✤ Traits de caractères Elle aligne les siècles comme on aligne les années et au bout du compte, elle ne sait plus trop, à combien elle en est, qui elle est, femme ou homme, elle a été les deux, les prénoms elle en a eut tant, des existences qui au fond finissent toutes par se ressembler, à la fin, elle est toujours seule, dans l'obscurité, scrutant sur son vieux grimoire la vieille et même éternelle recette, l'immortalité, elle a finit par la trouver, changer de corps, il suffisait de le faire, de le trouver. Peut-être aussi qu'il lui a fallu de la chance, éviter les accidents foireux, les poisons, les maladies et les tentatives de meurtre. Au bout du compte, elle ne sait plus. Sa mémoire vacille, lui fait défaut. Tout ce qui demeure c'est cette certitude, qu'il faut tenir jusqu'au bout, qu'il faut continuer, encore et encore, et qu'un jour, la couronne reposera sur son crâne. Elle y croit dur comme fer, qu'un jour elle y arrivera. Prendre ce trône qui de droit lui revient, du moins en est-elle convaincu. Le seul ennuis, c'est qu'à chaque nouveau visage, elle repart à zéro. Elle se perd dans la vision que les autres en ont, d'elle, ou de lui, qu'importe, dans son apparence chétive, fragile, puisque cela est nécessaire, pas pour se cacher, mais parce ce sont les seules proies qu'elle parvient à capturer. Il faut les envoûter, se faire aimer d'eux, les pousser à vous appartenir entièrement, pour pouvoir les contrôler entièrement, et à chaque fois il y a cette petite mort, quand elle se tue, élimine l'autre, et la dernière trace, c'est comme effacer une ride, tourner une page. C'est s'oublier aussi. A chaque fois.
Revenir à zéro ou presque, à chaque existence, à chaque page qu'elle tourne, dans un corps inconnu, où elle doit apprendre à tout faire, à manier un pouvoir inconnu, à vivre avec une apparence faible et fragile, être une femme, aujourd'hui c'est peut-être plus facile, pourtant épreuve à chaque fois, de comprendre à quel point l'on est privé de pouvoir, en tout domaine, vaincu d'avance, résignée. Sa beauté est un leure au même titre que son âge, tout ce savoir en elle, qui ne peut être utiliser, cette magie qu'elle doit à chaque fois apprivoiser, chaque magie est différente, chaque être diffère. Elle se demande parfois si tout cela en vaut encore la peine. Parfois elle se demande comment tout cela a commencé. Si tout cela a vraiment commencé ainsi, par un coeur se brisant. Etait-elle vraiment cette femme qu'on a évincée, cette enfant que son père a renié, que l'homme à qui elle a offert son coeur l'a repoussé, était-elle vraiment la fille d'une sorcière possédée par un démon et d'un mage noir ou bien a-t-elle finit par tout inventer? Elle ne sait plus. A-t-elle été un homme ou une femme? La seule chose qu'elle sait c'est que la magie seule importe. Cesser d' l'exercer c'est se perdre. C'est tout ce qui lui reste. Elle sent son coeur s'épuiser à la tâche mais si elle abandonne alors elle perd tout.
Alors, elle agit comme une belle salope, pensant avoir toutes les raisons du monde, excusant son égoïsme monstrueux, sa glaciale cruauté, reine des garces, elle n'a même pas conscience de ce qu'elle peut faire, puisqu'elle n'a pas conscience de l'autre ou si peu, ne s'en souciant que s'il l'étonne, s'il l'amuse ou s'il éveille son intérêt d'une manière particulière. Chose somme toute rare. Égoïste par nature, monstrueusement dédaigneuse et froide, elle n'accorde aucune importance aux trajectoires des destinées qu'elle écourte généralement pour son propre profit. Les autres ne sont rien, qu'une ombre ou une lueur, vacillant un bref instant. Il est remarquable de constater qu'elle a la même opinion vis à vis des autres créatures, les vampires sont des créatures damnés et maudites dont la situation infâme lui semblerait à elle insupportable, les loup-garous sont à ses yeux l'objet d'une vulgaire malédiction, et si une créature vint à avoir plus de pouvoir qu'elle, la jalousie sera immédiate et totale.
Démente et fervente à la fois, puissance incontrôlable, enfant du démon, créature spoiler ou s’estimant l’avoir été, la réalité se confond souvent chez elle avec le fantasme, la magie noire a rongé sa raison autant que ses corps successifs, la folie la dévore, parfois elle a des crises de démence, qu’elle appelle ses passages, elle pense que c’est un démon qui l’habite, ou bien la magie noire a créer quelque chose en elle, ça subvient quand elle est fatiguée ou confrontée à ses propres contradictions, quand ça a lieu, elle a vraiment l’air une possédée, hurlant, se griffant, se mordant, elle est frénétique, c’est sans doute une maladie mentale se développant chez elle, mais ça, c’est impossible à déterminer très clairement.

✤ Occupation diurne Tenant une boutique de magie, qu'elle a racheté via une manipulation assez obscure qu'elle avait réussit à faire sous sa précédente enveloppe afin de bénéficier d'une certaine fortune, juste assez pour redémarrer une nouvelle vie, nouveaux papiers, nouvelle identité, bref la totale. Un vrai casse-tête chinois pourtant inévitable vu la condition de la demoiselle. Toute nouvelle enveloppe impliquant un redémarage à zéro. Avant que tout souvenir s'échappe, ne s'efface, elle note consciencieusement tout sur une feuille qu'elle laisse à sa propre intention. A moins de ne souhaiter vivre en marge totale de la société, manoeuvre absolument nécessaire. Une fois établie, une fois la boutique achetée, parfaite couverture lui permettant de vendre ses services et ses talents, elle a donc commencé à proposer des petites choses comme des poisons, des potions, des artéfacts magiques pour collectionneurs avertis ou pas, jusqu'à des malédictions, bien souvent elle n'agit pas elle-même, mettant en relation les bonnes personnes. Cela lui donne néanmoins une confortable rente, en plus de la boutique dont elle doit s'occuper bien que le fait qu'elle puisse constamment dans les réserves implique un sacré manque à gagner. Mais il semble que la richesse ne soit pas ce qu'elle recherche puisqu'elle vit dans une baraque tombant en ruine ressemblant à un taudis ou bien à un musée des horreurs.
En dehors de cela, elle tient aussi des réunions secrète dans la cave de sa boutique, des réunions qui ont été l’idée de Shamina à la base, une employée dévouée qui s’est vite taillée une place d’assistante de premier choix, de bras droit. L’idée était de fournir aux sorciers paumés un endroit où ils seraient protéger, mais l’ambition a poussé le petit groupe à se dégotter une activité illégale de trafique d’artéfacts, grimoires interdit par la BC et autres objets magiques d’importances plus ou moins légaux. Ces réunions lui permettent d’avoir un rôle, ce n’est pour elle qu’un jeu, qu’une occupation, elle est incapable de voir les choses autrement.

✤ Manies, habitudes & goûts Ses manières, sa façon de parler légèrement désuète, son accent français fortement marqué, son manque total de parvenir à faire quoi que ce soit avec tout objet informatique ou tout simplement moderne, son côté enfantin face à un problème, la manière dont elle se mord la lèvre, donc elle mâchonne ses cheveux ou n'importe quoi, son air renfrogné, sa fierté aussi, farouche et obstinée, son regard qui vous pénètre complètement, ses silences, son regard qui se voile facilement, sa fragilité, son coeur qui bat à s'en rompre, les cernes sous ses yeux, ce corps si fragile qui semble déjà si vieux comme si toutes les années qu'elle avait volé venait la privé de vitalité, cette vieillesse dans son regard, son attachement envers la musique, la manière dont elle se balance d'avant en arrière, ses absences aussi, ces moments où sa mémoire s'échappe hors d'elle, cette expression qu'elle a parfois, de petite fille perdue, se sentant seule, ayant peur dans le noir, et cette rage absolue qui vient de nul part, ce besoin de se raccrocher à quelque chose, quelqu'un, ce besoin vital, sa manière de vous parler avec une voix enfantine et parfois sa voix tonnant comme l'orage. C'est comme si elle allait soudainement disparaître ou si elle n'avait jamais été qu'un mirage. Absente et à la fois présente, créature étrange et onirique. Résolument dérangeante. Monstrueuse et abominable création de la distorsion du temps, et du besoin résolu d'être immortelle.
Il y a en elle quelque chose d'à la fois terrifiant et de résolument excitant. Femme avant toute les femmes, elle est la féminité, l'incarnation même de la sensualité, sa bouche s'ouvre comme pour murmurer fantasmes impossible et promesses d'une sexualité débridée. Ses cuisses elle les ouvre à sa guise, non pour le plaisir qu'elle en tire, mais le pouvoir qu'elle en retire. Les hommes, elle l'a compris depuis longtemps, détiennent les rennes. Museler sa fierté, supporter l'humiliation, la femme ayant vécu tant de siècle l'a appris, et désormais, elle surmonte tout cela, l'utilise. Revanche, oui, mais sur quoi? sur qui? elle l'a oublié. Sa quête impossible, son coeur noyé par la haine, froide et noire, épaisse et opaque, elle en a oublié la cause. Y a-t-il jamais eu d'homme broyant son coeur, ou y'en a-t-il eu inlassablement des dizaines, des centaines? Impossible de savoir, de s'en souvenir. Elle est femme tout simplement, et une femme possède un pouvoir certain entre ses cuisses.

✤ Magie utilisée
LA VOIE DE L’ESPRIT
L’avantage de posséder le corps de sa descendante, c’est qu’elle développe à fortiori les mêmes talents que soi-même. C’est ainsi que hôte et nouvel habitant partage la même faculté. La lecture des pensées, télépathie est parmi ses pouvoirs de base, possédé à sa naissance, cela s’effectue principalement par des visions, d’une image ou d’une scène, ça peut être un souvenir ou bien une probabilité d’un futur envisagé. Le point négatif de la télépathie c’est que avec l’usage forcené de la magie noire, il arrive que son pouvoir merde, et que ce soit ses propres pensées qu’elle projette dans la tête des autres. La lecture de l’âme est un pouvoir développé tardivement, relativement instable, ce pouvoir permet à celui qui le possède d’entrer avec celui partageant son regard, et une bonne dose de chance, d’avoir la possibilité de voir l’âme de l’autre, l’ennui c’est que l’autre peut aussi voir votre âme. Pas top quand on a une âme aussi noire que la sienne.
Enfin, il y a une dernière capacité, lié à l’hôte, dont elle n’a prit conscience que très récemment, la capacité à absorber les peurs d’autrui. Un pouvoir qui a rendu folle son hôte. Un pouvoir qu’elle ne contrôle pas encore et qui n’a pour elle pas grand intérêt car elle ne sait pas encore comment renvoyer ce qu’elle absorbe.  Ca a tendance à la parasiter plutôt qu’autre chose.

RITUELS, POTIONS & ILLUSIONS
Les rituels et potions sont en revanche des domaines qu'elle maîtrise infiniment mieux. Bien qu'elle n'ai que peu de souvenir de ses existences passées qui ressemblent plus à des vies antérieures tant cela est ténu dans sa mémoire, elle conserve une bonne connaissance des rituels. Cependant leur application est un tout autre problème quand on pratique une magie résolument noire, égoïste, conçue uniquement pour jouer avec les autres afin de faire perdurer son existence, la rendre plus forte, le tout en croyant en de très anciens dieux, pas des plus sympathiques ni tolérants. En effet, quand on pratique la magie noire alors que le corps qu'on occupe a fait durant des années de la magie blanche un problème se pose. La magie blanche et la magie noire ne peuvent cohabiter ensembles. Il y a souvent des incidents ainsi. Des rituels qui s'inversent, font l'exact opposé de ce qu'ils étaient supposés faire, se retourne contre elle, ou simplement des potions qui lui explose au visage.

LES CONTRE-COUPS
En dehors des soucis dû à la cohabitation de deux magies très distinctes, il y a aussi les contre-coups de la magie noire à prendre en compte, ainsi qu'un rejet occasionnel de l'âme envahissante. Parfois elle se retrouve subitement éjectée en dehors de son corps, son esprit voyant son corps tombant inanimé. Cela peut duré au maximum quelques minutes avant qu'elle réintègre son corps. Il y a aussi la fatigue inévitable, le corps s'épuisant très vite. Les vertiges, la nausée, les évanouissements, douleurs nerveuses subites et sans raisons, migraines plus ou moins intenses, sont monnaie courante quand on utilise la magie noire, et la demoiselle y est pourtant habitué, épuisant chaque corps jusqu'à la corde avant d'en changer.

LES DIVINITES
Ne croyant pas à un dieu unique, n’y ayant jamais cru, elle pratique une magie plutôt rouge techniquement, car elle croit aux dieux anciens, et même à de très anciens, elle vénère la nature, elle vénère Kali, mais d’autres aussi, toutes des déesses, bizarrement, elle croit que les dieux masculins sont sans partage, violent ou tendre, bons ou mauvais, qu’ils ne connaissent pas la dualité de l’homme, les femmes si, les divinités féminines ont toujours deux faces. Elle les prie, leur dédie des statues disposées un peu partout, et leur demande de veiller sur elle. Parfois, elle leur fait des sacrifices.

LA BLANCHE CONFREFIE
La reine du mal a eu bien des aléas avec la Blanche Confrérie, dont pourtant elle a fait parti un temps, avant d’être traqué par elle. Dans son esprit dément il lui apparaît en de vagues souvenirs incertains, des images délavées, aux couleurs impossibles, aux coins racornis, qu'elle a été abusée, trahie, traînée sur le bûcher, tuée, torturée, maintes et maintes fois, et à chaque fois le nom de la Blanche Confrérie lui donne des frissons glacés, l'envie de vomir, et de se réfugier dans une grande baignoire, de s'y noyer, d'y disparaître. Souvenirs falsifiés, cela est possible, néanmoins la conviction s'est confortablement et durablement installée et il sera difficile de l'en déloger.

✤ Convictions Révélation. Ce mot la rend parfois hilare. D'autre fois, il la laisse simplement indifférente. C'est le destin d'autres créatures dont la fin ne l'intéresse pas. Elle observe leurs actes, leurs décisions, leurs cris avec une parfaite indifférence se muant parfois en curiosité morbide. Détruisez-vous petits soldats de plomb a-t-elle envie de murmurer, faite la guerre mais alors faites la bien, et surtout laissez moi tout observer, tout détailler, tout noter, tout photographier, laissez moi être la mère de vos peurs, n'oubliez pas ce que je suis, la peur du noir, le monstre caché sous votre lit, et de toute façon, elle n'y croit pas, à ce monde, à ses lois, elle est au-dessus de tout cela, elle est une créature divine, qu'on a oublié de vénéré, qu'on a oublié de regarder, et cela la met dans une rage folle, lui donnant envie de tous les tuer, de leur arracher leur coeur maudis et brûlant, de lacérer leur chair, et d'observer le carnage. Le chaos, voilà ce qu'elle admire, et l'ordre ce qui la répugne, mais au fond, en quoi tout cela peut-il bien la concerné? Les HA? Quel mot étrange! Cependant elle admire la peur prodigieuse qu'ils diffusent.

✤ Signes particuliers Sur ce corps, encore innocent, il n'y a guère encore de tatouages ou de marques, seulement des cernes violacées sous des yeux clairs semblant plus vieux qu'ils n'y paraissent, un teint un peu blême, des joues où il manque un peu de rougeur, des cheveux gris viennent se mêler dans la tignasse jamais coiffée ou presque, quelques égratignures, le bout des doigts rongés, chaque petit bout de peau limé signe d'une nervosité évidente, et quelques kilos ayant disparus la rendant maigre, un peu trop pour avoir l'air en bonne santé. C'est tout pour le moment. Elle porte bien sûr des talismans, colliers passant pour des breloques, des attaches d'une sorcière envers sa culture, l'apparence cherchée par une vendeuse d'artéfact et de poussiéreux grimoires, mais peut-être que ces breloques ont un réel effet.

Freyja tue pour survivre. Voler un corps, puis pourfendre l’ancien crâne qu’elle occupait encore peu d’un bon coup de masse, c’est la seule manière qu’elle ai trouvé pour survivre. C’est papa qui la lui a enseigné. Papa savait y faire. Papa était un méchant homme. Les souvenirs sont autant d'épines douloureuse pénétrant sa chair. Elle voudrait les chasser, les éloigner, comme des fantômes auxquels on voudrait échapper. Elle voudrait n'être plus rien, que la froide enveloppe qu'elle laisse entrevoir, la chair épaisse, la peau dure, le regard vague. Ne rien ressentir. Mentir, comme une arracheuse de dent, voilà ce pourquoi elle s'avère les plus doués. Mais mentir n'est pas suffisant. Elle le sait, ils finiront par comprendre, par la percer à jour. Elle joue encore. Elle fait mine de rien. Joue la comédie. Une sacré comédie que voilà. Le sens de tout cela lui échappe, le sens de la réalité s'éloigne et avec lui, sa contenance, sa source, son importance. Elle se raccroche à ce qu'on lui donne, à ce qu'on lui lance. A ces bouts de choses qui sont si ténues. Si minces. Elle voudrait ressentir pleinement, sauf qu'elle peut pas, parce que son être entier est une plaie béante qui ne veut, ne peut se refermer.

Elle vagabonde, ère seule, dans les couloirs plongés dans la pénombre, observant les circonvolutions du papier peint. Ses doigts caressent, délicatement, effleurent, les murs boursouflés. Elle écoute le chant des cris d'une folle qui résonne au sein de l'antique maison. Une demeure oubliée des dieux. Ici tout n'est qu'obscurité, tout n'est que ténèbres. Elle voudrait étaler du rouge sur les murs, ça serait plus joli, plus chaleureux comme ils disent, mais ce mot n'a guère de sens, pas à ses yeux. Ses pieds nus effleurent le bois vernis. Sa propre ombre s'étale devant elle telle une madone inquiétante. Les cris résonnent encore. Elle ne se bouche pas les oreilles, n'hurle pas, se contente de secouer la tête, de gauche à droite, comme si elle entendait à la place des cris terrifiants une douce mélodie. Le silence est déchiré. Ces hurlements injurieux sont autant de blessures, de boursouflures que reçoit la madonne, et cependant, ils sont aussi une douce caresse, le seul amour qu'elle peut espérer, et désirer. Elle voudrait que maman soit fière. Regarde moi, je suis grande maintenant. Maman a toujours eu des caresses à son égard, des mots doux avec d'étranges promesses, elle l'appelait mon antéchrist, ma promesses de l'ombre, elle ne lui a jamais donné de sucettes ni de sucrerie, c'est à peine si elle l'a prit dans ses bras. Cependant, faut pas lui en vouloir. Maman était enchaînée jour et nuit, elle l'est encore, dans la tête de Freyja, elle y sera à jamais. Pourquoi, elle, petite princesse des ténèbres n'est-elle pas attaché à un lit comme maman? Une fois elle a demandé à Papa, et il lui a collé une gifle en lui disant de ne plus jamais parler de ça. Mais Papa est mort maintenant, papa ne pourra plus jamais la frapper, il ne pourra plus jamais l’insulter, ni l’attacher nulle part.

Il l’appelait sa petite démone, maman, mais quand elle n’a plus été utile, il l’a balancé. Dieu sait où. Cette sorcière ne lui a été utile que pour engendré un futur corps, moi. Ce n’est que plus tard qu’il a réalisé son erreur. Ma part démoniaque rendait cela impossible. Il a dû changer sa tactique, il avait planifié cela depuis longtemps je pense, de me prendre mon corps, profiter de tout ce savoir qu’il m’avait inculquer, il pensait que la partie démoniaque en moi permettrait à sa magie noire de s’exécuter plus habilement. Pauvre papa. En voyant son erreur, il a voulu alors m’apprendre à moi aussi à changer de corps, il disait que nous allions parcourir ensemble le monde. Tu es ma fille. Papa chéri, comme si ta fille ne savait pas ce que tu pensais quand elle ouvre les cuisses, comme si elle avait oublié les mauvais traitement, le fait que tu l’ai enfermé pendant toutes ces années dans le grenier, qu’à ses 16 ans pour tout cadeau, tu as sorti une scie et entreprit de lui couper les ailes, qu’elle a cru mourir ce jour là, qu’elle a voulu mourir. Cet homme imbu de sa personne n’a jamais compris, il ne pouvait pas envisager qu’elle puisse ressentir des émotions, qu’elle puisse souffrir, haïr. Quand elle a mis en pratique ses leçons et échanger leur corps, ce jour là, elle était sûr d’elle, comme jamais encore. Son esprit froid était prêt pour le grand voyage. Persuadée qu’il la tuerait avant, qu’il comprendrait et l’en empêcherait, mais il n’a pas su, il n’a pas compris, et il est mort.

Ensuite, il a fallu changer de corps, souvent, très souvent, et les souvenirs ont commencé à disparaître. Ce qu’elle était avant a finit par être dévoré, broyé, dissipé comme des cendres dans l’air. Il n’y avait plus de gamine paumée pleine de colère, il n’y avait plus de souvenir d’une mère à moitié folle la bave au lèvres, attachée, se pisant dessus, se vomissant dessus à longueur de journée, il n’y avait plus rien. Parfois il y avait des effets secondaire, des tremblements, des sueurs froides, des crises de panique, ou d’angoisse, parfois il y avait un souvenir qui revenait, de si loin, et qui la frappait. Parfois il y avait juste la folie. Combien de fois s’est-elle demandé si ce ne serait pas mieux de mettre fin à ses jours, d’achever cette œuvre sordide qu’avait engendré ce père abusif. Et puis l’instinct de survie reprenait le dessus, au moment où elle lâchait prise, quelque chose revenait, quelque chose la poussait à survivre.

Ce fut au bout de quelques siècles passé à changer de corps, et à avoir de moins en moins de contrôle sur ces hôtes, à subir de plus en plus de difficultés qu’elle a finit par comprendre, pourquoi papa avait fait cela, pourquoi elle devrait en faire autant. Mettre au monde un gosse, et le posséder ensuite, c’était l’unique solution pour limiter les dégâts, que ce soit au niveau des souvenirs aussi bien qu’au niveau des difficultés pour la possession, garder le corps, éviter que la partie diabolique ne se scinde trop en deux. Quand a-t-elle commencé exactement à forniquer dans le but d’avoir des gosses ? En tout cas elle compris aussi qu’en faisant ainsi, elle accroissait sa puissance, le sexe est une énergie, magique aussi, si on sait l’utiliser correctement. Elle baisa tellement qu’elle dû changer de corps plus rapidement, attrapant trop de maladies plus ou moins fatales.

Ces mômes abandonnés pour la plupart, parfois éduqué par elle, puis rejeté ensuite, n’ont pas tous été utile, certains se sont avéré être totalement difformes et psychotiques à souhait, d’autres arriérés et débiles, beaucoup sont mort entre ses mains, mais parfois cela à réussit à donner quelque chose, comme la dernière procréation en date par exemple, qu’elle a éduqué jusqu’à ce que l’adolescente devienne impossible à gérer et qu’elle décide de la lâcher dans la nature. La vérité c’est qu’elle ne s’en souvient pas. Passer deux enveloppes corporelles différentes, les souvenirs s’effacent. Elle retrouve ses descendants parfois, elle les sent, les reniflent, ils sont différents du reste du monde, appelez ça l’appel du sang qui ça vous chante mais elle les reconnaît, parfois elle s’empare de l’un d’eux, et en fait son hôte.

C’est ce qui s’est passé avec l’hôte actuelle. Une descendante, qui a de plus quelques bons gênes dans les veines, elle l’a remarqué rapidement, cette gamine du Maine, complètement lunatique et asociale, passablement dérangée. Le fait qu’elle soit folle n’était pas dérangeant, une psyché en chassant une autre, cela ne devrait pas avoir de répercutions, elle avait vérifié, ses gênes étaient nikel. L’approcher a été facile, elle occupait alors un corps d’homme plutôt canon, lui tendre un piège relativement aisé, elle l’a épousé et ensuite, un drame s’est produit. Officiellement son mari a tenté de la tuer dans un accès de folie, elle s’est défendue et l’a tué. Mais il n’y a jamais eu d’enquête, elle a tout trafiquer, pot de vin, et quelques sorts jetés par un ami. Dotée d’un nouveau corps, elle quitte le nord de l’Amérique et débarque à Shreveport, en quelques années elle s’établie, et se taille une petite réputation. Personne ne sait réellement qui elle est, jouer avec les apparences est devenu un art entre ses mains, certains sentent sa nature profonde, mais ceux là se taisent.