Sujet: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 00:38
Blažej Miloš Dvořák
Feat Bastiaan van Gaalen
PRELUDE
DATE & LIEU DE NAISSANCE ☞ Le 20 novembre 1989, de l'union sacrée d'une harpie et d'un héro de guerre, au cours de la Révolution de Velours, Prague. ; ÂGE ☞ 24 ans ; NATIONALITE ☞ Nationalité tchèque (illégalement sur le territoire américain) ; CAMP ☞ Au gré des vents. ; CAPACITE ☞ Contrôle de l'espace-temps ; CLASSIFICATION ☞ Potentiellement dangereux ; ETAT CIVIL ☞ Célibataire LIEU D'HABITATION ☞ Shreveport, une chambre de bonne exiguë en sous-location ; METIER ☞ Poète sans plume. CLASSE SOCIALE ☞ Pauvre, ne possède pas grand chose et se nourrit de peu. ETIQUETTE ☞ C'est un zombie. Un corps penché, tordu, douloureux, possédé par une âme apathique, léthargique et catatonique. D'immenses cernes creusent ce regard pourtant si bleu. C'est un jeune garçon, aux airs de vieillard, que l'on croirait junkie s'il n'avait pas tant l'air de souffrir. Mais encore faut-il s'y intéresser deux minutes, et ce n'est pas évident. Grise est son âme, grise est son ombre, grise est sa mine... il se fond dans le paysage urbain défraîchi avec l'aisance d'un rat. Il rase les murs, épouse les angles. Rien ne doit dépasser. Rien ne doit laisser penser que... il existe. Mais il est parfois capable d'éveiller la curiosité d'un regard, ou plus exactement la pitié. Au fond, ses traits d'enfants et ses lignes androgynes demeurent malgré l'abattement. Pour sûr, il a du vivre quelque chose de moche.
"I coulda had class. I coulda been a contender.
I coulda been somebody, instead of a bum,
which is what I am, let's face it."
Traits de caractèresJe suis un gâchis, une déception. Une âme en pagaille participant à la débâcle générale. Un contrarié désabusé, traînant sa carcasse dans l'épilogue précoce de sa vie. Je suis un champs de bataille, dévasté il y a une éternité, sur lequel rien ne poussera plus que la mauvaise herbe. Un inadapté conscient de sa condition ayant assisté impavide à son propre égarement. Un incapable de rien, capable de tout. Une aporie tourmentée par ses contradictions. Passif, l'air d'être constamment éreinté, l'air d'avoir déjà trop vécu, il m'arrive pourtant encore parfois de douter. De moi, des autres. Suffisamment pour ne jamais cesser d'essayer. Essayer de vivre, de toutes mes forces. Essayer d'être aimé, essayer de devenir. Toutes ces choses épuisantes, qui semblent être chez d'autres si naturelles. J'ai souvent l'air pathétique à me débattre frénétiquement, vainement, à la recherche de celui que j'étais supposé être. Mon entêtement n'a d'ailleurs d'égal que mon inconstance. Je ne suis ni infidèle, ni déloyal, mais versatile. Il m'arrive d'oublier, qui je suis, ce que j'ai fait. Aérien, ivre d'être libre, il m'arrive encore parfois de rire et de pleurer avec la spontanéité de l'innocence. Mais ces moments de grâce jamais ne durent. Je n'ai pas l'hypocrisie de croire que je les mérite. Je suis une imposture rongée par la culpabilité de l'impuni. Ma bonne fortune et ma couardise me répugnent. Mon insolence me révolte, au point de me plonger dans de profondes fureurs. J'abhorre cette chance scandaleuse qu'une fée déposa au pied de mon berceau, un soir de novembre. Je suis un condamné qu'on a oublié au pied de l'échafaud. Je suis incapable de prétendre que je ne le mérite pas, mais m'applique pourtant de toute mon âme à feindre d'en avoir réchappé. Dupe de ma propre mascarade, mais lucide malgré tout, j'implore qu'un châtiment corrige cette infernale méprise ! Tout, plutôt qu'une existence sans but. Je n'aurais jamais du être amnistié, gracié. Cette absolution doit être une négligence que le Grand Ecrivain ne saurait tarder à rectifier, mais l'attente me brise et... ... et parfois je me surprends à espérer, de nouveau. A espérer qu'on continue à m'oublier, à me délaisser. Qu'on laisse en paix cette pauvre larve, pour laquelle je parviens de temps à autres à ressentir une forme de pitié. N'en mérite-t-elle pas un peu, au fond ? Si mes choix ont été terribles, ce serait encore me donner trop d'importance que de se laisser aller à imaginer un seul instant que je suis responsable de ce qui m'arrive. Au contraire, je suis plutôt irresponsable. La fatalité a pris bien des visages pour me malmener, et mes décisions - si tant est qu'il soit pertinent de les nommer ainsi - n'ont été que les répliques d'un séisme épouvantable dont je n'étais pas l'instigateur mais la victime. Oui, c'était ce que j'étais, au départ. Et finalement, peut-être le suis-je encore. Occupation nocturneLes notions de jour et de nuit ne m'ont jamais été familières. Tout comme celles de temps et d'espace. L'impensable relativité de ces concepts m'a depuis longtemps subjugué, par la force des choses. Je ne sais jamais, d'une seconde à l'autre, où je serais. Je suis ce que l'on appelle un désaxé, un déséquilibré. J'erre sans but, sans rythme. Alors, oui, j'ai des occupations. Chercher un sens à ma vie, par exemple. Ca sonne creux, objectivement, mais je n'ai guère plus convaincant. Depuis le 18 août dernier, je ne suis que pénitence, absence, et déchéance. Incapable de me définir une nouvelle identité, j'oscille entre léthargie médicamenteuse et ultra-violence auto-administrée. Je tente de récupérer ma vie là où je l'avais laissée, mais sans trop y croire. Tout n'a jamais été que mensonge, destruction et animosité, et je me demande bien, au fond, ce qu'il me reste. En dehors de cette détresse générale. Ces dernières années ont été éprouvantes, et le repos n'était tout simplement à l'ordre des programmes. Ou plutôt, je le concevais comme une récompense que, tôt ou tard, je mériterais. Finalement, je ne sais pas moi-même si je pensais au sommeil ou à la mort, en songeant au repos. Je me contente toujours d'hésiter entre l'un et l'autre. Des tendances suicidaires ? J'en ai toujours eu. Il faut bien peu d'instincts de survie pour se lancer dans le terrifiant abîme de la Vengeance... Mais aujourd'hui, c'est différent, j'ai tout perdu dans la bataille, y compris mon âme et mon entendement, en pensant atteindre la catharsis. J'étais convaincu que le héro tragique était voué à une fin fatale. Happy Endings are for Pussies. Et pourtant me voici, Oedipe moderne, foulant encore et toujours les planches du petit théâtre médiocre évidé par mes soins, contredisant son propre scénario par le seul fait d'être encore vivant. Ruse du dramaturge ? Peut-être, toujours est-il qu'il serait de bon ton qu'il reprenne son récit là où il l'avait laissé. Car j'étouffe. C'est d'ailleurs un crucial besoin de changer d'air qui m'a décidé à m'installer à Shreveport. On dit - dans certains milieux - qu'ici n'importe qui a ses chances pour repartir à zéro. Je n'en demande pas tant, mais qu'ais-je à perdre ? Qui plus est, personne ne sait que je vis ici. Je suis un sans-papier, illégalement entré sur le territoire américain, ni par voie des airs, ni par voie maritime, mais par la voie de l'esprit. Qui, à ma place, s'embarrasserait de formalités pour voyager ? Je n'en ai pas besoin. Manies, habitudes & goûtsPlus rien n'a de saveur, ni d'odeur. En tuant mon père, je me suis un peu tué aussi. Au début, je pensais qu'il s'agissait d'une somatisation. Le parricide est connu pour être, de tous les crimes, le plus abject. Evidemment, je ne pensais pas m'en sortir sans une égratignure. En vérité, je ne pensais pas m'en sortir tout court. Alors j'ai plutôt facilement supporté cette dégradation que je croyais momentanée. Mais les mois ont passé, et je n'ai toujours pas recouvré l'intégralité de mes capacités sensorielles. Je pourrais baiser un cadavre sans être incommodé par l'odeur. Du coup, je ne baise plus non plus. Mon psychiatre considère qu'il s'agit là d'un détail, et mon psychanalyste jure ses grands dieux qu'il s'agit de la clef de voûte de tous mes problèmes. S'il savait ! Toujours est-il que cette solitude forcée et l'absence quasi-complète de repères sensoriels m'ont contraint à changer mes habitudes. Je ne mange plus rien de cuit, parce que je n'ai pas les moyens de changer l'installation au gaz de mon taudis, et que je n'ai pas envie de tout faire sauter comme ça, l'air de ne pas l'avoir fait exprès. Ce serait un comble. Je fume, toujours, mais en essayant de ne pas m'endormir se faisant. Et puis, dans le pire des cas, périr par les flammes abandonné de tous ne serait pas une fin si illogique en elle-même - ni dénuée d'un cynisme exquis. L'improbable quantité de papier que j'accumule sous forme de livres et de journaux divers aurait tôt fait d'alimenter l'incendie. Je n'ai pas été longtemps scolarisé, je tâche de rattraper le temps perdu dans les livres, même si ça semble plus facile à dire qu'à faire. J'aime particulièrement la poésie, même si bien sûr c'est le théâtre qui m'obsède. Je crois que, peut-être, je devrais monter une pièce autobiographique, parce que ça m'ferait bander de voir des gens applaudir. Mais je n'en ai pas encore le courage... CapacitéUn peu plus, et je m'urine dessus. La fièvre me fait suer et grelotter, mon échine se révulse en d'incontrôlables frissons. Il m'arrive parfois de baver, de tomber, de bégayer, de ramper. Et quand c'est terminé, j'ai froid, j'ai faim, je suis exténué. Je broie du noir l'heure qui suit, et la moindre contrariété devient prétexte à tout casser. Tout ça pour dire que oui, je vois les morts. L'expérience est à chaque fois si saisissante qu'elle me fait l'effet d'un viol avec violence qui me laisserait sur le carreau la journée suivante. Il parait que j'y suis particulièrement sensible, mon psychiatre parle de "nécropathie". Mon cas n'est pas rare. Ce qui m'inquiète, c'est que cela soit dégénératif. La perspective de finir emmuré devient peu à peu séduisante, c'est dire. En attendant, je m'entraîne à fuir. Discipline dans laquelle j'excelle, je n'vous ferai pas l'affront d'être modeste. Toutefois, il est vrai que je me prévaux. Nourrisson, déjà, à peine éjecté de la matrice glaciale, je disparaissais sous les yeux ébahis de madame ma mère et réapparaissais, l'instant d'après, lové contre son sein. Petit monstre ! A l'adolescence, c'était plutôt l'inverse. Bref, ça n'a jamais été difficile et même, c'était aussi naturel que de courir. Un battement de cil, une idée - ou, plus embêtant, un souvenir - et je disparais. Ce n'est pas plus compliqué, et je ne saurais être plus exact. Il ne se passe rien de mystique, aucune connexion avec l'au-delà, pas la moindre trace d'enlèvement du quatrième type. Cette innéité n'est pas sans malice, car longtemps je n'en ai pas été maître. S'il est fort probable que je ne passe pas l'entièreté de ma nuit là où je serais supposé la passer, je suis en revanche désormais capable de rentrer sitôt réveillé. Auparavant, je devais prendre l'avion. C'était aussi humiliant que de s'oublier au lit, en plus coûteux. Jumper, comme on dit, ce n'est pas ça le plus pénible : il suffit simplement de se représenter le lieu que l'on vise. Cela suppose donc que je me renseigne quand même un peu à l'avance, si je ne connais pas les lieux, surtout s'il s'agit d'un pays éloigné. La concentration que ça demande est proportionnelle à la distance, finalement c'est assez logique et, à force de travail et d'entraînement, on s'y habitue et on n'altère rien en se déplaçant ainsi. C'est tout à fait différent, lorsque l'on manipule le temps. Ce n'est pas plus compliqué, mais le péril est décuplé. J'ai découvert cette faculté bien plus tard, à la puberté. Pendant près d'un an, j'en usais et abusais. Jusqu'à ce que je m'aperçoive, au nouvel an, que de 2002 n'avait pas existé. Du moins, pas pour moi. Le lendemain du 31 décembre 2001, nous étions le 1er janvier 2003. Et je ne me droguais pas encore. Cette expérience reste de l'ordre de l'inexplicable. J'ai bon espoir, un jour, de rencontrer quelqu'un qui sache m'apporter des réponses, sur ça, mais sur tout le reste aussi. Personne n'a jamais pris le temps, ni la peine, de m'instruire à ce sujet. A présent que je suis libre, c'est en quelque sorte devenu une quête. Une quête de vérité, une quête de sens. ConvictionsLes jours passent et se ressemblent, mon mal-être étouffe dans sa camisole chimique. Je ne pleure plus, je ne ris plus, tout est insipide et gris. Des murs de ma chambre, à l'écran de la télévision de la salle commune, en passant par les nurses et "mes amis". Il y a Zebulon, à seize ans il a frôlé l'overdose de kétamine. Il est resté perché. Son pire ennemi, c'est Barnabé, il a connu Vercingétorix et son dernier fait d'arme, c'est l'assassinat d'Hitler. L'été dernier, il a couché avec Zezette. Tout le monde a couché avec Zezette. Y compris moi. Moi, Diablo, comme le personnage de Marvel, puisque je prétends pouvoir me téléporter. Et, un jour, on est en 2007. J'ai bientôt dix-neuf ans, mais je n'en ai pas conscience. Je n'ai conscience de rien, d'ailleurs. Ni de ça, ni de ma sortie de l'hôpital. La Réhabilitation a eu lieu, sans que je ne m'en aperçoive. La Réhabilitation ? C'est le nom que j'emploie pour parler de la Révélation. Parce que pour moi, ce n'était pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une découverte. En revanche, mon statut est passé de fou-à-lier à "person of interest" en l'espace d'une année. J'exagère un tantinet, quoi qu'il en soit les hôpitaux psychiatriques se sont considérablement déversés sur le monde, relâchant des fous qui ne l'étaient probablement pas au départ, mais qui l'étaient devenus certainement. On découvrit que Barnabé avait bien connu Vercingétorix - bon, pour Hitler par contre... -, Zezette était en fait un métamorphe - un bonobo-garou, on s'en serait douté. Seul Zebulon était resté Zebulon. Signes particuliersCe n'est pas mon corps, qui a morflé. C'est mon âme. Je n'ai donc aucune cicatrice dont je puisse être fier. Quelques vilaines brûlures de cigarette ici ou là, ou quelques griffures de chat qui n'ont jamais tout à fait disparu de ma peau laiteuse. C'est tout, pour ce qui est du marquage corporel indélébile.
VIDEODROME
PERSONNAGE INVENTE, SCENARIO OU PV? Ceci est une bouillie de cerveau malade. ; PSEUDONYME Sham'Shamois d'Or (sinon Lou Bee) ; DERRIERE L'ECRAN Nah, c'est bon. CODE DU REGLEMENT Alors ça cause de Dracula :choked: ; COMMENT NOUS AVEZ VOUS DECOUVERT? Euh c'est toujours grâce à Grace ; AVIS GENERAL SUR LE FORUM TROLLOLOLOLOLOLOLOLOOOO ; AVATAR UTILISE Bastiaan van Gaalen
Dernière édition par Blaise M. Dvořák le 17/2/2014, 00:27, édité 24 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 00:38
Dans l'encre de l'incertitude, je plonge ma plume pour me raconter. Donner une forme à la matière, modeler les souvenirs pour être capable de les transmettre, donner du sens à ce qui n'en a plus. Puisque tout est perdu. Puisque tout est à construire.
Ci-gît ma vie.
Even Oedipus didn't see his mother coming.
20 novembre 1989
Beatrix Dvořák avait une curieuse façon d'aimer. Elle aima Klauš comme le vice aime la débauche, comme le cancer aime la tumeur. Elle l'aima comme la camisole aime le fou, comme la corde aime le suicidé. Et ce dès l'instant où elle posa les yeux sur le beau quadra. Elle aima immédiatement la rectitude de son nez, l'intransigeance de son menton, l'intelligence de ses mains, la vigilance de ses tempes, et, plus que tout, l'emprise qu'il avait sur elle. Klauš, quant à lui, l'avait convoitée bien avant qu'il ne la rencontre. La légende voulait qu'il tombât amoureux de la nièce de son frère d'arme, en trouvant une photo de l'enfant dans sa veste d'uniforme, tandis que, fais prisonniers par les Yankees, ils en étaient à se présenter leurs familles respectives. Beatrix devait avoir quatre ans, à l'époque. Malsain ? Mais non, vous n'y connaissez rien. Beatrix trouvait cela charmant. Klauš, ça l'amusait beaucoup de narrer sa petite anecdote à qui voulait l'entendre. Ca l'égayait, de voir se peindre le trouble sur les visages bien-pensants. Tout cela, évidemment, Beatrix a du me le conter elle-même. Car le beau bureaucrate, héro de guerre, un beau jour, quitta famille, patrie, emploi. Et ma jeune mère, qu'il abandonna cassée en deux au-dessus de la cuvette des latrines. Elle était enceinte, elle le savait, lui aussi. Neuf mois plus tard, déchirée par la rage, la haine et par mon os occipital, gisant pauvrement dans son sang, ses larmes et sa merde, elle me donna naissance sous les regards placides du clan Dvořák, dont je porterais dorénavant le nom. Pour prénoms, je reçu Blažej Miloš, à l'instar de mes deux oncles. Tout était dit. Un petit bâtard, certes, mais la famille Dvořák n'avait déjà plus beaucoup d'honneur : le mur de Berlin était tombé, Gorbatchev parlait de Perestroïka et la Nomenklatura, dont les Dvořák faisaient partie comme les balles aux barillet, se préparaient à un rude combat de survie. Pénible affrontement qui les laisserait presque pour morts, en l'espace d'une poignée d'années, au cours desquelles ils perdirent leur fortune et leur confort. En revanche, pas leur réputation. Ni leur aura. Ces gens étaient malfaisants, mais ils étaient aussi puissants. Non pas qu'ils aient encore à leur disposition de conséquents moyens de pression, mais leur gloire d'antan suffisait à imposer, sinon le respect, au moins la crainte, dans le cœur des modestes habitants du bourg, près d'Holašovice, sur lequel ils régnaient en maîtres incontestés. En vérité, lorsque je naquis, nous ne possédions plus qu'un patrimoine considérablement entamé par la corruption dont nous ne profitions plus désormais. Il ne restait, d'intact, qu'Ostrov - l'île, en tchèque - une vieille demeure environnée de pâtures dignes de l'Astrée ou d'un tableau de Boucher. Oslov, le havre du misanthrope, tel que mon grand-père l'appelait, devait sa survie à l'application du célèbre adage épicurien : "Dissimule ta vie". Précepte qui, par ailleurs, gravait autant la pierre de l'édifice, en maints endroits, que l'âme de chaque Dvořák. Frappés du sceau du secret, nous vivions terrés à la façon des petits seigneurs médiévaux européens au temps de la féodalité. Seuls mes oncles, Blažej et Miloš, étaient connectés à Prague, et donc d'une certaine manière, au reste du monde, échappant au huit-clos oppressant dont ma mère, mon grand-père, Luboš, et sa sœur, tante Drahuška constituaient tout à la fois les acteurs principaux et les metteurs en scène.
03 septembre 2004
Très tôt, j'ai compris le paradoxe qu'incarnait ma mère. Beatrix était une femme à la beauté particulière et magnétique. Je crois qu'aucun homme sur terre n'aurait été capable de résister au cobalt de ses prunelles autrement qu'en les fuyant. Beatrix était fascinante car elle était à la fois une femme-enfant - elle n'était âgée que de dix-sept ans lorsque je suis né - à la fragilité apparente et une succube qui réveillait chez les mâles des instincts morbides et violents. Par ailleurs, ses aliénations la rendait profondément repoussante. En revanche, la pâleur lunaire de sa peau, l'ébène de son abondante chevelure, l'andrinople de ses baisers la rendaient intensément désirable. Tous ses aspects hideux, répugnants, qu'elle me montrait parfois contre son gré, je les lui pardonnais sans même qu'elle n'ait à se repentir. J'aimais profondément Beatrix, comme une fils aime sa mère, comme un chien aime son maître. Inconditionnellement. Les années passaient, sans que je ne ressente le moindre besoin de changement. Nous passions nos longues journées dans les bras l'un de l'autre, son souffle jamais loin du mien. Je l'adorais, je la sacralisais, et c'était réciproque. Avec le temps, grandissant contre son sein dans une fusion quasi-corporelle, j'étais devenu le seul être vivant en présence duquel elle ne craignait ni le poignard, ni le poison. On ne parle pas, ici, de confiance. C'était bien plus que cela. Elle me possédait, autant que je la possédais. Je haïssais, tout autant qu'elle, l'idée qu'un intrus me vole de son temps, et il m'arrivait de sombrer dans de profondes asthénies lorsque j'apprenais qu'elle devait s'absenter. Parce qu'alors, elle devait m'abandonner, parfois plusieurs jours d'affilé. Je ne dormais plus et refusais toute alimentation jusqu'à ce qu'elle me revienne. Sous les suppliques et les menaces de Luboš, nous avions pourtant essayé de m'envoyer à l'école. Mais tante Drahuška était revenu me chercher avant même la fin de la première heure : ma mère venait d'intenter à ses jours. Si bien que, de peur de perdre sa fille unique adorée, Luboš avait cédé. Les circonstances changèrent, lorsqu'elle entra dans notre vie. Miluška. Mon oncle Miloš revînt un jour s'installer à Oslov avec, dans ses bagages, cette petite créature d'un an ma cadette. Lorsqu'on nous présenta, elle ébranla mes certitudes avec la violence d'un ouragan. Comprenez bien : c'était un enfant ! Un enfant, comme moi ! Dès lors, je n'avais plus qu'une obsession. J'en tombais fou amoureux, sans avoir seulement conscience de ce que cela impliquait. Bien qu'elle eu presque mon âge, j'étais absolument incapable de la considérer comme une jeune fille. C'était une poupée blonde, aux joues pailletées d'éphélides et au regard lagunaire. Nous avions respectivement quinze et quatorze ans. Nos moments d'intimité était d'une simplicité innocente, nous discutions de tout, de rien. Elle me parlait du collège, et je l'écoutais religieusement réciter ses leçons. Mais nous devions nous séparer trop vite, trop tôt... et je découvrais cette faculté spéciale, dont j'usais et abusais, remontant les minutes les unes après les autres pour les revivre, à l'identique, dix, vingt, trente fois d'affilée. Elle, elle était scolarisée. Alors grand-père, cette fois-ci, céda. Beatrix frappa, brisa, cassa, caressa, embrassa, pleura, cria, jura... rien n'y fit. Oh, bien sûr, on du m'y envoyer de force le premier jour. J'étais bien trop faible pour lui résister... mon grand-père et mon oncle, en revanche, en s'alliant parvinrent à défaire la dragonne. Le soir venu, tandis que le jour déclinait, elle vînt me rendre visite. Elle ne prononça nul mot. Son visage défait, baigné de larmes, maculé de rouge et de noir, trahissait les successives crises que mon absence avait provoqué. Tandis qu'elle émergeait de l'obscurité grandissante et venait me rejoindre dans la lumière déclinante éclaboussant ma chambre, je découvrais horrifié ce qu'on lui avait infligée. Sa nuque si fine était violacée, comme si on avait tenté de l'étrangler. Le velours de ses bras avait été griffé, rossé, et d'imposants hématomes violacés commençaient à apparaître à divers endroits. Au fond, je savais. Je savais qu'elle s'était infligée cela elle-même, je savais qu'elle était folle, et qu'elle avait besoin d'aide. Je savais tout cela. Mais lorsqu'elle s'offrit à moi, je feignis l'ignorance. Je ne l'avais jamais trouvé si belle. Chétive, malade, abîmée, elle ne minauda pourtant pas un seul instant. Le pacte était scellé, croyait-elle. Beatrix capitulait, en revanche plus rien ne la retiendrait dorénavant. J'étais sien. Et sa bouche matérialisa mes terreurs et mes faiblesses.
Avons-nous donc commis une action étrange ? Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi : Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! " Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Femmes Damnées II, Baudelaire.
Les Métamorphoses d'Ovide Oedipe
28 décembre 2005 - 13 octobre 2007
Un an, neuf mois et seize jours Comment narrer l'indicible ? Comment conter l'ineffable ? Je ne ferais pas partie de ceux qui, sous prétexte de la crainte de ne pas y parvenir, se taisent à tout jamais. Toutefois, comment s'y prendre ? Un cauchemar me hanta longtemps après ma sortie de l'hospice. Un tourment nocturne, un concentré d'épouvante, mêlant tout à la fois le vécu et le perçu. Un délire qui, retranscrit, pourrait avoir le mérite de donner à voir l'effroi pur en son essence.
Jouons à un jeu. Il suffit pour cela de vous convaincre n'avoir pas le moindre souvenir de ce que vous avez été auparavant, ni de ce que vous avez vécu, aimé ou détesté. Imaginez que vous n'êtes qu'une enveloppe physiquement cohérente, mais vide de sens et de substance.
Vous êtes plongé dans l'obscurité parfaite. Aucun repère ne vous permet de savoir si vous êtes enterré, emmuré, ou pire. Vous ne sauriez pas même deviner depuis combien de temps vous êtes là. L'unique certitude que vous ayez tient en ces quelques mots que vous vous répétez inlassablement depuis Dieu sait quand : je suis vivant, je suis vivant, je suis vivant. Rengaine obsédante, remplaçant les palpitations d'un cœur que vous ne sentez plus battre au fond de votre poitrine. Vivant, vivant, vivant. Pourtant, vous êtes privé de sensations. Vous baignez dans une tiédeur indescriptible, mais douillette. Rien ne vient troubler votre léthargie : ni douleurs, ni délices ; pourtant, quelque chose cloche. Quelque chose manque. Et cette absence provoque, au fin fond de votre crâne, une légère inquiétude. Très légère inquiétude. Comme si, précisément, on essayait de vous avertir... Alors, brusquement, un rayon de lumière envahit votre espace vital. Il n'illumine rien, au contraire, il vous aveugle. Mais plusieurs minutes passent, sans que vous ne réagissiez réellement à cette imprévisible apparition. Indéniablement, pourtant, quelque chose s'éveille en vous. Quelque chose qui n'a pas encore la force d'un espoir, mais qui s'en rapproche. Alors vous tendez vers cette source de lumière que vous vous souvenez avoir désiré plus que tout, il y a très longtemps. Remuant, vous parvenez tant bien que mal à ramper vulgairement vers elle... mais quelque chose vous en empêche. Quelque chose vous retient à votre position initiale, comme les crocs métallique d'un cerbère. Douleur. C'est votre première sensation depuis des temps immémoriaux. Elle vous arrache un hurlement de damné. Mais la sensation est si puissante qu'elle vous envahit, et vous êtes parfaitement incapable d'en déterminer la cause exacte. L'élancement irradie dans chaque nerf, causant des crampes au moindre de vos muscles. Vous n'êtes plus qu'un cri. Mais malgré tout, vous semblez être inaudible, car nul secours ne vous est envoyé. Et puis, déjà, vos yeux commencent à s'habituer à l'ondoyante lumière. Vous comprenez que vous êtes dans une pièce close, et que la clarté est en réalité une ampoule électrique venant d'être allumée dans la pièce attenante à la vôtre. Vous tendez l'oreille. Mais nul son ne vous renseigne. Si ce n'est ce grésillement régulier, faisant vaciller l'éclat auquel vous commencez à vous raccrocher, craignant qu'il disparaisse à nouveau. Quoi qu'il en soit, rien de vivant pour vous porter secours. Alors, vous vous détendez. Aussi déconcertant que cela puisse paraître, votre instinct vous suggère de vous reprendre en main. Vous êtes à même le sol. Le carrelage est glissant, tiède, sous votre paume tremblante. Un instant, vous vous demandez s'il s'agit de votre propre urine, avant de réaliser la chose suivante : vous êtes probablement sous terre. Votre odorat se réveille. Ca sent la terre humide, comme dans une vieille cave. Mais cette odeur là est presqu'entièrement masquée par celle, lourde et angoissante, des médicaments. Vous-mêmes, vous n'osez vous sentir. Les remugles de transpiration qui vous atteignent néanmoins témoignent du peu d'hygiène dont vous avez bénéficiez. Autour de vous, vous devinez deux murs aveugles, un autre percé d'une porte close - sous laquelle vibre l'ampoule fatiguée - et vous sentez, plus que vous ne voyez, celui auquel vous semblez être maintenu. A tâtons, vous tentez de vous y appuyer. Mais c'est trop tôt, votre corps ne répond pas encore fidèlement à vos ordres affolés, si bien que vous retombez mollement sur le carrelage. Et la douleur, à nouveau, vous fait perdre la tête. Pendant plusieurs minutes, un tourment digne des enfers vous arrache des vagissements pitoyables. D'ailleurs, vous avez peine à reconnaître votre propre voix. Mais, au moins cette fois, vous en déterminez la cause. C'est votre cheville. Vous ne la distinguez pas, dans l'obscurité, et du reste vous n'en avez pas besoin. Vos doigts l'effleurent, c'est suffisant. Vous vous apercevez alors de la position bizarre de votre corps. Avachi à même le sol, la jambe vous faisant souffrir raidie à quelques centimètres du sol. Et une sangle, qui la retient par la cheville. A tâtons de nouveau, vous partez à la découverte de cette masse noire à laquelle vous êtes rattaché. Au fond, vous savez déjà ce que c'est. Un lit au barreaux métalliques, recouvert d'un matelas sans draps puant le macchabé. Mais alors, un terrifiant fracas s'abat quelque part à l'extérieur. Comme un choc, contre la porte de votre prison. Vous vous mettez à trembler, inconscient pourtant de ce qui a bien pu le provoquer. En animal terrifié, vous tentez de ramper sous le lit vous cacher, mais la position inconfortable dans laquelle vous êtes maintenu vous en empêche. Alors, brusquement, vous avez froid. Vos convulsions ne sont qu'à demi le fait de votre effroi. Vous vous débattez pour vous libérer, sachant pertinemment que vous ne réussirez qu'à vous faire plus de mal encore, mais c'est contraire à votre nature de vous laisser mourir. L'instinct pur prend le contrôle de votre corps, mais plus vous vous démenez, plus vous tirez, plus vous vous fatiguez. Vos lamentations n'ont aucun échos. Vous êtes seul au fond de votre tête, et vos hurlements intérieurs ne parviennent pas à vous ramener à la surface. Au contraire, ils vous assourdissent, et vous empêchent de penser. Au fond, c'est votre conscience qui s'éveille. A nouveau, vous vous contraignez à redevenir maître, si ce n'est de la situation, au moins de votre dépouille ressuscitée. Votre respiration se calme. Vous fermez les yeux. Vous vous concentrez sur l'éveil de cette voix, votre voix, qui tente de vous ramener à la tranquillité. Vous tentez de vous libérer mentalement de l'emprise de la peur. Et vous y parvenez. Vous y parvenez même si bien que vous ne réagissez pas lorsque la porte, lentement, s'entre-ouvre. Vous ne répondez pas non plus à l'autre voix. Celle qui vous interpelle. Celle qui ne vous appartient pas, et qui vous demande si vous l'entendez. Muré dans le calme relatif de votre esprit, vous ne vous rebiffez pas non plus lorsque de puissants bras vous soulèvent. Vous ne vous défendez pas, lorsque l'épine perce votre peau. Vous ne vous défendez pas, lorsque la tiédeur vous absorbe à nouveau. Au contraire, vous l'acceptez. Comme vous accueillez l'obscurité dans laquelle on vous plonge à nouveau. Vous sentez vaguement le matelas se déformez sous votre poids, et les sangles desquelles, probablement, vous vous étiez libéré sans en avoir conscience, qui se resserrent à vos poignets. Piégé, vous l'êtes, mais c'est à ce prix que vous retrouverez la quiétude que vous regrettiez déjà d'avoir quitté.
C'est terminé. Voilà, tel que je conçois l'effroi. Voilà ce qui me hanta. Ce sont ces réveils, périodiques, dont je n'avais plus aucun souvenir sitôt replongé dans la parfaite inconscience sédative. On me retrouvait régulièrement au bas de mon lit, pataugeant dans mon urine et dans ma merde, gémissant comme un chiot qui cherche sa mère. Jusqu'à ce qu'on me libère une première fois, au bout de six mois d'isolement. Jusqu'à ce que je me jure qu'on ne m'y reprendrait pas vivant, avec l'aide active de mes frères de misère qui m'enseignèrent les règles élémentaires de survie en enfer. Jusqu'à ce qu'on me libère une seconde et dernière fois, au bout d'un an, trois mois et seize jours. Plus fort que jamais, nourri comme au biberon par la haine et le désespoir, la soif de Vengeance au corps.
Sympathy for Mr. Vengeance
2 décembre 2009
J'étais prêt. Plus que jamais. Autant qu'on puisse l'être, du moins. Dans ces cas-là, il faut s'en tenir à l'avis de plus expérimenté que soi. Mon oncle Miloš, en l'occurrence, était convaincu qu'il n'avait plus rien à m'apprendre. Seul la pratique, l'exercice, l'expérience, pouvaient désormais changer la donne. Et, de fait, j'en manquais cruellement. L'ennui, c'est qu'on a qu'un père. S'entraîner à le tuer, c'est donc par définition impossible. Tel était pourtant mon projet. L'idée de me venger naquit à l'asile, lorsque le désespoir me poussa à désigner un responsable. Punir celui qui m'avait laissé pourrir ici, c'était devenu une obsession, un garde-fou. Vivre, survivre, pour voir l'artisan de mes souffrances payer. Et, si possible, le crever moi-même. Bien entendu, j'étais dans l'impossibilité totale de savoir vers qui orienter cette haine naissante. Tout cela, je l'ai appris de la bouche même d'un imprévisible Sphinx. Madame ma tante Drahuška, mère donc de mes deux oncles, ne s'était pas faite prier pour lâcher le morceau. Ses motivations restèrent toutefois très troubles. Un jour, elle me confia qu'elle avait toujours été persuadée que les Dvořák seraient punis, elle s'était attendue à devoir défendre son clan bec et ongles... à moins que le châtiment ne vienne de l'intérieur. Auquel cas, les circonstances changeaient. Bien sûr, elle refusait qu'on la tienne responsable de ce que je pourrais bien faire du récit qu'elle me fit. En revanche, elle ne blâmerait pas celui qui, en connaissance de cause et pour de bonnes raisons, irait jusqu'au plus décisif des dénouements. Miloš s'était tenu derrière sa mère toute la nuit, tandis que celle-ci se purgeait d'un mal qu'elle ne pouvait décemment plus supporter seule. Il était bien entendu dans le secret, et pour cause. Il avait aidé activement les protagonistes à réaliser leurs viles ambitions et avait goûté aux fruits de leurs victoires. Au nom de la solidarité familiale, disait-il. Alors, au nom de cette même solidarité, je l'obligeais à m'aider en retour à leur faire présent à tous de fruits bien différents. Les fruits de ma vengeance. Mais ma vengeance, personnelle à l'origine, se métamorphosa très vite en vindicte salutaire engagée dans une cause qui me dépassait de très loin. Je n'étais pas la seule victime d'un sordide secret de famille tel qu'on le conçoit communément. Je n'étais qu'une victime parmi des centaines d'autres. Et, comme eux, je n'aurais jamais du m'en sortir. Comme eux, j'étais promis à croupir dans les geôles de l'oubli. Je ne devais ma survie et mes successives libérations qu'à une seule et même personne. Beatrix. Ma mère, mon amour. Pourtant, nous ne nous étions pas revu après ma libération. Lorsque la grille s'était ouverte, l'implacable réalité de ce à quoi j'avais survécu m'avait heurté, bouleversé, blessé. Beatrix m'avait accueilli à la sortie, tourmentée, rongée... elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. L'apercevoir là, sur le trottoir d'en face, à peine cent mètres de là où je venais de découvrir ce que le terme de sévices signifiait réellement au prix de ma santé mentale, m'avait fait l'effet d'une bombe. Je l'avais docilement suivie, muettement, accaparé par un flot monstrueux de questions que mon propre esprit n'avait pas la force d'achever de formuler. Jusqu'à ce que nous nous retrouvions dans un parking désert. Elle planta, tremblante, une cigarette américaine dans l'embouchure de son porte-cigarette, et s'acharna plusieurs minutes à faire fonctionner son briquet têtu. Je me souviens lui avoir tout arraché des mains, en grognant quelque chose d'indistinct. Et je l'avais prise là, contre sa Škoda 105. Je revois son beau visage surpris s'écraser contre la vitre, et ses mains crispées agrippées au toit. Je la fis hurler. De plaisir ou de douleur, je n'en avais rien à foutre. Et puis je l'avais laissée là, s'écraser mollement sur le bitume. J'étais parti. Miloš me retrouva, une aiguille plantée dans la fémorale, presqu'un mois après ma sortie. J'avais trouvé refuge parmi les gamins miséreux de Prague. Sitôt qu'il évoqua le bien-fondé d'une visite à l'hôpital, je m'étais échappé. Il su, dorénavant que la Révélation avait eu lieu, que je n'avais absolument aucune raison valable de supporter ce que j'avais jusque là subi. On ne me retiendrait plus contre mon gré. Jamais. Néanmoins, crevant de faim et de solitude, j'avais fini par le chercher à mon tour. Au bout d'une semaine, je me présentais à lui de nouveau, cette fois en lui faisant comprendre clairement quelles étaient mes conditions. Je lui présentais mon projet : me venger des responsables. Avec ou sans son aide. Dans l'éventualité où il lui prenait la fantaisie d'ébruiter cela, je l'avertissais des dangers auxquels il s'exposait. Il me rit au nez, se tenant les côtes, pleurant de rire à mes dépends... mais il m'assura que mon secret serait bien gardé. Nous ne quittâmes pas Prague, à ma grande surprise. Il m'installa dans l'un de ses appartements en location avec la ferme consigne d'y demeurer de jour. Quant aux nuits, elles m'appartenaient. C'est à la faveur d'une d'elle qu'il revînt, peu de temps après, accompagnant sa vieille mère presqu'aveugle. Drahuška prétendit s'être douté de quelque chose, mais je ne la crut pas. Toutefois, ses intentions paraissaient sincères, et je n'avais rien à reprocher à cette vieille excentrique. Bien au contraire. Sphinx gardien discret, elle avait veillé sur moi comme elle avait veillé sur ses fils. La raison ? Elle me la donna en disparaissant sous mes yeux en claquant des doigts. Toutefois, elle n'avait pas bougé. Elle était juste parfaitement invisible. Miloš n'avait pas bronché, mais moi j'étais atterré. Je compris ce que le reste du monde devait ressentir en me voyant disparaitre comme elle venait de le faire. Je me souviens avoir pleuré à chaudes larmes en comprenant. J'avais toujours pensé être seul. Ce à quoi elle avait répondu : "Tu ne l'es plus. Un médium, voilà ce que tu es. Ton nom est légion, car nous sommes nombreux". Ces mots marquèrent au fer rouge mon âme au plus profond. Et puis, tout s'enchaîna. Révélations après révélations. On me légua l'impensable Secret. On me désigna les responsables tant recherché. Luboš, Klauš, Blažej, Miloš. Une affaire d'hommes, le trafic de médiums. Car tel était le cas. Mon grand-père, tendre vieillard aux regard bleu roi dont il avait hérité de sa mère, avait hérité de son père d'une affaire fleurissante. C'était à l'époque des premières recherches en paranormal. Le père de Luboš, qui s'était fait un nom en trafiquant tout ce que la haute société pouvait bien désirer, avait été alors l'intermédiaire rêvé pour participer contre coquette rémunération. Luboš avait poursuivi dans l'entreprise de son père, puis avait formé ses neveux. Et, plus tard, son beau-fils. Mon père. Celui-ci, sentant le vent tourner, s'était enfuit aux Etats-Unis sept mois précisément avant ma naissance. Il avait obtenu une nouvelle identité, une nouvelle vie... tout cela en échange d'informations qui ne devaient pas manquer de piquant. Là-dessus, le clan Dvořák s'effrondra, disgrâcié. Une affaire d'hommes... Le comble, c'est que Luboš lui-même, comme sa sœur Drahuška, était médium. C'était d'ailleurs cette faculté à traverser les murs, même les plus épais, qui l'avait propulsé au sommet. Ca, et un entraînement militaire stricte qu'il transmit à ses neveux. Blažej et Miloš n'étaient pas comme lui, et cette absence de don chez eux avait toujours été un problème, si bien qu'il s'était montré excessivement intransigeant à leur endroit. Quelle ne fut donc pas sa surprise, lorsque Miloš lui présenta Klauš. Mon père, mon propre père, lui aussi était médium. Mon oncle et lui s'étaient enfuit d'un camp de prisonniers au Vietnam ensemble, grâce son don d'audition décuplée. Très vite, avant même qu'il ne rencontre officiellement ma mère, il était devenu, en quelque sorte, le fils que Luboš n'avait jamais eu. Et, comme Brutus trahit César, Klauš trahit mon grand-père et tout ce que celui-ci représenta jamais.
La liste était complète. Une affaire d'hommes... une affaire de sang. Miloš m'enseigna à me battre, à survivre, à supporter, à endurer. Il m'enseigna le maniement des armes, et m'offrit ma première miséricorde, une dague tranchante que l'on utilisait aux XIIIe siècle pour achever les condamnés sur un champ de bataille - d'où son nom. Ce furent trois années intenses, trois années à la noirceur terrible, dont ma rage folle se nourrissait avidement. Trois années qui me préparèrent au pire... pendant lesquelles il aurait du se préparer aussi. Lorsque sa carotide céda sous le froid de la lame, lorsque ses yeux ébahis trahirent la surprise et la douleur tout à la fois, lorsqu'enfin il me supplia, dans un bouillonnement d'hémoglobine noire, de lui offrir Miséricorde... j'exultais.
J'étais prêt.
Happy Endings are for Pussies
En matière de vengeance, le choix est large. Il y a la stratégie du Poulpe. Envahir la vie de la cible, l'emprisonner entre ses tentacules, aller jusqu'à la rencontrer si celle-ci est incapable de vous remettre et finalement serrer jusqu'à trépas. Ou bien encore la stratégie de la Main Invisible. C'est choisir de demeurer une ombre parmi les ombres, frapper chirurgicalement sans laisser de trace, si ce n'est une éventuelle très subtile signature afin que seule la cible, avant de mourir s'il est question d'aller au bout, sache à qui elle doit cette fin tragique, sans pour autant que cela constitue une preuve recevable par un jury, au cas où. Il est aussi possible d'opter pour la vengeance Baudelairienne. Non dénuée d'un certain romantisme, cette stratégie consiste à établir une réelle mise en scène très symbolique autour de l'acte vengeur. Une épouse trahie qui séquestrerait son infidèle de bonhomme dans sa cuisine, le forçant à regarder leur film de mariage, tout en brandissant un couteau de cuisine qu'elle finirait par lui planter en plein cœur, là où elle même a tant mal ; exemple typique de vengeance Baudelairienne. Pour finir, il y a la stratégie du Talion. Faire payer la cible indirectement, en lui accordant le rôle de spectateur impuissant de sa rage en marche. Ainsi, un orphelin tuera les parents de son ennemi, ou bien son fils. Le principe souverain allant de paire avec cette expression galvaudée mais pourtant intéressante : "la mort est trop douce pour tel fils de pute". Autant dire que c'est avec soin que j'ai étudié chaque proposition, pesant le pour et le contre de chacune, remuant le tout dans tous les sens. Car non, ce n'était pas évident. Disons que l'idée de départ est la même. Il s'agit d'un désir profond de justice doublée d'une frustration aggravée par l'impuissance. Mais c'est à son propre esthétisme, ensuite, qu'il faut faire confiance. Moi, mon style, c'est le sang, les boyaux et les cris. J'aime quand ça hurle, quand ça chiale. Comme le sexe, ma vengeance devait être physique, bestiale et sauvage. La fleur au fusil, j'avais déjà eu raison de l'un de mes oncles. Je confesse avoir insolemment profité de sa confiance à mon égard. Miloš n'avait été que l'achèvement d'un entraînement, et il n'avait pas eu l'occasion de voir le coup venir. Cette expérience m'avait laissé un goût d'inachevé sur la langue. Du sang, il y en eu assez pour repeindre l'habitacle de son Audi. Mais quelque chose manqua indéniablement : je n'avais pas pris assez mon temps, je n'avais pas géré ma colère. Blažej, quant à lui, vit la mort fondre sur lui d'assez loin pour en mouiller ses chausses. Toutefois je n'étais toujours pas satisfait. C'est lorsque mon grand-père expira qu'enfin, enfin !, je compris. Si mes oncles avaient été aisément dupé, Luboš quant à lui s'était préparé à ma venue. Ma tactique était finement élaborée, pourtant il la déjoua presqu'aussitôt la machine mise en branle. J'avais du improviser. C'est au terme d'une lutte féroce qu'à la façon d'une bête que je l'avais patiemment vidé de ses tripes, défouraillant ses entrailles avec vigueur mais méthode. Transporté dans les confins d'un univers qui m'était étranger, et qui pourtant m'habitait, j'avais découvert la Beauté essentielle, dépouillée de toute attitude, de toute grâce, nue et mystifiée. Son éclatante pureté m'avait un instant possédé, et je ne m'étais jamais senti plus innocent qu'en ce moment de majesté, pataugeant dans les hideuses viscères de mon ancêtre, buvant à même la source ce sang qui était mien et qu'il m'avait légué. J'ai peine à imaginer le tableau monstrueux dont j'étais tout à la fois le peintre et le sujet, mais mes sens, eux, se souviennent. Celui qui ne vit réellement rien venir, en fait, c'est lui. Klauš émerge progressivement de la sédation que je lui ai administrée deux heures auparavant. Il dodeline, ronfle, replonge et ainsi de suite. J'y suis peut-être allé un peu fort. Tant pis, j'ai tout mon temps, et le sien déjà ne compte plus. La dragonne rôde, la dragonne flâne. Effroyable reine assistant tout à la foi au couronnement de son roi, mais aussi à l'imminent trépas du précédent. Cette vengeance est sienne. Je veux la lui offrir, sacrifier sur son autel et en son nom tous ces pathétiques mâles indignes, je veux être son champion et recevoir au creux de ses jupons la divine et désirée consécration. La dragonne approche, féroce, se repaissant du moindre signe de faiblesse de Klauš. Je sens la tension palpable qui la meut, je vois rouler sous ses paupières closes la rage furieuse et folle, prête à bondir hors de leur sombre geôle à la rencontre de la gorge grasse du Père. Alors, soudain, celui-ci daigne revenir à lui. La pupille troublée, il s'agite, se tourmente, prisonnier des liens qui le retiennent. « Qui est là ?!, hurle-t-il, ivre de colère. Je vous vois ! » Mais il ment, le projecteur l'aveugle. Un sourire joue sur mes traits, tandis que je me décide à rompre mon mutisme. « Klauš. » Un mot, un nom, que j'avais autrefois appris à haïr et à fantasmer tout à la fois. Il se raidit, et le sang qui violaçait son immonde lippe s'évapore. Il est blême. « Où sont ma femme et ma fille ? Qu'est-ce que tu leur as fait, enfoiré ! » Il s'entête à parler anglais, pourtant personne, dans ce pays de fou, ne connait son nom. Une ampoule grésille, au-dessus de mon crâne, et ce son familier m'arrache une discrète grimace. « Bonjour, chéri. Tu n'as pas de fille, mais un fils. Je te présente Blažej » La dragonne n'a pas résisté à la tentation. Déjà, je sens sa queue fouetter l'air. Je n'aime pas cela. Ses longs bras opalescents s'enroulent autour de mon torse, tandis que ses lèvres peintes s'étirent en un sourire purement diabolique à l'adresse de Klauš. Le regard dément de ce dernier passe de l'un à l'autre, hagard. « Bla... Bla..., bafouille-t-il. - Blažej, bonjour, papa. Nous sommes venus te chercher. » Soudain, sous nos yeux ébahis, il reprend le contrôle. Soudain, son visage se ferme et se durcit. « Qu'avez-vous fait d'eux ? », parvient-il à articuler, en tchèque cette fois. La fragilité de son assurance émouvante est trahie lorsque je m'approche, me libérant des griffes maternelles. M'approchant à quelques centimètres de son visage, je plonge mon regard dans le sien et, à nouveau, esquisse un sourire. D'un geste sec, je lui fais faire volte-face sur son siège à roulettes. « Tu parles d'elle ? Il manque de crier, mais sa voix s'étrangle. Qui sont ces gens, pour toi ? » feins-je d'ignorer. Je veux l'entendre répéter. Mais il en est incapable, à la place il suffoque, comme si je l'avais frappé en plein ventre. Je n'en demandais pas tant. Il est vrai que je m'étais surpassé pour l'occasion. Le visage impeccable de Gladisse Jones nous toise du haut de sa potence, bien qu'un voile apparaisse déjà sur ses rétines impassibles. « Qu'a... Qu'avez-vous fait..., il détourne les yeux. Lâche qu'il est. Il me dégoûte. - Ce que tu n'aurais pas eu le courage de faire. - QUE VOULEZ-VOUS ?, crache-t-il. - Nous sommes venus te chercher. - Qu'avez-vous fait... de ma fille ! Qu'est-ce que tu lui as fait fils de pute ! » Soufflet. Il l'a bien cherché. Est-ce une façon de parler de ma mère, en sa présence qui plus est ? Il n'a jamais appris le respect, mais je serais ravi de lui en enseigner quelques bribes avant qu'il ne soit trop tard. Mais la dragonne arrête mon geste en s'interposant. Se faisant chatte, elle s'assied sur ses genoux, entourant des bras le goitre de son époux. Etreinte à laquelle il ne peut plus se soustraire désormais. « Klauš. Nous sommes ta famille. Tu n'as pas eu le choix, je comprends. Mais nous sommes là, maintenant. - TU ES FOLLE ! OU EST... Où est ma... Où est Lauren, je veux la voir, pitié, je ferai tout ce que vous voulez, je veux la voir. » La dragonne fait mine d'hésiter, caressant le souvenir d'une mâchoire qu'elle avait jadis vénérée, désormais recouverte d'un épais manteau de graisse. « Tu dois promettre que tu nous suivras, si on te l'amène ? » Frénétiquement, il acquiesça. Il aurait acquiescé à n'importe quoi. Il n'avait aucunement l'intention de nous suivre, et nous n'avions d'ailleurs pas la moindre intention de l'emmener où que ce soit. C'était un jeu, un simple jeu. Laissant Beatrix à son reproducteur, je me dirigeais vers le fond de la pièce et ouvrit grand la porte. Émergea la forme brisée d'une jeune fille, d'à peine seize ans, dont le visage disparaissait sous l'impressionnante chevelure blonde désordonnée. Ma demi-sœur. Non sans brutalité, je la poussais en avant. La pauvre enfant trébucha aux pieds de son père sans émettre le moindre son. Lui était dans tous ses états. « Lauren, mon trésor, mon bébé... Lauren, qu'ont-ils fait ? Que lui avez-vous fait, monstres ! REPONDEZ ! » La dragonne se releva, et contourna la pauvre créature qui ne trouvait plus ni la force ni le courage de se relever. Lauren avait été bien plus forte que nous ne le pensions, si bien que nous avions quelque peu modifié notre idée première. Salement brisée, nous l'avions toutefois épargnée. Beatrix sorti de mon angle de vision, et j'en profitais pour retourner auprès du père que je venais de retrouver. Relevant ma sœur par la tignasse emmêlée, provocant par là même les invectives paternelles, j'écrasais finalement un baiser dépravé sur la tendre frimousse tuméfiée. « Tu veux vraiment savoir ? » Il ne répondit pas, sûrement partagé entre la peur de le découvrir et l'extrême terreur de voir son enfant souffrir sans en savoir seulement la cause. Après tout, je n'avais pas fait tout cela pour rien, aussi relevais-je la chemise de nuit de la gamine, révélant ses cuisses en sang. La fragile petite chose n'avait pas l'endurance de la dragonne, mon inexpérience est à blâmer sur ce coup-là. « Ta propre sœur... Non, non ! Ce n'est pas ta sœur ! Monstre ! MALADE ! VOUS ETES DES MALADES ! » Envoyant valser le corps las de Lauren vers celui, pendu, de sa mère, je cru bon de commencer pour de bon les hostilités. Disparaissant sous les yeux béants proches de la désorbitation de Klauš., je réapparu la seconde suivante au-dessus de l'amas de chiffon que la presque-dépouille de sa fille constituait. De sous ma manche émergea, froide et éclatante, la Miséricorde. Je la plongeais d'un trait vif dans l'abdomen offert à plusieurs reprises. Tchlak, tchlak, tchlak. L'épais liquide noir m'éclabousse. L'enfant gémit, le père cri. Leurs pleurs m'affolent, leur terreur m'abreuve. Je perce, je fends, je trou. Mais je reste concentré sur la face déconstruite de Klauš. La dragonne, en arrière-plan, me dévore du regard et je vois, à la faveur d'un battement de cil, la terreur qui l'habite. Alors soudain, je laisse retomber le corps inerte et mort de ma sœur. A nouveau, je disparais et réapparais devant elle, couvert de sang et de gloire. « A toi. » Je lui confie l'arme, mais son poing tremble, sa lèvre vibre. Non. Mère. Non. A son tour. C'est son tour. J'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai tué le fruit. Elle doit abattre l'arbre à présent. C'est prévu. Après en avoir terminé avec mon grand-père, elle m'avait demandé de l'attendre pour Klauš. C'est elle, qui me l'avait demandé. Elle avait insisté, et j'avais cédé. Par amour. Parce qu'elle semblait en avoir besoin, elle aussi. Et c'est elle qui, encore, avait imaginé notre tactique pour y parvenir, jusqu'à planifier la mort de Gladisse et de sa fille, innocentes victimes qui ignoraient tout de l'ancienne identité de leur époux et père. « Mère. » Son regard troublé de larmes se lève à la rencontre du mien. Elle ne peut pas. Elle n'ose pas me le dire, mais elle ne peut pas. Et Klauš, que j'avais oublié l'espace d'un instant, se rappelle à mon bon souvenir, secoué d'impressionnantes convulsions. L'enfoiré rit. Et Beatrix s'écroule à genoux, lâchant le poignard tâché de sang, implorant muettement mon pardon. La fureur s'empare de moi comme je m'étais emparé plus tôt de ma sœur. Possédé, je me noie dans des courants contre lesquels je ne peux pas lutter. Incapable de bouger, je la regarde ramper vers mon père. Je lui fais peur. Je n'ai jamais voulu ça. « Maman... » Je la rattrape, tente de la relever, de l'aider. Mais elle rue, se débat, me repousse. « Mon amour... » Le rire dément de Klauš s'intensifie. « HAHAHA ! T'AS BAISE TON PROPRE FILS, BEA' ? HAHAHA ! T'as toujours été une sacrée salope, mais dis-moi, j'te connaissais dépravée mais pas à ce point là ! HAHAHAHA ! » Ne pas l'écouter. Ne pas réagir. Ne pas lui faire ce putain de plaisir. « Maman, je t'en prie... - Pars ! Blažej ! PARS ! », m'hurle-t-elle à la face finalement. Pris au dépourvu je la lâche. Perturbé par ce retournement de situation imprévisible, je m'écarte. La folie ne doit pas me submerger. Je dois... la scène m'obsède. Ils m'empêche de penser. « TAISEZ-VOUS ! TOUS LES DEUX, TAISEZ-VOUS ! » Mon corps ne m'appartient plus et flanche, je tombe à genoux la tête entre les mains. Un peu de calme ! Je veux juste... penser ! Laissez-moi penser ! Le monde vacille sous mes genoux, je perds littéralement le contrôle. Autour de moi, les murs tanguent, convergent les uns vers les autres, tournent en tout sens. Non. Ce n'est pas le monde qui bouge, c'est moi. Je disparais, apparais, disparais, apparais, à chacun de mes battements de cœur. Comment se fait-il qu'il batte encore, celui-ci ?
Le sang jailli en arabesques autour de mon agile poignet, m'éclaboussant de nouveau le visage, me recouvrant. Beatrix s'interpose, le coup est lui est fatal. Elle tombe à la renverse sur le l'amas de chaire sanguinolente de mon père, comme pour le protéger même dans la mort. D'un geste brusque, je l'en débarrasse. J'ignore s'il me voie, s'il me parle. J'ignore s'il est seulement conscient. La machine est enrayée. Je pète les plombs.
Dernière édition par Blaise M. Dvořák le 16/2/2014, 06:53, édité 21 fois
KILLING LEEN
SIGNALEMENT : Chef de la Bris HABILITIES : Elle sait se battre, manie très bien les armes à feu, et met de la verveine dans son café. OFFICE : Chef de la BRIS depuis 5ans. SERENADE : The world is not enough - Garbage
INFORMATIONS CONFIDENTIELLES
SOBRIQUET : Eden Memories MISSIVES : 1495 ACTE DE PROPRIETE : Eden Memories; tumblr
« On n’est pas forcément content d'être reconnu par des gens qu’on n’estime pas. »
Kathleen L. Murphy
AIDE ADMIN Ϟ Fais gaffe à ton cul, elle a un gros calibre.
Black Moon JE SUIS: CAPACITES: MEDISANCES:
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 00:40
Reuh Hâte de lire. :21:
★ OFFICIER DIEGO ★
SIGNALEMENT : Prince du Chaos ; Fils du Feu ; Lui-qui-attire-les-goules-dans-les-multis ; HABILITIES : Pouvoir de l'attardus debilitus ; OFFICE : Briseur de la vitrine d'Eoghan ; Cow-Boy qui fait du rodéo sur Poney-Sanford ; Némésis de MishMish ; Associé de l'Agent Oups, le chatccident ; SERENADE : /watch?v=D365SZuES18 /watch?v=PDsqAz4Io4o /watch?v=IBDJQF3EXpU
SOBRIQUET : Marmotte MISSIVES : 1103 ACTE DE PROPRIETE : avatar par Shadows
< I think that we need mythology. We need a bedrock of story and legend in order to live our lives coherently. > Alan Moore
Benjamin Rahkamo
ADMIN; TROLL Barbie PRINCESSE cheveux magiques !
Black Moon JE SUIS: CAPACITES: MEDISANCES:
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 09:24
Et re! Je valide le choix de groupe.
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 18:27
Rebienvenue parmi nous Bon courage pour cette nouvelle fiche ! ^^
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 3/2/2014, 19:30
Welcome et bon courage pour ta fiche !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 4/2/2014, 03:31
Merci tout l'monde, vous êtes choux
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 5/2/2014, 00:56
Zezette le bonobo-garou, tu l'as vraiment mis xD
Blaise à l'air vraiment intéressant, je suis impatiente de lire son histoire !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 5/2/2014, 01:17
Citation :
C'est un zombie. Un corps penché, tordu, douloureux, possédé par une âme apathique,
Re-bienvenue monsieur le zombie
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 5/2/2014, 15:16
Merci m'dame !
SECRET DE CONFESSION
SIGNALEMENT : le démon qui gouverne les ombres de cette ville. HABILITIES : Thaumaturgie - La main de destruction ; capacité à voir le monde des esprits, sentir la mort. OFFICE : Chef de la mafia Italienne avec sa soeur jumelle. SERENADE : I'm Shipping Up To Boston - Dropkick Murphys
INFORMATIONS CONFIDENTIELLES
SOBRIQUET : Eden Memories ; Flan coco ; Pâte à choux ; La drag-queen MISSIVES : 8449 ACTE DE PROPRIETE : Eden Memoires; tumblr
I’m gonna make him an offer he can’t refuse. LE PARRAIN
Lucian A. Corleone
BIG BAD BOSS Ϟ Je suis... La Drag-Queen.
Black Moon JE SUIS: CAPACITES: MEDISANCES:
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 5/2/2014, 18:03
Ce que j'ai lu promet...
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 5/2/2014, 21:30
:13: C'est gentil ça ! Merci !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 6/2/2014, 22:00
J'aime beaucoup la capacité du p'tit loup ! Re, et bon courage pour la partie histoire.
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 9/2/2014, 21:52
Tu m'as retourné le cerveau et maintenant j'ai envie d'en savoir beaucoup plus sur ton personnage. Alors finis vite ta fiche ! Et que ça saute !
ah et rebienvenue !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 10/2/2014, 00:27
C'est gentil, merci Jules :05:
TAAAAM' :35: J'fais c'que j'peux ! Et puis, mine de rien, ça prend forme - oupa. :63:
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 12/2/2014, 17:05
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 13/2/2014, 11:31
En voilà une belle fiche. Re bienvenue !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 14/2/2014, 16:47
Merci Miss Maycroft !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 16/2/2014, 06:56
Terminé !
Soigne. Vole. Aime.
— It`s nice to be important... but it`s more important to be nice! —
« J'ai appris que l'on pouvait presque toujours voir le bon côté des choses, pourvu que l'on prenne la décision de le faire. Bien sûr, il faut que ce soit une décision très ferme. » LMM
Izabelle Kennedy
ADMIN — Piou-Piou, le super oreiller en plumes de poulet blanc.
Black Moon JE SUIS: CAPACITES: MEDISANCES:
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 16/2/2014, 22:12
Je m'occupe de te lire !
Invité
Invité
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 16/2/2014, 22:39
Merci jambonnette :46:
Soigne. Vole. Aime.
— It`s nice to be important... but it`s more important to be nice! —
« J'ai appris que l'on pouvait presque toujours voir le bon côté des choses, pourvu que l'on prenne la décision de le faire. Bien sûr, il faut que ce soit une décision très ferme. » LMM
Izabelle Kennedy
ADMIN — Piou-Piou, le super oreiller en plumes de poulet blanc.
Black Moon JE SUIS: CAPACITES: MEDISANCES:
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process. 16/2/2014, 23:01
Welcome
Je suis là pour te guider
Tout d'abord, je te souhaites la bienvenue sur Drag me to Hell de la part de toute l'équipe administrative. Ensuite, maintenant que ta fiche est achevée, je viens la modérer pour la validation.
Quelques petits points avant de pouvoir ta valider, rien de très gros (je pense)
Tu ne parles pas des effets secondaires de son pouvoir lorsqu'il fait des sauts dans le temps. Puisqu'il est capable d'aller dans le passé, est-ce qu'il est capable de le modifier ? Il voit les morts, mais il ne voit pas les auras ? De ce que j'ai compris c'est le cas, mais c'est pour être sure. Il me semble que c'est un pouvoir qui vient automatiquement quand quelqu'un est médium et qu'il ne peut pas l'ignorer. Je vais demander pour être sûre.
Pourquoi a-t-il choisi Shreveport comme ville pour fuir et depuis combien de temps il y est ?
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: [Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process.
[Terminé]The point of revenge is not in the completion but in the process.