date et lieu de naissance. 30 mai 1992 à Shreveport.
nationalité. Américaine
nom du sire. Alessandro E. Llywlyn
date de l'étreinte. En 2010, le 7 mars pour être exacte. C'est une date que la jeune vampire a marqué d'une pierre blanche.
statut. Nouveau né.
discipline.Animalisme niv 1.
camp. Pourquoi suivre quand on peut rester sur le côté, à vider un humain de son sang tout en profitant du chaos ambiant? Mais puisqu'il faut vraiment choisir, elle prendra sans le moindre doute le parti de son sire et donc celui du maître de la ville.
état civil. Célibataire, Suzie enchaîne les aventures pour rendre son sire jaloux.
lieu d'habitation. Ayant tout plaqué pour devenir vampire, Suzie ne s'est absolument pas gênée pour s'installer dans le manoir de son sire.
métier. Sans emploi, elle n'a strictement aucune envie de gâcher ses premières années de vampire en ayant une petite vie bien rangée.
étiquette qui vous est collé. Autrefois, Suzie était une fille douce, gentille et réservée. Un exemple de politesse qui ne sortait du lot qu'à cause de ses manières puritaines qui la transformaient en une cible facile pour les moqueries de ses camarades et de sa maladresse qui faisait que les adultes préféraient l'écarter de tout ce qui était susceptible de se casser. Et puis, Suzie a changé. Elle s'est transformée en une créature manipulatrice, souriante et immortelle. L'enfant parfaite s'est métamorphosée en un prédateur revanchard qui adore le goût du sang et qui a bien l'intention de profiter de sa non-vie.

Autrefois Suzie était le parfait exemple de ce qu'une fille de pasteur doit être. Elle était ordonnée, douce, réservée, d'une politesse extrême et n'avait jamais un mot plus haut que l'autre. Malgré son éblouissante chevelure rousse et sa beauté qui sortait du lot, elle n'avait pas plus de présence qu'une souris. Autrefois Suzie semblait grise et morne, repérable uniquement par ses tenues qu'elle avait vraisemblablement hérité de sa grand-mère. Lorsqu'on lui demandait comment elle allait, elle vous répondait invariablement que tout allait bien d'un filet de voix à peine audible et faisait en sorte d'éviter que vous la regardiez. Elle ne faisait pas attention à elle, n'avait un avis sur rien et, aux dires de tous, son activité favorite se résumait à rester assise au bord de la fenêtre de sa chambre à écouter de la musique sur un vieux walkman à cassette en rêvassant à Dieu seul savait quoi. Sa croyance en l'immortel et sa peur de pécher étaient si fortes qu'elle prêtait une attention scrupuleuse à la moindre de ses actions, utilisant sa foi comme la seule béquille à une confiance en elle défaillante.
Mais la Suzie d'autrefois n'est plus qu'un lointain souvenir. La terne petite Arabelle comme elle la décrit elle-même a disparu dans un flot de sang. Aujourd'hui, Suzie profite de ses nouveaux talents de vampire et de l'existence qu'elle s'est offerte aux antipodes de sa première vie. Certes, la jeune fille religieuse et naïve qu'elle était n'a pas totalement disparu et elle est parfois sujette à ce qu'elle appelle de détestables accès d'humanité. Ainsi il arrive que la jeune vampire se mette sans raison à pleurer ou culpabiliser des victimes qu'elle a fait par accident ou à vouloir pardonner au monde entier par charité chrétienne. Elle n'a pas complètement abandonné de rêver au prince charmant et elle pourra soudain vouloir regarder des grands classiques de Disney pour nourrir son côté fleur bleue et romantique. Ces lambeaux d'humanité qui tombent peu à peu constituent sa plus grande faiblesse, puisque la Suzie humaine était d'une naïveté touchante, cette même naïveté devenue non pas émouvante mais périlleuse pour le vampire nouveau-né capable d'en faire preuve. De même, il arrive parfois que le caractère affirmé que le sang de vampire lui a donné disparaisse au profit de l'adolescente influençable qu'elle était. Cette instabilité, cette façon d'aller et venir entre le passé et le présent caractérise probablement chacun de ces ex-humains mais elle est à ce point visible entre l'ancienne Suzie et la nouvelle qu'elle lui a valu d'être qualifiée de lunatique ou de versatile par certains.
Et quel contraste avec cette créature souriante, au charisme indéniable qu'est la jeune vampire. D'effacée et d'introvertie, est devenue exubérante, bavarde, spontanée, présente, rayonnante, assurée. Oubliée la souris maladroite qui n'osait pas ouvrir la bouche. Lorsque Suzie parle, on l'écoute. Parfois jusqu'à l'overdose. Elle prend un malin plaisir à terroriser ses anciens souffres-douleurs en leur rappelant qu'au moindre petit creux, elle pourra venir se nourrir de leur sang. Qu'ils devront se montrer très vigilants. Qu'elle profitera de la moindre petite faiblesse. Elle se délecte de leur peur, de leurs visages qui se tournent en masque de terreur lorsqu'elle apparait pour leur rappeler que leurs forfaits à son encontre vont se payer très cher. Elle ne fait pas de mystères de ses intentions d'assouvir une vengeance méritée sur ceux qui ont autrefois transformé sa vie en Enfer. Son état de nouveau-né fait qu'elle navigue entre les instincts purement bestiaux de sa nouvelle espèce et le raffinement auquel elle aspire. Suzie est comme la nitroglycérine. Capable de vous exploser au visage en se changeant en un monstre violent, sadique, assoiffé de sang. Du sang de n'importe qui. Elle est impulsive, ne supporte pas d'attendre. La moindre vexation peut aboutir à une crise de colère monumentale au cours de laquelle elle détruira tout ce qui lui passe sous la main. Elle se gorge de tout ce qui lui a été autrefois interdit, consciente qu'elle aura des centaines d'années pour profiter des subtilités. Son côté superficiel si longtemps réprimé est aujourd'hui exacerbé et elle a craché sur la loi qui lui interdisait de s'attacher aux possessions matérielles. Elle aime montrer sa beauté surnaturelle, ses signes extérieurs de richesse même si elle admet que ces derniers ne sont que frivolité. Elle aime avoir de l'argent pour pouvoir acheter et posséder. Car la vampire est possessive. Que ce soit avec les choses ou avec les gens. Elle ne supporte pas qu'on lui conteste ses propriétés ou son terrain de chasse. Mais elle n'aura pas toujours recours à la violence pour obtenir ce qu'elle veut. Son état en est la preuve même. Elle a manipulé Alessandro pour devenir vampire et ne le regrette absolument pas. Pour elle c'est à partir de ce moment-là que le monde a commencé à tourner enfin dans le bon sens. Et quel plaisir de pouvoir enfin rendre la monnaie de sa pièce à Candice. Être une garce a du bon.
En dehors de ça, elle reste une jeune vampire qui a envie de mordre dans sa vie à pleine canines. Elle est attachante, sympathique, son énergie et son enthousiasme font plaisir à voir. Sa curiosité vis à vis des autres suceurs de sang, sa façon d'être impressionnée par eux, sa franchise dans ses questions ou dans ses attitudes, la font apprécier facilement. De même que sa malice et sa vivacité d'esprit. Quand Suzie aura appris à se contrôler un minimum et qu'elle aura acquis la pleine mesure de son état de vampire nul doute qu'elle sera une immortelle à la hauteur de son sire.


Pourquoi travailler quand on a tout un monde à découvrir? La vie de Suzie était jusque là remplie de beaucoup trop de contraintes... L'amusement n'y avait qu'une place réduite. Aussi lorsque Alessandro l'a transformée, la jeune vampire a-t-elle tout plaqué... Famille, le peu d'amis qu'elle avait, études. Elle a tout lâché pour profiter du début de son éternité. Elle profite de sa beauté, de sa vie nocturne, elle fait de nouvelles expériences, prenant du plaisir partout où elle peut le trouver, se gorgeant de tout ce dont on l'avait privée jusque là. Elle partage ses observations avec Alessandro qu'elle espérait voir se détacher de cette stupide humaine sans intérêt qu'est Candice et à qui elle ne manquait pas une occasion de faire remarquer qu'elle est vampire et qu'elle se trouvait proche de son amant. Et ce jusqu'à son départ. Qui l'a complètement fait exulter. Elle expérimente son pouvoir de séduction sur les hommes qui attirent son attention dans l'espoir de rendre jaloux son sire et il lui arrive de se laisser aller à la soif et de vider quelques humains...


▬ Lorsqu'elle était humaine, on se moquait de ses vêtements typés années 50. Aujourd'hui, elle en a fait un jeu et lorsqu'elle s'habille ainsi c'est pour passer pour une femme fatale ou une lolita.
▬ Elle adore aller dans des concerts pour s'imprégner de la foule et du bruit, malheureusement c'est aussi généralement là que sa Soif la rattrape et qu'elle finit par faire des bêtises.
▬ Elle est ce qu'on pourrait appeler une acheteuse compulsive. Dès que quelque chose lui plaît il faut qu'elle en fasse l'acquisition. Elle séduit parfois des hommes juste pour se faire acheter de jolies choses.
▬ C'est une grande lectrice, lorsqu'elle ne sort pas, il lui arrive de disparaître quelques jours juste pour dévorer un ouvrage.
▬ Elle écoute toujours de la musique country, seule habitude qu'elle ait vraiment gardé de son humanité.
▬ Elle aime les bâtiments de culte, pas en tant que croyante mais plutôt pour leur architecture et ce qu'ils représentent pour les humains.
▬ Elle déteste toujours autant les reines du lycée et toutes celles qui leur ressemblent. Si elle doit terroriser quelqu'un qu'elle ne connaît pas c'est forcément quelqu'un qui lui fait penser à un de ses anciens souffre-douleurs qui en pâtira.
▬ Elle ne sait pas manger proprement et a toujours énormément de mal à s'arrêter, c'est pourquoi elle évite de se nourrir à la source.
▬ Elle a tout de même conservé un vestige matériel de son humanité passé. Le crucifix de sa confirmation. Elle ne le porte plus mais il se trouve dans une boîte et Suzie y tient beaucoup.


Suzie avait toujours été une carnivore convaincue même avant les émeutes et le Chaos qui règnent aujourd'hui. Elle suivait l'exemple d'Alessandro, son maître à penser en buvant du True Blood en public pour ne pas faire de vagues et essayait de se tenir aussi loin des humains que possible, consciente que sa Soif était à ce point forte qu'elle ne pourrait pas s'empêcher de vider son donneur de son sang, emportée par l'extase. Elle ne prenait donc pas le sang à la source jusqu'à ce que soudain le monde bascule dans la folie et le chaos. Alors comme d'autres, elle a craqué et s'est payée sa part du gateau. Elle a libéré sa Soif et a fait des ravages. Elle s'est même autorisée une imprudence en s'attaquant un beau jour à un chasseur. Se faire passer pour la victime d'une créature magique à la tombée de la nuit, rien de plus facile pour elle avec son beau visage et ses grands yeux innocents. Mais c'est un jeu qu'elle n'a joué qu'une fois, consciente que si elle s'y amusait trop souvent elle finirait par se retrouver en tête des créatures les plus recherchées par ses humains qui massacraient les siens depuis des années. Elle s'est contentée de profiter de l'anarchie ambiante pour faire disparaître le corps et reprendre le cours de son existence, ses ponctions sur les humains normaux et finalement sa consommation habituelle au bout de peu de temps. Il se trouve toujours des humains prêts à s'offrir aux vampires et Suzie serait bien bête de ne pas s'en servir.
Bien sûr, il lui arrive d'avoir envie de chasser et c'est une chose qu'elle ne se refuse pas. Elle s'arrange juste pour ne pas se faire repérer en s'en prenant à des gens de passage ou en mettant les voiles à la Nouvelle-Orléans pour pouvoir choisir des proies un peu plus exotiques. Ses escapades restant relativement dangereuses, elle préfère se nourrir un peu avant pour réussir à contrôler sa Soif. Lorsqu'elle chasse, ce n'est jamais en utilisant la violence mais en utilisant la manipulation. Ce talent qu'elle s'est découvert avec Alessandro marche d'autant mieux sur les humains qu'ils sont prêts à croire tout et n'importe quoi...


Lorsqu'on lui parle de la Révélation, Suzie ne mâche pas ses mots. Elle la définit comme la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Si il n'y avait pas eu la Révélation, personne n'aurait ouvert le Croquemitaine et le soir de cette fête, elle n'aurait pas croisé son sire. Elle serait restée la même petite fille terne, triste et effacée et la vie aurait continué. Elle n'aurait jamais connu cette éternité magnifique qui était la sienne. Elle doit tout à ce vampire dont elle a oublié le nom et qui le premier a choisi d'assumer le fait d'être une créature surnaturelle. À ceux qui considèrent que la Révélation était une erreur, elle leur répond que les CESS ne sont pas responsables de tout ce qui arrive mais que certains doivent bien trouver leur intérêt dans le chaos ambiant. La Révélation est et restera une des meilleures choses de la vie de Suzie.


Probablement ses cheveux d'un beau roux éclatant et ses yeux bleu clair dont les couleurs contrastent tant et qui attirent immédiatement l'attention sur elle. Elle tient énormément à ses cheveux et c'est pour cette raison qu'elle en prend le plus grand soin.

pseudonyme. Hell_Highway
âge. 21 ans.
code du règlement.

Spoiler:

avis général à propos du forum. ♥ Je voulais un personnage qu'il me soit plus facile d'insérer dans le rp que Lilith et j'ai trouvé mon bonheur.
avatar utilisé. Deborah Ann Woll

Chapitre 1 : You're my little miss sunshine

L'enfant traversa la pelouse en courant, sa robe et ses boucles volant dans son sillage, image issue d'un autre temps au milieu des années 90. Avec l'église évangéliste qui se détachait à l'arrière-plan et cette gamine vêtue d'une tenue du dimanche on s'attendait presque à voir l'image se teinter en sépia. Pourtant c'était bien la réalité que Suzie vivait tous les jours puisque la profession de son père et les croyances de sa famille semblait avoir coincé celle-ci dans le passé. Pour autant, l'enfant n'était pas malheureuse et grandissait avec tout l'amour nécessaire. Son seul regret était sans doute de ne pas jouir des mêmes libertés que les autres enfants. Étant la fille d'un pasteur, on érigeait Arabelle, que tout le monde appelait déjà Suzieen en parangon des vertus enfantines. Elle était polie, toujours tirée à 4 épingles, on ne la remarquait jamais pour son insolence mais toujours pour ses bonnes notes, son calme, son joli sourire, sa façon d'attendre qu'on daigne lui adresser la parole. Certains y voyaient un manque de personnalité mais tous s'accordaient pour dire que pour autant, elle ne faisait pas tapisserie. On finissait obligatoirement par la remarquer. D'abord à cause de ses cheveux d'un beau roux profond. Et puis pour son regard bleu azur. Et, enfin pour son physique de poupée de porcelaine, avec sa peau laiteuse qui rendait jalouses toutes les mères du quartier et leurs filles. Pour autant, Suzie restait envieuse des autres gamins qui avaient le droit de courir, de crier, de se salir sans subir la colère divine qui lui était invariablement promise.

Alors elle profitait de chaque moment où la surveillance parentale se relâchait pour se laisser aller à la spontanéité. Le moment après la messe étant son préféré. Le couple étant occupé à saluer leurs paroissiens, tout en gérant la petite Esther, de trois ans sa cadette et beaucoup plus remuante ne regardait pas ce que Suzie était en train de faire. Elle courrait donc après un papillon lorsque l'incident se produisit. Anne Suzie Haylings, 6 ans, aussi connue pour son excellente éducation que pour sa propension maladive à la maladresse. Arabelle Suzie Haylings, donc, ne vit pas la branche morte à ses pieds et trébucha... Son corps s'arqua gracieusement alors qu'elle s'envolait délicatement pour aller atterrir un peu plus loin avec beaucoup d'élégance.

Elle ne se fit pas mal. Tomber était devenu une habitude et avec le temps, ses genoux avaient fini par s'endurcir. En revanche, le bruit qu'elle avait entendu lors de sa chute ne présageait rien de bon. Maman n'allait pas être contente. Elle avait déchiré sa robe. Une main ferme, indubitablement paternelle se referma sur son bras et la remit debout.

"Suzie! Princesse, tu vas bien?!" demanda une voix angoissée

Les années avaient beau passer et se ressembler, il n'arrivait pas à s'y faire. Sa fille lui adressa un sourire radieux pour le rassurer. Oubliée la poupée de porcelaine. Avec de l'herbe dans les cheveux et son visage maculé de terre, Suzie avait tout d'un golem hilare... Sa mère lui jeta un regard exaspéré, ne manquant pas de remarquer le large accroc sur sa robe du dimanche. Enfin rassuré, son pasteur de père entreprit vainement de la débarbouiller avant de laisser tomber. Il la souleva alors qu'elle retenait à grand peine une exclamation de bonheur. Qu'ils étaient rares ces moments où elle avait l'impression d'être une enfant normale. Il la fit tressauter dans ses bras avant de s'adresser à elle.

"Bon je crois qu'il est temps de passer à la douche, rayon de soleil..."
"Vraiment?"

La voix fluette, musicale de Suzie s'était élevée, pleine de malice...

"Oui, vraiment. Tu sens le petit chien mouillé..."

Refermant ses petits bras autour de son père, Suzie se dit qu'elle aimait décidément beaucoup le dimanche.

Chapitre 2 : It's a cruel world out there.

Faisons un bond dans le temps. Laissons filer les années sans nous y attarder. Suzie est maintenant au lycée. Et elle détestait ça sans le dire ouvertement. Timide et effacée, elle préférait passer ses journées à rêvasser que le prince charmant viendrait la secourir sur son beau cheval blanc, bercée par le son de la country plutôt que sortir avec les filles de son âge. Depuis le collège de toute façon, Suzie n'avait plus d'amis. Candice, la personne dont elle avait été la plus proche à ce jour s'était brusquement transformée en tyran. Elle avait bien essayé de s'accrocher, de rester avec sa meilleure amie quoi qu'il en coûte mais plus le temps passait et moins Suzie parvenait à supporter les vexations que lui faisaient subir cette reine du lycée en devenir. Une partie d'elle-même, la douce, la charitable Arabelle Suzie persistait à se dire qu'un jour ou l'autre Candice finirait par se rendre compte du mal qu'elle lui avait fait et qu'elle viendrait lui demander pardon. Mais il y avait une autre partie d'elle-même, une partie secrète, enterrée sous les préceptes parentaux et les règles contraignantes qui souhaitait ardemment que le prochain petit copain de la jolie blonde fut affublé d'un herpès contagieux et purulent.
Au lycée, donc, Suzie n'avait pas d'ami. Personne d'assez proche qui eut pu mériter ce nom. Les gens normaux se moquaient d'elle pour ses robes et tenues surannées. Les extrémistes religieux aussi, même si ils s'en défendaient. Ils l'évitaient soigneusement depuis qu'elle leur avait dit qu'il ne leur appartenait pas de juger les gens, chose à laquelle seul le Tout Puissant était habilité. Et tous se gaussaient de sa maladresse maladive.
C'était donc à l'issue de ce triste constat que Suzie remit le nez sur l'invitation qu'on lui avait donné dans l'après-midi. On la conviait, elle, la paria, la tête de turc de l'établissement à une fête qui aurait lieu dans le centre-ville. Y aller? Rester à la maison? Si la jeune fille se cloitrait chez elle, sa réputation n'était pas prête de s'améliorer. Mais si elle y allait, elle risquait encore une fois de se ridiculiser. Sa mère ne lui simplifiait pas les choses... A peine avait-elle aperçu l'invitation qu'elle avait félicité sa fille des progrès qu'elle faisait. Si elle n'y allait pas, elle allait la décevoir. Oh et puis qu'est-ce qu'elle risquait? Dans le pire des cas, elle se prendrait encore les pieds dans le tapis... Chose à laquelle elle s'était depuis longtemps habituée. Elle venait de prendre sa décision ; se dirigeant vers l'armoire, elle y chercha sa plus belle robe...

Son père la déposa devant la maison et après lui avoir prodigués les conseils d'usage l'embrassa et la laissa partir. Mal à l'aise, Suzie traversait la pelouse en jouant avec ses boucles anglaises lorsqu'une des filles les plus populaires du lycée jaillit du bâtiment pour se précipiter vers elle. Spontanément, la jeune fille se figea certaine d'être bientôt la cible de ses quolibets mais la réaction fut tout autre. La fille se pendit à son cou, lui planta une bise sur chaque joue.

"Suzie, je suis contente que tu ais pu venir. J'adore tes cheveux! C'est toujours si original. Bonsoir, monsieur Haylings! Ne vous inquiétez pas, on s'occupe d'elle!"

Son père visiblement rassuré, adressa un signe de tête aux deux lycéennes et démarra. Sa fille eut un pincement au coeur et envisagea de changer d'avis mais son interlocutrice ne lui en laissa pas l'opportunité. L'attrapant fermement par la main, elle lui fit faire le tour du propriétaire, lui présentant chacun des invités. Tous se montraient si gentils avec elle qu'un instant, Suzie, optimiste, crut sincèrement que les choses avaient changé. Elle commençait à se détendre lorsque le rêve se transforma en cauchemar. Plus tard, elle devait faire le rapprochement avec cette branche qu'elle aurait du voir. Sa nouvelle amie lui annonça qu'elle avait quelque chose à lui montrer mais que c'était plus drôle si elle fermait les yeux pour avoir la surprise. Confiante de nature, Suzie abaissa ses paupières et ne fit aucune difficulté pour entrer dans une nouvelle pièce. La fille l'y entraîna et compta jusqu'à trois.

"Vous pouvez y aller les gars..."

"Les gars"?! Etonnée et même franchement inquiète, Suzie ouvrit les yeux. Et c'est là que les bombes de peinture rose entrèrent en action. En quelques secondes, sa robe en fut maculée. La jeune fille cria, voulut s'enfuir mais trébucha sur le tapis et s'effondra, faisant redoubler l'hilarité autour d'elle.

"Tu nous en veux pas, Suzie, pas vrai?""Dieu te l'interdit!" "On a voulu t'aider à te mettre à la page, question fringues."

En sanglots, cherchant une échappatoire alors qu'on continuait à l'asperger de peinture et qu'une poigne ferme cherchait à la maintenir au sol. Suzie cherchait une échappatoire. Elle vit soudain la porte s'ouvrir et chez elle, un déclic se fit. D'une ruade magistrale, elle envoya son agresseur au tapis et se redressant entama un sprint vers la porte d'entrée.

"Putain! Ferme la porte! Elle va se tirer!"

L'adrénaline jaillit en elle et se ruant sur la personne qui avait eu le malheur d'entrer à ce moment-là elle l'empêcha de se placer devant la sortie en le poussant de côté. Elle bondit dans la rue, poursuivie par ses bourreaux et s'engagea dans des rues qu'elle ne connaissait pas... Ceux qui la traquaient avaient non seulement l'avantage du terrain mais certains d'entre eux étaient des sportifs consommés et Suzie savait qu'elle ne risquait pas de les distancer. Elle commençait déjà à s'épuiser. Elle devait rentrer dans un endroit public. Elle devait trouver un refuge. Et soudain, elle vit un néon allumé et sous ce néon une porte qui s'ouvrait et se fermait. Un bar. Jamais ils n'oseraient la suivre dans un bar. Elle s'y précipita sans même prêter attention au nom de l'établissement et referma la porte derrière elle en inspirant profondément, espérant que ses poursuivants avaient perdu sa trace et qu'ils n'auraient jamais l'idée de venir la chercher ici. Soulagée, elle posa un regard attristé sur cette robe qu'elle aimait tant et qu'elle devrait jeter en rentrant et se laissa aller à pleurer. Ne voulant pas attirer l'attention sur elle, elle se décala sur le côté loin de la foule et perdit le contrôle de ses nerfs pendant plusieurs minutes. Lorsqu'enfin elle retrouva son calme, elle réalisa qu'elle se trouvait dans le dernier endroit où elle aurait voulu être.
La Révélation avait eu lieu quelques mois plus tôt et chez les Haylings c'était le genre de nouvelles dont on aurait pu se passer. La nouvelle de l'existence de créatures surnaturelles avait été suffisamment indigeste sans qu'en plus on leur accorde la nationalité américaine et les mêmes droits que les humains. Très vite, le pasteur avait fait le tri entre le bon grain et l'ivraie et acquis un avis sur tout. Il avait tracé la limite entre bien et mal pour chacune des nouvelles espèces. Les lycanthropes étaient les victimes d'une malédiction affreuse et tant qu'ils ne mangeaient personne volontairement, et bien ils étaient des paroissiens comme les autres. Les sorciers avaient reçu un don de Dieu, de même que les médiums et il ne tenait qu'à eux de l'exploiter correctement. Mais il y avait deux catégories qui ne trouvaient pas grâce aux yeux du pasteur et Suzie se trouvait précisément chez l'une d'entre elles. Elle se trouvait dans un bar à vampires. La peur d'être attaquée par les garçons du lycée laissa place à une sueur froide et à une peur panique qui ravagea d'un coup tout son être. Elle regarda vers la porte et s'y faufila, en espérant ne pas avoir été remarquée. Malheureusement pour elle, c'était déjà trop tard.

Chapitre 3 : I'm Gentleman Death in silk and lace, come to put out the candles

Après avoir fui le bar, Suzie était rentrée chez elle pour découvrir la maison plongée dans l'obscurité puisque, conformément à l'engagement qu'ils avaient pris, ses parents lui faisaient confiance pour ne pas rentrer trop tard. Elle jeta sa robe à la poubelle et se drapant dans son peignoir, alla prendre une douche dans l'espoir de se débarrasser du sentiment de souillure qui l'avait poursuivie durant tout le trajet du retour. Elle se coucha sans que la désagréable sensation ait disparu, tentant de trouver le sommeil. Mais comme la rédemption, le repos la fuyait. À la place tournait inlassablement les images de la soirée et son cortège d'humiliations. Comment pourrait-elle sereinement accepter de retourner au lycée lundi pour affronter ses tortionnaires? Dans ces moments-là, Suzie avait des pensées que son éducation et ses valeurs chrétiennes réprouvaient fortement. Elle avait peine à se l'avouer mais dans ces moments-là elle rêvait d'être plus forte pour enfin assouvir la juste vengeance qui lui avait toujours été refusé au prétexte qu'un jour Dieu s'en chargerait. Cet espoir avait fini par disparaître à force de vexations et d'outrages à mesure que sous le vernis de civilisation naissait autre chose... Probablement ce qui attira Alessandro vers elle...

Elle ne l'entendit pas rentrer dans sa chambre mais c'est en se tournant qu'elle le découvrit penché au-dessus d'elle. Elle faillit hurler mais une main ferme se posa sur sa bouche et l'en empêcha. Puis la Voix s'éleva et elle perdit instantanément toute volonté de se rebeller. Lorsqu'il retira sa main, elle se redressa pour l'écouter, fascinée par le moindre de ses mots, le moindre de ses mouvements. Suzie n'avait jamais vu un vampire d'aussi près mais maintenant que c'était le cas, là, dans sa propre maison, toute peur l'avait quitté. Il y avait quelque chose de magnétique et d'électrisant dans sa présence. Quelque chose que la jeune fille n'avait jamais ressenti. Quelque part au milieu des préceptes puritains et du désespoir, se trouvaient encore les rêves de prince charmant et la simple présence de cet homme, ou de ce qui y ressemblait, planté là devant elle qui lui parlait d'elle persuadé qu'elle était un magnifique papillon en devenir. Qu'il lui fallait juste quelques encouragements pour y parvenir et que tous ses rêves deviendraient réalités. Il ne la regardait pas comme si elle était la parfaite petite fille du pasteur du coin ou le bouc émissaire du lycée, la fille dont on se moquait parce qu'elle rougissait lorsqu'on parlait de ce qu'elle appelait pudiquement les « choses d'adultes ». Elle avait l'impression d'être considérée comme un être humain pour la première fois. Elle ne saisit pas tout de suite la teneur exacte de ses propos jusqu'à ce qu'il s'entaille le poignet pour en faire couler son sang.

—Bois. Avant que la blessure ne se referme. Bois et, je te promets Suzie... Ta vie ne sera plus jamais la même.

Suzie le regarda. Lui, cette blessure sur son poignet. Puis elle jeta un regard circulaire sur sa chambre. Le décor n'en avait pas changé depuis le primaire et ce fut à ce moment-là qu'elle comprit à quel point elle détestait cet endroit, à quel point sa vie lui avait toujours paru terne et étriquée et comme elle se sentait limitée. Elle regarda de nouveau le sang et sa résolution fut prise. Sa bouche se referma sur la plaie et elle aspira le précieux liquide à grandes gorgées. Elle ne voulait plus de cette vie, elle ne voulait plus être la petite fille parfaite, la grande soeur idéale, la victime désignée. Elle voulait avoir un peu de contrôle sur cette vie qui allait trop vite pour elle. Elle voulait profiter de la vie, elle voulait pouvoir se venger. La vérité était qu'elle voulait enterrer cette existence minable sous une cascade de sang. Celui d'Alessandro qui la rendrait plus fort, le sien quand elle deviendrait ce joli papillon dont il aimait tant parler et celui des autres quand enfin la chose sous le vernis de civilisation pourrait s'exprimer en paix. Pour la première fois de sa vie, Suzie fit quelque chose avec plaisir, avidité et joie.