date et lieu de naissance. 27 juillet à Roswell, Nouveau-Mexique.
nationalité. Américaine, d'origine écossaise.
votre forme animale. Vue la personnalité et la façon de voir les choses de Red, il était logique qu’elle se transforme chaque nuit de pleine lune en renarde rousse.
date de la transformation. Ne s’applique pas.
type de métamorphe. Ses deux parents sont des métamorphes. Red est donc une pur-sang.
état civil. Célibataire. Elle ne va pas aller s’encombrer d’un individu qui pourrait lui mettre des limites.
lieu d'habitation. Quartier résidentiel de Coven Garden
métier. Cambrioleuse
étiquette qui vous est collé. Red, c’est le genre de nana qu’on apprécie. On la voit, on va lui parler et on se laisse embobiner sans trop de soucis. On sait qu’elle aime prendre des risques et on apprécie d’en prendre avec elle. C’est la jolie fille qu’on aide volontiers quand elle a un souci. Oh, dès fois, on se demande si elle n’a pas quelque chose derrière la tête, parce que son regard malin et son sourire enjôleur sont presque trop beaux pour être vrais. Mais tant pis. Certains l’adorent, d’autres la détestent, personne ne sait comment elle fait pour réussir ; probablement l’argent que son grand-père lui a laissé. Elle parle bien. Pour elle, tout a l’air d’être un jeu, si bien qu’on ne sait jamais vraiment comment la prendre.

Ce qu’elle pense ? Presque impossible de le savoir. Red a l’air simple. Normale. La parfaite jeune femme lambda qui mène sa vie à la façon des citoyennes d’aujourd’hui : indépendamment de n’importe qui. Peu de choses semblent réellement la toucher. Mais c’est derrière la simplicité apparente qu’on retrouve une complexité insoupçonnée. Oui, Red est une renarde. Aussi ne va-t-elle agir et parler qu’en fonction de ses propres intérêts. Pour elle, il n’y a pas de bien ou de mal : seulement des gagnants et des perdants. Inutile de préciser dans quel camp cette dernière souhaite se trouver. Faisant preuve d’une intelligence et d’une ruse à toute épreuve, il lui arrive assez souvent de faire quelques marchés, d’arnaquer, de profiter des autres dans toute la finesse dont on peut être capable. Quant à la discrétion, c’est une pro. Parce que ce n’est pas le tout d’agir, il faut aussi savoir faire en sorte de ne pas paraître coupable. Dissimulatrice née, la normalité, il n’y a que ça de vrai. Ressemblez à la parfaite petite nana plutôt jolie, intelligente mais pas trop, qui aime jouer de ses charmes et… Tout ira bien. Il est assez rare que Red joue franc-jeu. Elle ne le fait que face à des individus qui savent qui elle est. Et étrangement, c’est ce qu’elle préfère. Car cette demoiselle-là aime prendre des risques, mais des risques plus ou moins calculés. Au premier entretien, elle préfère tâter le terrain, savoir jusqu’où elle peut aller pour ensuite constamment jouer avec les limites. La seule chose qu’il faut savoir avec Red, c’est que ses intérêts priment sur ceux des autres. Faites-lui une offre qui lui paraîtra bonne, si elle trouve mieux ailleurs, elle ne se gênera pas pour vous trahir. Et lorsqu’il s’agit de ces mêmes intérêts, cette renarde peut faire preuve d’une intelligence et d’une ruse qu’on n’aurait jamais soupçonné.

Manipulatrice, comédienne, tous les rôles sont bons à prendre pour parvenir à ses fins. En réalité, Red ne semble pas avoir beaucoup de principes. Ou du moins pas les mêmes que la plupart des gens « normaux », chose justement normale puisqu’elle est très loin d’être comme eux. Acceptant sa situation de métamorphe, la vivant même plus ou moins bien si tant est qu’on puisse bien le vivre, la jeune femme ne prête que peu d’attention aux lois des hommes. Elle ne les suit que pour ne pas s’attirer d’ennuis. Parce que dans sa « situation », il vaut mieux éviter de se faire remarquer. Malgré tout, aimant prendre des risques, notre rusée renarde aime à se moquer des humains en les cambriolant. S’ils savaient ! Ce serait certainement sacrément drôle, mais elle serait certainement sacrément dans la merde aussi. Enfin. Pas d’inquiétude : Red se porte comme un charme et ce n’est pas demain la veille qu’elle se fera prendre la main dans le sac. Acceptant la bête en elle, elle se laisse guider par cette dernière sans le moindre regret. La jeune femme fait ce qui lui plaît, ne s’inquiétant jamais des conséquences puisqu’elle connait bien ses propres limites. De ce fait, sa confiance en elle est visible et il est très difficile de la déstabiliser. Et puisqu’elle sait pouvoir être un atout pour ceux à qui elle serait « fidèle », elle ne craint pas trop non plus pour sa vie par rapport aux lycans, sorciers, vampires ou autres.

Ah ça, on peut dire qu’elle n’a pas froid aux yeux ! Plutôt sans-gêne de nature, à prendre ce qui ne lui appartient pas, si elle a un don pour avoir l’air normale et ne craint donc pas de se mêler aux humains, elle sait aussi comment faire pour se rendre immanquable. Son seul gros problème, c’est qu’à force de s’attaquer à plus gros qu’elle, à faire mumuse avec ces maudites limites, elle pourrait ne plus maîtriser la situation pour finir par se faire bouffer. Ce qui serait assez regrettable ; elle est d’ailleurs la première à le dire. Mais sa nature joueuse l’aveugle parfois elle-même. Quant au reste... Red est assez revancharde. Quand on lui fait un coup-bas, qu'on réussit à l'arnaquer, sachez qu'elle est du genre à ne pas oublier et à bien apprendre de ses erreurs. Ah ça, la renarde est très fière et apprécie bien peu le goût de la défaite, lui préférant largement celui de la victoire. Et que celui qui ne souffre pas du même défaut lui jette la première pierre. Surtout, n'oubliez pas cela. Car patiente, elle peut, à l'image des renards, rester tapie pendant un bon moment dans l'ombre pour bondir sur sa proie et l'écraser. On appelle ça le mulotage, et elle connait bien la technique, soyez-en assurés.

Un emploi officiel, Red n'en a pas. A quoi bon ? Avec l'argent que lui a légué son grand-mère, on ne peut pas vraiment dire qu'elle en ait réellement besoin. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne fait absolument rien de ses journées, même si la renarde préfère cambrioler pendant la nuit lorsqu'elle ne se transforme pas. Amatrice de découverte, farouche ennemie de l'ennui, il n'est pas rare de la croiser en train de tenter de nouvelles expériences, tant humaines que matérielles. Après tout, le renard est d'un naturel curieux. Il est donc tout naturel qu'elle le fasse. Et il faut admettre qu'il n'est jamais très plaisant de la voir s'ennuyer. Pouvant trouver un amusement dans tout et n'importe quoi, certain devraient justement espérer de ne pas être ce fameux amusement. Car jouer avec les petits humains est un passe-temps qu'elle apprécie sans le cacher, veillant cependant à bien se mêler parmi eux pour ne pas qu'on la soupçonne d'être... Ce qu'elle est.

La nouveauté, la découverte, le risque… Toutes ces petites choses qui peuvent pimenter son quotidien, la renarde les adore. Pour elle, la vie n’est rien d’autre qu’un amusement continu, avec, parfois, ses doses de danger réel. Mais il faut savoir l’accepter, rien de plus. Habituée à se moquer de tout, observant, analysant, rusant et manipulant, Red aime à penser qu’elle peut largement se débrouiller toute seule. L’important est d’avoir les bonnes relations et de ne pas plonger tête baissée dans les ennuis. Oui, c’est ce qu’elle aime. Jouer comme ça. Le danger n’est pas un souci, il faut juste accepter les règles du jeu en tentant constamment d’échapper à la fin de la partie. Quoi de plus normal ? Souriante, charmeuse, il lui arrive souvent de plisser légèrement les yeux lorsqu’elle réfléchit. Quant à son air amusé, il ne la quitte quasiment jamais. Les combats ? S’ils ne sont pas de mots, elle ne s’y prêtera que si elle en est réellement obligée. Car Red aime peut-être les risques, mais elle n’est pas suicidaire. Et si sa vitesse et son habileté sont plus développés que celles des humains, ses pouvoirs, physiques au moins, s’arrêtent ici. Avec une guérison accélérée, certes, mais bon. Elle n’ira certainement pas chercher au conflit se réglant autrement qu’avec des mots.

Sa forme animale ? La renarde rousse. Et il suffit de réellement la connaître pour comprendre. Car si la chose peut paraître plus ou moins étonnante à la base, il suffit de voir comment elle agit avec ceux qui savent ce qu’elle est pour ne plus être surpris. Rusée, intelligente, manipulatrice… Ses belles paroles et son air séducteur en ont berné plus d’un. Tant mieux puisqu’elle peut à présent profiter d’eux comme bon lui semble ! Néanmoins, les transformations restent douloureuses. On ne peut pas dire qu’elles constituent une partie de plaisir, loin de là. Mais Red apprécie d’être transformée, loin, très loin même de rejeter la bête qui est en elle. Au contraire, elle considère ne former qu’une seule et même personne. Ce qui explique d’ailleurs qu’elle ne se transforme pas que les nuits de pleine lune. Quant à une meute, la métamorphe n’est pas un lycan. De ce fait, elle n’a pas accès à ce genre de choses et ne le regrette absolument pas. Très indépendante, elle n’aime pas l’idée de devoir rester avec les individus de son espèce simplement parce qu’ils ont un gène en commun. Stupide.

La révélation est une belle bêtise, que ce soit pour une espèce ou pour une autre. Mais c’est aussi le début d’une vie plus intéressante pour la renarde, qui, comme on l’aura déjà dit et répété, aime prendre des risques. Disons que si elle avait été un métamorphe normal ou une CESS à la logique assez banale, elle serait contre. Sortir du secret n’était pas forcément la meilleure chose à faire. Sauf que c’est fait. Dire qu’on est pour ou contre serait plutôt stupide puisque ça ne changerait rien. Alors faisons avec. Et comme à son habitude, Red parvient à en tirer certains avantages. Comme une vie toujours moins ennuyeuse, chose extrêmement importante pour elle.

La couleur de ses yeux varie en fonction de l’angle de vue et de la lumière. Normalement marron orangé, ils deviennent bleu perçant lorsqu’ils sont éclairés par une lampe électrique, et peuvent donner l’impression d’être rouge selon l’angle d’observation, exactement comme ceux des renards. Il n’est pas rare que ses nouvelles connaissances trouvent ce fait particulièrement étrange, mais vue sa ruse, Red n’a jamais de mal à donner une explication semblant totalement plausible.

Assise sur la rambarde à l’entrée du terrain des Wilkinson, à une vingtaine de kilomètres de Roswell, Nouveau-Mexique, une adolescente semblait attendre que le temps passe. Clope au bec, jambes croisées, Red Wilkinson avait tiré une latte sur sa cigarette alors qu’elle voyait enfin arriver Tommy Mac-machin, le simplet de service, mais le meilleur moyen de ne pas s’ennuyer. Laissant tomber sa tête en arrière pour recracher la fumée, un léger sourire s’était dessiné sur ses traits alors qu’elle descendait habilement de sa rambarde, ses yeux pétillants fixant le dit Tommy. Oui, elle appréciait ce type. Elle pouvait lui faire faire ce qu’elle voulait, le mettre dans une merde monstre… Il reviendrait toujours. Apparemment heureuse de le voir, l’adolescente était allée à sa rencontre. Comme elle, il était un métamorphe. Le fils d’une famille qui vivait pas trop loin. Enfin, dans son bled paumé où on croisait une maison tous les deux kilomètres, la notion de proximité était assez relative. Tout dépendait de si on avait l’habitude de marcher, si on aimait ça et si on avait possibilité d’utiliser la voiture. Elle ? A 15 ans, elle ne le pouvait pas encore. « Salut ! » Son sourire enjôleur lui avait déjà mis Tommy dans la poche. Mais on ne pouvait pas vraiment parler de difficulté. Ce qu’elle appréciait avec lui, c’était… Sa docilité ? Mais elle n’était pas non plus horrible au point de ne pas l’apprécier réellement. Depuis le temps qu’ils se connaissaient ces deux là, on pouvait parler d’amitié. Red avait ri, légèrement, devant les yeux fuyants de son partenaire. Si elle avait été plus gentille, peut-être aurait-elle même été attendrie. On ne pouvait pas trop lui en demander. Déjà qu’elle admettait être amie avec le simplet du coin, si en plus elle devait se mettre à devenir réellement émotive ! Quelle horreur.

« C’est la pleine lune ce soir… » Exact. Red serait bien la dernière à manquer ce genre de choses. Elle était née métamorphe. Ses parents l’étaient aussi, c’était… Dans ses gènes. Depuis toujours. Elle avait survécu à une enfance assez difficile, douloureuse, où elle avait du apprendre à accepter la bête qui était en elle. Comme Tommy, comme tous les autres. Sauf qu’elle n’était pas comme tous les autres. Hochant la tête, son sourire était resté posé sur ses lèvres tandis que ses yeux, toujours aussi pétillants, continuaient de fixer ceux de son ami : « Je sais bien ! D’ailleurs, justement… Je pensais aller du côté de la réserve. Tu viens avec moi, comme d’habitude ? » Le visage de Tommy avait blêmi. Red avait légèrement penché la tête sur le côté, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette. Il pouvait bien dire non : vu leurs natures très différentes, il ne tiendrait pas longtemps. Il était probablement celui qui connaissait le mieux la dernière des Wilkinson. Déjà que ses parents étaient difficiles, un peu trop libres sur les bords, jouant avec les règles pour ne faire que ce qui les arrangeait… On pouvait dire qu’elle avait bien suivi leur exemple : peut-être était-elle-même pire. Elle était une renarde après tout. Et il fallait dire qu’elle s’accordait assez bien avec son animal. Avec elle, impossible de s’ennuyer, même dans un foutu bled paumé. Mais impossible de ne pas avoir de problèmes tandis qu’elle n’aurait pas à s’inquiéter, de son côté, de conséquences désagréables. Red avait toujours embobiné, manipulé, charmé quiconque l’approchait comme s’il s’agissait d’un jeu constant. Patientant quelques secondes, elle avait attendu que Tommy ouvre la bouche pour lui couper la parole : « Je sais ce que tu vas me dire ! Et tu auras totalement raison : les lycans s’y repèrent et blablabla. Mais dans le fond, on fait tous partie de la même famille, pas vrai ? » D’autant plus qu’elle ne voyait pas trop pourquoi Tommy avait peur. Il pouvait voler lui, au moins. Il était peut-être stupide, mais il n’avait pas hérité que de la cervelle du moineau.

Mais il hésitait. Il n’aimait pas trop les lycans. Et elle le comprenait ! Red ne les appréciait pas plus que ça non plus. Mais elle trouvait l’idée amusante. Puis ces loups avaient tendance à la rendre curieuse. Elle ne comprenait pas comment on pouvait accepter de vivre en meute, de se soumettre à un chef alors qu’on pouvait rester bien tranquille, à vivre selon ses propres lois. Ils ne pouvaient pas se débrouiller tout seul ? Alors c’était qu’ils n’étaient pas plus intelligents que Tommy ! Ils étaient peut-être plus forts en groupe, mais individuellement, la renarde les avait toujours plus ou moins méprisés. « Le truc, c’est que… » L’adolescente avait claqué de la langue, se rapprochant très légèrement de l’adolescent sans pour autant franchir une limite qu’elle s’imposait plus ou moins. Sa tête s’était relevée. Un air presque déçu sur le visage, provocateur, elle avait fini par reprendre : « C’est vraiment décevant. Je te croyais plus courageux que ça. » Soupirant, l’adolescente tourna les talons sans prévenir. « Attend ! » Sans faire volte-face pour de nouveau avoir Tommy dans son champ de vision, Red avait esquissé un sourire malin. Gagné. C’était dans la poche.



« Boucle-la Tommy. » Assise sur la rambarde de cette baraque pourrie à vingt kilomètres au sud de Roswell, Red fumait. Une mauvaise habitude qui ne l’avait pas quittée. A côté d’elle, Tommy. Ce serait la dernière fois qu’elle le verrait. Elle allait partir. Vivre avec son grand-père. Un type qu’elle n’avait jamais vu, à qui elle n’avait jamais parlé. Les seuls mots qu’elle avait entendu le concernant n’étaient pas très avantageux pour lui. Ni pour elle d’ailleurs, puisqu’elle allait partir vivre avec lui. Sa valise à ses pieds, contenant le peu de choses qu’elle possédait, qui étaient à elle, l’adolescente avait fermé les yeux en soupirant. « T’es sûre que ça va ? » Abruti. Imbécile. Elle l’aurait giflé. Elle lui aurait hurlé dessus si elle avait été différente. Rien ne vint trahir son désordre intérieur. Un haussement d’épaule et c’était tout. « Boucle-la Tommy. » Pendant plusieurs secondes, le silence, aussi pesant qu’il aurait pu l’être, s’installa. Le dit Tommy s’était raclé la gorge, la contrariant un peu plus. Un autre soupir de sa part lui fit perdre patience. Sautant de la rambarde, elle avait pris sa valise pour emprunter le chemin poussiéreux qui quittait la propriété des Wilkinson. Sa propriété. La surprise de Tommy l’avait planté pendant quelques secondes, jusqu’à ce qu’il réalise que sa seule amie était en train de partir. Ses pas étaient rapides. Red regardait droit devant elle, espérant ne pas voir arriver la voiture de son grand-père trop rapidement. Elle savait ce qui l’attendait. Il était peut-être pété de thunes, ce qui pouvait représenter un léger avantage, il restait comme tous les autres métamorphes. Il était peut-être même pire : beaucoup plus traditionnel, il la condamnerait à des années d’ennui là où ses parents avaient compris que leur fille ne le supporterait pas. Mais c’était fini maintenant.

Ne pas y penser. Derrière elle, les pas de Tommy se rapprochaient. Elle les entendait. Accélération. Soupir. Elle ne voulait pas de lui. Elle ne voulait de personne. Elle voulait se barrer d’ici par ses propres moyens, éviter le vieux qui avait réclamé sa garde parce qu’il était sa seule famille à présent. Foutaises. Mensonges. Il était le seul à vouloir d’elle. « Je suis pas si con Red ! » Boucle-la Tommy. Fous-lui la paix, laisse-la tranquille. Laissez-la tous. Vous ne comptez pas. Personne ne compterait, c’était comme ça. Red avait laissé tomber sa clope sur le sol tandis que ses yeux se levaient vers le ciel. Désert. Pas un nuage, pas un oiseau. Rien. Ses parents étaient morts. Un simple accident comme il y en avait parfois. Ce n’était pas leur disparition qui l’énervait. Ce n’était pas le fait qu’ils ne soient plus là, qu’ils soient morts, qu’elle ne les reverrait pas. Ca n’avait rien à voir. C’était différent. Autre chose. Quelque chose d’autre la dérangeait, oui. Faire ressortir ses émotions, à part son agacement… Elle n’y parvenait pas. Elle aurait du, oui, mais c’était impossible. Quand d’autres métamorphes qu’ils voyaient assez régulièrement le lui avaient annoncé, elle n’avait rien dit, rien montré qui aurait pu témoigner d’un quelconque chagrin, faisant preuve d’un détachement quasiment inhumain. Mais la peine était là. Quand elle s’était transformée la nuit pour rejoindre l’endroit où ils avaient perdu leur vie, la renarde était restée assise, fixant la lune presque dévastée par la rage et la peine. Et quand elle avait retrouvé sa forme humaine, elle n’y avait plus pensé. Elle s’était forcée à ne pas le faire. Tommy l’ennuyait. Le temps où elle l’acceptait pour tout et n’importe quoi, juste parce que sa stupidité était affligeante et qu’il n’avait personne d’autre à emmerder, c’était terminé. Fini. Qu’il lui foute la paix maintenant. Elle allait se barrer, qu’il se trouve quelqu’un d’autre. « Red ! » Levant une nouvelle fois les yeux au ciel, la renarde s’était arrêtée, attendant qu’il parvienne à sa hauteur. Son visage s’était tourné vers le sien. D’accord, elle était triste. D’accord, elle se sentait mal. D’accord, elle ne voulait pas partir. Mais c’était comme ça. Le renard se faisait avoir. Il se faisait attraper et personne ne viendrait changer ça. C’était affreux. La vie. Mais ça ne resterait pas comme ça. Un jour, dès qu’elle le pourrait, elle se casserait et elle ferait ce qu’elle voudrait. En attendant… Non, ça n’allait pas. Alors elle l’avait frappé. Un coup de poing qui avait surpris Tommy, qui lui laisserait une belle trace sur le visage. Elle laissait sa marque. Une fois qu’elle aurait disparu, il ne se souviendrait peut-être même plus de son nom. Son nez saignait. « Rentre chez toi. Va nettoyer ça. Barre-toi. »

Elle n’avait pas attendu plus longtemps. Reprenant sa route, valise en main, elle avait été soulagée que Tommy ne la suive pas. Enfin. Tranquille. Quelques minutes plus tard, alors que le garçon était reparti sans insister, comprenant que ce serait inutile, elle s’était assise sur le bas-côté de la route. Red s’alluma une nouvelle clope. Recrachant la fumée, une main tremblante était passée dans ses cheveux. La sienne. Elle crevait de chaud. Mais elle tremblait. Comme jamais elle n’avait tremblé. Elle avait presque peur. Angoissée. Elle ne voulait pas quitter ce bled pourri dans lequel elle avait grandi, où elle avait bénéficié d’une liberté que peu de métamorphes se permettaient d’avoir parce qu’ils étaient… Ce qu’ils étaient. Elle ne voulait pas vivre qu’avec eux nom de Dieu ! Elle avait des amis humains ici. De nombreux amis humains. Elle se foutait bien des autres races. Red n’avait jamais vu de vampires ou autre. Ca n’avait pas d’importance. Que lui auraient-ils apporté de toute façon ? Les humains, eux, étaient amusants. Il était tellement simple de jouer avec eux ! Elle avait cette sensation de capture inévitable. On la retirait de la vie sauvage et amusante pour la foutre dans une cage ennuyante. Et puis… Ses parents étaient morts. Ses parents étaient morts. Ils étaient morts. Morts. Partis. Disparus. Décédés. Ils s’étaient évanouis dans la nuit. Ils étaient tombés. Leur dernière chute. La vie les avait quitté. Il y avait tellement de manières de le dire. Et pourtant, aucune ne semblait être la bonne. Aucune ne parvenait à refléter suffisamment bien la réalité. Ce n’était que des mots. Mais cette fois-ci, ses yeux s’étaient embués. Des larmes avaient perlé, glissant doucement sur son visage, caressant ses traits fins comme une mère l’aurait fait. Personne pour la regarder, personne pour la voir, l’observer. Personne pour apercevoir sa faiblesse. Elle perdait tout en même temps qu’eux. Ses mains étaient allées se poser sur ses yeux, s’appuyant sur ces derniers jusqu’à ce que la douleur soit insupportable. Là, elle les avait retirées. En face d’elle, de l’autre côté de la route, un renard était assis, l’observant la gueule ouverte, la tête légèrement penchée. Un sourire s’était glissé sur son visage, aussi léger qu’imperceptible. La contemplation avait duré. Duré jusqu’à ce qu’elle entende, au loin, une voiture arriver. L’animal l’avait aussi repérée. Les oreilles dressées, il avait fini par se retourner pour disparaître.

Devant elle, le véhicule s’était arrêté. Un chauffeur en était sorti pour prendre la valise de l’adolescente et la ranger dans le coffre. A l’arrière, un homme âgé s’en était à son tour extirpé. Costard cravate, il devait certainement crever de chaud. Red avait jeté sa clope, recrachant une dernière fois la fumée de ses poumons. « Heureux de faire enfin la rencontre de ma petite fille. » L’adolescente avait claqué légèrement sa langue, toujours assise. Les yeux relevés vers lui, elle l’avait observé pendant plusieurs longues secondes. Le vieux lion qu’il était n’avait rien de très impressionnant finalement. Il avait presque l’air rassurant. Mais il fallait toujours se méfier de la première impression. Elle était la mieux placée pour le dire. C’était une nouvelle vie qui commençait. Elle allait dans l’Illinois.



La serrure s’ouvrit enfin. Habilement, discrètement, efficacement. Ouvrant la porte d’une douceur infinie, elle avait regardé telle une ombre si personne ne se trouvait dans ce luxueux appartement qu’elle avait décidé de cambrioler. Le propriétaire ? Elle l’avait rencontré quelques jours plus tôt. Ce n’était pas un hasard ou le coup du destin. Comme toujours, Red Wilkinson l’avait fait exprès. Ils avaient sympathisé, elle avait même eu l’air sous le charme. C’était juste pour ne pas avoir l’air suspecte. Et aussi parce qu’elle aimait prendre quelques risques, aussi inutiles soient-ils. Ca rendait les choses plus excitantes, plus amusantes aussi. La renarde aimait jouer avec ses proies. Elle l’avait toujours fait. Pourquoi changerait-elle ses habitudes ? Depuis qu’elle s’était échappée de ce maudit manoir de l’Illinois grâce à son intelligence, à sa ruse et à un plan rondement mené, elle était à présent à Chicago. Il avait cherché à l’emprisonner, elle ne s’était naturellement pas laissée faire… A sa façon. C’est-à-dire ? Le plan avait été plus simple qu’elle ne l’aurait imaginé. Pour le berner, lui faire croire qu’il ne risquait rien, elle avait adopté une attitude impeccable. Mais impeccable ne signifiait pas docile. Elle lui avait simplement laissé penser qu’il avait à chaque fois un coup d’avance sur elle. Elle avait mimé plusieurs tentatives d’évasion pour cacher la vraie. Pouvant se transformer en-dehors des nuits de pleine lune, elle avait creusé un tunnel à l’entrée et à la sortie camouflée. Parce que sa nature animale et sa nature humaine étaient en accord, surtout sur le fait qu’il fallait que Red se taille de cette immense propriété. Le vieux n’y avait vu que du feu. Il s’était cru plus intelligent qu’elle et… Il s’était fait avoir. Au final, il était mort deux ans plus tard sans la retrouver. Changement d’identité. Facile quand on s’appelait Red Wilkinson. Quand elle avait appris être sa seule héritière, elle avait repris son patronyme d’origine dès sa majorité pour toucher le gros lot. Mais elle cambriolait quand même. La chose restait amusante.

Si on en croyait ce que le propriétaire de l’appartement lui avait dit, il ne rentrerait pas avant un moment. Un dîner d’affaire et une soirée le retiendraient suffisamment longtemps pour qu’elle puisse être tranquille. Souriant, la renarde s’était approchée de la fenêtre. La vue était splendide. Bien entendu, elle avait déjà eu l’occasion de la voir. Mais ce soir, l’agitation des rues de Chicago était étrange. Quelque chose n’allait pas. Bizarre, oui. Comme s’ils avaient tous appris une nouvelle qui les avait retourné, qui allait changer leur vision du monde. Elle le sentait. C’était ça. Fronçant les sourcils, la métamorphe s’était écartée de la fenêtre, un sentiment étrange l’envahissant. Pour ne pas attirer l’attention, elle avait préféré rester dans l’obscurité. Plutôt que de se laisser envahir par un pressentiment qu’elle préférait éviter pour le moment, elle avait rempli le sac qui pendant à sa main de tous les objets de valeur qu’elle pouvait trouver. Billets, bijoux, œuvres d’art… Elle prenait tout tant que ce n’était pas encombrant. Un geste maladroit et la télé s’allumait. Aussitôt elle avait réagi, ramassant la télécommande, la pointant vers l’écran jusqu’à ce que… « Chers téléspectateurs, c’est à présent officiel. Nous sommes actuellement en direct du Palais de Justice de … et nous avons reçu une nouvelle aussi surprenante qu’improbable : l’accusé est un vampire, fait qui a été confirmé par de nombreuses personnes impliquées ainsi que l’accusé lui-même ! Plus de précision dans l’émission qui suivra ce report… » Red avait éteint le téléviseur. Retournant à la fenêtre, elle avait observé à nouveau le comportement des humains. Choquée par cette révélation, elle n’avait pas fouillé l’appartement plus longtemps. Son sac sur les épaules, la cambrioleuse n’avait pas tardé à rejoindre la masse des individus dans les rues.

« Toi aussi tu as entendu ça ? » « Oui, c’est incroyable ! » Certains n’y croyaient pas. D’autres pensaient à présent voir des vampires partout. C’était… Complètement dément. Plus inquiétant encore : si les humains apprenaient l’existence de ces derniers et y croyaient réellement, celle des autres races ne leur serait bientôt plus inconnues. C’était certain, obligé. Ils ne pourraient plus se cacher. Ou alors difficilement. Regardant autour d’elle, observant, elle avait croisé l’un d’entre eux qui semblait prendre plutôt bien la nouvelle. Un léger sourire était sur son visage. Red l’avait suivi pendant plusieurs centaines de mètres, sans douter une seule seconde qu’il avait fini par la sentir. Elle avait beau être une véritable renarde, pro de la discrétion quand il le fallait, on échappait difficilement à leurs pouvoirs. La métamorphe ne les connaissait pas vraiment. Elle n’en avait croisé que très peu et ne s’était jamais arrêtée. Il y avait un début à tout. Soupirant tandis qu’elle finissait par pénétrer dans une rue assez sordide, la renarde avait fait face au vampire sans sourciller. Penchant la tête vers le côté, très légèrement, elle avait observé ses traits. Il était curieux de rencontrer l’une de ces créatures. « La nouvelle a l’air de te ravir. » Le vampire avait souri à son tour, s’avançant vers elle comme un prédateur allait vers sa proie. Elle n’avait pas bougé, toujours aussi défiante, ne se formalisant pas de cette attitude. Il voulait seulement lui montrer qu’il était le dominant ici. Son comportement se rapprochait de celui d’un animal : Red ne s’en inquiétait pas. Elle s’y connaissait certainement bien plus que lui dans ce domaine. « Tu ne l’es pas ? C’est vrai que nous n’avons pas la même réputation… Mais je trouve ça plus arrangeant. Les choses seront certainement plus simples pour nous maintenant. » Elle n’avait pas cillé. Il était simple de savoir quelle serait la réaction des humains. Ils se laisseraient séduire. Toutes ces œuvres ou ces séries traitant de la chasse au démon n’étaient que pure foutaise. Au contraire, elles traduisaient de l’admiration qu’ils avaient pour eux. Alors qu'un « homme » se transformant en animal et ne faisant qu’un avec la bête sommeillant en lui ne leur inspirerait que l’horreur et le dégoût.

« Evidemment, ça ne va pas arranger ton espèce. Comme c’est dommage. » Peu craintive de ce que le vampire pourrait lui faire, Red lui avait tourné le dos pour se mêler une nouvelle fois à la foule. Le mal était fait. Cette révélation allait changer la face du monde. Les vampires allaient bien se mettre à un moment ou à un autre à revendiquer leur statut. Et les métamorphes, pour la plupart discrets, allaient devoir s’enfoncer un peu plus dans leurs terriers. La jeune femme avait soupiré. Levant les yeux au ciel, elle avait aperçu la Lune, presque pleine. Il fallait qu’elle parte de cette ville. Qu’elle aille dans un autre endroit. Les choses allaient changer. Elle n’avait pas à s’inquiéter. Comme d’habitude. Red s’en sortirait. Elle s’en sortait toujours, ça n’était pas près de changer.



Shreveport. Red avait eu l’habitude des bleds paumés, puis des grandes villes et enfin… Elle débarquait ici. La Révélation était passée depuis plusieurs années. La renarde avait souvent changé de ville, prétextant avoir un job qui ne lui laissait pas trop le choix, puis disant dans le coin suivant qu’elle avait de la famille à retrouver ailleurs. Et aujourd’hui, elle était là. Ce patelin l’avait toujours plus ou moins attirée. Aussi avait-elle tourné autour pendant un moment avant de décider de s’y prendre une maison. Oui, Shreveport. Petite ville où les vampires avaient décidé de venir en masse après la Révélation, là où les humains, comme dans tous les bleds de ce genre, n’étaient pas très tolérants. Shreveport, petite ville où les autres races semblaient proliférer aussi. Depuis la Révélation, elle-même ne s’était pas doutée d’être entourée d’autant de personnages qu’on qualifiait de « surnaturels ». Il fallait avouer que la surprise avait été présente au rendez-vous, oui. Mais pendant ces quelques années passées, la renarde s’était faite aux changements, préférant observer et s’amuser comme avant. On ne devenait suspect que si l’on se mettait à modifier notre comportement trop visiblement. Il fallait rester crédible. Comme elle l’avait pensé, les métamorphes, et encore moins les lycans, n’avaient pas été bien accueillis. Aussi jouait-elle les humaines modèles, les humaines lambdas qu’on croisait à tout bout de champ dans les rues. Non, elle n’avait apparemment rien d’exceptionnel. C’était risible. Ils se croyaient tous en sécurité avec elle, ce qui était fondamentalement le cas puisqu’à part jouer avec les autres, elle ne songeait pas spécialement à leur faire de mal. Mais s’ils finissaient par apprendre sa véritable nature, alors… On l’enverrait au bûcher. Qui sait ? Certains métamorphes avaient été mis à mort. Peut-être pas par la justice, mais vue son intervention très limitée, on ne pouvait pas dire qu’elle veuille se mettre de leur côté. Aujourd’hui, dire « je suis un métamorphe », ça sonnait presque comme un « tuez-moi » à l’oreille de certains humains. A cette idée, la renarde avait souri légèrement.

La nuit allait bientôt tomber. Pas n’importe laquelle. La lune serait pleine. Elle avait moins d’une heure avant sa transformation. Red était sortie de chez elle. Avait pris sa voiture, sentant son instinct animal plus fort qu’à l’accoutumée. Nouveau sourire. Même si la métamorphose n’était pas très agréable, ce moment était loin d’être craint par la jeune femme. Quelques minutes plus tard, en dehors de la ville, elle avait garé son véhicule dans un coin tranquille, faisant partie d’une propriété qu’elle avait achetée. La portière avait claqué tandis qu’elle se refermait. Les premiers rayons lunaires l’atteignaient. Ses vêtements étaient tombés. Elle avait senti la bête devenir plus forte tandis qu’elle prenait son apparence, se métamorphosait. La douleur l’avait fait grimacer. Sa tête s’était laissée tomber vers l’arrière, les yeux fermés, les sourcils froncés alors qu’elle émettait un grognement animal. Sa respiration s’accélérait. Un pelage roux poussait sur son corps nu tandis qu’elle ne tenait plus en équilibre sur ses deux jambes, l’obligeant à se mettre à quatre pattes. Ses oreilles s’étaient allongées tout comme son nez pour devenir un museau. Ses cheveux s’étaient mêlés à son magnifique pelage roux. Elle rétrécissait, sentait tous ses organs changer. Puis enfin, c’était fini. Elle était restée. Immobile. Pendant quelques seconds seulement. On avait beau avoir l’habitude, on ne pouvait pas ne pas être sonné par ce genre de changement. Haletante, la renarde avait secoué sa tête pour reprendre ses esprits. Puis elle s’était évanouie dans les hautes herbes, regagnant la forêt pour laisser aller son instinct.

Luce
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code du règlement. Eh bien, il ne manque plus que le thème musical Dracula, Prince des Ténèbres, et je crois qu’on pourra commencer.
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