✤ Traits de caractères TOXIQUE inhumaine, elle n’a jamais été dans le bain de ces émotions qui lui sont étrangères, comme la pitié, la générosité, l’amitié, le pardon, élevée pour être un poison, développant des capacités effrayantes qui auraient dû mettre fin à l’expérimentation qu’elle a été, cette fleur là n’est pas bonne à cultivée, dangereuse on ne s’en méfie hélas que lorsqu’il est trop tard. ENFANTINE parce qu’elle paraît, douce et délicate, fragile et innocente, ses traits juvéniles l’aide à bâtir le mensonge qu’elle tisse dans le coeur de tout à un chacun, esquissant un portrait trompeur de l’ange déchu qu’elle est supposée être, menteuse et charmeuse, elle enjolive la vérité, et laisse les autres se berner tous seuls. CURIEUSE néanmoins, il y a clairement quelque chose d’enfantin en elle, outre son goût pour tout ce qui touche à l’enfance, et sa passion pour les gestes et attitudes enfantins, elle a la curiosité fascinée d’une enfant posant des questions sur tout, pourquoi ceci, pourquoi cela dit-elle, répète-t-elle jusqu’à obtenir une réponse à ces questions qui sont toujours pertinentes et parfois cruelles comme la vérité qui blesse. CRUELLE comme tous les enfants, qu’elle imite, qu’elle désire secrètement redevenir, elle a cette cruauté en elle presque naturelle, presque naïve et innocente, cette froideur lassive qu’ont les enfants qui ne se rendent pas compte, oh si elle se rend compte, mais comme tous les enfants elle n’a pas les limites que la société et la morale pose. N’ayant pas été élevée dans la société elle ne peut en connaître les us et coutumes, et si elle les sait, elle s’en moque. Le mal ou le bien, ces notions lui sont étrangères. Il y a une curiosité qui soit être satisfaite. MORBIDE sa fascination pour la mort est assez radicale. La voilà tranchant, ouvrant, débitant des corps pour en connaître les secrets, les humains la fascine et sans doute se sentait-elle plus le droit de les ouvrir mais s’il n’y avait aucun risque pour sa survie, sans doute ferait-elle pareil avec des vampires ou même des hérésies, mais chut, cela est un secret. Etudier la mort de près est une passion chez elle qui s’est développée fortement au fil des siècles ainsi a-t-elle des connaissances médicales pointues. SADIQUE à mi chemin entre la cruauté et sa fascination envers le morbide, il y a ce sadisme hérité de son démon ou bien du sang vampire coulant dans ses veines, qu’importe, cette fleur a le goût du vice, a la passion de la douleur, la fascination pour la souffrance autant la sienne que celle d’autrui. Elle cultive ce goût par ses activités. METICULEUSE il y a un côté presque artisan ayant le goût du travail bien fait dans sa manière de découper un corps, de torturer quelqu’un ou de tuer. Ses gestes sont précis et méthodiques. Il faut dire qu’elle a été à bonne école. Le sujet a été étudié en long et en large. Tout cela au fond n’est qu’une question de survie.

SURVIVANTE. elle était une gamine paumée, un être qui ne savait ce qu’était l’amour ou la haine, un être drogué, passif, inactif, mais les marques et Aslaug l’ont changée, ont fait d’elle une véritable amazone, une guerrière qui ne laissera plus jamais personne la toucher ou la malmener, qui ne laissera personne la faire souffrir. FEMINISTE Haïssant les hommes et les puissants, elle se méfie tout particulièrement du conseil, sans son amour sans borne pour Aslaug, elle aurait fuit depuis longtemps. Entre ses mains le sexe masculin devint le sexe faible. Les hommes doivent mourir selon elle. Et ce n’est pas sa famille qui dira le contraire. Chez elle, le seul pouvoir acceptable est celui des femmes, parce qu’elles infantes et qu’elles sont mères. EGOCENTRIQUE tout ce qui la préoccupe c’est sa survie et celle des trois personnes cher à son cœur à savoir Aslaug, Maya et Aksel. Le monde n’est vu qu’à travers ses yeux et celui de sa famille aussi n’a-t-elle pas la capacité de comprendre l’autre, mais elle peut s’interroger à son sujet, le questionner, mais il faut se souvenir qu’elle se moquera éperdument de votre sort, qu’elle est capable d’écourter votre existence par simple caprice. POSSESSIVE il est rare qu’elle aime, en dehors de sa famille bien sûr, mais quand elle le fait c’est sans équivoque, c’est d’une manière possessive et exclusive, il y a de la jalousie dans son amour, de la puissance dans ses sentiments qui ne sont jamais dans la demi mesure. FAMILLE la famille est la seule chose qui lui importe, la seule chose qui la définisse, et par laquelle elle se perçoit. Survivre sans sa famille, même si Aslaug le lui a appris, est impossible, impensable. Elle pourrait se sacrifier pour les siens, elle pourrait faire n’importe quoi pour sa famille. C’est d’ailleurs quelque chose qu’elle peut comprendre, l’attachement à la famille, et qu’elle peut respecter. Le reste en revanche… DESTRUCTRICE Froide envers tout le reste, elle se moque de tout détruire sur son passage. En fait, elle éprouve un certain plaisir à réduire des êtres vivant en flamme, ou à les plonger dans un bain d’acide, l’idée de destruction totale et définitive la fait carrément bander. SES ORIGINES LUI IMPORTE BEAUCOUP portant une certaine fascination cependant envers les gitans ainsi que ses lointains descendant elle est curieuse et capable d’apprendre, de se cultiver quand il s’agit de retrouver ses racines aussi bien que lorsqu’il faut choper des renseignements sur des individus suspects.

✤ Occupations Quand on travaille depuis des années avec les vampires on apprend vite à se rendre utile. Selina a exercer bien des métiers et des tâches différentes ayant pour but d’aider sa maîtresse vampire, ainsi elle est passé maître dans la recherche de personnes disparus et pendant un temps kiffait jouer au détective privé, tout particulièrement dans les années 40, elle a eu aussi une période où elle s’est fascinée pour la médecine et passait plus de temps à ouvrir des corps qu’à les refermer. Jouant les médecins légistes, elle a ainsi acquis quelques connaissances en matière de corps humain ce qui aujourd’hui lui ai très utile pour sa fonction de « destructrice ». En effet son boulot est de faire disparaître littéralement les corps, en collaboration avec les nettoyeurs. Elle travaille dans un ancien asile psychiatrique avec d’autres vampires et marqués, usant de l’ancien tunnel où l’on se débarrassait des corps. Ses techniques sont variées, elle use aussi bien du four crématoire remis en fonction que d’acides pour détruire les tissus.

✤ Manies, habitudes & goûts
- Elle a une obsession assez prononcée pour le sucre. Adorant les bonbons elle peut en engouffrer des paquets entiers jusqu’à éprouver des maux d’estomac implacable, jusqu’à s’en faire vomir quand cela atteint de trop grosses proportions.
- Très féminine, elle adore se coiffer, choisir des tenues lui semblant les plus sexy ou les plus adapter, capable de faire les boutiques pendant toute la nuit, elle y entraîne d’ailleurs Aksel pratiquement de force, mais elle peut aussi aborder un look plus destroy voire punk.
- Aimant beaucoup fumer, elle consomme beaucoup trop de cigarette mais cela lui permet de calmer ses nerfs.
- L’un des rituels de la « famille » qu’elles forment toutes les trois est de chasser ensemble. Bien sûr, Selina ne boit jamais le sang des humains, mais elle prend énormément de plaisir à les séduire et à les amener jusqu’à sa mère et sa sœur qui elles ont besoin de se nourrir. Si elle est seule, Selina chassera aussi, mais juste pour le plaisir de tuer.
- Détestant les hommes plus particulièrement les hommes blanc de pouvoir, elle a tendance à passer ses nerfs sur tous ceux qui ont le malheur de lui rappeler ses bourreaux.
- N’ayant jamais eu de mère, elle s’est prise d’affection pour sa vampire à tel point que chaque séparation est déchirante, que tout dispute entre elles est un cataclysme, que tout reproche fait par Aslaug est perçu comme une déchirure.
- Ne pouvant enfanter, ayant été privé de son enfance ou pour dieu sait quelle raison, elle éprouve une fascination pour les enfants qu’elle approche avec délicatesse, avec qui elle peut jouer et s’amuser pendant des heures, se montrant alors délibérément enfantine, mais il est très régulier qu’elle tue ensuite l’enfant quand celui-ci ne veut plus jouer ou commence à réclamer sa mère.
- Fascinée par ses origines, elle plonge souvent le nez dans d'épais volumes de traditions gitanes, passe son temps à éplucher les anciens documents datant d'avant la guerre de Sécession, sur les achats d'esclaves. Elle étudie aussi beaucoup les traditions gitanes. Ce qui l'a poussé à aussi s'intéresser au vaudou plus récemment car une piste laisserait à croire que ses ancêtres auraient pu venir d'Haïti.
- La mort est quelque chose qui la fascine également, mais d'une autre manière. Elle aime s'occuper des morts, des corps, et passe ainsi pas mal de temps dans les cimetières, elle se lie d'amitié avec les gars bossant dans les compagnies funéraires, elle connait quelques légistes, c'est d'ailleurs en les côtoyant qu'elle sait quelques détails utiles pour sa tâche, et puis, elle fréquente les groupes de soutient des mourants, voir les prémices de la mort tâcher leur peau, enlever leur souvenir, les faire lentement passer de vivant à mort est fascinant.
- Aslaug, Aksel et Maya forment sa famille, et rien n'est plus important aux yeux de Selina que sa famille. Elle pourrait tuer pour sa famille, elle pourrait accepter de se faire torturer pour elles. L'absence en revanche la tue. La famille qu'elle s'est construite est quelque chose de si important pour elle qu'elle pourrait tout sacrifier pour sa survie.

✤ Influence Sox, démon possesseur par excellence à donner à sa fille, à l’une de ses innombrables enfants, le talent rare de « faciliter les possessions ». Sans cesse entourée d’esprits qu’elle perçoit mais avec qui elle communique rarement, quand elle se retrouve en présence d’un humain ou d’un médium, son talent peut alors se manifester. Les termes exacts du comment lui sont étranger tout comme pourquoi untel et pas celui-là, elle n’en sait rien. Certains se retrouvent posséder pour une durée indéterminée bien que réduite à partir du moment où elle n’est plus là, et d’autres y échappent sans qu’elle sache exactement pourquoi. Ce qui est certain c’est que la possession dure tant qu’elle est présente, quand elle disparaît alors la puissance de l’esprit s’essouffle jusqu’à ce qu’il soit éjecté du corps qu’il possédait. En revanche si par malheur la personne possédée est dans le coma ou bien souffrant de troubles mentaux, la possession peut durer éternellement. C’est une science inexacte. Il lui arrive aussi d'être victime de son influence. Si elle communique rarement avec les esprits qui tournent autour d'elle c'est justement parce que les rares fois où elle s'y est risqué elle s'est retrouvé possédée. Techniquement ça ressemble à des crises d'épilepsie, elle revient à elle sans avoir de souvenir de ce qu'il s'est passé, épuisée, fatiguée, usée, déboussolée.
Il est amusant de constater qu'elle dispose d'un petit talent télékinésique. Il ne s’agit pas de déplacer des objets selon sa volonté mais plutôt de devenir un véritable poltergeist quand elle est en colère ou bien qu’elle est sur les nerfs. Quand elle éprouve des émotions intenses alors le risque de manifestation du poltergeist est de plus en plus forte.

✤ Lien avec le vampire Véritable mère, Aslaug est apparue dans la vie de cette gamine paumée qu’était Selina lorsqu’elle n’avait encore aucune marque comme un espèce d’ange salvateur. En l’arrachant à la secte qui l’avait élevée, Aslaug lui a permit de voir le monde extérieur, plus encore, elle l’a sauvé de la mort certaine qui l’attendait auprès du conseil des vampires en apposant sa première marque puis les suivantes. Ce n’est pas seulement de la reconnaissance cependant, dès le premier instant, Selina a su qu’elles allaient partager un lien très spécial, et les marques l’ont confirmé. Désormais, Selina est très attachée à sa vampire et n’envisagerait pas un seul instant de passer une seconde de sa vie sans elle, sans la sentir en elle, sans ressentir sa soif, ses désirs, ses pulsions, ses passions. Aslaug l’a rendue vivante, a réanimé la vie en elle, lui a donné une raison de vivre, lui a montré comment l’on survivait, comme l’on passait de victime à bourreau, et pour cela elle lui est entièrement dévouée, plus encore, elle l’aime passionnément. Un amour platonique mais néanmoins très présent d’une force immense.

✤ Convictions Ayant toujours été quelque peu déconnectée du monde, il lui est difficile d’avoir une opinion sur quoi que ce soit y compris sur la révélation ou la piètre façon dont le gouvernement humain gère la situation actuellement. Le plus amusant est d’étudier tout ce petit monde, ça la fascine de voir les alliances se faire et se défaire, les révolutions plus encore l’enchante et la notion de chaos lui plait. Ce qu’elle voit est donc plutôt à son goût, elle aime par exemple ces humains poseur de bombe, elle aime ces loups assoiffés de vengeance, tant que tout ce petit monde là ne touche pas à ses précieux gitans tout ira bien ! En revanche, elle n’aime guère les sorciers, éprouvant pudeur et méfiance à leur égard, elle préfère ne pas s’en approcher.

✤ Signes particuliers Celles les plus évidentes sont celles des ailes qui lui ont été arrachées, à une époque où la chirurgie esthétique n’existait pas… seul le sang de vampire apposé a pu guérir en partie les blessures. Les cornes limée, coupées, ont été une grande souffrances également, leur base demeure cachée sous les cheveux. Les yeux luisant dans la nuit en revanche ne sont pas cachées par des lentilles pas plus que le visage démoniaque qui peut parfois apparaître sur ses traits selon les angles de la lumière.

Dans l’épaisseur moite du bayou, la femme hurle, un cri à peine audible, noyé dans les roulements de tambour, les encouragements presque effrayants, les cris de ces hommes encapuchonnés qui fixent la scène avec un œil vicieux. La femme ne survit pas à l’accouchement, rien de tel n’a été prévu, sa mort a été soigneusement programmée au même titre que cet accouchement dans le sang et les larmes. L’être qui a poussé dans son ventre était destiné à déchirer les chairs de l’intérieur, à lacérer sa propre mère, à absorber sa vie au profit de la sienne. L’être venant au monde cette nuit chaude dans les champs de coton est attendu comme le messie par ces hommes dont le visage est masqué et le regard vicieux. Sa nature monstrueuse est exactement ce qu’ils cherchent. Une fois emballé, le bébé aux formes monstrueuse est porté à l’intérieur de la plantation, dans l’immense maison, les lieux même où le plan diabolique a été conçu, où cette secte est venue au monde, où ces hommes riches et biens nés ont conclu un pacte avec le diable afin de profiter d’aisance financière et de pouvoir absolu. A peine nettoyé, il est confié à une esclave qu’on a rendu aveugle, qu’on force gentiment à la fermer et à s’occuper des bébés récoltés. Ils sont le prix monnayé par le démon. Malheureusement pour eux, ce n’est pas leur père diabolique qui se chargera de leur éducation mais les dits hommes qui nourrissent à leur égard une curiosité insatiable et une funeste envie d’en savoir plus. En grandissant, le monstre adopte des formes féminines, mais l’enfant n’a rien d’humain, le peu qu’il aurait pu y avoir a été soigneusement évacué, éliminé. On l’encourage à tuer les jeunes animaux, on la nourrit de chair parfois humaine, toujours crue qui lui donne des maux d’estomac, on la laisse plonger dans l’obscurité des nuits entières. Comme ses frères et ses sœurs, elle n’éprouve aucune sensation ou presque. Comme eux, on cultive son insensibilité. Confronté à d’autres enfants humains, elle les torture, les tue, parce qu’on l’y encourage, parce qu’elle le peut, parce que au moins ça l’amuse. A treize ans on l’encourage à accepter de baiser les hommes masqués. Ils pensent parvenir à la mettre enceinte mais ça ne fonctionnera pas. Au moins ils peuvent prendre leur pied. Grandissant, cette adolescente est paumée, sans repère, sans la présence de femme, entourée d’hommes concupiscent, cupide, froid et malhonnête dont elle perçoit les désirs et les envies, hanté par les fantômes de tous les cadavres gisant dans la fosse commune creusée à cet effet au fond de la plantation, ne trouvant qu’un mince réconfort dans ses compagnons, elle est une gamine froide à l’âme vide dont la vie n’a semble-t-il pas le moindre sens. C’est tout juste si on l’autorise à s’amuser.

Cette nuit là, c’est un bain de sang. Ils en mettent partout. Le sang coule à n’en plus finir. Jamais elle n’avait entendu autant de gens hurler, ni vu autant de sang couler, elle sent leur peur, leur désarroi, leur incompréhension. Qui ? Et pourquoi ? Ils se sentent trahis. Ces sorciers noirs qui voulaient tant de pouvoirs se sentent perdu, le démon ne les a pas protégés. Le sang a coulé mais cette fois-ci ce n’était pas celui d’une femme qu’ils ont baisés tous les uns après les autres jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte et leur fournisse leur joli petit monstre, des femmes que personne n’attend, des esclaves dont ils disposent de la vie, des clochardes qu’ils attrapent la nuit dans les rues, des gitanes qui ont osé faire la manche devant chez eux, toutes ne sont que des proies faciles. Et si un jour on venait à les réclamer, qu’importe, les riches hommes blancs ont toujours raisons. Cette nuit là, en pleine guerre de Sécession, les satanistes ne comprennent pas. Ils pensent être la cible des nordistes. C’est pire que cela. Le sang qui coule n’est pas bu, pourtant il le pourrait. Les meurtriers ont les dents longues et la peau pâle, leurs yeux brillent dans l’obscurité, ils sont froids, ce sont des prédateurs nés, d’une autre race, inhumain, venu éradiquer cette secte et ce qu’ils cachent dans les profondeurs de la terre. Quand cette femme d’une beauté étrange, sa peau est si pâle, ses cheveux noirs tombant sans être retenus, il n’y a ni robe élégante ni tenue de souillon, juste une créature immortelle jetant un œil curieux sur cette enfant des ténèbres blottie dans l’obscurité ne sachant si elle doit espérer qu’on la tue ou supplier qu’on l’épargne. Cette vie lui a toujours parue sans grand intérêt mais elle ne peut que difficilement y renoncer. Il y a cet instinct au fond d’elle-même la poussant à survivre quoi qu’il en coûte. Cette femme l’observe comme un objet étrange, comme si elle n’avait jamais vu une telle créature, son étonnement est palpable, comme sa fascination naissante. Cette fille monstrueuse éveille sa curiosité. L’enfant, elle n’a jamais été enfant donc n’a jamais pu grandir, braille, crevant le silence d’un cri d’agonie. Il y a quelque chose de fatal dans cette créature chétive, blessée par la lumière de la lune, au cœur meurtri, aux pensées troubles. La belle a une peau brune, des yeux immense, des cheveux tombant en cascade, elle est sale, et deux cornes ont poussés sur son front, deux ailes dans son dos, autant de signe de sa nature monstrueuse, mais la créature hors d’âge l’ausculte comme si elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau ou de monstrueux, qu’importe. Durant cet instant où elles sont seules, la première marque sera posée. Bien sûr, l’enfant des ténèbres n’en sait rien, elle ne sait même pas ce qu’est la femme, mais son instinct la pousse à l’aimer, comme une sœur, comme une mère, ignorant encore qu’elle lui devra sa survie ainsi que sa nouvelle vie.

Austère, les vampires la juge en silence. Son passé, sa nature, la manière dont elle est venue au monde, ce pourquoi elle a été élevée, il faudrait l’exécuter, comme ses frères. Mais quelqu’un refuse un tel sort, quelqu’un ne veut pas que l’enfant des ténèbres disparaisse. Les vampires perçoivent qu’il est déjà trop tard. Marquée, elle doit être alors éduquée, intégrée à la société qu’elle devra servir. Lui arracher ses aides, couper ses cornes, c’est une manière de la marquer, au fer rouge, comme les animaux, de lui montrer qui sont les chefs, qui décide désormais de sa survie. L’enfant qui n’a jamais connu la liberté, qui ne sait même pas qu’elle peut décider elle-même de quelque chose, se laisse faire. D’une docilité imbécile et naïve, elle sera amenée à sa nouvelle maîtresse et une longue cérémonie scellera alors leurs destins désormais liés. L’enfant des ténèbres ne se souvient de pas grand chose, des flammes des bougies qui blessent ses yeux, des visages pâles qui l’observent avec méfiance, de la peur qu’elle perçoit, de la froideur émanant de sa maîtresse, une froideur faisant écho à la sienne, remplissant le vide à l’intérieur, et enfin, elle se souvient de quand la quatrième marque les a unis, de cette solitude qui a disparue pour toujours, de sa promesse de toujours soutenir Aslaug. Elle se souvient aussi de ces journées passées collée à celle qu’elle appelle désormais maman. Comment ses absences la rendait folle au début, et qu’il paru nécessaire qu’elle fasse parti de tous ses voyages ou presque. L’absence même de quelques heures la poussait à une angoisse extrême. La seule manière de faire était de la laisser avec un enfant, humain, même si parfois c’était un enfant métamorphe ou médium. Bien souvent l’enfant était mort au retour de la mère, elle l’avait tué par ennui ou par folie, par pulsion, par curiosité, mais il arrivait que l’enfant survive. Si c’était le cas, la môme refusait de s’en séparer. Le plus curieux était la manière dont l’enfant rendait cet attachement et cet amour, il semblait véritablement aimer ce monstre à la froideur extrême, aux expressions enfantines effrayantes, au comportement étrange qui n’avait pourtant rien de rassurant. De ses fréquentations avec les enfants, elle finit par en adopter certaines manières, le goût de la vérité qu’elle laisse éclater, qu’elle balance comme une bombe qu’on place quelque part, mais aussi le goût de la cruauté, d’une certaine perversité juvénile, une innocence trompeuse. De sa mère, elle hérita autre chose, une froideur presque venimeuse, un charme ensorceleur, un plaisir évident à tuer, un certain goût pour l’indépendance, une certaine décadence.

A peine quelques années après que les marques scellent désormais son union avec celle qu’elle considère comme sa mère, elle s’intéresse de près à ses origines aussi quand elle entend parlé d’une hérésie vivant cloîtrée dans une baraque inquiétante, elle en parle aussitôt à sa mère. Ensemble, elles iront sur les lieux, tueront ceux qui détenaient de manière si affreuse l’hérésie, et garderont cette dernière comme un précieux trésor. Maya précieuse créature est une sorte de double à ses yeux, une seconde chance, une liberté soudaine, une bouffée d’oxygène, le sentiment de ne plus être seule. Rapidement, elle en vint à considérer cette petite dernière dans la famille comme sa sœur, si au début elle est une cadette à qui il faut tout apprendre, rapidement le caractère affirmé de Maya la place comme une égale à ses yeux et dans son cœur. Quand vint pour elle le moment de choisir, Selina retint son souffle, désirant tant garder sa sœur auprès d’elle d’un côté et de l’autre souhaitant pour Maya tout ce qu’elle n’a pas eut. Les marques posées, le lien devint plus fort encore, plus que les sentiments c’est la chair et le sang qui parlent. Unies, toutes les trois forment une famille que rien ne peut séparer. Maya et Selina jouent aux sœurs jumelles, parfois fusionnelles parfois distantes, joueuses, curieuses, s’inventant tout un univers. Leur origine est souvent le lieu de questions, d’interrogations. Nombre de fois, Selina disparaissait dans la nuit et ne revenait qu’à l’aube, les bras chargés d’épais volumes. Jouant aux enfants perdues, elle pouvait facilement berner les vieux prêtres qu’elle laissait la tripoter pour déjouer leur vigilance, ensuite elle les tuait et s’emparait de tous ce qui pouvait concerner leurs origines. De nombreuses fois, Aslaug surprenant la narration de Selina racontant sa mission de nuit lui passait un savon, folle d’inquiétude. Selina ne pouvait comprendre l’inquiétude de sa mère, elle n’avait pas eu vent de l’Inquisition, et les prêtres étaient à ses yeux que de vieux fous que ses traits juvéniles trompaient aisément. Tout ce qui importait à la jeune hérésie était de savoir, de connaître, et cette soif de savoir n’allait pas s’arrêter aussi facilement.

Avec les années, les siècles, l’enfant des ténèbres devint une femme. Fascinée autant par le passé que le présent, elle oscille, s’intéressant à tout, du corps humain dont elle finira par connaître le moindre os, la moindre veine, le moindre détail saugrenu, qu’à sa nature profonde, engloutissant des volumes dédiés à la démonologie, aussi bien qu’aux sorciers qu’elle étudie de loin. Sa soif de savoir se traduit par des journées blanches, passées sans dormir, plongée dans d’épais volumes, les yeux pâles après avoir tant lu. Elle aime aller interroger directement les concernés mais ne laisse jamais de trace. Sa mère lui a apprit à se débarrasser de tout témoin gênant et elle le fait sans sourciller. Ce savoir accumulé se transmet à travers le lien, et fait d’elle l’enfant sage de la famille contrairement à sa sœur Maya qui est l’enfant sauvage, demeurant toujours lointaine et inaccessible. Selina veille, la journée sur sa mère, la nuit sur les intérêts de la famille. Elle a toujours agit comme une lionne quand le danger menaçait les siens, comme une enfant paumée et fragile quand il fallait tromper l’ennemi ou simplement s’amuser, et ne s’est jamais dicter une conduite, une manière de faire, caméléon, elle s’adapte, elle survie. Plus encore, elle s’assure de la survie des siens, pas seulement les hérésies, dont elle espère toujours en sauver des mauvais traitements, se passionnant dans la lutte contre les sectes et les complots, mais aussi de sa famille, celle constituée autour de Aslaug, leur mère à tous, sorte de créature presque reptilienne, qui à l’instar d’une mère Alien est prête à tout pour protéger les siens, un comportement que Selina copie, par mimétisme sans doute, et plus récemment, s’inquiétant aussi pour les gitans. Son inquiétude se traduit par une vague d’amour aussi impulsif qu’étouffant, une jalousie compulsive, et une possessivité assez enfantine.

Quand vint la petite dernière, une première et unique infant pour sa mère, poupée chétive et fragile, accident de la route, enfant non prévue mais pourtant aimée aussitôt, Selina la couvrit d’un amour aussi compulsif que puissant. Elle en prit soin comme si ça avait été sa propre fille, sa propre sœur. Différent encore de l’amour qu’elle porte à Maya, celui qui enveloppe la douce et belle Aksel est proche de la maternité avorté que Selina ressent probablement par mimétisme ou peut-être parce que les années se sont écoulées et que l’enfant femme mesure pleinement le prix à payer de sa nature. Ne pouvoir enfanter est une tragédie qu’elle accepte difficilement. Alors, elle chérie cette enfant, la coiffe, l’habille, lui raconte des histoires. Ayant veillé des nuits sur elle, des journées sur son sommeil diurne, elle lui porte un amour sincère et difficilement contrôlable. Les séparations sont impossibles, inimaginables. Aussi ne se séparent-elles plus jamais. Il arrive que maman ne soit pas là, parce qu’elle a du travail, mais ses filles travaillent désormais avec elles.

Toutes ont su se rendre utiles pour le conseil, c’était vital pour leur survie. Membre d’une lignée jugée décadente, vacillante, endormie, Aslaug s’est assuré de rendre ses filles et ses enfants aussi utiles qu’elle l’est elle-même au conseil, capable de se défendre toutes seules, de survivre. Cette loyauté au conseil est d’autant plus curieuse pour la ténébreuse Selina, qui demeure une hérésie. De sa nature elle en sait désormais plus. Consciente de la soumission de son espèce, du fait qu’elle aurait dû être tué avec ses frères, elle n’a pourtant pas adopté le comportement d’une soumise. Comme sa mère, c’est une amazone, une féministe convaincue, une guerrière qui sait user de ses charmes pour tromper l’ennemi, qui n’a rien à perdre, et qui a le goût de la mort dans la bouche. La marque l’a libéré de ses chaînes, de cette prison mentale dans laquelle les satanistes l’avaient enfermés. Désormais libre, elle observe le monde de son œil froid, en discerne les moindres aspects, étudie la politique aussi bien que le luciférisme, pas par passion mais par nécessité, pour survivre il faut savoir. Peut-être est-ce d’Aslaug qu’elle tient ça, ce goût du pouvoir, cette nécessité d’être plus forte, plus vigilante, cette patience qui la gagne, ce sentiment de devoir les surpasser en tout. Cette cruauté qui jaillit parfois est d’une autre nature en revanche, c’est sa nature diabolique, un besoin de chaos, un désir de voir le monde brûler.

Revenue à l’endroit où tout à commencer, il y a plus de cent soixante dix ans de cela, elle s’est aperçue qu’elle éprouvait une certaine curiosité. Pas sur la secte, d’eux elle savait déjà tout, et puis, elle n’éprouvait pas d’envie d’en savoir plus. Leur mort l’a rendu heureuse, et le premier amour qu’elle a ressenti pour Aslaug venait de là, de ce sentiment de reconnaissance de les avoir tué, de les avoir fait souffrir. Non, ce qu’elle voulait savoir c’était sur sa mère, celle d’origine, celle lui ayant donné naissance, celle morte par sa faute, plutôt par celle de son père car Selina est trop grande pour se croire une seule seconde coupable, ou même sentir des remords. Revenant sur les lieux, ce qu’il en restait, elle a tenté de se souvenir, payer même des sorciers pour user de leur magie, jusqu’à ce qu’elle aille là bas, se tenant devant la foire, le cœur au bord des lèvres, éprouvant pour la première fois des sentiments, sentant des souvenirs remonter, des choses que sa famille ne peut lui donner, le sentiment d’appartenir à une terre, à des traditions, celle des vampires lui vont, comme une robe vous va, mais ce n’est pas pareil. En portant la terre à son nez, en l’enfonçant dans sa bouche, la serrant dans sa main, elle perçu ce que c’était, qu’avoir des racines. Là au camp gitant, dans un endroit où on ne voudrait jamais d’elle, moitié démone, associée à une vampire, considérant deux vampires comme sa famille, elle percevait pourtant que c’était là d’où elle venait. Sa mère avait été une gitane, une fille de rien, une fille aux pieds nus promettant de lire les lignes de la main en échange de quelques pièces, sa mère avait le don de double vue, elle était membre d’un camp établi ici même, dont les lointains descendant se tiennent ici, font tourner cette foire. Elle a finit par y mettre les pieds. La patrone des lieux est pareil à elle, une hérésie, sauf qu’elle a été adoptée par les gitans. Elle éprouve une certaine amitié, un certain respect pour elle, mais plus encore ce qu’elle veut c’est étudier les traditions, lire ces énormes bouquins, elle veut savoir d’où elle vient, qui elle est, ce sang qu’il y a dans ses veines, il n’est pas seulement celui des Sørensen, c’est aussi celui des Wadoche.