➽ date et lieu de naissance. 4 novembre 1986 à Shreveport ➽ nationalité. Américaine ➽ état civil. Célibataire ➽ lieu d'habitation. South ➽ métier. Ouvreuse au Strand Theatre ➽ étiquette qui vous est collé. Amélia est perçue comme une demoiselle des plus aimables et agréables. En effet, elle se montre toujours polie, souriante, et n'hésite pas à vous parler s'il vous en prend l'envie. Elle n'apparaît que très peu, voire jamais, désagréable, même avec les clients du Strand Theatre qui posent des problèmes. Pourtant, ce n'est pas de l'hypocrisie chez elle mais simplement une très bonne éducation. On la trouve cependant un peu renfermée sur elle-même et un peu triste.

Amélia est une jeune femme des plus gentilles et agréables. Elle est cependant d'une grande timidité pour ce qui la touche personnellement. Elle n'hésitera jamais à poursuivre une conversation que vous avez commencée, n'hésitera jamais à vous parler de tout et de rien, à vous donner ses conseils avisés mais jamais elle ne dévoilera ce qui la touche au plus profond d'elle-même. En effet, c'est une jeune femme au coeur brisé, profondément triste, malgré son sourire accueillant et chaleureux. Pourtant, ce n'est pas de l'hypocrisie chez elle. Elle ne veut tout simplement pas imposer ses problèmes et son chagrin aux autres. De plus, elle n'est pas du genre à se confier au premier venu et elle a du mal à accorder sa confiance à quiconque. L'inverse n'est pourtant pas vrai : les gens ont l'habitude de lui avouer certains de leurs soucis et de venir quémander ses conseils. Elle les accueille alors avec un sourire et essaie de les guider au mieux. Mais jamais, jamais, elle ne dira un traitre mot de ce qui la concerne vraiment. Elle n'avouera jamais sa tristesse et son chagrin.  
Cependant, même si Amélia a un fond profondément triste et apeuré, elle peut également faire montre d'une force de caractère exceptionnelle. Elle trouve cette force dans sa foi, et dans les livres qu'elle adore par dessus tout. Ils lui permettent tout deux d'oublier les cauchemars qui peuplent ses nuits depuis qu'elle est toute petite et de s'évader dans un monde qui lui semble meilleur... ou du moins, moins atroce de celui dans lequel elle vit... ou encore, au moins différent. Autre. Ainsi, même si elle dissimule sa peine derrière sa politesse et son côté social, il lui arrive également de combattre ce chagrin et de se dire « aujourd'hui, tu ne seras pas triste ! ». Ainsi, malgré toute sa tristesse, Amélia est une jeune femme très forte et indépendante, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle apparaît donc parfois comme déterminée, voire têtue. Et même, bien que ce soit très rare, comme une forte tête lorsqu'elle défend ses idéaux.

Amélia est ouvreuse au Strand Theatre. Elle apprécie beaucoup son travail car il lui permet généralement de côtoyer des personnes relativement cultivées et raffinées. Et, si elle lit essentiellement des romans, la jeune femme apprécie également les pièces de théâtre. Ainsi, elle peut en profiter plus pleinement, en discuter avec les gens. Car, même si elle est timide sur sa vie personnelle, elle n'est aucunement avare en ce qui concerne la culture et l'art.
Sinon, Amélia aime beaucoup passer ses soirées à se promener dans son quartier et même en centre-ville. Elle aime l'air frais de la nature. Mais également rester chez elle avec un peu de musique et un bon livre. Néanmoins, il y a un rendez-vous qu'elle ne manquera jamais. D'ailleurs, c'est une habitude qu'elle a prise depuis toute petite, sans même sa famille. Elle se rend à l'église tous les dimanches matins. Et parfois même durant les autres jours, juste parce qu'elle a besoin de se confier à quelqu'un qui ne la jugera pas, ou bien pour seulement écouter les choeurs répéter, et parfois même y participer. En effet, elle a une très jolie voix, mais elle ne s'est jamais laissée convaincre par le prêtre de rejoindre les chanteurs.


› Amélia se rend à l'église à chaque fois qu'elle est perplexe, triste ou perdue, outre le fait qu'elle y aille tous les dimanches matins
› Elle n'aime pas les gens qui se pensent supérieurs aux autres, surtout s'ils ne le sont pas
› Elle ne se montrera jamais hautaine avec quiconque, ne se mettra jamais en colère
› Elle préférera s'excuser d'un sourire et fuir plutôt que d'être confrontée à quelqu'un qu'elle préfère ne pas côtoyer
› Elle aime énormément les romans de fantasy et d'héroïc-fantasy
› Au contraire, elle ne supporte pas ceux d'horreur et traitant de vampires et autres... Trouvant qu'ils peuplent déjà bien assez la réalité
› Elle aime la musique classique, le gospel, le jazz et les groupes et artistes indépendants
› Elle n'écoute pourtant pas de rock ou encore de rap, ni de R'n'B...
› Elle apprécie les fruits, sauf les pommes et les poires
› Elle est adepte de l'adage « Un esprit sain dans un corps sain ». Ainsi, il n'est pas rare de la voir faire son jogging tous les matins
› Elle aime chanter, fredonner, mais ne montera jamais sur scène. C'est une partie d'elle-même qui rentre dans sa timidité
› Elle a l'habitude de s'habiller un peu à « l'ancienne » : chemise ample avec un blaser, pantalon rentré dans des bottes montant parfois jusqu'à mi-cuisses...
› Et elle adore les chapeaux !! Elle en a même toute une collection chez elle
› Par contre, ce qu'on ne trouve nulle part, sont des photos de famille. Les seules présentes sont dans un carton dans le fond du grenier

Amélia n'a pas vraiment eu besoin de la Révélation pour savoir que les créatures surnaturelles peuplaient notre monde. En effet, depuis toute petite, elle en est convaincue. Elle avait un sens de l'observation très particulier, sûrement différent des autres. Ainsi, enfant, elle pensait aux monstres des contes que sa mère lui racontait. Adolescente et jusque avant la Révélation, elle essaya d'oublier tout ceci mais les monstres de son enfance la hantaient toujours. La seule chose qui changea pour elle, avec la Révélation, c'est qu'on ne la prenait plus pour une folle, bien que sa théorie des monstres n'avait pas quitté le cercle familial. Avant cette date fatidique, seule sa grand-mère la croyait... et elle fut un pilier dans son enfance et le début de son adolescence. Maintenant, Amélia est presque certaine que son aïeule était médium.

  Outre le fait qu'Amélia était au courant bien avant les autres de la présence des « monstres » parmi eux, elle n'a guère de signes particuliers. Elle a certes une voix des plus ravissantes mais sans plus. À vrai dire, elle s'est juste fait récemment tatouer un petit symbole, une rune, issue de ses livres favoris, les seuls mettant en jeu vampires, lycans et autres créatures, qu'elle lise : La Cité des Ténèbres de Cassandra Clare; derrière l'oreille droite. Ce n'est pas vraiment très croyant comme geste, sauf si l'on considère que cette rune est celle du pouvoir angélique. Evidemment, elle n'estime pas être dotée d'un pouvoir divin, mais elle aime à croire qu'un ange sera toujours là pour la protéger.

— Pourquoi ne veux-tu pas aller voir ce psy, Amélia ? Tout le monde le recommande pourtant ! Je ne te comprends vraiment pas ! En quoi une bande d'hommes en toge peut bien t'aider ? Un psychologue est plus qualifié. — Parce qu'il a un bout de papier encadré dans son bureau ?! Non Maman, tu ne comprends vraiment pas. — Amélia Andrews, 14 ans, glissa la bandoulière de son sac sur son épaule et quitta la maison en claquant la porte. Elle s'élança d'un pas vif à travers le quartier où s'alignaient les vieilles plantations, au Nord de la ville. Certaines étaient encore habitées mais la plupart voyait leur peinture s'effriter et les mauvaises herbes envahir leur jardin. Au moins, la jeune fille n'avait pas à s'inquiéter d'avoir réveillé les voisins. C'était bien suffisant que sa mère l'ait surprise à huit heures du matin, prête à quitter la maison. Huit heures du matin, un dimanche. Beaucoup l'aurait traitée de dingue de se lever aussi tôt pendant le week-end. Sa mère la première, bien que pas pour les mêmes raisons. Cela faisait des années que la collégienne se rendait à l'église. Seule. Ou parfois avec sa grand-mère. Mais jamais avec ses parents. Ils ne la comprenaient pas. Ne comprenaient pas son besoin de s'ouvrir à quelque chose de plus grand, quelque chose qui ne jugeait pas. Quelque chose qui croyait à ce qu'elle disait. Après tout, Saint Georges avait bien terrassé un dragon, non ? Les Inquisiteurs avaient bien fait brûler les sorcières. Les exorcistes chassaient les démons. Alors ils la croyaient. Les prêtres la croyaient alors qu'elle leur avouait la présence de monstres parmi eux. Pas comme ses parents. Pas comme ses psychologues qu'ils l'ont envoyée voir. Amélia continue son chemin, d'un pas rageur. Il n'y a que contre ses parents qu'elle arrive à éprouver de la colère. Encore une de leurs raisons pour qu'elle aille voir un psy. Ce n'était pas normal, n'est-ce pas, qu'une enfant ne parvienne à se disputer qu'avec ceux qui lui ont donné vie ? Car jamais Amélia n'a participé à une bagarre, jamais elle n'a tiré les cheveux des autres petites filles. Elle avait toujours su défendre ses opinions en restant calme et posée. Et si l'autre la cherchait un peu trop, elle se contentait de sourire et de s'éloigner. Il y avait tout de même une chose qu'elle n'avait jamais dit à personne. Personne à part sa famille. Et ça lui avait servi de leçon. Personne à part ces charlatans qui osaient vous affirmer pouvoir vous aider à vous débarrasser de vos démons. Balivernes ! Ils n'allaient pas débarrasser le monde des monstres dont elle avait conscience avec des phrases toutes faites, sorties des livres. Personne à part les hommes d'Eglise. Non, elle n'avait jamais avoué à quiconque hors de son cercle familial et des exceptions qu'elle pensait — qu'elle savait — que les monstres existaient bel et bien. Les vampires, les loups-garous, tous ceux dont on parlait dans les livres existaient vraiment.

Amélia l'avait toujours su, toujours senti au plus profond d'elle-même alors qu'elle observait les gens. Bébé, elle pleurait dans sa poussette quand sa mère passait près d'un loup ou d'un métamorphe. Elle pleurait quand elle passait près d'une sorcière ou d'un médium. Elle n'avait jamais vraiment su faire la différence entre toutes ses créatures. Elle savait juste qu'elles n'étaient pas humaine. Ou pas tout à fait. Des humains modifiés, altérés. Mais ce n'était qu'entrée dans l'adolescence qu'elle avait rencontré son premier vampire. Si la sensation qu'elle avait auparavant n'était que superficielle, presque comme lorsqu'on sent que quelqu'un nous observe, celle qu'elle ressentait face à un vampire était bien plus viscérale. Ou peut-être était-ce juste parce que cette première fois, alors qu'elle rentrait du cinéma avec ses quelques amis, elle l'avait vu se nourrir. Elle avait été la seule du petit groupe à s'arrêter brièvement, à tourner la tête pour sonder cette ruelle à peine éclairée. Mais ce qu'elle y avait deviné l'avait terrorisée. Et, au lieu de rentrer chez elle, elle avait été directement chez sa grand-mère, au Sud de la ville. Elle, au moins, la croyait. Elle ne la prenait pas pour une folle. Elle avait toujours adoré venir se balader dans le bayou, près des marais. Elle aimait sa grand-mère plus que tout et venait souvent se réfugier chez elle lorsque ça hurlait à la maison. Grand-mère l'écoutait toujours, lui donnait de précieux conseils. Alors, ce soir-là, elle avait accouru jusqu'aux marais, frappé à la porte de la maison et était entrée presque comme une furie chez son aïeule. Comme si elle avait ce vampire aux trousses et qu'elle ne serait à l'abri qu'ici. Sa grand-mère l'avait regardée dans les yeux, de ses prunelles un peu délavées. Ses cheveux qui avaient autrefois été d'un roux flamboyant tiraient maintenant vers le châtain foncé. Voyant la détresse de sa petite-fille, la vieille femme lui ouvrit ses bras et Amélia se dépêcha d'aller s'y réfugier. Elle tremblait de tout son être alors que sa grand-mère lui caressait doucement les cheveux. — Grand-mère... J'ai vu... j'ai vu... — Je sais mon petit oiseau... Je sais... Ne t'en fais pas...—

Cela faisait quelques temps déjà qu'Amélia renoncer à se battre avec ses parents. Elle se contentait de les éviter le plus possible et, quand elle était obligée de leur parler, elle le faisait en toute politesse, ne cherchant aucunement à asticoter les nerfs de sa mère particulièrement. Mais pourtant, les cris fusaient toujours de toute part. Comme pour appuyer sa décision de mieux faire, la jeune femme qu'elle était devenue — après tout, elle avait 18 ans maintenant — avait changé sa couleur de cheveux. Elle était passée de son roux flamboyant à un blond clair, qui lui semblait plus conciliant, plus doux, moins agressif. Mais sa mère ne l'avait pas compris ainsi... Car même si elle appréciait dans un sens que sa fille étrange veuille se démarquer du reste de la famille, s'en exiler presque en changeant sa couleur, ce n'était qu'un argument de plus lors des disputes. En plus de persister à croire aux monstres des contes et légendes, voilà que tu changes de couleur ! À croire que tu ne veux vraiment pas faire partie de cette famille !! Ce genre de phrases résonnaient souvent dans les murs de la vieille plantation. La grand-mère d'Amélia, par contre, l'accueillait toujours avec un sourire doux et attentionné. Elle lui avait même dit que cette couleur lui allait très bien. Elle n'était pas montée sur ses grands chevaux en hurlant qu'elle rejetait un héritage familial. Il était donc tout naturel que la jeune femme passe bien plus de temps chez son aïeule que chez ses propres parents. Elle s'y rendait presque tous les jours, et parfois même plusieurs fois par jour. D'autant plus qu'elle aimait l'ambiance particulière qui régnait autour de la demeure de son aînée. Les marais, bien loin de lui faire aussi peur que les créatures qu'elle pouvait croiser en ville, avait quelque chose d'accueillant à ses yeux, de calme et tranquille. Evidemment, ce n'était pas vraiment le cas, mais cette idée était sûrement rattachée à sa grand-mère.

Ce jour-là, Amélia venait voir sa grand-mère afin qu'elles se rendent toutes deux à l'église. L'aïeule ne s'y rendait guère mais elle appréciait toujours la compagnie de sa petite-fille et émettait parfois le souhait de l'accompagner, parfois juste pour passer un peu de temps avec elle ou bien pour sortir un peu prendre l'air. Amélia avait d'ailleurs été surprise que sa grand-mère lui fasse cette proposition ces jours-ci car elle l'avait trouvée bien fatiguée. Cependant, la jeune femme arriva tout de même le dimanche matin chez son aînée. Il faisait frais et Amélia avait sorti son blouson d'automne et son écharpe d'un vert pâle. Elle frappa doucement à la porte avant de l'ouvrir. Elle n'était jamais fermée, sa grand-mère n'ayant que très peu de voisins et tous à plusieurs mètres de là. Elle fut accueillie par le ronronnement de Church, le chat à poils longs qui régnait en maître sur la demeure. Pourtant, cette fois-ci, le chat se fit plus insistant, comme s'il voulait qu'elle le suive. Amélia soupira et la chassa gentiment. — Grand-mère ? Grand-mère, où es-tu ? Tu as besoin d'aide pour te préparer ? — La jeune femme passa près de l'escalier. Cela faisait plusieurs années maintenant que sa grand-mère avait décidé de changer le bureau en bas en chambre afin de ne plus avoir à monter à l'étage. La chambre du haut et la salle de bain servaient surtout à Amélia quand elle découchait. Ce qui arrivait assez souvent, au final. Elle longea le couloir plongé dans la pénombre jusqu'à la pièce du fond. De nouveau, elle frappa doucement et poussa la porte. Elle crut d'abord que sa grand-mère dormait encore. — Grand-mère... ? C'est moi, Amélia... — Sa voix n'était qu'un murmure alors qu'elle avança dans la pièce, doublée par Church qui sauta sur le lit et se roula en boule près de sa maîtresse. Quand la jeune femme approcha encore, il poussa un miaulement déchirant, se redressa et vint se frotter contre elle. Un mauvais pressentiment serra son coeur. Et, quand elle se décida enfin à poser sa main sur celle de sa grand-mère, elle était froide.

Amélia se trouvait sur une petite estrade. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle avait découvert sa grand-mère décédée dans son lit. Les médecins lui avaient assuré qu'elle était morte pendant son sommeil, qu'elle n'avait rien ressenti, qu'elle n'avait pas souffert. La jeune femme en était soulagée, bien évidemment, mais pourtant, cela faisait plusieurs jours qu'elle ne pouvait s'arrêter de pleurer. Le premier, sa mère essaya de la réconforter mais après plusieurs heures, elle s'était éloignée. Amélia lui reprochait de ne pas montrer sa tristesse — voire de ne pas en ressentir — alors que sa propre mère était morte. Evidemment, celle-ci ne le voyait pas du même oeil. Du coup, Amélia avait passé ces derniers jours dans la maison vide de sa grand-mère, pour seule compagnie Church le chat. Maintenant, c'était elle qui se trouvait sur l'estrade, à parler de son aïeule devant tous ceux qui l'avaient connue et l'avaient aimée. Elle avait fini son discours mais pourtant elle restait près du micro. Son regard se perdait dans le vide, encore humide des larmes qui séchaient sur ses joues. Finalement, sa voix s'éleva à nouveau, douce, faible, tremblant un peu des larmes qui menaçaient de surgir à nouveau. Cette fois, elle ne parlait pas. Non, sa voix se modulait, montait, descendait, jouait dans l'air. Bientôt, elle releva les yeux et fixa chaque visage dans l'assemblée. Tous étaient surpris qu'Amélia se mette à chanter. Certains savaient qu'elle avait une des voix les plus ravissantes de la ville mais se refusait toujours de le laisser paraître. Mais aujourd'hui, elle ne faisait pas ça pour elle. Ni pour ceux qui l'écoutaient. Non. Elle le faisait pour sa grand-mère, comme elle l'avait fait souvent de son vivant. Sa voix était uniquement portée par le micro, au début, puis, au fur et à mesure qu'elle prenait confiance en elle, qu'elle se détachait ce qui l'entourait pour ne plus penser qu'à son aïeule, la voix d'Amélia monta, prit de la puissance. Dans son chant, on pouvait percevoir toute la force de son chagrin, de sa détresse, comme si on lui avait arraché un bout d'elle-même. Ce qui était le cas. Car au fond d'elle-même, Amélia avait l'impression qu'un morceau d'elle l'avait quittée. Elle n'était plus entière sans sa grand-mère pour l'aider à supporter le monde et les horreurs qu'il contenait. Elle faisait passer tout cela dans sa chanson, si bien que sa mère se dandina sur sa chaise, mal à l'aise. Les autres, quant à eux, avaient les larmes aux yeux.

2007. Amélia a maintenant 21 ans. Elle est majeure. Pourtant, elle n'habite plus vraiment chez elle. Elle continue de passer la plupart de son temps dans la maison de sa grand-mère. Elle s'occupe de Church, fait le ménage, la poussière, aère. Car elle a commencé à travailler pour le Strand Theatre et attend juste d'avoir mis assez de côté pour combiner son argent et celui qui lui a laissé son aïeule. Encore un point de discorde entre Amélia et sa mère. Cette dernière ne supporte évidemment pas que Mamie ait tout laissé à sa petite fille. La maison, l'héritage, le chat. Et, malgré tout, cela représente une belle petite somme. Et tout ce qu'attendait Amélia pour déménager enfin était d'atteindre sa majorité. Pourtant, le destin voudra qu'elle quitte la demeure « familiale » plus tôt que prévu. En effet, un soir, Amélia, son père et sa mère étaient tous réunis dans le salon. Ses parents regardaient la télévision et la jeune femme lisait Orgueil et Préjugés pour la millième fois. Les informations allaient bientôt commencer et Lia écouta d'une oreille. Flash spécial disait la présentatrice. Lia leva la tête pour suivre un peu plus attentivement. De nombreuses images défilaient. Des vidéos d'un procès ou quelque chose du même genre. Tout allait assez vite, les informations fusaient dans tous les sens. Les reporters semblaient plus qu'excités, plus qu'exaltés, dépassés par tout ce qui se produisait. Pourtant, à un instant, tout retomba et l'annonce se fit. À l'écran, l'homme qui subissait le procès afficha une paire de crocs acérés. Amélia se figea, plus immobile qu'une statue de marbre. La peur fila dans ses veines et son coeur se gonfla d'adrénaline. Ce n'était pourtant que la télévision. Mais pas une série, pas un dessin animé, pas un film. La réalité. Enfin dévoilée. Pas un canular. La vérité vraie. Les regards de ses parents se tournèrent alors vers elle et un rouge de colère et de honte mêlées teinta le visage de sa mère. Amélia aurait pu ressentir une certaine fierté, sortir un « je vous l'avais bien dit » bien senti, mais elle s'abstint. Elle ne se sentait pas victorieuse. Pas le moins du monde. Elle aurait presque voulu que tout ce qu'elle croyait exister n'était pas vrai. Elle aurait voulu être folle, et seulement être une femme qui croit à l'existence des monstres. Pas qu'ils existent réellement.

Lia était toujours assise à sa table, son livre retourné pour marquer la page. Elle regardait sa mère se lever, se précipiter à l'étage. La jeune femme n'avait même pas besoin de la suivre. Elle entendait le bruit de la valise qu'on sortait de sous le lit, les portes de l'armoire qui s'ouvraient. Sa mère hurlait à son père de monter, de venir l'aider, ou de s'occuper de ce qu'il voulait emporter. Celui-ci adressa un regard triste à sa fille qui arriva à peine à lui offrir un sourire. Sa mère, quant à elle, Amélia le savait très bien, ne lui ferait jamais d'excuses pour toutes ses années de tourment. Elle se servait juste de ce qu'elle se souvenait. Des pleurs de sa fille, de son insistance pour changer de chemin, à chaque fois qu'elle croisait une créature surnaturelle. Et c'était arrivé diablement souvent. La mère d'Amélia avait alors vite fait le calcul : Shreveport était bondée de ces créatures. Et elle en avait peur. Peur parce que sa fille avait raison. Peur parce qu'après tout, elles étaient des monstres. La valise faisait un rafut du diable en descendant les marches derrière sa mère. Amélia encaissa chaque bruit comme un coup. Elle croisa les yeux de sa mère et n'y lut qu'une étrange lueur. Elle la fit frissonner dans le plus profond de son être. Dans cette lueur, Lia pouvait lire l'envie que sa génitrice avait de l'emmener avec elle. Non pas pour assurer sa sécurité mais pour qu'elle leur serve de détecteur à monstres. Ce fut au tour de la jeune femme de se lever brusquement, si bien qu'elle faillit renverser sa chaise. — Non Maman. Jamais. — Lia prit son livre et sortit précipitamment de la maison alors que sa mère hurlait derrière elle. Elle ne voulait pas quitter Shreveport malgré tous les monstres qui s'y trouvaient. Elle ne voulait pas quitter la maison de sa grand-mère et Church. Elle ne voulait pas quitter son travail. Elle ne voulait pas quitter cette ville. Surtout si ceux qui la lui avaient rendus difficile à vivre partaient. Elle était partie se réfugier dans sa seconde maison. Sa première de coeur. À jamais. Elle s'était enfouie sous les draps de la chambre du bas, Church collant son petit corps contre le sien. Elle le caressait machinalement, lui chuchotant sans relâche. — Ils existent, Church. Vraiment. Je ne les ai pas inventés... Grand-mère savait. Elle savait. Ils existent, vraiment. Je ne les ai pas inventés... Grand-mère savait... Elle savait... — Les larmes roulèrent sur ses joues, comme elles ne l'avaient pas fait depuis la mort de son aïeule.

Depuis le jour de la Révélation, d'autres races se sont découvertes. Les loups-garous et métamorphes, les sorciers, les nécromanciens, les médiums... C'était compréhensible. Amélia se doutait bien qu'il n'y avait pas que des vampires. Ce n'était pas possible. Ou bien alors ces derniers auraient été capables de marcher en plein jour. Mais pourtant, elle avait toujours été convaincue que les créatures qu'elle rencontrait en allant au travail ou en faisant ses courses n'étaient pas des vampires. Ils ne lui causaient pas la même peur viscérale que ces morts-vivants. Elle avait même deviné, déduit, que sa grand-mère devait être médium. Elle s'était renseignée un peu, dans les livres, ou encore en regardant la télévision. Si peu en allant demander aux gens. Les médiums et sorciers étaient capables de voir les auras, ou quelque chose du genre. Cela leur permettait de reconnaître les différentes créatures. C'était sûrement pour ça que sa grand-mère savait. C'était étrange pour la jeune femme d'avoir ainsi peur de ces CESS comme on les appelait maintenant, et de savoir que sa grand-mère en était une. Même si la plupart des loups, des sorciers qu'elle croisait chaque jour dans la rue ne lui étaient pas hostiles, Amélia ne pouvait s'empêcher d'être sur ses gardes, à l'affut. Elle ne pensait pas que ces créatures étaient foncièrement mauvaises, non — sauf peut-être les vampires —, après tout, elles vivaient comme tout le monde ou presque. Mais elle ne pouvait pas échapper à cette appréhension qui lui enserrait le coeur à chaque fois qu'elle croisait l'un d'entre eux. Peut-être était-ce du à son enfance, lorsqu'elle pleurait ou voulait changer de trottoir. Comme tout être humain, Amélia a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Peur de ce qui échappe à son entendement. Cependant, s'il y a bien une chose qu'elle ne fait pas comme le reste de l'existence humaine, c'est changer cette peur en rage et en folie destructrice. Elle essaie d'apprendre à aimer son prochain et à voir au-delà des apparences, se disant que, malgré tout, sa grand-mère était bien l'une de ces CESS qui lui font si peur.

C'était l'anniversaire du décès de sa grand-mère aujourd'hui. Alors qu'Amélia se promenait dans le parc, elle était ailleurs. Ses pensées dérivaient sans qu'elle ne fasse attention à ce qui l'entoure. Tout ce qui comptait était les larmes silencieuses qui s'écoulaient à l'intérieur d'elle, invisible aux autres. Elle se contentait d'écouter les bruits de la nature, de marcher, de ne penser à rien. C'était un peu sa manière de rendre hommage à son aïeule. Cette dernière avait toujours aimé la nature, avait toujours aimé se promener, même lorsqu'il faisait froid au dehors. Amélia s'arrêta près du grand lac. Le vent faisait naître des ondulations à la surface de l'eau. La jeune femme se perdit dans la contemplation des reflets mouvants. Elle revoyait ses années passées bien plus chez sa grand-mère que chez ses propres parents. Elle revoyait cette femme aux cheveux roux parsemés de gris l'accueillir à bras ouverts lorsqu'elle s'enfuyait de chez elle en larmes. Elle la revoyait cuisiner pendant des heures. Elle se revoyait avec elle, en train de faire des batailles de farine. Elle se revoyait en train de lire à côté du feu alors que sa grand-mère tricotait. En silence, juste avec le tourne-disque qui laissait échapper du Mozart ou du Beethoven. Elles n'avaient pas besoin de parler. Elles avaient juste besoin d'être l'une avec l'autre. Rien de plus. Une larme franchit la barrière de ses paupières pour venir rouler sur sa joue. Il était rare qu'elle parle à quiconque durant cette journée. Comme si elle voulait garder le silence, en souvenir des longs après-midis passés avec sa grand-mère. Amélia finit par se pencher et s'asseoir dans l'herbe douce, encore verte, malgré le froid qui gagnait du terrain. Elle replia ses genoux contre elle, les entourant de ses bras, le nez caché dans son écharpe. Le bout de ses bottes rencontrait parfois l'eau qui montait et redescendait avec le vent. Le soleil brillait au dessus de Shreveport mais ses rayons étaient pourtant bien pâles. C'était néanmoins une belle journée. Amélia ne fit pas attention lorsqu'elle entendit un crissement de pas qui approchait d'elle. Elle se contenta d'admirer les rayons qui dessinaient des images sur l'eau. — C'est une bien jolie journée pour être si triste. — La voix qui avait parlée était agréable, masculine, sans une once de reproche ou de pitié. Juste une constatation, une douce constatation. Amélia ne détourna pas le regard du spectacle naturel qui se déroulait devant elle. Elle ne voulait pas que l'inconnu voit s'échouer une nouvelle larme sur sa joue. La première glissait sur ses lèvres et sa langue goûtait sa saveur salée. Un nouveau bruit et le jeune homme s'était assis à côté d'elle, mimant sa position. Du coin de l'oeil, la jeune femme le regarda. Il devait sûrement être un peu plus grand qu'elle lorsqu'il était debout. Ses cheveux étaient d'un châtain clair ou blond foncé, elle n'aurait su le dire. Elle ne voyait guère plus, à part une courbe de mâchoire douce, loin d'être abrupte comme chez certains hommes. Le silence s'installa entre eux alors qu'Amélia ne disait rien. Il ne fit rien pour poursuivre la conversation non plus et Lia reprit sa contemplation. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes. Peut-être une heure, ou plus. Elle ne savait plus très bien. Seulement que le jeune homme à ses côtés ne la dérangeait pas tant que ça. Il lui apportait une sorte de soutien sans qu'elle ne sache pourquoi. Puis, après tout ce temps, Amélia finit par déplier ses jambes pour se lever. Précipitamment, l'inconnu fit de même pour pouvoir lui tendre la main et l'aider à se mettre sur pied. Elle prit sa main avec un sourire à peine visible. Les traces laissées par ses larmes étaient sèches, légèrement blanchies par le froid ambiant. Ses doigts toujours entremêlés avec ceux du jeune homme, Lia murmura un seul mot, avant de s'éloigner pour rentrer chez elle. — Merci. —

➽ pseudonyme. Azrael ➽ âge. 21 ans ➽ code du règlement. Et bien, il ne manque plus que le thème musical de Dracula, prince des ténèbres, et je crois qu'on pourra commencer ➽ avis général à propos du forum. avec un troisième compte, vos n'allez tout de même pas penser que je n'aime pas ce forum, si ? ➽ avatar utilisé. Alexz Johnson