Encore elle. Enfin, "encore", ce n'est pas comme si vous vous voyiez tous les jours. Mais les visages t'exaspèrent tellement vite ... Elle exclame ce qui peut paraître être de l'étonnement pour les passants, qui montrent par ailleurs des regards surpris et amusés. Mais toi, tu sais très bien que ce langage est son apanage le plus distinctif, qu'elle arbore comme une enseigne, une pancarte de signalisation, même. Quoi qu'il en soit, elle ne t'arrache aucune réaction ; décidément, elle aura toujours du mal. Elle obtiendra seulement une réponse verbale un peu stérile, du genre à celles auxquelles elle est habituée :

"Ce genre d'activité demande un peu d'aération, parfois ... Tu devrais essayer, pour t'en rendre compte."

La réponse suscite autant d'intérêt que la question avant elle, autour de vous. Même toi, tu es moins intéressé qu'eux par tes mots, et ce parce que ce n'était que formalité. Même Lorna n'accorde plus d'importance à ce que tu dis ; mais surtout parce que qu'elle s'est effondrée. Sans que tu saches pourquoi, d'ailleurs. Là, elle a réussi à t'attraper une réaction. Un sourcil froncé, un léger recul sur tes appuis. Rien de plus, oh. Mais c'est déjà ça, quand on te connait.

Mais en tournant la tête, là, tu tombes sur plus fort encore. Des clones de toi. Là, c'est l'éclat de rire. Tu ne comprends pas, même si tu devines maintenant que la magie est derrière ; mais la situation t'amuse. De l'inédit. Tu t'approches de l'un d'eux, muni d'un regard presque ahuri, et le tâtes comme s'il n'était qu'un "oscar", un squelette d'exposition, un mannequin. A-t-il une conscience ? Est-ce la tienne ? Est-ce une conscience propre, indépendante ?

"Un robot ou un usurpateur ?"

Puis d'un seul coup, tu te retournes vers le corps abandonné de ta consœur. Tu te penches, comme pour entendre un murmure ; en réalité, tu sais que tu n'obtiendras pas encore de réponse.

"Où que tu sois, tu vas vraiment t'emmerder."

Résumé:

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Si un truc te laisse souvent con, c'est les hystériques. Ils vont tellement plus vite que toi que c'en est fou de constater ce contraste de vitalité. L'une d'entre elles s'est écroulé, mais un autre, de manière complètement inattendue, fait apparition dans ton champ de vision, et gifle l'un de tes clones, aussi fort que je parie que tu l'aurais presque ressenti. Mais non. Par contre, autre chose t'interpelle, une sorte d'écho cérébral, une onomatopée qui raisonne. Puis carrément un "Faites quelque chose !", comme si une conscience t'alarmait. Alors comme ça, tu es connecté à eux.

En outre, tu te tournes à nouveau vers cette Lorna, qui est ... sauvée ? Par une femme visiblement improvisée. Tu ne comprends plus rien. Ce qui est bien normal. Si Lorna est encore là, elle doit certainement fulminer. Pour changer. Toi, tu essaies d'expérimenter cette communication mentale, qui semble néanmoins être très approximative. Ca ressemble un peu à un appel téléphonique coupé par des interférences, d'autant que tous les clones y sont reliés. Mais des mots passent, et cela prend la forme d'une concertation. Contre cette personne qui avait si joliment claquer la joue de l'un de ... vous.

D'un coup, tu lèves le menton et regarde cet homme (ou femme, tu sais plus trop) et lui jettes :

"Trop de colère en si peu de mots ... Soit vous êtes sauvage, soit vous êtes muette."

Et à en juger ses expressions faciales, c'est la deuxième option. Alors l'un de tes larbins prend le relais.

"Je vois, vous êtes donc muette. De toute façon, vu votre hystérie, ça vaut mieux."

Quand le clone finit, un autre saisit le flambeau, pendant que tu restes immobile. Fondu dans la masse si uniforme de tes semblables.

"Passez vos nerfs si vous voulez. Mais juste un conseil : ne soyez pas trop téméraire. Nous sommes onze, et imprévisibles."

Si elle ne perd pas la tête, elle aura su se montrer solide. En tout cas, dans ce petit jeu si atypique, tu jubiles.

Résumé: