnée lui était devenue indispensable, addictive. Après avoir vécu tant d’années dans l’ombre et la solitude, après avoir goûté à l’indépendance, elle ne pouvait que se battre pour la conserver. Elle en vint même à s’essayer aux relations humaines. Amitiés fugaces, amours éphémères, toutes ces choses qu’elle n’avait pu jamais voir que de loin et qui pourtant, malgré sa plongée dans le monde réel, lui semblaient tout aussi inaccessibles. Tant d’années à l’écart du monde avaient laissé des traces, et tout dans ses actes respirait la maladresse et l’incertitude. L’univers social avait ses règles, des règles qu’elle avait oubliées avec le temps et qui lui semblaient aujourd’hui bien loin d’elle. Elle tentait, malgré tout, de se faire apprécier pour ce qu’elle était. Du moins, pour une partie de ce qu’elle était. Car demeurait la nuit. Les cauchemars, les hurlements, les blessures. La nuit qui empiétait sur le jour. Ses humeurs étaient aussi changeantes que les jours qui passaient. Peu à peu, on ne la suivait plus. On la regardait avec méfiance. Avec crainte. On préférait la fuir. C’était sans doute dans l’ordre des choses. C’était peut-être mieux comme ça.

Elle étudiait, elle abandonnait, restait chez elle des semaines sans presque sortir. Lentement, elle avança dans le chaos jusqu’à finalement obtenir le précieux sésame, son diplôme. Cette consécration lui laissait néanmoins un goût d’inachèvement et d’amertume. Entre temps, elle s’était prise d’un certain intérêt pour le droit. Pour cette jeune femme éprise de justice, c’était quelque chose qui l’attirait. Une manière de poursuivre, et également d’échapper pour un temps aux affres de la vie professionnelle, qui lui faisait incroyablement peur. A sa plus grande surprise, elle apprécia bien davantage ce domaine d’étude. Rien n’avait vraiment changé, et pourtant cela lui apportait une raison d’avancer. Etre diplômée ne serait pas aisé. Ses années d’études furent chaotiques, entrecoupées de remises en question de son propre état mental, avec cette interrogation qui la hantait depuis toujours : était-elle folle ? Selon toute vraisemblance, il était probable que tel soit le cas, et cette perspective la terrorisait plus que tout. La folie la guettait, la folie était une partie d’elle qu’elle ne pouvait contrôler. Parfois, elle se faisait peur. Parfois, elle craignait que ses rêves ne soient que l’expression de la violence qui sommeillait en elle. Elle serait le tortionnaire, elle serait l’assassin. Elle serait le monstre.

Alors qu’elle s’empêtrait encore et encore dans le marasme de son existence, sa vie changea d’une manière résolument inattendue, sous les traits d’un homme, Finlay Hawking. Si elle s’était rendue à cette conférence, ce n’était que par intérêt professionnel, sans savoir qu’elle y trouvait les réponses qu’elle avait recherchées durant toute son existence. Alors qu’il exposait à une audience à moitié endormie certains éléments de l’une de ses enquêtes, la jeune femme s’était sentie parcourue d’un frisson glacial. Car ce qu’il exposait ne lui était pas inconnu. Ce qu’il exposait semblait provenir directement de ses rêves. Elle savait que c’était fou. Totalement fou. Et pourtant elle ne put s’empêcher d’aller le voir à la fin de la conférence, de lui parler, et, sans le savoir, de lui donner des informations qu’elle n’était pas supposée connaître. Elle ne comprit pas immédiatement pourquoi elle l’intriguait tant. Jamais, l’espace d’un seul instant, elle n’eut pu imaginer que ses rêves n’étaient pas uniquement des rêves, des reflets de sa folie ou de pulsions dissimulées dans l’ombre, mais des faits, avérés, on ne peut plus réels dans toute leur horreur. Elle ne voulait y croire, et elle ne pouvait imaginer que lui même y croirait. Mais elle déclencha chez lui de l’intérêt. Un intérêt suffisant pour qu’il tâche de la convaincre qu’elle était susceptible de l’aider.

Elle accepta au bout d’un temps de réflexion relativement conséquent. Finalement, elle en était venue à la conclusion que s’il y avait une chance, une seule et unique pour qu’elle ne soit pas totalement folle, elle ne pouvait faire autrement que la saisir au plus vite. Ce moment marqua son entrée dans la BRIS, alors même qu’elle l’ignorait encore. La nature de ses rêves se clarifia, enfin. Elle avait cru que cela signifierait sa libération, mais il n’en fit rien. La violence qu’elle subissait de bien trop nombreuses nuits demeurait tout aussi écrasante, tout aussi douloureuse. Etait-il seulement possible que son esprit y survive ? Parfois, elle parvenait à se convaincre que oui. D’autres fois, il lui semblait pouvoir sentir la folie en elle. Néanmoins, son travail pour la BRIS fut peut-être ce qui fut le plus susceptible de la sauver, lui apportant une raison d’être ainsi qu’une utilité au pouvoir qu’elle haïssait et craignait tant. Avoir la possibilité d’aider l’humanité, la justice lui permettait de sortir d’un quotidien des plus sinistres. Elle avait accès aux parts les plus intimes des êtres qu’elle voyait, à commencer par Kathleen, l’une de ses collègues, dont elle avait été témoin involontaire et indirect du viol des années auparavant. Trois années avaient passé, trois années durant lesquelles il lui sembla avoir trouvé un semblant de but à sa vie. Mais la question demeurait, terrible et implacable : était-elle un monstre tapi dans l’ombre ?