Traits de caractères Commençons par le plus facile : mes défauts. Je suis orgueilleuse, rancunière, pleureuse. Je suis froide et entêtée, et je ne me souviens pas avoir déjà éprouvé de la pitié pour quelqu'un. Je suis peureuse, j'ai peur de la mort, des monstres. Moins j'en croise et mieux je me porte. Je peux être manipulatrice et impulsive. Je déteste qu'on me prenne de haut, qu'on se croit supérieur à moi. Je suis une humaine : je suis fragile.

Ensuite vient mes qualités : Je suis fonceuse, et malgré ma peur, j'ai toujours (sauf cette fois-là, dans la ruelle) assez de courage pour affronter. J'ai de l'empathie. Je suis une passionnée, une fille fidèle. Les autres me perçoivent comme étant la solitaire, mais c'est parce qu'ils ne veulent pas prendre le temps de percer ma carapace : au fond, je suis très gentille. J'adore faire des blagues et discuter. Et mon sourire... rare sont ceux qui le verront. Mais si vous réussissez, à en voir un sincère, alors vous aurez gagnez.

Je suis maligne, silencieuse, mystérieuse. Je suis orgueilleuse et loyale, honnête mais directe. Ma naïveté est mon talon d'Achille.
Occupation nocturneLa nuit, je fuis le noir, c'est simple. Je vais travailler au Devil's arm, en tant que serveuse. Je ne suis pas une strip-teaseuse, loin de là, et quoique mes vêtements soient, pour la cause, plus ou moins aguicheur, je suis loin d'être une de ses filles faciles qui couchent. Vers 3h du matin, lorsque je fini de travailler, je me rends directement à mon appartement. Je n'y vais pas en courant, ne vous en faites pas. En fait, je plonge le nez dans un bouquin et je continue ma route, laissant mon corps me guider jusqu'à mon logement. Sinon, lorsque je ne travaille pas, je vais voir mon père, ou bien je sors au cinéma, des trucs de ce genre. Et puis la lecture, est-ce que c'est nécessaire de le mentionner ? Ah et puis : je demande toujours, lors de la pleine lune, congé. Je fais peut-être comme s'ils n'existaient pas tout le long du mois, mais il y a un moment où je ne peux le nier...
Manies, habitudes & goûts La lecture, la lecture et encore la lecture. Ah oui, et les bretzels au chocolat. J'adore manger, et je suis une de celles qui ne grossissent pas.
Convictions Cette révélation, au début, je l'ai vu passer sans vraiment m'en rendre compte. J'avais vu les infos à la télé, bien sûr. Mais il n'y avait pas beaucoup de vampires, à la Nouvelle-Orléans ; alors je les ai vite oubliés. Même si j'ai été sous le choc de leur coming out, le fait de ne jamais en avoir vu un faisait en sorte que je ne réagissais pas plus que ça. Je me souviens que ma mère, ça l'inquiétait : durant un moment, ma sœur et moi devions rentrer avant le coucher du soleil. Toutefois, après un mois, ça lui a vite passé. Ensuite je suis venue ici, et j'ai fait la rencontre de mon tout premier vampire. Je me suis rendue compte qu'ils étaient loin de ce que je m'étais imaginée. Comment, dans mes livres, les filles pouvaient-elles tomber amoureuse de ces abominations ? De ces monstres ? Je suis de ceux qui croient qu'ils ne devraient pas exister.
Signes particuliers Des tatouages ? Certainement ! J'ai la date fatidique de la mort de ma soeur et de ma mère, en chiffre romain, sur l'intérieur du poignet gauche, ainsi que la première lettre de leur prénom. De cette façon : ICI J'ai aussi un attrape rêve derrière l'oreille, mais qui est en UV : dans la nuit seule je pourrai le voir, mais il est là et me protège. J'ai plusieurs cicatrices, parce que je suis une personne maladroite mais aussi parce que je me suis longtemps fait persécuter à l'école. J'en ai un assez important sur le bas du dos.

Carnet de route

Je ne suis pas très alaise d'écrire sur ma vie. En fait, je ne suis pas très alaise que vous en sachiez beaucoup sur moi. Quoique beaucoup, c'est un mot trop fort pour décrire la vie que j'ai vécu : Je suis née, j'ai grandi, et puis me voilà. Il n'y a pas eu de révélation de dons surnaturels comme chez certain, de crocs qui m'ont poussé, ou une soudaine double personnalité animale qui m'arrive les soirs de pleine lune. Mais bon, puisqu'il le faut...

Je suis née ... il y a 21 ans, en Nouvelle-Orléans. Je n'ai pas eu une enfance de misère, loin de là,mais elle n'a pas été rose bonbon non plus. En fait, ma mère avait rencontré mon père à Shreveport, alors qu'elle allait y rejoindre de la famille pour les vacances. Elle le trouvait étrange, avec sa conception du monde, mais ça n'avait pas empêché de tombée amoureuse de cet homme. Ils se fréquentèrent durant un long moment (et par long, j'entends deux ans), avant qu'elle ne prenne la fuite. La cause ? Moi. Elle était tombée enceinte, et connaissait le désir de mon père de ne pas avoir d'enfant. Elle n'avait jamais compris ses raisons, toutefois, elle avait trop peur et ne savait pas quoi faire, où elle en était. Ma mère a prétexté avoir besoin de retourner dans sa ville natale, là où elle avait fait sa vie avant de le rencontrer, pour se ressourcer, pour réfléchir à son avenir (ce qui, en somme, était vrai). Mais elle n'est jamais revenue...

J'ai grandi ... en Nouvelle-Orléans jusqu'à l'âge de 18 ans. Jusqu'à ce que j'atteigne ma maturité et que je puisses voler de mes propres ailes, sans craindre de laisser derrière moi des regrets. J'ai eu une enfance assez joyeuse, avec ma mère et ma grand-mère. Chacune prenait soin de moi à sa façon, et me prodiguait l'amour ou les leçons nécessaires à ce que je devienne, selon elles, une bonne personne. J'ai été dans une école, et j'avais des notes acceptables. Lorsque j'étais toute jeune, j'étais assez populaire. J'avais plusieurs amis, et j'étais celle qui, dans la classe, rigolait de tout et de rien pour attirer l'attention. Puis, j'ai ouvert mon premier livre de compte. À l'âge de 12 ans, j'ai découvert, la vie. Certains diront que ce n'est pas la vrai, que ce n'est que des pages que je tourne, où les miracles surviennent, où les histoires finissent toujours bien, où les héros ne sont que trop parfait. Mais moi, j'aime humer les pages, les touches, m'imaginer ce que se serait d'être si loin de tout cela. J'aimais me plonger dans les livres et devenir une héroïne. Je devenais alors, plus vivante que jamais.

Deux ans plus tard, alors que j'avais 14 ans, mon «rêve» se réalisa, et j'entrai pour la première fois dans une histoire de monstres suceurs de sang : les vampires venaient de faire leur apparition. Et c'était loin de ce que j'étais imaginée : mais livres ne relataient pas le sang coulant sur la commissure de leurs lèvres, leurs yeux rougis, leur nombre si grand. Je ne les voyais plus comme des âmes perdues, mais plutôt comme des démons sortis tout droit de l'enfer. Toutefois, leur présence ne fut pas très présente, en Nouvelle-Orléans, et j'oubliai vite leur présence ; n'en ayant jamais rencontré, j'avais plutôt l'impression que c'était des histoires comme les autres.

Je n'avais plus beaucoup d'amis. Peut-être un, au grand maximum, en fait. Les autres me trouvaient trop solitaires, trop introvertie. Ma grand-mère mourut d'une mort naturelle lorsque j’atteignis ma seizième année. Ma jumelle, ma meilleure amie, réussit à me trouver un emploi dans un petit resto-bar, où son amoureux travaillait comme serveur... et puis après, vinrent les ténèbres.

Que serait une bonne histoire, sans punch, sans intrigue et sans drame ? Rien, et alors, vous ne voudriez pas connaître la mienne. Et moi, mon drame est survenue lors de l'accident de voiture qui entraîna ma mère et ma soeur dans un lieu où il m'était impossible de les rejoindre : la mort. J'avais alors 19 ans. Je me souviens que lorsque les policiers étaient venus cogner à ma porte, je ne les avais pas cru tout de suite. Je n'arrivais pas à encaisser, et je leur avais claqué la porte au nez, sans un mot. Je m'étais alors assise dans mon salon, sur le sol, et avait regardé les flammes de la cheminé. Inlassablement. Quelques heures plus tard, l'amoureux de ma soeur vint cogner à la maison. Je lui annonçai la nouvelle, et puis... il rit. Il croyait que j'étais ma soeur et que je lui jouais une comédie. Et c'est là que mon monde s'effondra. Je me mis à pleurer, à trembler, à hurler. Et c'est lorsque je vis son visage se décomposer que je tombai à genoux sur le sol... je venais de réaliser : j'étais seule.

Et puis me voilà... aujourd'hui, à Shreveport. J'avais essayé durant un moment de continuer à vivre là-bas, mais de passer devant la porte de leur chambre à tous les jours, de ne plus entendre leurs rires, leurs sermons, c'était impossible à vivre. Ma famille avait été une de celles qui sont très unies, presque inséparable. Je décidai donc d'aller rejoindre mon père. Et là, je vis mon premier vampire ; un soir, alors que le soleil venait de se coucher, je revenais d'un petit restaurant lorsque j'entendis un sorte de gémissement. Je continuai à avancer, à marcher, jusqu'à voir, dans les ténèbres d'une ruelle : un buveur de sang se nourrissant. Je restai figée par la peur avant de m'enfuir. Quelle lâcheté...

J'ai finalement retrouvé mon père, et je compris ce que ma mère voulait dire par, étrange : c'était un gitan. Je tentai pendant quelques jours de vivre avec lui, parmi eux. Mais leurs moeurs m'étaient étrangères, et lui, et bien... je l'ai toujours appelé par son prénom et l'ai toujours vouvoyé. Je ne me voyais pas, maintenant, tisser des liens avec lui. En fait, je ne le voulais pas. Si je m'attachais de nouveau, je prenais le risque de ressentir de nouveau cette peine et cette déchirure au niveau de ma poitrine : hors de question.

J'ai donc trouvé un appartement, dans l'une des rues mal famées de Galloway Boulevard. Ensuite, je me trouvai un emploi en tant que bibliothécaire. Mais l'argent ne rentrait pas assez, et je du faire la seule autre chose pour laquelle j'étais douée : servir au Devil's arm. Qu'on ne s'y prenne pas : je n'étais pas l'une de ces strip-teaseuses. En fait, lorsqu'un client mettait la main sur moi, il se ramassait vite avec mon poing en pleine figure. Et puis lorsqu'il tentait de répliquer, les agents de sécurité arrivaient pile pour les sortir dehors. Ne me demandez pas pourquoi le gérant me garde à son service : je suis tout sauf sociale et aguicheuse. Qui sait, peut-être aime t-il la diversité ? Et puis, il y a aussi ma beauté, ce visage.

Cela fait trois ans que je vis ici, maintenant. Je n'ai toujours pas d'amis, sauf peut-être les autres locataires du bloc ou je réside. Je suis considérée comme étant la solitaire, celle dépourvue d'humour, de joie. Celle dont personne n'a encore vu le sourire. Je suis Céleste : une poussière d'étoile, quelque chose de beau mais d'invisible, quelque chose de magique mais d'humain. Et je suis plus forte que j'en ai l'air.