Identité
✤ Traits de caractères
Fragments posthumes ; elle danse, Aksel. Elle danse à en rayer le parquet de la pointe adamantine de ses adorables petons. Elle virevolte en tout sens dans un ballet démentiel et tragique, poignant à en tirer les larmes. Relief d’une vie antérieure que sa dépouille gracile s’obstine à ressusciter, en dépit de la mélancolie qui ruisselle de sous ses paupières closes. Elle ne connait pas l’origine de ses chaloupes endiablées, elle ne se souvient pas. Aksel, elle a décousu chacun des fils qui la retenaient à la vie, avec la patience de Pénélope. Fanée, pétales délavés, n’en demeure pas moins à fleur de peau. Efflorescence captive du givre ; l’éternel hiver a figé sur son minois inaltéré la fragilité d’un edelweiss. Simulacre, vous souffle votre intuition biaisée par l’épouvante que vous inspire ses pareils. Ce serait aberration, absurdité, de lui accorder le bénéfice du doute. Cependant. Son âme, déséquilibrée par les mutilations successives que la non-vie lui inflige, chancèle entre les paradoxes, prohibe l’invulnérabilité dont on serait tenté de la soupçonner. Versatile, par nature inapte à la duplicité, elle ne trahie pas – du moins pas délibérément. Ses failles, au contraire, elle les exhibe avec une sorte de désinvolture fleurant l’impertinence. L’enfant sauvage ignore la pudicité bienséante, les cérémoniels protocoles. Sa fragilité proclamée est l’étendard de son audace à s’exempter de certaines règles. Elle ne s’envisage pas hors-la-loi pourtant. Car la Loi, l’Unique, c’est Aslaug. Pourriture dévote ; rectification. Aslaug est le Tout cosmogonique, elle est l’ontologique Raison de toute chose. Ombre s’ambitionnant reflet de la mère, Aksel n’aspire qu’au consentement de sa créatrice et ne se soumet qu’à sa sanction. La démiurge et ses engeances, Selina et Maya, sont la trinité à laquelle elle pourrait sacrifier un à un tous les autres prétendus dieux, sans le moindre scrupule. Tremblez, vous qui n’en êtes pas la moitié d’un, s’il vous prenait l’outrecuidance suicidaire d’intenter à un seul de leurs cheveux adorés. C’est dans l’allégresse et la plénitude exaltée du devoir accompli qu’elle s’expédierait en Enfer pour vous y traquer et vous inculquer sa notion, très personnelle, de l’amour. Hydre de haine ; il en faut moins que cela, toutefois, pour allécher la Bête. Sous la surface olympienne de ses prunelles myosotis, elle observe. Ne dort jamais. N’alerte pas. N’épargne pas. Ne renonce pas. Repue à la mamelle du démon, gavée d’un lait vermeil imprégné de colère et de violence, elle est le rejeton de la portée qu’il ne faut définitivement pas faire chier. Au-delà de la cruauté, au-delà même du sadisme, Aksel est bestialité. Aksel est une folie créative, une chimère, façonnée de mythes et de réalités consubstantielles, une savante harmonie d’ignominies qui s’agencent dans une logique qui dépasse souvent l’entendement de tout un chacun, mais qui n’en est pas moins cohérente à sa façon. Poésie du vide ; séraphine, elle sème le chaos et la destruction sans jamais se départir de ses célestes manières. Elle est néant, de passion elle n’a pas, peut-on présumer. Sa véhémence s’exprime dans le secret récital des os qui se rompent et des chaires qui se lacèrent. C’est un mutisme malsain, dérangeant, qu’elle oppose aux hurlements de déments que son art fantasque provoque et orchestre. La délicatesse de sa sauvagerie et la discrétion avec laquelle elle s’accomplit, perturbe, affole. Arachnéenne, elle se perche à la cime de l’horreur sur la pointe des pieds, avec la grâce d’une ballerine à la chorégraphie bouleversante.

✤ Occupations, manies, habitudes & goûts
₪ Souffre d’une intolérance au sang synthétique qui lui provoque de cuisantes brûlures d’estomac entraînant d’odieuses régurgitations. Vrai qu’elle n’en consommerait pas de toute façon, c’est une question de principe. Mais ça lui fournit un prétexte admirable pour fuir les bars branchés et toutes ces nouvelles modes tendant à essayer d’assimiler les vampires à l’humanité.
₪ Insubordonnée au désir impérieux que la Soif fait naître chez le reste de ses congénères. Cette « infirmité », Aslaug l’a décelée précocement chez son Infant. En conséquence, sa famille a veillé, dans le but de la protéger, à ce qu’Aksel développe une peur panique de manquer. Ca n’a pas été difficile, compte tenu de sa nature maniaco-obsessive... Le revers, c’est qu’Aksel chasse avec la désinvolture des impunis, puisqu’à ce jour sa famille a toujours su gérer les trop fréquents débordements de la cadette, dans la crainte anxieuse qu’elle ne manque de rien. La sédentarité change la donne, mais le mal est fait et les habitudes, comme Aksel, ont aussi les dents dures.
₪ En charge de l’Armurerie de l’Essaim, Aksel fait preuve d’un professionnalisme inattendu. Certes, elle ne respecte aucun horaire. Lorsqu’on a l’éternité devant soit, on a tendance à appréhender le temps avec un certain dédain frisant l’impolitesse. Mais c’est un détail. Elle est à la hauteur de la tâche, et tout ce beau monde lui en sait gré. C’est qu’elle a un don, Aksel, pour dénicher l’arme qui convient à telle ou telle nature. Elle est un peu ce que M. Ollivander est à la baguette magique, version Essaim... pardon, pas pu m'en empêcher.
₪ Aux heures de repos, somnole délicieusement dans les tendres bras de Sélina, sa sœur aînée adorée qu’elle se précipite de rejoindre dès qu’elle en a l’occasion, et s’abandonne à ses cajoleries dans une souveraine extase. Si elle avait la capacité de ronronner, elle vibrerait de tout son corps jusqu’à épuisement. Mais elle supporte difficilement – euphémisme – les sorties shopping de l’Hérésie. Elle prend sur elle, néanmoins, sans pour autant se départir de sa moue boudeuse et obstinée. Faut quand même pas pousser.
₪ Entretient une relation particulièrement déconcertante et singulière avec Maya, sa seconde sœur. Un grain de poussière s’est logé dans la mécanique, ça obsède Aksel mais les regards que l’Hérésie lui lancent parfois la pétrifient, ce qui empêche toute réelle confrontation et mise au point. N’empêche qu’elle l’aime, qu’elle tuerait et mourrait pour elle. Elle se persuade que Maya en ferait tout autant ; la famille est l’un des rares domaines dont elle s’interdit toute remise en question. Parfois, Aksel se surprend à monter la garde devant la porte de l’appartement-taudis que l’Hérésie occupe, à Stoner Hill. Elle aimerait entrer, s’y refuse, rebrousse chemin. Et revient, inlassablement, la nuit d’après ou la suivante. Peut-être finira-t-elle par la franchir. Peut-être.

✤ Discipline
Subversives chimères ; elles sont douées d’une volonté propre, se déploient à leur guise dans l’univers perméable de la blonde caboche, éventrent son imagination pour s’infiltrer dans la réalité sans en demander la permission. Virus contagieux, elles aliènent ensuite les intellects aux défenses immunitaires les plus déficientes, trompent les plus observateurs, divertissent les plus lucides. Elles se coulent dans les contours qu’elles désirent, se galbent dans des anatomies qui surprennent tout autant Aksel que ceux qui en sont dupes. Caprice. Lorsqu’elle le veut, elle est parfaitement capable de les sculpter selon sa fantaisie – quand bien même elle prétendrait l’inverse. C’est que ça ne lui plaît guère d’assujettir ses rêveries –  l’expression n’étant pas des plus appropriées pour désigner les abstractions d’une arrière-petite-Infant de la Mère des Cauchemars ; en l’occurrence, l’influence du sang de Marnée Noire ne fait aucun mystère.

₪ Calamité facétieuse ₪:

Nocives éclaboussures ; sa créativité indépendante et débridée souille sa vision du monde de « délires » obsessifs. Prêtresse d’un iconoclasme peut-être excessif, elle s’attaque à tous les dogmes sans exception. Aksel doute à outrance, supplicie sa logique jusqu’à en extraire l’ultime essence. S’ébauchent alors d’infaillibles convictions qui la tourmentent, de monstrueuses obsessions qui la hantent, sans répit. Le fait est qu’elle n’est pourtant pas cinglée. Loin de là. Elle pénètre des systèmes que la masse ne perçoit même pas, assimile des informations insaisissables à la grande majorité, discerne l’inenvisageable. C'est cette extraordinaire – au sens étymologique du terme – intelligence qu'elle met au service de son art ; les armes qu'elle pense et créé sont des bijoux de science et de rêve entremêlés aux mécanismes complexes et aux dégâts ravageurs.
Incomprise, parfois même persiflée, Aksel n’est finalement peut-être qu’une Cassandre des temps modernes, condamnée à ne jamais être entendue malgré la finesse de ses réflexions. A titre d’exemple, Aksel soutient que la Soif n’existe pas. Qu’il s’agit d’une psychose ancrée dans l’inconscient collectif – la preuve, elle-même ne l’a jamais ressentie. Elle affirme également que la Torpeur mène l’esprit de l’Immortel qui la subit à se scinder entre tous ses descendants et, qu’à ce titre, il s’agit de l’évolution finale de la race, l’acte ultime de Transmission.

L’étendue des limites ; il n’est en vérité qu’une limite à sa créativité. Le sang. Qui lui manque, quand elle y trempe le bras, tandis qu’elle devrait se contenter de n’y tremper que le bout des doigts. Si de Vitae ses veines sont dépouillées, la menace que la Frénésie les regonfle est un péril d’autant plus prévisible qu’Aksel ne connait pas la Soif. Cette notable défectuosité du système, elle en a conscience sans toutefois être en mesure de la rectifier en dépit de l’illustre sagacité dont elle est naturellement dotée. Corollaire de cette incapacité à surveiller ses réserves, Aksel est imprudente. Les Chimères la dévorent, littéralement. Plus elles détraquent la perception de nombreuses cibles, plus elles la rongent. Plus elles sont alambiquées, plus elles la consument.

✤ Convictions
Dans le fond, tout ce qui dérange, perturbe ou bouleverse remporte d’emblée son suffrage. Assister à ce séisme médiatique – car ça n’était rien d’autre qu’un coup de buzz, à ses yeux –, c’était plutôt cocasse, à défaut d’être follement passionnant. Les Anciens arguaient avec la suffisance dont on les sait bouffis que le glas de la grandeur de la race venait de retentir (les vieux, peu importe leur espèce, décèlent toujours dans le présent qui leur échappe les signes de la décadence qu’ils redoutent) et les Néophytes s’imaginaient vivre un tournant historique sans précédent (les jeunes, peu importe leur espèce, considèrent toujours que leur génération est appelée à changer le monde).
En définitive, le grand vainqueur de cette épopée télévisuelle, c’est le capitalisme. De nouveaux marchés ont éclos, les panels de cibles consommatrices se sont diversifiés, bref. C’est toujours une histoire de pognon, inutile d’aller chercher plus loin. Le grand danger de cette époque, ce n’est pas le suceur de sang mais le suceur d’or – l’un et l’autre n’étant d’ailleurs que les revers d’une même médaille, puisque celui qui possède le temps, possède aussi l’argent ; et vis-vers-ça.

✤ Signes particuliers Vous avez un tatouage ? Une cicatrice ? Qu'est-ce qui vous rend particulier ? Dites-nous donc ce que c'est. Facultatif.