➽ date et lieu de naissance. le 31 mars 1991, dans le Bayou. ➽ nationalité. cajun-créole. ➽ camp. neutre. ➽ classification. potentiellement dangereuse. ➽ état civil. célibataire. ➽ lieu d'habitation. dans le Sud de la ville, dans une vieille baraque, près des marécages. ➽ métier. aucun. ➽ étiquette qui vous est collée. si Camilla est très connue et réputée en ville, ce n'est pas tout à fait le cas d'Adara. On la voit comme la rejetonne de Camilla mais sa discrétion entretient une grande part de mystère sur la personne qui se cache sous son visage fermé. Très séduisante, elle en fascine même certains.

Adara est le symbole même de la discrétion et du mystère. Très introvertie et silencieuse, elle est capable de ne pas parler durant des journées entières. Secrète, elle aime garder beaucoup de mystère, dans lequel elle puise un charisme inextricable qui la rend très influente.

Plutôt sûre d'elle, confiante, Adara est indépendante et possède une très grande liberté. Cela fait d'elle une personne très individualiste, mais elle n'est pas égoïste pour autant. En vérité, Adara est très méfiante et si elle croit en elle, elle a tendance à ne pas croire aux autres. Ainsi, elle n'accorde sa pleine confiance qu'à sa grand-mère Camilla qui l'élève depuis ses deux ans.

Et Camilla ? Ce qu'elle dirait de sa petite-fille ? Elle vanterait bien entendu le caractère consciencieux et méthodique de sa petite, la travailleuse et sérieuse Adara. Elle notera la patience et la prudence dont fait preuve la jeune fille, qui se dévoue à la magie avec religiosité. Et elle vous rappelerait aussi toute l'ambition d'Adara, son viscéral besoin de découvrir la magie au plus profond de sa nature. Elle vous dirait qu'elle est calme et tolérante, qu'elle persévère et qu'elle perce chaque nuance de la magie avec une autorité et une attention toutes particulières. Elle vous dirait qu'elle a une petite fille rebelle et originale, contre les conventions et les normes, qui se moque des conflits externes et qui vit dans sa solitude la plus pleine, dans un monde au ciel pourpre et à l'herbe bleue. Elle ajouterait qu'elle a beau être très sereine et diplomate, Adara est capable du pire dans un excès de colère froide. Qu'elle est une carapace distante et glaciale sous de chaudes écailles embrasées. Que son humour cynique, mordant n'est qu'une manière de déstabiliser ceux qui s'adressent à elle. Avertie et stratège, elle est tout à fait capable d'échaffauder des manipulations très tordues pour arriver à ses fins.

Cependant, et ça, Mama Camilla l'ignore elle aussi, Adara est une jalouse implacable. Très fidèle, elle ne supporte pas l'adversité, en amour comme en amitié et c'est aussi pour cela qu'elle ne s'attache pas beaucoup. Excessivement exclusive et possessive, elle en devient très dangereuse.

Adara est très nocturne et préfère vivre à la lueur d'une flamme et de la lune plutôt qu'à celle du soleil. La journée, elle passe le plus clair de son temps à dormir et se lève un peu avant le crépuscule pour prier.

• Adara prie énormément les Dieux vaudous. Très religieuse et superstitieuse, elle voue une foi sans failles à la magie.
  
• Elle se voue au vaudou pour respecter la mémoire de sa mère mais elle se montre très intéressée par la nécromancie dont son père était un des maîtres.
  
• Elle connaît toutes les plantes et tous les arbres du Bayou.
  
• Elle possède une poupée vaudou, prénommée Marie, qu'elle a hérité de sa mère, et dont elle ne se sert jamais.
  
• Elle a un vieux chat prénommé Barney, en référence à une homme ivre qu'elle a rencontré en ville lorsqu'elle avait 12 ans.
  
• Elle a rasé les deux côtés de son crâne et y dessine parfois des symboles vaudou.
  
• Très saine, Adara ne fume et ne boit pas, cependant, elle a un petit jardin de cannabis. Sa grand-mère, elle-même, fume également de la marijuana.
  
• Très prudente, elle vérifie toujours que tout va bien avant de sortir de sa maison.
  
• La maison dans laquelle elle vit n'est jamais silencieuse, il faut toujours qu'elle mette la musique très fort.
  
• Il y a aussi beaucoup d'animaux qui s'invitent chez elle, des serpents aux araignées, en passant par les lucioles.
  
• Elle parle créole avec Mama Camilla. Uniquement créole.
  
• Elle sert d'ailleurs de traductrice pour la clientèle de sa grand-mère.
  
• Elle adore chanter à tue-tête lorsqu'elle est seule.
  
• Elle déteste être trop habillée. Elle dort nue et parade la plupart du temps en robe.
  
• Elle aime la lecture et déteste le cinéma.
  
• D'instinct, elle est capable de deviner la requête de quelqu'un presque sans se tromper ...
  
• ... du coup, elle a tendance à interrompre les gens pour terminer leur phrase ou leur répondre (comme disent les gens d'elle : "elle ne parle pas beaucoup mais quand elle parle, c'est pénible de tenir une conversation avec ..." Bah oui, mais elle est comme ça !)
  
• Rarement en colère et plutôt réfléchie, elle perd le contrôle d'elle-même lorsqu'elle est dans une situation qui l'énerve au plus haut point.
  
• Si elle ne parle pas, observez bien ses yeux. Tout passe dans le regard avec Adara.
  
• ... ou par le toucher.
  
• Elle ne fait que ce qu'elle aime, et les conséquences l'importent peu.
  
• Elle ne dit jamais les mots "futur", "rien" et "silence". Le premier appartient déjà au passé lorsqu'il est énoncé, le second ne peut pas exister et le dernier détruit la nature même du silence.
  
• Sinon, elle aime bien faire la cuisine, sa spécialité étant le gumbo mi-créole mi-cajun.

Le vaudou est la magie de tous les jours pour Adara, qui la pratique depuis l'enfance. Sa mère, grande prêtresse vaudou, lui a légué ses enseignements dans un manuscrit et à travers de nombreux talismans et objets. Adara se voue avec complaisance à la magie vaudou, par respect pour les dernières volontés de sa mère, ainsi que par amour pour elle mais en grande partie, par habitude. Car la nécromancie la fascine aussi, voyant sa grand-mère la pratiquer devant ses yeux, mais aussi peut-être pour se rapprocher un peu plus de son père, nécromancien, même si elle ne l'a jamais connu.

Adara est très mitigée quant à la Révélation. Depuis toujours, avant même la Révélation, l'identité de Mama Camilla et la sienne étaient controversées. Etaient-elles des "sorcières" ou étaient-ce des légendes urbaines ? En bref, ça n'a pas vraiment changé grand-chose, sauf peut-être le fait qu'au moins, les controverses sont terminées et les regards perplexes ont laissé place à d'autres, effrayés ou fascinés. D'autre part, la Révélation ne semble pas vraiment avoir été une bonne chose pour elle, car elle estime que ce n'est pas bon de lever le voile sur des mystères aussi mystifiés.

Adara possède des tatouages mystiques dans tout le dos, ainsi qu'un grand serpent le long de sa colonne vertébrale. Symboles vaudous, mystiques, ils l'aident à conquérir toute la puissance de la magie. Elle possède également une mince cicatrice sous l'oeil droit, réminiscence de sa rupture avec son ancien fiancé.

L'histoire d'Adara serait incomplète sans l'histoire de ses ancêtres. Car en effet, les origines créoles et cajuns d'Adara lui sont essentielles et elles expliquent sa magie, aussi faut-il faire la lumière sur ces zones d'ombres.

La famille Beaupré était originaire d'Haïti et cultivait la magie vaudou qu'on pratiquait là-bas en des temps immémoriaux. On enseignait les rites vaudou oralement et aucune note de ce passé haïtien n'est descendu jusqu'à Mama Camilla. Mais oraisons et litanies fournissent un apanage propre aux Kayat et cela suffit bien, en ces temps perdus où les traditions n’ont plus de valeur sur le marché. Plus tard, au temps des colons, une partie de la famille a vu sa liberté prendre racine en Louisiane, près du Bayou. Longtemps encore, on pratiquait la magie vaudou et les secrets ancestraux restaient gardés comme des trésors. Plus tard, l'union d'un Beaupré avec une jeune blanche de Louisiane donna naissance à Mama Camilla. Et les origines blanches de sa mère (une parfaite inconnue qui disparut aussitôt après la naissance de sa fille) la distinguaient du reste de sa famille mais ce n'était pas tout. En effet, à l'inverse de tous, Camilla décida d'explorer les méandres de la nécromancie. Mariée plus tard à un cousin éloigné, elle eut deux fils et une seule fille. Les deux premiers enfants moururent l’un après l’autre, mais la fille, Ariane, fut la seule à offrir une descendance à sa famille, deux ans avant de succomber à une morsure de serpent. Malgré les rituels nécromants dont était capable Mama Camilla, la ramener à la vie fut vain et Mama Camilla choisit de s'occuper d'Adara, puisque son père avait, comme sa propre mère, foutu le camp.

Foutu le camp, oui. Lui aussi était blanc, c'était un musicien de jazz d'origine cajune qui jouait très souvent sur une petite place près du port mais il avait la nécromancie en lui. Peut-être que ça expliquait l'attirance d'Ariane pour ce sombre crétin. Il resta quelques temps auprès d'elle, lui fit un enfant. Mais un peu avant la naissance de sa fille, il avait déjà mis les bouts et Ariane se retrouva bien seule avec son enfant dans les bras, sous le toit d’une Mama Camilla rouge de colère contre toute l’ethnie cajune. Adara ne connut sa mère que deux ans, après quoi elle mourut longuement dans son lit à la suite d’une mauvaise rencontre dans les marais. Adara n’en garda pratiquement aucun souvenir, à l'exception d'une photo jaunie et d'une poupée vaudou, et seule son enfance parsemée de magie, de rituels et de gros baisers sur les joues lui resta.

La vie dans le Bayou était loin de celle des autres enfants. Elle apprit les rudiments basiques de la vie cultivée auprès de sa grand-mère, qui lui enseigna la lecture et l’écriture, les mathématiques dans sa forme la plus simple, mais elle avait malgré tout le droit de s’informer sur tout ce qui la rendait curieuse. La géographie, l’Histoire, la physique, la chimie, elle voulut connaître tout cela et Mama Camilla, après quelques détours dans les bibliothèques municipales que la vie fournissait, lui accorda le savoir. La littérature française passionna la jeune fille qui rêvait d’un monde de chevaliers et de combats de cape et d’épées, les épopées mystérieuses des marins sur des îles inconnues à la recherche d’un butin formidable redoublèrent son imagination. Elle lisait parfois quelques chapitres à la lumière des bougies pendant que sa grand-mère écrivait laborieusement les étapes de ses recettes de cuisine. Très isolée du reste de la communauté, et même de sa famille, elle occupa son temps à élargir ses connaissances déjà acquises, quel qu’en soit le domaine, de la cuisine aux matières scolaires, en passant, bien sûr, par la magie vaudou et la nécromancie que sa grand-mère pratiquait devant elle.

Les seules interactions sociales qu’elle avait l’occasion d’avoir, outre Mama Camilla, était celles qu’elle avait auprès d’Adam, le zombie de sa grand-mère, ainsi que les clients réguliers qui consultaient cette dernière pour des problèmes d’ordre vaudou. C’est à cette occasion qu’à l’âge de seize ans, elle fit la connaissance d’un homme, le petit-fils d’un client que Mama Camilla recevait très souvent. Son nom, Adara n’aime pas le dire. D’ailleurs, qui, sauf sa grand-mère, sait qu’elle a fréquenté cet homme ? En vérité, beaucoup de gens, mais peu en parle. Si Mama Camilla est très réputée à Shreveport et dans les environs pour sa magie ancestrale et ses pratiques rituelles, d’aucuns évitent d’aborder le sujet de la fille qui vit chez elle. Tout le monde la voit, tout le monde connaît son nom et son visage mais peu y prête réellement attention. C’est seulement à cette époque qu’on commence à discuter à son propos, lorsqu’elle n’est pas en ville à faire des achats pour ses rituels, en racontant à tout-va qu’il « paraîtrait qu’elle voit un homme d’ici. » Mais qui ? Ça … Personne ne le sait vraiment. Certains racontent qu’il était le fils du notaire qui vit près du port, d’autres qu’il vient de la famille de médecins près de la place du marché, et d’autres encore … Enfin, voilà, personne ne sait au juste qui c’est mais on sait qu’elle a quelqu’un.

En fait, non contente d’avoir quelqu’un, Adara est même fiancée à cet homme. Un tout petit peu plus vieux qu’elle mais à peine, les cheveux bruns et la peau couleur caramel, grand et robuste, le sourire charmeur et le regard embrasé, il fait son bonheur tous les jours et la rend très heureuse. Pour lui, la jeune fille est prête à se marier, à renoncer à la magie et à installer ses bagages dans un petit appartement en ville, afin de lui offrir une descendance. Et même à travailler, tiens ! Si c’est qu’il désire d’elle, elle en est capable. Seulement, Adara est une grande jalouse et une femme d’une loyauté sans faille. L’année de ses dix-huit, après deux ans d’une cour très laborieuse et d’échanges amoureux très concluants, dans les tréfonds de sa mansarde, à la lueur des bougies – quand Camilla n’est pas là, évidemment – voilà qu’elle apprend qu’il partage ses draps avec une autre. Sans chercher le fondement de ces affaires, Adara ne supporte pas l’infidélité. Elle serait prête à tout pour cet homme mais il faut qu’il lui voue tout son amour et son exclusivité. Pas question de faire des concessions dans un seul sens. Par une nuit très orageuse (pour elle), elle se lance dans un rituel qu’elle n’avait jamais abordé auparavant : la métamorphose. En se couchant près de lui, plus tard, elle embrasse son front et ses cheveux collés par la sueur de l’été. Au matin, elle se réveille auprès d’un grand loup au pelage brun et aux yeux terrifiés. La colère d’Adara se calma.

Bien sûr, après cette déception amoureuse et cette infructueuse relation, Adara soigna ses plaies en la noyant dans la magie, égarant ses pensées douloureuses dans l’huile, la poudre et les incantations, elle finit, avec le temps, par soigner sa vieille rancœur. Mais sa vie changea légèrement. Plus expansive et plus curieuse, elle passe désormais plus de temps en ville, à fouiner dans les petites boutiques isolées et cachées, s’attardant plus à connaître les mœurs d’une communauté qu’elle ne connaît pas beaucoup mais qui la passionne singulièrement.



Une petite pincée de sel et un soupçon de piment, voilà qui devrait faire l’affaire.

Adara, sourde aux réclamations de sa grand-mère, approcha la louche en bois de ses lèvres pour goûter à son gumbo, après avoir longuement soufflé sur le bouillon pour qu’il ne brûle pas sa langue. Mais voilà que Mama se mit à l’appeler plus fort encore, jusqu’à hurler son nom dans la petite maison. Entrant furieusement dans la cuisine, sa petite taille souffrant dans les vapeurs de ses jupons mal cousus, elle claqua un grand coup sur la petite radio qui diffusait une musique très sonore.

__ Petite effrontée, voilà qui ne se fait pas ! Réponds-moi quand je t’appelle ! Tu ne m’entends donc pas ?!

Adara se contenta simplement de se retourner pour faire face à sa grand-mère, tout en enfournant la cuiller dans sa bouche pour vérifier la cuisson. Déjà Mama était partie farfouiller dans les placards, ajoutant plus de désordre encore qu’il n’était déjà possible de le faire dans un tel fatras. Elle marmonnait dans son coin des injonctions en créole à l’adresse de sa petite-fille qui, retournée à ses occupations culinaires, ne lui prêtait pas davantage attention. C’était tous les jours comme ça dans cette maison. On entendit frapper trois fois à la porte d’entrée et Mama hurla à l’adresse d’Adam d’ouvrir. Adara lança un regard légèrement surpris à sa grand-mère qui comprit immédiatement la question qu’il suggérait.

__ J’attendais quelqu’un. Ce doit être lui.

Et elle laissa soudainement ses casseroles et ses assiettes sur la table pour retourner dans le séjour. Un coup d’œil à l’horloge sur le mur indiquait 20h. Ce n’était pas une heure pour recevoir des clients, alors qui cela pouvait-il bien être ? En dehors de ces derniers, on accueillait l’amie de Mama, Gabrielle, et parfois la vieille tante Sonia. Avant, il y avait aussi … Tss … Il ne viendrait plus, désormais. Pourquoi repenser encore et encore à lui ? Il ne sortirait donc jamais de sa tête ? Parfois, Adara espérait qu’il reviendrait auprès d’elle, même sous sa nouvelle forme animale, pour lui tenir compagnie, pour lui tenir chaud la nuit, pour se faire pardonner pendant quelques années, après quoi, elle accepterait sûrement de réviser son sortilège. Elle se demandait où il était. Tout le temps. Est-ce qu’il vivait une vie de loup auprès de ses congénères ou bien avait-il trouvé un autre moyen de retrouver sa forme humaine en réclamant de l’aide auprès d’un autre sorcier ? Depuis la Révélation, ce n’était pas ça qui manquait. Mais l’enchantement d’Adara était très puissante et nécessitait des connaissances très poussées en vaudou pour connaître un revers. Il y avait fort à parier qu’il était aujourd’hui au Nord de l’Amérique, à courir derrière des biches et des brebis pour se nourrir avant de rentrer, la queue entre les jambes, dans une tanière mal éclairée. Peut-être avait-il trouvé une louve ? Adara avait comme projet de le retrouver. Mais les jours passaient, les mois, les années, et elle ne trouvait pas le courage de s’y résoudre, par peur de ne jamais arriver à ses fins ou pire, de découvrir qu’il avait un avenir plus radieux sans elle.

Mama Camilla revint dans la cuisine, avec en prime, un sourire immense collé aux lèvres – de ceux qui mêlent l’ironie et le cynisme avec l’enthousiasme le plus débordant – et un homme outrageusement grand. Il portait un complet gris à rayures sur une chemise noir et avait des doigts si fins qu’ils semblaient interminables, comme le reste de sa personne, en passant par ses cheveux, son nez et sa fine moustache de dandy. Il portait un seul verre de lunette, relié à un fil et un chapeau haut-de-forme qu’il dut ôter afin de passer la porte.

__ L’Oncle Eudoxe est venu nous rendre visite quelques jours. Tu ne te souviens pas de lui ?

Adara coupa le feu sous sa marmite de gumbo et adressa un vague salut de la main à l’Oncle Eudoxe dont elle n’avait pas le moindre souvenir, si ce n’est un visage familier qu’elle avait croisé parmi les quelques photos de famille qu’elle avait déjà vues. Il lui rendit son salut d’une révérence un peu exagérée et lui offrit un sourire courtois.

__ Votre gumbo a l’air excellent, Adara, fit-il dans un anglais aux accents légèrement cockney.

Mama Camilla repartit dans le séjour avec l’énorme manteau de fourrure de son invité, en grommelant qu’elle ne comprenait pas l’anglais et qu’elle devrait interdire toute personne de sa famille à le parler sans son autorisation. Adara vit, son regard contournant l’effroyable silhouette longiligne de son Oncle, qu’elle refourgua négligemment la fourrure à un Adam particulièrement embêté. Adara secoua légèrement la tête et retourna à son ouvrage premier en ajoutant un brin d’herbes provençales dans son potage.

__ Me feriez-vous l’honneur de m’accompagner en ville, demain, visiter les coins charmants que la Louisiane propose ? demanda obligeamment Eudoxe en posant son haut-de-forme au milieu du désordre qui régnait sur la table de la cuisine.

Adara répondit par un sourire de circonstances, l’avertissant ainsi que s’il aimait discuter et écouter, sa compagnie lui serait beaucoup moins charmante que les endroits agréables du faubourg. Il eut l’air de comprendre lorsqu’il lui rendit son sourire et tourna alors les talons pour rejoindre Mama Camilla qui braillait depuis le salon pour lui proposer de se rafraîchir. C’était toujours une bonne chose de recevoir à la maison, se dit Adara.

La famille Beaupré a toujours été connue, du plus loin que peut s'en souvenir Mama Camilla. Autrefois très grande, la famille s'est amenuisée au fil du temps et des guerres de clan. L'histoire de la famille d'Adara a beau être très passionnante, elle est également très longue et il ne serait peut-être nécessaire d'en dire autant. Parmi les proches d'Adara, il faut bien entendu citer Mama Camille, sa grand-mère. Très vieille femme aveugle et haute en couleur, Mama Camilla est à la fois crainte et respectée tout autant qu'elle est appréciée en ville. Plutôt exubérante, elle affirme communiquer avec les crocodiles et prépare des "potions" à base d'olive et de tomates qu'elle vend en fiole pour distribuer la chance. Mama Camilla a eu 3 enfants, dont Ariane Beaupré, la mère d'Adara. Elle mourut deux ans après la naissance de sa fille. Le père d'Adara, nécromancien, était réputé dans l'Ouest de la Louisiane. Très connu pour son jazz cajun, il disparut quelques temps avant la naissance de sa fille. Adara n'a donc jamais eu de frère ou de soeur. Elle considère le zombi de sa grand-mère, Adam, comme un oncle.

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