Date et Lieu de naissance. Vous avez vu mon pseudonyme? Take a guess! (Le 21 novembre 1984.) Nationalité. Vous le faites exprès non? *Pointe vers son prénom.* Camp. Mal (Mais avec une couverture dite neutre - à voir même ouvertement flirtant avec le bien.) Type de magie. Sorcier. Et j'insiste sur l'approche masculine du terme. Sorcière a une connotation trop péjorative. Limite si les vieux bougres ne s'attendent pas à me voir touiller dans une énorme marmite avec un nez crochu. Tandis que la nouvelle génération demandera à emprunter mon balai magique au nom révolutionnaire. Sorcier donc ! Statut occupé. Rien. (Solitaire.) Classification. Si seulement vous saviez le nombre de termes qui m'ont déjà été collés sur le front. On va dire que vous n'avez qu'à choisir celui qui vous conviendra le mieux. (Agressif et en constante évolution vers un grade plus - disons - coloré.) État civil. Célibataire-touche-à-tout. Lieu d'habitation. Olive St. - Midtown (J'introduirai ma demande de logement dès validation. Ma colloc débarquera dans les semaines à venir, le loyer étant bien trop coûteux pour un maigre salaire d'instit ...) Métier. Institutrice en école primaire. Étrange me direz-vous? Pas le moins de monde vous répondrai-je! Après tout, un gosse n'est rien de plus qu'un démon miniature. Et un démon rien d'autre qu'un gosse capricieux. Étiquette qui vous est collée. Les opinions divergent là encore. J'aime insuffler la discorde, vous avez remarqué. Ce n'est pas de ma faute. J'ai une apparence tape à l’œil - Merci maman. De fait, les gens ne peuvent s'empêcher de me coller des (sur)noms en-veux-tu-en-voilà. Bientôt j'aurai plus d'un post-it vivant que d'un être humain qui s'en balance complètement de l'opinion publique. Bref, revenons à nos moutons. Primo, il y a les parents. Ils me vénèrent. Côté éducation je fais des miracles avec leurs rejetons. Secundo, les gosses. Ils m'adorent. Ils échangeraient volontiers leurs parents pour rentrer avec moi. Un jour j'ai failli être moyennée à l'aide d'un goûter. Allez comprendre. Tertio, les autres. Et là, d'aucun ne vous donnera la même version des faits. Si ce n'est que le résultat en reste délicieusement similaire. Je suis leur fantasme vivant autant que leur pire cauchemar!

Je n'ai pas un seul défaut. En somme, ce n'est pas faux. Voyez-vous, j'en ai plein. Une ribambelle de dits et - plus encore - de non-dits. Afin de ne pas vous lasser inutilement, autant s'en tenir aux principaux. Je suis une fonceuse. Une tête brûlée. Légèrement - très légèrement - inflammable. Et têtu en plus de ça.
Quand j'ai une idée en tête, je ne l'ai pas ailleurs. Si je suis persuadée d'avoir raison, vous pourrez encore déplacer une montagne par la pensée que je maintiendrai par A + B que vous aviez tort de le faire. Des petites choses du genre. Les aléas du quotidien en somme. Puis, ce n’est pas comme si vous ne connaissiez pas d'autres personnes comme moi. N'allez pas m'apposer une étiquette de plus, je ne saurais même pas où la coller!

Il faut dire que mon caractère explosif peut tout autant vous apparaître sous forme de qualité. Et ce n'est certainement pas moi qui vais vous contredire dans ce cas! Je suis obstinée - vous l'aviez compris j'en suis persuadée bande de filous! Je m'applique à la tâche qui m'incombe. C'est la raison principale qui explique mon succès (mythique) en tant que prof. La preuve vivante de mon implication personnelle aussi.

J'interprète tout sous forme d'inconditionnel défi. Ça pourrait me retomber sur le coin de la tête, certes. Mais moi je préfère plutôt y chercher une affirmation de soi. J'ai beau détester ce que je fais - croyez bien que je suis la meilleure dans mon domaine!

Quant à mes relations avec les autres ... c'est du win-win. Je n'ai que quelques "amis". Déjà, rien que le terme m'hérisse les poils. Définition d'un ami? Ah-ha, justement! Ceci dit, ceux que j'ai sont des incontournables friends with benefits. Je ne reçois rien. Je ne donne rien. Mais quand je veux, je prends. En sens inverse c'est toujours un peu plus délicat. Quand ils veulent, ils ont intérêt à me croiser dans un bon jour. Genre après une chasse fructueuse. Après une invocation du feu de Zeus. Après quelques cocktails, pourquoi pas. En d'autres temps je risque de mordre. Mais après tout, il y en a qui aiment ça.


Cela a été largement sous-entendu un chouia plus haut, voyez-vous. Je passe mes journées entières à courir derrière des bambins. Ou, plus particulièrement, me faire courir après par des mini-monstres. Ils accaparent toute mon attention. M'en clamant encore et toujours, plus plus plus. De vrais démons de la consommation! Néanmoins, ils me sont d'une aide précieuse à développer mes capacités extra-conjugales. (Forcément, pour la plupart des parents je suis "mariée" à mon job. Pauvres fous!) Ils stimulent ma concentration. Mes réflexes - vous avez déjà tenté d'empêcher trente gosses de cacher une paire de ciseaux? Mon esprit de fin stratège - toujours lesdits ciseaux. Ma capacité à relativiser. Et surtout, surtout, mon endurance mentale.

Pour le côté sportif je vais me défouler au club de sport. J'en accumule pas mal, mais ma préférence personnelle va vers le full combat. Ajoutez à toutes ces belles prouesses une bonne dose de sport en chambre, un footing chaque matin et le stand de tir. Ça donne un beau petit cocktail Molotov n'est-ce pas?
(Comme les cours de soir en démonologie ne font pas joli-joli sur un cv, permettez que je le passe en silence et en toutes petites lettres en bas du contrat.)


Mes habitudes changent en fonction de la donne et mon goût du risque n'est plus à prouver.

J'aime ce que je fais la nuit. Tout le reste, foutaises. Remplissage. Anecdotes bancales stockées quelque part entre le ici et le avant. J'aime la chasse. L'adrénaline. L'interdit. Les limites. Plus encore les faire tanguer avant de les rompre! J'aime la chair. Peu importe de quelle origine. Je ne suis ni sexiste ni raciste. Je traque pour mon plaisir plus que pour l'argent que ça rapporte. Qu'est-ce que j'en ferais? Ce n’est pas avec quelques billets verts que je risque d'attirer la convoitise d'un démon.

J'aime beaucoup de choses en somme. Et je n'en déteste, vraiment, qu'une seule. Les gosses. Beurk! C'est qui l'idiot du village qui a insufflé ce stade à l'évolution?!! Ça braille, ça chouine, ça couine, ça court, ça si ça là. Et au final, qu'est-ce que ça vous rend? Des liquides corporels en tout genre et de grands yeux larmoyants avec cette pointe de malice pour vous faire culpabiliser. Pire qu'un démon manipulateur! Ironie du sort? Leur (omni-)présence paie mes factures à la fin du mois ...


Je pratique la magie noire. (Non! Vraiment?) Même si la couleur n'est que dérisoire à mon - humble - avis. Je lui aurais plutôt accordé le bénéfice du rouge. Mais qui suis-je donc, du haut de mes vingt-sept petites années d'expériences, pour remettre en doute les paroles d'un vieux sage?

Je l'applique avec ferveur. Avec détermination. Et - plus que tout - avec une passion non feinte. Je suis une fana inconditionnelle des sortilèges. Je passe une bonne partie de mon temps à accumuler les informations. A traquer les expériences inédites. Question soif de pouvoir, elle se marie à la perfection à ma soif de savoir. Fichu mémoire décuplée qui m'empêche de dormir si jamais je ne la nourris pas assez fréquemment. Néanmoins, madame est capricieuse. Elle absorbe, elle absorbe, elle absorbe. Et tandis qu'elle ronronne de plaisir dans mon subconscient; c'est bibi qui se ramasse la migraine carabinée!

M'enfin, elle m'est d'une aide bien précieuse. Ce qui justifie bien un petit caprice de temps à autres. Sa présence (là encore, omniprésence) a trouvé le partner in crime parfait auprès de mon deuxième don de médium. Il faut dire que j'ai été gâtée, vous ne trouvez pas? Entre mes mains, tout se transforme en arme de prédilection. De l'incontournable 9mm au simple cure-dent, en passant par la fourchette et le tranchant d'une carte d'identité. (Arme psychique)

Bon d'accord, ça me demande un minimum de concentration. Ce qui n'est pas pour plaire à madame la mémoire affamée. Mais un compromis en fragile équilibre a réussi à s'instaurer entre ces deux capricieuses. Il me suffit juste de ne pas (trop) abuser de l'une sous peine de vexer l'autre. (Quand je vous dis que je suis entourée de gosses!!)

En tant que sorcier, l'accumulation de toute cette information à l'état brut n'a d'autre but que peaufiner cet Art auquel je voue une majuscule. C'est mon bébé. Mon idylle. L'aboutissement d'un monde et d'une vision. C'est le L de liberté. Le S de summum. Le D de délirium. Mon LSD personnel. L'invocation démoniaque.
Au début la découverte est magique. Enivrante. Un peu terrifiante aussi. Mais rapidement elle grandit encore et encore et encore. Juste à imploser en ton for intérieur et le souiller du pire venin que l'homme n'a jamais connu ... la dépendance.

Oui, je suis accro à l'invocation. Oui, j'en veux toujours plus. Oui, je risque ma vie à chaque fois que je m'attaque à plus gros gibier. (Et peut-être - probablement même - encore plus la vie insignifiante des autres.) So what? Essayez un peu de m'arrêter.


Je m'en tape un peu. L'avant, l'après, le pendant. So what. Ce qui dû arriver, arriva. Il y a eu des morts. Ça arrive. Ça arrivera encore. D'ailleurs, je suis responsable de quelques-uns des cadavres que vous trouverez dans mon placard.

Je ne prône pas librement mon statut. Mais je ne peux pas dire que je le nie - ou même le renie. J'inspire confiance aux parents. Mais vous croyez vraiment qu'ils me confieraient leur progéniture si seulement ils savaient ce que j'aimerais en faire un soir de rituel?


J'ai une vipère noire qui ondule dans mon dos. Tout le long de ma colonne vertébrale. Les cicatrices? Je ne les compte plus. Un peu partout et nulle part. Les unes sur les autres. Les unes dans les autres. Certains pourraient décrire mon corps comme un œuvre d'art. Sachez que j'aime particulièrement sentir les mains d'un/e artiste me prendre pour modèle.

Ma vie n'a véritablement commencé qu'à l'âge de six ans. L'avant-six-ans est d'un banal indescriptible. Entre une sœur aînée et un frère cadet, pas besoin de vous faire un petit dessin pour vous conter mon quotidien. Elle, la fille prodige vouée à un grand avenir dans le médical. (Papa, elle n'a que neuf ans!!) Lui, le petit dernier a chouchouter à mort. (Maman, arrête de le porter. Maman, arrête de lui parler comme à un gosse. Maman, arrête de le fourrer au sucre!!) Et moi, l'entre-deux. Oh je ne vais pas m'en plaindre - loin de là mon idée! Ils ont continué à grandir ainsi. Portés par le poids de l'âge et l'amour librement défini des parents. Quant à moi, ah moi j'ai eu ma révélation. Moi j'ai grandi en l'espace d'une année seulement. Moi ... j'ai eu sept ans.

Alors oui, à cet âge infantile tout prend des dimensions disproportionnées par rapport à la réalité. Mais cela importe peu. Laissez-moi donc savourer mon éblouissement innocent à son juste titre. Dois-je préciser que j'ai passé le cap de l'adolescence par la suite et que mon monde s'est effondré? Alors cessez d'interrompre le narrateur!

Sept ans. Sept ans c'est un âge magique. Sept ans c'est l'âge des grands. Sept ans c'est l'âge où j'ai découvert mon premier don. C'était lors d'un voyage au Népal. Visite familiale oblige. Les grands-parents, si fiers d'être désormais américains, qui ressentent une pointe de nostalgie en reconnaissant des traits asiatiques dans les mini-bouilles de leurs petits-enfants. Une petite pointe qui pique, qui pique, qui pique. Et qui finit par faire mal. Qui finit par évoluer en douleur. Regret. Reproche. Voyage!! A la conquête de l'Ouest! (Même si le Népal se trouve à l'Est par rapport aux États-Unis, mais passons.)

Ce fut mon premier vol en avion. Que d'émotions! Plus encore en débarquant dans une toute nouvelle réalité. Un monde de verdure. Un monde au langage étranger. Langage que, étrangement, j'ai très vite réussi à assimiler et décortiquer dans toute sa beauté. Un monde riche et si pauvre à la fois. Un monde de tout et de rien. Et - finalement - un monde avec une arrière-grand-mère qui rencontre - enfin - son héritière.

Je suis certaine que vous voyez l'image. La petite vieille. Toute fripée. Pliée en deux sur sa canne. On ne sait jamais si elle a les yeux ouverts ou pas sous tous ses plis. Elle vit éloignée. Dans une cabane en bois. Des rumeurs circulent à son sujet. Elle fout les chocottes aux habitants du village. La famille essaie de nier son existence. Ça y est, vous l'avez l'image? Eh bien ça, chers lecteurs, c'est mon arrière-grand-mère à moi. Rien que moi. Moi. Moi. Moi.

Mes parents, bien trop américanisé donc, se sont contentés d'exposer fièrement leur fille-future-médecin (eh oh toujours que dix ans là!) et leur fils-rondounet-qu'il-est-mignon-tout-plein (un vrai big apple!) à qui voulait bien les voir. Au grand damn de deux concernés. Au grand plaisir de la petite entre-temps qui, dès lors, a pu se la couler douce. Oh non que mes parents n'avaient pas d'amour à me porter. N'allez pas me mettre en bouche des paroles qui ne sont guère miennes! J'étais juste ... différente. Dans leur monde carré et tiré à quatre épingles, différent c'est mal. Différent c'est moche. Différent c'est beaucoup de choses en -m.

Le M, comme Moe. Moe, le nom code qu'on utilisera pour mon arrière-grand-mère au pseudonyme imprononçable. Moe, car dans les mangas ce personnage ultra stéréotypé s'appelle toujours ainsi! Bref, Moe! Le -m de MON différent. J'étais la seule famille qui est allée la visiter pendant ce voyage. J'étais comme irrésistiblement attirée par l'interdit qui flottait autour de son aura. Alors je l'ai cherché. Et je l'ai trouvée. Ou c'est plutôt elle qui m'a trouvé - perdu au détour d'un arbre millénaire où j'aurais dû prendre à droite au lieu de gauche. Je n'avais que sept ans à l'époque, il est bon de le tenir à l'esprit!

Elle m'a trouvé. Elle m'a emmené. Dans cette cabane maudite par les ignorants. Dans cette maison de pain d'épice magique. C'est fou à quel point les habitants avaient raisons de la craindre. Des livres. Partout. Des grimoires. Encore plus. Des feuilles à gauche. Des feuilles à droites. Des fioles. Des plumes. De l'encre. Des bocaux renfermant milles et une merveille de la nature. Plus de livre encore. Un fœtus mi-humain sous formol.

Cette journée marquera à jamais la petite fille que j'étais. L'adolescente que j'ai été. Et la jeune femme que je suis devenue. Mes parents n'en ont jamais rien su. Pas besoin de les inquiéter pour si peu, ils auraient été capable de la bannir de ma petite vie d'apprentie. Il en était toute bonnement hors-de-ques-tion!

J'ai passé la totalité du voyage en sa présence. M’éclipsant des barbantes retrouvailles familiales à chaque occasion. Me faisant encore plus discrète qu'à mon habitude. Moe m'a ouvert l'appétit. Moe a réveillé ma famine. Et finalement, Moe m'a appris comment y répondre. Nous avons quitté le Népal bien trop tôt à mon goût. La technologie n'étant pas son fort, j'ai bien cru que notre échange allait s'arrêter là. Triste sort que celui de l'émigration ... Mais c'était sans compter le don extraordinaire de Moe. Ajoutez à cela des décennies et des décennies d'expérience (elle n'a jamais voulu me donner le moindre indice quant à son âge) et croyez bien qu'elle a réussi à me joindre dès mon retour aux States.

De jour je peaufinais ma couverture de parfaite petite étudiante. Me lançant dans des études d'institutrice bien contre mon gré. Non seulement parce qu'on m'avait décelé un don avec les rejetons d'autrui (Comme si j'étais un pot de miel tiède et eux un version miniature de Winnie l'Ourson.), mais plus encore ils m'offraient une couverture im-pec-cable! Il ne me restait plus qu'à me plier à la loi de la jungle pour survivre.
De nuit, je revivais. Moe me contactait fréquemment. Que ce soit par sortilège interposé ou par une quelconque forme de télépathie importe peu. C'était vachement efficace. Je crois que les contacts réguliers lui ont redonné envie d'apprendre encore plus. Ce qui ne pouvait que me conforter encore plus dans les choix de mes relations. Vous croyez peut-être qu'on rencontre des gens fréquentables à force de chercher des ingrédients magiques, maudits ou millénaires? (Et voilà encore cette lettre qui s'impose dans ma vie!)

Avec mon premier salaire je me suis achetée un ticket simple vers le Népal. Je n'avais aucune intention de revenir. J'ai tout claqué du jour au lendemain. Ma sœur et mon frère ont été informés. Mes parents par intermédiaire d'un petit mot collé sur le frigo. J'ai passé deux ans dans la nature. J'ai appris l'art de l'invocation des démons. J'ai adoré ça et je suis devenue accro. Vite. Très vite. Trop vite peut-être. Ma mémoire en réclamait toujours plus. M'empêchant de dormir des nuits durant. Et quand ce n'était pas elle, mon corps tout entier prenait la relève. Tremblements. Sueur. Insomnie. Une vraie drogue. Moe n'avait plus rien à m'apprendre. Elle m'a conseillé de retourner en Amérique. Une histoire de grande révélation qui avait - forcément - eu un plus grand impact en pleine urbanisation que dans un trou de cul paumé du monde.

Je devais apprendre à canaliser non seulement mon énergie. Mais plus encore mes pulsions nocturnes. Et pour cela, je devais être jetée dans la gueule du lion et en ressortir vainqueur. J'ai quitté Népal l'année de cette fameuse grande révélation. J'ai retrouvé un job en tant qu'enseignante, ce qui n'était pas gagné vu mon passé de junkie (et pas seulement passé). Je croyais ne jamais y arriver. Me taper des journées entières avec la seule chose au monde que je déteste vraiment (en plus du camembert). Des cris. Des pleurs. Des caprices. J'avais une idée toute faite de l'enfer dans lequel j'allais me plonger tête baissée. Mais j'ai fini par y trouver une rédemption. Une vocation. Ou peu importe quel terme vous jugerez utile de m'accoler (encore). Ils se sont avérés très utiles à mes aspirations de grandeur. Non seulement au niveau de la couverture sociale. Mais également au niveau des manipulations d'êtres vivants, ainsi que de potentiels sujets d'expérience.

Bientôt je serai fin prête à invoquer une créature des Ombres. Un mangeur de rêves. Un dévoreur d'âmes. Et si pour le rituel je dois sacrifier un petit cœur tout innocent - j'ai juste ce qu'il me faut à portée de main.



Je cours. Je cours. Sur mon tapis roulant je cours. Les cheveux tirés vers l'arrière en queue de cheval. Le noir du top qui me colle à la peau comme si ma sueur n'était rien de plus qu'un aimant à tissu. Mon training de couleur équivoque qui flotte mollement contre mes cuisses sur le rythme - soutenu - de mes mouvements. Mon iPhone crache son venin et m'incite à garder la cadence sous peine de rendre l'âme. Mon salaire de misère ne me permet pas exactement de le remplacer tous les six mois - comme monsieur aime pourtant à la croire. Pas de bol mon ange, tu vas devoir me supporter encore un petit temps.

A force de le trimballer partout, il devrait pourtant avoir l'habitude de se ramasser un coup. Voir une griffe ou même une giclure d'eau. Bon, d'accord - j'aurais peut-être pu éviter qu'il se plonge tête baissé dans une flaque plus profonde que son égo est large. Que voulez-vous que je dise. Shit happens!

Je cours. Un énorme gobelet d'energy drink à la main. Le maxi size. Ceux qu'on ne trouve qu'en Amérique. Car ici tout est grand. Démesuré même. Allant du verre d'eau à la pinte, sans négliger le café. Entre deux tentatives de humer les paroles incompréhensibles d'une chanson historique, je sirote ma boisson hyper protéiné tout en jetant un œil au flat screen qui me fait face. Il n'y a pas de son. C'est plus par habitude que par réel intérêt que je regarde les nouvelles du jour. Histoire de me tenir informée des derniers lynchages. Des meurtres non élucidés. De la politique actuelle qui ne me passionne que maigrement.

En somme, rien de spécial. Un samedi matin comme tant d'autres. Ça aurait pu continuer comme. Ce n'est pas moi qui irais me plaindre auprès des autorités locales. Mais là, BAM! Flash info! Le présentateur est coupé net dans sa monotonie! Un hélicoptère nous apporte en live des images amateurs. Ça bouge dans tous les sens. Le rendu est flou et brouillon. Quelque chose attire mon regard. A tel point que je manque de rouler de mon tapis et de me ramasser la mâchoire en pleine mécanique. Je me reprends de justesse. J'enlève une oreillette et agrippe la télécommande. Je redonne libre accès au son. Ou du moins à ce qui s'y apparente le plus vu que visiblement la communication satellite est aussi bidon que la stabilité des images. Je pourrais me concentrer sur le boucan, certes. Mais à tout vous dire, en cet instant bien précis - ce n'est absolument pas ça qui attire le summum de mon attention.

Je quitte mon tapis de course. Comme dans un réflexe surnaturel j'attrape l'essuie prévu à cet effet. Il trouve rédemption dans ma nuque tandis que j'avance - pas par pas, comme au ralenti - vers l'écran. Je suis comme hypnotisée par un seul et unique élément. Quelque part entre ici et là-bas j'ai perdu mon drink. Ça ne me dérange pas plus que ça. Je m'approche encore. Ça a déjà disparu de l'écran. Mais je le vois encore clairement devant moi. Ma main droite se tend vers l'avant. Du bout des doigts je viens caresser l'électricité statique. Un frisson me traverse l'épiderme. Le journaliste continue à crier des insanités. Il parle d'un vulgaire règlement de compte ou d'un truc approximatif. Foutaise. Personne ne gobera son schmilblick. Moi je sais ce qu'il a vu. Moi je sais ce que J'ai vu.

Bien malgré moi je souris. Ou du moins je sens le coin droit de ma lèvre supérieure se tordre en rictus amusé. ÇA, c'est que je veux invoquer un jour. ÇA, c'est ce que je VAIS invoquer un jour!


L'anecdote date d'il y a quelques mois. Entre-temps le monde a cessé de parler de la Déesse. Quant à moi ... moi je lui aurais érigé un autel si ma colloc n'avait pas colonisé la deuxième pièce libre de notre appart. J'ai passé des heures complètes à la bibliothèque. Accumulées bout à bout j'ai dû passer plus de temps à me saouler au niveau littéraire qu'au niveau social. Ma mémoire décuplée me permet d'absorber bien plus d'info que le commun de mortels. Malgré ce petit détail, je me sens comme une bête en cage. Affamée qui plus est. Comme un lycan en laisse. Le comble de ridicule. L'humiliation par excellence.

Ce soir j'ai décidé de céder à ma soif. Mais pas dans la bibliothèque. D'ailleurs, la vieille femme qui dévisage toute personne susceptible de respirer trop fort doit en avoir marre de me croiser à tout bout de champ. Ça lui fera des vacances. J'ai concocté un nouveau sort.
J'ai trouvé un petit grimoire de poche chez un revendeur de seconde main. Les pages toutes délavées. Des mots manquants. Une couverture rongée par les mites. Un vrai-pe-tit-bi-jou! J'ai consulté quelques vieux parchemins. J'ai donné une interprétation un peu plus up to date à ces gribouilles de grand-mère. Et j'ai trouvé le nom du démon qui va me faire prendre mon pied ce soir.

Il ne me reste plus qu'à trouver le genre de métamorphe qui pourrait attirer sa convoitise. Après la grande révélation, manquerait plus que le recensement officiel et on aura tout vu. Où serait donc le plaisir de la chasse à l'homme? Trêve de bavardages en tout genre. Je dois m'échauffer. Je sens qu'il y aurait du sport dans l'air ce soir. Ça fait bien longtemps que je n'ai plus joué à l'apprentie-chimiste. Quatre nuits sans invocation, le manque commence à se faire sentir. Mon beau gosse du soir a vraiment (...) intérêt à être à la hauteur de sa réputation!


Qu'est-ce que vous voulez entendre? Que père était un enfoiré de soldat de l'armée américaine? Qu'il a engrossé une pauvre petite asiatique toute innocente? Qui ne parlait même pas la langue des hommes blancs? Que, honneur oblige, il a bien été contraint de la faire passer la frontière et de la ramener au bercail? Cessez donc vos balivernes! Ma mère est une scientifique renommée. Ses parents ont immigrés ici lors d'une de ces périodes florissantes du New Age. Persuadés que l'Amérique pouvait leur offrir plus que les conditions déplorables d'une guerre religieuse au Népal. Pas faux au final. Mes parents ne s'aiment pas. Ils se tolèrent. Beaucoup les perçoivent comme le couple idéal. Avec leurs enfants idéaux. Faux! Archi-faux! On ne nomme pas ses gosses d'après des villes américaines sous prétexte qu'on est fiers d'être naturalisés! On n'impose pas à ses gosses la méchanceté gratuite des autres! Ça pourrit une enfance! Et ça fini par créer une brèche familiale.

Arizona a quitté les États-Unis un an avant la révélation. Elle fait du bénévolat dans un quelconque pays du tiers monde. Faut croire que les monde des gosses, c'est contagieux entre sœurs.
Kingston, lui, a rejoint les forces de l'ordre. One way ticket to Afghanistan. Ça paie vachement bien et au moins les parents sont persuadés qu'il y a un lien morbide avec l'amour de la patrie.

On se réuni tous une fois par an pour Thanksgiving. Noël? Faut pas pousser bobonne dans les orties non plus hein!

Personnage inventé/scénarii/prédéfini ? Inventé Pseudonyme. Koala Âge. (C'est mis dans mon profil bande de curieux!) Code du règlement.

Spoiler:

Avis général à propos du forum. C'est, comment dire, vachement impressionnant oO' (Si vous saviez la pression que ça met pour ne serait-ce qu'écrire une fiche de présentation ici xD) Avatar utilisé. Dichen Lachman (♥)