✤ Traits de caractères Intelligente ✤ Femme du monde au devenir incertain, Evangeline a fait taire sa peur et sa haine, ses tristesses morbides de la mort en se perdant dans des romans, en vivant à travers les autres. Puis les histoires sont devenues les récits de philosophes et de fil en aiguilles, elle a créé bien des choses. Jean François fut l'investigateur de cette intelligente et de cette verve qui autrefois l'avait séduit. Elle est restée comme avant, avec cette soif d'apprendre qui ne la quittera jamais.
Capricieuse ✤ Elle l'a toujours été. Enfant gâtée, elle est restée immature dans son corps et son âme. Quand elle veut quelque chose, elle doit l'obtenir. A l'instant même où elle le demande. Elle refuse l'échec, refuse qu'on lui résiste. Les Hommes sont des objets qui lui doivent de s'incliner. Après tout, n'est-elle pas bien supérieure à tous ses êtres ? S'il la vexe, ils en payent le prix. Comme une enfant boudeuse qui tue par caprice.
Arrogante & orgueilleuse ✤ Evangeline se sait plus belle et plus forte que bien des vulgaires mortels et elle agit en conséquence. Bien sûr, tout est relatif quant à la beauté d'un être mais pour elle, cette relativité n'existe pas. Tous doivent la porter sur un piédestal et elle peut passer des heures à regarder ce reflet qu'elle adule tant.
Fourbe & menteuse ✤ Elle fait toujours croire à une enfant innocente, une jeune femme qui refusait sa condition de vampire. Enjolivant la vérité par de beau mensonge, elle cherche la pitié. Elle pleure devant des massacres, va à l’Église pour confesser ses pêchers. Et dans l'ombre qui grandit dans son cœur elle rit de les voir la croire. Car tout n'est qu'un jeu. Et c'est avec délice qu'elle se prête à cette mascarade.
Attentionnée ✤ Avec ses proches. Pour peu qu'elle en possède, ce qui est très rare. Evangeline refuse de s'attacher. La mort de Simon est bien trop ancrée dans son esprit pour qu'elle ne tente de s'attacher. Bien qu'on ne peut contrôler son cœur. Alors ses proches verront l'autre visage de cette vampire. Ils verront que ce qu'elle fait croire n'est pas qu'un mensonge. Du moins pas dans son intégralité. La brune vogue en permanence sur une ligne étrange entre les mensonges et la réalité. Sans pour autant parvenir à savoir de quel côté elle va tomber.
Lâche ✤ Evangeline a beau faire partie de la lignée de Mary Ann, elle fait preuve d'un caractère bien trop ombrageux. Et elle préféra détruire à distance que se lancer dans un duel qu'elle perdra surement. Elle n'a aucune confiance en son don sombre. Alors elle tue par ses mots, elle détruire par ses phrases à la verve de poison. Sans que personne ne risque de l'attaquer.
Susceptible ✤ Si elle ne se gêne jamais pour faire perdre la tête de sa langue emplie d'humour piquant, elle refuse qu'on lui rendre la pareille et ne supporte pas de se trouver dans une situation qui la mettrait dans l'embarra. Elle surveille son image avec une obsession presque maladive.
✤ Occupation nocturne Le jour, elle dort, enveloppée dans des songes qu'elle préférait ne jamais rencontrer. Comme tous les vampires digne de ce nom, elle se perds dans la torpeur la plus totale.

Mais quand la nuit eveille la créature, elle retourne à cette vie oisive à laquelle on l'a habitué. Elle défile, prend des photos, charme dans des galas où se croisent les nouveaux noms de la mode. Elle discute, parle d'un passé oublié, de modes perdues qui reviennent. Charmant de sa nature, papillonnant des cils. Elle se fait choyer comme la petite princesse qu'elle n'est plus. Essayant de sentir un peu d'humanité dans une routine qui n'est pourtant que celle d'une vampire, quoi qu'elle essaye de croire.

Quand les nuits ne l'appellent pas en d'autres lieux elle lit ou peint. Essayant vainement de s'occuper l'esprit, elle a même entreprit ressèment d'écrire un livre, une romance tendre sous le fléau de son Gevaudan natal. Elle a aussi découvert les beautés de l'internet et elle découvre les nouvelles collections des créateurs concurrents. Elle refuse que quiconque s'occupe de son image et c'est ainsi qu'elle gère le business à son nom, répondant à ses mails, inondant les réseaux sociaux.

✤ Manies, habitudes & goûts Freak control. C'est une maladie reconnue dont Evangeline est une parfaite victime. Tout doit être à sa place, tout à un ordre et un rangement précis. Elle surveille tout, gère la moindre chose sans être capable de déléguer. Son image doit être impeccable et malheur à celui ou celle qui la salira. Sa vie doit être tracée avec précision et jamais l'imprévue ne doit venir la chambouler. Car elle le déteste plus que tout.
Les vêtements, les défilés et tout ce qui la poussé à offrir sa beauté sur le papier glacé. Evangeline est la preuve parfaite de ses restes d'une société si oisive qui le redevient petit à petit. Elle ne peut appeler ça un travail mais bien un passetemps.
Elle montait également à cheval mais pleure sur ce lien étrange qu'elle avait autrefois avec ses créatures qu'elle adulait. Les géants sentent directement sa nature. Et refuse qu'elle les approche. Un jour, elle y parviendra.
La brune a la manie bien connue de toujours attacher ses cheveux quand elle commence à se sentir stressée, chose qui arrive bien plus souvent qu'on ne pourrait le penser. Elle retrousse également son nez dès qu'on la contrarie et à tendance à se montrer un peu trop joueuse, d'une langue acérée de piques qu'elle ne se gênera pas pour envoyer.
✤ Discipline Autrefois soumise à la volonté d'un Sire exigeant, Evangeline a fini par rebeller son âme et son pouvoir, avant-coureur jusqu'à présent c'est dévoilé. Des capacités des Mary Ann, elle fut choisie par la domination. Pour cette enfant capricieuse, c'était un rêve qui se réalisait. Autrefois, elle n'était qu'une débutante mais Jean François refusait que son Infant soit la risée de sa vie. Il la fit travailler des heures durant, la forçant à creuser dans les retranchements de son esprit.
Maintenant, elle contrôle d'une voix doucereuse, comme une sirène qui ferait sombrer dans la folie sa victime. Elle implante des convictions fausses, des souvenirs incertains dans les esprits. Jusqu'ici, elle n'a jamais tenté le plus grand tour de force dont elle se sait capable. Reformer intégralement un esprit la tente mais personne n'a assez mit à bout ses nerfs pour qu'elle ne le fasse. Elle a implanté certain souvenir dans l'esprit d'innocent. Pouvoir particulièrement utile lorsqu'elle se nourrit.  Evangeline ne tue plus lorsqu'elle mange. Mais ses victimes ne se souviennent plus de son visage mais de celui d'un autre. Petit à petit, le piège se referme autour de Jean François. Car elle lui fera payer et grâce à ce don qu'il lui a offert sans se douter qu'elle l'utiliserait contre lui.
✤ Convictions Les vampires sont des idiots. Révéler aux humains la vérité fut la chose la plus stupide qu'ils ne pouvaient imaginer. Maintenant, qu’ils vivent sous la lumière des projecteurs, les groupies se sont déchainées. Elles ne sont pas les plus dangereuses même si elles s'avèrent de véritable pot de colle. Non. La révélation a fait des humains un problème. Autrefois seuls quelques chasseurs savaient et traquaient. Maintenant, les HA errent dans les rues, tuant tout CESS qui passent. Alors pour les autres races, la brune s'en contre fiche. Mais lorsqu'on touche au vampire, il y a des risques pour sa petite personne et c'est hors de question.
Evangeline se souvient avec délice des temps où ils traquaient dans l'ombre et où cacher les corps n'était pas obligatoire pour peut qu'on fasse preuve d'une sauvagerie sans nom. Quand les vampires étaient encore ses seigneurs noirs pour lesquels les humains se seraient damnés dans le plus profond secret. Maintenant que tous savent, les risques de mort se sont multipliés. S'il y a certain avantage, Evangeline voit surtout les inconvénients pour sa petite personne. Si elle tue, elle devient une criminelle. Et non une vampire identique à sa race. Les libertés se sont tues petit à petit et elle rêve de voir les vampires dominer cette sous race d'humain. La force coule dans les veines mortes et non dans les souvenirs stupides des mortels.
✤ Signes particuliers Aucun

Va où tu peux, meurs où tu dois.
1764 | France, Gévaudan, baronnie d'Apcher

La bête tue Morangiès. Elle tue et vos hommes ne font rien. Les femmes et les enfants ont déjà péri sous ses crocs et que ferons-nous lorsque les nôtres seront touchés? Lorsque la bête s'en prendra à nos femmes?

Le duc ne releva pas l'attaque, laissant ses prunelles divaguer jusqu'aux tentures aux gueules de loups. Le sang avait tant de fois giclé, la vie s’était tant de fois faite absente. Il passa une main dans son épaisse chevelure brune, levant ses prunelles d'azur jusqu'au marquis d'Apcher. Levant sa coupe emplie de vin à l’hypnotisante couleur rouge, il le salua avec un mépris visible. Joseph de Châteauneuf-Randon, marquis de son état, serra les poings mais ne répondit pas. Le petit protégé de l’évêque était bien trop hautain et savait parfaitement que lui seul dirigeait.

Voyons, monsieur le marquis. Vous savez parfaitement que je ne suis pas venu pour entendre vos doléances. Ses terres sont à vous et à votre famille depuis toujours. Je ne viendrai pas chasser par ici, il en va de soi. Ma présence revêt d'autres... ambitions plus personnelles. Peut-être pourrais-je vous aider si vous accédez à mes requêtes. Les paroles de Jean-François sonnaient de cette sournoiserie propre aux serpents. Mais le marquis n'était pas homme à vendre sa famille pour que lui parviennent enfin les cris d'agonie de la bête. Apolline n'est pas à vendre. lança-t-il, comme une attaque, comme une vérité en laquelle il finirait par ne plus croire. Même pour la quiétude de vos gens? Vous ferez donc passer le bonheur de votre famille avant celui de vos gens? La paix n'a donc aucune valeur pour vous? Le marquis d'Apcher ouvrit de grands yeux. Voilà que ce blanc bec se permettait de le faire culpabiliser sur le bienfondé de ses actions. Dieu saura vous remercier, marquis. souffla le duc avant de porter à ses lèvres sa coupe de vin. Je ne reviendrai pas là-dessus Jean François. Apolline n'a que treize ans. C'est une enfant et je connais votre réputation. Puisque nous ne pouvons compter sur vous, nous le ferons seul.

Le duc se leva, son éternel sourire gravé sur les lèvres. Le choix vous appartient, Monsieur le marquis. Mais n'oubliez pas ma proposition. Cette bête peut être éliminée et prier ne suffira pas. Apolline contre la paix. Vous savez où me trouver Il termina sa coupe et la posa sur la table qui n'attendait que de recevoir ce réceptacle de ses mensonges. Le brun ouvrit la porte et sortit de ce château qui le retrouverait bien trop vite. A peine son vis à vis sorti, Joseph se laissa tomber à son tour sur un fauteuil, sentant que bientôt le choix ne lui appartiendrait plus. Que pouvait-il faire? Comment pouvait-il tenir tête à un homme qui avait derrière lui la puissance de l’Église?

Papa? La petite voix lui fit relever la tête. Il fit disparaitre de son visage la peur muette qui hurlait dans son cœur. Sa famille ne devait savoir ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait. Les meurtres se multiplieraient, il le savait. Tu nous écoutais Apolline? Combien de fois t'ai-je dit de ne pas écouter derrière les portes? La jeune fille se présenta sur la palier de la porte qu'elle entrouvrit jusqu'à croiser le regard de son père. Dans sa robe du bleu de ses yeux, avec ses anglaises qui tombaient tendrement autour de son visage de porcelaine, elle semblait si belle et innocente. Cette enfant déchainait les monstres. Les demandes en mariage qui promettaient la mort en cas de réponse négative. Elle était jolie mais ce n'était pas ça qui les rendait fou. C'était cette pureté ancrée dans son âme qui attirait le mal avec la force d'un ouragan. Une poupée qu'on rêvait de posséder. Apolline baissa la tête, ses joues se teintèrent de rose. Elle n'avait pas besoin de répondre pour que la vérité se voie sur son visage. Tu ne le laisseras pas me prendre? Tu ne m'offriras pas à lui? Il me fait peur, papa. C'est un monstre. Il est cruel et dangereux. Jure-moi que tu ne le feras pas. Devant le silence de son père, la jeune fille ouvrit de grands yeux dans lesquels brillait la peur. Tu ne ferais pas ça... Elle recula de quelques pas, ses prunelles s'emplissant de larmes. Non tu ne peux pas. Les mots lui manquaient mais le silence de son père n'avait jamais été si éloquent. Il finirait par y être contraint. C'est un monstre! Jamais je ne l'épouserai! Je préfère encore mourir que lui être offerte! Tu ne peux pas me faire ça! Tu ne peux pas m'offrir à ce monstre! Tu sais ce dont il est capable! Tu sais tout ce qu'il a déjà fait! Mais il ne répondit pas, baisant la tête. Apolline s'enfuit en courant de cette pièce encore emplie de l'odeur de ce monstre qui lui faisait froid dans le dos. Jean François avait cette réputation de libertin aux mœurs étranges qui lui collait à la peau. Et le corps aussi pur qu'innocent de la jeune fille ne pourrait survivre aux sévices qu'il lui promettait déjà de sa langue dardée sur ses lèvres écarlates.


Les premières chaines de l'esclavage. La peine du mariage. Musique thème | 1767 | France, Gévaudan, baronnie d'Apcher
Tient toi droite Apolline ! L'ordre de la gouvernante avait claqué dans l'air avec la même force que le sifflement d'un fouet. J'étouffe ! Mais elle n'eut aucune autre réponse qu'un sifflement énervé à sa plainte. La femme du peuple sera un peu plus fort les féroces attaches du corset qui venaient s'enfoncer dans les chaires de la brune. Une autre bouclait ses longs cheveux tandis qu'une autre maquillait son visage. Une nuée de vautours. Apolline n'arrivait à les voir d'une autre manière. Elle qui avait cru pouvoir leur faire confiance, leur offrir ses joies et ses peines, ses peurs et son amour n'avait récolté que les débris de son innocence. Elle devait apprendre à ne plus faire confiance à personne mais c'était trop tard. Le mal était déjà fait. Jean François. Si on m'avait un jour dit que ma petite princesse épouserait le duc de Morangiès je n'aurais pu y croire. La brune jeta un regard à sa gouvernante dans le miroir qui lui faisait face. Un regard qui voulait tout dire, cherchant la fierté ou bien la peur. Mais le visage d'Isabeau était illisible. Si on m'avait dit que mon propre père me vendrait à un monstre pour une paix qui n'est qu'une promesse je n'y aurais cru non plus. Un glapissement s'échappa de l’essaim de vautours. Mademoiselle d'Apcher voyons ! Apolline ne répondit rien mais ses prunelles plissées parlaient pour elle.

Les préparatifs enfin terminés, la brune pu sortir de cette chambre qu'elle en venait de plus en plus à haïr, sentant les parfums boisés dont elle s'enduisait autrefois avec délice, sans savoir qu'ils seraient le début de chaines qu'on attachait autour de son cou pour la ramener au plus près de son fiancé. Le mot sonnait comme un blasphème, comme un pêcher qu'elle détestait plus encore que tout. Descendant les marches de l'escalier de marbre avec lenteur, elle porta son regard jusqu'à cette bague qui décorait son doigt, cette menotte qui la liait à Jean François. Une promesse mortelle. Elle savait qu'elle ne ressortirait pas vivante des étreintes du comte. Combien de rumeurs avaient été prononcé à son sujet pour qui savait les entendre. Son père n'en avait entendu aucune mais à l'annonce de ses fiançailles, Apolline avait vu sa mère pleurer. Son frère voulait se battre, tuer cette bête avant que sa sœur ne soit vendue. Mais cela ne servait à rien. La bête sévissait depuis trop d'année. Les morts s'accumulaient, la foule hurlait aux portes du château. Le roi lui-même s'était désintéressé de cette affaire. La bête était morte pour tout Paris. Et pourtant cet animal inconnu qui alimentait les légendes était toujours là, tapi dans un coin, prêt à tuer et déchiqueter quiconque passerait entre ses crocs.

Vous êtes ravissante Apolline. Votre beauté pourrait inspirer les plus grands artistes et je me ferais une joie de vous emmener à paris pour que ses merveilles puissent vous éblouir si vous ne les éblouissez avant.

Les lèvres du comte vinrent baiser sa paume alors qu'elle gardait un visage impassible, contenant le dégout qui lui donnait envie de vomir devant cet être qu'elle haïssait de tout son cœur. De ses yeux bleus à son opulente chevelure brune, tout en lui la révulsait. Le moindre contact avec sa peau trop froide la faisait frémir. Et dire qu'elle allait devoir passer une vie entière en sa compagnie. Les menaces de suicides qu'elle avait faits à son père n’avaient servi à rien d'autre qu'à faire augmenter la sécurité autour de sa personne.

Apolline. Enfin te voilà ma chérie. Et déjà en si belle compagnie. Jean François, c'est un plaisir, comme toujours de vous avoir à notre table.

Hypocrite. Quand seulement deux ans plus tôt il maudissait de toute son âme ce comte qui n'avait pas changé d'un pouce. Apolline les haïssait tous mais ses sourires, ses paroles et son air étaient ceux de la jeune fille bien élevée qu'elle devait montrer. Ils lui parlaient et elle leur répondait avec bienséance. Mais dans son esprit bourdonnait une rage qui ne perdrait pas longtemps avant de venir s’écraser sur ce visage fier qu'elle avait envie de frapper. Elle le tuerait, peu importait le temps qu'elle y mettrait. L’éternité ne lui suffirait pas. Aucun incident ne venait rompre ses promesses de fiançailles, seule une remarque acide en réponse à des paroles à son égard lui valurent d'être réprimandée. Jusqu'à ce que son frère quitte la table en trombe, jurant à Jean François qu'il le tuerait pour les prendre ainsi à la gorge, pour jouer avec la vie d'hommes et de femmes pour son simple plaisir. Mais le comte ne répondit pas et son frère quitta le château sans un dernier mot pour sa sœur qui le voyait partir la boule au ventre.

Ma tendre sœur,

C'est avec la peur du frère qui se confie que je t'écris cette dernière lettre. Le comte est un monstre mais c'est avec effroi que je vois qu'il deviendra pour de bon ton époux. Je pensais que père n'irait pas jusqu'au bout de ses paroles. Qu'il ne t'offrirait pas en pâture. Tu dois être forte Apolline. Pense à moi, n’hésite pas à me joindre. Je ne saurais où je serais dans les années à venir mais je ne reviendrais pas. Je ne peux accepter de vivre une minute de plus dans cette demeure en te sachant entre ses griffes. Mais je ne peux rien faire pour toi, pour nous.

Puises-tu essayer de vivre heureuse petite sœur. Puises-tu le rendre plus tendre, faire taire la sauvagerie que les rumeurs lui prêtent. Puisent les attaques se tarirent, que ton mariage ne soit pas vain. Je t'en supplie petite sœur. Fait parvenir à moi l'un des hommes en qui tu auras le plus confiance. S'il te fait le moindre mal, je le tuerais de mes propres mains.  

Je t'aime Apolline. Garde en toi le souvenir de ce frère qui t'aime plus que sa propre vie.





Pour le meilleur et surtout pour le pire.
Musique thème |1767 | France, Gévaudan, baronnie d'Apcher

Elle marchait avec application, faisant attention au moindre de ses gestes. Ses pas incertain la menaient vers cet homme qui l'attendait. Pour la première fois, elle le trouva presque beau dans son habit de lumière. Apolline avait passé des heures à être préparée, ointe, parée d'atour à la beauté lumineuse. Sa robe avait été cousue pendant une longue année, depuis l'annonce de ses fiançailles jusqu'à ce jour que tous bénissaient et qu'elle pleurait en silence. La dentelle délicate venait caresser ses poignets fins, les dorures paraient le corsage de perles ouvragées, le tissu se glissait jusqu'à ses pieds en une marée d'or, de blanc et d'ivoire. Une cascade de boucles brunes ondulait sur ses épaules, ramassées en une coiffure compliquée dont l'ouvrage avait demandé des heures où Apolline était demeurée silencieuse. Elle était magnifique et pourtant, l'éclat qui aurait dû briller dans ses yeux était inexistant. Ils étaient comme mort, envahit par une peine immense. Sur ses lèvres ne se dessinait le moindre sourire. Mademoiselle d'Apcher allait aujourd'hui perdre son nom mais peut lui importait. Elle allait perdre tellement plus que ça. Dans un dernier caprice d'enfant, elle avait supplié son père à genoux la veille, des larmes roulant sur ses joues. Il n'avait pu que pleurer devant cette fille qu'il offrait aux sévices d'un homme. Lui non plus ne voulait ce mariage. Mais Apolline ne pouvait imaginer les impacts géopolitiques qu'il y avait derrière tout ça. La bête ne serait plus. Le duc l'avait juré.

Alors elle avançait, sous les feux des regards de l'assemblé. Ils s'étaient tous réuni dans leurs plus beaux atours en cette occasion. Derrière elle suivait cinq dames de compagnie, parmi lesquelles brillait sa petite soeur. Elle se signa alors que son futur époux lui offrait un sourire, qu'il vit comme empreint de sadisme. Apolline capta l'éclat de fierté, la beauté de ce visage qui ne l'était pourtant pas. S'il n'avait eu cette réputation, s'il n'avait collé ce couteau sous la gorge de son père, peut-être aurait-elle pu l'aimer. Mais c'était trop tard. Il l'avait forcé à venir devant cet autel où l’évêque les bénissait. Et jamais elle ne pourrait lui pardonner. Il lui remit cette alliance qui les lierait à tout jamais et elle fit de même, sans un souffle, croisant ses prunelles au bleu étonnant qui la déroutait.

Apolline Evangeline Marie-Jeanne de Morangiès née de Châteauneuf-Randon

Un nom auquel ils portèrent des toasts. Un nom qu'ils bénirent et auquel ils souhaitèrent la vie éternel. Un nom qui l'effrayait plus que tout. Jean François avait gagné. Elle lui appartenait. Et du baiser avec lequel il cloua son destin, il lui montrait le début de ce que serait son parcours de damné. Il lui ouvrait la porte à un infinie dont elle n'imaginait pas la grandeur. Il était encore trop tôt mais déjà le comte voyait en elle cette maitresse démoniaque qu'il allait créer à la perfection. Puis tout s'emballa trop vite. Le repas passa à une vitesse étonnante. Et déjà, elle montait ses marches pour une chambre où l'attendait son destin.


Ce ne fut pas lui qui la déshabilla. Mais sous son regard qui appréciait à l'avance les courbes encore jeunes de son corps. Les femmes de chambres ôtèrent ses vêtements qu'elles avaient passé tant d'heures à lui mettre et chacune lui offrait un sourire compatissent, comme si elle se jetait dans les bras de l'enfer. Apolline tremblait. Le silence et le visage de glace qu'elle avait gardé toute la soirée n'avaient plus lieu d'être maintenant que plus aucuns tissus ne venaient cacher sa nudité et que son corps était offert à son époux, comme au premier jour de sa vie. Les femmes partirent, laissant la jeune fille terrifiée devant ce regard qui la dévorait avec l’appétit du loup.

Jean François tournait autour d'elle avait la langueur d'un serpent, si semblable à un vautour observant sa proie avant de finalement fondre sur elle. Apolline n'osait bouger, n'osait même respirer. Le visage baissé, caché derrière ses longs cheveux bruns détachés, elle fermait les yeux, entendant juste le bruit de pieds du comte. Lui n'était pas nu. Lui avait le pouvoir sur elle. Lui aurait toujours le pouvoir sur elle. Tu es si belle Apolline. Sa main contre son corps la fit frisonner alors qu'il faisait glisser ses doigts sur la peau trop blanche de la belle. Il passa sa main dans la crinière de la brune, attrapant son menton dans une étreinte trop sévère. Il embrassa ses lèvres avec envie, aussi goulu que si le désir qu'il avait depuis trop longtemps refréné remontait envie du plus profond de ses tripes.

Le comte perdit le contrôle. Il la fit basculer sur le lit sans douceur, écartant ses jambes pour mieux se glisser en elle. Ses gestes se firent anarchiques et d'une vitesse qui fit détourner le visage à la jeune fille. Elle gémit de peur mais il ne l'écoutait pas, ne s'attardant plus que sur le désir et l'envie qui grandissait en lui. C'était l'envie de mordre, l'envie de marquer cet humain dont les iris avaient fait s’arrêter le temps. Ses dents s'enfoncèrent dans la chaire de sa cuise sans la moindre précaution et le liquide vermeil explosa dans ses papilles alors qu'il buvait avec avidité à même la source de celle qu'il ferait sienne dans l’éternité plus encore que dans la vie.

Apolline hurla mais il n'y avait personne dans l'immense château des Morangiès. Elle se débattait vainement contre cet homme à qui elle appartenait désormais, tentant de lutter contre une force qui n'avait rien d'humain. Sentant la chaleur du sang contre sa peau, elle cria un peu plus mais il posa une main autoritaire sur ses lèvres. Dans ses yeux brillait une lumière qu'elle n'avait jamais vue et qui l'attirait avec une force inconnue. Ne dit pas un mot Apolline. Où je te jure que je te tuerai. Ses prunelles s'écarquillèrent d'une terreur qui n'avait d'autre nom. Les crocs qui s'échappaient des lèvres vermeilles de son époux la terrifiaient. Vampire. Ombre de la lune. Démon. Le sang coulait sur son menton, venant tacher la chemise blanche qu'il portait et qui ne tarda pas à disparaitre, dévoilant un corps dont elle n'avait jusqu'ici qu'imaginer la force muette. Par pitié Jean François. Par pitié laissez-moi. Mais les supplications étaient vaines. Le vampire avait depuis trop longtemps jeté son dévolu sur elle.

Il la fit sienne sans douceur et elle cria sa douleur au monde. Sa virginité s'envolait et les crocs s'enfonçaient dans sa gorge, comme pour ôter à leur tour du sang à sa beauté. Sa peau déjà si blanche le devenait encore plus au fil de la nuit, les draps se nappaient de rouge. Jean François ne prêtait pas attention à l'état de sa femme. Jusqu'au chant de l'aube où il lui offrit son sang, certain de ne pas l'avoir assez mordue pour qu'elle devienne l'un des siennes. Elle aurait le temps d'apprendre à connaitre sa race. A seize ans, elle était bien trop jeune pour devenir une immortelle.


Liberté et richesse, formes nouvelles de l’oisiveté.
Musique thème | 1769 | France, Paris, Bal masqué

Les rires des nobles chuchotaient aux portes des établissements où la luxure n'était plus un mythe. Ils avançaient, sans faire de bons assassins tant leurs gloussements trahissaient leur présence. Apolline en tête de file avec derrière elle ses amies oisives parisienne. La brune se plaisait ici. Loin de l’évêque, loin de sa famille. Elle s'enfonçait avec délectation dans les pêchers qu'on avait tenus éloignés d'elle jusqu'à présent. Avec les marques de crocs cachés derrière un maquillage appliqué d'une main de maitre par une esclave si bien asservie à son mari. La brune suivait d'ailleurs son ombre avec un sourire flamboyant, voyant dans ce regard bleu des choses qu'elle n'aurait pu imaginer.

Il ouvrit les portes de la décadence de l'empire de France et les nobles qui le suivaient s’esclaffèrent une nouvelle fois. Alors qu'Apolline souriait, tenant la main d'une amie, il lui attrapa le bras, la forçant à s’arrêter devant lui. Te souviens-tu de ce que je t'ai dit madame mon épouse ? Elle se retira de son étreinte avec agilité avant de venir embrasser ses lèvres à pleine bouche. Oui mon doux prince des ténèbres. Je le ou la ramènerais dans notre couche. Et tu te délectera de sa vie. Un sourire étira les lèvre de Jean François alors que de sa paume gantée il caressait la joue de son épouse. Tu es parfaite Apolline. Je n'aurais pu rêver trouver femme plus complaisante. Elle éclata d'un rire cristallin avant qu'ils ne se glissent dans la foule. Princes macabres d'un destin grandiose. Et elle n'était pas encore vampire.

Elle dansait, le visage caché derrière un masque qui ne laissait apparaitre que ses prunelles étincelantes, brillantes de joie et d'envie. Son corps avait changé, devenue celui d'une femme alors qu'elle se rapprochait de plus en plus du jour où son époux deviendrait son sire, liant son âme à elle pour l'éternité. Si aujourd'hui elle n'avait plus peur de lui, elle ne l'aimait pourtant pas. Attachée à lui c'était certain. Dépendante de ses morsures qui la transportaient vers un paradis dont elle refusait de redescendre. Apolline vivait cette vie d'immortelle sans en être une, avec la nuit pour compagne éternelle. Il lui avait appris tant de chose sur la luxure. Il l'avait regardé faire, avec cette délectation perverse de l'homme qui corrompt les âmes pures. La gorge déployée, le dos cambré à l’extrême, elle ne trouvait plus son plaisir quand dans les morsures qu'il lui offrait, accompagnées de ses reins puissants.

Mais il allait tout changer. Avec son sourire charmeur, son visage à la perfection délirante et cette bouche qu'elle aurait voulu embrasser des milliers de fois. Il s'appelait Simon de Landrey, mousquetaire du roi. Il portait le vêtement noir lorsqu'il s'armait pour la guerre et ses prunelles sombres la firent tomber amoureuse. Alors qu'elle avait promis quelques heures plus tôt de ramener sa victime à son amant ténébreux, elle ne put se résoudre à offrir la gorge du comte à son époux. Il la fit jurer qu'ils se reverraient et elle lui offrit l'adresse de l'une de ses amies, lui offrant la promesse de le voir, priant pour que Jean François n'ait rien vu de ce baiser échangé sous le secret des arbres du parc.

Elle lui offrit une proie aux cheveux de feu mais ne prit pas part à l'exercice de la mort, pensant à Simon et à cette tendresse dont il avait fait preuve. Jamais elle n'avait ressenti un tel sentiment, jamais son cœur ne s'était autant emballé. Apolline redevenait cette enfant rêvant au prince charmant et Jean François, malgré le diner qui s'offrait à lui, capta les battements frénétiques de ce cœur qu'il aimait. Elle lui échappait. Mais dans sa jalousie terrible, il jura qu'elle détruirait cet amour humain dès qu'elle toucherait les voies de l'immortalité.


Emmène-moi avec toi Simon. Laisse-moi partir. Fuir. Il est terrible. Il me fait peur. Il a promit de te tuer. Simon, s'il te plait, emmène-moi. Vers ce nouveau monde où il ne nous suivra pas

Les prunelles chocolat s’écarquillèrent alors que les caresses de ses doigts sur le dos nue de sa bien aimée s'arrêtèrent. Il la fit reculer de quelques centimètres, jusqu'à croiser son regard empli de peur. Jamais il n'aurait pu croire qu'elle avait encore peur, qu'elle tremblait alors que Jean François la rejoignait. Apolline avait terminé ses instants terribles. Jusqu'à ce qu'elle le rencontre et qu'il lui montre la douceur d'un corps aimant. La brune avait appris à mentir. A faire croire à son bonheur jusqu'à réussir à tromper un vampire.

Je ne peux pas mon amour. Je dois beaucoup trop au roi, je dois beaucoup trop à la France. Si je fuyais maintenant. Les yeux de la brune le firent trembler, mordre avec violence sa lèvre inférieure. Bientôt Apolline. Je te jure sur notre créateur que dans moins d'un an nous embarquerons sur un bâtiment de la marine et que nous voguerons jusqu'au Nouveau Monde. Un sourie étira les lèvres de la jeune femme alors qu'elle se blottissait un peu plus contre le corps de son amant. C'est une promesse ? Il la regarda, embrassa ses lèvres avec douceur avant de lui glisser. Je te le jure.


L'appel du sang, liquide au combien attirant pour des papilles mortes
Musique thème |1771 | France, Paris, hôtel particulier du marquis de Morangiès

Il l'avait fait appeler. N'avait pris lui-même la peine de se déplacer pour la faire venir jusqu'à lui. Et ça, Apolline savait ce que ça présageait. Il était d'une humeur massacrante et dans ce genre d'instant, elle perdait des quantités catastrophiques de sang. C'était dans ce genre d'instant qu'il lui montrait toute la cruauté de son âme. Qu'il la frappait, la faisait hurler d'une douleur qu'elle n'aurait pu croire réelle avant de le rencontrer. Qu'il lui montrait toutes les merveilles du sadisme et qu'elle ne pouvait prendre son plaisir dans de telle pratique. Si certaine victimes qu'elle lui avait offertes aimaient cette douleur qu'il maniait à la perfection, c'était loin d'être son cas.

Alors qu'elle pénétrait dans cette chambre close, elle se surprit à plier pour que Simon ne soit pas là, pour que le vampire n'ait découvert toute la vérité. Dans moins d'une semaine, Apolline disparaitrait de la France à jamais. Elle irait rejoindre le Nouveau Monde en compagnie de son beau mousquetaire. Et là, elle n'aurait besoin de réitérer ses actes que le Vatican condamnait. Elle n'aurait besoin de tuer la vie qui grandissait en elle. Mais aucune odeur de sang ne vient cueillir son odorat un peu trop sensible. Jean François était là, assit sur ce fauteuil doublé de satin rouge, tenant dans sa main un verre de sang au reflet de vin. Son visage impassible ne lui offrait aucune indication sur ses intentions. Malgré le temps, Apolline avait toujours peur de lui. Si elle se comportait comme la femme mortelle d'un prince immortel, offrant une cruauté qui n'avait rien d'humain, elle craignait pour sa vie.

Tu sais Apolline. Je ne t'aurais pas cru capable de contenir un secret aussi longtemps. Les prunelles de la jeune fille s’écarquillèrent alors qu'elle balbutiait, tentant vainement de trouver des excuses. pas besoin de me mentir plus ma tendre aimée. Je sais la vérité, et bien plus encore. J'aurais pu te laisser continuer. Il tourna ses yeux hypnotiques jusqu'à elle, ajoutant dans la même veine que le reste de ses paroles. J'aurais pu te laisser avec ce mortel. Mais te laisser partir. Tss. Ça, jamais je ne le permettrai. Il se leva, avec cette vitesse vampirique qu'elle craignait tellement. Tu m'appartiens Apolline. A l'instant même où tu as uni ton âme à la mienne. Tu es à moi. Et à personne d'autre ! Pour l’éternité tu es à MOI ! Il perdait son sang-froid et l'humaine rentra sa tête entre ses épaules, les larmes roulant déjà sur ses joues. Je suis désolée Jean François. Je suis tellement déso... Je me fiche de tes excuses Apolline ! Je m'en fiche ! Dans sa rage il envoya voler son verre qui s’écrasa en débris sanglant contre le marbre de la cheminée. Effrayée, la respiration de la marquise se fit erratique alors qu'elle regardait la porte de la chambre, espérant sortir avant lui, avant qu'il ne la frappe à nouveau. Tu crois quoi petite sotte ?! Que tu peux sortir d'ici, que je te laisserais franchir cette porte et rejoindre ton mousquetaire ?! Ton cœur et ton âme sont à moi Apolline. JE VEUX QUE TU M'AIME ! Les larmes tombaient en cascade sur le visage de la jeune fille que la peur paralysait sur place. Qu'est ce qu'il a de plus que moi ? Qu'est ce qu'il a fait pour qui lui tu l'aime alors que moi tu me haïs ? Je t'aime Apolline. Je t'aime de cet amour immortel qui m’empêche d'en voir d'autre. Tu m'as volé quelque chose. Tu as fait battre ce coeur mort, tu as déchainé les enfers. Et lui, qu'a-t-il fait ? Qu'est ce qu'il t'a dit, quelle sérénade il t'a chanté pour que tu l'aimes ?!  S'il te plait Jean François. S'il te plait ne lui fait pas de mal. Il n'y est pour rien. La rage déchira les traits du vampire alors que ses poings s'enfonçaient dans le mur, de chaque côté de visage de la brune. Et tu le défends encore au lieu de te défendre toi. Les mains du noble se glissèrent autour de la gorge de la brune avec fureur et cette dernière se hissa sur la pointe des pieds, se débattant vainement contre cette force d’immortel contre laquelle elle ne pouvait lutter. Je pourrais te tuer à l'instant Apolline. Je pourrais m’abreuver de ton sang et te vider de ce dernier. Laisser ton cadavre et disparaitre pour de bon.

Mais il relâcha l’étreinte de ses mains et la jeune fille tomba au sol, portant les siennes à son cou en toussant. La peur la fit reculer jusqu'à un mur contre lequel elle se cola, pleurant, terrifiée et suppliant qu'il la laisse, qu'il parte et que ce cauchemar finisse enfin. Tu me fais peur Jean François. Arrête. Arrête ! Mais les supplications étaient vaines. Le temps était venu. S'agenouillant, le vampire prit le visage de la brune entre ses mains, essuya une larme du bout du doigt. Tu m'as profondément blessé Apolline. Mais tu es mienne et tu le seras, dans cette éternité que je t'offre. NON !!! hurla-t-elle. Trop tard. Le baiser du vampire avait été offert.


Elle se réveilla la gorge sèche et les muscles endolories, comme si elle avait été broyée puis recrachée par des démons aux noms de monstres. L'odeur fut la première chose qui la transperça. Puis cette douceur qui s'emparait d'elle, ses muscles qui se mettaient en mouvement sans même qu'elle ne les contrôle. Elle ne croisa personne dans l'hôtel, suivant simplement cette odeur terriblement attirante qui la faisait saliver de plaisir. Elle gémit comme un chiot devant une récompense et couru, plus vite que jamais jusqu'à cette odeur qui l'attirait avec la puissance de la lumière. Apolline ne réfléchissait plus, l'instinct seul la guidait.

C'était un humain, plutôt beau garçon. D'épais cheveux bruns, des prunelles sombres qui pouvaient capturer des âmes. Sur sa gorge, deux sillons laissaient couler le sang, lui offrant un chemin déjà tout tracé pour ses crocs. Mais, capricieuse la jeune nouvelle née refusa de glisser sur les traces d'un autre et croqua dans la chair d'un poignet musclé. Ses canines déchirèrent la peau et s'enfoncèrent dans la première veine qui s'offrait. Le sang gicla, pas assez puissant. Abandonnant cette prise, elle entendit son prénom hurlé par la terreur de sa proie mais elle n'y prêta pas attention. Elle mordit dans la gorge tendre et le sang explosa contre ses papilles avec délectation. Sa victime passa de la vie au trépas, blanche comme un linge mais déjà Apolline passait à une autre proie, traquant dans les moindres recoins de l'hôtel les hommes et les femmes. Les cris se firent entendre mais les portes avaient été bloquées par une main de maitre. Le sang ne lui suffisait plus. Elle devait tuer, encore et encore.

Quand un ennemi se dressa devant elle, avec la force de l'immortalité, elle reconnue Jean François. Et sans le moindre contrôle, elle bondit sur ses lèvres. Le sang rougissait son corps, ses vêtements n'étaient plus depuis longtemps que des vestiges. Cette nuit fut la plus folle que les époux ne vécurent jamais, hurlant leur plaisir sur le sang dans lequel ils se délectaient. Comme les monstres dont ils avaient le nom, il laissait le plaisir se perdre dans l'hémoglobine de leurs victimes terrorisées. Les cadavres se faisaient nombreux mais Apolline n'en voyait aucun. Ils n'étaient que des proies, dont l'apparence et le nom lui importait peu. Seul le sang contenu dans leurs veines lui était important.

Mais le crépuscule du lendemain lui apporta la haine et les larmes de sang. Passée la Frénésie du premier jour, elle voyait les corps de ceux qui l'avaient aidé, de ses dames qui avaient vécues avec elle, qui l'avaient guidée de leurs paroles emplies de sagesses. Et plus que tout, elle pleura des heures durant sur le corps de Simon. Cette première victime, ce premier sang. Celui de son amant. Elle l'avait tué, aveuglée par la mort qui avait fait son chemin dans son corps. Elle était devenue une vampire. Elle n'était plus rien d'autre qu'un cadavre à la beauté glaciale. La main de Jean François vient se poser sur son épaule alors qu'il lui soufflait qu'il était désolé. Que Simon avait voulu venir la voir, qu'il s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Apolline ne se souvenait déjà plus des traces déjà présentes sur le corps. Elle se blottit dans les bras de son mari en pleurant. Simon était mort par sa faute. Et jamais elle ne quitterait cette Europe terrible qui la retenait prisonnière.


Les ténèbres corrompent même les plus blanches âmes.
Musique thème | 1897 | Océan Atlantique, Quelque part entre les Etats-Unis et l'Europe

Tu crois qu'il nous a suivi ? Apolline leva les yeux au ciel devant la question de sa compagne blonde. Qu'il nous ait suivit ou non, Jean François me retrouvera où que j'aille. Il ne sert à rien de ce cacher quand un vampire en a après nous Camille. Tu n'as toujours pas compris ? La question fut glissée, accompagnée de sourcils relevés sur un air hautain qui ne quittait que rarement le visage de la belle brune. Ouvrant son éventail d'un mouvement agile du poignet, elle détourna son intention de sa dame de compagnie pour plonger son regard ensorcelant dans celui d'un châtain rasé de près. Il ferait un parfait plan de résistance. Avec la convenance des femmes du monde, Apolline avait appris. Cette bête sauvage qu'elle avait été à ses débuts n'était plus de ce monde. C'était maintenant sans la moindre marque qu'elle pouvait ôter la vie. Voyons Rose. Nous devons faire attention à Jean François et tu as déjà mangé aujourd'hui. C'est de la gourmandise. Apolline leva les yeux au ciel avant de se tourner vers la blonde en poussant un profond soupir. Ne pas tuer m'ennuie Camille. Je suis une prédatrice, pas une vulgaire humaine. Et je suis comme un lion en cage sur ce bateau. Nous n'arriverons donc jamais ? La blonde ne répondit pas, attendant sagement que la colère capricieuse de sa maitresse disparaisse dès qu'elle croiserait le nouveau regard d'un bel homme ou d'une belle femme. Jamais Camille n'avait laissé sa jalousie parler et pourtant, elle aurait voulu être la seule qui comptait dans le corps d'Apolline. Mais la brune n'était femme d'une seule personne et elle continuait à papillonner de gorges en gorges. Camille était sa poche de sang, sa gourde, ce calice auquel on venait s'abreuver. Mais les sentiments, ça, jamais. La brune semblait en être dépourvue. Son cœur avait gelé quand elle avait reconnu le visage de Simon.

Le jour venu, Apolline s'enferma dans sa cabine alors que Camille visitait le bateau, qu'elle s’attardait sur le pont et regardait la mer. La brune dormait et au crépuscule de son réveil dévorait des livres étranges sur la magie qui entourait son monde. Elle assouvissait la soif intarissable de savoir de son esprit pendant que son humaine de compagnie alternait les gardes pendant les périodes de sommeil de sa maitresse et les ballades où l'air pur caressait son visage. Elle ramenait des bouffées de la chaleur du soleil quand elle venait se blottir contre la vampire. Apolline trouvait l'éternité longue. Et le soleil lui manquait tellement. Le Spleen la terrassait, au point qu'elle avait voulu rompre avec son Sire, ne lui laissant qu'un mot sur l'oreiller à la nuit tombée, lui jurant qu'il se retrouverait un jour mais qu'elle avait besoin de voir d'autre monde, d'autre vie. De gouter à de nouvelles formes de magie pour apaiser son cœur. Jean François n'avait pas cherché à la suivre. Elle reviendrait. Elle l'avait juré. Une Infant tient toujours ses promesses.

La terre promisse fut offerte de nuit au visage de la vampire, pour son grand plaisir. Elle débarqua en compagnie de tous les autres passagers, inspirant à plein poumon cette terre que Simon lui avait offerte. Ils auraient dut débarquer ensemble, foulant le sol de leurs pieds qui seraient restés mortels à tout jamais. Mais Simon était mort en lui offrant sa vie d'immortelle. Elle ne pourrait jamais faire machine arrière. C'était trop tard et elle devait se reprendre. Le vague à l'âme ne seyait pas à son teint. Aujourd'hui, elle devenait Américaine. Aujourd'hui, une nouvelle page se tournait.


Une vie trop facile offre les caprices de l’éternité
Musique thème |2007 | New York, États-Unis, appartement d'Evangeline d'Apcher

Bande d’abruti putain mais c'est pas possible d'être si con. Un torrent d'injure s'échappait des lèvres d'Evangeline alors qu'elle regardait l'écran de la télévision, ne parvenait à rester en place. C'était sur tous les écrans. C'était sur chaque couverture de journal. Les monstres étaient de sortie. Les monstres étaient parmi eux. Déjà des adolescentes boutonneuses suppliaient à la télévision que de beaux vampires aux dents longues viennent mordre dans leurs gorges grasses. Un vase s'écrasa dans l'écran plat, le faisant éclater en gerbe d'étincelle. Mais ils sont trop con non de dieu ! Les humains n'étaient clairement pas prêt à entendre parler des vampires. Ils fantasmaient déjà bien trop sur eux à travers les œuvres de fiction. Les crocs découverts, le visage haineux, la mannequin grondait des injures à l'encontre de tous les grands de ce monde, les maudissait tout en les traitant de tous les noms. C'était quoi la prochaine étape ? Se reproduire avec des loups-garous ?

Sortant son téléphone portable, Evangeline composa avec rage un numéro qu'elle savait par coeur. Le silence lui répondit tout d'abords, puis la voix de son agent. Comme toujours, il ne dormait pas, humain dépendant de ses vampires auxquels il avait toujours obéit. Inspirant avec rage, elle essayait vainement de calmer la colère qui montait en elle avant d'écouter la voix de cet homme qu'elle méprisait de tout son être. Un repas auquel elle devait des explications en permanence. Avec les caprices d'une Diva, Evangeline faisait de la vie de son agent un véritable enfer sans même s'en rendre contre.
Mademoiselle d'Apcher ? demanda la voix, encore bien timide.
Non, le voleur de son téléphone, répliqua la vampire avec dépit.Bien sûr que oui c'est moi imbécile.
Vous avez appris la nouvelle ? demanda-t-il en un murmure, comme s'il n'osait poser cette terrible question.
Bien sûr que oui, j'en suis même la première au courant. Vous connaissez mon immortalité Robert. Alors ne jouez pas les innocents. Je ne vous aurais pas appelé pour le simple déplaisir d'entendre votre voix. Qu'est-ce que ses conneries vont changer pour mon contrat ?
Je ne peux encore m'avancer Mademoiselle d'Apcher. Pour l'instant rien je suppose. Le secret peut être sauvegardé pour quelques années de plus...

Elle lui raccrocha au nez sans autre forme de procès et éclata le téléphone en plus de la télévision. Décidément, la Révélation allait lui couter cher en matériel électronique. Elle inspira profondément et vida d'une traite une poche de sang qui remplissait son frigo. Elle avait besoin de chasser, de sentir la puissance de son rang courir dans ses veines et elle ne perdit pas une seconde de plus. Fermant avec application son appartement, Evangeline se perdit dans les rues de New York, ombre mortelle aux pouvoirs terrifiants pour ceux qui n'étaient que de simples mortels. Elle était plus forte qu'eux, plus dangereuses aussi. La vampire aimait la chasse mais ne se nourrissait que de la riche population américaine. Ses proies d'une nuit, elle se contentait de les tuer et de faire disparaitre en vitesse les corps, avant que quiconque n'ait pu se rendre contre de leurs absences. De toute manière, ils ne manquaient à personne. Mais jamais elle ne s'abaissait à gouter leur sang d'impies.