date et lieu de naissance. Née en Australie le 20 Novembre 1982.
nationalité. Australienne.
camp. Hmm... est-ce un état d'esprit ou un camp au sens propre du terme ? Miss Kwincie préfère encore la première hypothèse. Il est des souffrances qui ne vous font connaître qu'une seule voie, celle du Mal, et chacun sait que les routes de l'Enfer sont souvent pavées de bonnes intentions...
classification. Inoffensif. Mademoiselle saitt être discrète... Elle n'est pas idiote au point d'étaler sous le nez du premier venu ses capacités ni celle de sa famille. Tout de même, c'est mal la connaître...
état civil. Célibataire... oui bon d'accord, fiancée...
lieu d'habitation. Olive St, please..
métier. Hmmm, alors... serveuse, secrétaire, professeur de musique, puis encore serveuse, puis pigiste, puis pompiste, puis vendeuse, puis maquilleuse, puis hôtesse d'accueil, standardiste, escroc professionnel, oops... celui-ci lui a échappé !
étiquette qui vous est collée. Mademoiselle Kwincie passe pour être une jeune femme, somme toute, agréable, souriante et charmante. Ceux qui la connaissent et qui peuvent prétendre ainsi être ses "ami(e)s" vous diront qu'elle a un coeur d'or et qu'elle sait se dévouer pour les uns et les autres. Crétins ! S'ils savaient que Madame "je fais des gâteaux pour la paroisse" et "mon mari est le meilleur du monde" était en réalité le genre de femme à ne pas se laisser mener en bâteau, il en serait tout autrement... Mais c'est loin derrière elle tout ça, bouhh... Quoique.....

Ne prenez pas Esther pour une écervelée... parce que ce n'est pas ce qu'elle est, attention !! Elle devient folle dès qu'on lui fait la remarque, or elle n'est pas une sorte de dingue, qui change d'avis comme de chemise et d'humeur toute les minutes, non, ça jamais !! Vous m'entendez ?
Un poil névrosée, cependant parfaitement originale, grande et puissante dans son extravagance, Esther Elia Kwincie va surtout où le vent la mène... et pas ailleurs. Elle passe pour une évaporée, une jeune femme douce et discrète qui n'arrive cependant pas à garder les pieds sur terre. Il est très difficile pour elle de se composer une image raisonnable et posée et il n'est pas rare que le naturel reprenne rapidement le dessus chez cette jeune femme au tempérament bien trempé. Mine de rien, sous ses airs d'extravertie pure et dure, elle sait parfaitement ce qu'elle veut -et ce au détriment de toute morale car, dans la famille Kwincie, chéri, morale rime avec... ennui. Eh oui ! C'est la vie ! Elle profitera donc, avant toute chose, de ce que telle ou telle action peut lui apporter à elle, ramenant parfois certaines situations à son avantage et n'hésitant aps à employer les grands moyens si nécessaire.

Vous comprenez ? Elle a tellement été martyrisée étant petite, la pauvre enfant, qu'il faut bien que ce putain de bon dieu de monde lui rende la pareille, non ? On lui doit bien ça à cette gosse déracinée, sans famille, sans soutien ! Oh, oh, oh, non ce n'est pas exact pour tout le monde, non. Mais, dans l'ensemble, Esther considère que son enfance et sa famille sont en partie responsables de son désir de, comment dit-elle déjà, ah oui ! "de vie meilleure". Elle fera tout, dusse-t-elle faire montre d'un égoïsme terrassant, pour obtenir ce qu'elle considère lui revenir de droit. Et si ça te plaît pas, c'est exactement la même chose.

La considération humaine ? Pouah ! Comme si elle connaissait... non vraiment, la seule considération que l'on puisse avoir pour la race humaine, selon elle, c'est la valeur d'un être humain. Oui ! Un caissier pèsera moins lourd qu'un PDG question billets, on est d'accord ? On peut passer à autre chose ? Bien. Les vivants, franchement, ces petites bêtes... si on s'attache, elles partent si vite, si vite... elles meurent d'ailleurs trop vite... C'est notamment pour cette raison et par cette relation qu'elle entretient avec la Mort qu'Esther se refuse à toute relation avec n'importe qui. Déçue ? Terrifiée ? Dégoûtée ? Non. Simplement qu'elle sait qu'elle ne peut pas faire le bien autour d'elle, qu'elle en est strictement incapable, qu'elle a déjà essayé, oui, mais que ça a raté et pas qu'un peu et pas qu'une fois. Les personnes, els vraies, elle les fait fuir. A quoi bon continuer ? Elle porte la poisse. Ils disparaissent trop vite, trop vite... Alors, puisqu'elle ne peut en soutirer aucune satisfaction de ce point de vue-là, autant les presser comme des citrons, non ?

Les morts ? Certes, Esther est capable de les réanimer, de les faire revenir à la vie, mais son intérêt pour cet art absolument... jubilatoire, n'est-ce pas, n'est pas le même que son frère ou son père avant elle. Esther réanime... pour se faire plaisir. Pour savoir où un ancien client a planqué son magôt, pour s'amuser avec les nerfs d'un ex un peu trop encombrant ou, tout simplement, avoir un peu de compagnie. Eh quoi ? Vous pensiez sincèrement que les nécromants étaient de bien sympathiques personnes, là dans l'intérêt de réanimer les morts afin qu'ils laissent un dernier message à leurs proches ? Hahahahahaaa... petits naïfs ! Noon, certains nécromants aiment flirter avec la mort. Ils aiment son aspect, sa décrépitude, ce qu'elle engendre aussi bien de fascination comme de dégoût. Il faudrait être un simple d'esprit pour ne pas y être sensible, hmm ? Du reste, Esther comprend très bien les nécrophiles ! Elle, elle aime les morts d'une autre façon que ces espèces de tarés/frustrés/dégénérés. Elle apprécie le pouvoir qu'elle peut avoir sur eux et n'a de cesse de vouloir toucher à cet art, comme son papa lui a appris, dans l'intention de repousser les limites. Où serait-ce pour lui prouver quelque chose ? Oh, peu importe. Jouer de risque, c'est tout simplement grisant.

Quoi ? Non, Esther n'est pas une jeune femme sensible, jamais. Non, elle n'est pas atteinte ni ne souffre au point de vouloir continuellement prouver qu'elle va bien, qu'elle est la meilleure, qu'elle pourra toujours réussir. Non, elle ne rentre pas dans la chambre de son fils, en lui faisant un bisou dans le cou et en murmurant "on va s'en sortir, chéri. On s'en sort toujorus". JAMAIS ! Jamais plus elle ne souffrira à cause du passé, jamais ! Jamais plus elle ne souffrira d'avoir été ainsi mise de côté par sa famille ! Jamais elle... elle ne pardonnera à son frère... cet ami, si cher... celui qui, par-dessus tout, la comprenait plus que tout autre. Et elle qui l'aimait tant... Presqu'à en mourir quand même ! Bon d'accord, pas que presque. Mourir pour Sammael, à une certaine époque de sa vie, aurait été l'accomplissement d'un tout. Si seulement il ne l'avait pas faite partir... Elle n'aurait pas été obligé de se montrer si dure envers elle-même et de travailler d'arrache-pied, de devenir une autre, et ce afin de tout oublier des erreurs commises, non.

Elle aurait pu rester la petite Esther, jeune femme qu'elle affiche chaque jour : épanouie, souriante, aimante, protectrice et généreuse. Une épouse parfaite, une mère sublime. Elle serait donc cette demoiselle "bien dans sa peau" qui n'aurait pas eu besoin d'essayer d'atteindre des sommets inaccessibles pour se sentir exister auprès d'autres personnes, de sa famille néanmoins. Elle aurait été comprise, aimée pour ce qu'elle était et n'aurait ainsi aps été forcée de changer juste pour plaire... ou déplaire. Enfin, voyez cela comme vous voulez !
Mentir, mentir, mentir, toujours mentir... Cela ne cessera-t-il donc jamais ? Non. A son fils, elle ne mentira pas. A cet enfant, jamais, elle ne serait différente de ce qu'elle semble être...



Mademoiselle Kwincie est quelqu'un de très pris. Entre cours de yoga débile pour faire "bien", aquagym pour les nuls et repas entre couuupiiinnes dégénérées, elle a de quoi occuper ses samedis. Puis cette banlieue de plouc a son quota de crédules... Future femme d'un homme, avocat réputé de la région, elle se montre sous son meilleur jour : épouse parfaite, mère digne. Elle prépare de bons petits plats, faits de bons gâteaux pour la kermesse, remercie toujours monsieur le curé de la complimenter sur ses tartes aux pommes et passe de temps en temps chez la manucure ou le coiffeur pour raconter sa vie de femme au foyer comblée. Ohh ça oui ! Elle se porte chaque jour comme un charme, toujours entre les courses et le pressing pour les chemises du furtur mari, toujours par monts et par vaux. Parfois, elle s'autorise une petite séance shopping. Mais il faut uniquement que ses meilleeeuuurress couppiinnnesss kyyyyaaahh !! Betsie et Theresa soient d'accord. Alors, c'est partie, les filles !! On va faire les boutttiiiqqquuuesss !! Et, accessoirement parlant, s'habiller comme des trainées parce que Madame à la fesse flasque et qu'elle croit pourtant pouvoir mettre le grappin sur le gentil serveur du Starbuck, hein ?
Si on sait qu'elle est nécromante ? Bien sûr que non ! Comment réagirait Steve, son futur mari ? Et comment réagirait Betsie, elle qui ne comprend déjà pas le scénario de son soap favori ? Et puis ce n'est guère convenable pour une jeune mère au foyer comme elle !
Elle parle aux morts, certes. Mais seul son fils le sait...



"Douglas ! Pas sur le canapé, s'il te plait !", "Douglas, enlève tes chaussures !", "Doug', range ta chambre !", "Douggie chéri d'amour à sa maaamaann, où es-tu ? J'ai préparé de pancakes !".

L'habitude majeure que l'on relève chez cette jeune femme plein d'entrain et de vie est la particularité qu'elle a de toujorus être sur le dos de son fils, chaque jour, heure et minute que Dieu fait. Il faut qu'elle ait Douglas sous les yeux, elle ne sait pas pourquoi. La vérité est qu'elle répond à un trouble post-natal, celui dit de la "mère angoissée", le stade au-dessus du Baby Blues. Autant dire qu'elle s'occupe autant de son petit chéri quelle ne se soucie de lui, et ce à tous les niveaux.

"Oh cornichons ! T'avances ou quoi ?", "quoi ? J'ai filé mon collant et alors ?", "vous voulez ma photo ou quoi ?".

Il est aussi dans ses habitudes d'être une jeune femme énergique... parfois même un brin trop agressive. Esther est une jeune femme à fleur de peau qui, par ce trait de caractère, comprend ainsi très bien les esprits et leurs afflictions, mais s'avère être quasiment continuellement sur le qui-vive et sur un brasier ardent. Qu'est-ce qui fait qu'elle ne s'en ait jamais prise une en retour ? Hmm, elle prétend que c'est le grand sourire qu'elle tend dès qu'elle a été un peu trop "brusque" et ensuite cela apaise les esprits...

Esther jure trop, beaucoup trop d'ailleurs. Mauvaises habitudes prises sur les routes...

"Gnn... mggnn.... mggngnrrnngnn... non, je mâche pas ma lèvre...".

Lorsqu'Esther réfléchit, il est un tic dont elle a du mal à se débarrasser : se mordiller la lèvre. C'est là le signe qu'elle réfléchit ou alors qu'elle est en proie à un trop profond dilemne qui lui ronge les sangs. Toujours est-il qu'elle le fait de plus en plus souvent et que son fiston s'en monrte ainsi relativement inquiet. Serait-ce cette perspective de recontacter Sam ? Nul ne le sait... pas même elle.

"Ma journée idéale ? Eh bien...".

Esther se sent seule dans sa belle prison dorée avec un mari, humain qui plus est, richissime et ses copines préfabriquées. Le seul contact qui sache réellement qui elle est est son fils, Douglas. Mais il est à l'école la journée et comme elle tourne en rond... fichue vie de mère au foyer ! Sa journée idéale commencerait par la visite de deux ou trois fantômes, histoire de tuer le temps, et de pouvoir se faire de véritables amis. Curieux, n'est-ce pas ?
Ensuite, un petit tour en ville. Pour le shopping ? Non, pour observer. Voir si Shreveport la trouve toujours aussi mignonne pour les femmes, sensuelle pour les hommes.
Après ? Une bonne petite série bien de chez nous, le genre qui fait bien rire pour se détendre en attendant que Doug' revienne de l'école.
Et le reste du temps, ne penser qu'à son fils et le partager avec lui, entre deux consultations de rubriques nécros sur Internet...

Esther, tout comme son frère avant elle, pratique le vaudou depuis sa plus tendre enfance -du moins depuis quelle est en âge de comprendre son rapport à la mort. C'est donc à huit ans quelle aura commencé. Son père débuta avec elle par de petits animaux et par des morts relativement récents afin qu'elle se fasse la main. Contrairement à ses propres attentes, Esther fut en mesure de contrôler cette première étape d'apprentissage à merveille.

Mais c'est là que le bas blesse...

Le reste de son apprentissage demandaient de puissants sacrifices. Esther n'avait pas peur d'offrir de son sang, encore moins de le lier à celui du mort. Elle n'avait pas non plus peur de prendre la vie d'un vieillard mourant dans son lit d'hôpital afin de l'insuffler à l'un de ses pantins, non. Elle se disait qu'après tout c'était leur délivrance. Aussi, son père dut-il parfois mentir sur l'état de santé d'une animal ou d'une personne en pleine forme pour que la jeune fille puisse entamer son rituel. C'est à ce moment-là, durant son adolescence, à l'époque où le désir de découvrir d'autres personnes et d'uatres horizons se faisait sentir, que Dragomir eut la sensation de "perdre" sa fille.

Esther doutait. Elle ne s'adonnait plus aux sacrifices avec autant de plaisir et allait même jusqu'à réfléchir à deux fois avant d'abattre une personne à l'agonie... Elle songeait qu'après tout l'un de ces Testaments inscrit dans la Bible n'était peut-être pas si faux et qu'elle n'avait sans doute pas le droit de vie ou de mort sur quiconque. Après tout, elle n'aurait pas aimé qu'un inconnu décide de son sort, sans même la connaître, savoir ce qu'elle avait fait... Esther se bloqua littéralement et, bien que prometteuse, bien que nourrissant autrefois l'orgueil de son père, elle dut accepter l'idée qu'il se tourne vers son frère, Sammael.

C'est en se détachant de sa famille et de leur influence qu'elle comprit peu à peu de quoi son enfance et adolescence avaient été faits. De haine, de désir de revanche, son père ne marquant aucun sentiment envers quiconque, pas même envers ses propres enfants. Il leur répétait sans cesse de ne montrer aucun sentiment vis-à-vis de la race humaine, qu'ils étaient supérieurs à eux... Oh, ce serait mentir que d'affirmer qu'elle ne se sentait pas supérieure puisque, de par son rang et son sang, elle l'était en tout point. Cependant, traiter le reste de l'humanité comme de la vermine n'était pas à son goût... C'aurait été avouer que le père de son fils n'était qu'une charogne... Quoique maintenant, elle ne soit pas si loin de la vérité...

Esther n'a donc jamais réanimé que par obligations. A l'âge de 20 ans, lors de cette violente dispute avec son frère et de son échappée, elle a cherché à se reconvertir et à reconvertir son don et ses pratiques. Elle ne mit pas longtemps avant de trouver : elle traquerait ceux qui, selon elle, ne méritaient pas de vivre -et si ces denriers étaient bourrés de fric, c'était encore mieux. Elle se ferait le Robin des Bois des temps moderne, à la différence qu'elle garderait l'argent pour elle et son fils mais qu'elle mettrait hors d'état de nuire davantage d'immonde crapules. Oui, il lui est arrivé de tuer du "bas de gamme", mais simplement pour repousser les limites de son pouvoir.

Le mort le plus marquant qu'elle ait jamais rencontré ? Hmm... certainement au moment où elle en eut le plus besoin ! Et 120000 dollars, ça n'est pas rien ! Elle travaillait comme hôtesse d'une banque prestigieuse Abbott&Kirk, si vous connaissez, à Melbourne. Tom Abbott était donc de ces grosses fortunes conscientes d'être pleines aux as et qui refusent catégoriquement de prêter à celui qui en a réellement besoin. Il avait même laissé une jeune femme s'endetter jusqu'au cou alors qu'il lui avait promis de bloquer son autorisation de découvert... Oui, cela faisait un bon prétexte pour le séduire et l'abattre. Mais pas de mariage à la clé ! Juste une réanimation. Comme elle le tenait sous sa coupe, il lui fut facile de lui donner la combinaison de son coffre-fort...

Vous comprendrez alors que les tarifs de la demoiselle sont relativement élevés...




La Révélation est l'une des sept plaies d'Egypte, elle en est convaincue. C'est ce qui fait que désormais l'on voit de plus en plus de mordus, de vampires qui prétendent être amoureux d'une humaine, de loups-garous désoeuvrés, dicéminés à travers tout le continent et de médiums et nécromants chahutés pour ce qu'ils sont... Sans compter les mouvements extrémistes. quel foutu coup d'éclat ! Encore un coup de médias... Un jour, elle aimerait bien coincer le sal*pard de journaliste qui a osé diffuser ce procès infâme. Car tout ceci n'engendre que violence et haine, sans compter la nécessité de devoir se cacher pour elle et son fils.

Esther porte ce qui se fait de mieux désormais en matière de tatouage : le tatouage Blue Star. L'encre, invisible à l'oeil nue, se révèle alors sous l'action d'une lumière Blue Star, celle utilisée par la police pour relever les empreintes.
Son tatouage ? Il prend tout son dos et représente une Faucheuse.

Esther a aussi un rire perçant qui s'envole en des trilles particulièrement aiguës. Douglas dit parfois "on dirait une sorcière". Il n'a pas tout à fait tort... qu'il soit gai ou particulièrement machiavélique, le rire d'Esther reste le même. Pauvre enfant...

Règle numéro 1

Toujours pardonner et savoir tendre l'autre joue

© Myself

L'abdomen d'Esther ne semblait pas avoir absolument apprécié le coup qu'elle venait de recevoir. En effet, un flot de sang ne tarda pas à se déverser de sa bouche, éclatant sur le sol en moquette de la chambre d'hôtel qui, vraiment, n'en demandait pas tant. Plaçant une main le long de son ventre, étourdie par le choc, elle s'efforça néanmoins de se redresser, prenant appui sur le lit, glissant, rampant, à quatre pattes. Elle se tourna vers celui qu'elle avait laissé à terre et constata que le chandelier avait roulé tout près de lui, traçant un curieux demi-cercle de sang. Le sien ne fit qu'un tour au moment où elle vit que Mel se redressait, prêt à riposter...

"S*le enf*iré de fils de p*te...", marmonna-t-elle entre ses dents, et c'est sur une grimace qu'elle se releva pour mieux lui faire face.

Desormais sur leurs deux jambes, ces deux quasi-trentenaires se fixaient sans plus rien comprendre, exactement comme s'ils venaient de passer dans la quatrième dimension.
Comment tout ceci avait bien pu leur arriver ?

Elle avait connu Melbourne Pine alors qu'elle n'était elle-même qu'une enfant, là où elle habitait en Australie. C'était à l'époque où elle s'était décidée à sortir du cocon familial, une fois ses 18 ans passés, une fois qu'elle fut résolue et libre dans sa tête... Elle s'était ainsi dirigée vers Sydney et avait tâché d'apprendre à mieux connaître ces humains qui, finalement, demeuraient encore un trop grand mystère à ses yeux. Elle savait tout de leur façon de mourir, d'agoniser, de souffrir, savait à quoi ressemblaient leurs vies une fois définitivement étiolées, mais elle ne savait rien de "l'avant". Qu'est-ce qui faisaient d'eux la personne qu'ils étaient désormais ? Qu'est-ce qui els rendaient différents les uns des autres ? Et enfin, qu'est-ce qui les rendait uniques ? Et elle avait connu Mel, un jeune homme merveilleux, un brin enjoleur, très beau parleur, plein de charmes et d'affections. Lui-même découlait d'une famille particulière dure et son éducation ainsi que son existence n'avait pas toujours été rose... Ce qu'elle avait trouvé magnifique chez lui était sa force de pardonner et de ne pas reproduire les mêmes erreurs que ses propres parents.

Mel était doux. Son père à lui détestable et rude. Mel était clémence. Son père à lui d'une extrême intransigeance. Mel était compréhension. Son père à lui était raideur. Il était amour et son géniteur haine.
Il lui avait plu tout de suite. Au début, elle avait cru que c'était parce que leurs histoires étaient similaires puis elle avait compris. La magie opérait en elle et elle l'admirait, lui, son baroudeur au grand coeur, cet homme qui adorait se retrouver sur la mer, possédait un bateau et arrangeait les voiles des autres navigateurs... Il disait vouloir faire des études d'architecture mais n'avait jamais le temps, jamais l'argent, jamais la possibilité. Il faut dire qu'il la gâtait et même trop. Elle lui en faisait souvent la remarque et alors il partait dans un grand éclat de rire et lui répétait qu'à ses yeux c'est ce qui importait le plus... Elle le croyait. Elle l'aimait, vraiment.

Lorsque ce drame survint, lorsqu'elle se disputa avec son frère, elle put évidemment compter sur son soutien. Les choses arrivèrent très vite et elle ne s'y était ni préparée ni attendue. Ses projets d'avenir se résumaient à vivre avec Mel, travailler un peu de son côté, pour qu'un jour ils puissent s'offrir une maison sur le large... mais l'arrivée de cet enfant précipitait décidemment bien trop les choses. De prime abord, Esther n'avait pas souhaité le garder mais à force d'insistance, et comme il s'agissait du rêve de Mel, elle accepta. Elle se trouva même, c'était stupide, quelques qualités pour élever cet enfant, alla se convaincre qu'elle pourrait être une bonne mère et qu'elle ferait une épouse formidable... et qu'enfin elle pouvait vivre seulement de cette nouvelle petite famille : Mel, cet enfant et elle. Sammael ne comprendrait jamais plus de toute manière, à quoi bon ?...

"Cet homme ne t'apportera QUE des ennuis !".

"Et qu'est-ce que tu en sais ? avait-elle répondu à brûle-pourpoint, hein ? Tu le connais ? Tu l'as rencontré ?".

Il avait pouffé de rire, comme si cette simple idée ne pouvait être envisageable... Pas lui, pas eux, pas des personnages de leur rang. Esther s'était sentie blessée. Ces quelques paroles échangées n'avaient fait que l'éprouver davantage. Elle sentait la rage monter en elle, comme la marée, tandis qu'elle ne parvenait pas à réprouver cet agacement qui l'ébranlait davantage... Et Sammael eut le mot de trop :

"Tu es quelqu'un d'exceptionnel, Esther. Alors je ne vois pas pourquoi une jeune femme comme toi...".

"Ca suffit !! Avait-elle hurlé, ça suffit !! La vérité, c'est que tu as du mal à encaisser que je puisse me détourner de vous !".

"Mais non, c'est pas...".

]b]"Si, c'est ça ! Si ! Ca a toujours été comme ça dans notre famille ! Et maintenant que je vous échappe...".[/b]

Sammael avait cependant tenté de rétablir les choses, et ce sans grand succès. Esther était entrée dans une de ces colères folles, colères qu'elle connaitrait tout particulièrement par la suite et qui ne faisaient que commencer. Elle brisa ce qui lui restait de cadres de photos et de souvenirs, bousculant chaises et gueridons sur son passage, renversant la vaisselle avant de pointer un doigt tremblant sous une voix gonflée de larmes et de crier :

"En annonçant que j'aimais cet homme, j'ai perdu un autre que j'aimais !".

Puis elle s'échappa de cette maison, de son atmosphère, de tout... et surtout des bras de son frère qui pouvait encore la retenir. Il l'aurait fait, et ce pour la protéger, pour la garder... mais à cette époque, Esther avait la douloureuse sensation que c'était à des fins égoïstes. Pour le coup, elle s'en mordait sévérement les doigts...

"Esther, murmura Mel désorienté, que s'est-il passé ?".

Quelques années plus tôt, et surtout avant que la vie ne lui fasse comprendre ce qu'elle lui réservait, la jeune nécromant aurait fondu en larmes. Melbourne... le seul à qui elle pouvait encore se confier, se raccrocher et espérer. Désormais, elle le retrouvait dans cette chambre d'hôtel cosue pour riches hommes d'affaires sans scrupules, aussi égaré qu'un enfant, le regard éperdu d'un veau que l'on mène à l'abattoir. Elle riposta cinglante :

"Tu... tu es parti et... et avec cette fille, Mel. On était un poids pour toi, hein ?".

"Mais non, tu...".

Sammael n'avait-il pas riposté exactement de la même manière. Ces hommes... tous les mêmes... A part peut-être son frère, son doux et adorable frère si protecteur, si présent, si... Esther essuya une larme de sang d'un revers de main et observa le spectale en grimaçant.

"J'emmène Doug loin de toi".

"Comment ça ?".

Elle eut un sursaut de rire.

"Tu ne le reverras plus jamais et je démonterai pièce par pièce tout ce que tu auras pu bâtir avec lui.
Et surtout je lui dirai quel genre de père tu peux être".

Elle tourna les talons et l'entendit crier son nom comme s'il se raccrochait à cette dernière planche de salut. Et comme elle l'avait vu dans les films cette idée folle et soudaine s'était imposée dans son esprit, lui conférant un courage dont elle ne se serait jamais crue capable. Ses yeux sombres se braquèrent sur lui et elle articula distinctement et lentement afin qu'il comprenne...

"Si je te revois, je te tue. Compris ?".

Avant de terminer sur un léger sourire et de se diriger vers la porte, sans la moindre hésitation...

Elle avait de nombreuses fois songé à la manière de se débarrasser de son ex-mari et avait regardé suffisamment de films pour apprendre comment procéder mais aussi pour se donner du courage. Elle avait même cherché à le revoir, lui, ce piètre navigateur d'eau douce, ce faiseur de rêve conduisant des yachts superbes pour de pauvres greluches argentées, représentation typique du pauvre plaisancier faisant les fonds de tiroir pour leur payer leur champagne...

Règle numéro 2

Celui qui cherche à se venger peut déjà commencer à creuser deux tombes

© Myself

Esther en avait eu marre de Sydney et Sydney en avait eu marre d'elle. Aussi était-elle partie vers des contrées plus clémentes et indulgentes que celles de la capitale. Doug n'avait alors que 5 ans lorsque sa jeune maman, toute fière et gonflée par ses nouveaux rêves de réussite, s'était lancée à travers le désert.

Au départ, ils avaient pris cela pour un jeu plaisant. A bord d'une vieille décapotable, ils sillonnaient les routes jusqu'au village le plus proche. Esther tâchait de se rendre utile et de gagner sa vie tandis que Doug la suivait partout. Il n'était pas question pour la jeune femme de le laisser à quiconque, et ce par crainte que son fils ne dévoile quelques secrets que le commun des mortels n'étaient pas habilités à entendre ni à comprendre. De plus, elle guettait presque le moindre signe de son appartenance à la même race que la sienne... Lorsqu'elle y songeait elle se rendait compte alors de cette réaction si proche de celle de son propre père. Et c'était horrible finalement...

En un an, Esther parvint à explorer la quasi totalité des étendues désertiques de ce magnifique pays. Lorsqu'elle s'arrêtait quelque part, elle restait anonyme, donnant un nom d'emprunt, toujours. Cela amusait beaucoup son fils qui s'efforçait de choisir le nom de ses héros préférés et Esther, redevenue gamine, cherchait dans sa mémoire le nom d'héroïnes célèbres à qui elle voulait ressembler.

La joie fut cependant de courte durée... et ce lorsqu'elle croisa le chemin de Gilles Banner.

Elle travaillait à l'époque dans un motel sur le bord de la route. Banner en était le propriétaire ; un vieil aigri qu'elle soupçonnait d'alcoolisme, sans compter les nombreuses fois où son regard vitreux s'était un peu trop attardé sur elle. Et ce jour-là...
Ce jour-là elle était dans son bureau, pour les comptes. Banner n'y alla pas par quatre chemins : elle lui plaisait. Mais comme il était un gentleman, il lui demanda d'abord qu'elle était son avis. Elle songea alors que tout était fini. Refusant poliment toutes ses avances, elle le vit devenir violent, puis s'emporter, puis lui bloquer toute issue pour finalement se décider à ne plus être si "gentleman" que ça... Terrifiée, Esther s'était munie de la vieille machine à écrire trônant sur le bureau et avait frappé, laissant un Gilles Banner gisant sur le sol, mort.

Ses paroles lui revenaient en échos dans sa tête : une jolie femme, une gentille famille, une vie rêvée, son fils choyé et toutes ses économies pour leur permettre une existence à l'abri du besoin...
Esther, assise à côté du cadavre, se mit à réfléchir le plus rapidement possible. Il fallait qu'elle trouve cet argent ! Banner prétendait ne pas faire confiance aux banques et gardait le tout dans un coffre, en sureté. Elle se jura de le trouver mais, avant toute chose, il fallait s'occuper du cadavre...

Ce qu'elle fit, non sans mal. Toute une nuit ainsi qu'une matinée ne lui suffirent pas afin d'enterrer le mort suffisamment profondément et ainsi le garder de la chaleur et des bêtes. Surtout ne rien drire à Douggie ! Il en serait traumatisé... Elle l'enfermait donc toute la journée dans leur chambre, prétextant avoir des choses urgentes à faire et ne pas vouloir être embêtée et elle chercha ce bon sang de magot. Heures après heures durant trois jours tandis qu'elle commençait à sentir les manifestations outre-tombe de ce pauvre Banner... les renards du désert et les charognards en tout genre ne tarderaient pas à venir.

Le lendemain, quatrième jour, elle songea que c'était peine perdue. Elle avait longtemps espéré que son fantôme ressurgisse de nulle part et qu'il finisse par lui indiquer l'emplacement mais, rien à faire ! Comme s'il se gardait toujorus de lui révéler quoi que ce soit, et ce par pure vengeance ! Esther finissait de devenir folle et la situation allait de pire en pire. La société en charge de changer les draps étaient venues et avait demandé après Monsieur Banner pour signer le reçu. On avait trouvé cela étrange que ce soit sa réceptionniste qui s'en charge... Peu de clients du reste, c'était la saison morte. Il fallait trouver une solution !
Et c'est donc, bon gré, mal gré, que la jeune Kwincie prit peu à peu conscience de ce qui lui restait à faire...
Ce soir elle déterrerait Banner et elle le ferait parler coûte que coûte.

Elle dût prétexter un travail urgent à faire et se heurta aux interrogations mais aussi protestations de Douglas. Cet enfant comprenait de moins en moins qu'on l'enferme et commençait à se poser de sérieuses questions. Qu'à cela ne tienne, elle verrait ça plus tard !
Elle se rendit donc jusqu'à la tombe improvisée de Banner et commença à creuser... Elle n'eut pas à se ruiner à la tâche, les animaux ayant déjà très bien fait leur travail. Elle n'attendit pas une seconde et s'entailla le poignet, versant de son propre sang dans la bouche du cadavre. Il parlerait, revigoré par son sang, ranimé par l'incantation. Elle n'aurait que quelques minutes...
Et ce qu'elle fit alors se relever n'était rien d'autre que le corps mutilé et pourrissant d'un homme qui se demandait encore comment il pouvait être là...

"Que... que m'est-il arrivé ?".

"L'argent, répliqua-t-elle sévère, où est-il ?".

"Qu... quoi ?".

Elle le regarda avec tout le mépris dont pouvait être capable un Kwincie pour un zombie et reprit cinglante :

"L'argent que tu caches, où est-il ?".

Et le mort de rapidement comprendre puis de lui répondre :

"Il n'y a pas d'argent. Pas d'économie. J'ai dit tout ça pour que tu restes... simplement pour que tu restes".

Esther n'attendit pas que son incantation perde son effet. Une pelle qui vous dévisse la mâchoire empêche tout homme de parler... Elle retira le peu de monnaie qui se trouvait dans la caisse, soit 35 dollars australiens, puis partit avec son fils, ne laissant plus aucune trace.

Règle numéro 3

Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis...

© Myself

De secrétaire à serveuse en passant par pigiste, Esther s'est finalement installée à Maitland au sein d'une petite entreprise de relooking beauté. C'est ici qu'elle y fera la connaissance de l'homme qui la poussera à quitter définitivement la terre de ses ancêtres.
Elle ne pensait pas que Terrence Mayfield était vraiment l'homme qu'il prétendait être. D'ailleurs, quelle sorte de millionnaire pouvait s'intéresser à une petite esthéticienne de banlieue ?

Et pourtant cet américain plein de charme semblait sérieux, adorait son fils et rêvait de les emmener à New-York, là où il avait lui-même grandit. "Un homme d'affaires de plus..." avait songé la jeune femme, tout en se forçant à croire qu'un jour il deviendrait exécrable, qu'un jour il finirait par la jeter dans le caniveau et qu'il ne voulait d'elle que pour sa beauté (légendaire, n'est-ce pas ?, haha !) et son charme naturel... Un jour, oui, Terrence serait le pire des sal*uds, comme tous les autres. Cependant, c'était la première fois que cette demoiselle, forte de son expérience d'escroc, se mesurait à un tel poisson !

Elle venait à peine de se débarrasser de son dernier porte-monnaie en date, empochant pas loin de 120000 dollars de "haut-vol" qui lui tombait tout cuit dans le bec. Un homme charmant, vraiment... Un homme qu'elle trouva à son goût de prime abord puis qu'elle se prit à espérer, à aimer. Ils parlaient de mariage tous les deux et lorsque Douglas lui demanda si, cette fois-ci, c'était "sérieux", sa maman répondit : "sérieux ? Ah ! Avec ce ringard là ! Tu veux rire ?".
Il fallait dire que, depuis l'épisode avec Banner, le petit garçon n'avait pas été dupe pour autant. Sans lui révéler toute la vérité et rien que la vérité, Esther lui avait fait comprendre qu'ils avaient tous les deux besoin de cet argent pour survivre, que le reste du monde leur en voulait, qu'ils avaient eu une vie difficile et qu'il fallait bien trouver compensation quelque part. Si ces personnes étaient gentilles ? Non, de telles crapules ne pouvaient pas l'être, pas ces gens gavés de fric qui abandonnent femmes et enfants pour leur maîtresse, jamais !

"Ils doivent être punis pour ce qu'ils font, Doug'. C'est tout ce qu'ils méritent...".

"Et comment ils sont punis ?".

Elle lui avait alors vaguement répondu qu'elle s'occupait de leur donner "une bonne leçon" à la manière d'une justicière, sans pour autant se douter qu'elle sousestimait un peu trop son fils...
Alors Terrence était arrivé dans sa vie et elle était une jeune femme heureuse. Mais, là encore, il fallait procéder avec intelligence et patience. Le poison qu'elle utilisait habituellement conféraient au "malade" tous les symptômes d'un amaigrissement progressif, porte ouverte à toutes les maladies du coin... Le plus souvent, la personne mourrait d'une embolie pulmonaire. Il en serait de même pour Terrence. Aussi commença-t-elle pour le lui administrer, se donnant ainsi une quinzaine de jours avant de le voir disparaître...
L'homme de sa vie tomba malade et la pauvre future veuve éplorée fit venir tous les médecins possibles afin de le guérir... sans grand succès. Le plus curieux étant qu'elle demeurait toujours près de lui lors des consultations. Le médecin de la famille Mayfield trouva cela curieux et en fit part à une vieille connaissance de Terrence, un ami sincère, un avocat : John Melville.

A croire que tous les "Mel" de la terre lui en voulait ! Terrence, au seuil de la mort, fit le souhait de se marier afin de partir en paix. Ce qu'il fit, deux jours avant de mourir, permettant ainsi à sa femme de s'en tirer avec 3 jolis millions de dollars.

"On va le faire, Douglas !! Répétait-elle une fois la cérémonie achevée, le testament annoncé, on va le faire !! On va se payer une vie de rêve, tu m'entends, mon grand ? Une vie de rêve !".

"M'man... pourquoi ? J'aimais bien Terrence... pourquoi il est parti ?".

"Terrence était un homme mauvais, déclara-t-elle agenouillée près de lui, ses mains plaquées contre ses épaules, un homme très mauvais qui a abandonné sa femme et sa fille pour ses affaires. Il aurait fait pareil avec nous !".

"Mais... je l'ai vu sa fille, moi".[/b]

[b]"Comment ça ?".

Et le petit garçon avait souri, bien innocemment :

"Oui. Elle s'appelle Merryl, elle a 11 ans. On a parlé de sa maman et de son papa et elle a dit qu'elle était partie avec sa maman car ses parents s'entendaient plus, que c'était mieux pour elle...".

Esther avait senti comme un frisson.

"Je croyais que tu le savais, moi...".

Se rappelant qu'elle avait vu l'autre avocat de Melville en compagnie de la famille proche du défunt. Il n'y avait plus une minute à perdre ! Quoi que pense les Mayfields sur son compte, il fallait partir et vite !

La jeune et nouvellement veuve Mayfield embarqua pour le premier vol, direction les Etats-Unis, se tenant cependant le plus éloignée de New-York.
C'est donc en Louisiane qu'elle alla se perdre, s'oublier, sous un climat des plus merveilleux mais qui ne parvenait pas à lui faire oublier ce qu'elle avait commis : la mort d'un homme innocent. Son nouveau paradis ? Shreveport. Là où elle a fait la connaissance de "l'homme idéal", un avocat (encore un !) : "son" Steve...

Règle numéro 4

It has been said something as small as the flutter of a butterfly’s wing can ultimatly cause a typhoon halfway around the world.

© Myself

"Dougggiiiee !!! Criait-elle à travers les couloirs de l'immense maison, Douggie dépêche, on va être en retard !".

Ces derniers jours n'avaient pas été de tout repos et elle en était bien consciente -aussi bien pour elle que pour son fils. Cela ne faisait d'ailleurs que quelques semaines qu'elle venait d'emménager chez Steve de façon à faire cesser tous les mauvais plaisants, et surtout mauvaises langues, qui l'accusaient encore de n'être pas une épouse parfaite. Epouse imparfaite... son oeil, ouais ! Elle l'aimait son Steve, son chéri, sa perfection, son... son futur mari ! Eh oui ! Prends ça dans le baba tiens !
Mais l'heure n'était pas à ce genre de considérations futiles. Elle attrapa son fils ensommeillé par la main, le tira jusqu'à la table de la cuisine, l'installa devant son bol de céréales puis alluma la télé.

"Une idée de programme ?", demanda-t-ell âprement comme elle savait si bien faire. Douglas, les joues gonflées de céréales et de lait tenta alors d'articuler :

"La 12".

La chaine des dessins animés... Soit. Elle aussi commençait à en avoir assez de ces bulletins d'information qui vous fichait davantage le cafard qu'autre chose. Puis avant son futur époux, elle était servie question misère humaine et chaines ronflantes. Ne serait-ce qu'à regarder CNS tous les soirs (et même pas Oprah Winfrey !), sans parler de la bourse défilante sur LCI, elle commençait à avoir son quota de chaines dites "intéressantes". Et puis Douggie avait bien le droit à un peu de distraction.

"Finis ton bol".

En effet, notre jeune demoiselle était donc un peu dure avec son fils. Mais gardez-vous bien d'imaginer qu'elle fut un jour une mégère ! C'était simplement sa façon de parler, un peu rude, un peu autoritaire... ce qui ne l'empêchait pas de l'aimer profondément et mêm plus que tout au monde. La chair de sa chair... Elle avait valu tous les sacrifices, même les plus coûteux. Et puis elle préférait lui servir ce ton froid et sans détour plutôt que celui, minaudant et hypocrite, qu'elle réservait à Stev dès qu'ils avaient une minute à eux. "Oh oui, Steve chéri ! Allons jouer à la famille parfaite, tu veux bien ?" Ah, c'te blague ! Rien que pour rendre les donzelles de ce coin paumé jalouses, c'était le pied ! Esther vint donc à zapper sur la chaine Disney et sur un épisode ringard de Zack et Cody. Parfois, elle taquinait son fils en disant qu'il leur ressemblait -ce en quoi le petit garçon n'était pas du tout d'accord. Il était peut-être blond mais lui avait plus de ressources que ces gamins turbulants et chapardeurs. Et puis, comme il disait si bien : "ils sont tellement bêtes comme leurs pieds qu'ils se font tout le temps prendre et grondés !". Sur ce coup-là, il n'avait pas tout à fait tort...

Zack et Cody cependant représentaient une menace moins sérieuse pour le mental fragile et juvénile de son petit garçon. Avec ce qui se tramait au dehors... cette chasse aux vampires et aux sorcières, cette lutte et ce recensement sans fin. Elle avair encore réussi à y échapper, mais jusqu'à quand ? Et lorsqu'elle entendait Steve en parler elle ne pouvait s'empêcher de serrer les poings. Maudit humain... maudit crétin d'humain à la gomme... Il ne savait pas ce qu'il disait ! Il ne savait pas ce que c'était que de vivre dans la peau d'une Faucheuse ou d'être une créature si différente que vous avez la nette impression qu'un gouffre béant vous sépare du reste du monde. Pauvre abruti... Ah ! Il était bien beau à haranger les foules devant son téléviseur. Oui, c'était du propre tout ça.

"Regarde, maman !! S'écria-t-il en pointant la télévision du doigt, y z'ont encore mis un flash spécial !".

Esther quitta sa vaisselle et se retourna vers le poste, fronçant les sourcils. L'image bascula alors sur une jeune reporter prise sur fond de scène de crime avec rue blindée de fourgonnettes de flic, d'enquêteurs affairés et de curieux grouillant tout autour d'un immeuble littéralement pris d'assaut par les journalistes. Elle chercha la télécommande pour augmenter le son mais Douglas fut plus rapide, se penchant davantage, le visage dans les poings pour mieux écouter.

"... le drame qui vient de survenir est terrible ! Une jeune femme aurait été retrouvée morte dans son appartement, et ce par le fait de circonstances très suspectes. La police a même fait appel au FBI pour démêler cette affaire. On parle notamment d'intervention de la section spéciale anti-outres...".


"Anti-outres, bougonna-t-elle en rejetant son torchon dans un coin, rien que ça".

"Oui".

"Attendez ! On me signale que les agents viennent d'arriver ! Nous allons tenter une percée par l'avant et... Monsieur !! Monsieur attendez !!".

Un homme d'une trentaine d'années, les cheveux bruns coiffés en bataille, venait d'arriver une malette à la main. Une jeune femme blonde et élancée l'accompagnait. Chose amusante, ce fut elle qui vint à le protéger en premier, l'éloignant ainsi de ces gêneurs potentiels.

"Pas de commentaires ! Ecartez-vous s'il vous plaît".

La journaliste tenta une nouvelle approcha mais se fit clairement rabrouée par un policier en faction. La caméra se braqua à nouveau sur les agents fédéraux, pénétrant les lieux au pas de charge. Esther se prit à sourire :

"Ca, mon petit Douggie, c'est pas vraiment commun... Le FBI se fend d'un médium".

Un brin énervée, même frustrée -cela allait sans dire- la journaliste tenta de replacer son tailleur que la cohue avait malmené puis s'empressa de rendre l'antenne à son collègue, bien tranquillement assis dans ses bureaux. Un homme, tiens donc. Feignasse...
Le flash info se poursuivit sur des images qu'elle aurait qualifié de quelconque et de soporifiques au possible. Des humains tentant de braver les barrières de police, des policiers ripostant à grands coups de boucliers en plastoc et de matraques sur ce bétail humain... A un moment, un mouvement de foule se créera et la caméra passa d'un champ à un autre. La police formait comme une percée, un trou dans cette masse humaine afin de laisser passer sans doute d'autres spécialistes. Tah ! Belle idée ! Comme si le FBI...
Elle lâcha le mug qu'elle avait entre les mains.

"Maman ?".

Elles se serrèrent sur du vide, aussi bien que son coeur, son regard écarquillé, les pupilles rétrécies de stupeur...

"Maman ? Qu'est-ce que t'as ?".

Tandis que tout son corps tremblait et qu'elle avait du mal à reprendre son souffle, des larmes roulant sur ses joues, l'émotion la rendant suffoquante. Elle se rattrapa au plan de travail, prise d'un bref malaise alors que son fils venait se jeter à ses jambes.

"Maman !! Qu'est-ce que tu as ?!! Réponds !".

Elle releva alors la tête vers la télé. La caméra venait de changer d'angle...
Mais elle l'avait vu, oui, c'était certain. Elle ne s'était pas trompée. Ses recherches s'étaient montrées fructueuses et enfin son attente avait porté ses fruits !! Enfin !
Un étrange sourire se traça sur ses lèvres, lançant entrevoir une rangée de dents comme des perles, lui donnant l'allure d'un ange aux accents destructeur. La passion, l'amour, toujours.

"Sammael...".

Dragomir Kwincie : non, triple fois non, Esther n'aime aps son père !! Elle le méprise, elle le hait au plus profond de son être ! Elle a longtemps souhaité qu'il ouvre les yeux sur la soufrance qu'elle avait subi tout au long de son apprentissage et qu'il comprenne enfin ce qu'elle avait traversé mais maintenant... elle veut juste le voir mort. Non, pas seulement physiquement... mais spirituellement aussi.

Sammael Kwincie : plus qu'une âme soeur... voila réellement la réaction qu'Esther pourrait avoir si on lui demandait comment elle considère son frère. Sammael est tout pour elle et même si elle ne l'a pas suivi -car s'étant crue abandonnée- lorsqu'il la mit en garde contre Mel, il n'en reste pas moins que l'amour qu'elle ressent pour lui ainsi que le respect et l'admirations sont demeurés intact. Que dire ? Elle ferait tout pour lui... jusqu'à sacrifier son âme.

Douglas Kwincie : non, il ne porte pas le nom de son horrible père. Esther a bien pris soin de l'en destituer et désormais elle peut dire qu'il est "sa petite merveille", oui, rien qu'à elle. Il est d'ailleurs ce qu'elle a de plus cher au monde, sa fierté, la preuve qu'elle est capable de déplacer des montagnes pour quelqu'un d'autre qu'elle-même et ça, excusez du peu, mais ça n'a pas de prix. En effet, Douggie est sa raison de se lever tous les matins et il en sera ainsi jusqu'à la fin de sa vie..