✤ Traits de caractères
Placide.
Ne soyez pas surpris, je ne suis pas un homme colérique et capricieux, de par Beeleth je suis un homme plus calme et distant que la normale. Il faut dire que, pour ma tranquillité d’esprit et ma liberté de corps, il est de mon devoir de me faire aussi discret que possible. Rares sont les hérésies que les vampires ne mettent pas à leur solde, et pour rien au monde je serais le chien d’un pacte clairement dictatorial.
Je suis homme du mal, mais je suis aussi Hérésie libre et fier de l’être. Qu’importe la durée de ma vie sur Terre, pourvu que je la vive pleinement.
De ce fait je ne suis pas quelqu’un de particulièrement virulent, tout du moins vous ne me prendrez que rarement en train de lancer des provocations gratuites dans l’attente masochiste qu‘on m‘éclate. Je ne suis ni rustre, ni bagarreur. J’approuve les joutes verbales, et sait m’armer de patience lorsqu’il s’agit de vengeance. J’ai d’autres armes que mes poings pour faire trembler les foules, et, en toute franchise, même le plus impulsif des hommes réfléchirait à deux fois avant de lever la main sur mon visage atypique.

Glacial.
Serait l’autre terme qui me sied à ravir. On m’a souvent reproché une aura froide et malsaine, un air sans air et une moue aussi méprisante qu’irréelle. En résumé il paraît que je suis un Homme qui dérange, un Homme à qui on ne pourrait donner sa confiance facilement. Je ne suis ni laid, ni clairement terrifiant, mais plane autour de moi une flagrance paralysante. J’effraie, et je fascine. On m’aime et on me déteste. On me trouve irréprochable et pourtant on me désigne coupable.
Je ne suis donc pas très extravagant, ce qui peut aussi s’expliquer de par mon éducation stricte. Je n’ai jamais vraiment apprécié l’autorité, et mes parents – du moins surtout mon père – n’a jamais fait preuve de violence ou de chantage pour se faire valoir. Il avait un certain charisme et des arguments en béton et… Je ne voyais aucun intérêt à le contredire. Il m’a donc appris à être un homme classe, respectable et charismatique. Je l’ai quelque fois accompagné pour des repas d’affaires mais, soyons honnêtes, je mettais ses associés trop mal à l’aise. J’ai rapidement été consigné, bien malgré nous, dans ma chambre, à étudier et à lire. C’est là où j’ai compris beaucoup de chose sur ma véritable nature.

Arrogant
Cette éducation a cependant eut des… Défauts quant à mes relations sociales. En plus d’avoir une aura que tous déploraient, la richesse de ma famille et les us et coutumes enseignés, accentuèrent certains de mes traits de caractère. Pédant, méprisant ; je suis un excellent orateur, grâce à des cours particuliers musclés, or les gens pensent souvent, de ce fait, que je suis surtout un excellent menteur. Je dirais plutôt que je sais bien manipuler la plèbe, et, bien qu’on ne me donnerait pas le bon Dieu sans confession, je suis dans la capacité de vendre aux contribuables un aspirateur là où il n’y a pas de poussière.
Mais cela n’a pas eu que des désavantages. L’essentiel réside dans le fait que je sais parfaitement me conduire en société. J’ai appris les bonnes manières et à faire semblant d’avoir une âme, des sentiments, des sensations… Par mimétisme parfait. Je sais donc être galant et courtois ; je suis d’excellente compagnie dans des repas mondains et sait faire de mes particularités un atout majeur. Où je passe, personne ne m’oublie.

Objectif
Même si on ne m’aime pas, on me trouve utile, intelligent, lucide et vif d’esprit. Lors de mes études, pour entrer dans le VICAT, on m’a souvent envié ses particularités et mon sens aigue de la déduction. Mon œil, dit impitoyable, repérait sans peine le plus infime indice, le plus improbable des criminels. Comme si je savais d’avance ; comme si je connaissais le mal et que je le percevais mieux que quiconque. C’est dommage que je n’aie pas passé les tests psychologiques.
Cependant, à ce jour, 100% des enquêtes sur lesquelles j’ai été appelé ont été résolues. J’ai un taux de réussite parfait, pour le plus grand déplaisir de certains agents.

[…]

Qualités : Passe partout, poli, courtois, galant... Riche et puissant et, comme tout hérésie, insensible à la douleur, tant physique que psychologique... Dantès est un hérésie rare et unique, calme et discret de par son génotype improbable

Défauts : C'est clairement un sociopathe, cannibale (oui oui), imbu de lui-même, rancunier, cruel, marmoréen, dangereux, terrifiant

Phobie : Aucune, un hérésie n'a peur de rien, il fait juste passer le temps

Obsessions : Devenir encore plus parfait, et récupérer quelques années de vie en mangeant des coeurs humains

✤ Occupations Pour lui, aucune nécessité d’organiser son temps en fonction d’un vampire, étant donné qu’il ne porte aucune marque - grand bien lui fasse, avec ses tendances sadiques il serait même peut être directement tué. Il peut donc occuper ses journées et ses nuits à tout ce qui l’intéresse, ce qui se résume à lire, s’instruire, et se mettre en chasse d’hommes et de femmes prometteurs.

Il lui arrive, aussi, de participer à des enquêtes au sein de le VICAT, une section criminelle qui, pour l’heure, est restée purement humaine. Ses ascendants sont complètement inconnus au sein de l’équipe qu’il intègre sporadiquement pour élucider des meurtres.
Cette occupation l’amuse et le distrait, il peut mettre en pratique ce qu’il lit et ce qu’il apprend. Peu apprécié humainement, Dantès est cependant un élément dont l’équipe n’est pas encore capable de se passer -et ce, même s’ils savent que le riche héritier a loupé ses tests psychologiques.

Ils ont bien parlé, quelque fois, d’engager un médium, mais personne n’a encore donné le feu vert.

✤ Manies, habitudes & goûts Il ne fume pas, boit peu, mange équilibré.

Sa journée ne commence pas sans un thé et un verre de jus d’orange.

Il s’endort souvent avec la télé allumée sur des émissions absurdes qu’il met en sourdine.

Il lit beaucoup, tout le temps, partout, en toute circonstance.

Il apprécie la viande saignante, la cuisine française, les fruits, le luxe, l’argent, l’art, sa liberté relative, sa tranquillité, l’escrime et être seul.

Il méprise l’autorité, les légumes en général, le bruit, les transports en commun, la bouffe chinoise et le désordre.

✤ Influence Dantès est un sociopathe ascendant Beeleth.

Même si ses origines ne sont pas nettes - Beeleth n’est jamais directement venu lui dire qu’il influençait son karma - Dantès l’a déduit au fil de ses lectures. Et puis, il a estimé que les autres probabilités démoniques ne lui correspondaient vraiment pas.

Dantès aime donc la peur, qu’importe sa provenance. Il lui semble pouvoir s’en nourrir et la sentir à des kilomètres à la ronde ; une personne qui est terrifiée provoque chez lui un enthousiasme malsain et morbide.
Chaque fois qu’il s’apprête à tuer quelqu’un il se prête à des expériences avec ses capacités - tout le monde à peur de mourir, en jouer n’est alors qu’une formalité - sortes de petits challenges purement meurtriers. Ses victimes sont alors paralysées par la peur ; certaines se sont défenestrées quand d’autres ont fait une crise cardiaque. Rien n’est jamais trop théâtral pour le cannibale qu’il est. Tellement bien que, désormais, beaucoup de personnes sont mal à l’aise en sa présence, comme s’il attisait cette peur dont il aime profiter, complètement inconsciemment.

✤ Alchimie Dantès s’est bien penché sur l’alchimie et a lu de nombreux ouvrages la concernant. Cependant il trouve le concept long, fastidieux, inefficace et impropre à un hérésie, puisque cette pratique peut aussi être utilisée par les humains qu’il aime tant détruire.

Il ne voit aucun intérêt à pratiquer cette discipline, qui lui fait plus penser à un placebo pour les nuls sans don particulier. Sans parler que, pour lui, la pierre philosophe est un mythe aussi risible que la licorne ou la fée clochette.

Il laisse ça à ceux qui ont du temps à perdre, pour l’heure changer une tasse en mug ne lui est d’aucune utilité.

✤ Convictions
Que pensez-vous de la révélation ?
Qu’elle n’avait pas lieu d’être. L’humanité à juste mis un nom et une image sur ce qui lui paraissait étrange, mais je pense que beaucoup auraient continué à vivre mieux sans ça.

Préférez-vous avant ou après la révélation ?
Avant, sans aucun doute possible. Cette révélation n’a eu d’effet que de me gâcher la vie et de favoriser celle des races les plus populaires. Nous autres, hérésies, sortons à peine de l’Ombre parce que notre provenant et notre nom ont été de trop nombreuses fois sali. Tout ça n’arrangera jamais le trafic sous-jacent et les pactes qui ont été fait il y a des centaines d’années.

En résumer cette révélation hypocrite et égoïste m’a fait me replier dans le Vermont, loin de tout et de tout le monde. J’ai foiré mes études, ma vie, et j’ai sagement attendu que quelques endoctrinés viennent me kidnapper. Après tout, tout ce qui était surnaturel devenait visible et accepté par la plèbe… J’eus l’impression de vivre avec un panneau lumineux au-dessus de la tête pendant une trop longue année, avant de m’essayer à ressortir de mon trou. Finalement, certaines guerres intestines étaient plus importantes qu’un discret hérésie.

Il n’empêche que de tout ça, je n’en approuve pas la moitié.

✤ Signes particuliers Dantès est un enfant du diable jusqu’au bout des doigts… Ou du moins de la peau. Maudit de par sa nature d’hérésie, ce dernier était déjà profondément cruel dans le ventre de sa mère et il ingurgita son jumeau in utéro dans ce que l’on appelle un chimérisme complet. Il possède donc deux génomes distincts (l’ADN de ses cheveux ne correspondant pas à celui de sa salive ni de son sang par exemple). De plus il est pourvu des lignes de Blaschko, c’est-à-dire que sa peau est un véritable patchwork marbré de deux pigments de peaux différents striant bizarrement son dos – ça forme un espèce de V. C’est donc sans surprise qu’il fut pourvu de deux paires d’ailes – non symétriques -, bien qu’aucune queue ne lui poussa.

Par contre, ses oreilles sont en pointes et ses cheveux très longs et très blonds – à la limite du blanc – contrastant avec ses sourcils très noirs, font de lui un hérésie unique et limite angélique.

Dans les particularités plus classiques, Dantès est très grand – 1m91 – et a atteint un niveau quasiment professionnel en escrime, il manie à la perfection les armes blanches.
Il est polyglotte et parle le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol, le portugais et l’allemand.
Il possède un don pour le dessin et le chant, et a probablement une mémoire eidétique qu’il n’utilise pas complètement.

Dans les particularités plus gustatives, Dantès se nourri de cœurs humains, persuadé que ça peut rallonger sa vie ou, au pire, l’aider à atteindre une perfection inégalable. Toutes les personnes qu’il tue sont pourvues d’un don précis qu’il aimerait posséder.
Il dévore les cœurs crus, chauds, encore battant et tue ses victimes en leur insufflant une peur sans pareille. Elles sont choisies et étudiées. Dantès ne tue jamais au hasard et enquête, à ce jour, sur ses propres crimes.

Mon père, Jack Giorgio Shakespeare, est né dans une famille aisée londonienne, d’une mère italienne et d’un père anglais. C’est donc tout naturellement qu’il devint un riche homme d'affaire anglais, avide de pouvoir et assez ambitieux pour que sa carrière se déroule sans encombre.
Ma mère, Kate Scott, quant à elle, est née dans une famille modeste, à la périphérie new-yorkaise. Son physique presque parfait la fit repérer par des managers enchantés qui lui firent parcourir le monde pour des séances photos grandiloquentes.

Et puis, un jour, elle fit une escale à Londres, dans l’un des hôtels de luxe de mon père. Ils se sont vu et, à entendre Jack raconter leur histoire, ce fut un coup de foudre, un truc à leur couper le souffle. Peu crurent en cette idylle tant elle était improbable. Mon père est un homme court sur patte et, à cette époque, il avait déjà une calvitie naissante qui le mettait très peu en valeur.
Pourtant, Kate succomba. On pensa que ce fut pour l’argent, pour la gloire, pour se faire voir… Mais l’histoire dura et elle préféra abandonner sa carrière pour honorer comme il se devait celle de son conjoint. La seule chose qu’elle demanda à Jack fut de revenir en Amérique, où ils se mirent d’accord pour le Vermont. Une région isolée et calme, où elle pourrait profiter paisiblement de sa retraire anticipée. Ils s’offrirent une villa, avant de s’offrir un somptueux mariage.

C’est donc très peu de temps après ce mariage qu’ils décidèrent de concrétiser leur union par un enfant. Ou comment se prouver encore plus fort leur amour… Mais Kate fut plus difficile à engrosser qu’il n’y paraissait. Elle eut des problèmes, fit beaucoup de fausses couches, se replia sur elle-même, se rapprocha des médecins les plus prestigieux, se lança dans des traitements hors de prix et fatiguant… De la douce New-Yorkaise, il ne resta bientôt plus qu’une ombre, elle sombra rapidement dans la dépression, pria plus que de raison, suppliant le ciel de lui offrir un garçon. Alors le ciel répondu à son appel… Ou du moins, les Enfers.
Elle tomba enceinte, comme si ses supplications avaient été entendues. Mais la gestation fut rude, Kate se métamorphosa, ses cheveux finirent même par blanchir, elle était à bout de force, elle avait les yeux cerclés de cernes noires, ses joues pleines et rosées étaient creusées, grisées par un manque de sortie évidant et une asthénie frappante. De son tendre mari, elle ne supporta même plus la présence. Elle lui faisait peur paraît-il. Il lui apportait sa nourriture sur la pointe des pieds et, sans même prendre de ses nouvelles, ressortait de son antre sombre.

Elle resta couchée pendant 7 mois, faisant venir docteurs et sages-femmes pour se faire suivre sur place. Cependant, jamais elle ne prit compte de leur remarque quant à cette grossesse gémellaire difficile. Tous ces médicaments, ces piqûres, cet épuisement accumulé n’était, selon eux, absolument pas propice pour enfanter convenablement.

Les échographies avaient révélés rapidement l’absence d’un des deux embryons, mais elle avait stipulé que, tant qu’il en restait un, elle ne bougerait pas. Elle sauverait le plus fort.
Moi
L’accouchement ne fut qu’un remake désastreux de ces 7 mois passés couchée : Horrible, saignant, douloureux, criard. Mon père ne s’est jamais épanché sur ce récit dément. Un jour, il m’a juste demandé si j’avais vu l’Exorciste et, après ma réponse positive, il enchaîna sur un : - Et bien, ce jour-là fut comme si je vivais ce film en 100 fois pire, d’un ton qui me laissa véritablement imaginer le pire.

Mais je me doute que voir sortir d’une femme un enfant blanc, zébré, ailé et cornu ne devait pas être une partie de plaisir transcendante. Les sages-femmes présentes – les seules que ma mère avait laissé entrer – conseillèrent à mon père de ne pas reconnaître l’enfant, de faire entendre raison à Kate pour qu’elle accouche sous X et, enfin, quand elles me virent boire à son sein comme un démon, supplièrent Jack de me tuer – elles avaient, soit disant, de quoi faire croire que j’étais mort-né.
Jack refusa, béat et vide. Il ne se sentit pas père, mais savait qu’il serait incapable de retirer à sa femme cette… Chose horrible. Il se promit qu’il m’aimerait vraiment, qu‘il se forcerait.

En attendant, et aussi bizarrement que cela puisse paraître, Kate ne succomba pas à cette naissance anormale. Par contre, elle ne laissa personne s’approcher de moi pendant plus de dix ans.
Je me souviens d’elle comme d’une femme hideuse et trop protectrice, qui engagea des précepteurs aveugles pour ne pas qu’ils se moquent de mes attributs physique disgracieux – effectivement, j’ai gardé cornes et ailes pendant longtemps. Elle m’appelait ‘Mon Petit Prince’ et aimait me caresser les cheveux pendant des heures. Elle me murmurait des choses, dans des langues étranges et probablement mortes, avant de déblatérer sur la bonté immonde et l’hypocrisie du monde. Elle me récita sans relâche des versets de la Bible et me raconta des histoires absurdes, de fantômes et de démon, me persuadant que mon physique était normal et que c’était les autres, le Mal véritable. Elle obligea rapidement mon père à quitter la villa.

Et puis… Elle se suicida.
Ce fut aussi simple et aussi radical qu’un suicide. Je dois cependant avouer que, ça faisait quelques temps déjà qu’elle ne m’approchait plus, qu’elle ne se nourrissait presque plus, qu’elle se promenait à moitié nu d’un air absent… Mon apparence qu’elle trouvait, dans les premières années, si gracieuse, finit par la terrifier plus que de raison.
Ainsi, mon père put revenir jouer son rôle d’homme censé. Il me fit opérer l’année de mes 11 ans et me présenta à 12 ans aux médias, me reconnaissant publiquement pour la première fois. Ma vie fut soudainement beaucoup plus classique et beaucoup plus perturbante. D’une séquestration douillette, je passais à une sursocialisation dérangeante. Je n’avais plus de précepteur, on m’envoya dans une école privée où personne ne m’aimait. Les enseignants faisaient de considérables efforts, mais je comprenais bien qu’il y avait un truc qui foirait dans leur délicate attention. Ils avaient peur de moi, pensant que j’aurais pu leur refiler la maladie du suicide.

A l’école, je n’ai jamais brillé par mes notes, encore moins par mes relations humaines. Je n’avais que peu d’amis, voire pas du tout selon les périodes, mais cela ne me manqua jamais. Je n’ai, véritablement, jamais ressenti le besoin oppressant d’avoir des contacts avec les autres, ni ne me suis senti triste lorsque je rentrais seul chez moi, le soir, avec personne à qui raconter ma journée.
Je me contentais de passer de classe supérieure, en classe supérieure, sans ambition particulière, ma destinée étant déjà toute tracée. Du moins jusqu’à ce que mon père, apercevant ma passivité flagrante, me menaça de me déshériter en me forçant un peu la main pour trouver mon chemin. J’ai franchement râlé, hurlé, tonné, et je l’ai terrifié… Il m’a donc conseillé de partir de la villa pour apprendre la vie. Alors j’ai pris mes affaires sous mon bras et je suis parti. J’ai jeté mon dévolu sur un appartement banal de New-York, pour être loin de mon père et du Vermont.

L’intégration fut plus ardue qu’il n’y paraissait. Tout d’abord, parce que je n’avais aucune base de socialisation, mais surtout parce que les Êtres sont cruels entre eux. On se moqua beaucoup de mon apparence atypique pour, finalement, me mettre de côté très naturellement. Je ne m’en formalisais pas, mais je compris aussi qu’il était impossible de réussir ma vie sans une once de sentiments, feints ou véritables. L’Homme a un besoin primaire qu’on lui réponde par des codes - par SES codes. Lors de lecture je m’aperçu que c’était pareil avec les animaux ; pour pouvoir communiquer avec eux il ne fallait pas s’attendre à ce qu’ils utilisent notre langage, c’était alors à la race supérieure de faire un effort considérable - une gymnastique linguistique éprouvante qui montrait malgré tout un bilan positif. Alors j’appris à parler l’humanoïde - à sourire en même temps qu’eux, à m’indigner et pleurer pour les mêmes événements risibles. Et, au-delà de toute attente, cette attitude eu rapidement des résultats. On me regarda enfin et on me considéra. Je ne fus jamais le plus populaire des garçons, or j’avais un cercle de connaissances importantes qui me permit de tisser ma toile sociale. Mes notes explosèrent, et je saisis là toute l’importance d’être hypocrite.

Naquit alors l’ambition. Parce que la mondanité engendre les jalousies.
On envia mon nom, ma fortune. La perfection de mes bulletins. On supputa que mon père distribuait des billets pour que son fils soit apprécié. On me détesta pour mon intelligence, mon simulacre d’amabilité. On essaya de me poignarder dans le dos, de me ridiculiser et, ce que j’avais pourtant réussi à déjouer dans un premier temps, me revint en plein dans la face. L’effet boumerang. Je fus beaucoup moins patient, nettement moins enclin à accepter ces niaiseries et ne m’instruit pas sur la débilité humaine. Sur ces sentiments absurdes d’infériorité qui vous pousses, vous autres, à écraser ce que vous ressentez comme une menace.
Alors, au lieu de leur donner tort, je leur ai donné raison. Je les ai terrorisé, ridiculisé, lynché, j‘ai brisé la réputation des plus virulents. Je m’imprégnais de leur perversité pour la leur rendre au centuple. A la fin, je savais ce qu’ils allaient faire avant même que l’idée ne traverse véritablement leur esprit.

C’est donc naturellement que je choisi de poursuivre des études dans le profilage. Du moins en psycho-droit-crimino-victimologie en Alabama.

J’ai étudié jusqu’à pas d’heure, pour être le meilleur.
J’ai même eu une relation longue avec une femme, pour être normal.
Et entre les deux, j’ai cherché la perfection. Comme je ne la trouvais ni dans les livres, ni dans le travail, j’ai essayé de la chercher ailleurs.

Dans les autres. Dans le centre de l‘autre. Dans leur Cœur.

De l’érudit au surdoué, je les ai tous tué. Emmitouflé dans une combinaison, je les ai étudié, je me suis introduit chez eux sans effraction, je me suis promené dans leur maison quand ils ne savaient même pas que j’étais là, et enfin j’ai délivré leur âme. Souvent, juste ma silhouette dans leur champ de vision suffisait à les paralyser de peur. Dans leurs yeux passait un éclair de surprise, une supplique muette et une évidence mortelle. Ils savaient avant de voir mon arme ; ils comprenaient à la position de mon corps, à mon regard, que je n’étais pas homme à annuler mon sinistre planning. Souvent, ils ne luttèrent pas - je me souviens même d’un deux qui fit une crise cardiaque.
A mon premier meurtre, j’ai ressenti une puissance hors du commun. J’ai ressenti en moi, au fin fond de moi, les ténèbres m’engloutir d’un voile noir, tiède et réconfortent. D’un voile qui avait toujours été là, mais que je m’étais toujours résigné à rejeter. Ce soir-là, ma véritable nature me fit écho et j’ai dévoré, sans réfléchir, le cœur d’un homme.

Cela dura des années, avant que je ne me lasse, et de ma vie et de mon amie. J’ai tout arrêté, subitement, en prenant la décision de terminer mes études dans l’une des meilleures écoles du pays en Virginie. Personne ne comprit, il y eut des pleurs dont je ne me formalisai pas, et des cris que je n’écoutai pas.

La dernière ligne droite était amorcée, brillante de gloire, précieuse à mes yeux. J’en oubliai même ma vie sociale, qu’il était si important de montrer aux autres, et me jetai corps et demi-âme dans mes études, pour pouvoir atteindre mon but et plus encore.
Mais c’était sans compter sur la providence, qui se foutait de mon avenir comme de ses premières déceptions offertes. Et lorsque j’ai levé les yeux sur un téléviseur des années 50, dans un réfectoire disgracieux, la veille de mon examen psychologique, je les ai tous vu. Ces êtres pédants et cette déclaration enflammée sur leur existence. Les vampires faisaient leur coming-out, acclamés par une foule qui ne saisissait rien des enjeux de l’underground. Ce fut l’une des premières fois où j’ai, vraiment, été furieux. Je me souviens m’être violemment levé et avoir balancé à travers la pièce tout ce qui me passait sous la main…

Et tous autour de moi hurlèrent de terreur comme des possédés habités par une peur qui n‘était pas la leur.

C’est sans surprise que j’ai raté mes tests. Je fus refoulé aux portes du VICAT apparaissent comme quelqu’un de travaillé et d’instable, voire de paranoïaque et donc impropre à intégrer une organisation comme celle-là.
Vexé, je suis rentré au Vermont sans même prendre le temps de récupérer mes affaires, dans ma charmante maison de Virginie. Je suis directement allé chez mon père, qui m’accueillit à bras ouverts - il n’a jamais fait le rapprochement entre ma naissance et les CESS pour être tout à fait honnête, il s’est persuadé voilà des années que j’étais un enfant parfaitement normal. Pour me réconforter de mon échec il m’offrit des parts de sa société avec lesquelles, une fois qu’elles eurent fructifiées une année durant, je m’achetai une belle maison de maître dans les confins du Vermont.

Ma vie reprit alors une mécanique bien huilée. Si lors de ma première année dans le Vermont je ne sortis pas, ou peu me contentant de me documenter en attendant la suite des évènements, dans les mois qui suivirent tout se bouscula à mon avantage. Le VICAT me rappela pour me proposer de les aider sur une enquête - mes résultats aux tests leur avaient tout de même tapé dans l’œil. Je les laissai mariner quelques jours avant d’accepter leur proposition, repartant sur la même lancée pour la Virginie, puis pour l'Illinois, où nous résolûmes l’affaire en moins de 6 mois. Quand je rentrai mon père me fit participer à bon nombre de repas d’affaires avant que, de comme un accord, il ne m’en fasse simplement que des comptes rendus. Je profitai de ces moments de flottement pour me documenter sur tout, mais surtout sur rien, tentant le plus possible de ne pas penser à tout ce que je pouvais voir comme aberration dans les médias. Quelques temps après le VICAT me re-contacta, pour me proposer, cette fois, un poste de consultant - sporadique, bénévole, mais attrayant. J’acceptai de suite et, avec eux, je pus parcourir le pays bien que je n’ai jamais eu de droit véritable.

Enfin, un jour que j’étais tranquillement installé dans mon fauteuil, j’eus un appel de Matthew, l’un de mes collaborateurs à la VICAT. Il balbutia quelques mots, m’envoya quelques vannes - il ne m’a jamais apprécié - et fit traîner en longueur sa réjouissante demande. J’étais attendu en Virginie, dès le lendemain, pour parler d’une nouvelle affaire.
Et quelle ne fut pas ma surprise, le lendemain en arrivant dans les locaux, en apercevant sur les murs, les photos de mes propres crimes. Je pris ça comme un jeu, sachant d’avance que cette enquête aller gâché mon palmarès - parce qu’il était évident qu’on ne mettrait pas la main sur Moi.

Avec une petite équipe nous partîmes pour l’Alabama, où nous présumions que tout avait commencé, avant de se rendre à Shreveport, où une grosse partie des familles des victimes avaient visiblement déménagée.