➽ date et lieu de naissance. Alaska le 21 décembre 1989 ➽ nationalité. Américain d'origine irlandaise et infernal ➽ camp. Neutre à tendance démoniaque➽ capacités. Empathie (sexuelle). ➽ classification.Agressif parait-il, pourtant on me désire en général ➽ état civil. Célibataire ➽ lieu d'habitation. Midtown ➽ métier. Archiviste à la SHREVEPORT GENERAL BANK ➽ étiquette qui vous est collée. Je dirais que la vision que vous avez de moi dépend de quand vous me rencontrez. Pour certains, je suis un séducteur et un maître dans l'art de l'érotisme et de la sensualité. De nuit, j'erre et semble être une catin relativement chère ou quelqu'un qu'on doit mériter, pour qui on ferait n'importe quoi. Et pour d’autre, qui me croisent de jour, je suis un jeune homme silencieux, presque timoré qui évite les gens et les contacts physiques. Deux personnalités opposées pour un seul corps. Et de ceux qui me croisent dans diverses circonstances et pour les psychiatres qui m'ont autrefois soigné, je souffre d'un dédoublement de personnalité ou de schizophrénie, c'est selon. Je peux paraître anormale et fou au fond à vous fuir sans vous reconnaître jour, alors que je vous ai outrageusement dragué la nuit d'avant. Pour moi, les choses sont plus simples, il y moi, l'Humain faible et effacé, et la belle et perverse Succube. Deux âmes différentes pour un seul corps. Mais ceux qui savent réellement ne sont plus de ce monde.... Alors disons juste que je suis à double personnalité et un mystère pour vous.

On dit qu'on définit un être par son caractère. C’est curieux d'imaginer qu'aligner des qualités et défauts peut donner une idée correcte et certaine de la personnalité qui nous fait face. On est quelqu'un de bien ou de mauvais en fonction d'un calcule basique, qui prétend dire ce qui est un trait positif ou non de notre caractère ? C'est étrange... Pourtant des années de traitement en psychiatrie m’ont appris que parfois mieux valait savoir mentir pour s'en sortir. J'ai une tendance à préférer la vérité et la sincérité. Mais souvent mes seules défenses furent le silence et la comédie, car parfois ne rien dire ne protège guère des autres. On a dit beaucoup de chose sur moi : schizophrène, perturbé, à double personnalité, dépressif … J’ai parfois eu l'impression d'avoir choppé toutes les maladies mentales existantes comme on peut se choper rhume et grippe dans une cour de récréation. Mais mon passé a forgé mon âme, ma rencontre avec Alouqua aussi. Mon antithèse est ce qui me sauve la mise depuis plus de 8 ans maintenant.

Je suis devenu ou j'ai toujours été quelqu'un de discret et d'introverti. Vous savez je ne vais pas faire le clown ou le mec qui sera au centre de l'attention. Ce n'est plus totalement vrai, mais c'est quand Alouqua domine. Quand c'est moi, je reste ce mec qui se terre au fond de la salle et observe tout en silence, analysant et décryptant chaque chose. J’ai une bonne mémoire, je mémorise beaucoup de chose. Silencieux et timide, je souris doucement et avec un côté embarrassé quand un étranger 'aborde. Mon sourire semble être une réponse passe partout utile. Néanmoins, mon silence n'est pas handicapant, c'est une arme et une protection plus qu'efficace. Malgré mon parcours chaotique, je suis relativement cultivé et curieux. J'aime apprendre, souvent par moi-même via des livres ou Internet. C’est plus simple vu mon passé d'interne en hôpital psychiatrique. Je suis de nature patiente et je m'énerve peu. Je ne suis pas dépourvu de défense physique, ni incapable de renvoyer un coup reçu. Loin de là, quand il le faut je sais me battre. Mais j'ai ce côté serein et zen, je n'élève pas la voix. J’encaisse avec un calme total et imperturbable. Je suis comme ça, immobile et immuable.

Je suis un être brisé et abîmé par la vie, qui ne voit comme issue à tout cela que la mort et l'Enfer. Après tout j'ai vendu mon âme au Diable, où d'autre pourrais-je finir ? On dit que je suis dépressif ou déprimé, c'est selon. Mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer que la vie est chouette et jolie. D'elle, je ne connais que la noirceur et la souffrance. Et pourtant, je n'abdique pas. Je rends les coups, je me défends, je me débats pour vivre et avancer dans les ténèbres. Je n’ai jamais voulu leur donner raison. Têtu je me me suis accroché à la certitude que je voyais les Esprits et que j'avais bel et bien un don plutôt que de me laisser sombrer. J'ai un vague côté combatif. Je vis, je sais que je mourrais un jour, mais tant que je pourrais avancer je tenterais de le faire. Je n'attends pas un mieux ou autre, je ne veux juste pas abandonner ni être lâche. Et c'est en partie ce qui a attiré Alouqua à moi.

Niveau relation, je suis un associable fini. Ne comptez pas sur moi pour vous saluer ou même venir vous parler ou draguer. J'ai assez vécu pour me méfier des autres et limiter mes contacts. Je n’ai pas d’attaches, pas de proches qui ne tiennent à moi ou auquel je tiens. J'ai grandi en institution et famille d'accueil avant de finir dans des hôpitaux psychiatriques jusqu'à ma majorité... J'ai appris à être seul et à l'accepter. Néanmoins, je peux répondre favorablement à une tentative de séduction si je suis assez saoule pour laisser tomber mes barrière. Avec les années, bien avant Alouqua, j'ai aussi découvert que je n'avais pas franchement de préférence sur le sexe de mes partenaires. J'oscille et me retourne sur les fesses d'une femme autant que sur celle d'un homme. Je suis ce qu'on appelle un bisexuel. Loin de sauter sur tout ce qui bouge, j'ai néanmoins eu quelques aventures... Pas forcément longues car je voyage beaucoup et j'ai peur de m'attacher, de faire confiance. Peur de souffrir d'abandon à nouveau et de me faire rejeter. Alors j'use juste de quelques nuits parfois, quand le besoin de chaleur humaine est là au creux de mon ventre. Je ne serais pas contre une vraie relation, mais cela serait seulement possible ?

Et puis, il y a elle qui vit en moi depuis 8 ans. Séductrice et tentatrice au possible, maîtresse en l'art de l'érotisme et de la sensualité. La Succube peut avoir n'importe qui, homme ou femme, homosexuel ou hétérosexuel, sans beaucoup se fouler. Elle a fait de mon corps une arme de séduction, utilisant mon physique androgyne à son avantage, mon air angélique pour dissimuler sa nature démoniaque. Femme de tête, elle n'abdique pas, jamais. Elle est maîtresse et manipule son monde avec l'aisance d'une déesse ténébreuse. Intelligente et cultivée, Alouqua sait comment mener un plan à son aboutissement et à son avantage. C’est une stratège qui ne rate jamais son coup. Imbue d'elle, elle a une forte estime de sa personne et de son rang dans les sphère de l'Enfer. C'est la fille chérie de Lucifer, elle le sait et le fait comprendre. Possessive et protectrice envers moi, elle semble m'accorder du crédit et de la valeur. Elle veille sur mon corps et mon intégrité. Respectueuse de la parole donnée, elle se montre toujours à la hauteur des pactes... Mais ne parlez pas promesses avec elle, ce serait des paroles en l'air, sauf si elle vous promet extase sexuelle et luxure. Comédienne, elle peut être tout ce que vous désirez qu'elle soit... Tant que vous finissez dans son lit, couchez avec elle et lui offrez sans le savoir votre âme. Violente et sadique, l'énerver c'est mourir. À travers elle, j'ai pu voir tant de choses, je sais de quoi elle est capable. Elle se délecte du chaos et du sang, léchant les lames tranchantes qui égorgent ses victimes. Elle ne tue pas forcément. Elle veut juste une nuit, pour glaner votre âme... Mais la menacer, en faire votre ennemie est dangereux. Alouqua est une Lucifuge, une Succube, fille de Lucifer et chérie de lui elle a tout d'une princesse démoniaque, qui étend son emprise ténébreuses sur les âmes mortelles. J'ai une certaine admiration pour l'être extravertie et parfait, séducteur et dominateur qu'elle est. Mon opposé et complément, ma meilleure amie et alliée. Le seul être que j'ai en ce bas monde et qui m'a vu tel que j'étais, avec une importance nouvelle.

Même si Alouqua arriverait sans problème à nous faire loger et entretenir par le plus riche con de cette ville, je préfère travailler par moi-même et gagner ma vie honnêtement. Seulement avec mon don que je maîtrise à moitié et mon asociabilité, il me faut un emploie où j’ai peu de contact. Ma rapidité de lecture et mon amour du papier m'ont amené à postuler pour un poste d'archiviste. Et finalement, j’ai obtenu le job. Du coup, du lundi au samedi midi je travaille à la banque dans le sous-sol, partie archive. Je trie, classe, retrouve, informatise toutes sortes de données. La Succube aime cet emploie qui lui fourni selon elle des informations utiles. J'aime mon travail, l'odeur du papier et le calme du lieu. En prime, je travaille seul donc mon asociabilité chronique n'est pas mise à mal.
En dehors du boulot, j'aime faire certaines choses comme errer sans but, parcourir les rues inconnues ou non de la ville. Je passe pas mal de temps dans les endroits calmes et silencieux comme les libraires ou bibliothèques. Je fais parfois du sport : courses, natation et sport de combat. Vu ma vie, autant savoir se défendre. Je sors aussi, en ayant le contrôle. J'aime la musique, boire un verre et combler le vide relationnel de ma vie en me mêlant à un groupe de fêtards. Parce que parfois, moi aussi j'ai besoin de compagnie.

Le passe temps d'Alouqua est différent du bien. Ses journées, elle les passe à faire dans ma tête des remarques ironiques ou donner son avis. Elle parle toujours ou presque, donnant son opinion sur tout et rien. C’est une présence qui comble le vide de ma vie. Quand elle a le contrôle, sa seule occupation est la séduction. Tomber dans ses filets, la désirer et la posséder ou être possédé par elle, c'est offrir son âme à l'Enfer. Elle dit joliment qu'elle a pour métier de glaner des âmes. Comprenez par là éveiller la luxure et pratiquer des jeux érotiques et sensuels. N'imaginez pas qu'elle se donne à chaque fois, elle peut se faire désirer et ne rien offrir. La drague et le sexe sont ses occupations principales. Mais si vous attisez sa haine, elle peut devenir sadique. Et elle s'y connait en tortures et autres pratiques douloureuses.

Personnellement, j'aime : le chocolat, les bons repas, avoir mon chez moi, les bons romans, voyager, la solitude, mon travail à la banque, l'informatique, la nature, observer mon monde, les longues promenades, les chats et chiens, passer inaperçu, les femmes et les hommes (regarder est toujours un plaisir), l'art (peinture, exposition, musique, cinéma, sous toutes ses formes), le silence et le calme, apprendre par moi-même.
Je n'aime pas : la drogue et l'alcool (je consomme rarement en grande quantité, d'ailleurs il en faut peu pour que je sois saoule), le sadisme, les psychologues et autres, l'intolérance, les remarques homophobes, être le centre de l’attention (je vire au rouge à chaque fois).

Alouqua, par contre, elle aime : séduire, le sexe, l’érotisme, jouer avec son monde, l'alcool, être le centre de l'attention, dominer et manipuler, jouer avec les sentiments, les tortures, le sadisme, le sang, les Vampires, les belles choses, les présents et l'argent.
Elle n'aime pas : être rabaissée, les insultes, qu'on lui dise non, qu'on abîme son hôte, qu'on la trahisse, le sentiment de supériorité de certains hommes, qu'on lui résiste, les chasseurs susceptibles de traquer une Démone.

J'ai toujours eu les pouvoirs de base de tout Médium, c'est ce qui m'a valu d'être traité dans mes familles d’accueil comme un malade mentale et d'avoir suivi autant de thérapies. Reprenons donc dans l'ordre. Je vois les auras. Non, je vous vois venir, rien avoir avec ses halo hyper lumineux, qui enveloppe le corps dans le monde invisible... Ce serait plutôt une vague couleur, qui contourne finement la silhouette ou transparaît dans le regard. Et avec cela, si vous vous y connaissez ou avez une Succube pour invitée, vous pouvez deviner ce qui vous fait face : rouge carmin c'est un Vampire, les tons de verts pour les Lycanthropes et Métamorphes, blanc pour les Humains innocents, rosé pour les Médiums, puis selon le type de magie pour les Sorciers. C’est pratique de savoir s'il faut se méfier ou fuir. Je résiste aussi aux dons d'hypnose des Canaïtes, et encore plus avec Alouqua, qui peut à tout moment prendre ma place. Et enfin, la partie la plus fun selon moi, qui m'a permis de ne pas me sentir totalement seul et de connaître un minimum Maman : je vois, entends et peux communiquer avec les Esprits. Je ne les ai jamais nié ou chassé, je les laisse venir à moi et parfois leur répond à voix haute. De préférence si je suis seul. Ils ont un savoir immense et sont bien plus tolérants que les Mortels. Les Esprits savent que je vais répondre aussi, ils viennent volontiers vers moi pour causer, transmettre un message. Certains m'ont même aidé autrefois.

J'ai hérité d'un don apparu après coup comme tout Médium semble-t-il. Ce don j'ai mis du temps à la maîtriser et pourtant je peux encore déraper facilement. L'empathie, cela consiste à être capable d'influer sur les émotions des autres et de transmettre soit les siennes soit celle qu'on veut. J’ai bien dit émotion car les sentiments eux sont intouchables. Je ne peux rendre personne amoureux de moi ou faire haïr à vie quelqu'un... Je peux par contre vous rendre triste, joyeux, compatissant, furieux... Les émotions directes en gros. Cela fonctionne par le regard ou le toucher, ou simplement si je décide d'étendre mon aura. C’est temporaire, si je m'éloigne cela prend fin. J'ai appris au mieux à maîtriser, gérer et utiliser ce don. Mais il m'arrive parfois de déraper. Si je suis en proie à un sentiments trop violent (douleur, tristesses, colère) je ne maîtrise pas forcément ce que je vous renvoie ni fait naître en vous. Du coup, c'est parfois assez folklorique !

Avec la possession d'Alouqua, mon empathie est devenue plus spécialisée . Elle parle, elle, d'empathie sexuelle. La Succube est capable par sa présence ou le frôlement d'insuffler un désir fort et total pour elle ou une autre personne. C'est une variante de mon don en quelque sorte. Et c'est parfois problématique. Car étant fusionnel si on veut avec elle, j'ai par moment accès à son don comme elle au mien, et du coup quand je frôle un homme ou une femme qui me désire au point de se jeter sur moi ou de minauder de manière embarrassante … C’est toujours assez gênant. Mais Alouqua maîtrise son don à la perfection, et contrairement à moi sait moduler l'intensité : du petit coup de cœur au désir brûlant, qui vous ferait faire n'importe quoi …

Dire que j'ai été étonné que les Vampires et Lycanthropes parcouraient notre monde dans l'ombre serait un énorme mensonge. Soyons réaliste, je suis Médium de naissance, je parle aux Esprits des morts, qui viennent à moi. Et depuis l'âge de 16 ans, je suis possédé par une Succube, un Démon femelle. Alors ce monde-là m'était connu. Ai-je une opinion particulière sur la question? Pas forcément. Je sais éviter les Créatures ténébreuses, et quand je ne le peux Alouqua sait y faire comme souvent. Mais ses proies restent humaines. Je crois juste que tout le monde y a perdu. Certes l'Humanité sait maintenant pourquoi elle craignait tant les ténèbres de la nuit. Mais qu'y a-t-elle gagné ? Ce qui autrefois été canalisé dans l'ombre, s'expose au grand jour … La peur habite les hommes et femmes et le monde tourne toujours. Néanmoins, quand l'ignorance du surnaturelle était de mise tout me semblait plus simple et facile. Alouqua aussi peste souvent contre la connerie vampirique et leur égo plus gros que celui d'un Prince démoniaque... Changer les choses est impossible, aussi je me débrouille pour survivre sans être repérer. Mais peu importe, ce qui est fait est fait. Reste à assumer et à vivre avec cette connaissance et l'opinion que les autres ont, avec les chasseurs qui traquent les êtres ténébreux.

Je suis possédé par une Succube. Selon moi, cela me différencie bien des autres. Je sais que cela donne plus l'image du fou vu de l'extérieure, mais quand on s'y connaît un peu on le remarque. D'ailleurs, vous pouvez en avoir une très brève preuve physique... Sauf que ceux ayant vu n'ont pas forcément survécu. Au moment même où elle prend le dessus, pendant une ou deux secondes, mes yeux virent au rouge carmin. C’est très court, et rapide avant qu'ils ne reprennent leur couleur bleu profond. Mais c'est un petit détail qui pourrait vous donnez une idée de ce que je suis, si vous le remarquez et si vous en acceptez l'idée ….

Alaska, Décembre 1993
Je descends les escaliers en silence, tentant de ne pas me faire remarquer. Si je suis pris, ma tante va se fâcher et je vais être puni demain. Mais les bruits de voix m'attirent étrangement. Maman m'a dit de ne pas aller écouter mais je veux savoir. Je sais qu'on parle de moi. L'institutrice a demandé à rencontrer mon oncle et ma tante après l'école. Ils avaient la tête des mauvais jour en rentrant. Je ne comprends pas pourquoi. Je tourne mon regard vers Maman, elle est là souriante et blonde habillée d'un jeans et chemisier. Elle porte des bottes et une veste en cuir, elle me sourit comme chaque fois qu'elle vient me rendre visite. Je ne sais pas si elle était comme ça autrefois. Je ne me souviens pas. J'ai juste une photo d'elle et elle s'est présentée la première fois qu'elle est venue. Je sais que Maman est partie vivre parmi les Anges peu après ma naissance. On ne me parle jamais d'elle. Mais moi, depuis que je la vois, je parle à tout le monde d'elle. Elle est toute douce et aimante.

J'arrive en bas des escaliers et je m'assied sur l'avant dernière marche. Mes mains agrippent les barreaux de la rampe et je passe ma tête entre pour observer la cuisine. La porte est entrouverte et la lumière filtre. Maman s'installe près de moi et me regarde avec un air triste. Moi, j'essaye de comprendre ce qu'on dit dans la cuisine. Je devine qu'on parle de moi.

*Mon Ange, viens au lit, remonte … *

La voix douce mais désincarnée attire mon regard clair. J’ai les mêmes boucles blondes et les mêmes yeux clairs qu'elle, la même peau blanche. On se ressemble. Je ne peux pas vraiment la tocuher, je sens juste un air frais quand elle me touche. Amis elle me parle et sourit beaucoup. J'aime Maman.

 « Il est comme sa mère ! »Tonne la voix de ma tante. Je sursaute et retourne mon regard vers la raie de lumière sur le sol.

 « Je t'en prie, il n'est pas comme elle. Nolan est juste un petit garçon qui aurait aimé connaître sa mère. Il est orphelin, ne l'oublie pas. » Répond plus posément mon oncle. Je passe un peu plus ma tête à travers les barreaux.

 « Oh non ne joue pas à ça ! Tu sais très bien qu'il est aussi malade qu'elle l'était ! D’ailleurs, tu sais qui est son père ? Il était peut-être encore plus cinglé que sa mère... C'est interné qu'il finira, comme elle quand elle avait 16 ans. Ce gamin est un malade mentale, un schizophrène en puissance ! Hors de quetsion qu'il reste ici, rien ne nous force à le garder. » S'emporte un peu plus ma tante.[/i]

 « Je t'en prie, il n'a que 5 ans... Et c’est le fils de ma sœur...» Répond mon oncle.

Mais je n'en entends pas plus. Je remonte en courant dans ma chambre et je vais ramper sous mon lit en tirant sur une couverture. Je me fais le plus petit possible. Maman est là allongée près de moi avec son regard triste. Ils sont comme les autres, comme ma famille d’accueil d'avant. Maman murmure en frôlant ma joue de ses doigts froids qui laissent l'impression d'un courant d'air glacial d'hiver.

*Moi je t'aime mon poussin, et je serais toujours là... Tu n'es pas fou, tu vois juste l'autre monde, celui des rêves. Je serais toujours là*

Alaska, hôpital psychiatrique pour jeune, avril 2004
 « Nolan tu m'écoutes ? » Déclare la voix neutre du pédo-spychiatre.

Je daigne lâcher du regard la fenêtre par laquelle j'observe le parc entourant l'hôpital. Mes yeux clairs se posent sur l'homme en blouse blanche, qui tente d'afficher un air aimable et avenant, histoire que je parle. Que je parle... Depuis 11 ans, je passe de spécialistes en famille d'accueil avant de revoir des spécialiste ou d'être interné quelques mois. Personne ne me comprend. J'ai un dossier digne de l’œuvre complète de Tolkien ou d'un roman d'Alexandre Dumas... Voire de sa trilogie sur les trois mousquetaires (qui était quatre soit dit en passant). J'ai eu toute les maladies mentales pouvant expliquer même vaguement que je parle aux Esprits. J'ai été bipolaire, schizophrène, souffrant d'hallucination, dédoublement de personnalité … Bref tout ce qu'ils ont pu me coller, ils l'ont fait. J'ai eu autant de thérapies et traitements différents. Je suis bourré de médicaments. Et depuis 2 ans j'ai arrêté de compter le nombre de famille d’accueil, de psychanalyses et autres conneries que je subis en silence. Oui voilà, j'apprends à me faire oublier.

 « Cela ne marche que si tu me réponds tu sais. Nous ne voulons que ton bien. Mais tu dois nous dire, pour qu'on puisse t'aider. » Continue-t-il essayant de paraître compréhensif. Comme tous.

 « Et si je ne veux pas d'aide ? » Je répond, desserrant les dents pour la première fois depuis des semaines. J’ai cette capacité à ne plus croire en l'avenir et à ne plus parler.

 « Tu veux rester comme cela, malade toute ta vie ? Tu ne veux pas guérir ? » demande-t-il, pensant avoir une ouverture avec moi.

 « Je ne suis pas malade. Je suis Médium. Ce n'est pas la même chose. Je peux vous le prouver ... »Je réplique avec un sourire.

Doucement, je me penche au-dessus du bureau. J'avais 7 ans je crois la première fois que mon don s'est manifesté. Au départ, c'était par accident. Subitement les gens ressentaient le même que moi ou devenaient compatissant. C'était involontaire. Et puis avec le temps, j'ai compris. On appelle cela l'empathie. Je le maîtrise mal. J'ai le cerveau embrumés par mes traitements, parfois relativement fort. Alors faute d'avoir toujours conscience, je ne peux le gérer correctement. Parfois mes émotions me dominent et envahissent tout le monde. Mais j'ai appris à l’utiliser. Je me concentre et fixe le médecin. Je visualise un halo qui s'étend depuis moi jusqu'à englober le spécialiste, qui me fixe avec curiosité. Je me concentre sur l'émotion de compassion et compréhension... Lentement, ses traits perdent leur neutralité et un sourire amical apparaît sur son visage sérieux. Je me lève et fais un geste de salut de la main et il me laisse sortir sans réagir. L'effet prendra fin dans quelques minutes et il comprendra qu'il s'est fait avoir par un adolescent perturbé. Mais moi j'ai réussi à gagner 20 minutes de tranquillité au lieu de l'écouter me parler sans fin ou me questionner. Je file dans ma chambre discrètement pour être tranquille et dans l'espoir que Maman y soit …

Nord de L'Alaska, 31 octobre 2005

L'ombre s'étend dans la pièce. Les ténèbres remplacent la lumière chancelante des bougies rituelles. Les symboles sataniques et démoniaques recouvrent le sol et les murs et il y a un cercle fermé sur le sol. L'ombre prend la forme d'un corps féminin vaguement et les yeux rouges apparaissent fixant le sorciers agenouillé face à elle. Un sourire narquois orne ses lèvres et il regarde avec hauteur la démone qui lui fait face. Il vient d'invoquer et d'attirer dans le monde des mortels, une Succube. Créature de Lucifer, une première née et il imagine obtenir son obéissance. Il ignore la nature manipulatrice et dominatrice de la Lucifuge. Il ignore qu'il a visé trop haut dans son arrogance à pratiquer la magie. La forme de nuée sombre, prends le traits séduisant d'une jeune femme rousse qui lui rappelle quelqu'un... Sa sœur peut-être. La Succube joue avec ce que son esprit lui livre et se montre avenante, douce et suave...

 « Offre moi un corps, et je t'offrirais tout ce que tu désires... » Susurre la voix mélodieuse et incroyablement envoûtante. Le sorcier cède doucement, s'approchant du cercle emprisonnant la Succube...

Alaska, 16 décembre 2005

Je relève la tête et fixe mon reflet dans le miroir. J'ai des cernes sous les yeux, la peau encore plus blanche que d'habitude. J'ai l'air épuisé et je le suis. Je dors mal voire pas du tout. Jusque il y a peu je ne me croyais pas fou. Je savais ce que j'étais, un Médium comme Maman. C'était des Esprits qui venaient à moi. Mais depuis quelques jours, c'est autre chose. Il y a cette voix sensuelle et féminine qui chuchote à mon oreille. Mais il n'y a pas de corps, pas de fantômes visibles. Juste cette voix tentatrice qui parle parfois une langue que je ne comprends pas du tout. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je sombre un peu. J'ai peur de ce que je deviens, de vraiment perdre la raison. J'ouvre le robinet et asperge mon visage d'eau. Il fait nuit, alors les couloirs de l’hôpital psychiatrique sont silencieux et paisible. J'ai arrêté mon dernier traitement il y a un mois, mais j'ai toujours un internement temporaire qui prendra fin dans 2 semaines avec les séances de thérapie. Je joue leur jeu. Je ne dis plus rien et fais comme si j'étais normal, que j'avais surmonté mes troubles enfantins.

*Cède moi mon ange, offre moi l’accès de ton esprit... *

Je ferme les yeux et secoue al tête. Encore cette voix inconnue et étrange, aux accents chantant. Comme toujours elle me propose un pacte je crois. Elle susurre à mon oreille des promesses de libertés, de fin de traitements et de protection contre l’accès à mon corps. Je n'ai qu'à dire oui et elle partagera équitablement mon enveloppe charnelle. Une Succube, Alouqua.... C'est ainsi qu'elle s'est présentée. J'ai cherché discrètement ce qu'elle était et j'ai découvert : Démon féminin, tentatrice et maîtresse de la luxure. Charmeuse voleuse d'âme via le sexe... Je suis relativement ouvert mais je me sens perdu face à la séduction que déploie la Succube pour me convaincre.

 « Qu'est-ce que 'y gagne, tu veux m'habiter pour avoir un corps... »Je murmure en fermant les yeux.

* Oh non mon cher, c'est un pacte. J'ai certes besoin d'un corps et le tien est parfait, mais tu garderas ta liberté et ma protection... Cède-moi mon tout beau … Je te promets que tu ne le regrettera pas. Je peux t'offrir tellement plus : amour, richesse, liberté, respect, chance, protection.*

Je rouvre les yeux et fixe mon regard. Qu'ai-je à perdre même si elle me ment ? Je n'ai pas de famille, hormis l'esprit de Maman qui m'accompagne partout. Je passe indifféremment de familles d’accueil à hôpital psychiatrique. Je n'ai même pas eu une vraie scolarité et je suis vu comme fou. Je ne me fais pas d'idée à 18 ans, je serais à la rue. L'état n'aura guère plus d'obligation. Je laisse filer les jours semblables les uns aux autres. Personne ne m'a jamais proposé autant et semblait m'accorder autant de valeur. Je sais qu'elle peut me mentir mais je n'ai quand même rien à perdre. Mais je peux négocier.

 « Promets-moi que je verrais toujours Maman, que je ne disparaîtrais pas et que les choses iront mieux que maintenant... Que tu ne me tueras pas.. » Je murmure à mon reflet.

*Bien sur mon Ange, je te donne ce que tu veux contre la permission d'habiter ton corps*

 « D'accord, j'accepte... »[i] Les mots passent en un soupir mes lèvres et je ferme les yeux.

Un vent glaciale envahie la pièce et quelque chose s'engouffre dans mes poumons au point de les brûler. J'inspire difficilement et me plie un peu en avant. Je tousse, surpris par la douleur. Le calme se fait doucement en moi et e noir m’enveloppe doucement. Je redresse les yeux au dernier moment sur le miroir... Mes pupilles sont rouges carmin...

Los Angeles, Janvier 2012
Il ne fait jamais froid dans les rues de la citées des Anges. C'est presque le paradis sur terre, si vous habitez du bon côté de la ville bien sur. Autrement dit loin de là où je traîne cette nuit-ci. Je n'ai pas les moyens de vivre dans les villas de riches millénaires ou de stars. Même si Alouqua arriverait à nous entretenir et à séduire un de ces hommes cupides et trop aisé ou une femme même, je préfère la liberté dont je jouis en ce moment. J'aime l'idée que je subviens à mes besoins, que je peux encore faire ce que je veux sans quémander à personne. Ceci dit, elle ne quémande pas ma séduisante moitié, elle obtient tout comme si le monde lui était dû. Quelque part, je l'admire. Lentement, je tourne à droite. Cela fait 6 mois que je vis dans cette ville, dans ce quartier pauvre dont on n’imagine pas l'existence quand on pense à Los Angeles, ville des célébrités. Je remonte le col de ma veste en cuir. J’ai un étrange pré-sentiment. La voix qui habituellement résonne dans ma tête est silencieuse ce soir. Je préfère ses sarcasmes et son ironies à son silence totale. Je me suis habitué à elle avec le temps jusqu'à l'apprécier réellement. J'accélère un peu le pas, cherchant mentalement le contact avec la Succube qui sommeille en moi.

*Tu es suivi mon cher... Et je doute qu'il désire juste te taxer une cigarette*

Je sursaute presque quand sa voix résonne dans ma tête. Je ne m'y attendais pas vraiment. Je soupire et pense juste que je n'ai repéré personne. Mais j’ai plus confiance en ses capacités qu'aux miennes. Je lance donc un regard par dessus mon épaule et repère l'ombre humaine, si elle l'est, qui me suit. Par prudence, je marche plus vite et tourne à gauche dans une ruelle plus sombre et je me retrouve face à un mur. Je mordille ma lèvre nerveusement. Je n'aime pas me battre. J'encaisse bien et pousser à bout je peux rendre les coups, mais face à un délinquant je doute de pouvoir tenir. La seule raison pour laquelle, face aux humains, je m'en suis toujours sorti, c'est Alouqua. Elle possède une force que je n'ai pas. Faisant volte-face, je suis à peine étonné de tombé sur un mec aussi grand que moi, crâne rasé et arborant plein de tatouages et un couteau en main. Les choses dérapent. Je sais comment cela va finir : dans le sang rougeâtre et l'odeur de fer qu'il dégage, avec son goût métallique en bouche. Ce ne sera pas le mien, mais qu'importe, les conséquence seront semblables aux fois précédentes. Je sers les dents et avance vers l'inconnu bien décidé à juste le dépasser.

Une fois arrivé à son hauteur, je me fais repousser violemment contre le mur. Ma tête heurte la surface dure, et je finis assis par terre un peu étourdis. Le temps que je me reprenne et me relève, je me suis encaissé un second coup de poing au niveau du ventre. Je doute sincèrement qu'il désire me voler. Avec mon bol légendaire, je suis tombé sur un serial killer. J'expire difficilement mais me redresse et rend un coup de poing. L’autre esquive et c'est son genou que je me prends en pleines côtes. Je me retrouve à quatre pattes, du sang coulant de ma lèvre sans comprendre vraiment ce qui vient de se passer. L’autre rigole un peu et, en relevant la tête, je le vois jouer du couteau avec un sourire sadique. Une frisson parcourue mon corps, le souffle me manque et la sensation de perte de conscience se fait peu à peu. Le noir passe devant mes yeux alors que je baisse un moment la tête …

Relevant mon regard vers lui, un sourire amusé ourle mes lèvres et mes yeux flashent d'un rouge carmin intense avant de redevenir bleus tendres. Je me relève sans mal et frotte mon jeans. Ma langue mutine glisse sur ma lèvres blessée et ramène le sang à ma bouche. J'ai un air séducteur, qui perturbe mon adversaire mortel. Je laisse mon influence s'étendre. Ma capacité de séduction couplée au don d'empathie de Nolan fait que je deviens désirable pour n'importe qui. Nous nous sommes bien trouver. Lentement j'approche et pose mes mains sur le visage de l'homme. Le désire monte en lui, j'en sens l'odeur typique. Je peux sentir ses battements de cœur s'accélérer, voir son regard trouble et envieux se poser sur mes lèvres. J'approche mon visage, frôle presque les siennes avant de reculer un peu. Ma main gauche glisse vers a sienne, caressante et promeneuse alors que je viens frôler du bout du doigt la lame du couteau. Mes fisn doigts se referment autour du la lame.

 « Je déteste qu'on touche à ce qui m'appartient. » Je susurre tentatrice, alors que je relève mon bras. La lame étincelle un moment et d'un geste précis je tranche la gorge de l'humain. Il s’effondre au sol, couché sur le dos, mains autour de la plaie béante dont s'échappe le sang. Mon visage a été éclaboussé mais je ne réagis pas.  « Non vraiment, me l’abîmer mérite, mon amour, la pire des sanction, tu ne crois pas. » Je susurre à l'homme mort à mes pieds, tête penchée à droite telle une chatte curieuse. Je laisse tombé l'arme blanche dans la mare de sang qui baigne mes pieds.

Il va falloir changer de ville à nouveau. Il va finir par m'en vouloir... Je me tenterais bien la Louisiane, berceau du vaudou et autre sorcellerie du genre...