Il serait malaisé de croire que de simples mots peuvent suffire à dépeindre toute la complexité d'une psyché humaine. Ce n'est pas faute de s'être acharné à essayer, quoi que les termes restent d'une imprécision flagrante. Par où commencer? Les plus fameux traits de caractère ont tendance à découler, aussi naturellement qu'il est possible, sur les détails qui importent réellement. Car savoir que Laure est l'Exécutrice et comprendre son mode de pensée au delà des apparences qu'elle laisse entrevoir est plus complexe...
Ouais, les beaux termes au final, c'est bien joli mais ça n'aide pas des masses, hormis pour étoffer.
Laure a l'air d'une rebelle. Elle ressemble à ces filles qu'on aimerait pas croiser en rue, pas parce qu'elle se sape comme une punk et que ça vous met mal à l'aise, mais plutôt parce qu'elle est du genre à vous retourner une droite si vous la regardez de travers. C'est vrai qu'elle est dangereuse et qu'elle en tient une bonne. Elle ne sort jamais sans armes et n'hésite pas à s'en servir. Le concept de légitime défense, elle connaît bien pour l'avoir souvent évoqué. Non pas qu'elle soit du genre gâchette sensible, inutile de prendre le cas extrême. Elle ne tire pas pour le plaisir de tirer, mais n'hésite pas si elle se sent en danger ou si quelqu'un d'autre l'est. C'est la une nuance que certains ne saisissent pas et qui lui vaut sa réputation de sociopathe. Si elle prend son pied en tuant les vrais gros connards qui l'ont mérité, cette extase la met mal à l'aise. Elle préfèrerait la gommer, ressentir cette énorme culpabilité commune à tout qui tire sur un être vivant. Parce que oui, à ses yeux ses proies sont des êtres vivants -paradoxale du coup, de les nommer proies. Ils ne respirent peut-être pas tous au sens propre, mais ils existent, bougent, parlent, sont dotés d'une raison -quoi que pour certains on se demande si le terme n'est pas un peu exagéré- qui les font entrer dans la catégorie...Quoi, humaine? A défaut de trouver un meilleur terme. D'ailleurs il n'existe pas, ce putain de mot. Ce sont des gens, voila, et on ne tue pas les gens en prenant son pied, même si ce sont les pires connards de la terre. Enfin, a priori.
Quelqu'un a oublié de le préciser à son cerveau.
A nouveau on peut nuancer, cette tendance à aimer le meurtre. Ou plutôt, l'exécution. Parce qu'elle ne tue pas pour le plaisir à la base, non. Et le meurtre, quand on y regarde, c'est un peu ce concept. Elle est mandée par le gouvernement pour faire respecter la loi. Elle incarne la justice des Etats-Unis, grand pays de libertés individuelles. Elle est celle qui fait respecter la loi et permet aux honnêtes gens, qu'ils soient magiques ou non, de vivre et s'épanouir en toute tranquillité. Ses mains tâchées de sang sont un sacrifice bien mince lorsqu'on parle de la Justice, avec une majuscule. Parce qu'au fond, quelque part dans sa petite tête, elle a l'impression d'être l'incarnation de cette notion absolue. Ego surdimensionné ou moyen de pouvoir croiser son reflet dans la glace sans rougir. Allez savoir, Laure ne s'est jamais posé la question. Ou ne l'a jamais avoué. Pourtant elle réfléchit beaucoup, c'est l'une de ses particularités. Sorte de malédiction, qui empêche son cerveau d'être mis sur pause plus d'une demi heure. S'abrutir devant un manga aide bien parfois, mais ne suffit jamais vraiment. Ce n'est pas une intelligence surdéveloppée, quoi qu'elle soit fort maligne et du genre retorse, plutôt une pile rechargeable qu'on a oublié d'enlever du chargeur. Ou un pc branché sur secteur. Ca fonctionne, et personne ne penserait à enlever la prise. Elle doit se mettre en veille toute seule, et ça lui prend pas mal de temps. 48 heures sans sommeil, ça aide, ou un petit médoc.
Cogiter, ressasser, c'est un peu comme un passe temps, ça fais partie de sa façon de vivre. C'est ce concept de justice idéale et de vengeance programmée contre tous ceux qui pourraient infliger à d'autres ce qu'elle a subit, sa tristesse, sa déception, ce sont ceux la, qu'elle traque et qu'elle se fait un plaisir d'exterminer. Retourne à la poussière, en une magnifique gerbe rouge. Boum. Elle aime les voir exploser.
Des valeurs, ça, on peut dire qu'elle en a pas mal. Mais comme dirait un grand homme qu'on n'a plus besoin de citer: tout est relatif. D'une personne à l'autre, l'honneur prend une connotation différente et les institutions linguistiques peuvent bien publier un dictionnaire, des définitions, elles ne conviennent que rarement à notre propre image du concept. Laure prône des valeurs telles que la vengeance, qui aide à faire le deuil. Ainsi elle aide les familles à tourner la page en faisant disparaître la cause de leurs tourments. On pourrait continuer la liste des valeurs viciées, telles que la justice ou encore l'honneur, la loyauté, mais à quoi bon? Vous avez saisi le principe, des mots inadéquats pour exprimer des choses insensées. Malédiction du siècle.
Un peu comme son caractère. Insensé, pas maudit. Quoi que...A vrai dire, pas de logique. Simplement un tempérament fort, une vraie crasse. Elle s'est endurcie au fil des épreuves, s'entourant d'une carapace réputée impénétrable. Comme le sont les ordinateurs du Pentagone, sauf qu'on trouve toujours un ou deux génies pour craquer les codes. Elle a tendance à répondre par la violence pour masquer des troubles ou des gênes. C'est qu'elle est allergique à l'attachement, trop peur de perdre ceux qu'elle aime. Tout simplement, trop peur de faire subir à quelqu'un ce qu'elle a elle-même enduré. Noble sentiment, quoi qu'on pourrait y voir une tendance marquée pour la solitude -sans trop se tromper. Pourtant, elle n'est pas asociale et des connaissances, elle en est pleine. Souvent des mauvaises, au rang d'indic', de contacts, de gens qui doivent des services. Elle a le répertoire d'un flic, d'une chasseresse, d'une fille dangereuse. Des amis, beaucoup moins, mais le rare spécimen existe et a survécu à tous les maux Lynnien. Race en voie d'extinction, soyons honnêtes. Avec sa langue bien pendue, de quoi lui attirer bon nombre de foudre, elle se débrouille assez  bien lorsqu'il s'agit d'user de verbes. Pourtant elle est du genre secrète, quand ça la concerne de trop près. De quoi virer chèvre. Ne parlons même pas de son indépendantisme marqué, l'amenant le plus souvent à se la jouer solo quitte à vexer certains. Elle n'y peut rien, elle conserve au fond d'elle cette crainte de voir d'autres gens mourir par sa faute et ne se sent pas de taille à porter ce poids, à nouveau.
Ainsi est Laure Lynn. Une fille loin d'être mauvaise, cruelle, loin de coller à son image. Pourtant, elle prend grand soin de l'entretenir, par facilité. Elle préfère être en résonance avec une rumeur, cela rend son boulot beaucoup plus facile. Solution d'une lâche? Eh, qui êtes-vous pour juger?
Laure vit principalement de nuit. Normal, la majeure partie de ses proies en fait autant. Oiseau nocturne, impossible de dormir avant onze heures et vous n'arriverez pas à la joindre s'il n'est pas dix sept heures passé. Elle dort pas mal, faut l'avouer, mais elle peut tout aussi bien rester quarante huit heures sans fermer l'oeil. A terme elle est irritable et risque de devenir agressive, mais faut savoir ce qu'on veut dans la vie!
Elle a des passes-temps assez simple. Elle pratique la boxe thaï et aime se servir d'un ordinateur. Souvent, elle lit des bouquins ou tient à jour un cahier dans lequel elle recense toutes les choses bizarres sur lesquelles elle est déjà tombé, tout ce qu'elle sait sur chaque créature qu'elle a croisé. Elle a un double de ses fichiers, informatisés, et un triple sur une clé USB planquée sous son matelas. On sait jamais.
De nuit, elle traîne dans les bars, habillée punk. Pour l'occasion, elle remet tous ses piercing et elle cherche des infos, se créé des contacts, ou bois un verre tout simplement. Elle déteste qu'on la drague, du coup il lui arrive de se battre. So bad, pour l'Exécutrice, mais on lui pardonne ces quelques écarts. Au pire, elle casse un nez, ouvre un crâne. Rien de mortel, juste de quoi apprendre aux mecs le respect. Pour les plus insistants, elle a des ongles acérés et n'hésite pas à les enfoncer dans ce qui leurs est cher.
En dehors de ça, sa vie se résume au boulot, aux enquêtes, à l'exécution du coupable. Quand elle a le temps, elle dort. Parfois, elle mange. Mais ça lui arrive d'oublier, ce qui explique le fait qu'elle soit si mince, quasi maigre. Elle se rattrape en se bourrant de protéine, histoire de prendre un peu de muscle. Mais, sans son anneau, elle manquerait cruellement de force et elle en est consciente. Elle s'est un peu laissé aller, même si elle pratique chaque jour pendant au moins une heure son art martial favoris. Juste après, elle nettoie ses armes et sélectionne celles qu'elle emportera aujourd'hui. Elle a ses préférences, bien sur, mais une d'entre elle tourne toujours. Mystère quand à savoir ce qu'elle vous pointera sous le nez!
○ Porte toujours des gants en cuir ou des mitaines, mais a besoin que ses mains soient couvertes, sinon elle se sent nue.
○ Aime le feu, on pourrait la qualifier de pyromane en devenir si elle ne préférait pas cramer les vampires -moins de problèmes de cadavres.
○ Chipote sans arrêt avec son briquet, signe de nervosité ou d'impatience.
○ Fume, relativement souvent.
○ Déteste la viande, adore les hamburger.
○ Abonnée au resto chinois, est allergique à l'italien (avec un grand I ! )
○ Tendances maniaques, tout a une place et doit y être. Si quelqu'un s'introduit chez elle, bouge quelque chose, elle le saura. C'est pathologique.
○ Ecoute de la musique avant de partir en traque, ça met dans l'ambiance.
○ Aime se mater des mangas en version originale sous titré. Chacun son kiff! Les séries américaines « vampire in love » ça lui donne envie de gerber. La télé aussi d'ailleurs, elle a arrêté de la regarder. Ses info, elle les trouve sur le net.
○ Ne sort jamais sans arme.
Somme tout, Laure Lynn possède deux dons. Le premier lui est propre et c'est celui de précognition. Elle a une espèce de sixième sens qui la fait anticiper les évènements. Elle ne voit pas clairement ce qui va arriver, elle le ressent. Elle a longtemps cru qu'elle avait juste un instinct sur-développé et que le fait de voir les fantômes c'était...Un autre problème. Capacité pratique lorsqu'elle se bat -même si face à certains adversaires elle se prendra une raclée qu'elle ai ou non un don- ou même dans la vie de tous les jours, petit bonus dans son métier d'Exécutrice.
Quant au second, si elle le nomme don c'est parce qu'il s'agit d'un cadeau auquel elle tient. Elle porte à l'annulaire droit un anneau enchanté par son ex-fiancé, un sorcier du nom de Thomas, aujourd'hui décédé. Lorsqu'elle s'est mise, avant la révélation, à courir après les vampires, il a craint pour sa vie et, à son insu, lui a offert cet artefact. Ce n'est que plus tard qu'elle a compris la valeur du cadeau, lorsqu'il lui a fais promettre sur son lit de mort de ne jamais le retirer. L'enchantement lié à la bague en argent est d'une rare puissance, ce qui intrigue les sorciers qu'elle rencontre. La magie décuple sa force et sa résistance. Elle n'a pas la gauche d'un vampire mais est capable de tenir la distance et d'encaisser comme si elle était une CESS. Pas au point d'un métamorphe non plus...Mais presque. Le niveau en dessous! Inutile de préciser que ça lui a sauvé la vie un nombre incalculable de fois, ce qui a surpris certains agresseurs...Hélas pour eux.
Laure connaissait l'existence des vampires bien avant la révélation et s'est mise à chasser avec son co-équipier flic bien avant. Elle n'a jamais abattu un vampire ou un loup sans être certaine de sa culpabilité. Elle n'a jamais fais partie de ces gens qui descendent à vue ce qu'ils ne comprennent pas: Non. Laure a étudié, Laure s'est renseignée, elle a mené de nombreuses enquêtes. Elle sait que certains d'entre eux sont du bon côté, qu'ils cherchent juste à être intégré. Ceux qu'elle traque, qu'elle cherche, ce sont les criminels. Elle les mettrait bien en prison, mais rien ne peut éternellement les retenir en dehors d'une tombe creusée bien profond. Alors elle tue. Et ouais, parfois, elle prend son pied. Ca la fait flipper.
Pour elle la révélation est une bonne chose, mettant des barrières aux extrémistes, ceux qui se prennent pour des dieux. Pourtant, elle enrage lorsqu'un soucis juridique l'empêche de mener à bien sa mission. Elle n'hésiterait pas à enfreindre la loi et finir en tôle si ça lui permettait de faire justice. Un peu extrême, c'est comme ça qu'elle réfléchit. On la voit comme une tarée, mais c'est une fille bien.
On peut dire de Laure qu'elle est un signe particulier à elle seule. Mais détaillons, le contraire serait trop simple.
Ce qu'on remarque en premier lieu chez elle, ce sont ses piercings. Elle en a plusieurs sur le lobe de ses oreilles. Avant elle en avait un à l'arcade sourcilière mais elle l'a enlevé, depuis qu'un petit malin le lui a arraché pour l'aveugler avec son propre sang. Elle en a aussi un dans le nez, qu'elle remet pour sortir parfois. Depuis le coup de l'arcade, elle se méfie.
Ce que l'on remarque ensuite, si tant est qu'elle soit en t-shirt, ce sont les nombreuses cicatrices sur ses bras et son corps en général. Des blessures de guerre, comme dirait certain. Des traces de morsures, de griffures, elle a même été brûlée au fer rouge une fois et un vampire sadique a trouvé amusant de lui arracher certains morceaux de peau. Elle a une longue cicatrice sur son ventre, souvenir d'un loup-garou à moitié transformé qui a essayé de l'éviscérer. Heureusement, elle ne s'est pas chopé le virus et elle se demande si son anneau ne la protègerait pas contre ça.
On peut également noter le fait qu'elle soit mince. Trop mince en fait, on la qualifierait de maigre si des muscles finement dessinés n'étaient pas visible sous sa peau.
Pour finir, on parlera de ses tatouages. Elle en a un le long de la cuisse gauche représentant une épée fine, plutôt apparentée à un poignard en fait, dont la lame est ensanglantée. Les gouttes carmines dessinent une date, celle à laquelle son existence a plus ou moins basculé. Un autre sur sa cheville, représente un oeil stylisé, symbole de "ceux qui voient". Un autre orne son dos, il s'agit d'un dragon et c'est le premier qu'elle s'est fais. Elle était jeune, naïve encore à cette époque. Il est défiguré par une balafre faite avec une lame, il n'en est, à ses yeux, que plus beau.
Elle en avait un sur le poignet mais il est désormais à peine visible sous le tissu cicatriciel. Elle a renoncé à se faire tatouer ailleurs, puisqu'on lui abîme toujours le corps. Bande d'enfoirés.
Dernier point, non des moindres, ses armes: Elle porte un Glock 17 modifié pour tirer des balles en argent. Elle a deux lames, en argent elles aussi, sur les poignets. Un briquet, et un flacon d'essence pour mettre le feu. Quelques allumettes, c'est toujours intéressant. Elle possède aussi un mini uzi mais elle ne le sort que pour les grandes occasions. De même, elle a une épée courte qu'elle porte parfois dans son dos lorsqu'elle doit aller voir certains vampires...Désagréables.

Le docteur Jonathan Blake travaillait depuis plusieurs années déjà au sein du département d'état. Il était rattaché à la sécurité intérieure en tant que psychiatre spécialisé et expert en interrogatoire. Un tel homme aux doigts de fées avait une réputation impressionnante, du moins jusqu'à la révélation. Jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il était capable de lire les souvenirs des gens au moment où ceux-ci y pensaient, en évoquant une conversation. En posant habilement plusieurs questions, il était capable de connaître la vérité sur un évènement et c'est la raison pour laquelle on employait son talent pour interroger certains terroristes ou, activité plus triviale, pour vérifier qu'une personne est fiable avant de lui confier un poste clé au sein du département. Une perle rare dont la vie était, somme toute, perpétuellement en danger puisqu'il parvenait à lire dans tous les êtres vivants, sorciers, médiums, nécromanciens...De quoi se faire de nombreux ennemis. On cachait donc son identité, et on le faisait actuellement discret, le temps que se tasse une obscure affaire.

C'est ainsi qu'en ce sept janvier de l'année 2010, il avançait jusqu'à une salle d'interrogatoire, un dossier relativement épais sous le bras. La révélation avait eu lieu trois ans plus tôt et le gouvernement américain avait du faire face un peu partout, pas préparé à ce genre de nouvelles. Les CESS avaient été déclaré citoyens américains, du moins ceux résidant sur le sol, et avaient besoin de lois qui leurs étaient propres, d'une police pour les contrôler. Ils avaient certes leurs propres moyens, entre eux, de régler leurs affaires mais les Etats-Unis ne voulaient pas en parler et c'est ainsi que naquit la BRIS. Plus tard, bien plus tard, on se rendit compte qu'il fallait cesser de demander à des policiers sans expérience du surnaturel de tuer les créatures coupables de crime. On a cherché, et on venait de trouver la solution: Créer le poste d'exécuteur.

A priori, un par état, sauf pour les grandes villes qui avait le leur attitré. Le recrutement avait commencé, les anciens chasseurs obtenaient le statut de marshal fédéral et pouvaient désormais continuer leur traque dans d'autres états si cela s'avérait nécessaire -chose qui avait longtemps bloqué le Parlement, en toute légalité. Tant qu'ils possèdent une accréditation et un mandat, les Exécuteurs peuvent tout se permettre. Ils opèrent dans la légalité, sont l'image même du gouvernement et c'était pour cette raison qu'il fallait les sélectionner avec soin. Hors de questions de mettre un tel pouvoir entre les mains d'un sociopathe. On faisait donc appel au docteur Blake, pour déterminer qui convenait et qui on pouvait renvoyer, en le gardant à l'oeil pour éviter qu'il fasse trop de conneries. Le cas du jour était des plus intéressants.
Elle s'appelait Laure Lynn McIllioch et avait vingt sept ans. Elle était entrée dans la police à sa sortie du lycée et avait rapidement fait ses preuves en tombant sur les bonnes affaires. Elle résolvait des crimes relevant du surnaturel bien avant que la BRIS n'existe et elle avait été remarqué par hasard lors d'une affaire récente, où plusieurs personnes étaient décédées. Dont son fiancé, semblait-il. En l'observant à travers la vitre teintée, Jonathan ne distinguait rien de précis. Son apparence était sombre, du à ses cheveux noirs, ses vêtements et sa capuche, dissimulant à moitié son visage. Elle fumait une cigarette, passant outre l'écriteau annonçant clairement que c'était interdit. Elle n'était pas retenue ou inculpée, non, elle attendait patiemment son entretient d'embauche. Selon son dossier, elle avait demandé à y être transféré et avait été recommandée par le chef de la police de New-York. Jonathan comprenait difficilement pourquoi une jeune femme, promise à un brillant avenir au sein de la police criminelle, décidait soudainement de se rétrograder seule. Quoi qu'il serait plus juste de dire qu'il ne comprenait pas pourquoi elle cherchait à se suicider.

« Vous la connaissez bien? » demanda le psy à l'homme se tenant à côté de lui. Il observait la jeune femme, et acquiesça d'un signe de tête. « Elle est tarée, mais c'est une bonne flic. Elle m'a sauvé la vie, ya un mois. Vous savez, dans cette affaire...Elle a pas hésité à se jeter entre moi et ce putain de vampire. Elle est dingue, complètement barje, mais je l'ai vu buter deux types de sang froid. C'était des vampires, mais yavais...Je sais pas, un truc bizarre dans son regard. Je veux pas l'empêcher d'avoir ce qu'elle veut, mais...Ca, plus le fait qu'elle ai demandé à être affecté là-bas précisément, ça me laisse penser qu'elle a un sérieux problème psychologique. » Jonathan hocha lentement la tête, l'air pensif. « Je sais, je lis les journaux. On pourrait aussi dire qu'elle a le sens du devoir. Si les soldats qu'on envoie en Irak faisaient demi tour face à l'ennemi, aussi dangereux soit-il, nous ne tarderions pas à être envahit. » Le policier cessa de regarder Laure par la vitre et se tourna vers lui. « J'ai été soldat, et je peux vous dire qu'il y a une différence entre partir à la guerre et...Ca. Ce sont pas des terroristes, des humains, sur qui elle va tomber. On se bat pas à armes égales avec ces gens-là, même si elle est balèze. Ce sont des vampires mégalomanes, des fous furieux, des mecs dangereux. On demande pas à se faire muter à Shreveport avec toutes les merdes qui sont en train de s'y passer! Vous savez ce qui est arrivé à son prédécesseur? Ce putain de vamp, contre qui on a jamais eu une seule preuve, l'a découpé et l'a renvoyé par la poste. Par la POSTE! Avec un petit mot demandant quelqu'un de plus qualifié la prochaine fois. » Jonathan connaissait l'histoire. Tout le monde connaissait aussi le nom de cet homme, si on pouvait toujours l'appeler ainsi, mais personne ne pouvait rien faire contre. Il était intelligent, minutieux, ne laissait pas de traces. Semblable à un parrain de la mafia, discret, insaisissable, ses quelques débordements ont pu être contenu avec des pots de vin et un peu de persuasion. On ne pouvait rien contre lui, à moins de trouver quelqu'un d'assez téméraire pour lui mettre une balle entre les deux yeux. On attendait après un chasseur indépendant, un hors-la-loi. « Peut-être qu'elle pourra changer les choses. Ou peut-être pas. On a besoin de personnes qui se portent volontaires, qui soient qualifiés. Et qui ne soient pas des tueurs en série. En apparence, elle convient. » A lui de déterminer si c'est bel et bien le cas. Plantant la le policier avant qu'il ai pu épiloguer sur le sujet, Jonathan poussa la porte.

Laure releva à peine la tête, soufflant la fumée de sa cigarette comme si elle était encore seule. « Fumer est interdit mademoiselle McIllioch. » l'informa-t-il, ce qui la fit tiquer. « Tuer est interdit, pourtant ya plein de types qui le font tout le temps. Faites moi un procès. » répliqua-t-elle en haussant les épaules.
Le psy tira la chaise en face d'elle, de l'autre côté de la table, et s'y assit. Il posa le dossier et l'ouvrit au milieu des premières feuilles, noircies d'encre. « Laure Lynn McIllioch, orpheline de vos deux parents vous avez été élevé par votre tante et être entrée à l'école de police directement en sortant du Lycée. Vous avez obtenu de bons résultats mais votre examinateur a relevé une tendance à vous rebeller contre l'autorité lorsqu'elle ne vous semblait pas justifier. Vous avez été qualifiée de tête brûlée mais tout de même diplômée puisque ce trait de caractère semblait s'être évaporé...Pour réapparaître quelques années plus tard. Etrange... » Elle haussa les épaules. « Parfois pour avoir ce qu'on veut, on ferme sa gueule et on la réouvre ensuite. Je suis pas une mauvaise flic, j'aime juste pas qu'on me donne des ordres débiles. Quand c'est justifié, j'obéis. » Jonathan sortit un carnet de la poche intérieure de sa veste, de même qu'un bic. S'appuyant sur le dos de sa chaise, il se mit à prendre note. « Donc, vous vous pensez plus qualifiée que des hommes d'expériences pour juger efficacement ce qu'est un bon ordre, ou un mauvais? » demande-t-il, sur un ton neutre. Il n'insinue rien, il connaît déjà la réponse à sa question et l'entend, ou plutôt voit, ce à quoi elle pense. Une série de sensation, de malaise, comme une petite voix qui chuchote que c'est une mauvaise idée. « C'est pas ce que j'ai dis. Juste que c'est comme ça, voila. C'est mon pouvoir, c'est marqué dans mon dossier depuis qu'il a été actualisé à la révélation. » Jonathan fait mine de vérifier et continue de noter. Il laisse planer une espèce de silence, avant de la relancer. « Plusieurs témoins vous on vu vous battre et affirme que vous possédez une force surhumaine. L'un de vos collègues a vu un vampire vous casser le bras et il s'est soudé de travers pendant que vous continuiez à vous battre. Êtes-vous infectée par la lycanthropie? » Ses analyses de sang étaient revenues négatives, la réponse était donc non. Jonathan ne cherchait pas à ce qu'elle lui répète bêtement ce qu'ils savaient tous déjà, passant ainsi pour un imbécile qui n'avait manifestement pas préparé son entretient. Il voulait qu'elle pense à l'origine de ce pouvoir, qui ne lui appartenait pas. Ils soupçonnaient une ou plusieurs marques de la part d'un vampire, et c'était cela qu'il devait avant tout vérifier.
Elle triturait l'anneau d'argent à son doigt, dont les motifs celtiques attiraient l'attention de tout amateur. Activant son pouvoir, il trouva un souvenir effleurant la surface de son esprit et, avec discrétion, entra dans sa tête.

Flashback
Il faisait frais ce soir la, un doux vent caressait sa peau. Elle ne portait qu'un gilet noir à capuche, son cou était à découvert. Elle avait claqué la porte du taxi, en revenant de l'hôpital. Il l'attendait sous le porche, elle n'avait pas envie de discuter. La lassitude se faisait fortement sentir, de même qu'une pointe de colère. Elle s'était avancée, sortant la clé de sa poche pour ouvrir la porte. Evidemment, il ne l'aurait pas laissé s'en tirer comme ça. « Tu ne m'éviteras pas éternellement. » lui avait-il dit, et elle s'était retournée d'un seul coup. « J'ai pas envie de parler du fait que tu désapprouves, j'ai pas envie de parler du fait que tu m'as caché être un sorcier, j'ai pas envie de parler du fait que tu aimerais m'enfermer dans une cage dorée! Dehors, des gens crèvent au fond d'une ruelle comme un porc à l'abattoir. Des types se croient tout permit parce qu'ils ont des pouvoirs, ils méprisent les gens normaux, les gens comme nous, enfin.. Comme moi. Ils n'ont aucun respect pour la vie, pour nos droits, et personne ne peut lutter, ou presque, puisque personne n'est au courant. Mais moi je sais tout, moi je peux faire quelque chose! Tu ne peux pas me demander de rester la et de fermer les yeux. J'ai une conscience, un devoir, j'ai prêté un serment. » lui avait-il débité d'une traite, sans même penser à reprendre son souffle. « Je sais, je n'aurais pas du te mentir ni essayer d'aller contre ta volonté. J'ai mal agis, je voulais...Te demander pardon. J'ai simplement eu peur pour toi Laure, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. Ca ne fais que quelques semaines, que tu es au courant. Et déjà tu as finis à l'hôpital...Okey tu as tué ce vampire, mais il a bien failli t'avoir lui aussi. Je ne veux pas te perdre, je veux juste que tu comprennes...Que tu n'es pas assez forte. Ils ont des dons, ils sont plus rapide, plus puissant, leur âge fait qu'ils savent plus de choses. Quand aux loups, ce sont des brutes, ils peuvent te découper d'un coup de mâchoire. Les sorciers...Certains sont maléfiques, passent des pactes avec des démons et sont corrompus. D'autres non bien sur, dans chaque catégorie il y en a qui sont bons, ou du moins se rapprochent de cette définition. Je veux juste que tu ais conscience de ta faiblesse, de ta mortalité et que tu comprennes...Qu'on est pas tous pareils. » Elle avait su, d'instinct, que son discours la contrarierait. Elle n'aimait pas être qualifiée de faible, de mortelle, mais les mots crus de celui qui était son petit ami depuis près d'un an maintenant étaient emprunts de justesse. Elle avait assez de maturité pour s'en rendre compte, quoi qu'elle n'aimait pas ça du tout. « Je suis flic, Thomas. Je peux pas rester les bras croisés, je peux pas les laisser faire leur loi. » Elle avait alors ressentit une impression étrange et son regard s'était porté vers la poche intérieure du sorcier. Une légère bosse. Une panique la prit. « Ne fais pas de conneries. » avait-elle murmuré, et il avait froncé les sourcils. Avant de comprendre en suivant son regard. « C'est pas ce que tu crois. » Il avait sourit et sortit une bourse en cuir, qu'il lui avait tendu. Méfiante, elle avait ouvert pour trouver un anneau d'argent. « C'est pas ce que je crois? » avait-elle rétorqué, et Thomas avait soupiré. « C'est un anneau d'argent enchanté par mes soins. Il te rendra plus forte, plus rapide et te permettra de régénérer plus rapidement, dans une certaine mesure. Pas aussi bien qu'un loup ni qu'un vampire, mais tu pourras tenir la distance. Ca devrait t'empêcher de mourir trop vite et de contracter un virus désagréable. Il ne peut être porté que par toi et empoisonnera, en théorie, tout qui te l'aura dérobé pour le passer à son propre doigt. » Elle avait sortit l'anneau et une légère décharge l'avait traversée, lorsqu'il avait atterrit dans la paume de sa main. Elle sentait quelque chose s'en émaner, il avait une aura. Une aura bleuté, invisible. Et elle la voyait. Elle semblait même la décrypter, à sa façon. Elle avait su que, si elle le passait à son doigt, elle ne pourrait plus jamais le retirer.
Pourtant, elle l'avait fais.
fin flashback

« Vous savez très bien que non. » La voix de Laure Lynn suffit à le tirer de ce souvenir. Il cligne des yeux une fois, et la fixe. « C'est vrai, je le sais. Parlez moi de vos pouvoirs. » demande-t-il, en posant sa tête sur sa main, légèrement penché sur le côté. « C'est pas la question que vous voulez me poser. Vous avez envie de savoir si je baise avec un vampire et si je suis suffisamment intéressante pour qu'il m'ai marqué. Vous savez que je cours après l'un d'eux pour lui arracher la peau et m'en faire une paire de botte, et vous voulez savoir si ça n'aurait pas dégénéré. Je vais vous dire un truc, doc...Le jour où un vamp' essaie de me marquer, je me tire une balle et je l'emmène avec moi dans la tombe. Je veux pas tomber dans toutes ces conneries métaphysiques, et je veux pas m'acoquiner avec ces gens-là. Ce sont pas tous des connards, mais mieux vaut se méfier quand même. C'est comme quand on croise un groupe de noir, on garde un oeil dessus par habitude. » Elle leva alors la main, comme pour intimer le silence. « Je sais c'est raciste, mais en même temps, tout le monde le fait. Quand à mes pouvoirs...J'en ai pas. Je veux dire, si j'en ai, mais ce sont des pouvoirs de ce que le gouvernement a classifié comme medium. Fantôme, lecture d'aura, tout ça. Mon petit plus, c'est un sixième sens genre précognition. Rien de bien méchant. Quand à ma force...Et au reste...C'est le résultat d'un sacrifice. » S'il n'avait pas, au préalable, vu son souvenir il aurait soupçonné tout autre chose. Mais il comprenait. Jonathan avait quelques notions de magie, assez pour savoir qu'on obtient rien sans rien. Et créer un tel artefact avait du demander un lourd sacrifice au sorcier. Il était curieux de la suite. « Je vois. » avait-il répondu, prenant des notes comme si de rien n'était. Il n'avait pas senti de mensonges en elle, mais il avait besoin d'éclaircissements sur les évènements survenus quelques semaines auparavant. L'affaire qui l'avait amenée ici, amenée à vouloir changer de ville pour l'une des plus dangereuses des Etats-Unis. Pendant quelques secondes, il chercha la façon adéquate de formuler sa question: « Parlez moi d'Hawks. »
Le souvenir explosa dans son esprit.
Des souvenirs, en réalité. Des flashs.

Flash.
« Vous savez qu'ils sont la! Apprenez moi à faire face, vous pouvez pas la jouer solo, on est co-équipiers! »
« Arrête de piailler la bleue. »
Au vol, elle attrape un cahier. Les pages sont jaunies.
« Lis ça, on en reparle après. »

Flash.

« A TERRE! »
Elle dégaine son flingue, une seconde avant que le vampire s'élance. Elle vise, tire. Vide son chargeur, trou béant dans sa poitrine. Du sang. Tellement...Sa peau se parchemine. Il vieillit. Se dessèche. « Oh putain... » Un poids dans son dos, coup violent. ELle tombe, souffle coupé. Une douleur violente dans son dos. Elle hurle, un autre coup de feu, un corps qui s'étale sur le sien. « Garde les yeux ouverts la bleue, tu vas finir en charpie. »

Flash.

« Ils ne sont pas tous responsables! Ils ne sont pas tous mauvais! Putain Hawks c'était une gosse. Une gamine! » Son visage se tord. « Une tueuse en sursit, elle manquera à personne. » Elle secoue la tête. « Une gamine à sa première transformation, une gamine qui avait té recueillie par la meute, elle aurait appris à se contrôler! Tu peux pas les buter à vue. C'est pas ça, la justice. Tu...C'est une extermination. » « Je l'ai empêché de faire du mal, j'ai sauvé son humanité. C'est pas comme ça que ça marche la bleue. Eux, ils hésitent pas à nous buter dans une ruelle pour nous bouffer, tous autant qu'ils sont. Pourquoi on devrait pas leurs rendre la politesse? Les vamp', les loups, les sorciers, tous ces putains de monstres, il faut les buter pour survivre. Si tu fais le tri.. Tu crèveras. » L'image de Thomas s'impose dans l'esprit de Laure. Elle secoue la tête. « Tu te trompes. Et je refuse de participer à ça. »
Une porte claque.

Flash

« THOMAS!! » Une balle qui part, un hurlement. Le sorcier bouge sa main, une lueur bleue. Le projectile le touche, il a simplement été dévié. Balle d'argent dans le bras, il grimace. Elle a dégainé, pile au moment où elle a compris. Mais c'était encore trop tard, comme si l'esprit du chasseur s'était décidé à la dernière seconde. « Baisse ton arme Hawks! Il n'a rien fais, c'est un honnête citoyen! Tu ne peux pas le tuer sous prétexte qu'il utilise la magie! » Son coeur battait à la chamade. Son univers, petit à petit, s'écroulait autour d'elle. « Et toi tu peux pas le défendre sous prétexte que t'écarte les cuisses tous les soirs pour lui! Dégage de la, la bleue. Il t'a ensorcelé, t'a plus toi-même, tu me sors des conneries et lui te baratines. Il t'a dis, qu'il trempait dans les affaires de Corléone? Il t'a dis, qu'il faisait des boulots pour lui? Des potions? Des sortilèges? » Ses yeux s'écarquillent, elle sait qu'elle ne doit pas se retourner, elle sait qu'il en profitera. Elle résiste. « Tu mens. » « Non. » Un coup de poing aurait eu le même effet. Son bras tremble, légèrement. « Je fais des affaires avec lui, mais uniquement dans le commerce d'artefact. On ne peut passer que par le marché noir pour obtenir certains objets et j'en avais besoin. Un besoin vital. C'est mon boulot, la vente et l'achat d'artefacts magiques, mais je ne tue personne, je ne fais rien de mal. » Elle secoue la tête, résiste à l'envie de le gifler. « Et ça lui permet de payer ses autres trafics. Tu vois? Il signe ses aveux, maintenant bute le. » Elle ne pouvait pas, ne voulait pas. Thomas n'était pas un meurtrier. On ne tue pas les criminels en col blanc. « Baisse ton arme, Hawks. » demande-t-elle, d'une voix glacée. Elle est en colère, elle se sent trahie et ne sait que croire. On ne prend aucune bonne décision dans cette situation. « Je vois, t'a fais ton choix. » Elle voit la balle partir une demi seconde avant que cela ne se produise. Il ne la vise pas, contrairement à ce qu'elle pensait: Il vise Thomas. Le sorcier est entouré d'une aura, qui pulse. Qui explose. Le chasseur s'effondre au moment où a balle entre dans le corps du sorcier. Il tombe, lui aussi. « THOMAS! » Elle hurle, se jette à son chevet. Elle oublie son portable, ne pense pas à appeler une ambulance. Dans son esprit, il peut guérir. Il halète, toute couleur quitte son visage. Son aura brillante disparaît, petit à petit. « Pardon...De t'avoir menti...Mais je me suis jamais...Jamais...moqué de toi. » Elle sent des torrents humides couler sur ses joues. Elle lui fait signe de se taire. « Ferme la, on s'expliquera, mais pas maintenant. Quand on retournera à l'appart'. » Un pâle sourire fend son visage. « Laure...La balle est en argent...Je peux pas me soigner...Tu comprends? » Elle secoue la tête. Sa main glisse dans la poche intérieure de sa veste, elle appelle les secours. Elle crie au téléphone, hurle son numéro de plaque, supplie. Trop longtemps...« Je t'aime. » Il expire. Plus rien. Vide. Au loin, des sirènes. Elles approchent.
Plus aucun souvenir.
Fin flashback

« Je n'ai rien à dire sur lui. Vous savez déjà tout. » répond-elle finalement. Sans doute y a-t-il eu un long silence. Jonathan n'en est pas conscient. Le contre-coup des émotions ressenti à travers elle. « Je vois...Je vais être franc dans ce cas. Pourquoi votre départ à Shreveport coïncide-t-il avec celui de Lucian Corléone? » Elle relève la tête, sourcils légèrement froncés. « Vu les évènements récents, on surveille étroitement qui entre et qui sort de cette ville. Cela vous étonne? » Elle soupire, ne tente même pas de le dissimuler. Visiblement, il a vu juste. « Vous voulez la vérité? Très bien...Ca fais des années que je bosse sur le cas Corléone. Je cherche à le coincer. Je sais ce qu'il est, ce qu'il fait, et je veux le faire tomber. Je refuse de le voir s'échapper sous prétexte qu'on doute de mon intégrité, suite à la dernière affaire. J'ai tiré en cas de légitime défense. La cour elle-même l'a reconnu. » Il acquiesce, faisant mine de rechercher le jugement dans les papiers. « La cour a des avis subjectifs lorsqu'il s'agit du surnaturel, vous en conviendrez. » Elle hausse les épaules, ne répond pas. Tous les deux savent ce qui s'est plus que probablement passé, mais aucun d'eux ne le dira tout haut.


Au terme de leur entretient, Jonathan avait appris de nombreuses choses sur Laure Lynn McIllioch. Elle avait un sacré caractère et une répartie cinglante. Elle cachait énormément de choses, pour la simple raison qu'elle n'appréciait pas l'idée de se répandre. Elle avait pas mal encaissé ces derniers temps mais pouvait faire face. Elle avait une obsession, mais tous les flics en ont une. Une affaire qu'ils veulent résoudre, un type qu'ils veulent absolument coincer. Ce n'était pas mal, d'autant plus si ça lui donnait la force d'avancer. Son sens de la justice ne collait pas toujours à la vision du gouvernement, mais Jonathan jugeait que, pour une ville telle que Shreveport, ce n'était pas plus mal.
C'est ce qu'il avait dis à son supérieur en recommandant qu'on accepte la demande de mutation et de promotion de la jeune femme. Une semaine plus tard, elle déménageait à Shreveport.
C'était il y a trois ans.

Depuis, Jonathan avait entendu parler d'elle. Quelque fois, lors d'affaires sensibles. Elle s'était illustrée, pas toujours dans le bon sens. Comme il l'avait cru, elle faisait son boulot et, à vrai dire, on ne lui en demandait pas plus. En trois ans, elle avait résolu son lot d'affaire, finit quelques fois à l'hôpital. Sa vie privée? On raconte qu'elle n'en a pas. Elle vit pour son boulot.
Apparemment, elle s'en contente.