Lilith Ainsworth âge. 25 ans en apparence, un peu plus de 3 500 en réalité date et lieu de naissance. sa date de naissance est inconnue mais elle est née à Féerie. nationalité. Américaine. camp. Le sien avant tout. type. Sidhe en exil. appartenance. Neutre. affiliation. Affiliée à la Déesse des Souffrances. état civil. Célibataire. lieu d'habitation. Red River. métier. étiquette qui vous est collé. Lilith est une jeune femme bien sous tout rapport. Gentille, souriante, polie, elle ne rechigne jamais à aider ses voisins ou à venir au secours d'une personne en difficulté. Pourtant, il y a quelque chose chez elle qui coince. Sa façon d'entrer dans des colères cataclysmiques pour des petits détails, celle dont l'air semble soudain se glacer et crépiter lorsqu'elle s'énerve. Les gens ont pris garde à ne pas l'irriter puisqu'il semblait arriver des choses très désagréables à ceux qui s'y risquaient. Des douleurs affreuses, des dépressions sans noms. On aime bien la jeune femme à Shreveport mais son étrangeté pose question.

traits de caractère.
Définir ma personnalité selon des critères humains ne vous permettra pas de me connaître mieux. Vous pourriez essayer de me comprendre pendant 500 ans sans pouvoir ne serait-ce qu'effleurer la surface de mon âme. Mais je ne vous en blâme pas ; vous, humains, êtes trop jeunes ne serait-ce que pour appréhender ma nature. Je vais pourtant me sacrifier à cette coutume puisque le dicton prétend qu'à Rome, il faut faire comme ses habitants. Je vous décrirai celle que j'étais et un peu de celle que je suis devenue. Vous ne saurez toujours rien que ce qui me compose profondément mais vous n'aurez plus l'impression de tout ignorer.

Celle que j'étais? Une déesse. Aux yeux de vos ancêtres. Je passais des marchés avec les premiers hommes avant même que ceux-ci n'aient songé à inventer l'écriture. J'étais cruelle, orgueilleuse et j'adorais par-dessus tout être l'objet des dévotions humaines. Voir des créatures qui prétendaient être le nombril du monde ramper à mes pieds et s'humilier tant et plus pour obtenir le moindre fragment de faveur à un prix exhorbitant me ravissait. Le summum de l'extase était à l'époque de faire s'abattre des guerriers sur leurs propres épées. Le fer, l'ennemi de toujours de ma race était devenu l'allié des desseins de la Cour d'Hiver par mon entremise. Les humains étaient tellement manipulables qu'un seule regard, une petite poussée de mon glamour suffisait à faire d'eux des loques pathétiques avides de mon attention. Combien de marchés ai-je passé? Combien de premiers nés ai-je ramené à Féérie pour les coucher aux pieds de ma reine? Je me suis jouée d'un nombre incalculable de mortels. J'ai profité des souffrances de chacun de ces êtres pour obtenir ce que je voulais et les guérir de leur arrogance. J'étais le parangon de tout ce que la Cour d'Hiver avait de pire. Je massacrais mes ennemis non sans les avoir longuement torturés au préalable, prenais des conquêtes parmi les Feys (en m'assurant de ne jamais tomber enceinte) et même parmi les humains lorsque je les trouvais digne d'un peu de mon intérêt. Je n'étais jamais à court de fourberie et je trouvais toujours le moyen d'utiliser mes pouvoirs pour aiguiller les mortels dans la "bonne direction". Mais même les meilleures éviscérations finissent par lasser, et avec le temps, je finis par changer.

Aujourd'hui, les choses sont différentes. Et pas seulement parce que je suis une Sidhe en exil. Je me suis désintéressée des activités qui autrefois me distrayaient tant. Les meurtres, les massacres, les tyranies, j'ai laissé cela aux plus jeunes. Je m'étais retirée des tractations et des marchés bien avant mon exil mais ma nature profonde m'a poussé inlassablement à en contracter de nouveaux depuis mon arrivée sur Terre et il m'est arrivé de craquer. Pourquoi? Parce qu'une Fey de la Cour d'Hiver ne peut pas vivre si longtemps au milieu des humains sans que les vieux réflexes ne prennent parfois le dessus. Cela dit, rassurez-vous, je suis devenue plus conciliante en ce qui concerne la rémunation. Je me suis donc détachée de cette existence parasitaire que je menais dans mes jeunes années. À la domination, je préfère aujourd'hui l'observation. Celle des humains. Et des autres. Certains me diront que je me suis ramollie, radoucie, que les années m'ont rendu sénile et inefficace. Ceux que je côtoie tous les jours, qui ignorent ma vraie nature me trouvent sympathique, chaleureuse et ne cessent de me mentionner mon talent pour mettre mes interlocuteurs à l'aise. Quant à mes ennemis, ceux-là savent que je n'ai rien perdu de ma férocité, que je suis toujours capable par une simple pensée de réduire mon adversaire à une bouillie pathétique et sanglante en rouvrant par magie toutes ses anciennes blessures qu'elles soient physiques ou mentales. Je suis une Sidhe de la Cour d'Hiver et malgré mon exil, il serait folie de me croire apprivoisée.

occupation diurne.
La Cour d'Hiver m'a peut-être bannie mais elle ne m'a pas enlevé ma mémoire. J'ai décidé de mettre ma vie à profit pour écrire des histoires. Les humains les aiment, bien qu'elles soient pleines de meurtres, de violences, de pactes insensés et que leurs congénères se fassent systématiquement berner par les fées. Probablement parce qu'ils ne savent pas que ce genre de drames se produit tous les jours et que tous les évènements décrits dans son livre sont vrais. Pour ce que j'en sais, le fait que je fasse fortune sur la bêtise et l'ignorance humaine ravit ceux de mes pairs qui les lisent. Je reçois parfois des messages très encourageants de Feys de passage dans le monde humain.

manie, habitudes & goût.
♠ Malgré le fait qu'elle s'en défende, Lilith adore la nourriture humaine, aimant particulièrement le thé dont elle consomme des quantités impressionantes.

♠ Elle s'est installée à Red River parce que le manoir lui rappelait sa demeure de Féérie et pour sa mauvaise réputation. Elle voulait être sûre qu'elle ne serait pas dérangée par les voisins.

♠ Elle se fait ramener des objets personnels par ses rares alliés demeurés dans l'Outremonde.

♠ Elle aime les livres, elle en a une collection impressionante et lorsqu'on l'interroge sur sa passion, elle répond que pour elle ces oeuvres symbolisent à la fois le meilleur et le pire de l'humanité.

♠ Elle voue une vraie passion aux objets capables de lui rappeler les époques ou les lieux où elle a vécu pendant sa "jeunesse". Même les souvenirs des massacres qu'elle a commis sont pour elle des moments agréables. Elle est totalement en paix avec les choses qu'elle a faites ou provoquées, n'en ressent pas la moindre culpabilité. Elle assume son passé même si elle ne s'étale pas sur ce qu'elle appelle "ses vieilles histoires".

♠ Elle joue en permanence avec ses cheveux qu'elle a pour politique de ne jamais attacher. Lorsqu'on lui demande pourquoi elle ne se coiffe, elle répond avec un demi-sourire que sa religion le lui interdit.

♠ Malgré son passé, elle a une peur bleue du fer et fait toujours très attention à ne pas se retrouver en contact avec ce métal.

♠ Féérie ne lui manque pas vraiment. À vrai dire, elle avait avec le temps réduit ses relations au minimum. Aujourd'hui, elle reprend goût à discuter avec les gens, à sortir de son domaine... et à passer des marchés.

♠ Elle s'habille généralement de manière élégante et féminine car elle considère que même en exil une Sidhe se doit de tenir son rang, de se démarquer des mortels. Cela dit, il lui arrive de se laisser complètement aller pour adopter un look totalement négligé.

♠ Elle joue du violon et aime particulièrement interpréter un vieil air irlandais.

raison de votre exil.
La raison de mon exil? Avoir dédaigné la possibilité de frapper une créature à terre. J'ignore comment cet humain réussit à franchir les barrières que j'avais érigé pour protéger mon domaine, mon jardin personnel. Un humain terrorisé et à bout de souffle. Comme nombre de ses pairs auparavant il avait passé un marché avec l'un de mes pairs et avait pensé pouvoir y échapper en s'enfuyant. La meute l'avait traqué et il avait finalement trouvé refuge ici. Dans un territoire qui n'appartenait qu'à moi. Il se retrouvait donc involontairement sous mon autorité. Je finis par me lever du banc où je m'étais assise pour m'approcher de lui. Je le regardais, alors qu'il se trouvait prostré. Cet homme grand, bien bâti, en pleine possession de ses moyens sanglotait comme un enfant. Pitoyable. Je finis par m'accroupir à ses côtés pour examiner ses blessures et m'aperçus avec dégoût que flottait partout sur lui une odeur d'ammoniac tout à fait reconnaissable. La peur l'avait à ce point submergé que son sphincter avait fini par lâcher. Poursuivre une proie dans ces conditions ne valait pas le coup. Le Sidhe qu'il avait défié quel qu'il soit ne faisait pas preuve de beaucoup d'estime de lui-même. Faire traquer un humain effrayé par sa meute alors qu'il lui aurait suffit d'enfourcher sa monture pour le rattraper n'avait aucun intérêt. Je n'avais sorti mes propres chiens que lorsque la situation le nécessitait, que lorsque le fuyard avait suffisamment de combativité pour donner un spectacle intéressant. Le reste du temps, j'envoyais un serviteur, parfois même l'enfant l'un de mes anciens "clients". Cette poursuite-là manquait de style, d'élégance, de classe. Ce n'était pas digne de la Cour d'Hiver. Alors j'ai pris une décision. Celle de renvoyer l'humain dans son monde. Le Sidhe intéressé serait probablement furieux mais j'estimais au vu de mon âge qu'il était de mon devoir de corriger mes pareils dans l'erreur. Ce n'est pas ce que la Reine a retenu. Ce que la Cour a pensé c'était que moi, Lilith, la vieille folle qui vivait en recluse avait fini par ressentir de la compassion pour les humains et par aider l'un d'entre eux à s'enfuir. Ces incompétents m'ont exclue sans écouter ce que j'avais à dire. Sans même honorer celle qui avait pour la Cour d'Hiver engendré la chute d'une ville entière et dévoyé tant d'humains. Depuis l'arrivée de la nouvelle Reine au pouvoir j'imagine que ce genre de choses me pendait au nez. Cela dit, cette catin et sa cohorte n'ont rien perdu pour attendre car un jour je prendrais ma revanche. Je ferai d'elle mon esclave et je la laisserai hurler des heures pour la punir de m'avoir bannie.

conviction.
La Révélation est une affaire purement humaine. Elle ne me concerne donc pas. Nous autres, les Feys, restons des créatures de l'ombre. Un secret bien gardé. Et il y a de quoi. J'imagine que ni les humains, ni les gouvernements n'apprécieraient d'apprendre que nous avons agi sur leur histoire depuis le commencement et que personne n'est à l'abri d'être l'objet de nos transactions. Cela dit, il y a fort à parier que nous réussirions à trouver nos adeptes. Ces damnés suceurs de sang ont bien les leurs. La fascination morbide des humains pour ces créatures m'a toujours étonnée. Comment un prédateur peut-il à ce point ensorceler sa proie qu'elle accepte de vivre avec lui, de le côtoyer un peu tous les jours en sachant qu'il peut à tout moment lui arracher la gorge d'un coup de dent? De nos jours, les vampires payent des impôts. Moi aussi remarquez bien. De nos jours on relève les morts pour résoudre des enquêtes et personne ne s'en étonne. Il y a quelques siècles un nécromancien pris sur le fait aurait été torturé, jugé à la va-vite, brûlé ou pendu puis jeté en patûre aux corbeaux. La chose me fait sourire, je dois l'avouer. Voir tous ces jeunes idiots courir dans tous les sens en croyant qu'ils ont atteint la Vérité Ultime et dépouillé le monde de ces derniers lambeaux de mystère. Ils ne savent que les choses qu'on a bien voulu leur révéler mais ça ils ne s'en sont pas encore aperçu. Et combien de créatures surnaturelles vivent parmi les humains sans que ceux-ci en soient conscients. Voir parler tous ces nouveaux experts de l'occulte avec un sourire extatique me donne envie d'éclater de rire. La Révélation n'a fait que confirmer des choses dont tous se doutaient depuis longtemps et qui devenaient trop difficile à cacher. La seule chose que je me demande vraiment est si un jour, nous autres habitants de l'Outremonde ferons la une des journaux et aurons droit à nos propres statuts administratifs...

signes particuliers. 

histoire.

Chapter 1 : The smile when you tore me apart

credit : Celtic Mist

L'enfant se tenait au bord d'une plage qui n'existait pas quelques heures plus tôt. De son petit pied nu, elle jouait avec un coquillage d'une forme exotique et totalement improbable qui ressemblait à s'y méprendre à l'union entre une étoile de mer et une conque à la surface duquel jouait une myriade de reflets nacrés. Le ressac de cette eau d'un bleu intense venait par intermittence inonder le bas de sa robe mais elle n'en avait cure. La vision était idyllique, tout droit sortie d'un rêve et elle aurait probablement pu illustrer une image d'Epinal de l'inoccence si des évènements autrement moins agréable ne s'étaient pas déroulés à l'arrière plan où un seigneur sidhe avait mis la main sur un de ces clients, un mauvais payeur qui ne tenait pas ses promesses. Il l'avait amené directement sur son territoire afin d'avoir une explication avec lui. Hakan aimait croire qu'il était quelqu'un de facile à vivre qui laissait toujours une deuxième chance aux humains avec lesquels il passait ses contrats. Le père de Lilith avait tendance à oublier qu'infliger des tortures innommables à ses obligés n'était sans doute pas la meilleure façon de se montrer conciliant. À l'heure qu'il était le supplicié du moment hurlait pour demander pitié alors que la concentration du Fey se tournait tout entière sur lui pour lui faire souffrir le martyre. La fillette irritée par ce bruit de fond perturbant finit par tourner la tête pour observer la scène. L'humain se roulait par terre de la bave aux lèvres mais visiblement indemne alors que son père se tenait négligemment appuyé contre un arbre, un sourire cruel aux lèvres. L'enfant en connaissait suffisamment sur les pouvoirs que la déesse des souffrances conféraient à ses adeptes pour savoir que quelque niveau sonore qu'atteignent les hurlements de cet homme jamais une plaie n'apparaîtrait sur cette peau si blanche et si fragile. La douleur était une conception purement spirituelle, Lilith était déjà assez bien placée pour le savoir. À 7 ans, l'enfant montrait déjà d'étonnantes dispositions à résister à tout type de blessures. Elle était déjà tombée un certain nombre de fois mais jamais une larme n'avait franchi ses paupières et tout ce qu'elle avait du endurer, elle l'avait supporté avec calme et dignité. Elle étudiait ce qui se déroulait sous ses yeux depuis quelques minutes déjà lorsque l'homme cessa de convulser et qu'elle sentit le regard de son père se poser sur elle. Elle put presque entendre son sourire s'élargir. Hakan venait d'avoir une idée de génie. Ordonnant à un de ses gardes de relever le prisonnier, il se dirigea vers sa fille. Celle-ci se détourna un instant pour attraper sa trouvaille. Quoi qu'il se passe, elle ramènerait ce curieux coquillage à la maison malgré les multiples sermons de ses parents sur les bricoles qui envahissaient progressivement le château et qui finiraient, ils en étaient certains, par empêcher toute circulation. La main d'Hakan se referma sur l'épaule de sa fille et il s'accroupit jusqu'à être à sa hauteur se moquant que l'eau de mer vienne tremper sa cape et inonder ses chausses. Ce genre de choses n'avait pas de prise sur un être tel que lui. Sa voix qui semblait avoir la capacité de geler l'essence même de l'air lorsqu'il était courroucé sonna sur un timbre adouci et rassurant.

"Ma chérie. Tu as 7 ans à présent. Tu es une grande fille."
Un vigoureux hochement de tête accueillit sa remarque et il sourit avant de la prendre dans ses bras dans une étreinte chaleureuse. Il la souleva ensuite pour la porter jusqu'à l'humain qui finissait de se remettre de la séance de torture qu'il venait de vivre. Ce dernier observa le tableau que formait cette impitoyable créature surnaturelle en armure étincelante et cette petite fille à la robe blanche et aux pieds mouillés d'un air craintif. Qu'allait-il lui arriver maintenant. Son père déposa Lilith à terre et lui présenta son prisonnier. Celui-ci fut fort surpris de voir l'enfant esquisser une révérence. Chez lui, personne ne saluait comme ça. Personne ne portait des tenues de cette sorte. Mais à cette époque, l'humanité n'en était encore qu'à ses balbutiements. Des balbutiements intéressants déjà marqués par l'émergence de grandes civilisations. L'homme avait d'ailleurs passé le marché qui les occupait pour obtenir du pouvoir et un statut social plus important que celui qu'il avait toujours occupé.

"Je te propose un pari, humain... Juste entre toi et moi. Tu vois cette petite fille. C'est mon enfant. Mon héritière. Je te parie que tu ne pourras pas atteindre la frontière avant qu'elle te rattrape. Si tu réussis à dépasser la limite de mes terres avant que Lilith ne réussisse à te capturer, tu seras libre. Je te le jure."
"Je serai libre? Vraiment libre? Et tout ce que j'ai à faire c'est arriver jusqu'à la frontière."
"C'est juste derrière ce bosquet. Tout ce que tu as à faire c'est courir un peu. Je te laisserai même un peu d'avance."

Le Sidhe désignait les quelques chênes qui se situait à presque 500m. L'homme ne chercha même pas à savoir si il y avait un piège derrière toutes ses belles promesses et se contenta de hocher frénétiquement la tête avant de partir en courant vers la liberté. Hakan le laissa prendre un peu d'avance comme il avait été convenu puis fit signe à sa fille d'approcher. Lorsque Lilith obéit, il la souleva pour la hisser sur son cheval, un destrier féérique massif et noir comme la nuit. Cela accompli, il sourit à l'enfant qui riait maintenant ouvertement et donna une tape sur la croupe de l'animal qui partit d'une traite dans la direction qu'avait pris le fuyard. Lilith profita de la sensation grisante de vitesse que lui procurait la course avant de s'apercevoir qu'elle gagnait du terrain sur l'homme terrorisé. Amusée par la situation, elle s'autorisa même de le dépasser pour lui couper complètement la route, lui ôtant tout espoir d'échapper au destin qui l'attendait. L'être humain tenta de lui échapper mais la fillette fit charger l'étalon passa à côté de sa proie et l'attrapa par les cheveux pour le jeter violemment à terre. Aux pieds des hommes de son père qui venait de la rejoindre. Le prisonnier hurla mais Lilith était déjà loin. Elle avait déjà remis le cap vers son père qui l'attendait tout sourire près de cette mer qui ne durerait pas.

Chapter 2 : I will be the death of you

credit : Hell_Highway

Lilith s'était embusquée dans un coin du marché pour observer l'homme que la foule accablait de mille injures. Laissant ses longs cheveux bruns créer un écran qui camoufla un instant son sourire, elle se composa un visage de circonstances et attendit son heure. Elle savait que la foule finirait obligatoirement par se disperser lorsqu'ils se retrouveraient à cours d'insultes et de fruits pourris à lancer. Et que les obligations purement physiques viendraient à se faire sentir, qu'il faudrait nourrir les moutards enragés qui jetaient des insanités au prisonnier. La Fey l'observa fier et silencieux, impassible sous l'humiliation et ressentit un vague respect pour cette créature enchaînée. Quelle erreur qu'il fut né humain. Un esprit aussi fort n'avait strictement rien à faire chez une espèce aussi inepte et aliénée. Mais il n'était pas né à Outremonde et pour cette raison, l'épargner était tout à fait superflu. Après tout, cet homme était une pièce maîtresse de son plan ambitieux à un point tel qu'elle ne pouvait se passer de lui. Elle attendit donc que la nuit vide la place de la foule qui s'y était assemblée puis se drapant de manière tout à fait mélodramatique dans un grand voile noir, traversa l'esplanade désertée. Ce soir-là elle mettait son projet à exécution..

Elle se dirigea vers la cahute où s'étaient rassemblés les gardes. Toquant à la porte, elle se fendit d'un sourire charmeur qui lui valut d'être invitée à l'intérieur par un homme fasciné. Entrant dans son personnage de jeune femme angélique, elle s'exprima d'une voix douce et prétendit qu'elle était venue porter boisson et nourriture aux guerriers courageux qu'on avait cantonné à la garde de cet ex-tyran. Peut-être même pourrait-elle leur fournir un peu de distraction au cours de cette longue nuit, osa-t-elle suggérer avec un sourire mutin. Cette phrase suffit à anesthésier la moindre once de méfiance qui aurait pu naître dans l'esprit étroit des humains. À cette heure tardive, il n'en fallait pas beaucoup pour transformer un homme en créature docile et très intéressée. Leurs instincts les plus primaires étant endormis par la concupiscence, Lilith avait tout champ libre. Elle se débarassa de son voile et le posa sur la table parfaitement consciente des regards lubriques posés sur elle. Qu'ils la regardent. Qu'ils ne cessent surtout pas de la fixer, ils ne feraient que rendre les choses plus faciles. Elle versa l'eau dans les gobelets d'argiles, s'assura d'un oeil que tous les hommes assemblés avaient bien les yeux fixés sur une partie de son anatomie et ajouta une poudre qui disparut instantanément avant de tendre la boisson aux soldats. Ceux-ci s'en saisirent avec avidité et elle les observa se remplir la panse avec satisfaction. Si seulement ils avaient su que la moindre bouchée de la nourriture et la moindre gorgée d'alcool était gorgée d'un neurotoxique puissant. De conception féérique bien sûr, puisque la Fey ne faisait absolument pas confiance aux produits humains. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour l'ensemble de la petite garnison ne soit saisie des symptômes classiques et que la jeune femme ne se fende d'un petit rire de gorge absolument ravissant si il n'avait pas été accompagné de cet éclat meurtrier dans ses yeux clairs.
"Eh bien que la fête commence."
Lilith utilisa un de ses pouvoirs. Et pas le moindre. La main de Douleur. Elle l'appliqua à chacun des 10 hommes l'un après l'autre et se délecta de leur souffrance silencieuse, sentant monter l'aura de peur à mesure que chacun des soldats se vidait de son sang puis mourrait. Pauvres choses. Après tout, ils ne pouvaient même pas crier puisque le poison avait bloqué le moindre nerf de leur être. Rapidement, elle se désintéressa de la chose. Elle n'allait pas passer la soirée à tuer des proies sans défense, ce n'était pas amusant. Et puis, il fallait que quelqu'un puisse témoigner. Elle arrêta ses tortures au dernier des hommes. Une nouvelle recrue qu'elle n'avait jamais vu. Tout juste sorti de l'adolescence, il pleurait de terreur. Elle s'accroupit à ses côtés et lui caressa les cheveux dans un geste très tendre.
"Allons, allons, séchons ses beaux yeux, petit, ton heure n'est pas encore venue. Je vais te confier une mission. Tu peux faire ça?"
Dans ses yeux, la Fey lut l'acquiescement et la peur fut remplacée par l'espérance. L'humain voyait son salut dans cette phrase et il y avait de quoi. Néanmoins, Lilith allait poser ses conditions.
"Dans un moment, les effets du poison vont se dissiper. Si tu veux vivre, quitte la ville. Pars. Le plus vite possible. Tu m'as compris."
Le garçon essaya d'hocher la tête mais tout ce qu'il réussit à faire ce fut à fermer les paupières en signe d'acquiescement. Elle lui sourit puis quitta la pièce....

Pour la nuit, les gardes déplaçaient leur captif dans une cage où il dormait recroquevillé, exsangue. Pourtant l'approche de Lilith sembla le sortir de sa léthargie et il se traîna vers elle. S'accroupissant afin de se mettre à sa hauteur, elle lui fit tout d'abord passé une outre en peau de chèvre dont la panse gonflée indiquait qu'elle était pleine à rabord. Le pauvre hère se jeta sur l'eau offerte, la faisant ruisseler sur ses lèvres craquelées avec un soupir de pur bonheur. À nouveau, une détestable once de pitié vint hanter l'âme de la Fey mais elle la repoussa. Son visage pourtant se fit tendre et sa voix douce, pleine de compassion.
"Oh mon roi, mon pauvre roi. Que vous ont-ils fait? Quelle humiliation vous ont-ils fait subir? Comme je vous plains."
"Lilith, j'ai... j'ai presque perdu espoir. Je pensais que tu ne viendrais pas."
"Et manquer à mes engagements? Vous faire défaut? Je ne pourrais pas, votre majesté"
"Et les gardes? Où sont les gardes?"
"Ne vous inquiétez pas pour les gardes ils sont..."morts"... partis. Je vais vous faire sortir. "
La clé dérobée sur le corps du capitaine fit son office et la jeune femme souleva l'homme comme si il s'était s'agit d'un fêtu de paille et l'entraîna dans les rues sombres et désertes. Évitant les patrouilles, elle réussit à l'emmener hors de la ville où une charette les attendait. Pour l'attirer dans sa toile, Lilith n'avait pas lésiné sur les moyens. C'était sans doute le projet plus ambitieux de sa vie et, malgré l'avis défavorable de la Cour d'Hiver sur le travail, elle s'était amusée follement. Elle avait fait son apparition deux ans plus tôt à la cour d'un royaume voisin sous le masque d'une prêtresse blonde, plantureuse et peu farouche qui avait eu tôt fait d'attirer l'attention du souverain. Séduit, l'homme lui avait promis monts et merveilles si elle acceptait de se donner à lui. Elle avait répondu qu'elle ne répondrait à ses avances qu'à la condition qu'il conquiert le royaume de Melqart. Son soupirant avait bien entendu accepté et le jour suivant ses armées se mettaient en route. Plus puissantes, mieux armées et plus nombreuses, elles avaient eu tôt fait de prendre la capitale, de faire prisonnier le roi et l'exposer en place publique à la vindicte populaire. Lilith s'était arrangé pour faire courir d'ignobles rumeurs sur son compte et ses "loyaux" sujets les avaient gobés sans poser de questions émerveillés par le glamour de la Fey. Elle avait donné sa rétribution à son homme de main avant de disparaître sans laisser de traces. Elle avait repris son apparence originelle pour se présenter à Melqart qu'elle avait nourri, abreuvé et promit de libérer. Progressivement, elle avait gagné son respect et finalement son affection. Et aujourd'hui, il dormait au fond de la charette qu'elle conduisait.

Il se réveilla à l'aube pour faire quelque pas dans l'oasis que la Fey avait choisi pour mettre à exécution l'ultime partie de son plan. Elle le nourrit et lui laissa le temps d'explorer l'endroit avant de se mettre à parler.
"Mon roi, je crains de ne pas avoir été tout à fait honnête avec vous..."
"Quoi?" Demanda-t-il, en jetant un regard effrayé autour de lui.
"Non, rassurez-vous, vos ennemis ne vous trouveront pas. Si je vous ai caché ces détails c'est que j'avais peur que vous me preniez pour une folle. Mais je... je ne suis pas humaine."
"Pardon?"
"Je suis une créature issue d'un monde différent du vôtre, mon roi et si je vous ai sauvé c'est parce que les torts qui vous ont été fait m'ont ulcérée. Vous avez attiré mon attention, votre Altesse. Par votre sagesse et vos hauts faits. Votre peuple vous a bien mal servi en prêtant foi aux allégations propagées par cette prêtresse."
"Je les ai protégés, j'ai évité des pestes et plusieurs famines et ils ont cru chacun des mots de cette catin. J'aimerais la voir morte!"
"Elle a disparu, mon souverain. Je m'en suis occupée."
"Tu l'as tuée Lilith?"
"Non, mon seigneur. Mais soyez tranquille, elle ne reviendra plus."
"Merci, vraiment..."
"Je vous en prie."
Ce n'était pas un mensonge d'annoncer que la blonde tentatrice ne reviendrait pas. Lilith n'utilisait jamais le même déguisement deux fois de suite. Elle s'en lassait bien trop vite. Elle fit quelques pas pour s'éloigner pour s'éloigner de son interlocuteur.
"Je peux vous venger, votre majesté. Si vous me le demandez, je vous vengerais."
"Et comment ferais-tu? Comment pourrais-tu?"
"Je vous l'ai dit, je ne suis pas humaine. Je peux vous venger mais il faut que vous me le demandiez. Et pour ce faire, j'ai besoin que vous donniez quelque chose en échange."
"Que me demandes-tu, Lilith?"
"Que vous acceptiez de venir avec moi dans mon royaume. Que vous acceptiez de me tenir compagnie, de chasser avec moi?"
"C'est tout?"
"Vous ne pourrez pas retourner dans votre monde. Vous me serez attaché pour toujours."
[color:0d2b=Sandybrown ]"Cela ne me semble pas trop difficile. Voilà une chose dont je pourrais aisément m'accomoder. J'accepte Lilith. Vengez-moi et je serai vôtre."
"Vous acceptez donc que je détruise la cité de vos ancêtres? Vous ne le regretterez pas?"
"Mes enfants sont morts.Le tombeau de mon père a été profané. Mon peuple me hait et il y a un usurpateur sur mon trône. Je ne souhaite rien moins que les voir tous réduits en cendre.
"J'ai une autre idée, mon roi. Quelque chose de plus spectaculaire qui laissera une trace dans la mémoire collective. M'autorisez-vous à me montrer créative?"
"Je t'en prie..."

Lilith sentit une immense satisfaction l'envahir alors qu'elle avait enfin obtenu ce qu'elle désirait depuis tout ce temps. Le souhait de cet être d'une volonté puissante de détruire ce à quoi il avait tenu toutes ses années allait lui permettre de déclencher une magie plus puissante que celle qu'elle avait l'habitude d'utiliser. Elle avait déjà sur la langue le délicieux goût de la victoire et elle puisa dans l'énergie qu'elle avait à sa disposition et lança son sortilège. De la ville dans le lointain, montèrent bientôt les premiers hurlements. Des cris de souffrance, de terreur, ceux d'une population qui rencontrait son destin et qui voyait chacun de ses individus transformés impitoyablement en statues de sel. Les ancêtres de Melqart régnaient sur la cité de Gomorrhe depuis plusieurs siècles mais quand Lilith en eut fini avec elle, la ville n'abritait plus que des cadavres figés dans des positions torturées, instantanés de corps dans les affres de la mort...

La Fey se tourna ensuite vers Melqart et le regarda avec une expression attendrie avant de s'adresser à lui.
"En voilà un bon chien..."

Chapter 3 : Farewell

credit : Hell_Highway

18ème siècle, Angleterre
Lilith se tenait sur une colline, jeune femme élégante et délicate qui fixait d'un oeil mauvais ce qui se déroulait à ses pieds. Elle voulait avoir confirmation des rumeurs qu'elle avait entendu toute la semaine et n'avait pu que constater avec déplaisir qu'il s'agissait de la vérité. L'humain s'était mis à produire du fer en grande quantité. L'industrialisation comme ils aimaient à l'appeler était en marche et le monde perdait durablement de sa magie, de son intérêt. La Sidhe s'était depuis longtemps lassée des massacres et des tortures mais elle revenait périodiquement dans ce monde pour se changer les idées et passer quelques marchés, juste histoire de ne pas perdre la main. Mais depuis un moment, les hommes semblaient ne plus vouloir de sa présence. Ceux qui croyaient au Dieu Unique lui avaient déjà suffisamment posé de problèmes en affublant de manière arbitraire un démon de son propre nom. Elle n'aimait pas la mauvaise publicité et approcher des proies potentielles devenait difficile dès lors que ces dernières croyaient avoir à faire à une créature capable de les posséder et de dévorer leurs enfants. À sa décharge, Lilith pouvait bien être capable de transformer des rois en chiens et se faire s'entretuer des guerriers pour ses beaux yeux pour rien au monde, elle n'aurait touché à un bébé ou au moindre marmot. Ces bêtes-là transportaient des maladies. Elle se tenait donc debout sur ce promontoire, passablement énervée par ce qu'elle voyait lorsqu'un de ses clients fit son apparition. Ce sorcier était ce que la Fey appelait un habitué. Leur coopération durait depuis longtemps et elle s'estimait très heureuse d'être tombée sur lui. Il payait toujours rubis sur l'ongle et faisait preuve d'une déférence tout à fait appropriée à son égard. Deux de ses enfants avaient déjà rejoint Féérie et il n'en faisait pas grand cas, jugeant qu'ils seraient probablement mieux traités là-bas que dans ce monde. Farrell faisait partie de ce qu'elle appelait l'ancienne espèce. Ce qui connaissait l'existence de ses semblables et jouaient selon des règles du jeu édictée dans des temps immémoriaux. Celles justement que la fonderie en bas était en train de pertuber.

"C'est mauvais signe, n'est-ce pas?"
"Tu n'imagines pas à quel point."
"Tu vas donc partir..."
Lilith se drapa un peu plus dans sa cape, ses yeux fixés sur les ouvriers qui effectuaient un travail de forçat en contre-bas. Elle se vit des millénaires plus tôt lorsque, jeune Fey, elle avait réalisé que les hommes réduisaient leurs semblables en esclavage. Ce spectacle l'avait alors profondément indignée, elle qui avait été élevée dans les valeurs de fidélité propres à la Cour d'Hiver. Ainsi donc les hommes exploitaient ceux qu'ils auraient du considéré comme leur propre famille. Même les animaux ne s'abaissaient pas à une telle hérésie. Pour cela, elle les avait méprisé. Aujourd'hui, c'était un spectacle qui la laissait froide. Elle reprit conscience du monde autour d'elle et sourit à son interlocuteur.
"C'était une chose que j'envisageais depuis longtemps. Et ce qui se passe en bas ne fait que confirmer mes doutes. Je me sens inadaptée à ce monde, Farrell. Et le fer qu'ils fabriquent en bas pourraient bien être la cause de mon trépas si je n'y fais pas attention. Je suis une Sidhe millénaire et je suis lasse de ce jeu du chat et de la souris. Il ne se passe pas une journée maintenant sans que des scientifiques ou des adeptes du Dieu Unique ne viennent remettre en cause notre existence ou le droit que nous avons de nous promener sur cette Terre. Tu es quelqu'un d'agréable pour un humain mais je ne mettrai pas ma vie en danger pour nos marchés."
Elle se détournait, silhouette gracile drapée dans une robe à la coupe élégante mais définitivement déplacée dans ce siècle d'industrie galopante, pour monter sur la selle de son cheval blanc lorsque l'homme se jeta à ses pieds en sanglotant.
"Ayez pitié Lilith. Emmenez-moi avec vous. Je ne peux plus rester ici."
L'élégante silhouette se figea alors que l'humain la suppliait et l'air sembla soudain se vider de toute sa chaleur. Pendant quelques secondes, Farrell prit conscience qu'il avait dépassé les bornes, que son alliée surnaturelle risquait bien de le tuer pour un tel comportement mais la tension retomba d'un coup et Lilith lui fit face à nouveau.

"Non, je ne peux pas. En échange de quoi offrirais-tu ta vie? Je ne l'accepte pas. C'est contre tout ce en quoi nous autres feys, croyons."
"Ne me montreras-tu un peu de compassion?"
De la compassion, pour lui, la Fey n'en avait aucune. Elle l'avait toujours secrètement abhorré et seule la perspective de pouvoir se targuer d'un premier né de sorcier l'avait empêché de lui jouer de bien mauvais tours. Elle s'abstint pourtant de le lui avouer.
"Que j'ai pitié ou pas ne change rien. Je suis fidèle au code de la Cour d'Hiver, sorcier. Si tu veux venir à Féérie, il te faudra passer un marché avec toi et..." Elle envisagea un instant de lui jouer un autre mauvais tour mais réalisa qu'observer sa réaction serait sans doute plus amusant. "... tu devras renoncer à ta forme humaine. Et à tes pouvoirs."
"Pour quelle raison ?"
"Tu seras changé en chien, Farrell. Ainsi qu'il en a toujours été pour les humains qui se promettent à nous. Tu deviendras un matin féerique et tu courras avec la meute pour toujours."
Les déclarations de la Sidhe semblèrent refroidir les vélléités du sorcier. Le silence s'installa alors que l'homme essayait d'assimiler les notions qui venaient de lui être assénées lorsque retentit un bruit affreux. Celui du métal qui râpant contre des os, rapidement suivi de cris d'agonie. Ils provoquèrent la panique du cheval féérique déjà rendu nerveux par la proximité du métal mortifère que sa cavalière eut toutes les peines du monde à calmer. Lilith, curieuse de savoir ce qui avait bien pu se produire de tragique et de morbide, s'approcha. En bas, gisait un cadavre autour duquel s'étaient rassemblés les ouvriers. Son crâne ouvert par un des lourds chaudrons en fonte qu'il était censé transporter laissait voir un cerveau clair, son sang ruisselait sur la terre alors que les dernières bribes de vie s'échappait de son corps torturé.
"Il aura cessé de souffrir..." conclut la Sidhe, philosophe.

Elle jeta un oeil au sorcier blême qui observait la scène dans un silence d'église. Elle sut à ce moment-là qu'il allait passer un accord quoi qu'il lui en coûte. Farrell était d'appartenir à cet Ancien Monde que la modernité galopante s'apprêtait à écraser. Profondément égoïste, il ferait tout pour sauver sa vie rejoindre l'Outremonde. Issu d'une famille qui se consacrait à l'occulte depuis le commencement ou presque, il avait volontairement attiré l'attention de Lilith qui s'était empressée de lui répondre. Arrogant, il l'avait prise de haut et la Sidhe avait joué le rôle qu'il attendait lui voir jouer. Elle s'était montrée sous les traits d'une créature charmante, docile, précisément le genre de femme dont il aimait se jouer à l'époque. Elle l'avait manipulée à coups de battement de cils, de bouches en coeur et de sourires ingénus. Elle avait réussi à lui arracher de deux de ses enfants qui servaient maintenant dans son domaine et pour cela, elle l'avait forcé à se marier. Le voir se dépêcher de prendre femme et de se marier l'avait amusée, elle ne pouvait le nier. Cela dit, bon client qu'il puisse être il croyait toujours avoir barre sur elle et pour ça, la Fey le méprisait. La tentation de lui jouer un mauvais tour revint et cette fois-ci, elle y céda. Elle sourit d'un air mauvais et recula pas à pas en douceur alors que l'humain fasciné par le spectacle morbide à ses pieds ne lui prêtait pas la moindre attention. La dernière chose qu'il entendit fut son rire moqueur alors qu'elle disparaissait.

Chapter 4 : Renegade

credit : Celtic Mist

Lilith regarda la Reine de la Cour d'Hiver sans tout à fait comprendre ce qui venait de lui arriver. Sa journée avait commencé de manière tout à fait normale jusqu'à ce que le silence et le calme de sa propriété soient troublés par le bruit d'une cavalcade avant que n'apparaissent montés sur leurs chevaux féériques, les soldats de la souveraine. Le capitaine respectueux et visiblement ennuyé lui avait remis un parchemin mentionnant sa convocation au palais pour y être jugée pour haute trahison. La Sidhe avait toisé le Fey en face d'elle en attendant des explications que ce dernier ne s'était pas fait prié de lui fournir. Il lui avait poliment expliqué que depuis la guerre de succession, les choses étaient différentes. Que l'humain qu'elle avait renvoyé dans son monde appartenait à un de ses jeunes blancs becs qui gravitaient autour de la Nouvelle Reine et qu'il n'avait guère apprécié de devoir retourner le chercher. La chose avait fait rire Lilith. Comment se faisait-il que des enfants (son détracteur n'était âgé que de 500 ans) pouvaient-ils se targuer de convoquer leurs aînés de cette manière et pour cette raison? Elle avait cru d'abord que la nouvelle Reine avait voulu asseoir son pouvoir et faire démonstration d'autorité devant une Sidhe qui n'avait jamais fait l'effort de lui rendre hommage mais maintenant. Elle promena un regard désabusé sur la foule de visages fermés qui l'entouraient à l'énoncé du verdict. Était-ce une blague, une mauvaise plaisanterie? Quelqu'un allait bientôt éclater de rire c'était certain. Mais à ses espoirs ne répondirent qu'un silence glacé... Elle inclina la tête signifiant qu'elle avait entendu et pris note de son jugement.
"Escortez-la dehors et faites en sorte que la sentence soit exécutée dans les plus brefs délais" lança la Reine d'un ton péremptoire.
Les soldats qui l'avaient accompagnés formèrent son équipage et le capitaine vint lui offrir son bras. La Sidhe déstituée sentit la reconnaissance l'envahir et accepta cette aide bienvenue. Elle ne pouvait l'avouer mais ses jambes tremblaient tant qu'un instant elle avait eu peur qu'elles ne la trahissent. Elle tourna les talons et suivant son guide, se dirigea vers la porte. Elle l'avait presque atteinte lorsqu'elle s'arrêta. Tournant son regard vers la Reine assise sur son trône, elle se fendit d'un dernier défi.
"N'oubliez pas ce qu'il arrive à ceux qui parjurent le code, votre Majesté... C'est une innocente que vous condamnez à l'exil."
Puis elle sortit...

test rp.

I will not bow

credit : disgraceunfair

Son agent lui avait souvent demandé pourquoi elle était venue s'enterrer dans ce trou paumé qu'était Shreveport. A chaque fois, Lilith avait haussé les épaules avant de lui demander en quoi connaître ses motivations lui permettraient de faire mieux son travail. Inévitablement l'humain finissait par hausser les épaules et abandonner le champ de bataille en se disant que ses exigences à elle n'étaient pas difficiles à satisfaire. Et qu'elle ne lui réservait jamais de mauvaises surprises. Après tout Lilith Ainsworth était une vraie mine d'or. Elle n'était jamais en retard pour rendre ses manuscrits (à croire qu'elle les écrivait à l'avance) et ses livres se vendaient comme des petits pains. C'était une jeune femme agréable à regarder avec ce que les journalistes se plaisaient à appeler un "charme intemporel" qui n'était pas compliquée à vivre tant qu'il se pliait à ses quelques lubies. Comme celle de s'installer dans un coin reculé de Louisiane. La Sidhe utilisait rarement son glamour sur cet employé si conciliant et ce qu'il prenait pour des caprices de star était inhérent à sa nature féérique.

La vérité sur son installation à Shreveport était toute simple. Lilith n'aimait pas les grandes villes, elle les trouvait trop impersonnelles, trop peuplées. Les humains qu'on y trouvait étaient la plupart du temps, méfiants, névrosés et établir des relations avec eux se révélaient difficile que la Sidhe soit intéressée ou non par le fait de passer un marché. Et puis, il y avait le fer. Présent partout ou presque dans ce monde moderne. Elle sentait cette menace jusque dans ses os et il lui fallait parfois se faire violence pour ne pas céder à la panique et partir en courant. Revenir dans le monde des humains ne s'était finalement pas avéré aussi compliqué qu'elle le pensait de prime abord. Il lui avait suffit de passer quelques marchés en baissant son prix. Elle avait ensuite rencontré un sorcier qui lui avait suggéré d'écrire des livres racontant son histoire avant d'ajouter en riant que les humains lambdas seraient trop bêtes et trop confiants pour ne serait-ce que soupçonner que ce qu'elle racontait était la vérité. En l'espace de deux ans, Lilith était devenue un des auteurs les plus "bankables" des Etats-Unis. Et ce statut n'avait que des avantages ou presque. La Sidhe avait trouvé un moyen de puiser dans une source presque inépuisables pour son glamour puisque ses fans l'adoraient presque comme la déesse locale qu'elle avait été pendant quelques temps. Elle n'avais qu'à être souriante, charmante et sympathique et les humains tombaient littéralement en pâmoison. Avec eux, Lilith ne passait généralement pas de marché car il s'agissait en grande partie de personnes lambdas sans plus d'intérêt que celui des fournisseurs de l'adoration qu'elle méritait.
Ensuite il y avait ses clients, ceux qui avaient les moyens de payer ses services ou dont la possession lui rapporterait suffisamment de prestige pour qu'elle puisse attendre un peu avant de venir collecter ce qui lui avait été promis. Mais ceux avec qui elle s'était engagée étaient rares et Lilith les considérait comme des erreurs de parcours. Passer des marchés était chose risquée. La Sidhe n'avait pas du tout envie de se faire repérer. Primo, parce qu'elle risquait de dévoiler au monde l'existence des siens et d'être pourchassée en conséquence. Secundo, parce qu'en plus de lui faire de la mauvaise publicité, cela attirait les vautours. Malheureusement, on en manquait pas à Shreveport. Les vampires étaient attirés par les Feys comme les moustiques par une flamme. La présence de Lilith constituait pour eux une tentation quasi-irrésistible. Elle devait maintenant compter avec la présence d'un de ces suceurs de sang dans son entourage, le pire étant probablement qu'elle ne puisse s'en prendre qu'à elle-même puisque il l'avait surprise à utiliser furtivement ses pouvoirs sur un humain qui l'avait offensée. Une Fey affiliée à la Déesse des Souffrances constituait une proie de choix pour un tel prédateur.

Lilith téléphonait à son agent ce matin-là pour avoir les échos des critiques à propos de son nouveau roman qu'elle espérait élogieuses. À ce qu'elle entendait, elle ne se trompait pas puisque une fois encore, on encensait sa capacité à toujours se renouveler tout en gardant un univers particulièrement cohérent. Sa plume était réputée envoutante et a priori cette fois encore le charme avait agi. Elle était satisfaite. Elle remercia d'une voix calme et égale avant de raccrocher. Elle referma ses mains délicates sur une tasse de thé bouillante consciente que sa peau se racornissait sous l'effet de la chaleur mais que cela ne durerait pas. Sa vie de maintenant lui convenait, n'eut été les rares accès de mélancolie durant lesquels sa Féérie natale lui manquait et les rencontres avec ce maudit métal. Son statut de bannie ne l'avait pas empêchée de vivre et elle savait que tôt ou tard, une Reine de la Cour d'Hiver aurait besoin de l'appui d'une ancienne de sa trempe. Elle espérait secrètement que ce serait pour détrôner l'actuelle...

famille. Lilith n'a plus de famille. Sa mère, Kalliope, est morte pendant l'Inquisition tuée par un "soldat de Dieu" un peu trop zélée qui lui a passé 6 pouces d'acier en travers du corps. Peu après, Hakan se laissait dépérir de chagrin.

Lilith Ainsworth a écrit:

Merci beaucoup! Bon je crois que j'ai bouclé ma fiche. J'ai enfin eu le temps.

Tout d'abord, je te souhaites la bienvenue sur Drag me to Hell de la part de toute l'équipe administrative.
Ensuite, maintenant que ta fiche est achevée, je viens la modérer pour la validation.

Oh brother Oo *s'efforce de ne pas jurer* Si ça ce n'est pas de la fiche, je ne sais pas ce que c'est. Punaise, tu m'as totalement époustoufflée, bluffée par ce personnage qui à mon sens ne souffre d'aucun défaut dans sa rédaction. Je m'attendais à quelque chose de très bien mais là... wow, la manière d'écrire, la façon de relater les faits ou même de tanguer entre la cruauté du passé et ce qu'elle est actuellement... L'histoire est un délice, on ne s'ennuie pas un seul instant et tes formulations font que si les millénaires d'existence justifient d'une histoire si conséquente, cela passe comme une lettre à la poste là où d'autre fiches auraient pu sembler lourde. Une petite perle d'écriture <3

Ma chérie, je ne peux que saluer une plume pareille et c'est avec délice et un immense plaisir que je te (ré-) accueille parmi nous....
Maintenant, si tu veux bien, je dois aller me remettre de mes émotions... Woah... Oo

J'ai le bonheur de t'annoncer que tu es validée! Toutes mes félicitations!

Avant toute chose, laisse-moi un peu te guider pour faire tes premiers pas sur le forum en tant que membre validé! youhou! Première chose à faire, si tu ne l'as pas encore faite, c'est de finir de remplir correctement ton profil, et ta feuille de personnage même si tu n'as pas encore de relations, de toute façon, il te faudra sans doute l'éditer dans les temps futurs. Ce n'est pas grand chose, mais d'un c'est plus joli et de deux, on cerne plus vite ton personnage ainsi. Ensuite tant que tu es sur ton profil, pense à mettre dans ta signature un lien vers ta fiche de présentation. Comme ça c'est plus facile pour les autres joueurs de savoir à qui ils ont affaires! Deuxième étape et pas la moindre: remplir ta fiche de relations. C'est la manière la plus rapide pour t'intégrer complètement au forum, et bien évidemment cela va te permettre d'avoir un panel de joueurs avec qui faire un rp tout simplement. La suite logique étant de répertorier tes rp en cours ainsi que tes futurs rp ici, tu pourra bien évidement faire des demandes de rp via les topics des autres joueurs. Nous te conseillons vivement d'aller à A.N.P.E. pour bloquer le boulot de ton personnage, tu pourra aussi créer ta propre boîte si tu le désire. Ensuite, fort de ton salaire, tu pourras demander un logement, n'oublie pas que la colocation est aussi une bonne option!
Quand tu auras fait tout cela, tu pourras aller jouer avec tes petits camarades. Pour mettre un peu de piment dans ton jeu n'hésite pas à faire un tour du côté des challanges ou bien dans l'animation. Et puis, en attendant une réponse d'un joueur, tu peux toujours aller flooder avec nous jusqu'au bout de la nuit!