MIHAÏEL SEVAN MENDLER

Feat CHARLIE HUNNAM

PRELUDE

DATE & LIEU DE NAISSANCE Né en 1959 à Wichita, une  ville à chier, logiquement située dans le trou du cul du Kansas ; ORIGINES Slaves ; CAMP PARD FORME ANIMALE Léopard; STATUT Léopard-lionné ; TYPE DE METAMORPHOSE Garou pur sang ; ETAT CIVIL Célibataire endurciLIEU D'HABITATION Gypsi Land METIER Ancien militaire, il tient désormais un petit garage à moto CLASSE SOCIALE Médiocre. ETIQUETTE Mihaïel, c'est un de ces types mystérieux qui fascine autant qu'il rebute. Avec ses airs d'ours mal léché, son silence inquiétant et  ses regards persistants, le gonze n'inspire pas vraiment confiance. Faut dire que son look  défraichi et son parfum, à base d'huile de vidange et de tabac froid, ne lui confèrent pas une image de gentil. A défaut, on lui colle celle du loubard aux loisirs dépravés, d'abruti tout juste bon à s'exprimer avec ses poings, bref du mec pas fréquentable. C'est pas totalement faux, quoiqu'un peu réducteur.

Traits de caractères

Mihaïel, c'est un bon gars. Un mec qui veut faire le bien, mais qui refuse qu'on lui explique comment s'y prendre.  La domestication, c'est pas son truc. Lui, ce qu'il affectionne, c'est la liberté, sous la plus pure de ses formes.
L'armée, il prétend l'avoir intégrée pour aider. Aider qui ? Ca, Mihaïel n'aurait su le dire. En vérité, il avait surtout eu envie de voir du pays, de connaître un quotidien mouvementé, bourré d'aventures palpitantes à vivre et impressionnantes à raconter. A l'époque, c'était un jeune con, du genre pas conciliant ni prompt à écouter les conseils de son entourage. Aujourd'hui, con il l'est toujours, jeune un peu moins.
Mihaïel a 17 ans lorsqu'il annonce à sa famille qu'il s'est engagé dans le 18ème corps aéroporté des Etats-Unis. Sa mère se contente de tirer la gueule tandis que son père, l'air désintéressé, lui demande simplement: "Le moment venu, auras-tu le courage de sauter ?"  
Piqué au plus profond de son égo, Mihaïel n'a alors qu'une hâte, lui prouver qu'il en a gros dans le pantalon. Il s'est juré de ne jamais se retourner. Et c'est ce qu'il fit. Car Mihaïel est un grand susceptible, rancunier de surcroît.
Beaucoup s'accordent pour dire que le bougre possède un caractère de merde. La faute à son assurance démesurée, doublée d'une mauvaise foi sans égale et d'une arrogance bien trop souvent déplacée.  
L'armée se chargera de lui clouer le caquet, à défaut d'apaiser la hargne qui semble constamment le tirailler. Les nerfs, il les a à fleur de peau et aucune muselière n'est assez robuste pour l'empêcher de mordre. Faut croire que c'est dans sa nature.
Pourtant, lorsqu'il revient de la guerre du Golf, Mihaïel est changé. Il décide subitement de traverser les Etats-Unis en long, en large et en travers. Seul, le cul cloué sur la selle de sa bécane, une Harley Davidson Dyna. 1584 cm3 entre les cuisses et le vent qui vous siffle que la vie est belle.    
Avec le temps Mihaïel se fait moins grande gueule, voire même discret. Ses propos s'adoucissent, ses gestes aussi. N'allez pas croire que le bad boy, adepte des petites sauteries, de poudre dans le museau et de castagne, a disparu. Non, ses sourcils broussailleux ne mettent jamais vraiment longtemps avant d'ombrager son regard tempétueux. Seulement aujourd'hui, Mihaïel n'est plus celui qui provoque les emmerdes. Aujourd'hui, il est celui qui se contente d'y répondre, l'air mauvais et le sourire carnassier.

Occupation nocturne

La plupart de ses journées, Mihaïel les passe dans son garage. Le cambouis, il adore ça. Comme un chien sauvage qui se roule joyeusement dans la boue, Mihaïel aime se recouvrir les mains de graisse mécanique, caresser les charnières et bidouiller les essieux rouillés.
Lorsque le luisant disparaît au profit du couchant, Mihaïel quitte son antre et part écumer quelques tripots malfamés. Les babines trempant dans la mousse d'une bière bon marché, il regarde alors les petits culs défiler sous son regard diverti, tout en écoutant son bas-ventre crier famine. Ses instincts primaires, le garou ne met jamais longtemps à s'y plier. Pis, il ne fait rien pour les réprimer. Sans gêne ni pudeur, le léopard observe sa proie, calmement, silencieusement. Puis, lorsque le moment opportun se fait sentir, il bondit. Sa frappe est nette et sans appel. Les conquêtes d'un soir, Mihaïel les collectionne, à l'instar des cicatrices. D'ailleurs au yeux du Mendler, les femmes ont plus d'un point commun avec les bastons. D'abord ça vous envoie un bref coup de sang à la tronche, ça vous défoule l'espace d'un instant et puis ça vous fait sourire en y repensant.  

Transformation

Héritier d'une vieille lignée yéniche puisant ses origines en Europe de l'Est, Mihaïel adopte la forme d'un léopard lors de ses transformations. Le monstre pèse dans les quatre-vingt kilos pour une longueur de corps proche du mètre soixante. Un animal massif. Et grand. Sa hauteur de garrot atteint aisément les soixante-dix centimètres.
Une belle bête, se risquerait-on à dire. Pourtant, belle, elle ne l'est plus vraiment. L'ambre de son pelage a mauvaise mine. Le noir de ses taches gagne chaque jour un peu plus de terrain. Son ventre, autrefois d'un blanc immaculé, semble avoir ramassé toute la merde qui jonche le hautes herbes du bayou. Seul l'éclat ocre de ses iris reste éclatant. Deux billes luminescentes qui sondent l'obscurité avec défiance, dressées sur une gueule écumant de rage. Ses pattes son larges, ses griffes: acérées. De l'animal se dégage une impression de puissance et un aura d'animosité.
Loin d'apprécier la vie en meute, le prédateur privilégie les escapades en solitaire. Il avale les grandes distances de sa foulée leste et ample, fond sur ses proies sans un bruit, enfonce ses crocs dans la chaire avec un plaisir sadique.
Le monstre ne fait pas de quartier. Pas même à son porteur. Malgré l'enseignement dispensé par ses parents pour gérer au mieux ses transformations, la douleur ne s'atténue pas. Le temps et l'entraînement n'y font rien. La bête s'évertue à vouloir lui faire comprendre qu'elle n'est pas domptée, qu'elle ne le sera jamais.  

Convictions  

A écouter Mihaïel, les vampires ont fait une sacrée boulette. Une boulette qui ne fait qu'allonger la liste des raisons pour lesquelles il rêve d'exterminer ces blafards suceurs de sang. Son éducation l'avait poussé à être méfiant à l'égard des humains. Mais depuis la révélation, Mihaïel est devenu carrément parano. De sa supériorité infantile et présomptueuse, il ne reste aujourd'hui qu'une suspicion maladive.  
Il voit les allées et venues au sein du Pard d'un œil mauvais. Si Mihaïel tolère les autres métamorphes au sein du clan gitan, il ne leur accorde pas pour autant sa confiance. En bon gros mâle dominant et bourru, le léopard-garou ne croit qu'en sa propre force. Malgré certaines preuves accablantes de son passé, Mihaïel refuse d'admettre la vérité. Son indépendance, c'est sa fierté. Le Pard, il l'a intégré par bonté d'âme, pas par nécessité. Plongez lui le museau dans la merde, et ce dernier s'époumonera à vous dire que ça sent bon la rose.  

Chronologie

※ Né en 1959 à Wichita dans le Kansas, il est le fils de Vladan Mendler - léopard lionné du pard de cette contrée, pompier de fonction – et de Dakota Mendler, née Harrison – Léopard soumise, institutrice - . En raison des soucis des femmes garous à mettre des enfants au monde, il est fils unique et léopard pur-sang, une caractéristique que cette branche de la famille tient à conserver. Son enfance n’a rien de plus exceptionnel que celle des autres, hormis le fait que son statut de fils unique lui valut d’être « enfant-roi » au sein de sa propre famille.

※ Il a 17 ans lorsqu’il intègre le 18ème corps aéroporté des Etats-Unis, pas peu fier d’avoir la possibilité de servir son pays et ayant été dans l’obligation d’attendre que sa bête se manifeste à la fin de la puberté. Dans un premier temps rebelle à l’idée de suivre les directives d’un simple humain, il finit par comprendre la notion d’ordre et de discipline à mesure que les années s’écoulent, allant jusqu’à prendre du grade. Il a 32 ans lorsqu’il est appelé pour la guerre du Golfe. Un conflit durant lequel il aurait put perdre la vie s’il n’avait été garou. Cet événement, poussé par le désir de ses parents à demeurer discret, le pousse à quitter les Marines et se faire oublier.

※ Dès lors, il enchaîne les petits boulots, médiocres pour la plupart, instruisant pour d’autres… Mais aussi les voyages, parcourant quelques contrées des États-Unis, léopard solitaire, lone ranger pour ainsi dire. C’est en 1993 qu’il se décide à se poser définitivement quelque part, rejoignant la ville de Shreveport, notamment le Pard de cette ville. Il devient dès lors un Léopard lionné, jurant sur son honneur de protéger les membres de ce dernier.

※ Les années passant, les conquêtes de même, Mihaïel n’est pas léopard à vouloir se poser, peu désireux de construire sa propre famille, bien trop occupé à protéger les siens, à gérer le garage qu’il vient tout juste d’ouvrir. Mécano, il occupe son esprit dans les réparations et y passe le plus clair de son temps, lorsqu’il n’est pas dans un bar à siroter une bière ou dans un club de strip-tease à mater une paire de fesses et plus si affinités.

※ La révélation l’a profondément marqué, dans le sens où il sait que lui-même et ses pairs ont toujours tout fait pour conserver ce secret, au péril de leur existence. Néanmoins, si certains ne cachent plus réellement leur appartenance, Mihaïel se fait plus discret encore, plus suspicieux de même. Une paranoïa ancrée dans sa tête l’incitant à se faire dur, plus froid, bien plus regardant sur les allées et venues au sein du Pard. Il tolère les autres métamorphes et lycans déchus, sympathise avec certains… toutefois, la méfiance demeure malgré tout. Apparaissent alors petit à petit les Humains d’Abord (HA), groupuscule devenant imposant et chassant tout ce qui possède des canines, des crocs, des griffes, sa paranoïa devient plus aigüe, son instinct de protection de même, allant même jusqu’à se faire instigateur des conflits, jusqu’à ce qu’il finisse grièvement blessé. Cet événement le pousse à s’assagir momentanément…

Le moteur ronfle si fort qu'il n'entend rien. Assis sur son Harley, les lunettes noires au bout du nez et le casque bol aplatissant sa crinière hirsute, Mihaïel file comme l'éclair. Il pourrait continuer à rouler ainsi pendant des heures, des jours entiers. Dommage que ces machines-là sucent plus vite qu'une pute du Rêve d'Incube. Braquer les stations, ça ne marche qu'un temps. Et puis, c'est le genre d'idée qui ne manque jamais de s'envenimer. Enfin, pas plus malin que la moyenne, Mihaïel avait lui aussi tenté sa chance. Résultat, il s'était retrouvé à l'hostau' en passant par la case prison.
Il se souvient très nettement de ce pauvre type, sorti en trombe, la crosse de son fusil à pompe fermement coincée sous son aisselle. Le plomb avait déchiqueté son épaule et mordu une partie de son flanc gauche. Cet enculé lui avait tiré dessus sans sommation. Mihaïel n'était pas sûr. Il faut dire qu'il était un peu trop occupé à se carapater.

La résurgence de ce souvenir étire ses lèvres gercées en un sourire malsain.

L'œil unique de sa moto éclaire finalement les premiers buildings de Stoner Hill. Les caniveaux y ruissellent de seringues usagées, de sachets de V-Juice vides, de douilles plus ou moins longues. Son museau se renfrogne et ses sourcils se froncent. Malgré la lourde odeur de poudre présente dans l'atmosphère, il reconnait les stigmates caractéristiques de la Mort. La putréfaction asphyxie ses sens en alerte. Ses dents effilées viennent étinceler à la lueur blafarde de la lune. Mihaïel relâche l'accélérateur de sa bécane, qui ralentit jusqu'à rouler au pas. Son instinct flaire le danger et s'en régale. Les hurlements lointains d'un loup lui hérissent le poil, mais son regard ne dévie pas de la route. Impassible, il continue d'avancer parmi les passants aux dégaines variées. Les costards flambant neufs et les chaussures cirées se mêlent aux jeans usés et aux blazers troués.

Le Mal revêt plus d'un visage.

En tournant sur la deuxième avenue, un groupe de jeunes l'alpague de jolis noms d'oiseau avant de se mettre à le siffler. Mihaïel s'arrête, les dévisage silencieusement. La démarche chaloupée, ils s'avancent dans sa direction. Certains traînent nonchalamment une batte ou une barre en fer derrière eux, tandis que d'autres préfèrent garder les mains dans les larges poches de leur sweat-shirt. Mihaïel n'est pas dupe. Il peut deviner les cutters et les couteaux à cran d'arrêt. Son regard d'acier parvient même à distinguer les grosseurs anormales dans leur pantalon, la planque idéale pour un calibre.  
Il les renifle un instant, puis crache par terre avec dédain. Des humains. De vulgaires humains à la recherche d'un vampire sur lequel ils pourraient faire le plein de V-Juice. Les chasseurs de sang comme on les appelle. Depuis la Révélation, Mihaïel s'est mis à couver un mépris virulent pour les Hommes. Cet incident avait révélé leur véritable nature: craintive, lâche et faible. Il a cinquante cinq ans et ne comprend que maintenant pourquoi ses parents ont toujours été aussi méfiants à l'égard de leurs voisins.
"Pas d'bol les filles. Je suis pas un suceur de moelle."
Les chasseurs  prennent le temps de s'interroger du regard. Finalement, l'un d'entre eux se décide à parler. Simple diversion pendant que le reste du groupe se met à encercler Mihaïel.
"Ah ouais ? Mais qu'est-c'qu'on en a à foutre ?
- Sympa ta moto." Balance un autre. " J'aimerais bien la tester. Ca t'dérange si j'fais un tour avec ?
- Bien sûr. Et la pipe, j'te la fais avant ou après ?  
- Oooh mais c'est qu'il mordrait le vilain matou !
- J'te parie qu'c'est un putain de loup. Ca en pullule dans l'coin.
- Moi j'aimerais bien accrocher une peau de loup au-dessus d'ma cheminée.
- N'importe quoi ! T'as pas d'cheminée.
- Ta gueule, c't'une expression !
- Ah ouais ? Une expression jordanienne ?
- LA FERME BANDE DE CONS !
- Une chose est sûre, c'est qu'on aime pas les enculés qui se la ramènent avec leur harley. "
Finalement l'un des hommes saisit fermement le col de Mihaïel, qui ne bronche pas malgré une légère contraction des muscles. " Dis-moi, gueule d'amour, tu t'es égaré ou c'est les emmerdes que tu cherches ?" Le garou lui affiche un sourire horripilant.
"Non, moi c'que j'cherche c'est du V-Juice.
- Et qu'est-ce qui t'fait croire qu'on en a ?"
Mihaïel ne répond pas immédiatement. Il réfléchit, prend le temps d'observer ses assaillants ainsi que les mains qui agrippent son blouson. Il pourrait les briser, regarder son agresseur tomber à genoux et écouter ses pleures sans jamais cesser de broyer ses os en miette. Qu'importe s'il finit en charpie sous les coups des autres chasseurs. L'espace d'un instant, son orgueil mal placé lui chauffe les oreilles. Il crève d'envie de céder à la violence. Tout ce qu'il veut, c'est montrer qu'il a la plus grosse. Mais quelque chose l'en empêche. L'instinct de survie ? Mihaïel ne sait pas. Pourtant, il réfrène ses pulsions primales.
"C'est Johnny qui m'envoie. "
La mine de l'autre se défait sur le champ. Le nom semble l'avoir pétri d'effroi.
"Jo... Johnny ?
- Ouais, Johnny Allen. Il m'a dit que je pourrais me fournir auprès de ses p'tits gars planqués entre la 2ème et la 14ème avenue de Stoner Hill. J'suis à la bonne adresse ?"
L'homme relâche immédiatement son emprise. "Ouais c'nous. J'savais pas qu't'étais ami avec Joh'.  
- On est pas vraiment potes. Disons simplement qu'il m'en doit une pour le joint d'culasse que j'ai changé gratuitement sur sa shovelhead. Il la croyait foutue. " La tension redescend d'un cran et Mihaïel souffle intérieurement. La peur de mourir, il l'avait ressenti. Mais il ne l'avouerait à personne, pas même à lui. Il prend la cigarette nichée derrière son oreille puis l'allume. "Un petit bijou son deux-roues, ça aurait été dommage qu'il la balance à la casse pour si peu. "Mihaïel tire sur sa veste en cuir puis sort la béquille d'un rapide coup de pied, laissant la moto se reposer mollement dessus. Ses poumons aspirent la fumée toxique qu'il recrache à la tronche du chasseur dans un rictus déplaisant. Véritable connard fini qui ne peut s'empêcher de souffler sur les braises.
"Bon... Les caïds. " Il les tient par les couilles et se fait un plaisir de jouer avec."Vous avez de quoi me dépanner ou pas ? "

Lorsque Mihaïel entre dans le bar, ses yeux sont injectés de sang. Un sourire béat sillonne sa tronche.  La pièce adopte la forme d'un immense couloir. Un peu partout sont accrochés des néons aux marques d'alcool fort et à l'effigie de l'Amérique des années soixante. Certains grésillent, d'autres éblouissent, leur éclat vermeil se reflète sur le comptoir, les porte-jarretelles des serveuses, les  massives chaînes en or des macs et sur les innombrables tatouages qu'affiche la clientèle. La fumée de cigarette se mêle à celle des joints et de l'opium, plongeant le bar dans une brume étouffante pour les non-initiés.
Mihaïel s'assoit sur l'une des banquettes défoncées qui longent le mur. Il s'amuse à lire les mots inscrits par de parfaits inconnus sur sa table. Les messages au marqueur, au stylo Bic et à la pointe de couteau s'enchevêtrent dans un chaos le plus total. Drôle de voir combien les gens ont besoin de laisser une trace de leur passage. Même dans un endroit aussi pourri que celui-ci. Cette peur irrépressible de l'oubli qui les harangue et les pousse à commettre le meilleur, comme le pire.
Il s'affale, s'allume une cibiche tout en dévisageant le monde qui circule devant lui. Certains d'entre eux sont sans doute des vampires, des garous ou encore des sorciers. Il faut écumer les pires endroits de la Louisiane pour voir les races se mélanger et forniquer sans peur du regard des autres. Bien sûr, on est jamais à l'abri d'un coup de poignard dans le dos, mais c'est là tout le charme de pareil recoin. Une plantureuse créature s'assoit brusquement sur ses jambes. La belle possède une longue chevelure rousse, qui ondule sur ses frêles épaules telles des flammes ardentes. Sa robe rouge et saillante ne fait qu'accentuer la rondeur de ses fesses, la minceur de sa taille et l'énormité de ses nibards. Elle enroule son bras fin autour du cou du léopard, qui sent déjà son excitation grimper.  
"Salut beau gosse, ça faisait un petit moment qu'on t'avait pas vu dans les environs.
- En fait, c'est la première fois qu'je viens.
- Ah ? On se serait déjà vu ailleurs dans ce cas ?
- Dans tes rêves peut-être ? J'espère que tu m'y faisais de vilaines choses..." La jolie poupée lâche un rire cristallin, un peu trop forcé au goût de Mihaïel, qui tressaillit lorsqu'une main vient caresser son entre-jambes. La rouquine se penche vers lui. Ses lèvres pulpeuses mordillent son lobe.
" C'est bien possible...
- Alors surtout, ne te gêne pas pour me les faire partager ce soir.
- Je n'y manquerai pas..."
La bête s'éveille soudainement et hurle à la mort. Les canines pointues s'enfoncent dans son cou tandis que Mihaïel dégaine un couteau dont la lame, en argent, vient disparaitre dans l'abdomen de la jeune femme. Le vampire hurle à son tour et Mihaïel en profite pour le repousser de toutes ses forces. La poupée vient se fracasser contre le bar dans un bruit de verre brisé. Sa bouche laisse s'échapper une soupe de merde au moment où son système rejette le sang métamorphe.
De son côté, Mihaïel se tient le visage en les mains. La bête avait manqué sortir. Ses iris s'étaient nappés d'un jaune rutilant et son nez s'était allongé en un museau noir.
Il lâche un grognement. Les traits du léopard ont disparu.
L'air mauvais, il s'avance vers le vampire toujours en train de vomir. Sans doute une ancilla. Jeune immortelle qui se croit supérieure aux lois.  
"Alors sale petite pute ? On apprécie le goût de mon sang ?" Il lui envoie un violent coup de pied dans le gueule. " On avait une petite dalle ?" Sa main fait virevolter son couteau avec dextérité. "SUFFIT !" Hurle le barman. "Si tu veux la buter tu fais ça dehors !" Mihaïel défi l'auditoire de son regard assassin. Déjà plusieurs hommes et femmes, sans doutes vampires eux aussi, se sont levés. Au moindre geste menaçant ils lui sautent à la gorge. Mais il n'a pas dit son dernier mot. L'adrénaline, mélangée au V-Juice qu'il avait ingurgité un peu plus tôt, le rend présomptueux. Il saisit la poufiasse par les cheveux et l'oblige à se relever. Sa poigne est ferme, sans doute trop pour être humaine. Il frotte la lame d'argent contre les lèvres du vampire, puis se met à reculer en direction de la sortie.
"Bon, il se fait tard et l'ambiance est pourrie. Je vais m'casser moi." Il monte sur sa bécane, la démarre. Le bar reprend vie, peu soucieux de connaître la fin de cette histoire. Deux hommes et une femme l'ont néanmoins suivi dans la ruelle." Lâche là." Scande l'un d'entre eux. Mihaïel affiche un sourire, que ses dents de fauve transforment en un rictus féroce. "Dommage, je crois que je commençais à m'y attacher." Il embrasse la joue ensanglantée de son otage, passe la première et s'enfuit. Sa main armée lacère le cou dénudé du vampire sous l'impulsion du bolide, qui s'enfonce déjà dans les noirceurs d'une nuit sans étoile.  
Derrière lui, les cris de chauve-souris tentent de percer le ronflement du moteur de sa moto. Son pied passe la seconde et les échos disparaissent.